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Évaluation de la capacité à faire face des populations québécoises aux inondations : à la recherche de nouveaux indicateurs

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Academic year: 2021

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Évaluation de la capacité à faire face des

populations québécoises aux inondations :

à la

recherche de nouveaux indicateurs

Mémoire

Maude Chartrand

Maîtrise en sciences géographiques - avec mémoire

Maître en sciences géographiques (M. Sc. géogr.)

Québec, Canada

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Évaluation de la capacité à faire face des populations

québécoises aux inondations

À la recherche de nouveaux indicateurs

Mémoire

Maude Chartrand

Sous la direction de :

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RÉSUMÉ

Dans les dernières années, un grand nombre d’inondations ont touché le Québec et ont eu des effets tant sur les populations que sur l’environnement bâti. Certaines populations sont d’ailleurs plus vulnérables aux impacts d’une inondation que d’autres. Pour évaluer cette vulnérabilité, deux dimensions peuvent être analysées, soit la sensibilité et la capacité à faire face. La capacité à faire face constitue souvent le maillon faible dans le processus d’évaluation de la vulnérabilité, en particulier lorsqu’on souhaite évaluer cette vulnérabilité sur un vaste territoire pour une échelle relativement fine. Parmi le nombre limité d’indicateurs disponibles de la capacité à faire face, la majorité concerne des indicateurs d’accessibilité et de proximité à des services. Ce manque de connaissances théoriques et pratiques sur la capacité à faire face rend l’analyse de la vulnérabilité incomplète étant donné qu’une population peut réduire sa vulnérabilité en améliorant sa capacité à faire face. Ainsi, ce mémoire vise à diversifier et proposer de possibles indicateurs de la capacité à faire face de la population québécoise aux inondations afin d’améliorer l’évaluation de la vulnérabilité de ces populations. Dans le but d’identifier ces indicateurs, une revue de littérature ainsi qu’un sondage auprès de professionnels du domaine de la sécurité incendie, des mesures d’urgence, de l’aménagement du territoire et autres s’appuyant sur la méthode de la cartographie conceptuelle ont été réalisés. À terme, les résultats du sondage ont permis d’identifier les indicateurs qui semblent déterminants pour la capacité à faire face aux inondations. Parmi ceux-ci, on retrouve la proportion d’espaces verts, le taux de possession automobile, la mise en place d’un plan de mesures d’urgence et d’un système d’alerte, la désignation d’un coordonnateur en mesures d’urgence, etc. Nos recherches ont toutefois démontré que certaines données nécessaires à l’élaboration de ces indicateurs sont indisponibles, inexistantes ou confidentielles. Ce mémoire met ainsi en évidence la pertinence d’approfondir la réflexion à ce sujet et de diversifier les indicateurs de la capacité à faire face aux inondations. Mots-clés : Inondation, vulnérabilité, capacité à faire face, cartographie conceptuelle, indicateurs.

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TABLE DES MATIÈRES

RÉSUMÉ ... iii

TABLE DES MATIÈRES ... iv

LISTE DES TABLEAUX ... vi

LISTE DES FIGURES ... vii

LISTE DES ABRÉVIATIONS, DES SIGLES ET DES ACRONYMES ... viii

LISTE DES ANNEXES ... ix

REMERCIEMENT ... x

INTRODUCTION ... 1

Problématique ... 4

1 CADRE THÉORIQUE ... 6

1.1 Revue de littérature et concepts théoriques ... 6

1.1.1 Aléa ... 6

1.1.2 Inondation... 7

1.1.3 Vulnérabilité ... 9

1.2 Objectifs et hypothèse de recherche ... 14

2 MÉTHODOLOGIE ... 16

2.1 Revue de littérature des indicateurs ... 16

2.2 Cartographie conceptuelle ... 17

2.2.1 Définition ... 18

2.2.2 Avantages et inconvénients de la démarche ... 20

2.2.3 Sélection des participants... 22

2.2.4 Déroulement ... 24

2.3 Analyses comparatives en fonction du type d’acteurs ... 31

2.3.1 Test non-paramétrique de Kruskal-Wallis... 33

2.4 Conclusion partielle ... 34

3 RÉSULTATS ... 35

3.1 Présentation des indicateurs de la revue de littérature... 35

3.2 Cartographie conceptuelle de la capacité à faire face aux inondations ... 46

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3.2.2 Les cartes conceptuelles de la capacité à faire face aux inondations ... 50

3.3 Comparaison des résultats en fonction du type d’acteurs ... 60

3.3.1 Comparaison entre les municipalités touchées par les inondations de 2017 et celles situées en zone inondable ... 60

3.3.1 Comparaison entre les travailleurs en milieu rural et urbain ... 70

3.3.2 Comparaison entre les travailleurs du secteur incendie/mesures d’urgence et de l’aménagement du territoire/urbanisme ... 79

3.4 Conclusion partielle ... 88

4 DISCUSSION ... 91

4.1 Analyse comparative ... 91

4.1.1 Similarités entre les groupes d’acteurs... 91

4.1.2 Particularités des groupes d’acteurs ... 97

4.2 Propositions d’indicateurs... 100

4.2.1 Indicateurs d’après la revue de littérature... 101

4.2.2 Indicateurs d’après le sondage ... 103

4.3 Conclusion partielle ... 105

CONCLUSION ... 106

Retour sur les objectifs ... 106

Limites ... 107

Améliorations pour de futurs développements ... 109

BIBLIOGRAPHIE ... 111

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LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1. Revue de littérature des indicateurs... 38

Tableau 2. Liste des 48 items contributeurs à l'amélioration de la capacité à faire face aux inondations ... 46

Tableau 3. Récapitulatif des cotes moyennes par composantes ... 49

Tableau 4. Liste des items ayant le plus d'impact sur l'amélioration de la capacité à faire face aux inondations (cotes élevées dans les deux critères) ... 57

Tableau 5. Liste des items ayant le moins d'impact sur l'amélioration de la capacité à faire face aux inondations (cotes peu élevées dans les deux critères) ... 59

Tableau 6. Comparaison des cotes d'importance et de faisabilité entre les municipalités inondées au printemps 2017 et celles situées en zone inondable ... 63

Tableau 7. Zone d'action - Importance - Inondations 2017 ... 68

Tableau 8. Zone d'action - Importance - Zone inondable ... 68

Tableau 9. Zone d'action - Faisabilité - Inondations 2017 ... 69

Tableau 10. Zone d'action - Faisabilité - Zone inondable ... 70

Tableau 11. Comparaison des cotations de l’importance et de la faisabilité des items entre les professionnels du milieu rural et urbain ... 72

Tableau 12. Zone d'action - Importance - Milieu rural ... 76

Tableau 13. Zone d'action - Importance - Milieu urbain ... 76

Tableau 14. Zone d'action - Faisabilité - Milieu rural ... 78

Tableau 15. Zone d'action - Faisabilité - Milieu urbain ... 79

Tableau 16. Comparaison des cotations de l’importance et de la faisabilité des items entre les professionnels du secteur incendie/mesures d’urgence et de l’aménagement du territoire/urbanisme ... 81

Tableau 17. Zone d'action - Importance - Incendie ... 85

Tableau 18. Zone d'action - Importance - Aménagement... 86

Tableau 19. Zone d'action - Faisabilité - Incendie... 87

Tableau 20. Zone d'action - Faisabilité - Aménagement ... 88

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LISTE DES FIGURES

Figure 1. Cadre conceptuel de la vulnérabilité ... 11 Figure 2. Carte de localisation des lieux de travail des participants ... 24 Figure 3. Diagramme de flux du déroulement du sondage ... 29 Figure 4. Carte conceptuelle 1 - Perception des participants concernant l'importance des facteurs pour la capacité à faire face d'une municipalité aux inondations ... 53 Figure 5. Carte conceptuelle 2 - Perception des participants concernant la faisabilité des facteurs en vue de l'amélioration de la capacité à faire face d'une municipalité aux inondations ... 54 Figure 6. Graphique de la zone d'action - Répartition des items en fonction de l'importance et de la faisabilité ... 56

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LISTE DES ABRÉVIATIONS, DES SIGLES ET DES

ACRONYMES

AARQ Association des aménagistes régionaux du Québec ACSIQ Association des chefs en sécurité incendie du Québec ADEME Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie ADGMRCQ Association des directeurs régionaux des MRC du Québec ADMQ Association des directeurs municipaux du Québec

ASCQ Association de sécurité civile du Québec

CANUE The Canadian Urban Environmental Health Research Consortium GIEC Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat MAMH Ministère des Affaires municipales et de l’Habitation

MELCC Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques MRC Municipalité régionale de comté

MSP Ministère de la Sécurité publique

PPRLPI Politique de protection des rives, du littoral et des plaines inondables ROBVQ Regroupement des organismes de bassins versants du Québec SAAQ Société d’assurance automobile du Québec

UMQ Union des municipalités du Québec

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LISTE DES ANNEXES

Annexe 1 – Liste des 262 réponses des participants ... 119

Annexe 2 – Liste des 74 items après uniformisation ... 131

Annexe 3 – Boîte à moustaches «importance» (Inondations 2017/Zone inondable) ... 135

Annexe 4 – Boîte à moustache «faisabilité» (Inondations 2017/Zone inondable) ... 136

Annexe 5 – Boîte à moustaches «importance» (Rural/Urbain) ... 137

Annexe 6 – Boîte à moustaches «faisabilité» (Rural/Urbain)... 138

Annexe 7 – Boîte à moustaches «importance» (Incendie/Aménagement du territoire) ... 139

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REMERCIEMENT

Je tiens d’abord à remercier ma directrice de recherche, Nathalie Barrette, de m’avoir offert l’opportunité de réaliser ce projet. Son soutien, ses encouragements et son ton rassurant ont facilité mon parcours à la maîtrise. Je souhaite également remercier Benoît Lalonde sans qui le projet n’aurait certainement pas la forme qu’il prend aujourd’hui. Je suis reconnaissante d’avoir pu bénéficier de son aide, de ses conseils, de ses idées et de son temps, particulièrement lors de l’élaboration et de la mise en œuvre de la méthodologie du projet. Également, je tiens à remercier les membres de l’équipe de l'Atlas du département de géographie de l’Université Laval du local 3179 de m’avoir accueilli si chaleureusement dans leur espace bureau pendant près d’un an. D’ailleurs, je remercie Jean-Philippe Gilbert de m’avoir donné quelques trucs pour défier les lois d’ArcGIS. Je souhaite également remercier mon copain, Pierre-Luc, de m’avoir écouté et encouragé lors de mes moments d’inquiétude passagers. Finalement, merci à mes amis et mes parents pour leur soutien sans égal.

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INTRODUCTION

Un consensus a émergé de la communauté scientifique quant à l’existence et à la manifestation des changements climatiques à l’échelle mondiale (IPCC, 2014). Leurs répercussions se déploient à différentes intensités et fréquences en fonction des milieux. Ces répercussions peuvent prendre diverses formes, comme celle d’aléas hydrométéorologiques (tornades, inondations, pluies diluviennes, etc.) ou géologiques (glissements de terrain, érosion côtière, etc.). Le nombre de catastrophes naturelles de ce genre a été d’ailleurs considérablement multiplié dans les dernières décennies (IPCC, 2014; World Economic Forum, 2019). Le Canada et le Québec sont également soumis aux conséquences des changements climatiques (Ouranos, 2010a). Par exemple, une hausse de 0,5 à 1,2 degré des températures moyennes annuelles a pu être notée dans l’ouest, le sud et le centre du Québec entre 1960 et 2003 (Yagouti et al., 2006). Les projections indiquent que la hausse des températures sera plus élevée dans la deuxième moitié du 21e siècle avec une augmentation de 2 à 4 degrés entre 2041 et 2070, et de 4 à 7 degrés pour la période 2071-2100 (Ouranos, 2015). Outre l’augmentation des températures, le territoire canadien subit également les répercussions des changements climatiques par l’accroissement de la fréquence et de l’intensité d’autres aléas, comme les inondations. La manifestation de ces aléas engendre une perturbation pour les populations qui en subissent les conséquences. L’ampleur des pertes matérielles ou humaines à la suite de ces événements climatiques extrêmes est influencée par le degré de vulnérabilité des populations affectées.

Les inondations font partie des événements hydrométéorologiques grandement influencés par les changements climatiques. En effet, une augmentation de l’occurrence d’épisodes de précipitations extrêmes est à prévoir dans les prochaines années, ce qui accroît également la fréquence d’événements d’inondations. D’ailleurs, on constate une augmentation de ces événements dans la dernière décennie, notamment en Amérique du Nord et en Europe (Balica et Wright, 2010). L’impact des changements climatiques sur les événements météorologiques concerne surtout l’augmentation de l’intensité et de la fréquence de ces derniers. Par exemple,

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de longues et puissantes périodes de précipitations sont constatées et l’augmentation des températures cause une fonte hâtive des neiges au printemps. Une étude réalisée par le MELCC (2017) montre qu’entre 1960 et 2013, une augmentation des précipitations totales annuelles de 2,5 mm/année dans le sud du Québec a pu être observée. Ces augmentations annuelles peuvent entraîner une hausse de la hauteur et du débit d’un cours d’eau pouvant ainsi mener à une inondation. Au sud du Québec, une augmentation des précipitations de 8,6 % à 18,1 % en saison hivernale est attendue pour 2050 (Ouranos, 2010b). Cette hausse des précipitations accompagnée d’un climat hivernal plus doux et d’une fonte printanière plus hâtive et plus rapide peut occasionner un passage de la neige en pluie, augmentant ainsi les risques d’inondations (Institut national de santé publique, 2010). Les milieux urbains sont aussi touchés par ces changements du climat. Des pluies intenses et fréquentes pouvant occasionner des inondations localisées, un phénomène qui peut s’accroître avec les changements climatiques (Ouranos, 2015). Bref, ces variations climatiques prédisposent les rivières à un débordement ou créent une accumulation de précipitations liquides au sol, tous deux susceptibles d’engendrer une inondation (Bourque et Simonet, 2008).

L’intérêt que porte ce mémoire aux inondations est justifié par l’importance de ce phénomène au Québec. Depuis les dernières années, un grand nombre d’inondations ont fait ravage dans la province et ont eu des effets tant sur les populations que sur l’environnement bâti. Entre 1990 et 2010, 27 inondations ont été considérées comme catastrophiques au Québec (Tairou et al., 2011). L’inondation de 1996 au Saguenay ainsi que celle de la rivière Richelieu en 2011 en font partie. Cette dernière s’est produite à la suite de plusieurs jours de fortes pluies et de vents intenses provoquant une hausse record du niveau de l’eau de la rivière (gouvernement du Canada, 2017). Plus récemment, la province a connu deux épisodes d’inondations en seulement deux ans qui ont marqué les collectivités, soit ceux du printemps 2017 et 2019. La portée géographique de ces événements dépasse ce qu’avait connu le Québec auparavant. En 2017, les inondations ont sévi dans 15 régions administratives et ont touché 291 municipalités (ministère de la Sécurité publique, 2017). Des milliers de personnes ont dû être évacuées, un grand nombre de routes ont été endommagées et une vingtaine de municipalités ont déclaré l’état d’urgence. En 2019, 13 régions administratives ont été touchées par les inondations, les niveaux des crues

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ont dépassé ceux de 2017 à plusieurs endroits et environ cinquante municipalités ont déclaré l’état d’urgence. L’origine de ces crues historiques est expliquée principalement par la fonte de la neige qui était tombée en grande quantité durant la saison hivernale ainsi que par des pluies printanières abondantes (Ibid.). En 2019, la Beauce a été la première région à vivre les inondations qui s’annonçaient et elles étaient dues, quant à elles, à la formation d’embâcles. Outre les inondations, la montée des eaux durant ces deux printemps a aussi entraîné de nombreux glissements de terrain menaçant des résidences, des entreprises et des infrastructures municipales. Bref, durant plusieurs semaines, voire mois, des sinistrés ont été privés de leurs biens et de leur logement, subissant ainsi une forte pression économique et psychosociale. D’autant plus qu’à partir de 2019, l’avenir des sinistrés dans leur résidence inondée est compromis par l’instauration d’un moratoire du gouvernement du Québec sur la construction de nouveaux bâtiments et sur la reconstruction de bâtiments détruits par une inondation.

L’accroissement d’événements climatiques extrêmes, comme les inondations, rend les populations affectées de plus en plus précaires. D’une part, les inondations peuvent mettre en péril les ressources matérielles des sinistrés ainsi que l’environnement bâti qui les entoure par l’endommagement des routes et des bâtiments, par exemple. D’autre part, la santé et la sécurité des populations peuvent aussi être menacées en raison des risques de blessures ou de décès par noyade (Institut national de santé publique, 2010). Quant aux effets indirects des inondations sur les populations, elles peuvent occasionner des maladies infectieuses telles qu’une conjonctivite et une dermatite provoquées par les contaminants présents dans l’eau, une gastro-entérite en raison d’une contamination microbiologique des sources d’eau potable et des problèmes respiratoires causés par la moisissure (Bourque et Simonet, 2008). La détresse psychologique ainsi que l’achalandage des hôpitaux sont d’autres conséquences indirectes des inondations (Institut national de santé publique, 2010).

Certaines populations sont plus sujettes à ressentir les impacts d’une inondation. Effectivement, le contexte économique, psychosocial et politique peut prédisposer des populations à être plus vulnérables. Ainsi, afin de minimiser les conséquences des inondations sur les populations, il est nécessaire d’identifier les plus vulnérables. La vulnérabilité dépend des caractéristiques

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économiques des populations ainsi qu’à leur capacité à répondre ou à faire face à une catastrophe environnementale. Dans ce mémoire, on souhaite identifier des mesures ou des outils pouvant prendre la forme d’indicateurs, qui permettent de mieux évaluer la capacité à faire face des populations aux inondations.

Problématique

Le présent mémoire découle et s’appuie sur un projet de recherche plus vaste réalisé au département de géographie de l’Université Laval intitulé « Élaboration d’un atlas interactif en ligne de la vulnérabilité de la population québécoise aux aléas climatiques à l’intention des acteurs locaux et régionaux ». Son objectif était de construire des indicateurs et, ultimement, un indice synthétique de vulnérabilité face à la chaleur et aux inondations pour le Québec municipalisé (Barrette et al., 2018). Au cours de la réalisation du projet de l’Atlas ainsi qu’à la suite d’une revue de la littérature réalisée dans le cadre du présent mémoire, il a été constaté que le concept de vulnérabilité en matière de gestion des risques et d’adaptation aux changements climatiques est le sujet d’un grand nombre d’études (Adger, 2006; Balica et Wright, 2010; Brooks, 2003; Cutter

et al., 2003; De Brito et al., 2018; Fekete, 2009; Füssel, 2007; Keogh et al., 2011; Posey, 2009;

Waters et Adger, 2017). De multiples cadres conceptuels de la vulnérabilité sont proposés dans la littérature, mais deux dimensions sont récurrentes, soit la sensibilité et la capacité (Barrette et

al., 2018). Pour la dimension de la capacité, le GIEC distingue par la suite la capacité à faire face

(court et moyen terme) de la capacité d’adaptation (long terme) (GIEC, 2014). Ainsi, pour ce mémoire, la capacité à faire face a été retenue comme dimension de la vulnérabilité aux côtés de la sensibilité. La capacité à faire face a été sélectionnée au dépend de la capacité d’adaptation étant donné que l’intention de ce mémoire et du projet de l’Atlas est d’évaluer l’état actuel de la capacité des populations à utiliser des ressources et des moyens pour diminuer les dommages et les effets des inondations et non celle à venir (capacité à s’adapter) (Barrette et al., 2018). Dans la section suivante « Cadre théorique », une brève revue de littérature de ces différents concepts est présentée.

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À la suite de la sélection du cadre conceptuel de la vulnérabilité qui sera utilisé dans ce mémoire, il a été constaté lors de la revue de littérature que la capacité à faire face, qui réfère à l’habileté des populations à utiliser des moyens mis en œuvre à court terme pour survivre à l’aléa qui se manifeste (Berman et al., 2012), constitue souvent le maillon faible dans le processus d’évaluation de la vulnérabilité, en particulier lorsqu’on souhaite évaluer cette vulnérabilité sur un vaste territoire pour une échelle relativement fine (ex. aire de diffusion). En effet, les indicateurs disponibles pour l’évaluer sont limités et concernent, en majorité, que des mesures d’accessibilité et de proximité à des services (Barrette et al., 2018). À l’inverse, la sensibilité est certes la dimension de la vulnérabilité la plus documentée et les indicateurs utilisés pour l’évaluer, qui estiment les caractéristiques des personnes telles que l’âge et le niveau de scolarité, sont particulièrement accessibles (Cutter et al., 2003; Cutter et al., 2010; Fekete, 2009; Krellenberg et Welz, 2017; Lee, 2014; O’Brien et al., 2007; Yohe et Tol, 2002). Il a également été constaté que la capacité d’adaptation est davantage abordée dans la littérature associée à la vulnérabilité que la capacité à faire face. Pourtant, une population peut réduire sa vulnérabilité en améliorant de pair sa capacité à faire face et sa capacité d’adaptation (Barrette et al., 2018; O’Brien et al., 2007). Par exemple, il est difficile de s’adapter à certains aléas, comme une tempête. Une communauté doit donc y faire face avec les moyens qu’elle possède au moment venu. Toutefois, faire face à ce genre d’évènement à répétition, durant une courte période de temps, peut amoindrir la capacité immédiate de la communauté. L’adaptation permet ainsi de diminuer le besoin de faire face grâce à la planification et la préparation de mesures (Barrette et al., 2018). En résumé, les deux dimensions jouant un rôle notable dans la vulnérabilité des populations, il importe d’accorder plus d’importance à la capacité à faire face d’une communauté lors de la manifestation d’un aléa et d’approfondir les connaissances à ce sujet pour pouvoir mieux l’évaluer. Pour ce faire, de nouveaux types d’indicateurs peuvent être envisagés, autres que ceux d’accessibilité et de proximité à des services, tels que les moyens et les ressources des organisations, la présence d’institutions ou le capital communautaire. Cela permettra de réaliser un portrait plus juste de la capacité des populations à faire face aux inondations et de leur vulnérabilité à cet égard. Ainsi, la question de recherche de ce projet est : comment les indicateurs de la capacité à faire face des populations québécoises aux inondations peuvent-ils être diversifiés pour une amélioration de l’évaluation de la vulnérabilité?

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CADRE THÉORIQUE

1.1 Revue de littérature et concepts théoriques

1.1.1 Aléa

D’abord, il est nécessaire de définir le terme « aléa », car plusieurs définitions et significations lui sont attribuées dans la littérature en raison de son caractère multidisciplinaire. Selon le Ministère de la Sécurité publique (Morin, 2008a : 6), un aléa est un phénomène « susceptible d’occasionner des pertes en vies humaines ou des blessures, des dommages aux biens, des perturbations sociales et économiques ou une dégradation de l’environnement ». En d’autres mots, l’aléa n’est pas la catastrophe en soi, mais plutôt la probabilité que cette catastrophe survienne et bouleverse le fonctionnement normal d’une société (Morin, 2008a; Füssel, 2007). Les Nations Unies ont une définition semblable de l’aléa ce qui renforcit la pertinence du choix de cette définition pour ce mémoire. L’aléa y est défini comme un « processus, phénomène ou activité humaine pouvant faire des morts ou des blessés ou avoir d’autres effets sur la santé, ainsi qu’entraîner des dégâts matériels, des perturbations socio-économiques ou une dégradation de l’environnement » (Nations Unies, 2016 : 20). Le GIEC arbore dans le même sens et décrit l’aléa, ou « hazard » en anglais, comme la probabilité d’occurrence d’un événement physique naturel ou anthropique ou d’une tendance pouvant causer la perte de vie, des blessures ou autres effets sur la santé ainsi que des dommages et des pertes sur les propriétés, les infrastructures, les moyens de subsistance, les services, les écosystèmes et les ressources environnementales (IPCC, 2014). La définition du Ministère de la Sécurité publique du Québec est retenue pour ce mémoire en raison de son applicabilité au contexte québécois et de l’intégration de l’ensemble des concepts véhiculés par les divers organismes mentionnés ci-dessus (Tanguay, 2017).

Dans le but de mieux saisir ce concept, les aléas peuvent être classés selon l’origine de leur apparition. Par exemple, on distingue les aléas naturels des aléas anthropiques (Morin, 2008a;

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UNISDR, 2016). Les aléas naturels comprennent des événements hydrométéorologiques (avalanche, grêle, incendie de forêt, inondation, etc.), géologiques (mouvement de terrain, séisme, etc.) et biologiques (contamination d’origine naturelle, épidémie, etc.). Quant aux aléas anthropiques, ils sont composés d’événements accidentels ou technologiques (accident de transport, accident industriel, effondrement de structure, etc.), intentionnels (acte terroriste, guerre, etc.) et d’événements liés à la dégradation de l’environnement (amincissement de la couche d’ozone, contamination du sol, déforestation, fonte du pergélisol, etc.). Toutefois, il est à noter que ces catégories d’aléas ne sont pas fixes et peuvent s’entrecroiser. Dans le cas d’une inondation ou d’un mouvement de terrain, par exemple, il peut être difficile d’affirmer qu’il s’agit strictement d’événements naturels, car plusieurs actions humaines peuvent avoir un impact sur leur manifestation (Morin, 2008a). Une fois l’aléa identifié, il est possible d’estimer son importance à l’aide de nombreuses caractéristiques. Parmi celles-ci, trois sont plus fréquemment employées, soit l’intensité, la probabilité d’occurrence et la localisation spatiale de l’aléa (Morin, 2008a; Nations Unies, 2016). Mis à part ces dernières, on retrouve également la durée de l’impact, la prévisibilité, le potentiel destructif, etc. Bref, ces catégories et caractéristiques permettent de mieux définir l’aléa, mais il s’agit tout de même de phénomènes complexes qui évoluent dans le temps et dans l’espace, et dont la combinaison de plusieurs peut se produire et amplifier les dommages causés (Morin, 2008a; UNISDR, 2016).

1.1.2 Inondation

Dans le cadre de ce mémoire, l’inondation sera le seul aléa étudié. Il s’agit toutefois du type de catastrophe naturelle le plus fréquent au Canada ainsi qu’au Québec et compte parmi les plus coûteuses, particulièrement en dommages matériels (Gouvernement du Canada, 2018). Au Canada, des centaines de milliers de personnes ont été touchées au fil des années (Croix-Rouge canadienne, 2019). Ce nombre ne cessera d’augmenter en raison des changements climatiques qui causent une intensification des événements climatiques extrêmes. Ainsi, l’occurrence plus fréquente des inondations nous force à bonifier notre planification et notre préparation afin de mieux leur faire face.

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Les inondations peuvent être regroupées en six catégories, c’est-à-dire crue d’un plan d’eau, grande marée, se produisant principalement en secteur côtier et causée par différents phénomènes liés au milieu maritime comme les marées, tempêtes, vents, etc., refoulement de réseaux d’eaux pluviales ou d’assainissement, remontée de la nappe phréatique, ruissellement et finalement, stagnation d’eaux pluviales (Morin, 2008a; MELCC, 2018). Pour ce mémoire, la majorité des catégories s’appliquent étant donné que l’un des objectifs est d’identifier des outils ou facteurs permettant de faire face à une inondation, et ce, peu importe la source de sa manifestation. Toutefois, la crue d’un plan d’eau est l’un des types d’inondations le plus fréquent au Québec. Ces inondations se produisent majoritairement au printemps et sont conditionnées par la fonte rapide du couvert de neige, en plus de pluies abondantes et du phénomène d’embâcle (Saint-Laurent et Hähni, 2008). Le phénomène d’embâcle nécessite d’être expliqué. Il se produit d’abord lorsque le couvert de glace d’un cours d’eau se brise en morceaux et part à la dérive. Ce premier phénomène s’appelle la débâcle. Par la suite, il est possible que les morceaux de glace créent un amoncellement sous un pont par exemple, ou contre des rochers, et empêchent la circulation normale de l’eau (ministère de la Sécurité publique, 2016). Des arbres, des infrastructures riveraines ou d’autres débris peuvent également se faire emporter et contribuer à l’amoncellement (Demers et al., 2014). Lorsque l’eau ne s’écoule plus, il y a embâcle, ce qui cause une accumulation d’eau en amont de l’embâcle et peut entraîner une inondation (ministère de la Sécurité publique, 2016).

Les inondations peuvent mettre en péril la sécurité des personnes, mais également la protection des biens, comme les bâtiments. Il s’avère ainsi nécessaire de prendre en compte la probabilité d’occurrence d’une inondation lors de la planification de l’aménagement du territoire. Pour ce faire, le Gouvernement du Québec a entrepris, dans les années 1970-1980, une démarche de délimitation des zones inondables. Ces cartographies, datant de près de 50 ans, sont aujourd’hui désuètes et ne représentent plus la réalité en raison des techniques qui étaient peu optimales et des changements dans le climat. Pour remédier à cette problématique et suite aux inondations du printemps 2017, l’initiative gouvernementale Info-Crue supportée principalement par le MELCC a été lancée en 2018. Les objectifs consistent à réaliser une refonte de la cartographie des zones inondables qui tient en compte les changements climatiques ainsi de prévoir

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l’évolution des zones inondées en temps réel (Fournier et al., 2017). Les citoyens, les entreprises, les municipalités, les MRC, les ministères et les organismes gouvernementaux pourront en bénéficier. Les MRC ainsi que les municipalités locales peuvent toutefois réaliser leurs propres études pour délimiter les zones inondables. Une zone ou « plaine » inondable correspond à « une étendue de terre qui devient occupée par un cours d’eau lorsque celui-ci déborde de son lit » (MELCC, 2018). Les différentes causes de la submersion d’une portion de terre par l’eau sont énumérées dans le paragraphe précédent. Par la suite, selon la Politique de protection des rives, du littoral et des plaines inondables (PPRLPI), les limites des zones inondables sont déterminées à l’aide des cotes d’inondation de récurrence de 20 ans et 100 ans. Ces cotes correspondent aux limites de crues qui ont 1 chance sur 20 (5% de chance) et 1 chance sur 100 (1% de chance) de se produire chaque année. Malgré le fait qu’une inondation à récurrence de 20 ans ou de 100 ans demeure rare, il est indéniable qu’elle va se produire éventuellement.

1.1.3 Vulnérabilité

Tout comme l’aléa, il est nécessaire de définir le concept de la vulnérabilité, car celui-ci est le sujet de plusieurs interprétations en raison de son applicabilité dans divers domaines d’étude. La vulnérabilité n’a pas de définition universelle étant donné qu’il s’agit d’un concept dit théorique contrairement au revenu ou à la chaleur, par exemple, qui sont des concepts observables (Hinkel, 2011). Depuis plusieurs années, les conceptions de la vulnérabilité dans la littérature scientifique se sont multipliées et peuvent être regroupées en deux catégories. La première définit la vulnérabilité en termes de quantité de dommages potentiels causés par un système ou un événement et associe la vulnérabilité aux conséquences de l’aléa (Brooks, 2003; O’brien et al., 2007). La deuxième catégorie représente la vulnérabilité comme un état qui existe dans un système indépendamment des dangers externes ou en d’autres mots, avant qu’il ne rencontre un événement dangereux (Brooks, 2003; Morin, 2008b; IPCC, 2014). L’interprétation de la vulnérabilité véhiculée dans cette deuxième catégorie représente, selon nous, celle à adopter et s’apparente davantage à l’approche employée dans les études de vulnérabilité récentes. D’autres auteurs proposent une théorie différente de l’analyse de la vulnérabilité, comme Cutter et al. (2003) qui la perçoit sous trois angles. Premièrement, la vulnérabilité selon l’exposition, c’est-à-dire les conditions qui rendent les personnes vulnérables. Deuxièmement, la vulnérabilité selon

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les conditions sociales, ces dernières qui influencent la résilience des personnes face aux dangers externes. Finalement, la vulnérabilité selon la combinaison de l’exposition potentielle et de la résilience sociale (cité par Adger, 2006). Turner et al. (2003) poursuit également en ce sens en intégrant le concept d’exposition dans le cadre conceptuel de la vulnérabilité. Toutefois, le concept de vulnérabilité a évolué au fil des années et les études récentes tendent à retirer la dimension d’exposition dans le cadre conceptuel. En effet, une population peut être identifiée comme vulnérable même si elle n'est pas exposée à un aléa. La vulnérabilité est indépendante de la manifestation de l’aléa.

En ce sens, dans le cadre de ce mémoire, la définition du GIEC (IPCC, 2014) est utilisée, et représente la vulnérabilité comme la propension ou à la prédisposition à subir des dommages. La vulnérabilité est associée aux caractéristiques intrinsèques du milieu, comme la richesse, le genre, l’origine ethnique, l’âge, etc., et aux éléments qui le composent tels les bâtiments, les infrastructures, etc. (Burton et Cutter, 2008). Morin (2008b : 4) propose une définition semblable, soit que la vulnérabilité est « une condition résultant de facteurs physiques, sociaux, économiques ou environnementaux, qui prédispose les éléments exposés à la manifestation d’un aléa à subir des préjudices ou des dommages ». Toutefois, étant donné que la définition de Morin (2008b) inclut la dimension de l’exposition, elle ne peut être retenue pour ce mémoire, car nous sommes d’avis qu’une population peut être identifiée comme vulnérable même si elle n’est pas exposée à l’aléa. À des fins de précision, il est possible de décrire une situation de vulnérabilité selon quatre dimensions : le système à l’étude, les éléments préoccupants, l’aléa et la temporalité (Füssel, 2007). Le système à l’étude correspond aux caractéristiques du milieu, comme la région géographique, la population, le système économique et l’environnement naturel. Les éléments préoccupants font référence à ce qui peut être menacé à la suite de la manifestation d’un aléa, comme la population, la biodiversité, etc. L’aléa conserve la définition qui lui a été attribuée à la section 2.1.1 de ce mémoire. Finalement, la temporalité correspond à la période de temps qui fait office d’intérêt. Outre ces quatre dimensions, le GIEC fait mention de deux composantes fondamentales de la vulnérabilité qui guideront d’ailleurs ce présent mémoire, soit la sensibilité et la capacité, qui se décline en capacité à faire face et d’adaptation (IPCC, 2014). Effectivement, plusieurs études ont une interprétation similaire de la vulnérabilité, ce qui justifie l’utilisation de

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ce dernier pour cette étude (IPCC, 2014; Balica et al., 2012; UNISDR, 2017). La Figure 1 illustre le cadre conceptuel de la vulnérabilité sur lequel se base ce mémoire.

Figure 1. Cadre conceptuel de la vulnérabilité Réalisation : Maude Chartrand

1.1.3.1 Sensibilité

La sensibilité est définie par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) comme « une condition intrinsèque d’un élément (collectivité, organisation, individu…) qui le rend particulièrement vulnérable » (Angignard et al., 2013 : 7). Il s’agit de la définition sur laquelle se base ce mémoire. Quant à la définition de Morin (2008a : 10), elle représente la sensibilité comme la « proportion dans laquelle un élément exposé, une collectivité ou une organisation est susceptible d’être affecté par la manifestation d’un aléa ». À nouveau, l’exposition à l’aléa fait partie de la définition. Tout de même, ces deux définitions soutiennent que la sensibilité concerne uniquement les éléments qui contribuent à augmenter la vulnérabilité. Par exemple, un fort taux de personnes âgées peut être considéré comme un élément de sensibilité qui augmente la vulnérabilité d’une population. À l’inverse, la présence de personnes ayant entre 25et 40 ans ne représente pas un élément de sensibilité, car ils contribuent à diminuer la vulnérabilité. Toutefois,

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certains auteurs montrent que la sensibilité peut à la fois augmenter et diminuer la vulnérabilité. En ce sens, un élément peut être affecté favorablement ou défavorablement par les manifestations d’un aléa, que ce soit par une variabilité du climat, la fréquence ou la puissance d’un événement climatique, etc. (GIEC, 2014; Balica et Wright, 2010).

Ainsi, on peut dire que la sensibilité réfère aux caractéristiques des éléments, comme des personnes ou des bâtiments. Ces caractéristiques peuvent, d’une part, faire partie de la sensibilité socio-économique (l’âge d’un individu, le sexe, l’éducation, la citoyenneté, etc.) et, d’autre part, de la sensibilité géographique (l’année de construction d’un bâtiment, le nombre d’étages d’une résidence, etc.) (Tanguay et al., 2017). Ce type de variables est d’ailleurs facilement accessible auprès des ministères et organismes gouvernementaux. Quant aux effets que peut avoir un aléa sur les éléments sensibles, ils peuvent être de nature directe (ex.: la modification des rendements agricoles due à un changement de la valeur moyenne, de l’amplitude ou de la variabilité de la température) ou indirecte (ex.: les dommages causés par une augmentation de fréquence des inondations côtières en raison d’une élévation du niveau de la mer) (GIEC, 2014).

1.1.3.2 Capacité

Quant à la « capacité » prise au sens général, elle correspond à l’ensemble des moyens (forces, attributs, ressources) utilisés par un individu, une société ou une organisation pour atteindre un but spécifique ou, précisément, pour réduire les risques ou les conséquences découlant de la manifestation d’un aléa (GIEC, 2014; Morin, 2008a). L’accès et l’usage de différentes ressources, telles qu’économiques, sociales, psychologiques, culturelles et naturelles, ainsi que l’accès à l’information et aux institutions de gouvernance sont comprises dans la notion de capacité. L’ensemble de ces ressources peuvent être mises à profit afin de gérer les conséquences d’une catastrophe et de réduire la vulnérabilité (GIEC, 2012). La capacité se divise par la suite en deux sous-catégories, soit la capacité d’adaptation et la capacité à faire face.

Capacité d’adaptation

Tout d’abord, la capacité d’adaptation définie par le GIEC est « l’habileté du système, des institutions, des humains et autres organismes à s’ajuster aux dommages potentiels, à tirer profit des opportunités ou à répondre aux conséquences » (GIEC, 2014 : 1758). Elle prend en compte

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les ajustements dans le comportement et les caractéristiques d’un système afin de mieux répondre aux aléas climatiques attendus ainsi qu’à leurs effets (Brook, 2003; Smit et al., 2000). En résumé, la notion d’adaptation correspond au fait d’estimer la mesure dans laquelle les impacts attendus des aléas pourraient être modérés, compensés ou atténués (Smit et Wandel, 2006). Cela se traduit par l’habileté de planifier, préparer et implanter des mesures d’adaptation (Giupponi et al., 2013).

Plusieurs facteurs influencent la capacité d’adaptation d’une communauté. Certaines études soutiennent qu’elle repose sur les ressources de la région (financières, technologiques, en infrastructure, etc.) (Smit et Wandel, 2006; Yohe et Tol, 2002). Haddad (2005) défend au contraire que la capacité d’adaptation ne dépend pas que des ressources d’une population ou des caractéristiques socio-économiques d’une personne, comme la santé, l’éducation ou les compétences. Il s’oppose à la croyance populaire voulant que les communautés plus démunies soient moins aptes à s’adapter et soient plus vulnérables. Dans le même sens, Keeney & McDaniels (2001) soutiennent qu’une grande capacité d’adaptation dépend d’abord des valeurs et des objectifs des populations, ce qui permet d’identifier des alternatives appropriées et efficaces pour s’adapter aux effets des aléas. Marshall et al. (2012) considèrent également que la capacité d’adaptation, autant sur le plan individuel que collectif, dépasse les ressources et doit plutôt reposer sur l’apprentissage, le développement de compétences en planification et la volonté d’entreprendre des actions d’adaptation (cité dans Waters et Adger, 2017).

Capacité à faire face

Pour ce qui est de la capacité à faire face, elle concerne plutôt « l’habileté des personnes, des institutions et des organisations et des systèmes, utilisant les outils, valeurs, croyances, ressources et opportunités pour corriger, gérer et surmonter des conditions difficiles à court et moyen terme » (GIEC, 2014 : 1762). Le UNISDR (2007) définit la capacité à faire face comme l’habileté des personnes, des organisations et des systèmes à utiliser les ressources et les compétences disponibles pour gérer des situations d’urgence. Cela nécessite une sensibilisation continue ainsi qu’une planification adéquate en tout temps. La différence la plus marquée entre les mesures d’adaptation et de capacité à faire face est temporelle. En effet, la capacité à faire face fait

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référence à l’immédiat ou au court à moyen terme, et permet d’agir rapidement face à l’aléa. La capacité d’adaptation, quant à elle, se met en place à plus long terme. Elle réfère à un ajustement aux effets de l’aléa afin de les atténuer, d’en tirer leçon et de mieux se préparer pour les prochaines manifestations (Giupponi et al., 2013). De manière générale, une population qui ne met en place que des stratégies de capacité à faire face et qui ne possède pas assez de ressources pour bâtir un plan d’adaptation à long terme peut devenir très vulnérable (Barrette et al., 2018). Ainsi, la combinaison de la capacité d’adaptation et de la capacité à faire face est nécessaire pour réduire les effets des aléas (O’Brien et al., 2007). Les mesures de capacité à faire face font l’objet de peu d’études dans la littérature scientifique. Effectivement, la réponse à un aléa ou à un événement climatique est fréquemment guidée par des méthodes d’adaptation à long terme. Ce manque de connaissances théoriques et pratiques sur la capacité à faire face au court à moyen terme rend l’analyse de la vulnérabilité incomplète étant donné qu’une population peut réduire sa vulnérabilité en améliorant sa capacité à faire face (Barrette et al., 2018).

1.2 Objectifs et hypothèse de recherche

L’objectif principal de cette recherche est d’avancer des pistes de réflexion pour diversifier et proposer de possibles indicateurs de la capacité à faire face de la population québécoise aux inondations afin d’améliorer l’évaluation de la vulnérabilité de ces populations. Les objectifs spécifiques sont :

1. Réaliser un portrait des indicateurs utilisés pour évaluer la capacité à faire face aux aléas climatiques au Québec ainsi qu’ailleurs dans le monde et à différentes échelles.

2. Déterminer les moyens ou les outils qui peuvent aider les communautés à faire face aux inondations selon les perceptions de professionnels œuvrant principalement dans le domaine des mesures d’urgence, de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme. 3. Comparer les représentations de la capacité à faire face aux inondations des

professionnels en fonction de leur milieu de travail.

4. Faire ressortir de possibles indicateurs géographiques de la capacité à faire face présentement accessibles ou non accessibles à l’échelle de la province de Québec ou

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identifier l’information qu’il faudrait obtenir en vue de l’élaboration de nouveaux indicateurs.

D’après les objectifs présentés ci-dessus, l’hypothèse est que l’usage d’indicateurs de nature collective (ex. présence d’institutions, structures de gouvernance, capital communautaire, etc.) combiné à l’usage d’indicateurs de nature individuelle strictement spécifiques aux inondations permet de diversifier les indicateurs de la capacité à faire face et ainsi d’améliorer l’évaluation de la vulnérabilité.

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MÉTHODOLOGIE

2.1 Revue de littérature des indicateurs

Pour atteindre le premier objectif spécifique de cette recherche, qui est de réaliser un portrait des indicateurs utilisés pour évaluer la capacité à faire face au Québec ainsi qu’ailleurs dans le monde et à différentes échelles, une revue de la littérature scientifique a été effectuée. Le recours d’indicateurs pour évaluer la capacité à faire face est justifié par le fait qu’il s’agit d’une méthode particulièrement efficace en raison de leur utilisation connue, courante et employée par un grand nombre de chercheurs et d’acteurs. Les indicateurs offrent également un visuel éloquent de l’état d’un problème ainsi que les solutions qui peuvent s’y rattacher (Vincent, 2007).

Cette revue de littérature permet de faire ressortir les éléments qui peuvent être utilisés pour évaluer la capacité à faire face aux inondations, et parfois aux sinistres en général, afin de s’en inspirer et de les transposer à la réalité québécoise. Plus de cinquante articles scientifiques ont été sélectionnés préliminairement à l’aide de mots-clés similaires à : « coping capacity », « indicators », « floods », « climate change », « vulnerability assessment », « flood resilience » et « adaptation ». Une difficulté relevée lors de la revue de littérature était de cibler seulement les articles faisant référence à des indicateurs de capacité à faire face ou, au maximum, d’adaptation et d’éliminer les articles qui présentaient des indicateurs de sensibilité. La distinction entre ces deux concepts étant ardue, des indicateurs de capacité à faire face selon les auteurs peuvent parfois correspondre à notre définition de la sensibilité, comme c’est le cas pour l’indicateur « statut d’emploi » (être salarié ou sans emploi) (Krellenberg et Welz, 2017). Cela démontre que la capacité à faire face demeure un concept peu documenté etne fait pas l’objet d’une définition consensuelle auprès des chercheurs. Tout de même, près de trente articles comblant les besoins de ce présent mémoire ont été retenus.

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Également, rappelons que ce mémoire s’insère dans un projet de plus grande envergure réalisé au département de géographie de l’Université Laval intitulé « Élaboration d’un atlas interactif en ligne de la vulnérabilité de la population québécoise aux aléas climatiques à l’intention des acteurs locaux et régionaux ». Pour réaliser l’Atlas, l’équipe de recherche a utilisé plusieurs indicateurs de la capacité à faire face dont l’ensemble réfère à l’accessibilité à des services (ex. : distance à un hôpital). Ainsi, l’objectif principal de ce mémoire étant de diversifier les indicateurs de la capacité à faire face, on tente de trouver des indicateurs relevant d’autres dimensions de la capacité à faire face. Les indicateurs d’accessibilité à des services n’ont pas été retenus lors de la revue de littérature, comme la distance à un service de santé par exemple, mais il y a tout de même possibilité d’intégrer d’autres indicateurs d’accessibilité qui n’ont pas été répertoriés par l’équipe de l’Atlas. Bref, cette présente recherche permet de proposer une plus grande variété d’indicateurs afin de prendre en compte diverses dimensions de la capacité à faire face.

2.2 Cartographie conceptuelle

Dans l’intention de répondre au deuxième objectif spécifique, qui est de déterminer les moyens ou les outils qui peuvent aider les communautés à faire face aux inondations selon les perceptions des professionnels en mesure d’urgence, aménagement du territoire et autres domaines, la cartographie conceptuelle a été utilisée comme approche méthodologique. Le but est d’obtenir les perceptions des acteurs œuvrant dans des domaines concernés de près ou de loin par les inondations sur ce qui est important en matière de capacité à faire face. Malgré le fait que cette recherche soit exploratoire et que l’objectif principal est de diversifier les indicateurs de la capacité à faire face pour mieux évaluer le degré de vulnérabilité des populations québécoises, la méthode employée est particulièrement rigoureuse. On souhaite dresser un portrait des représentations de la capacité à faire face à l’aide de cartes graphiques et établir les liens qui existent entre les différentes idées véhiculées par les participants. Dans ce projet, la cartographie conceptuelle permet de répertorier les grands facteurs, outils ou moyens qui permettent aux populations québécoises de mieux faire face à la survenue d’inondations. Ce type de contenu est peu documenté dans la littérature, ce qui justifie l’importance d’interroger directement les experts qui œuvrent sur le terrain afin de connaître leur vision en ce qui concerne les facteurs qui favorisent une meilleure capacité à faire face pour les individus et les collectivités. Au terme de

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ce processus, il sera possible de réaliser une interprétation systématique des similarités et des particularités entre les réponses des participants et de cibler les regroupements de concepts-clés ayant le plus grand poids statistique.

2.2.1 Définition

La cartographie conceptuelle est une méthode développée par Trochim (1989) il y a de cela près de 30 ans qui réside dans la génération de concepts et l’interprétation de leurs relations. La cartographie conceptuelle est un processus structuré, centré sur un sujet ou un domaine d’intérêt, impliquant un ou plusieurs participants dans la production d’une vue imagée (carte conceptuelle) de leurs idées ou de concepts qui présentent une interdépendance (Trochim, 1989). Cette approche permet de décrire un phénomène à l’aide des grandes caractéristiques qui ont été articulées au moyen de méthodes qualitatives et ensuite représentées sous forme de carte conceptuelles (Jean, 2012; Bouchard, 2013). Le caractère innovateur de la cartographie conceptuelle est l’utilisation d’outils statistiques pour assurer une certaine rigueur et crédibilité aux données générées par méthodes qualitatives (O’campo et al., 2005). Pour ce faire, une série d’étapes constituant la collecte de données doivent être respectées débutant par un exercice ressemblant à un remue-méninges, c’est-à-dire qu’un groupe de participants est questionné ou interrogé à propos d’un sujet précis et doit ensuite émettre des énoncés. L’objectif étant de faire ressortir le plus grand nombre de perceptions possibles (Jean, 2009). Cette étape rappelle la méthode du « focus group », mais dans le cadre de ce projet, elle se fera plutôt à l’aide d’un sondage effectué en ligne. D’ailleurs, l’application Web eKogito est utilisée comme outil pour compiler, traiter et analyser les données des participants. Les perceptions ou représentations sont par la suite regroupées et évaluées selon des critères définis par les chercheurs et sont finalement analysées statistiquement à l’aide de l’application eKogito. En d’autres mots, la cartographie conceptuelle permet de traiter et d’organiser des données qualitatives à l’aide de méthodes statistiques strictes afin de dessiner un portrait, sous forme de carte conceptuelle, des différentes conceptions véhiculées par les participants à propos d’un sujet donné.

La réalisation des cartes conceptuelles est effectuée à l’aide d’analyses statistiques multivariées telles que l’échelonnage multidimensionnel (multidimensional scaling) et l’analyse de grappes (clusters

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analysis). L’échelonnage multidimensionnel permet de rendre compte des similarités et

différences entre les données. Une matrice de similarité est appliquée aux données afin de leur attribuer une position précise dans un espace à deux dimensions qui s’apparente à un nuage de points. Quant à l’analyse de grappes, elle détermine « le nombre optimal de regroupements de concepts statistiquement et qualitativement cohérents » (Bouchard, 2013 : 61). Les différents grappes ou regroupements sont composés de concepts qui ont un sens commun. De ce fait, deux regroupements rapprochés rendent compte d’une similarité dans leurs concepts tandis que ceux qui sont davantage éloignés relèvent de dimensions différentes (Jean, 2012). En ce qui concerne la taille des regroupements, elle n’est pas associée à leur importance relative, mais plutôt à la dispersion des énoncés qui la compose. Ainsi, un regroupement de grande taille indique que la cohésion entre les concepts est moins étroite qu’un regroupement de petite taille.

L’utilisation des cartes conceptuelles dans la cadre de cette recherche est appropriée, car grâce à ces dernières, il est possible de visuellement constater les représentations qu’ont un groupe de personnes sur un sujet précis et assez connu. En effet, il est essentiel de sélectionner des personnes concernées par la problématique de la recherche afin qu’elles soient en mesure d’en discuter, d’émettre des opinions et d’en relever les différentes dimensions (Trochim, 1989). D’autant plus que ce sont ces personnes qui créeront l’entièreté du contenu des cartes conceptuelles. Ainsi, des personnes pouvant être confrontées à intervenir dans l’un des différents stades d’une inondation dans le cadre de leur travail ont été sélectionnées. Elles peuvent par la suite faire ressortir les facteurs qui, selon elles, améliorent la capacité à faire face de la population québécoise aux inondations. Le regroupement de ces facteurs permet ensuite de relever les grandes caractéristiques et dimensions de la capacité à faire face aux inondations.

La cartographie conceptuelle est une approche méthodologique de plus en plus employée à l’international et au Québec. Elle est donc bien documentée dans la littérature scientifique. Plusieurs projets scientifiques de champs d’intérêt variés ont utilisé cette méthode, en voici quelques-uns : « Concept mapping of diet and physical activity: uncovering local stakeholders perception in the Quebec City region » (Lebel et al., 2011), « La cartographie conceptuelle des représentations de l’avenir des services de santé en français en situation linguistique minoritaire

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» (Bouchard, 2013), « Are residents of downtown Toronto influenced by their urban neighbourhoods? Using concept mapping to examine neighbourhood characteristics and their perceived impact on self-rated mental well-being » (Sheppard et al., 2012), «Views on the effects of the Spanish Dependency Law on caregivers’ quality of life using concept mapping » (Salvador-Piedrafita et al., 2017). Bref, ces études ne sont que quelques exemples de projets dans lesquels les chercheurs ont décidé d’utiliser la cartographie conceptuelle comme méthodologie. Il s’agit d’une méthode polyvalente qui s’appliquent à divers domaines, que ce soit en recherche sociale, médicale, environnementale ou plusieurs autres. Au Québec, la reconnaissance de cette approche méthodologique commence à prendre de l’ampleur et s’intègre à la méthodologie scientifique d’un nombre d’études grandissant.

2.2.2 Avantages et inconvénients de la démarche

D’abord, l’un des plus grands avantages de la cartographie conceptuelle est qu’il s’agit d’une méthode mixte (Trochim & Kane, 2005). En effet, la combinaison de techniques quantitatives et qualitatives ajoute un caractère particulièrement novateur à la démarche. La validité des données qualitatives se trouve renforcée par les analyses statistiques. Les résultats présentent donc une profondeur et une justesse inégalée. De plus, la cartographie conceptuelle ne fait pas qu’utiliser distinctement le qualitatif et le quantitatif, elle réalise plutôt une fusion des deux méthodes afin d’en faire une méthode unique et convaincante (Jean, 2009). Une seconde grande particularité de la cartographie conceptuelle concerne l’importance du caractère individuel de la méthode qui s’intègre à une prise en compte du collectif. D’une part, le processus permet d’accorder une grande valeur aux perceptions individuelles étant donné que les données sont d’abord recueillies auprès de chaque participant de manière indépendante. D’autre part, l’analyse des données, initialement de nature individuelle, réalisée par le biais de méthodes statistiques permet d’intégrer l’ensemble des réponses des participants afin de transmettre un portrait général de leurs perceptions.

Malgré le fait que le processus méthodologique soit réalisé à l’aide de la technologie, l’expérience humaine est une partie prenante de la cartographie conceptuelle (Jean, 2009). D’ailleurs, le contenu des cartes conceptuelles finales est entièrement déterminé par les participants et dépeint

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les éléments de réflexion du groupe (Trochim & Kane, 2005). Ceci représente une force de la démarche puisque les données et les interprétations ne sont pas seulement réalisées par les chercheurs, mais en grande partie par les participants, ce qui peut éviter la production de résultats biaisés. Les participants doivent donc être sélectionnés minutieusement puisque le résultat final dépend directement de leur interprétation du sujet abordé. Un autre avantage significatif de la cartographie conceptuelle est son applicabilité méthodologique. En effet, cette méthode a été élaborée par Trochim de manière rigoureuse et structurée afin de la rendre accessible à un grand nombre de domaines et de sujets de recherche, comme il l’a été démontré à la section précédente (Trochim & Kane, 2005). Finalement, la cartographie conceptuelle permet également d’éviter un inconvénient normalement observé lors de méthodes de collecte de données de groupe, mais inexistant dans le cas de cette étude étant donné que le processus a été réalisé entièrement en ligne. Effectivement, lors d’une collecte de groupe, comme un « focus group », il n’est pas rare de remarquer que certains participants peuvent prendre le contrôle de la séance et influencer les décisions prises par le groupe. Cela peut ainsi biaiser les opinions du groupe étant donné que certains participants ne sont pas entendus. Cette dynamique de groupe a été évitée dans le cadre de cette recherche puisque la cueillette d’informations s’est faite en utilisant un lien Web. Ils répondaient donc à la question de recherche de manière complètement individuelle, ce qui laissait une chance égale à tous d’émettre leurs opinions. Cette manière de procéder permet de comptabiliser l’ensemble des points des vues dans le but de produire un portrait exhaustif, mais nuancé des représentations de la capacité à faire face aux inondations (Kane & Trochim, 2007).

En ce qui concerne les inconvénients de la cartographie conceptuelle, l’un d’entre eux renvoie à une limite fréquemment observée en recherche qualitative, soit la grandeur de l’échantillon (Lévesque et al., 2002). En effet, un échantillonnage restreint réduit la représentativité des résultats par rapport à l’ensemble de la population et limite leur portée explicative. Dans le cadre de cette étude, 97 personnes ont participé à différentes étapes du processus, ce qui ne représente pas un faible échantillon aux premiers abords, mais un nombre plus élevé aurait assuré une fiabilité incontestée des résultats. Certes, cela représente un nombre plus important que la majorité des recherches qualitatives utilisant les « focus group » ou les entrevues qui ont un échantillon pouvant être réduit à moins de 50 participants (Jean, 2009). De plus, l’objectif de

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cette recherche n’était pas d’atteindre une généralisation ou une représentativité des résultats, mais plutôt de faire ressortir le plus d’éléments possibles associés à la capacité à faire face aux inondations afin de mieux conceptualiser, décrire et interpréter ce concept. Une autre limite de la cartographie conceptuelle réside dans la complexité technique. En effet, l’utilisation d’un logiciel peu familier et complexe peut rendre la compilation et l’analyse des données fastidieuse. D’autant plus que des problèmes techniques peuvent survenir et bouleverser le déroulement de la collecte de données (Jean, 2009). Finalement, une autre limite en lien avec l’utilisation d’un logiciel Web pour la cueillette de données est la nécessité de posséder les adresses électroniques personnelles des participants. Même si le fait d’identifier les participants ainsi que leur milieu de travail, par exemple, amène une richesse aux données, cela fait en sorte que la diffusion du sondage est limitée à l’échantillon de l’étude et que les participants ne peuvent facilement transférer le sondage à des personnes qui pourraient s’avérer être qualifiées.

Bref, nous croyons que les avantages de la cartographie conceptuelle surpassent les quelques inconvénients liés à son utilisation. Pour les raisons énumérées ci-dessus, ce choix de démarche méthodologique permet de répondre aux objectifs de cette recherche et, entre autres, d’obtenir les perceptions ou les représentations des acteurs œuvrant dans des domaines concernés de près ou de loin par les inondations sur ce qui est important en matière de capacité à faire face.

2.2.3 Sélection des participants

Les participants sélectionnés pour faire partie de cette recherche travaillent majoritairement au sein d’organisations municipales, d’associations provinciales, du Gouvernement du Québec et d’organismes de bassins versants. Ces experts occupent différents postes, comme directeur du service incendie, directeur des travaux publics, aménagiste, urbanisme, directeur général, responsable de l’environnement, etc.

Le point de départ de la sélection des participants est un fichier Excel de Données Québec qui contient des informations sur l’ensemble des municipalités du Québec, dont les adresses courriel d’employés occupant différentes fonctions au sein des municipalités du Québec, comme les

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responsables en mesure d’urgence ou les employés de l’administration municipale. Parmi cette liste, 180 municipalités ont été retenues ayant comme caractéristique commune d’avoir été touchées par les inondations du printemps 2017. Des employés de ces municipalités ont ensuite été contactés afin de connaître leur intérêt à participer au sondage ou afin d’obtenir l’adresse courriel professionnelle des responsables en mesure d’urgence ou en aménagement du territoire. L’intention était d’obtenir les adresses courriel professionnelles de personnes spécifiques qui ont déjà dû intervenir en cas d’inondations. Quatre municipalités ont explicitement refusé de participer à l’étude en raison d’un manque de personnes ressources ou d’une faible fréquence d’inondations sur leur territoire. Par la suite, 139 autres municipalités situées en zone inondable, mais qui n’ont pas été inondées au printemps 2017, ont été ajoutées à la liste et contactées. Également, 31 organismes de bassins versants se situant sur un territoire à risque d’inondations ont été sollicités. Une invitation à participer au sondage a aussi été faite auprès de l’Association de sécurité civile du Québec (ASCQ), dont le projet a été mis à l’ordre du jour de l’assemblée générale du 23 mars 2018, du Regroupement des organismes de bassins versants du Québec (ROBVQ), qui a partagé le projet dans leur infolettre, de l’Union des municipalités du Québec (UMQ), de l’Association des aménagistes régionaux du Québec (AARQ), qui a diffusé l’information à ses membres, de l’Association des directeurs généraux des MRC du Québec (ADGMRCQ), de l’Association des directeurs municipaux du Québec (ADMQ) et de l’Association des chefs en sécurité incendie du Québec (ACSIQ). De plus, les responsables de 10 bureaux régionaux de la Direction de la sécurité civile et de la sécurité incendie du Ministère de la Sécurité publique ont été contactés.

La période de recrutement s’est échelonnée du 1er mars 2018 au 13 mai 2018. Au terme de ce recrutement, 181 personnes ressources en provenance de différents milieux ont accepté de recevoir le sondage qui allait leur être transmis quelques semaines plus tard. L’obtention du courriel professionnel de chaque participant était nécessaire étant donné que l’envoi du sondage se fait par l’entremise de l’application Web eKogito et qu’une liste des coordonnées des participants doit être fournie originellement. Bien que le sondage ait été envoyé à 181 personnes, uniquement 97 personnes y ont participé. Certains n’ont répondu qu’à la première ou à la deuxième phase, tandis que d’autres ont complété l’entièreté du sondage. Ces répondants

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travaillent aux quatre coins de la province allant d’Amos, en Abitibi-Témiscamingue, jusqu’à Gaspé, en Gaspésie. Au total, ils proviennent de 55 municipalités, 11 municipalités régionales de comté (MRC), 11 organismes de bassins versants et plusieurs autres organisations (Figure 2).

Figure 2. Carte de localisation des lieux de travail des participants

2.2.4 Déroulement

2.2.4.1 Test de la démarche

La démarche a été mise à l’essai préliminairement à la collecte de données officielle afin de repérer les erreurs potentielles et de s’assurer de la fiabilité et du bon fonctionnement de l’application eKogito. Le test s’est déroulé du 11 au 27 avril 2018 et a été réalisé auprès d’un groupe de 11 personnes composé d’employés du Département de géographique de l’Université Laval, d’étudiants au deuxième cycle de l’Université Laval et de proches de la chercheuse. Il leur était demandé d’effectuer le sondage comme s’ils étaient de réels participants. Au terme de cette

Figure

Figure 1. Cadre conceptuel de la vulnérabilité   Réalisation : Maude Chartrand
Figure 2. Carte de localisation des lieux de travail des participants
Figure 3. Diagramme de flux du déroulement du sondage
Tableau 1. Revue de littérature des indicateurs  Dimension  Indicateur  Échelle  d'application  dans l’étude  Source  Provenance  des données  Région de l'étude  Justification  Adaptation  Nombre de projets d'adaptation aux  changements climatiques  réalis
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Références

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