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Editorial. Quel développement pour quelle éducation ? La vision des organisations internationales

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Editorial. Quel développement pour quelle éducation ? La vision des organisations internationales

LAUWERIER, Thibaut

LAUWERIER, Thibaut. Editorial. Quel développement pour quelle éducation ? La vision des organisations internationales. L'éducation en débats : analyse comparée, 2017, vol. 8, p.

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Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:98078

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EDITORIAL. QUEL DEVELOPPEMENT POUR QUELLE EDUCATION ? LA VISION DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES

Thibaut Lauwerier Université de Genève

1. L’INTERET DE LA PROBLEMATIQUE

Les organisations internationales influençant les politiques éducatives aussi bien au Nord qu’au Sud insistent sur l’intérêt d’investir dans l’éducation car elle est au service du développement. La récente Déclaration d’Incheon, approuvée par un ensemble d’acteurs nationaux et internationaux et portant sur les objectifs d’éducation post-2015, l’a encore bien montré : « Reconnaissant le rôle important de l’éducation en tant que vecteur principal du développement et de la réalisation des autres objectifs de développement durable (ODD) proposés, notre vision est de transformer la vie grâce à l’éducation » (UNESCO et al., 2015, p. 1).

Ainsi, si nous nous intéressons au rôle des organisations internationales dans les politiques éducatives, il est incontournable de questionner leurs modèles de développement. Autrement dit : Quelle est leur vision du développement ? Quelles sont les implications de cette vision pour l’éducation ?

2. LE « DEVELOPPEMENT » ?

Pour mieux saisir la vision propre des organisations internationales du « développement », il est d’abord primordial d’éclairer le lecteur sur ce concept, en précisant d’où il vient et en mettant en avant ses multiples acceptions.

Pris simplement, dans sa conception minimale, le développement est un processus de changement au fil du temps. Et ce changement est le plus souvent considéré comme positif.

Cette définition en tant que telle n’apporte pas grand-chose. Ce qui est intéressant, c’est de savoir justement quel est le contenu de ce changement. A partir de là, des positionnements politiques et moraux spécifiques seront apportés par les utilisateurs de ce concept.

Il faut en effet préciser que ce concept de développement serait apparu à la période post- seconde guerre mondiale, et aurait émergé en particulier du discours inaugural du président américain Truman (1949). Ce dernier faisait référence à des processus de progrès économique

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et social dans les pays coloniaux et post-coloniaux. Il envisage déjà à cette époque un modèle de développement à valoriser, qui est, sans surprise, le modèle américain, et qui est caractérisé par des valeurs démocratiques, de liberté etc., en opposition au modèle communiste dans le contexte de la guerre froide. Ce qu’il faut retenir de son discours, c’est qu’il y aurait différentes phases du développement. C’est-à-dire que nous partons d’une étape basique du développement pour arriver une étape ultime qui est en fait le modèle des pays développés, et en particulier le modèle américain. Donc pour le président Truman, les pays coloniaux sont à une étape plutôt basique du développement, et il faut qu’ils arrivent à l’étape ultime du développement.

Plus généralement, il existe différents paradigmes dans la théorie du développement au niveau international. En nous inspirant de McCowan (2015), ce sont les paradigmes majeurs que nous souhaitons présenter maintenant. Un premier paradigme, le paradigme capitaliste-libéral, met en évidence la nécessité de favoriser la croissance économique dans les pays en développement pour qu’ils se mettent au même niveau que les pays développés, en particulier dans le contexte de globalisation. La stratégie est de moderniser les institutions et les activités économiques, de changer les attitudes, d’améliorer les compétences et la productivité des travailleurs. Ce paradigme se situe dans une vision très économico-centrée. Il y a ensuite le paradigme marxiste qui défend un autre type de vision, qui est d’ailleurs souvent mis en confrontation avec le précédent paradigme. L’idée ici est de rendre aux peuples et aux individus la liberté par rapport à l’exploitation économique. La stratégie, en particulier pour les pays en développement, est de se dé-lier des relations de dépendance avec les anciens colonisateurs, voire les nouvelles puissances coloniales. Un troisième paradigme est le paradigme post-colonial que l’on retrouve moins fréquemment évoqué. Il s’agit de penser la société autrement qu’avec le regard de l’autre, en déconstruisant les conceptions dominantes de développement. Il vise essentiellement les pays qui ont été colonisés. Un quatrième paradigme, égalitaire-libéral, est proche de la vision historique des institutions onusiennes. Il a pour concepts clés les droits humains, l’égalité, les libertés fondamentales ou le bien-être.

La stratégie est d’avoir des garanties constitutionnelles et des obligations internationales pour faire respecter ces principes. Enfin, un dernier paradigme qui est le paradigme humaniste- radical a pour vision la transformation des consciences par l’émancipation des peuples et la création de sociétés plus justes. Pour arriver à cette fin, la stratégie est la prise de pouvoir (empowerment) par les individus et les sociétés, notamment à travers l’éducation ou différentes actions politiques.

Finalement, nous savons que le premier paradigme présenté, capitaliste-libéral, correspond au modèle de développement dominant au niveau international. Actuellement, pour Morin (2011), « la croissance est conçue comme le moteur évident et infaillible du développement, et le développement comme le moteur évident et infaillible de la croissance. Les deux termes sont à la fois fin et moyen l’un de l’autre » (p. 23). Adams, Acedo et Popa (2012) révèlent

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qu’au cours du temps les modèles de développement ont sensiblement évolué, intégrant progressivement davantage d’aspects sociaux comme les enjeux liés à la pauvreté. Mais la croissance économique et la compétitivité mondiale restent parmi les visées prioritaires du développement. Nous verrons, à travers les articles de ce volume, si c’est également le cas pour les organisations internationales analysées.

3. OBJECTIFS DU VOLUME THEMATIQUE D’EDUCATION EN DEBATS Ce volume de L’Education en débats : analyse comparée vise particulièrement à :

- Expliciter les visions du développement en général, ou un aspect spécifique du développement, des organisations internationales ;

- Comprendre quelles sont les implications de ces visions du développement en termes d’orientations éducatives.

4. PRESENTATION DES ARTICLES

Les articles de ce volume d’Education en débats : analyse comparée sont issus d’interventions, enrichies par des discussions, qui ont eu lieu lors d’un symposium sur cette même thématique le 1er juillet 2016, organisé par la Faculté de Psychologie et de Sciences de l’Education (FAPSE) de l’Université de Genève et le Groupe de travail « Coopération avec les pays du Sud/Relations internationales » de la Société Suisse pour la Recherche en Education (SSRE).

Le volume thématique commence avec un article de Maren Elfert qui propose une analyse critique des approches de développement de l’UNESCO, à partir de ses « manifestes humanistes », à savoir le rapport Apprendre à être (rapport Faure) de 1972, et le rapport L’Education : un trésor est caché dedans (rapport Delors) de 1996. L’auteur soutient en particulier que ses deux rapports ont échoué à affirmer leurs visions du monde vis-à-vis de puissantes contre-idéologies portées par des organisations concurrentes telles que la Banque mondiale.

L’article suivant dont l’auteur est Myriam Radhouane s’est penché sur un aspect spécifique du développement : la diversité culturelle. Celle-ci englobe plusieurs concepts sous-jacents, tels que la promotion de l’équité, de l’égalité et de la citoyenneté. La diversité culturelle est abordée à travers l’analyse du discours du Conseil de l’Europe, de l’OCDE et de l’UNESCO dans la mesure où cet article s’inscrit dans un projet de recherche plus large traitant de la formation des enseignants aux approches interculturelles en Suisse, et en particulier dans le contexte genevois. Il s’agit donc de mettre en lumière les tendances internationales en la matière, tout en exposant des points de tension et questionnements relatifs aux recommandations des trois organisations.

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Dans un troisième article, Thibaut Lauwerier s’est intéressé aux liens entre éducation et développement du point de vue de la Banque mondiale, l’OCDE et l’UNESCO, organisations internationales majeures dans le secteur éducatif au niveau mondial. Après avoir identifié les visions du développement mis en avant par ces trois institutions, l’auteur interroge les implications de ces visions du développement sur les choix pour l’éducation. Effectivement, selon les conceptions du développement choisies par les organisations internationales, les perspectives pour l’éducation peuvent énormément varier. Les données pour cette recherche proviennent des rapports stratégiques des organisations sur une période de 25 années (1990-2015).

Ce volume d’Education en débats : analyse comparée se termine par un quatrième article qui sort de la thématique. Idrissa Soïba Traoré traite des écoles communautaires au Mali, en se focalisant sur les inégalités qui ont émergé entre zones rurales et zones urbaines dans une perspective quantitative (fréquentation scolaire, infrastructures, équipements, finances) et qualitative (type d’enseignants, encadrement, gestion administrative, fonctionnement) dans un contexte où l’universalisation de l’école primaire n’est pas acquise, et de forte décentralisation du système éducatif.

REFERENCES

Adams, D., Acedo, C. & Popa, S. (2012). In search of quality education. In C. Acedo, D.

Adams & S. Popa (Ed.), Quality and Qualities Tensions in Education Reforms (pp. 1-22).

Rotterdam: SensePublishers.

Morin, E. (2011). La Voie. Pour l’avenir de l’humanité. Paris: Fayard.

McCowan, T. (2015). Theories of Development. In T. McCowan & E. Unterhalter (Ed.), Education and International Development (pp. 31-48). London: Bloomsbury Publishing.

Truman, H. (1949) Inaugural Presidential Address, January 20th, Washington. Récupéré le 25 novembre 2016 sur http://www.presidency.ucsb.edu/ws/?pid=13282

UNESCO, Republic of Korea, UNDP, UNFPA, UNICEF, UN Women et al. (2015).

Déclaration d’Incheon. Education 2030: Vers une éducation inclusive et équitable de qualité et un apprentissage tout au long de la vie pour tous. Incheon: UNESCO/Republic of Korea/UNDP/UNFPA/UNICEF/UN Women/UNHCR/World Bank Group.

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