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Le savoir en Légo

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Academic year: 2022

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Texte intégral

(1)

En

s appuyant

1

sur les analyses d'Edgar

Morin, Paul Le Bohec aborde la

question du rôle de l'école dans la société

et sa

transformation Il y affirme le lien entre les pratiques

pédagogiques et le politique.

La

construction du savoir est une aventure de vie.

JliU Paul Le Bohec

"Tandis que les "media" pro- dllisent la basse crétinisation , l'Université produit la hallte

crétinisalion. "

Comme il y va, Edgar Morin ! Comment peut-il s'autoriser à écrire de pa- reilles choses ?

Mais il n'en reste pas là :

- "La

méthodologie dominante

produit

zm

obscurantisme

acCJ1l

puisqu'il n':--· a plus d'as- sociation

eno·e

les éléments dis- joints de savoir. plus de possibi- lité de l es

engramme1·

et de les réfléc hir.

Nous

approchons

d'une nwtntion inoztïe

dans la connais sance. "

- En quoi consiste-t-elle ?

- .. . "celle-ci es t de

moins en moins

faite

pour

être

réfléchie

et discw ée par l es esprits lill-

mains,

de plus

en

plus fait e

pour

être eng rammée daliS des

mémoires infonnationnel/es

et manipulée par l es puissances

anon:\'mes, en premier

cltef. l es

Etats.

On commence à saisir la rai- son de sa fane réaction. Sur- tout si on lit la suite :

PRATIQUES

-" Malheureusement, la ·

vision

nuai/ante

et

unidimensionnelle

se paie cm ellement dan s l es

phénomènes /uonains,

la mwi - lation tranclte dans les clwirs , verse l e sang; i ·épand la souf-

f:

rance ... I l

Est-ce vraiment grave à ce point?

Des sa\'oirs

et de l'humain enmol'ceaux

-

"L'incapacité de

concevoir

la simplicité" de la relation

an-

thropo-sociale dans sa

micro- dimension (

l' être individuel ) et dan s sa

macro-dimemion

(l' ensemble planétaire de 1'/w

- numité)

a

conduit à

d'infinies tragédies et nolls

conduit à

la tragédie su{)r ême.

"

Une dernière cication avant de nous demander en quoi cela pourrait nous concerner:

"' Lo. simpliciré de 11'1 relmion micro er nwcro mHhroposocil'lle, c'esr pourrmH pru compliqué !

(2)

PRATIQUES

-

La

stratégie

politique ...

re- quiert

la

con

naissance

com- plexe car

la

stratégie se mène en travaillant avec et contre /'incertain;

l'aléa, l

e jeu mul- tiple des actions er des réac- tions.

Introduction à la pensée complexe (P. 20 ) -E.S.F.

éditeurs.

J'avais pris ce livre à la B.U.

parce que je pense depuis longtemps que l'un des mé- rite de Freiner, c'est de nous avoir spécialement introduit à la complexité. Je voulais approfondir cette idée. Mais j'ai découvert une pensée qui amplifie considérablement la nôtre et qui, par la dramati- sation de sa présentation, de- vrait nous inciter à appro- fondir notre réflexion.

Freinet précurseur de la complexité

Le krach social de décembre 95 a posé la question de la

"valabilité" des fondements de cette société. La prise de conscience de l'importance des dégâts qu'elle provoque semble maintenam se gé-

néraliser.

Mais elle ne doit rester ni diffuse, ni confuse. Il faut, dans un premier temps en ef- fectuer le recensement er l'analyser pour essayer de dé- gager des perspectives plus humaines.

Cela ne va pas représenter une mince entreprise.

Aussi la prise en compte de la complexité des situations et des problèmes ne peut va- lablement s'effectuer que par un complexe d'individus et de groupes de réflexions multipliés. " Car la stratégie requiert la connaissance com- plexe."

Des quantités de personnes et d'associations se trouvent concernées: écologistes, phi- losophes, syndicats, écono- mistes, citoyens, sociologues, étudiants, consommateurs, enseignants, polidques ...

Notre tâche à nous, pédago- gues, est très facile à définir : nous sommes presque en pre- mière ligne et absolument concernés par cette question de la méthodologie de l'ac- quisition des connaissances.

Il se pourrait même que, sans le savoir et bien que nous nous méfiions de la techno- lâtrie, nous pourrions nous situer un tant soit peu dans le courant des forces né- fastes. Celles-ci ont une telle puissance er un tel impact planétaire que notre essai de réflexion et notre ambition de changer les choses pour- raient sembler bien dérisoire.

Une technolàtt'ie

1

a riS(fUe

"Mais il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer."

(Guillaume d'Orange).

D'ailleurs, les dernières ex- périences vécues si intensé- ment par tant de gens ont

démontré que personne ne peut plus se targuer de pou- voir prévoir avec certicude ce qui pourrait arriver. L'in- attendu n'est jamais exclu.

Nous sommes dans une si- tuation totalement nouvelle.

Des circonstances imprévi- sibles pourraient donner à nos réflexions et à nos ac- tions une importance qu'il ne devrait pas être raison- nable d'espérer.

De toute façon, nous n'avons pas le choix. Nous avons le devoir de continuer à refuser l'inhumain et à chercher les moyens de mieux vivre ensemble et de permettre aux enfants de mieux vivre ensemble.

Des renùses en rJuestion cons tru ct ives

Une des premteres remises en question que nous de- vrions effectuer sur le plan de cette si importante ques- tion de l'acquisition des connaissances, c'est l'emploi généralisé de fichiers. Ce la pourrait sembler dérisoire, mais ça va beaucoup plus loin qu'on ne saurait le croire. C'est impressionnant de voir le nombre de classes qui fonctionnent prioritaire- ment de cette façon. On conçoit aisément que, dans les classes multi-cours, cet emploi puisse se présenter comme une nécessité. Mais ce ne devrait être qu'un mo-

ment de respiration, de cons- olidation. Et aussi de mise à la disponibilité pour le

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(3)

maître qui doit s'occuper des autres cours. L'utilisation généralisée des fichiers est une complète aberration.

Des entrainements et des matuhs

Pour du travail individuel, c'est du travail individuel.

Non, ce n'est même pas du travail. C'est comme si, au football, on se contentait de faire des exercices sans ja- mais jouer de match. Seule, b. partie technique de ce sport se trouverait alors prise en compte. Foin de la mise au point d'une stratégie évo-

lutive, de la recherche de la place à occuper sur le ter- rain, de la complémentarité des équipiers, de la solidari- té, de la responsabilité par rapport à l'ensemble, du plai- sir de coller à la situation, du partage des joies de la vic- toire et de la philosophie de la défaite. Seule, la valeur de l'individu pourrait alors ap- paraître et nullement sa va- leur d'être-dans-le-groupe.

Et c'est déjà une mutilation considérable, une grande moitié de la possibilité d'exister, c'est-à-dire d'être reconnu, de compter pour quelqu'un.

Maintenant, on accole des notions les unes aux autres, comme des briques de légo.

PRATIQUES

A peine a-t-on fini d'en ali- gner une première série que ce "travail" est passé à l'éta- mine* d'une évaluation. Et sitôt sorti de cette machine, on vous réintroduit de force dans une autre pour vous faire franchir une nouvelle marche préalablement défi- nie par quelqu'un qui n'a que faire de votre avis. Et cela ne s'arrêre plus jamais comme si c'était absolument de cette seule façon que les choses pouvaient se passer.

Quelle folie

"cette métlw-

dologie dominante qui produit un obscurantisme accru puis- qu'il n')'

a

plus d'association

entre

l

es

éléments

disjoints

du

sa

voir ! "

Le plus grave, c'est que cela pourrait paraître corres- pondre à une certaine logi- que, à une certaine réalité de l'apprentissage. Mais c'est une réalité morte. La cons- truction du savoir, c'est une autre affaire. Elle nécessire des allers et retours, des feed- backs, des effacements, des temps de latence, des ressur- gissements, des communica-

La uonstruution du savoir est une aventure de vie

tians, des partages, des échanges. Et la présence d'une communauté critique qui aide à l'expression des hypothèses, à leur affine- ment et à l'élimination de celles qui sont inadéquates.

C'est un élan, un dyna- misme, un engagement de vie. Nous pouvons en parler

*rien à 11oir avec le pisril.

CfRoberr Paul aurait quand même pu rrorwer. ..

... éwmine de crayon de l'évalowrerŒ !

•.w-~-~----·

_, _ , -·-- ---

Coopération Pédagogique 11° &~ page 53 . Juin 96 ----~--·~·--.. ----~

(4)

*Commt?ledic

MomllÎRJle :

"Onnppundà

I'Î vr~ (jlllllld la

11îe esc fini<'."

Essais Chnpîrr~

"de /ïnstÎIIICÎOII

des enfanrs ".

PRATIQUES

parce que nous l'avons véri- tablement vérifié.

On conçoit difficile- ment la gravité des dégâts que cette méthodologie né- faste entraîne et l'intensité du manque à être que cela constitue .

Car il s'agit évidemment de bien autre chose que de pe- tits détails d'ordre pécbgogi- que.

La vie est très dure pour les enfants d'aujourd'hui. Les insuffisances matérielles d'autrefois se sont atténuées.

Dans l'ensemble, on n'a plus si faim, on n'a plus si froid.

Mais se sont accrues les diffi- cultés sur le plan psychologi- que (familles désunies, pa- rents sans travail, univers de compétition ... )

L'école doit ré(wmlre à de

nouveaux besoins

Nous savons maintenant que l'école pourrait aider au réé- quilibre si elle faisait simple- ment sa place à la vie, si on pouvair s'y expritner, créer, échanger, communiquer ...

vivre quoi!

Mais non, on diffère toujours le moment de vivre* et il

1

n arnve Jam::us.

Or, on sait avec Morin, que si l'homme recherche tou- jours l'économie, il n'a vrai- ment l'impression de vivre que dans l'excès. Oui mais, où peut-on aller chercher les jouissances de vie, les pléni- tudes de partage, les assou-

vissements, les plaisirs de la découverte, les moments profondément vécus ... sinon - à défaut d'avoir vécu au plus près de son plein pos- sible- clans ce que Freinet ap- pelnit les solutions emus (de remplacement) : fuite dans les jeux, les sectes, l' irration- nel, la maladie, la délin- quance, le suicide ... ?

Est-ce une vision exagérée et erronée des tendances ac- tuelles de la société ?

~·lême s'il est évident qu'un autre style d'enseignement ne résoudra pas automati- quement rous les problèmes, il faudrait au moins que l'école n'en ajoute pas de supplémentaires ; alors que la vie des enfants est déjà si chargée d'éléments négatifs.

Il est possible de travailler plus humainement.

Nous sommes nombreux à pouvoir témoigner de la pos- sibilité d'une passion de vivre l'école dans la créa- tion, la recherche, l'exalta- tion de la connaissance, l'expression de soi, la décou- verte et l'utilisation des lan- gages, l'écoute des autres, la communication, la produc- tion constante d'oeuvres de toute nature ...

Mais un autre style d'école postulerait un autre style de maître, formé dans une autre optique et une autre organi- sation de l'enseignement.

On est loin du compte car actuellement les maîtres ont uniquement vécu sous le pa- radigme de dissociation et de simplification.

Ce sont souvent des bacs +3 ou +4 témoignant de connaissances pointues au milieu d'ignorances ex- trêmes. Si on avait le coeur de plaisanter, on dirait qu'il vaudrait mieux avoir affaire à des bacs -1 qui seraient plus rapidement capables de s'installer dans la nécessaire prise en compte de la com- plexité des groupes et des êtres.

Mais comment faire ?

Seule la prise de conscience de la nécessité absolue de changer pourra conduire les plus responsables des ensei- gnants à essayer de transfor- mer leurs pratiques et, dis- ons-le sans crainte, à découvrir des possibilités personnelles qu'ils igno- raient, ou auxquelles ils avaient depuis si longtemps renoncé. Mais qui donnera cette nouvelle fOrmation ?

Comment mettre en

oem~'e une

co~[ormation ~

A part quelques rares excep- tions, il est à craindre que les formateurs traditionnels ne soient les derniers à se mettre en marche.

Heureusement, nous avons eu l'expérience de l'autofor- mation et de la co-formation actives - (et non plus de la conformation subie dans la résignation.).

- Ce chantier exaltant reste à ouvrir.

A suivre ...

P.L.B

~---~---~~~--- Coopération Pédagogique /1° 88 page 54. Juin 96

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