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Approche géophysique de définition du climat du littoral océanique et du bas -Togo pp. 3-17.

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Academic year: 2022

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(1)

APPROCHE GÉOPHYSIQUE DE DÉFINITION DU CLIMAT DU LITTORAL OCÉANIQUE ET DU BAS -TOGO

Kodjovi EDJAME Département de Géographie

Université de Lomé (Togo)

RESUME

Les modèles de classifi cation des climats placent unanimement tout le Sud -Togo dans la zone climatique à deux saisons sèches et deux saisons de pluies. Qu’elle serait la situation réelle ?

L’appellation petite saison sèche ne semble pas convenir pour désigner une période plutôt fraiche et humide. Effectivement, les mois de juillet et août coïncident avec la période où le fl ux de mousson est maximal sur toute la région ouest-africaine.

Le Sud des pays du golfe de Guinée connaît un ralentissement des précipitations alors que dans la partie septentrionale les pluies atteignent des enregistrements record.

Il paraît important d’apporter plus d’éclaircissement sur cette problématique et de s’y tenir fermement pour la suite.

Mots-clés : Classifi cation des climats, saisons sèches, sécheresse, diagramme de Gaussen, évapotranspiration.

ABSTRACT

Classifi cation models of climate unanimously range southern part of Togo in the climatic zone with two dry seasons and two rainy seasons . What it is really? Designation of little dry season does not suitable to indicate a cold and wet period indeed.

July and august happen to coincide season to be appropriate to rather indicate one fresh and wet period. Indeed, July and August coincide with a period when the monsoon fl ow is maximum over the entire West African Region. The southern countries of the Gulf of Guinea registers a rainfall decrease while in the northern part rainfall reaches high records. It seems important to provide further explanation to these issues and hold on strongly to carry over.

Key words: Climate Classifi cation, dry seasons, dryness, Gaussen diagram, evapotranspiration.

INTRODUCTION

L’analyse de la courbe de température annuelle explique de façon satisfaisante la distribution des saisons au pas de temps annuel. Il convient ainsi de coupler le champ de température au champ pluviométrique et d’aboutir à une classification climatique d’envergure à bien d’égards. Généralement les classifi cations souvent issues d’un seul paramètre climatique (température, précipitation, pression, etc.) débouchent parfois sur des incohérences et rendent, diffi ciles les analyses les plus simples.

Le climat du littoral océanique togolais présente des singularités qui s’observent exclusivement sur

une bande étroite large d’environ 200 km entre Téma au Ghana et Sémé au Bénin. Cette partie du littoral est très peu pluvieuse ayant une pluviométrie comprise entre 800-900 mm de pluie par an (Kékeh et al, 1987). L’explication de cette problématique climatique se fonde sur l’existence d’une base de données crédible, régulièrement entretenue et ayant subit des tests de validité comme celui de Petit (Kendall et Stuart, 1943). Malheureusement on constate que cette base de données est en train de s’effi locher. L’entretien des stations existant sur le littoral connaît de gros problèmes et celles-ci sont en voie de disparition. Sur la côte togolaise, les stations météorologiques de la ville de Lomé et de Baguida,

(2)

créées pourtant depuis les temps coloniaux ont fermé suite à une gestion catastrophique du service météorologique national.

La tentative d’améliorer l’entretien des stations météorologiques installées dans la zone côtière togolaise, menée par le Projet Changements Climatiques au niveau de la Direction de l’Environnement au début de l’année 1999 n’a pas de bons résultats, compte tenu d’une indifférence manifeste de la part des autorités administratives.

Comment une telle structure nationale peut-elle valablement organiser des études environnementales au Togo? La Communication Nationale Initiale du Togo (MERF, 2001), réalisé dans le cadre de la Convention sur les Changements climatiques a montré ses limites à cause de la détérioration de la base des données .et a défi ni parmi ses priorités, la nécessité de constituer une base de données climatiques fi ables compte tenu de l’importance des approches contenues dans les méthodologies mises à la disposition des pays pour remplir leurs obligations en tant qu’Etats souverains.

L’organisation dune base de données nécessite la mise sur pied d’une équipe de spécialistes et du matériel adéquat. Malgré les problèmes de données, une analyse a été faite dans la présente étude sur la situation climatique du Sud - Togo.

1. DONNÉES ET MÉTHODES

Les données de température et de précipitation sont utilisées pour expliquer le climat du littoral océanique en prenant en compte l’infl uence que les eaux océaniques peuvent avoir sur le climat

des régions situées à proximité. Cette étude nous donne l’opportunité de comparer deux périodes climatologiques intéressantes pour plusieurs raisons que nous évoquerons plus tard.

Il s’agit des périodes suivantes : - 1951-1980

- 1981-2005

Il faut souligner que les données utilisées seront regroupées dans des tableaux et constitueront une référence climatologique pour la zone d’étude.

1.1 SITUATION CLIMATIQUE DANS LA ZONE DU LITTORAL OCÉANIQUE

Dans les deux premiers tableaux (tableau 1 et tableau 2) les données utilisées pour la période 1951- 1980 sont celles de la station de Lomé - Ville, station devenue aujourd’hui inexploitable et les données de la station synoptique de l’Aéroport de Lomé pour la période 1981-2005. La station de Lomé-Ville ne répond plus aux normes d’une station climatologique.

Les bâtiments administratifs construits à proximité ont rendu inadéquat le lieu d’implantation de cette station, Il est clair que la différence entre les données n’est pas énorme et ne peut en aucun cas, infl uencer les analyses. Le coeffi cient de corrélation linéaire entre les normes pluviométriques des deux stations est de 0,99. Le profi l de la distribution pluviométrique au niveau des deux stations est pratiquement identique.

Cependant, il existerait un impact océanique plus marqué sur la station de Lomé-ville. La station Lomé- ville se trouve dans la basse ville de Lomé alors que la station de Lomé-Aéro se trouve sur le plateau, légèrement en altitude (20 mètres) par rapport au niveau de la mer.

Tableau I : Données normales mensuelles de température (T°C) et de précipitation (Pmm) 1951-1980 Littoral océanique

J F M A M J JL AO S O N D

T°C 27.0 28.0 28.1 28.1 27.2 26.0 25.3 25.0 25.7 26.4 27.1 26.7

P(mm) 14.1 29.0 64.2 100.5 147.2 251.4 87.6 26.3 46.7 94.1 25.9 7.4

Tableau II : Données normales mensuelles de température (T°C) et de précipitation (Pmm) 1981-2005 Littoral océanique

J F M A M J JL AO S O N D

T°C 27.7 28.8 29.0 28.8 27.9 26.9 25.9 25.8 26.6 27.5 28.1 27.7

P(mm) 9.5 14.6 53.5 98.5 146.0 170.7 70.6 26.3 75.1 82.0 17.0 7.5

(3)

Une remarque découle de ces données. La courbe en rouge représentant l’évolution de la température, entre 1985 et 2005, affi che des valeurs nettement en hausse par rapport aux données de la première période.

Cette hausse peut-elle, représenter une signature locale du phénomène du réchauffement climatique perceptible à l’échelle de toute la planète Terre ?

Figure 1 : Evolution comparée des températures normales mensuelles entre 1950 et 1980 (courbe en bleu) et entre 1981et 2005 : (courbe en rouge) (région du littoral togolais).

Les températures mensuelles sont en hausse de 1981 à 2005. Cette hausse est en parfait accord avec le phénomène de réchauffement climatique global et constitue une preuve locale du phénomène à la base du dérèglement climatique en cours. Les écarts thermiques mensuels sont plus importants durant la grande saison sèche (voir Edjamé et al, 1993) qui s’étale de novembre à mars (Figure1). Cette hausse de la température au cours de la grande saison sèche peut expliquer partiellement les fortes pluies qu’on enregistre partout au Togo pendant les mois pluvieux. Les eaux océaniques accusent le coup en se réchauffant un peu plus que d’habitude. Lorsque le

gradient thermique entre l’interface mer/atmosphère le permet on peut assister à un développement convectif plus important propice à une meilleure pluviosité à l’intérieur des terres, notamment dans la Région des Plateaux nettement plus en altitude (Hotuleva, Kékeh et al, 1987). L’augmentation de ces précipitations va contribuer à alimenter les différents bassins versants et même les nappes phréatiques contigües.

L’évolution de la pluviométrie au cours de ces mêmes périodes est assez signifi cative (Figure 2.

On peut retenir deux choses :

(4)

Figure 2: Evolution des précipitations normales mensuelles entre 1951 et 1980 (courbe en vert foncé) t entre 1981 et 2005: (courbe en vert clair) (région du littoral togolais)

- sur la période 1951-1980 les pluies de la grande saison (mai - Juillet) sont plus importantes (Hotuleva, Kékeh et al 1987).

- les précipitations de la petite saison des pluies (septembre et octobre) sont nettement excédentaires en septembre au cours de la période 1981-2005.

Comme on peut l’apercevoir les deux saisons de pluies sont bien repérables au cours des deux périodes étudiées. Les saisons n’ont pas encore changé de période. Les changements climatiques dont on parle ne signifi ent pas forcément installation d’une nouvelle distribution climatique. En réalité, on est plutôt entré dans une nouvelle phase climatique dénommée «Anthropocène» compte tenu de l’implication sans cesse croissante de l’homme dans le système climatique (Hall, 2005).

On peut maintenant affi rmer que les climats vont changer (Edjamé et al, 1994). Le réchauffement climatique atteint une ampleur telle que le système climatique se retrouve déséquilibré. Cette nouvelle phase climatique se singularise par l’émergence des catastrophes climatiques récurrentes. Les années 2008, 2009 et 2010 confi rment parfaitement les scénarios proposés par le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC, 1991, 1996).

1.2- SITUATION CLIMATIQUE DANS LA RÉGION MARITIME

L’appellation Région Maritime découle du découpage administratif du pays. La région du littoral fait bien partie de cette région mais présente des spécificités climatiques inédites. L’humidité relative de l’air est au-dessus de 70% au cours de toute l’année à cause de la proximité de l’océan Atlantique.

Les tableaux 3 et 4 renferment les données de la station synoptique de la ville de Tabligbo, la seule station synoptique de la Région Maritime. La qualité des données d’observation recueillies à cette station météorologique pose quelques problèmes de validité compte tenu de l’état de vétusté avancé du matériel disponible, néanmoins les données de température confi rment l’état de réchauffement climatique global, caractéristique essentielle du climat actuel (Figure 3).

(5)

Tableau III : Données normales mensuelles de température et de précipitation (1951-1980) Région Maritime (Station synoptique de Tabligbo)

J F M A M J JL AO S O N D

T°C 27.9 29.5 29.6 29.1 28.2 27.1 26.4 26.1 26.7 27.3 28.2 27.6

P(mm) 2.6 30.3 98.9 132.2 152.7 157.6 85.5 50.6 121.1 134.8 38.6 21.2

Tableau IV : Données normales mensuelles de température et de précipitation (1981-2005) Région Maritime

J F M A M J JL AO S O N D

T°C 27.7 29.1 29.2 28.5 27.7 26.4 25.5 25.4 26.2 26.9 27.6 27.6 P(mm) 11.9 31.3 92.7 135.4 146.7 174.9 88.2 56.0 122.0 128.7 37.5 16.2

Figure 3 : Evolution des températures normales mensuelles entre les périodes1951 et 1980 et 1981et 2005 : (Région Maritime : Tabligbo)

A part le mois de janvier tous les autres mois montrent clairement que les températures sont en hausse au cours de la période 1981-2005 par rapport à la première période (Figure 3).

(6)

La situation climatique connait dans l’ensemble une nette évolution en comparant les deux périodes évoquées plus haut en se référant aux études réalisées par (Hotuleva, Kékeh et al, 1987). Le Sud- Togo est constamment inondé à cause des pluies de moisson qui normalement sont plus abondantes dans la Région des Plateaux, étant situé nettement en altitude. Dans la nouvelle confi guration climatique la Région des Plateaux, la région la plus arrosée au

Togo, les pluies s’amenuisent durant le mois de juin et se concentrent plutôt sur le mois de juillet. La Région des Plateaux réputée comme le grand grenier à tubercules du Togo n’arrive plus à inonder à temps ses marchés des ignames et autres produits vivriers.

Cette situation catastrophique due à une distribution inédite des pluies est différemment vécue dans le Sud-Togo où la population doit lutter contre les eaux pluviales devenues envahissantes.

Figure 4 : Evolution des précipitations normales mensuelles entre 1951 et 1980 et entre 1981et 2005 : Région Maritime

Le Togo se subdivise en deux régions climatiques.

La partie sud entre 6° et 8°N bénéfi cie d’un climat tropical guinéen avec deux saisons de pluies et deux saisons sèches. Au nord, entre 8°N et 11°N, règne un climat tropical soudanien, dominé par une grande saison sèche et une grande saison de pluie (Edjamé, 1994). Une étude consacrée au climat de la région ouest africaine permet de tirer les mêmes conclusions (Janicot, Fontaine, 1993)

Dans la Région Maritime entre 1981 et 2005 le régime pluviométrique présente une baisse au niveau des hauteurs de pluies indiquant ainsi; une certaine évolution. Le creux pluviométrique de juillet et août, marquant la petite saison sèche, se réduit légèrement. La position des pics pluviométriques normaux reste inchangée malgré une augmentation d’environ 20 mm en juin. Les cumuls des mois les plus pluvieux de la petite saison de pluie surtout en

(7)

septembre sont légèrement en hausse. Tout laisse croire qu’il ne pleut plus comme avant mais les données ne semblent pas confi rmer ces mêmes tendances. Les cumuls sont pratiquement les mêmes. Mais les pluies se concentrent sur une courte période et cessent brutalement, expliquant les multiples situations d’inondation qu’on connaît aujourd’hui surtout dans les zones mal assainies.

Ces inondations sont plutôt liées au non respect des normes d’urbanisation qu’aux hauteurs de pluies.

L’un des objectifs de cet article c’est d’expliquer pourquoi la dénomination de saison sèche n’est pas appropriée pour caractériser la période mi- juillet à fi n août. Cette période est marquée par une diminution sensible des précipitations et surtout par une baisse des températures (Figures 3 et 4).

La fraicheur relative du temps au cours de cette période de l’année est remarquable. Elle n’est pas appréciée par les touristes qui préfèreraient un temps plus ensoleillé et plus chaud. C’est le contraire, le temps est plus frais et nettement moins ensoleillé.

Pour montrer l’inadaptation de l’appellation saison sèche, il convient d’éclaircir un peu plus la notion de sécheresse (Aghrab et al, 2009).

2. LES INDICES DE SÉCHERESSE 2.1- LES MÉTHODES

Pour caractériser l’état de sécheresse d’une zone sur une période donnée, on utilise des indices établis à partir de différentes méthodes dont les plus utilisées sont :

- La méthode de Gaussen - La méthode de Thorntwaite

- La méthode de l’Indice Forêt-Météo

Le calcul des indices de sécheresse nécessite une base conséquente de données météorologiques, si l’on veut réaliser une analyse fi ne de la zone. Les informations doivent être recueillies quotidiennement tout au long de l’année sur une période d’au moins trente ans.

On montre généralement que l’eau disponible (dans le sol et à disposition des plantes), est fonction : - des pluies qui entrent dans le sol, - de l’évapotranspiration due essentiellement a u r a y o n n e m e n t s o l a i r e e t a u v e n t .

En cumulant ces données sur, toute l’année, on détermine les indices de sécheresse.

La méthode de Gaussen utilise une procédure graphique très simple pour définir les périodes sèches et les périodes humides, en exploitant la relation P=2T ;

où P - représente les précipitations en millimètres et T - la température en degré Celsius (voir Paul, 1980).

Les périodes sèches sont les mois au cours desquels la courbe pluviométrique se retrouve en- dessous de la courbe thermique et les périodes humides sont signalées par la position de la courbe des précipitations qui remonte au-dessus de la courbe thermique.

La méthode de Thornthwaite utilise des données de température et de précipitation alors que la méthode Indice Forêt Météo (IFM) prend en compte les données de température, de précipitation, du vent et d’humidité. Ces deux méthodes sont aussi utilisées dans le calcul des indices de sécheresse.

Aucune de ces méthodes ne semble a priori, classer les mois de Juillet et Août dans une période sèche. Pour les populations de la Région Maritime il ne fait aucun doute, les mois de Juillet et d’Août restent trop fortement humides et relativement frais pour être classés parmi les périodes sèches.

Deux autres indices (l’Indice de Sécheresse et l’Indice Bioclimatique) permettent de suivre l’état d’assèchement d’une zone (Tate et al, 1999). Ces deux indices ne sont utilisés que dans les zones où l’on dispose de stations synoptiques comme à Lomé ou à Tabligbo dans le Sud -Togo.

2.2- LES DONNÉES

L’Indice de Sécheresse (IS) permet de défi nir le niveau de sécheresse d’une zone. Il s’obtient à partir du rapport entre la pluviométrie et l’évapotranspiration potentielle annuelles. Il s’exprime sous la forme suivante :

ETP

= P

I

S

(1)

P : représente le cumul pluviométrique annuel

et

(8)

ETP exprime l’évapotranspiration potentielle annuelle.

2.2.1 L’évapotranspiration (notée ETP) L’évapotranspiration regroupe tous les processus physiques favorisant le passage de l’eau de l’état liquide à l’état vapeur (Monteith, 1965,1973). Elle est exprimée particulièrement en mm/jour ou en mm/

mois pour montrer la quantité d’eau perdue sur une surface de 1 m² par jour ou par mois.

Elle dépend de la température, de l’humidité, de l’insolation, du rayonnement et de la vitesse du vent lorsque celle-ci est supérieure à 1 m/s).

ETP = p. (0.46T + 8,13) (2) p = (100.W) / (12*365)

W : est la durée d’ensoleillement (en heure) T : représente la température moyenne journalière ou mensuelle de l’air mesurée sous abri à 2 mètres du sol en (°C) et

P : représente une variable exprimant la durée de l’insolation. 0.46 et 8.13 sont des coeffi cients défi nis expérimentalement.

Les critères de classifi cation se résument dans le tableau 5.

Tableau V : Classifi cations des états de sécheresse à partir de l’indice de sécheresse IS. Indice de Sécheresse IS Classifi cation de la zone

IS < 0.05 Hyper - Aride

0.05<IS< 0.25 Aride

0.25<IS<0.50 Semi - Aride

0.50<IS< 0.75 Sub Humide

0.75<IS< 1.0 Humide

IS> 1.0 Hyper- Humide

2.2.2- L’Indice bioclimatique

L’Indice Bioclimatique (IB) exprime un quotient évaporatoire indiquant l’état de la végétation au cours des différents mois de l’année. L’indice (IB) se défi nit comme suit :

 100

 

 

ETP

= ETR I

B

(3)

ETR, désigne l’évapotranspiration réelle et

ETP, exprime l’évapotranspiration potentielle annuelle.

(9)

Tableau VI : Classifi cation des états de sécheresse en fonction de l’Indice IB.

Indice Bioclimatique Etats Climatiques Nombre de mois favorables

IB < 5 Aride 0

5 <IB <20 Semi-Aride 0

20 <IB <40 Sec à Subhumide 1 à 4

40 <IB <60 Subhumide à Humide 4 à 6

60 <IB <80 Humide 6 à 8

80 <IB <100 Hyper Humide 8 à 12

L’estimation de ces deux indices (IB et IS) nécessite la détermination de l’Evapotranspiration Potentielle (ETP). Il sera utilisé dans ce cas précis la méthode de Penman (Penman, 1965), (Morel et al, 1996) et (Paul, 1980). L’utilisation de la formule de Penman fait intervenir des paramètres tels que l’albédo, la durée d’ensoleillement, la température, la tension de vapeur et la vitesse du vent. L’expression de l’ETP peut s’écrire sous la forme suivante :

a Rn

+ E E

=

ETP (4)

ERn concerne l’Evapotranspiration due au rayonnement solaire net et

Ea désigne l’Evapotranspiration due au pouvoir évaporant de l’air atmosphérique.

3. IDENTIFICATION DE LA PÉRIODE MI-JUILLET ET AOÛT

Les calculs effectués à partir des indices de sécheresse IS montrent que les mois de juillet et août ne sont pas des mois secs. Les seuls mois secs se concentrent durant la saison sèche qui dure de novembre à janvier et même février. Effectivement ces mois sont des mois secs, les cumuls de précipitation n’excè- dent pas 3% du cumul annuel sur le littoral et 5% dans la Région Maritime comme l‘on montré Edjamé et al, (1987).

Les indices IB et Is sont calculés à partir des données du tableau 7 et 8

Tableau VII : Les données de pluviométrie (P), d’évapotranspiration réelle (ETR) d’évapotranspiration potentielle (ETP), Indice de sécheresse (IS) et Indice bioclimatique (IB) à la station synoptique de Lomé-Aéro.

J F M A M J JL A S O N D

Pmm 6,9 23,3 53,5 89,4 142,0 184,0 77,0 28,6 65,4 69,4 16,1 6,9

ETR 7,3 24,6 56,4 94,1 149,6 193,4 81,1 30,1 68,9 73,1 17,0 7,3

ETP 12,8 17,1 18,7 17,6 13,6 10,1 8,0 7,6 8,3 11,5 13,6 12,8

IB 0,57 1,44 3,02 5,35 11,00 19,15 10,14 3,96 8,30 6,36 1,25 0,57

IS 0,54 1,36 2,86 5,08 10,44 18,22 9,63 3,76 7,88 6,03 1,18 9,54

Les données du tableau 8 concernent la station synoptique de Tabligbo, située à une trentaine de kilomètres au nord-est de Lomé.

(10)

Tableau VIII : Les données de pluviométrie (Pmm), d’évapotranspiration réelle (ETR) d’évapotranspiration potentielle (ETP), de l’Indice de sécheresse (IS) et de l’Indice bioclimatique (IB) à la station synoptique de Tabligbo.

J F M A M J JL A S O N D

Pmm 7,8 35,4 96,0 115,0 151,0 151,0 83,7 56,5 121,0 127,0 35,5 17,4 ETR 8,2 37,3 103,0 121,0 158,0 158,0 86,1 58,5 127,0 134,0 37,4 18,3

ETP 13,2 20,1 20,7 17,7 9,8 9,8 8,2 7,8 9,1 10,9 13,6 12,2

IB 0,62 1,86 4 ,98 6,84 16,12 16,12 10,50 7,50 13,96 12,29 2,75 1,50 IS 0,59 1,76 4,64 6,50 15,41 15,41 10,21 7,24 13,30 11,65 2,61 1,43

En considérant la méthode de Gaussen pour la défi nition des saisons, une première réponse peut être donnée (voir fi gure 5).

Courbe Ombro-Thermique

0 20 40 60 80 100 120 140 160 180

J F M A M J JL AO S O N D

Mois

P(mm)

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90

TC

P (mm) T°C

Figure 5 : Le diagramme Ombro-thermique ou Courbe de Gaussen (P=2T).sur le littoral togolais

La petite saison sèche se résumerait au seul mois d’août. En réalité la courbe de Gaussen classe le mois d’août parmi les mois secs comme les mois de novembre, janvier et février et même mars.

Les mois de juillet et d’août affichent les températures relativement basses de l’année. En termes de cumul mensuel, le mois de juillet est presque aussi pluvieux que le mois de septembre.

Le mois d’Août n’est pas un mois sec. C’est le mois qui affi che une température moyenne comprise

entre 25 et 26°C avec plus de 20 mm de pluie.

Une des diffi cultés d’exploitation de la courbe de Gaussen est liée aux écarts de température dans les régions de basses latitudes. Sur une année, la variation mensuelle de température n’atteint pas 5°C.

Cette anomalie limite l’utilisation du diagramme de Gaussen dans les latitudes tropicales. Néanmoins la fi gure 6 confi rme que le mois d’août n’est pas un mois sec.

(11)

Courbe Ombro-Thermique

0 20 40 60 80 100 120 140 160 180

J F M A M J JL AO S O N D

Mois

P (mm)

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90

TC

Pluie (mm) T C

Figure 6 : Diagramme Ombro-Thermique de la Région Maritime

La représentation simultanée des données de pluviométrie, d’évapotranspiration potentielle (ETP) et d’évapotranspiration réelle (ETR) clarifi e un peu plus la situation (Figures 7 et 8).

0 50 100 150 200 250

J F M A M J JL A S O N D J

Mois

ETR et Pluie (mm)

0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20

ETP

ETR Pluie ETP

Figure 7 : Les courbes de pluviométrie, d’évapotranspiration potentielle et d’évapotranspiration réelle à la station synoptique de Lomé Aéroport

(12)

0 20 40 60 80 100 120 140 160 180

J F M A M J JL A S O N D J

Mois

ETR et Pluie (mm)

0 5 10 15 20 25

ETP

ETR Pluie ETP

Figure 8 : Les courbes de pluviométrie, d’évapotranspiration potentielle et d’évapotranspiration réelle à la station synoptique de Tabligbo

Les deux stations synoptiques de la Région Maritime togolaise mesurent en temps réel tous les paramètres météorologiques essentiels pour l’estimation des caractéristiques de la sécheresse. La comparaison des trois paramètres ne permet pas de classer mi-juillet et août parmi les périodes sèches. Les précipitations diminuent de la mi-juillet à la fi n du mois d’août mais par contre il fait un temps exceptionnellement doux à la surprise générale des touristes qui ne sont pas toujours informés de cette période fort appréciée de la population du littoral océanique togolais. C’est d’ailleurs une période propice pour la culture du niébé et de l’arachide dans tout le Sud-Togo.

Une autre analyse peut être réalisée à partir des données des normes pluviométriques calculées sur les deux périodes mentionnées plus haut. Une représentation graphique des données normales à travers les indicateurs d’anomalies climatiques est donnée sur la Figure 9.

Evolution des Normes

-1,50 -1,00 -0,50 0,00 0,50 1,00 1,50 2,00 2,50 3,00 3,50

Mois

Indicateurs d'Anomalies

Norme1 Norme2

Norme1 -0,89 -0,66 -0,08 -0,13 1,42 2,93 0,34 -0,69 -0,33 0,36 -0,69 -0,98 Norme2 -0,98 -0,71 -0,22 0,38 1,26 1,91 0,16 -0,63 -0,03 0,04 -0,83 -0,96

J F M A M J JL A S O N D

Figure 9 : Présentation des normes à travers les indicateurs d’anomalies (IAC)

(13)

En utilisant les indicateurs d’anomalies climatiques (IAC), (Hotuleva et al, 1987) on défi nit un outil d’analyse de la sécheresse aussi valable que d’autres (voir Tableau 9).

Tableau IX : Classifi cation climatique à l’aide des Indicateurs d’anomalie climatique (IAC) Indicateurs d’anomalie climatique (IAC) Caractérisations

IAC>2 Extrêmement humide

1<IAC<2 Très humide

0 .43<IAC<1 Modérément humide

0.43<IAC<-0.43 Normal

-0.43<IAC<-1.0 Sec

-1<IAC<-2 Très sec

IAC<-2 Extrêmement sec

Source : Hotuleva et al, 1987

D’après la classifi cation climatique exprimée dans le tableau 9, les mois de juillet et août sont des mois normaux ou moins pluvieux dans le pire des cas

Il existe une multitude de méthodes mathématiques pour défi nir l’état de sécheresse (voir tableau 10).

Dans le cadre de cette étude aucune de ces méthodes n’a réellement permis de classer les mois de juillet et août parmi les mois secs.

Tableau X : Liste des indicateurs de sécheresse

Indicateur de Sécheresse Expressions mathématiques Symboles

Indice de pourcentage à la

norme (IPN) IPN = (Pi / Pm) x 100

Pi Série de données pluviométriques en (mm)

Pm = Norme pluviométrique en (mm) Indice de Défi cit Pluviométrique

(IDP) IDP = [(Pi – Pm) /Pm ] x 100 Pi et Pm même symboles

Indice de Défi cit Climatique (IDC) IDC = [ (Pi – ETP) / ETP ] x 100 ETP : Evapotranspiration Potentielle

Indice Réduit de Précipitation

(IRP) IRP = (Pi –Pm) / σ Pi et Pm mêmes symboles σ : Écart Type des données Pi

Source : Aghrab et al, 2009

Ces indices peuvent être utilisés aussi bien pour les données mensuelles que pour les données annuelles.

Il suffi rait d’en tenir compte dans le choix des normes.

(14)

CONCLUSION

L’utilisation de la terminologie «Petite Saison Sèche « pour caractériser la période mi-juillet à fi n août ne se justifi e pas. Cette période n’a jamais été une période sèche pour le Togo. C’est la période la plus fraiche de l’année avec des températures frôlant par moments 17°-18°C. Il convient aujourd’hui d’étudier cette période pour informer les paysans pour une meilleure poursuite des activités agricoles.

L’évolution climatique en cours n’a pas encore totalement affecté profondément la répartition des saisons malgré les fl uctuations des pluies. Les paysans de la Région Maritime et même ceux de la Région des Plateaux l’ont parfaitement compris en s’adonnant durant cette période de deux mois, à la culture du niébé pour réalimenter le sol en matière azotée avant la culture du maïs entre septembre et octobre. Les pluies s’arrêtent brutalement au moment où le maïs exprime un besoin hydrique important, indispensable pour un rendement maximal au niveau des épis. La solution classique serait de procéder à une irrigation au cours de cette période pour préserver un bon rendement à la fi n. L’agriculture reste essentiellement pluviale et les rendements ne répondent plus aux attentes des paysans qui s’appauvrissent de plus en plus malgré les efforts déployés. Le paysan togolais n’a pas cette possibilité d’irriguer son champ à cause de son isolement et surtout de l’indifférence des pouvoirs publics de l’accompagner.

En défi nitive, on parlera plutôt d’une période peu normale. Les températures sont pratiquement en- dessous de la norme. Le temps est lourd et la durée d’ensoleillement est réduite et on enregistre des pluies fi nes et persistantes. Sur le littoral océanique c’est la période des sardinettes, localement appelées

«abobi», compte tenu de l’effet de l’up-welling côtier qui fait remonter en surface les eaux froides, riches en nutriments. Les courants d’up-welling sont donc capitaux pour la remontée en surface des sels minéraux à l’origine de l’augmentation de la production halieutique.

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