L
e cancer de la prostate est le plus fréquent des cancers de l’homme de plus de 50 ans. Il touche chaque année 50 000 hommes et 10 000 en décèdent.Cet ouvrage fait le point sur les avancées diagnostiques, cliniques et thérapeutiques mises à la disposition des praticiens pour prendre en charge cette maladie.
Il répond également aux questions des patients vis-à-vis de leurs attentes en termes de qualité de vie et de résultat des traitements.
Insistant particulièrement sur l’intérêt d’un diagnostic précoce, les auteurs distinguent les cancers localisés des formes avancées et définissent pour chaque catégorie les stratégies thérapeutiques spécifiques, chaque type de traitement – radiothérapie, curiethérapie, chirurgie, hormonothérapie – faisant l’objet
d’une description détaillée.
L’ouvrage consacre enfin un long chapitre à la prise en charge des séquelles des traitements et à la qualité de vie du patient. Les traitements dits « de rattrapage » sont abordés, ainsi que l’ensemble des actions thérapeutiques qui peuvent apporter davantage de bien-être au patient, en particulier la restauration de la continence urinaire et de la sexualité.
Spécialistes reconnus, les auteurs de cet ouvrage ont souhaité souligner l’aspect pluridisciplinaire de la prise en charge des patients atteints d’un cancer de la prostate, seul garant d’un accompagnement adapté à la préservation de l’autonomie du patient et à
l’amélioration de sa qualité de vie.
Cancer de la prostate : prise en charge
de la maladie et de ses séquelles
Collection pathologie science formation
ISBN : 978-2-7420-0672- 4
Éditions John Libbey Eurotext 127, avenue de la République 92120 Montrouge, France.
Tél. : 01 46 73 06 60 e-mail : contact@jle.com Site Internet : http://www.jle.com
John Libbey Eurotext 42-46 High Street Esher
Surrey KT10 9QY United Kingdom
© John Libbey Eurotext, Paris, 2007
Il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français d’Exploitation du Droit de Copie, 20, rue des Grands-Augustins, 75010 Paris.
Cancer de la prostate : prise en charge
de la maladie et de ses séquelles
Coordonné par : Jean-Marc Cosset
Olivier Cussenot
François Haab
Ont participé à cet ouvrage :
Sébastien Beley.Ser vice d’Urologie, Hôpital Tenon, AP-HP, Paris Jean-Marc Cosset.Ser vice de Radiothérapie, Institut Curie, Paris Olivier Cussenot.Ser vice d’Urologie, Hôpital Tenon, AP-HP, Paris Gaëlle Fromont.Ser vice d’Anatomo-Pathologie, CHU de Poitiers François Haab.Ser vice d’Urologie, Hôpital Tenon, AP-HP, Paris
Roland Muntz. Association nationale des Malades du Cancer de la Prostate, Sarrebourg
Philippe Sebe.Ser vice d’Urologie, Hôpital Tenon, AP-HP, Paris
Remerciements pour l’iconographie médicale :
Pr Jean-Noël Talbot (Service de Médecine nucléaire, Hôpital Tenon, AP-HP) Dr Valérie Chigot (Ser vice de Radiologie, Hôpital Tenon, AP-HP)
Hôpital Tenon, AP-HP, 4 rue de la Chine, 75020 Paris Institut Curie, 26 rue d'Ulm, 75248 Paris cedex 05
Association nationale des Malades du Cancer de la Prostate, 17 bis avenue Poincaré, 57400 Sarrebourg
CHU Poitiers, Rue de la Miletrie, 86000 Poitiers
CANCER DE LA PROSTATE : PRISE EN CHARGE DE LA MALADIE ET DE SES SÉQUELLES
V
Plus de 50 000 Français rejoignent chaque année le nombre trop élevé des malades du cancer de la prostate. La plupar t sur vivront à leur mala- die, plus ou moins bien. Mais près de 10 000 d’entre eux en mourront, parce que pour la plupar t, non dépistés à temps et ceci est révoltant car ce cancer a la chance de disposer d’un marqueur (le test sanguin PSA) qui permettrait, en cas de dépistage intelligent, d’éradiquer pratique- ment la maladie métastatique et ainsi de sauver des milliers de français chaque année.
Pour les 40 000 autres qui, parce que dépistés à temps, peuvent guérir ou transformer leur maladie mortelle en maladie chronique, la décision stratégique du traitement est de la plus haute importance. Or, s’il y a sous-diagnostic du cancer de la prostate en raison de la sous-information du public, et de l’absence de consensus médical pour un dépistage ordon- né, il y a aussi (et ceci peut expliquer cela) sur-traitement de cancers
« insignifiants » : quelques études avancent des chiffres de 20 à 50 % de
P réface
traitements invasifs (prostatectomie – radiothérapie) sans bénéfice sur la survie dans le cadre de cancers de la prostate « insignifiants ». Ce n’est pas tant le surcoût de ces traitements précipités qui est en cause que les effets secondaires potentiels qu’ils induisent avec au premier plan l’in- continence et l’impuissance érectile. Dans ces conditions, le premier trai- tement dans les formes non agressives de ce cancer devrait être de se donner un temps d’observation et de réflexion pour ne pas négliger la pos- sibilité d’une « surveillance active ». Mais cette « surveillance active » n’est pas dans la culture du patient français qui, par peur panique du mot
« cancer », veut l’éradiquer le plus vite possible, ni dans la formation des médecins spécialistes de cette maladie. Alors ? Alors, il y a du travail.
Travail commun entre les urologues européens (EAU)*et la coalition euro- péenne des associations de malades (Europa Uomo) qui viennent de déci- der de porter à la connaissance des uns et des autres la pertinence du traitement appelé « sur veillance active » en fonction de l’âge et des caractéristiques de la tumeur. Cette approche ne conteste pas la validi- té des autres traitements (prostatectomie – curiethérapie – radiothérapie – hormonothérapie – chimiothérapie, etc.) qui doivent être décidés par le médecin et son patient en fonction de l’agressivité de la tumeur… et de la gestion du rapport bénéfices/risques.
Quels sont ces risques ? La mort bien sûr, mais aussi les effets secon- daires qui affectent la qualité de la vie. Les centaines de témoignages qui affluent sur notre site (www.anamacap.fr) démontrent que la prise en compte des effets secondaires des traitements doit être améliorée dans notre pays. Il n’y a pas que les protections et les « pilules » pour soigner l’incontinence et l’impuissance. Que dire du silence qui entoure certains effets secondaires de la déprivation androgénique : déperdition osseuse – désordres métaboliques. Et que dire du mystère qui entoure les soins de chimiothérapie et du tabou qui règne en maître dans les services palliatifs.
La prise en charge du cancer de la prostate est ainsi condamnée à évoluer entre les deux écueils que sont le sous-diagnostic et le sur-traitement de la maladie. La connaissance des différentes facettes de la maladie et la maîtrise des effets secondaires est indispensable pour fixer le bon cap.
Le Président de l’ANAMACaP Roland MUNTZ
VI
CANCER DE LA PROSTATE : PRISE EN CHARGE DE LA MALADIE ET DE SES SÉQUELLES* European Association of Urology
CANCER DE LA PROSTATE : PRISE EN CHARGE DE LA MALADIE ET DE SES SÉQUELLES
VII
Préface . . . V Histoire naturelle et classifications anatomocliniques
Gaëlle Fromont, Olivier Cussenot. . . 1 Épidémiologie, dépistage et prévention
Olivier Cussenot. . . 17 Prise en charge du cancer de prostate localisé et traitement
de la prostate cancéreuse
Philippe Sèbe, Jean-Marc Cosset, Olivier Cussenot . . . 41 Prise en charge des formes avancées du cancer de prostate
Olivier Cussenot. . . 73
S ommaire
Traitement des séquelles fonctionnelles de la prostatectomie totale Sébastien Beley, Philippe Sèbe, François Haab . . . 93 Glossaire
. . . 109
VIII
CANCER DE LA PROSTATE : PRISE EN CHARGE DE LA MALADIE ET DE SES SÉQUELLESCANCER DE LA PROSTATE : PRISE EN CHARGE DE LA MALADIE ET DE SES SÉQUELLES
1
LA PROSTATE : SON ANATOMIE ET SA FONCTION
La prostate est formée de petites glandes qui sécrètent un liquide des- tiné à enrichir le sperme.
Elle est située dans le petit bassin, sous la vessie, au carrefour des voies urinaires et génitales. Elle est en effet traversée de haut en bas par l’urètre, canal qui permet l’évacuation des urines mais également par les canaux éjaculateurs, qui véhiculent le sperme produit par les testicules.
Elle est, par ailleurs, étroitement intriquée avec les structures (sphinc- ters) qui assurent la continence urinaire. À sa par tie supérieure, appe- lée base, elle est insérée sur le col de la vessie. À ce niveau existe un épaississement circulaire de fibres musculaires constituant un sphincter à commande involontaire, réflexe. À son extrémité inférieure, appelée apex, l’urètre est entouré par un autre sphincter, formé de fibres mus-
H istoire naturelle
et classifications anatomocliniques
Gaëlle Fromont, Olivier Cussenot
culaires à commande volontaire. Si la prostate n’est pas indispensable à l’érection, les ner fs érecteurs passant à la sur face de ses bords laté- raux ne peuvent être conser vés quand le cancer est étendu et vient à leur proximité. Ceci d’autant plus que ces ner fs sont situés dans un pédi- cule vasculo-ner veux, dont les vaisseaux lymphatiques sont une voie fré- quente d’extension à distance du cancer de la prostate (Figure 1).
Sa face postérieure est située juste en avant du rectum, la rendant accessible à l’examen clinique par le toucher rectal ou à l’imagerie médi- cale par l’intermédiaire d’une sonde placée dans le rectum (échographie ou IRM endorectale).
Son volume chez l’adulte jeune est de 25 centimètres cubes (cc). Il aug- mente (hyper trophie bénigne de prostate) habituellement avec l’âge, si bien que la moyenne du volume prostatique est aux environs de 40 cc à 60 ans.
2
CANCER DE LA PROSTATE : PRISE EN CHARGE DE LA MALADIE ET DE SES SÉQUELLESFigure 1A.Situation de la prostate dans l’appareil urogénital (vue d’ensemble).
Figure 1B.Situation de la prostate dans l’appareil urogénital (vue antérieure en coupe).
Figure 1C.Situation de la prostate dans l’appareil urogénital (vue latérale en coupe).
Uretère Conduit déférent Vésicule séminale Conduit éjaculateur Glande bulbo-urétrale Épididyme
Testicule Gland du pénis
Corps érectiles du pénis – corps caverneux – corps spongieux Vessie
Prostate Urètre
Sphincter lisse Prostate
Vessie Uretère Canal déférent Vésicule séminale Plexus vasculaire prostatique Sphincter strié Nerfs érecteurs
Corps caverneux Corps spongieux Urètre
Gland du pénis
Pénis Muscles du périnée
Nerfs érecteurs
Symphyse pubienne Vessie
Urètre Corps caverneux Corps spongieux
Testicule Prostate Sphincter strié
Vésicule séminale
Rectum Sphincter lisse Nerfs érecteurs Canal déférent