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Le tabagisme passif et le risque de l infection HPV- HR persistante Passive smoking and the risk of persistent HR -HPV infection

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Academic year: 2022

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31 Annales des Sciences de la Santé, ISSN: 2421-8936

Le tabagisme passif et le risque de l’infection HPV- HR persistante Passive smoking and the risk of persistent HR -HPV infection

Serour Y1,2, Bendahmane M1,2, Abbou baker F 3, Kraiba R 4

1. Faculté des Sciences de la Nature et de la Vie de l'Université Djillali Liabes de Sidi Bel Abbés, Algérie. 2.

Laboratoire de Recherche en Environnement et Santé (L R E S), CHU de Sidi Bel Abbés, Algérie. 3. Service de Planning Familial de la Maternité de Sidi Bel Abbés, Algérie., 4. Institut Pasteur d'Alger, Centre Pierre et Marie curie, Algérie.

--- -- Résumé

Introduction : L’effet du tabagisme passif en termes de risque cardio-vasculaire et de cancer du poumon est aujourd'hui bien discuté. En revanche, son rôle dans le domaine de pathologie cervicale liée au papillomavirus humain (HPV), notamment le cancer du col de l'utérus restait peu connu.

Patients et méthodes : Cette étude prospective a été faite sur une série de trois cents femmes, âgées de 30 à 50 ans, dépistées pour le cancer du col de l’utérus par la recherche d’HPV à la maternité de Sidi Bel Abbés. L’objectif de ce travail est de déterminer le lien entre le tabagisme passif et la persistance d’HPV à haut risque (HPV- HR).

Résultats : Cette étude a montré que la notion du tabagisme actif reste très rare chez la femme Algérienne. En revanche, 90 % des patientes porteuses d'HPV HR dans notre série sont exposées à la fumée passive. Cette infection persistait pendant une durée moyenne de 18,5 mois [IC à 95%, 16.9- 22.1 mois]. L’analyse histologique de la biopsie cervicale dirigée sous colposcopie a montré que 57,26 % des patientes ont développé des lésions néoplasiques intraépithéliales grade 1 (CIN1) et 14,3% des CIN2.

Conclusion : Si le tabagisme actif est un facteur de risque de cancer du col de l'utérus, le tabagisme passif augmente la persistance d’HPV HR et double le risque de ce cancer.

Mots clés : HPV- HR persistant, tabagisme passif, cancer du col de l’utérus.

Abstract

Introduction: The effect of passive smoking in terms of cardio-vascular risk and lung cancer is now well discussed. On the other hand, its role in the field of cervical pathology related to human papillomavirus (HPV), in particular cervical cancer remains little known.

Patients and Methods: This is a prospective study on three hundred women aged between 30 and 50 years old, screening for cervical cancer by the search for HPV at the maternity of Sidi Bel Abbes. The objective of this work is to determine the link between passive smoking and the persistence of high-risk HPV (HR- HPV).

Results: This study showed that the notion of active smoking is very rare in Algerian women. On the other hand, 90% of patients with HR- HPV in our series are exposed to passive smoke.

This infection persisted for an average of 18.5 months [95% CI, 16.9-22.1 months]. Histologic analysis of cervical biopsy performed under colposcopy showed that 57, 26% of patients developed an intraepithelial neoplasia grade 1 (CIN1) and 14, 3% CIN2.

Conclusion: If active smoking is a risk factor for cervical cancer, passive smoking increases the persistence of HR- HPV and doubles the risk of this cancer.

Keywords: persistent HR-HPV, passive smoking, cervical cancer.

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32 Annales des Sciences de la Santé, ISSN: 2421-8936 Introduction

L'infection au papillomavirus humain (HPV) est une maladie sexuelle qui évolue naturellement vers la clairance spontanée du virus dans environ 80% des cas, et donc vers la guérison. On observe une clairance virale en trois à six mois pour les papillomavirus humain à bas risque (HPV-BR) et en 12 à 18 mois pour les papillomavirus humain à haut risque (HPV- HR) (1). Parfois, le virus persiste, dans ce cas, il peut entraîner des néoplasies intraéphitéliales de bas grade puis de haut grade voire dans certains cas directement de haut grade (2).

Le tabagisme est responsable de 13 cancers, dont le plus mortel est le cancer du poumon (3). Ses effets néfastes ne sont donc plus à démontrer. En ce qui concerne le tabagisme passif, il est également responsable de certaines pathologies, telles que les maladies coronariennes et les symptômes respiratoires chroniques. Mais nous étions loin de nous imaginer que le tabagisme passif pourrait avoir aussi un rôle fondamental dans les pathologies cervicales liées au papillomavirus humain. Afin d’explorer cette question, nous avons étudié une population des femmes de la région de Sidi bel Abbés, dépistées pour le cancer du col de l’utérus par la recherche d’HPV. L’objectif de cette étude est de déterminer le lien entre l’exposition au tabagisme passif et la persistance d’HPV- HR.

I- Patients et méthodes :

Il s'agit d’un travail de collaboration entre la maternité de Sidi Bel Abbes et le centre Pierre et Marie Curie de l'Institut Pasteur d'Alger, réalisé entre 2012 et 2015 sur trois cents femmes âgées de 30 à 50 ans, et qui s’intéresse à la recherche virale d'HPV-HR cervical.

Notre recherche visait à identifier les femmes souffrant de l’infection à HPV hautement risqué persistante confirmée par trois test HPV (3 tests HPV longitudinaux espacés de 9 mois chacun), et qui encourent le plus grand risque de développer une dysplasie de haut grade, puis de déterminer parmi ces femmes lesquelles devraient être suivies et contrôlées plus attentivement.

Après avoir interrogé les femmes porteuses d’HPV- HR persistant, elles ont été réparties selon, leurs habitudes tabagiques et celles de leur entourage, ainsi selon la durée moyenne de consommation ou bien d'inhalation du tabac.

Les données de notre recherche ont été saisies avec le logiciel Microsoft Excel®, et le traitement des statistiques a été fait par le logiciel BioStat 5.3.0.

II- Résultats

La recherche virale a montré que la prévalence de l'infection HPV-HR dans l'ensemble des frottis analysés par le test HPV est en moyenne de 7,33% (22/300). Cette infection persistait pendant une durée moyenne de 18,5 mois [IC à 95%, 16.9-22.1

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33 Annales des Sciences de la Santé, ISSN: 2421-8936 mois]. La durée moyenne de cette infetion

était élevée chez les femmes âgées de 36 à 46 ans, dont l'âge moyen des patientes était 39,06±8 (tableau 1).

Tableau I : La durée de la persistance d’HPV HR chez les patientes suivies

Tranche d’âge (ans)

30-35 36-40 41-46 46-50 Durée moyenne

de la persistance (mois)

18,2 ± 1,5 18,8±3 18, 3±0,8 18, 2±

1,1

L’étude épidémiologique a indiqué que la notion du tabagisme actif reste très rare chez la femme Algérienne. En revanche, 90 % des patientes porteuses d'HPV HR persistant dans notre série sont mariées à conjoints fumeurs, donc elles sont exposées à la fumée passive. La

durée d’exposition au tabac dans notre série était en moyenne plus de 12 ans±8 (tableau 2).

Tableau II : La durée d'inhalation du tabac chez les patientes HPV HR persistant

Tranche d’âge Par an

30- 35 36-40 41-45 46-50

Durée d’inhalation

(ans)

15± 2, 3 10±1,2 11±2,4 10± 3,8

Les analyses histologiques de la biopsie cervicale dirigée sous colposcopie ont indiqué que 28,44 % des femmes sont normales, 57,26

% ont développé des néoplasies cervicales intra épithéliales de grade 1(CIN1), et 14,3 % des néoplasies cervicales intra épithéliales de grade 2 (CIN2) (figure 1).

Figure 1: Taux d’anomalies histologiques chez les patientes HPV- HR persistant

La répartition des néoplasies cervicales histologiquement confirmées a montré que la

majorité des néoplasies cervicale intra épithéliale de grade 1(CIN1) (28,54 %) est

57,26%

14%

28,44%

CIN 1 CIN2

Absence de lésion

(4)

34 Annales des Sciences de la Santé, ISSN: 2421-8936 représentée par la tranche d’âge 36 et 40 ans.

Suivies par des néoplasies cervicales intra épithéliale de grade 2 (CIN 2), chez les deux tranches d’âge 36 et 40 ans (7,22 %) et au -delà

de 46 ans (7,22 %). Et finalement des biopsies négatives indiquant l’absence de lésions, décelées chez les patientes âgées au- delà de 35 ans (figure 2).

Figure 2 : Répartition d’anomalies histologiques selon l’âge des patientes HPV-HR persistant

III- Discussion

La femme porteuse d' HPV présente un risque très élevé pour développer des lésions précancéreuses du col utérin et un cancer cervical par rapport à une femme qui présente un test négatif. Si on considère seulement les HPV à haut risque, le risque relatif serait de 5,2 à 110% comme le rapporte Hildesheim et al.

(4) et 116 fois plus élevé par rapport aux femmes HPV négatif comme le démonte Rozendaal et al. (5). Le temps médian de 18,5 mois de l'infection d'HPV- HR persistante dans notre étude a augmenté le risque de progression vers de lésions cervicales. Ceci confirme les résultats de Castle et al. (6) qui indiquaient que la persistance de l'infection d'HPV HR au-delà

de 18 mois d’intervalle est un bon indicateur lésionnel actuel ou futur. L’effet du tabagisme passif sur la persistance de cette infection s’avère indéniable, en effet 95% de nos patientes sont exposées à la fumée passive. Il a été rapporté que les femmes mariées à des conjoints fumeurs ont des taux plus élevés de cancer du col (7). Ceci s’explique par la présence de la cotinine concentrée dans le mucus cervical et qui provoque des anomalies cervicales (8).

Selon l’étude de Zeng et al. (9), le tabagisme passif majore de deux fois le risque de développement de cancer du col, probablement en raison des dommages génétiques occasionnés au sein des cellules de l’épithélium cervical. Il semble empêcher la guérison

30-35 36-40 41-45 46-50

7,22%

14,28%

28,54%

7,22%

7%

7%

7,22%

14,22%

7%

Taux des lésions histologiques (%)

Tranche d'åge (ans)

CIN 1 CIN2

Absence de lésion

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35 Annales des Sciences de la Santé, ISSN: 2421-8936 spontanée des lésions précancéreuses et permet

l’évolution vers le cancer cervical. Il diminue aussi la réponse immunitaire et augmente le risque d’infection persistante qui serait à l’origine de la dysplasie. En outre, le tabagisme pourrait aussi agir par son effet immunosuppresseur, conduisant à une infection chronique plus active accompagnée d’inflammation (10).

La durée d'inhalation du tabac chez nos patientes était longue (plus de 12 ans). Des indications précises montrent que l'inhalation de la fumée de cigarettes hausse le risque le développement d'un cancer cervical (11). Ce risque relatif est de 1,5 pour une durée de 3 à 39 ans, et 2,6 pour une durée d'inhalation de plus de 40 ans (12). Ce processus commence par l’exposition à l’HPV à haut risque, la persistance de ceux-ci au niveau cervical, puis l’apparition de CIN, et pour finir par l’acquisition du caractère invasif de la lésion.

Conclusion

Le tabagisme passif accroît le risque de développer une infection HPV-HR persistante et un cancer cervical. Donc s'il est possible de prévenir ce cancer grâce à un dépistage précoce par la recherche virale d’HPV, il semble pertinent de sensibiliser les femmes au risque de tabagisme passif.

Remerciements

Nous tenons à remercier très vivement les collaborateurs de l’étude : tous les membres de la direction de santé publique de la région de Sidi Bel Abbes, surtout docteur Abri Miloud et docteur Abdi Malika, pour leur précieux soutien, et tous les membres de la maternité de Sidi Bel Abbes, pour leur conseils et l’aperçu éducatif. Conflit d’intérêt : aucun déclaré

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36 Annales des Sciences de la Santé, ISSN: 2421-8936 Références bibliographiques

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