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ET MUTATIONS DES SOCIÉTÉS DEpUIS LE MILIEU DU xIx e SIèCLE

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HISTOIRE GÉOGRAPHIE 1re • AIDE À LA MISE EN ŒUVRE DES PROGRAMMES

A. Histoire

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PRINCIPAUx ÉLÉMENTS DE PROBLÉMATIQUE

• Des économies-monde à la fin du xixe siècle à la troisième mondialisation

Ce thème introductif du programme d’histoire complète l’étude géographique de la mondialisation faite en géographie sur l’Union européenne et la France mais dans une perspective axée sur l’évolution historique du phénomène à l’échelle planétaire.

Le terme de « mondialisation » est la traduction du mot « globalization » employé dans un article de la revue américaine The Spectator en 1962, désignant principalement la mondialisation financière de la fin du xxe siècle. Le terme, en français, ne s’est démocratisé qu’en 1981 en entrant dans Le Petit Larousse. Jusque-là, on pensait l’élargissement des échanges de biens et de services comme synonyme d’occidentalisation : ainsi, on disait

« l’Ancien Monde » et « le Nouveau Monde » pour parler de la mondialisation du

xixe siècle.

Le moteur de cette mondialisation est la croissance économique (augmentation durable du PIB) qui connaît des rythmes variés durant la période. Sans s’attarder sur les cycles, on peut en montrer les principaux acteurs (entreprises, marchés, États providence…) et ses effets différenciés dans l’espace. Les phases de crise (1873-1896, années trente et années soixante-dix) occasionnent des ajustements structurels et une redistribution de la puissance économique. Selon sa nature enfin (croissance extensive ou intensive), la croissance a accéléré la mondialisation en contribuant à l’augmentation de la productivité, en démocratisant la consommation et en accélérant les échanges.

L’accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (Gatt, créé en 1947) puis l’Organisation mondiale du commerce (OMC, créée en 1995) qui prônent la généralisation du libre-échange ont été les acteurs décisifs de l’ouverture des marchés. En abaissant les droits de douane de plus de la moitié depuis la seconde guerre mondiale, dopant ainsi les échanges dans la phase de haute croissance des années quarante-cinq - soixante-quinze, les deux institutions ont renforcé la marche vers une économie mondialisée. Mais cette dernière étape est d’une autre nature que la précédente : au début du xxe siècle on peut penser que le marché, le capital et la nation étaient encore en adéquation car même au-delà des mers, les grandes entreprises avaient en grande partie un capital familial ou du moins, les actionnaires formaient-ils un cercle de connaissances restreint. Les premières firmes multinationales (Michelin, Hoechst…) gardent alors un fort ancrage national. Un seuil est franchi lors des « Trente Glorieuses » (expression créée par Jean Fourastié, auteur des Trente Glorieuses ou la Révolution invisible en 1979) lorsque les monnaies, les titres des sociétés, les créances sont échangées d’une bourse d’un bout à l’autre du monde. Une étape supplémentaire est atteinte dans les années quatre-vingt quand les investissements directs à l’étranger et les fusions-acquisitions se multiplient : le capital des entreprises devient international et quasiment incontrôlable par les États. C’est le passage d’une économie-monde à la mondialisation avec des acteurs nouveaux, les BRICs (Brésil, Russie, Inde, Chine) qui participent à la construction d’une mondialisation multipolaire.

BIBLIOGRAPHIE

• CARROUÉ ( L.), COLLET ( D.), RUIz ( C.), Les Mutations de l’économie mondiale du début du xxe siècle aux années 1970, Bréal, 2005.

• CARROUÉ (L.), « La Mondialisation en débat », La Documentation photographique,

n° 8037, La Documentation française, 2004.

• « Globalisation, mondialisation », Historiens & Géographes, n° 395, juillet-août 2006.

• « Atlas des mondialisations », Le Monde, hors-série, octobre 2010.

SITOGRAPHIE

• Alternatives internationales :

http://www.alternatives-internationales.fr/

• Encyclopédie de l’état du monde : www.etatdumonde.com

« La fin du monde unique. » Titre de L’État du monde 2011

sous la direction de Bertrand Badie et Dominique Vidal

RESSOURCES

FIL CONDUCTEUR DU THÈME

Le passage d’une « économie-monde » à la mondialisation est un processus historique et géographique multiséculaire d’extension progressive du capitalisme à l’ensemble de la planète. À présent, il s’agit d’un élargissement spatial sans précédent dans un environnement de plus en plus concurrentiel avec des exigences de responsabilités nouvelles, éthiques, sociales et environnementales.

CROISSANCE ET MONDIALISATION

ET MUTATIONS DES SOCIÉTÉS DEpUIS LE MILIEU DU xIx e SIèCLE

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HISTOIRE GÉOGRAPHIE 1re • AIDE À LA MISE EN ŒUVRE DES PROGRAMMES

HIST OIRE

• Un concept braudélien

Le concept historique d’« économie-monde » désigne un espace de civilisation n’ayant pas d’unité politique, mais organisé comme un État, sur les plans culturel, économique et militaire, autour de lui et à son profit. Dans sa thèse, en 1949, l’historien Fernand Braudel avait utilisé le concept d’« économie-monde » qu’il avait ensuite développé en 1979 dans le tome III de la grande synthèse qui couronnait ses travaux (Civilisation matérielle, économie et capitalisme, xve-xviiie siècle). Il mettait en avant le « décollage » de l’Occident et la naissance du capitalisme dans une perspective de mondialisation de l’économie.

Fernand Braudel entendait par « économie-monde », non pas la terre dans sa totalité, mais une région plus ou moins étendue selon l’époque et le lieu. Un espace économique cohérent, non limité par des frontières étatiques et animé par une dynamique spatiale obéissant à une organisation concentrique : un cœur économique et politique où se concentre la richesse, où convergent les revenus et où se développent les arts, les sciences et les libertés ; des zones intermédiaires et des périphéries aux productions moins avancées avec un système économique souvent esclavagiste. On pouvait en trouver des bases dès l’Antiquité mais la structure économique moderne aurait émergé lors de la domination des cités italiennes au

xive siècle, centres d’un monde qui s’étendait à travers la Méditerranée. L’avènement de la domination des Provinces-Unies au xviie siècle aurait marqué un tournant avec la Compagnie des Indes. Les Empires portugais et espagnol en Amérique latine, le commerce triangulaire entre l’Amérique et l’Afrique au xviiie siècle élargissent les espaces du mercantilisme. Le Royaume-Uni qui a initié au xixe siècle une logique de libre-échange avec spécialisation des espaces productifs à son profit devient « l’atelier du monde » avant d’être supplanté par les États-Unis au xxe siècle. Les deux puissances construisent le socle de la mondialisation actuelle (règles financières, rôle des monnaies, standards de comptabilité…).

• Les systèmes-monde d’après Immanuel Wallerstein

Selon Immanuel Wallerstein, Fernand Braudel a étendu son concept d’économie-monde à l’Empire romain, l’Empire ottoman, l’Inde moghole ou la Chine des Ming de manière abusive. Selon lui, il eut fallu distinguer les empires-monde unifiés de manière politique, culturelle et religieuse, qui tolèrent cependant des entités socioculturelles minoritaires, des économies-monde politiquement fragmentées, qui elles tolèrent une grande diversité de langues, de mœurs, de religions mais avec une tendance à l’uniformisation culturelle via le développement des relations marchandes. De ce fait, il développe la notion de « système- monde » : vaste unité spatiale possédant des relations complexes (à la fois économiques, politiques et culturelles) entre une multiplicité d’entités différentes (tribus, peuples, royaumes, États…). Et il souligne l’originalité de l’économie-monde européenne, liée à sa nature capitaliste : c’est la tendance illimitée à l’accumulation du capital qui explique sa tendance à toujours repousser ses limites spatiales, à contourner toutes les barrières physiques ou politiques jusqu’à envahir la planète entière. Les économistes utilisent le mot

« mondialisation » pour décrire une situation qui prévaut depuis 1980 à savoir, une économie caractérisée par un fort mouvement d’investissement direct à l’étranger, la libéralisation du commerce avec néanmoins la mise en place de régulations transnationales (FMI, fonds monétaire international et BCE, banque commune d’épreuves). Cette mondialisation favorise la convergence des prix des biens sur les marchés internationaux et la réduction (relative) des écarts de salaires entre pays. Il s’agit donc aujourd’hui d’une synergie entre l’expansion des échanges et la libéralisation du marché.

Pièges à éviter

> Penser qu’en histoire on puisse se dispenser de travailler à différentes échelles comme en géographie.

> Oublier de présenter une évolution à la fois croisée et divergente de la croissance économique et du développement.

> Ne pas utiliser de manière systématique les connaissances de géographie de 2de pour baser une réflexion d’ensemble sur la mondialisation.

Aborder la géo-histoire à travers le thème « Croissance économique, mondialisation et mutation des sociétés depuis le milieu du xixe siècle »

En 2de, les élèves ont déjà travaillé sur les nouveaux horizons géographiques et culturels des Européens à l’époque moderne et sur l’essor scientifique et technique : la troisième mondialisation est un « nouvel horizon », les NTIC sont un « nouvel essor ». Malgré la fracture numérique, ils peuvent appréhender que cet essor peut à présent venir de pays émergents, des PED, et non plus seulement des Occidentaux. En géographie, ils ont abordé le développement dans toutes ses acceptions et les enjeux énergétiques et alimentaires. Cet acquis peut nettement nourrir la réflexion à un niveau plus spécifique en 1re tant en histoire et géographie qu’en éducation civique, juridique et sociale.

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SÉANCE 1

Croissance économique et industrialisation

Question fil conducteur

Quelles ont été les phases de la croissance économique des pays industrialisés développés depuis 1850 ?

• Plan de la leçon

La croissance économique des pays d’Europe occidentale

Le professeur montrera que les effets de la croissance économique se lisent d’abord dans les paysages. En 1850, l’industria- lisation est arrivée à un stade de maturité dans les pays d’Europe occidentale : ils entament la « seconde industrialisation ».

La naissance de vastes bassins d’emplois industriels, le désenclavement des régions sont les signes tangibles de cette croissance économique de type capitaliste.

De la société industrielle à la société de communication

De 1945 à 1975, une période de haute croissance liée à la troisième industria- lisation, à la révolution des transports et aux NTIC a assuré un développement et un enrichissement sans précédent des économies occidentales et du Japon : ce sont les « Trente Glorieuses ». La croissance économique s’accompagnait d’une consommation de masse, signe de bien-être matériel des pays de la Triade avec néanmoins des inégalités régionales et sectorielles marquées selon le degré d’intégration à la mondialisation.

Supports

– Carte des régions industrielles d’Europe avant 1850 et fin xixe siècle – Photo d’une usine d’automobiles

traditionnelle et d’une usine avec chaîne de montage

– Histogramme des taux de croissance et du commerce international des PID entre 1945-1975

SÉANCE 2

Des économies-monde à un monde multipolaire

Question fil conducteur Comment est-on passé des économies-monde à un monde multipolaire ?

• Plan de la leçon

L’Europe puis les États-Unis dominent le monde au xxe siècle

Les élèves doivent prendre conscience du passage d’une « économie-monde » menée par les Britanniques dans le cadre colonial fin xixe - début xxe siècle et dans le cadre du Commonwealth à partir de 1931, à la domi- nation après 1945 des firmes multinatio- nales américaines dans un schéma d’impé- rialisme économique. Le FMI (1944) et le Gatt (1947) devenu l’OMC en 1995 sont des organismes internationaux porteurs de cette vision globale du monde.

Des stratégies d’entreprises qui évoluent selon les aléas de la croissance

Les fluctuations de la croissance avaient obligé les entreprises à faire des économies d’échelle pour résister. Les chocs pétroliers ont amené les firmes à adopter une logique transnationale de « stratégie globale » avec une division internationale du travail qui privilégie les implantations dans les PED où les coûts de production sont moins élevés et les règlementations moins exigeantes.

Supports

– Tableau du commerce extérieur britannique 1909-1929 et des investissements extérieurs des grandes puissances 1914-1929 (Barjot-Mathis, Sedes, p. 27) – La dynastie des Rockefeller :

biographie de John Davison père et junior

– Carte montrant les implantations d’une firme multinationale

NOUVELLES Séance 1 Taylorisme-fordisme Croissance économique Dépression économique Krach boursier Libre-échange Révolution des transports Nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) Séance 2

Firme multinationale, transnationale Délocalisation Trente Glorieuses DIT

Organisation mondiale du commerce

À RéINVEStIR Séance 1

Foyer de peuplement, Industrialisation Invention Innovation Séance 2 Métropolisation Colonialisme/

impérialisme

CONNAISSANCES (NOTIONS ET MOTS-CLÉS)

➜ Mettre en relation des faits ou événements de natures, de périodes, de localisations spatiales différentes (approches diachroniques et synchroniques).

➜ Mener à bien une recherche individuelle ou de groupe sur Internet.

HIST

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HISTOIRE GÉOGRAPHIE 1re • AIDE À LA MISE EN ŒUVRE DES PROGRAMMES

Capacités développées

➜ Prélever, hiérarchiser et confronter des informations selon des approches spécifiques en fonction du document.

➜ Cerner le sens général d’un document ou d’un corpus documentaire, le mettre en relation avec une situation historique ou géographique.

HIST OIRE

SÉANCE 3 (1 heure)

La mondialisation et le déplacement de la croissance vers le Pacifique Question fil conducteur

La croissance économique permet-elle à elle seule le développement ?

• Plan de la leçon

L’Asie du Sud-Est : la dynamique impulsée par le Japon

Le Japon, qui s’est industrialisé dès l’ère du Meiji (1868-1912) et a traversé le

xxsiècle avec une remarquable capacité d’adaptation (les entreprises des grandes familles Mitsui, Mitsubishi devenues des FTN), s’est considérablement développé et a innové (toyotisme). En transformant les pays voisins en pays-ateliers, il les a mis au service de son économie mais leur a permis de devenir les « nouveaux pays industrialisés  » capables de le concurrencer.

Une mondialisation discriminante à toutes les échelles

Il s’agit de montrer que la Chine est un pays émergent mais qu’elle fait encore partie des « Suds ». Ce pays a pu se hisser à la deuxième place mondiale en termes de PIB global depuis qu’il a opté pour le

« socialisme de marché » en 1985 mais a un IDH à peine à la moyenne mondiale, signe d’un mal-développement social.

À l’échelle régionale, l’intégration à la mondialisation a permis l’émergence de régions littorales performantes en contraste avec des espaces intérieurs délaissés.

Supports

– Carte des investissements japonais en Asie du Sud-Est

– Article de Denis Clerc :

« La Mondialisation », Alternatives économiques, hors-série, juin 2004 – Couverture du magazine Alternatives

économiques : « Faut-il avoir peur de la Chine ? », n° 297, décembre 2010

SÉANCE 4

Modèles de développement, réussites et limites

Question fil conducteur Y a-t-il un ou des « modèles de développement » qui ont permis de progresser économiquement et socialement ?

• Plan de la leçon Du « Sud » aux « Suds »

Le passage d’un ensemble relativement homogène de pays sous-développés du

« Sud » cherchant une « troisième voie » entre les Deux Grands dans les années soixante - soixante-dix à une typologie variée de « pays en voie de développe- ment » des « Suds » peut être montré à partir de la confrontation de deux exemples de « modèles » de développe- ment pris l’un en Amérique latine, l’autre en Asie du Sud-Est.

Alternatives et résistances à la mondialisation

Les grandes instances de la mondialisa- tion (G 8, G 20), de l’ultralibéralisme sont contestées par des organisations anti ou altermondialistes ; des ONG dénoncent une industrialisation sans souci de déve- loppement durable. Quant à la World Culture véhiculée par les FTN, elle heurte des traditions et des valeurs ancrées dans les civilisations.

Supports

– Le déploiement et les activités d’une FTN minière brésilienne Vale do Rio : http://www.vale.com/

– Une photo de l’exposition universelle de Shanghai de 2010

– Extrait de Bernard Bret « Inégalités sociospatiales et recompositions territoriales au Brésil », compte- rendu de conférence, novembre 2005, site http://hist-geo.spip.ac-rouen.fr/

– Extrait de Laurent Carroué sur les replis identitaires : La Mondialisation, Bréal, 2005

PROPOSItION DE MISE EN ŒUVRE (suite)

NOUVELLES Séance 3 Toyotisme Pays-atelier Nouveau pays industrialisé Séance 4 Tiers Monde Pays en voie de développement Nouveaux pays industrialisés Pays émergent Libéralisme Altermondialisme

À RéINVEStIR Séance 3 Indicateur de développement humain Séance 4

Développement durable

CONNAISSANCES (NOTIONS ET MOTS-CLÉS)

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PRINCIPAUx ÉLÉMENTS DE PROBLÉMATIQUE

On ne sépare pas l’histoire économique de l’histoire sociale : les deux éléments agissent de concert pour transformer la société et les mentalités.

Dans un premier temps, il s’agit d’étudier la mobilité géographique, sociale et sectorielle de la population active. En 1856, le secteur primaire représente 51 % des actifs, le secteur secondaire, 31 % et le secteur tertiaire, 18 % ; cette répartition est le reflet d’un mode de vie encore très largement rural puisque près de 73 % des Français vivent à la campagne et seulement 30 % dans les villes. C’est en 1931 que la population urbaine est équivalente à la population rurale et les trois secteurs d’activité sont alors étonnamment équilibrés : 36 % pour le secteur I, 34 % pour le secteur II et 30 % pour le secteur III. Cette évolution de la répartition de la population active est révélatrice de nouvelles mobilités tant géographiques (afflux vers les bassins d’emplois industriels), que socioéconomiques (développement du salariat) et sectorielles (essor des services, exode rural). À la fin du

xxe siècle, la part de la population urbaine étant arrivée à 75,5 % de la population totale, il ne reste plus que 4 % d’agriculteurs, 24 % de travailleurs dans l’industrie et les mines et 72 % dans le tertiaire en France : la France est passée d’une société industrielle à une société post-industrielle. Ces chiffres recouvrent des mutations beaucoup plus profondes.

L’historiographie récente insiste sur les dynamiques le monde paysan et la complexité du monde industriel et ouvrier (Patrick Verley, François Caron, Jérôme Rojon) : ce monde paysan, certes individualiste et attaché à sa terre et à ses traditions au xixe siècle, il se modernise. On souligne la longue perpétuation du travail industriel dans les campagnes françaises (ex. industrie de la soie dans le Dauphiné). Avec l’urbanisation, une classe ouvrière très hétérogène travaillant en majorité dans des petites et moyennes entreprises, mais dont le fer de lance est la frange syndiquée de la grande industrie, se développe ; elle est très encadrée par le syndicalisme révolutionnaire au début du xxe siècle, porteur d’idéaux égalitaires. Le mouvement ouvrier participe à la formation d’une « culture ouvrière » qui s’exprime en 1936. Jusqu’aux années soixante, ce monde ouvrier connaît une forte mobilité interne (naissance de l’OS, ascension des ouvriers qualifiés…). Après les chocs pétroliers de 1973 et 1979, dans une logique de division internationale du travail, ces travailleurs se sont heurtés, à cause du chômage (moins de 2 % des actifs en 1900, seuil des 3 millions en 1981), à la flexibilité du travail qui renvoie à la notion de précarité relative. La concurrence pour les emplois ne se fait plus à l’échelle nationale, ni même européenne mais internationale : les investissements vont vers les pays à faible coûts de main-d’œuvre. Cette désindustrialisation depuis les années soixante-dix a fragilisé la culture ouvrière.

Parallèlement, l’arrivée des jeunes sur le marché du travail, la féminisation des emplois et l’arrivée d’immigrés d’horizons de plus en plus larges, ont profondément modifié la structure de la population active.

BIBLIOGRAPHIE

• BORNE (D.), Histoire de la société française depuis 1945, coll. « Cursus », Armand Colin, 2000.

• BLANC-CHALÉARD (M.-C.), Histoire de l’immigration, La Découverte, 2001.

• DEWITTE (P.), Deux Siècles d’immigration en France, La Documentation française, 2003.

• NOIREL (G.), Atlas des migrations en France, Autrement, 2002.

• VERLEY (P.), Nouvelle Histoire économique de la France. L’Industrialisation, 1830-1914, La Découverte, 2003.

• L’Atlas des migrations, Les routes de l’Humanité, Le Monde -

La Vie, hors série, 2008-2009.

SITOGRAPHIE

• Sur la représentation des femmes au travail

xixe-xxe siècles :

www5.ac-lille.fr/~heg/IMG/pdf/

Representationsfemmes.pdf MUSÉOGRAPHIE

• Cité nationale de l’histoire de l’immigration.

« Rien ne sera moins industriel que la civilisation née de la révolution industrielle. »

Jean Fourastié dans Le Grand Espoir du xxe siècle

RESSOURCES

FIL CONDUCTEUR DU THÈME

Le deuxième volet de ce thème invite à étudier la population active comme reflet des bouleversements économiques et sociaux en prenant l’exemple de la France depuis les années 1850 et d’illustrer le propos par l’étude de « l’immigration et la société française » au xxe siècle. Les mutations économiques sont accompagnées de profonds changements de société.

LES MUTATIONS DES SOCIÉTÉS

ET MUTATIONS DES SOCIÉTÉS DEpUIS LE MILIEU DU xIx e SIèCLE

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HISTOIRE GÉOGRAPHIE 1re • AIDE À LA MISE EN ŒUVRE DES PROGRAMMES

HIST OIRE

À la fin du xixe siècle, les classes moyennes voient le jour avec le fonctionnariat et le développement des services (commerce, santé, éducation…) mais leur massification ne se fait que dans les années cinquante avec l’arrivée des femmes dans le monde du travail, l’allongement de la durée des études (nombre d’étudiants dans l’enseignement supérieur multiplié par 20 en France entre 1950 et 2000) et le gonflement du secteur tertiaire. Après 1950, la consommation de masse, encouragée par la publicité, l’essor du pouvoir d’achat et l’usage du crédit, se développe ; l’American way of life se généralise en Europe, marqué par la possession d’une automobile, d’équipements ménagers variés et l’accès à la propriété. Le bien-être apporté par les « Trente Glorieuses » (vingt années en fait) permet aussi l’émergence de la société des loisirs et l’entrée dans la culture de masse grâce au livre de poche, la télévision et l’ordinateur.

La France du xixe siècle n’a pas été pionnière dans le vote de lois sociales : le paternalisme des entreprises familiales (Michelin) ou des expériences isolées de type socialiste-utopiste (familistère de Gaudin) masquaient la réalité des conditions d’existence des travailleurs.

L’État providence s’affirme tant sous les régimes de gauche (Front populaire et époque mitterrandienne) que sous les gouvernements de droite : on montre aux élèves que la création de la Sécurité sociale en 1945, du salaire minimum interprofessionnel « garanti » en 1950, « de croissance » en 1970, puis le revenu minimum d’insertion en 1988 et la couverture maladie universelle en 1999 constituent le socle du pacte social. Mais du

« baby-boom » au « baby-krach », le problème du financement d’une société vieillissante amène sur le devant de la scène les discordes sur l’âge et le paiement des retraites et sur l’accès des jeunes au marché du travail.

• L’immigration et la société francaise au xxe siècle

Il s’agit de montrer les relations que la société française a entretenues avec l’immigration.

La France a été depuis le milieu du xixe siècle le premier et le plus grand pays d’immigration européen. Son attractivité est liée à l’image d’un État démocratique à partir de la Troisième République, mise en cause au moment du régime de Vichy. Les différentes vagues d’immigration ont toujours donné lieu à des formes minoritaires de xénophobie, notamment dans les années trente. En 2011, la France compte 5,2 millions d’immigrés (dont 3,6 millions étrangers). « La politique française d’immigration, caractérisée par une tradition d’accueil des étrangers est aussi marquée par beaucoup de frilosité, oscillant, depuis plus d’un demi siècle entre ouverture et fermeture. Depuis 1974, la suspension de l’entrée de travailleurs salariés a eu pour effet de renforcer le regroupement familial déjà amorcé auparavant, qui constitue aujourd’hui l’essentiel des entrées » disait Catherine Wihtol de Wenden du CNRS. La politique française s’insère aussi dans un dispositif européen qui limite les flux migratoires dans le cadre du traité de Schengen. La France aborde le multiculturalisme avec une laïcité revisitée d’un côté, un contexte arabo- musulman en pleine évolution de l’autre : des perceptions et des représentations sont à repenser d’où les débats controversés sur « l’identité nationale ». La question de l’intégration est posée.

L’appel à l’immigration a permis de combler le déficit de main-d’œuvre au moment des Trente Glorieuses sur fond d’inégalités socioéconomiques et sociospatiales qui se révèlent d’autant plus que la prospérité a cédé le pas aux difficultés ; au demeurant, une partie des immigrés a pu accéder à la classe moyenne à la deuxième ou troisième génération. En revanche, l’immigration clandestine mal contrôlée et en expansion dans l’espace Schengen nourrit des situations de grande précarité.

Pièges à éviter

> Faire une histoire des innovations industrielles.

> Penser que le monde du travail au xixe siècle - début xixe se réduit aux grandes entreprises : le monde agricole et les PME-PMI y tiennent une grande part.

> Traiter de l’immigration sans mise en perspective historique.

> Confondre un immigré et un étranger.

> Séparer évolution économique et évolution socioculturelle.

Un thème propice à l’interdisciplinarité et à une ouverture vers l’histoire des arts Ce thème de la population active est aux programmes de sciences économiques et sociales. En travaillant en collaboration avec les professeurs de SES, l’enseignant pourra familiariser ses élèves et lui-même avec des approches et un vocabulaire plus spécifiques de la sociologie.

L’utilisation des photographies de Robert Doisneau et de Willy Ronis constituera une source documentaire très pertinente.

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Références

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