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Une curieuse anomalie d'un doigt

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Médecine

& enfance

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gestion de l’hémolacrie peut non seulement procurer un soulagement des symptômes des lésions distales du point lacry mal ainsi que des lésions plus proximales, mais aussi ai- der à la localisation anato- mique dans les cas d’aspect idiopathique (2). Une estima- tion de l’hémolacrie occulte chez 125 individus normaux a révélé la présence occulte de sang chez 18 % des femmes en situation de procréer, le plus souvent au cours de la pre - mière semaine, indépendam- ment de la prise de contracep- tifs(3). Dans cette dernière étude, la possibilité de conjonctivites infectieuses est citée. Pour mémoire, la surve- nue de sang dans la sueur est l’hématidrose(4), mais c’est une autre histoire !

(1) PUJARI A., BAJAJ M.S. : « Idiopathic bilaté- ral haemolacria », BMJ Cases Rep.,2016 ; doi : 10.1136/bcr-2016-218342.

(2) FOWLER B.T., KOSKO M.G., PEGRAM T.A.

et al. : « Haemolacria : a novel approach to lesion localization », Orbit,2015 ; 34 :309-13.

(3) OTTOWAY E., NORN M. : « Occult haemo- lacria in females », Acta Ophtalmol. (Copenh), 1991 ; 69 :544-6.

(4) SHEN H., WANG Z., WU T. et al. : « Haemati- drosis associated with epilepsy in a girl success- fully treated with oxcarbazepine : case report », J. Int. Med. Res,2015 ; 43 :263-9. Cet article re- late un cas d’hématidrose associé à des crises d’épilepsie (précédant immédiatement les convulsions) chez une fillette âgée de neuf ans.

L’hématidrose et les convulsions régressèrent sous 150 mg d’oxcarbazépine x 2/j.

mais elle existe partout dans le monde, comme un symptôme oculaire plutôt fascinant qui survient « sans raison médicale apparente ». Elle est parfois as- sociée à un saignement nasal et buccal.

Une requête sur PubMedavec le terme « haemolacria » four- nit 9 articles publiés entre 1977 et 2016. Le cas le plus ré- cent, survenu chez une jeune fille de quinze ans, est bilatéral et a été considéré comme idio- pathique après des investiga- tions exhaustives ORL, gynéco- logiques, hématologiques et psychiatriques (1). Une nouvel- le approche de ce symptôme rare consistant à utiliser des bouchons lacrymaux dans la

« Larmes de sang » chez un nourrisson ?

Notre consœur A. Chevé sou- haite avoir l’avis du Forum au sujet d’une enfant de douze mois qu’elle vient d’examiner.

L’enfant avait un écoulement purulent d’un œil dans le cadre d’un état grippal fébrile. En es- suyant les larmes, elle s’est aperçue qu’elles étaient rosées, semblables à du sang dilué. El- le demande si quelqu’un a déjà constaté un tel phénomène ? Un ophtalmologiste lui a dit que l’on pouvait observer ce symptôme dans le cadre d’une infection virale.

Il se trouve que N. Larrede- Marsault a vu la semaine pré- cédente deux autres cas dans un indiscutable contexte viral (rhinopharyngite et état grip- pal). On précisera que nos deux consœurs n’exercent pas dans la même région !

La curiosité aidant (et ayant lu des références de type ésoté- rique), il était logique d’aller explorer la toile. On apprend (ce n’est évidemment pas le cas pour nos trois jeunes enfants) que les « larmes de sang » ou hémolacrie (ou haemolacria) ont été observées chez des filles âgées de onze à quatorze ans dans le cadre d’une endo- métriose lacrymonasale. L’hae- molacria est rarement signalée,

AUCOINDUWEB

Compte rendu des échanges du forum de discussion de Médecine et enfance(medecine- enfance@yahoogroupes.fr) Rédaction : G. Dutau Dessin : B. Heitz

« Larmes de sang » chez un nourrisson ?

Risques pédiatriques d’un séjour prolongé en Ouzbékistan : jusqu’où peut aller le rôle du pédiatre ?

A propos des écrans

Transpiration excessive chez un nourrisson

Une curieuse anomalie d’un doigt

Risques pédiatriques d’un séjour prolongé en Ouzbékistan : jusqu’où peut aller le rôle du pédiatre ?

N. Larrède-Marsault est inter- rogée par une famille qui envi- sage de partir deux ans en Ouzbékistan pour des raisons professionnelles. La mère s’in- quiète au sujet des « risques

médicaux » pour les enfants, qui seront alors âgés de seize mois et quatre ans. C’est une mère très inquiète, qui a besoin d’être rassurée à chaque consultation. Elle sollicite l’avis 01 av18 m&e web.qxp 27/04/2018 17:57 Page79

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tivité des réponses que nous apportons. Il ne faut surtout pas essayer de répondre à la question piège “que feriez à notre place ?”, car nous ne sommes pas à leur place ! Il faut bien reconnaître que ce type de question est souvent posé, eu égard à la grande confiance que de nombreuses familles font à leur pédiatre, et l’on devrait dire à leur “méde- cin de famille”. Survivance d’un passé pas si ancien où, justement, l’avis du médecin de famille était sollicité, plus à la campagne qu’en ville, pour une variété de situations, souvent intimes, que l’on a peine à ima- giner aujourd’hui ».

racinée : à la maison, la télévi- sion est vécue comme un élé- ment positif pour lutter contre l’isolement. Il dit aussi que cet- te fillette qui, répétons-le, est âgée de trois ans et demi, ne joue que sur sa tablette et ne peut concentrer son attention sur un jouet pendant plus de quelques minutes.

Notre collège cite une étude anglaise qui montre que, à trois ans, les enfants d’origine pakistanaise passent en moyenne 22 minutes de plus devant la télévision que leurs homologues d’origine britan- nique (p < 0,05) et 35 minutes de plus si leur mère n’est pas née au Royaume-Uni (p < 0,05) (2). Pour notre confrère, ce type d’observation devient banal en Seine-Saint- Denis ! Il regrette que le pé- diatre qui suivait précédem- ment cette enfant ait simple- ment noté dans le carnet de santé « langage à surveiller » au moment du bilan de deux ans sans donner les conseils adap- tés. Il reverra cet enfant dans un mois, « sans test d’allergie », dit-il. On s’en doute bien car le problème est tout autre…

E. Osika donne également une référence : aux Etats-Unis, 42 % des enfants de zéro à huit ans avaient leur propre tablette en 2017, contre moins de 1 % en 2011 (3).

de notre consœur pour un dé- part qui engage sa vie familiale et la santé de ses enfants. Evi- demment, si la famille part, notre consœur va faire tous les vaccins recommandés, mais elle demande aux membres du Forum si certains d’entre eux ont des informations sur les

« risques sanitaires » (éventuels) auxquels on peut être exposé dans un pays où l’infrastructure sanitaire n’est évidemment pas celle de la France. Ses interro- gations portent aussi sur « le rôle du pédiatre devant ce type de demande ». Si elle déclare qu’il y a des risques, le mari n’acceptera pas un poste finan- cièrement intéressant pour tou- te la famille ! Est-ce bien le rôle du pédiatre que de s’engager dans ce type de conseils, qui s’apparentent à une ingérence familiale.

D. Lemaître pense que le rôle du pédiatre « est de donner des informations objectives (no- tamment par le biais du minis- tère des Affaires étrangères) et d’élaborer quelques scénarios en fonction des situations qui peuvent se rencontrer ». Pour le reste, la décision appartient aux parents : « Cette maman inquiète est-elle armée pour vivre une situation moins sécu- ritaire ? C’est à elle de ré- pondre à cette question. Ce

A propos des écrans

Dans le cadre des échanges sur le « nouveau carnet de santé », C. Copin avait évoqué le pro- blème des écrans à propos des recommandations de la Société française de pédiatrie (SFP), in- diquant : « La première bonne nouvelle est que le carnet est publié en français ! », et ajou- tant : « On pouvait avoir des doutes après les derniers numé- ros des Archives de pédiatrie,et en particulier les dernières re- commandations sur les écrans, publiés en anglais »(1). S. Romano relate un cas cli- nique intéressant sur le sujet des écrans. Le motif de la consultation étant un « bilan al- lergologique », il voit entrer une fillette de trois ans et demi qui s’exprime par onomato- pées. Sur demande d’un ORL, une prise de sang a montré un Trophatop positif… Ce résultat est évidemment un épiphéno- mène, car dès les premières mi- nutes, notre collègue a observé

un retard de langage évident et massif. Le bilan auditif est nor- mal. L’enfant a marché à onze mois. Elle semble un peu per- due, mais son regard accroche à plusieurs reprises. En ques- tionnant la mère, notre col- lègue apprend que la famille est vietnamienne, que l’enfant est gardée depuis toujours par la grand-mère, chez qui la télé- vision est allumée toute la jour- née. Les mots de la mère mon- trent bien que la famille est dé- n’est pas parce que vous la

mettrez en garde contre tel ou tel risque que vous deviendrez responsable de sa décision fi- nale. La clé réside dans l’objec-

Le nouveau carnet de santé

C. Copin ayant annoncé le « nouveau carnet de santé », A. Werner indique la sortie prochaine d’un communiqué de presse (en particulier en ce qui concerne les courbes de croissance) : il en sera fait état. C. Salinier précise que N. Gelbert, alors présidente de l’AFPA, et elle-même ont été audition- nées par la commission, présidée par le Pr Floret, chargée de la refonte du carnet de santé. O. Fresco demande comment s’en procurer un exem - plaire. E. Pino donne le lien où le fameux carnet est disponible (1). On peut le télécharger (104 pages) : il est beau, coloré, très imagé et plus moderne (évidemment) que l’ancien.

(1) http://solidarites-sante.gouv.fr/prevention-en-sante/sante-des-populations/enfants/carnet- de-sante (consulté le 19 mars 2018).

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C. Duhaut relate le cas de Sidonie, six mois, née avec une extension permanente et irré- ductible du majeur de la main droite. La radiographie ne mon- trait pas d’anomalie osseuse.

A l’échographie, le tendon du fléchisseur profond de D3 sem- blait hypoplasique sur toute sa longueur. Le fléchisseur super- ficiel n’était pas vu. Le reste de l’examen était normal et Sidonie se développe bien.

Une ablation du doigt à l’ado- lescence a été proposée…

Ablation « lourde de consé- quences », indique A. Chevé.

M. Pilliot, également de cet avis, conseille de se « méfier des chirurgiens castrateurs ».

Mais ne rien faire est aussi une décision bien difficile à prendre. Cette anomalie est quand même surprenante, et, pour lui, il serait intéressant d’analyser certaines hypothèses En ce qui concerne l’usage des

écrans par les enfants, nous renvoyons le lecteur à l’article reprenant les recommanda- tions du Groupe de pédiatrie générale (voir page 95).

(1) PICHEROT G., CHEYMOL J., ASSATHIANY R. et al. : « Children and screens : Groupe de pédiatrie générale (Société française de pédia- trie) guidelines for paediatricians and fami- lies », Arch. Pédiatr.,2018 ; 25 :170-4. Publier les articles en anglais dans les « revues de

langue française » (sic) augmente (un peu)

« l’impact factor » de ces dernières ! C’est un problème récurrent pour toutes les revues de langue française.

(2) BARBER S.E., KELLY B., COLLINGS P.J. et al. : « Prevalence, trajectories, and determinants of television viewing time in an ethnically diver- se sample of young children from the UK », Int.

J. Behav. Nutr. Phys. Act.,2017 ; 14 :88.

(3) « New research by Common Sense finds ma- jor spike in mobile media use and device ow- nership by children age 0 to 8 », www.prnews- wire.com/news-releases/new-research-by- common-sense-finds-major-spike-in-mobile- media-use-and-device-ownership-by-children- age-0-to-8-3000539300539535.html.

D. Cloarec rapporte le cas d’un nourrisson âgé de cinq mois qui « transpire comme un ma- rathonien » quand il boit, au sein comme au biberon. Sa transpiration n’affecte que son extrémité céphalique : « ses cheveux sont trempés et il pré- sente des gouttes de sueur alors qu’il ne fait que 19-20 °C dans la pièce et qu’il n’est pas trop couvert, au contraire ». Sa croissance est normale. Notre consœur pense que ce sujet a déjà été traité mais ne se sou- vient pas des conclusions (1). Personne n’évoque d’hypothèse diagnostique. Seul C. Zix in- dique « qu’il lui semble qu’Arse- nicum est un remède homéo- pathique pour ces enfants dont la tête transpire beaucoup ».

Mais P. Popowski corrige, pré- cisant que ce sont les « carbo- niques », avec Calcarea carbo- nica en tête, qui sont adaptés à cette situation.

S’ensuit un échange spécialisé entre « pédiatres homéo- pathes ». C’est l’occasion pour C.A. Mesbah d’écrire que, « in- trigué par ces échanges, étant pédiatre et non homéopathe », il pense qu’un « nouveau débat sur cette branche de l’art de

soigner serait le bienvenu.

L’homéopathie n’a aucune base scientifique connue, écrit-il, mais il me semble qu’elle a sa place dans l’arsenal médical, au même titre que l’écoute, la parole, la musique et l’art en général », et d’ajouter que

« dans toute absurdité, il y a une parcelle de vérité et que, dans toute certitude, un men- songe sommeille ». Notre col- lègue donne ensuite son avis :

« L’homéopathie n’est que pla- cébo ! Oui, probablement, et alors ? ». Fait suite l’argumen- taire habituel sur les effets pla- cébo de tous les médica- ments…

M. Pilliot ne peut s’empêcher de constater (en particulier) que « les collègues allopathes semblent peu intéressés par la transpiration du nourrisson ».

Tout en précisant qu’il n’est pas homéopathe, C. Zix se deman- de si ses « collègues homéo- pathes ne prennent pas en compte des symptômes parfois négligés par les allopathes », comme la sudation…

La consultation de la toile fait état de plusieurs cas de trans- piration excessive de la tête et du cou chez des nourrissons

par ailleurs bien portants, transpiration qui inquiète les familles et les conduit à cher- cher de l’aide sur divers fo- rums de discussion qu’il n’est pas possible de citer tous dans le cadre imparti. Un lien sur l’hyperhidrose donnant des renseignements de base est in- diqué ci-contre(2). Enfin, nous rappellerons ici que ce sont des allopathes qui ont été aler- tés par la sudation faciale uni- latérale(3)et qu’une enquête pédiatrique nationale(4)a été consacrée à ce thème ignoré par beaucoup, allopathes ou non… Dans Médecine et enfance,Reinberg et al. ont également abordé le thème de l’hyperhidrose primaire de l’enfant, qu’ils définissent

comme une sudation abon- dante, invalidante, qui dépas- se les besoins de la thermoré- gulation et dont la cause est inconnue (5).

(1) D. Cloarec fait sans doute allusion au syn- drome de Lucie Frey (syndrome du nerf auricu- lo-temporal) évoqué dans un cas antérieur de sudation faciale discuté sur le Forum, mais au- cune conclusion n’avait été indiquée à l’époque et nous n’avons pas de nouvelles de cet enfant depuis.

(2) AboutKidsHealth : « Hyperhidrose (sudation excessive) », www.aboutkidshealth.ca/Fr/

HealthAZ/ConditionsandDiseases/Dermato logy/Pages/Hyperhidrosis.aspx.

(3) DUTAU G., GOLDBERG M. : « Le syndrome de Lucie Frey et ses variantes (syndrome des flushs gustatifs unilatéraux). Revue à propos d’une observation pédiatrique », Rev. Fr. Aller- gol.,2006 ; 46 :721-5.

(4) BLANC S., BOURRIER T., BORALEVI F. et al. : « Frey syndrome », J. Pediatr.,2016 ; 174 : 211-7.

(5) REINBERG O., VASSEUR MAURER S., DE BUYS ROESSINGH A. : « L’hyperhidrose chez l’enfant : une affection mal connue, invalidante et facile à traiter ? », Méd. Enf.,2012 ; 32 :151-3.

Une curieuse anomalie d’un doigt

pour essayer de comprendre ce qui s’est passé in utero. Quand on sait qu’un pied bot peut s’installer en quelques jours de malposition fixée du pied, on peut se demander si l’enfant, en fin de grossesse, ne s’est pas coincé le doigt dans une posi- tion d’extension contre la paroi utérine. Dans ce cas-là, seul l’exercice peut redonner un peu de souplesse, à condition qu’il soit mis en œuvre dès les premiers jours (ce qui a été fait sans succès à la maternité). Il semble que cela soit un peu tard maintenant et il faut se méfier de « toute manœuvre en force ». Plusieurs intervenants conseillent de prendre l’avis d’un chirurgien spécialisé de la main. Il en existe !

Merci à C. Duhaut de nous dire quels auront été le diagnostic définitif et les conseils théra- peutiques.

Transpiration excessive chez un nourrisson

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