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ous parlons de 8,6% de personnes obèses dans notre population, d’environ 8% des dépenses de santé en Suisse et, pourtant…quasi plus de traitements médicamenteux, pas de rembourse- ment par les caisses-maladie. Un comble lorsque l’on sait que les consul- tations médicales doivent être comptées, qu’elles ne doivent pas être trop longues et surtout peu fréquentes. Les consultations psychologiques sont rarement remboursées et seulement six consultations diététiques le sont…
Les laboratoires pharmaceutiques ne s’intéressent plus à produire des médicaments contre l’obésité car ils ne sont pas remboursés ou produisent trop d’effets secondaires.
Pourtant l’obésité se comporte comme une épidémie avec un taux de complications important et des conséquences psychologiques considéra-
bles. Dans son article sur les croyan- ces des patients obèses, la Dresse Charmillot nous rend attentifs à cet aspect crucial chez les personnes obè- ses et nous permet de mieux com- prendre l’expérience de vie des patients obèses. Les stigmatisations de l’obésité sont très fréquentes et ont un impact psychologique dramatique.
Concernant les complications cardio-métaboliques, les Drs Pataky et Bobbioni-Harsch se sont demandé s’il existait des patients obèses «nor- maux» métaboliquement. Leurs résultats montrent que seulement 21%
des patients obèses sont normaux sur le plan cardio-métabolique. Malgré leur normalité, tous les paramètres métaboliques sont significativement augmentés tout en restant dans les normes par rapport au groupe con trô le.
Après trois ans de suivi, 10% seulement de ces patients obèses restent métaboliquement normaux. Les conclusions de cette étude montrent bien que même si un patient obèse peut être normal, il ne le reste pas très longtemps. Ceci implique une prise en charge dès que possible.
L’article de la Dresse Gaillard relate l’évolution des différents program- mes de perte de poids avec la présentation d’un dernier programme. Cette nouvelle approche combine des journées d’hôpital de jour de type moti- vationnel associées à un suivi ambulatoire pendant deux ans. L’approche est multidisciplinaire cumulant des ateliers de nutrition, de comporte- ment alimentaire, d’activité physique et d’art-thérapie. Les résultats sont très encourageants avec un succès de plus de 70% à une année.
Ainsi, l’approche doit être multidisciplinaire, hospitalière et ambulatoire pour améliorer les chances de succès à moyen terme.
Une nouvelle avancée significative dans le traitement de l’obésité s’est produite dans le domaine de la chirurgie bariatrique. Le Dr Giusti et coll.
retracent les nouvelles conditions validées dans lesquelles une interven- tion chirurgicale peut être proposée à des patients obèses avec un indice de masse corporelle (IMC) de plus de 35 kg/m2 sans comorbidités et sans limite d’âge. Ces opérations pourront se faire sans demande préalable auprès du médecin-conseil de la caisse-maladie concernée mais devront être effectuées dans des centres certifiés. Ces possibilités et améliorations
L’obésité, le parent pauvre de la médecine
«… Seuls 21% des patients obèses sont normaux sur le plan cardio-métabolique …»
éditorial
Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 30 mars 2011 683
Editorial
A. Golay
du professeur
Alain Golay
Médecin-chef
Service d’enseignement thérapeutique pour maladies chroniques
Département de médecine
communautaire et de premier recours HUG, Genève
et du docteur
Vittorio Giusti
Médecin adjoint
Service d’endocrinologie, diabétologie et métabolisme
CHUV, Lausanne Articles publiés sous la direction
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pour les patients ne devront pas être l’occasion de «dérapages» et d’opé- rations trop précoces sans préparation nutritionnelle-comportemen tale.
La moitié des patients ne connaissent pas les effets secondaires de ces interventions conséquentes.
Parmi les effets secondaires invalidants d’un bypass gastrique, le dumping syndrome en est un bien spécifique. Dans leur article, le Dr Favre et coll. distinguent très bien les hypoglycémies préprandiales du dumping précoce et tardif. Les auteurs proposent quelques pistes cliniques pour nous aider à les identifier, les distinguer et à les traiter adéquatement.
Finalement, l’évaluation et la prise en charge somatiques de l’anorexie sont bien développées dans l’article du Dr Giusti et S. Gebhard, qui sou- ligne combien la prise en charge précoce et coordonnée est essentielle afin d’éviter la chronicisation de cette pathologie et les situations graves nécessitant une hospitalisation d’urgence.
684 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 30 mars 2011
«… Ces possibilités et amé- liorations pour les patients ne devront pas être l’occa- sion de "dérapages" …»
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