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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Patrimoine culturel a informatique

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Academic year: 2021

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PATRIMOINE CULTUREL ET INFORMATIQUE

Jean-Pierre DALBERA Ministère de la Culture et de la Communication

MOTS CLES : Bases de données, Memoires optiques, Sciences de l'homme, Musées, Culture.

RESUME: Une des nùssions fondamentales du ministère de la culture et de la communication est l'étude scientifique de nùllions d'œuvres, de sites historiques, d'objets et de document, qui constituent le patrimoine culturel de la France.

En raison des volumes important, d'informations qu'il convient de traiter, les technologies informatiques sont largement utilisées; mais le formalisme qu'elles impliquent se heurteà la subjectivité de la pensée artistique et culturelle.

L'arrivée des mémoires optiques va recomposer le paysage de cette confrontation entre science et culture et risque de transformer le rapport sensible à l'œuvre d'art. Allons-nous vers un nouveau "musée imaginaire" ?

ABSTRACI : One of the most important nùssions of the "ministère de la culture et de la communication" is the scientifical analysis of nùllions of words, historical sites, artifact, and documents that make up the cultural heritage of France.

According to the bulk of information to process, we widely use computer technologies ; but it involves formalism which fUns counter to the artistic and cultural way of thinking.

Optical memories are conùng out and will change the relationship between sience and culture and may transform the percpetion of the work of art. Are we going towards a new conception of the "musée imaginaire" ?

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1. DU PALAIS AU MUSEE

La richesse actuelle de nos musées provient pour l'essentiel de collections privées qui jusqu'à la Révolution restèrent réservéesàla délectation des classes possédantes et privilégiées. Ce sont les assemblées révolutionnaires qui mirent l'ensemble de ces collections décrétées nationales au service de l'éducation et de l'étude en instituant les premiers grands musées nationaux.

La création entre 1792 et 1794 du Muséum central des Arts qui deviendra le palais du Louvre, du Muséum d'Histoire Naturelle consacréà la Science, du Muséum des Monuments Français consacré à l'Histoire, du Muséum des Arts et Métiers consacré aux Techniques, traduit plusieurs des préoccupations fondamentales des révolutionnaires: "l'appropriation collective, le legs àla postérité, le dépôt sacré et la réappropriation collective du patrimoine" (1).

Cette période marque la fin de la "préhistoire" du musée. Ce dernier n'est plus un simple dépôt, il se spécialise et devient un lieu de science dont les fonctions sont "la collecte à tendance universelle, la conservation, l'étude et les recherches historiques, l'éducation" (2). C'est la fin du désordre des cabinets de curiosités au profit de l'esprit de l'Encyclopédie et du classement méthodique des objets et des oeuvres (3), (4).

2. NOMMER ET CLASSER

L'âge classique avait vu se transformer la nature même de la connaissance.

En rendant possible l'~xpressiondes lois physiques et la synthèse newtonienne, le formalisme mathématique avait permis à la logique de se substituer peu àpeu à la révélation divine. L'ordre et la mesure s'étaient étendus grâce à l'élaboration de sytèmes de symboles indispensables à la représentation des objets. Les mêmes opérations, les mêmes méthodes d'analyse étaient employées dans des disciplines scientifiques naissantes comme la physique, la chimie, l'histoire naturelle, ... La connaissance des choses, des substances, des êtres vivants s'était organisée autour de la recherche de leurs identités, de leurs différences, de leurs comparaisons. La classification, activité dans laquelle ont excellé les naturalistes au cours du XVIlI ième siècle a contribué fortement aux progrès de la science moderne en ouvrant la vieàla biologie (5), (6).

Ainsi la double nécessité d'inventorier et de conservr toutes sortes de collections est inscrite dans la penséede ce sièce.

Un naturaliste, spécialiste d'anatomie comparée des carnivores, Félix Vicq d'Azyr, a formalisé pour la Convention, les premières instructions de classement et de préservation du patrimoine national. Comme on le faisait dans sa discipline, il voulait "qu'on observe et décrive tous les objets qui peuvent servir aux arts, aux sciences, à l'enseignement". Là où l'Encyclopédie avait décrit savamment, F. Vicq d'Azyr proposait de "réunir et de classer les objets d'étude". donnant à la tâche

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d'inventaire une dimension majeure et fondant ainsi les principes d'une muséologie scientifique.

Impulsées par la Révolution, les idées de conservation firent leur chemin durant le XIXième siècle qui a vu naître la plupart de nos musées actuels: musées des beaux-arts, d'archéologie, d'histoire, d'ethnographie, d'histoire naturelle, des industries et des techniques, ... Un foisonnement caractéristique d'une époque marquée également par le début des politiques publiques de protection du patrimoine monumental, de sa restauration et des grands inventaires au sujet desquels les pouvoirs publics ont développé beaucoup d'efforts pour des résultats limÜés.

L'histoire de ces projets d'inventaire général des richesses artistiques et culturelles de la France, parsemée d'échecs et d'abandons, jusqu'en 1964 date de création par A. Malraux du programme actuel, montre que les difficultés rencontrées ne tenaient pas simplementàl'insuffisance des moyens mis en oeuvre. Elles provenaient aussi de la faiblesse méthodologique et de l'absence d'une réelle normalisation des langages, dont un projet d'inventaire exhaustif ne peut se passer.

4. INVENTORIER TOUT LE PATRIMOINE

Dès le lancement du programme d'inventaire génral d'aujourd'hui deux objectis sont clairement énoncés : "mettre à la disposition des chercheurs le tableau des connaissances utiles sur chaque technique, normaliser le langage employé pour l'étude des oeuvres(7).

Cette normalisation, "condition nécessaire du progrès des sciences de l'art comme de toutes les sciences de l'homme, longtemps retardée par la force de habitudes et par le cloisonnement des disciplines" est présentée alors comme d'autant plus importante que la masse des documentsàrassembler imposait un traitement informatisé. Pour la première fois, en concrétisant la pensée formelle, l'informatique rendait la normalisation incontournable et les chercheurs se trouvaient contraints de figer leurs concepts scientifiques (8), (9).

Dans les musées, les mêmes exigences se posaient aux conservateurs en charge de collections qui peuvnt atteindre des volumes considérables : 50 000 antiquités égyptiennes, 100 000 antiquités gréco-romaines, 55 000 sculptures, 100 000 peintures, 250 0000 dessins dans les collections publiques ; 1 000 000 dossiers d'architecture et 2 000 000 dossiers d'objets à traiter par l'inventaire général, 1 500 000 photographies d'archives du patrimoine, 10 000 0000 estampes à la bibliothèque nationale, ... Des chiffres vertigineux qui traduisent l'extraordinaire richesse du patrimoine national et qui permettent de mesurer l'ampleur du travail scientifique qui reste àaccomplir.

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5. LES BASES DE DONNEES DOCUMENTAIRES

Confrontée à ces masses énormes de documents, d'images, de références

bibliographiques nécessaires à la connaisance du patrimoine, la communauté

scientifique ne pouvait que choisir l'outil informatique pour mener à bien ses

travaux.

Ainsi au début des années 70, les conservateurs du nUOIstere de la culture en collaboration avec les chercheurs du CNRS et de l'Université ont entrepris le

développement des systèmes descriptifs indispensables à la transcription de leurs

savoirs dans des domaines aussi divers que les peintures, les sculputures, les monuments historiques, les sites archéologiques, les archives écrites, les objets à caractère ethnograhique, les estampes, ... Pour tous les types d'objets, l'espoir d'un système descriptif unique a été caressé dans j'enthousiasme des débuts. Mais pour ne pas étendre démesurément les lexiques, chaque spécialiste a retrouvé ses droits et le partage s'est effectué en fonction des départements du musée du Louvre: peintures, sculptures, antiquités égyptiennes antiquités gréco-romaines, dessins, objets, d'art, et des grands services administratifs : inventaire général, archéologie, monuments historiques, ethnologie, ...

Face à la diversité et à la richesse du patrimoine et des collections, le projet

encyclopédique initial a du faire preuve de plus de pragmatisme (10), (11).

A l'issue de ces travaux méthodologiques qui ne sont pas encore terminés dans tous les domaines, un ensemble de bases de données documentaires à vocation nationale a

été crée. Le double souci de maintenir une cohérence dans le traitement des

informations et d'en simplifier l'accès a conduit le ministère àchoisir le logiciel

MISTRAL de la société Bull pour une vingtaine de ses bases de données. Celles-ci sont aujourd'hui consultables par minitel ou par teminaux implantés dans certains musées et dans les centres régionaux de documentation du patrimoine (12).

Quand pour des raisons particulières: oeuvres d'art du XX ième siècle, collections du musée d'Orsay, bases de données des laboratoires du ministère, ... un logiciel différent a été sélectionné une compatibilité des champs documentaires principaux a été préservée avec les bases Mistral.

Une fiche documentaire dite minimum recensant une quinzaine de champs à retenir pOlir toute application informatique en histoire de l'art a été élaborée par les documentalistes. Cette fiche a pour raison d'être de faciliter le dialogue et de garantir une compatibilité entre les bases nationales mais également entre ces dernières et des ba~esplus réduites développées par des musées régionaux.

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6. LES MEMOIRES OPTIQUES

L'importance capitale de l'image en histoire de l'art a conduit le ministère de la cultureàs'intéresser aux dispositifs électroniques de restitution de celle-ci en vue de les coupler aux bases textuelles existantes (13), (14).

C'est un système automatique de microfiches piloté par une base de données sur l'architecture qui a été choisi par la sous-direction de l'inventaire général pour son coût modéré et sa maniabilité en vue d'archiver l'ensemble de ses dossiers. D'autres services, gérant des volumes importants d'images, d'objets ou de documents fragiles dont la consultation par le public est devenue problématique ont étudié les possiblités nouvelles offertes par les mémoires optiques. Ainsi ces dernières années, plusieurs vidéodisques d'archivage ont été réalisés dans les musées nationaux, à la bibliothèque nationale, aux archives nationales, ... A la suite de ces expérimentations, la base de production et d'édition électronique vient de commencer (15).

Parmi les réalisations les plus innovantes technologiquement, il faut citer le catalogue génraral sur CD-ROM de la bibliothèque publique d'information du centre G. Pompidou et le premier système d'archivage sur disques optiques numériques sur l'histoire de l'artdu XIX ième siècle du musée d'Orsay.

Sous l'impulsion du centre national de la cinématographie, un étalissement public sous tutelle du ministère de la culture et de la comunication, plusieurs expériences préfigurant les banques d'images de demain ont été menées, mettant notamment en oeuvre des systèmes experts.

7. CONCLUSION

A une société qui recherche et valorise plus que jamais son patrimoine culturel et artistique, la démarche scientifique et les technologies ne peuvent fournir que les outils méthodologiques d'analyse, de stockage et de gestion des données objectives de sa description normalisée des objets d'étude des sciences de l'homme reste sans solution simple satisfaisante.

En consacrant le primat du formel, les technologies informatiques d'aujourd'hui se heurtent à la subjectivité dont se nourrit la pensée artistique. L'art en jouant avec les contradictions reste énigmatique et impénétrable (17), (18). De même que le temps social, l'imaginaire et le désir collectif ne se laissent pas programmer comme les réalisations techniques (19).

Toutefois l'évolution technologique est tellement rapide que l'histoire de sa rencontre avec l'art ne fait que commencer. On perçoit déjà une recomposition du paysage de cette confrontation avec l'arrivée des systèmes experts, des dispositifs interactifs multimédia et des réseaux de comunicationàtrès haut débit.

Obligation nous est faite de poursuivre ce débat fondamental en accroissant les efforts de recherche et d'éducation en ce domaine car il implique de nouveaux rapports au savoir scientifique et à la création artistique.

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BIBLIOGRAPHIE

1- B. DELOCHE "Un précurseur de la muséologie scientifique: "Félix Vicq d'Azyr" , dans "Muséologie et et'hn;;logie",coll. notes et documents, Ed. de la réunion des musées nationaux, Paris 1987

2- A. DES VALLES] "La nouvelle muséologie", dans "Nouvelles muséologies", M.N.E.S., Marseille, 93 rue St acques, 1986

3-C. BEDEL et collaborateurs,"Lacuriosité scieruifique au XVllI ième siècle",Ed. Hermann, Paris 1986

4- D. POULOT, "Les finalités des musées du XVII ième siècle au XIX ième siècle", dans "Quels musées, pour quelles fins aujourd'hui ? " séminaires de l'école du Louvre, la D<JCumentation Française, Paris 1983

5-I.PRIGOGINE et 1. STENGERS,"Lanouvelle alliance",Ed. Gallimard, Paris, 1979 6- F.1ACOB, "Lalogique du vivaru", Ed. Gallimard, Paris, 1970

7-"L'inveruaire générai des monuments et richesses artistiques de la France", Ministère de la culture, Paris, 1978

8- M. BORILLO, "Au sein des sciences de l'homme et de la société, l'informatique ... ", dans "Modernes et après",Ed. Autrement, 1985

9-R. BECA, "Les banques de données", dans annexe 2 de"L'informatisalion de la société",S. NORAT et A. MINC,La Documelllation Française, 1978

10- L. VI LLARD, "Système descriptif des aruiquités classiques", Ed. Réunion des musées nationaux, Paris, 1984

11- "Bilan de la recherche au ministère de la culture1982-1983",Ministère de la culture, Paris, 12- "Informatique et histoire de l'art au ministère de la culture",Ed. Communicatins Marketing, 94 Av. Gambetta, Paris, 1984

13- J. THUILLlER, "Larévolution informatique et l'histoire de l'art", vol. 11112,n° 21 et 22 Bull. of the archives and documentation centcrs for modem and contemporary art, 1984, 1985 14- M. BROCK... "Histoire de l'art moderne", dans "L'état des sciences sociales en France", Ed. La découverte, t'aris, 1986

15- J.P. DALBERA, "Des bases de données aux banques d'images", actes du colloque "IMACOM' 87, l'économie de l'image", Besançon, 1987

16- J.P. RIOUX, "L'émoi patrimonial" dans "Le temps de la réOexion", Ed. Gallimard, 1985 17-1'.1.LE BOT, "Lan est un évènement", dans "L'état des sciences sociales en France", Ed. La découverte, Paris, 1986

18- "Lemusée en question", dans "L'art vivant", n° 35, décembre-janvier, 1973

19- D. WOLTON, "Les besoins d'information: la bouteille à l'encre", dans "Les enjeux culturels de l'informatisation", Ed. La Documentation Française, 1980

Références

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