L'Ingénieur
doit-il savoir dessiner ?
nous le savons bien, c'est, à l'aide d'éléments géométriques, traduire une pensée créatrice sur le papier, c'esl' aussi saisir rapidement la volonté d'autrui.
Le dessin est l'écriture des sciences techniques avec son alphabet, ses conventions, sa précision, sa normalisation. C'est l'ordre donné pour l'exécution. Tout se dessine : la maison, le pont en reconstruction, la locomotive électrique, la Jeep, le barrage... et j'en passe !
(Le dessin, c'est !e style universel de la création, de l'imagination, de l'invention. S i l'art de l'ingénieur s'étend à toutes les activités du progrès matériel, alors le dessin doit se trouver associé dans son bagage à des connaissances vastes sur les mathématiques, les sciences, les techniques.
tyjuand se pose l'interrogation : l'ingénieur doit-il savoir dessiner ?... la réponse attendue doit être positive. Avec ce sous-entendu que l'ingénieur doit savoir dessiner avec toutes les conséquences que ce talent comporte : maniement des instruments, lecture rapide, élaboration claire d'un projet, croquis explicite.
Cette image m'apparaît très convaincante : en trois années, la République des U.S.A. a mis sur roues les matériels d'une victoire « à la pointe du crayon » ! vLHuand l'ingénieur revêt son uniforme industriel au sortir de sa grande école, il est souvent affecté à un service de production ; je songe aux techniciens de la profession. Que ce soit dans les Ponts et Chaussées, dans l'industrie automobile, ou chimique, ou électrique, dans la construction métallique ou le génie civil, le jeune ingénieur dessine ou utilise les dessins, les bleus, les schémas.
Plus tard, hissé aux postes de responsabilité et de direction, l'ingénieur ne peut vivre une journée sans que son attention ne soit attirée par la lecture ou la présentation devenue classique de documents dessinés.
UI est dans sa profession d'agir avec son style et celui d'autrui, avec le dessin el-les chiffres de la comptabilité, avec el-les sciences mathématiques et physiques, avec les complexes du droit social et fiscal.
Ha cause lui paraît entendue. Mais que l'ingénieur soit astreint, à chaque heure, à dessiner lui-même, c'est moins sûr. Il dispose de dessinateurs : ceux de l'étude, des ensembles, des détails. Son art ne l'écarté ni des corrections ou annotations, ni des croquis d'inspiration, ni des recherches personnelles dans sa spécialisation ou au delà. Ce sont des tâches professionnelles.
[NI'y a-t-il pas à considérer le facteur essentiel d'une hiérarchie préétablie ? La vraie supériorité dans le monde industriel suppose une variété de moyens pour l'ingénieur, dont le dessin n'est pas exempt. Pour commander ou surpasser son personnel, ne faut-il pas user du même langage ?
(L'ingénieur doit savoir et pouvoir dessiner. Il fera usage de cette faculté quand le besoin se fera sentir, incidemment ou fréquemment, selon son état ou sa position sur les degrés de l'échelle des cadres.
J'estime absolument indispensable que soit assurée, dans les écoles d'ingénieurs, quel que soit leur niveau, ou leur orientation, une formation méthodique complète et variée pour l'emploi du dessin technique.
C'est, avec les travaux d'atelier et les enseignements technologiques, le troisième terme du trinôme qui domine toutes les techniques et anime les arts industriels, même celui de l'ingénieur.
