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Martin J. C., La Renotatio librorum domini Isidori de Braulio

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Academic year: 2021

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CHRONIQUES ET COMPTES RENDUS 343 ces images sont éclairées par des cahiers de légendes, chacun de ceux-ci correspondant à l’une des parties du volume.

Il importe aussi de souligner que cette synthèse scientifique est pourvue d’un solide dossier d’appendices, où l’on ne trouve pas seulement la résolu­ tion des abréviations et une table chronologique, mais aussi une batterie d’utiles index (des noms de personnes, de lieux et de peuples, des références aux œuvres isidoriennes et des figures).

Gaston D u c h e t - S u c h a u x

J. C . M a r t í n , L a Renotatio librorum domini Isidori d e B ra u lio d e Z a ra g o za ( f 6 5 1 ). In tro d u c c ió n , e d ic ió n c r ític a y tra d u c c ió n, Logroño : Fundación San Millán de la Cogolla, 2002, 325 p.

L’opuscule traditionnellement intitulé R e n o ta tio lib ro ru m d o m in i Is id o r i (bien que ce titre ne remonte pas à l’auteur) est la notice bio-bibliographique que Braulion de Saragosse consacra à Isidore de Séville, et qui constitue donc une source majeure pour tous les spécialistes du Sévillan. Il n’en était que plus surprenant que ce texte n’ait jamais fait l’objet d’une édition critique, la précédente édition, due à R Gaiindo en 1950, étant en fait la simple trans­ cription d’un ms. du IXe s. (León, Bibl. de la Catedral, 22, à peine corrigé par la comparaison avec la Vita I s id o r i transmise dans le ms. Paris BNF lat. 2277 et datant du XIIIe s.).

L’ouvrage de José Carlos Martin comble cette lacune. L’éditeur a pour cela collationné les trente manuscrits conservés de l’opuscule. L’apparat critique est un peu touffu (était-il nécessaire de retenir toutes les variantes orthogra­ phiques ?), mais les rares difficultés textuelles sont clairement exposées aux p. 199-200. Parmi les témoins de la R e n o ta tio, il faut attirer l’attention sur le ms. Lisboa, Biblioteca de Ajuda, 44.XII.18, un peu «noyé» parmi les 29 autres mss. et dont la découverte par A. A. Nascimento au début des années 1980 est malheureusement passée inaperçue: c’est pourtant la copie auto­ graphe de l’humaniste espagnol Álvar Gómez de Castro, élaborée pour la pré­ paration de son édition des É ty m o lo g ie s et qu’on croyait perdue. En outre, J. C. Martin a découvert trop tard pour les inclure dans son livre deux manus­ crits : Salamanca, Biblioteca Universitaria, 2313, et Toledo, Archivo y Biblio­ teca Capitular, 44-14 ; ayant appris queje devais faire le compte-rendu de son édition, il s’est permis de me les signaler, afin que les lecteurs en soient infor­ més. Le ms. de Salamanque, datant de 1411 et décrit dans Ó. Lilao Franca et C. Castrillo Gonzalez, C a tá lo g o d e m a n u scr ito s d e la B ib lio te c a U n iv e rsita ­ ria d e S a la m a n c a, t. 2 M a n u s c r ito s 1 6 8 0 -2 7 7 7, Salamanca, 2002, p. 698-699, est proche de N G et appartient à la famille Z du stemma. Celui de Tolède, décrit par J. lanini et R. Gonzálvez, M a n u s c r ito s litú rg ic o s d e la C a te d r a l d e

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344 JACQUES ELFASSI

T o le d o, Toledo, 1977 (Estudios, C atálogos, Repertorios, 11), p. 187-188, et datant du début du X V e s., com porte une V ita s a n c ii Y s id o r i aux f. 101™- 102rb ; le début de cette Vita est la R e n o ta tio de Braulio (f. 101va-1 0 1 vb), dont le texte est le m êm e que celui de H (El Escorial H .I I I .ll).

L’intérêt du livre vient aussi de ses 106 premières pages, consacrées à la vie et aux œuvres de Braulion de Saragosse. C’était une gageure de prétendre renouveler notre connaissance de la vie de Braulion, alors que les rares sources en ont déjà été abondamment étudiées. Or J. C. Martin apporte un certain nombre d’idées originales et ouvre de nouvelles pistes de réflexion. En particulier, il montre que si Braulion fut l’ami d’Isidore, rien ne permet d’af­ firmer qu’il fut son disciple. De même, il rappelle que rien ne prouve que la R e n o ta tio range les œuvres du Sévillan dans l’ordre chronologique, contraire­ ment à ce qui a souvent été admis. Dans le détail cependant, tous ses argu­ ments ne sont pas probants. Certains parallèles qu’il propose en faveur de telle ou telle datation sont peu convaincants : les trois mots communs au pre­ mier prologue des S yn o n ym a et à la R e n o ta tio (« ad spem ueniae ») consti­ tuent-ils vraiment un « parallèle évident» (p. 68 note 127) ? Que penser aussi des deux parallèles supposés entre les S e n te n tia e et la Vita D e s id e r ii (p. 81 note 149) ? L’expression «criminibus obnoxius teneri », commune aux deux textes, est relativement banale, et en tous cas elle est attestée par ailleurs, notamment dans l’Espagne wisigothique (voir par exemple J. Gii, M is c e lla ­ n e a W isig o th ica, Sevilla, 1972, p. 77 1. 39). Un autre point qu’il conviendrait de réexaminer est l’hypothèse, que J. C. Martin croit pouvoir démontrer (p. 29), de l’ordre chronologique de Y e p is to la r iu m braulionien: s’il est vrai que les epist. 4-5-6 sont ordonnées chronologiquement, s’il est vrai aussi que Y e p ist. 3 est antérieure à ce groupe (elle date de 625-626 et les e p is t. 4-5-6 de 632-633), et que Y ep ist. 8 lui est postérieure (vers 634-636, alors qu’Isidore se sentait proche de la mort), rien ne prouve par exemple que Y e p is t. 1 soit antérieure à Y ep ist. 2 ou à Y e p ist. 3 ; on peut seulement dire qu’elle fut envoyée avant 631, date de l’accession de Braulion à l’épiscopat. Il y aurait sans doute d’autres arguments à reprendre, mais je voudrais terminer sur un dernier point : J. C. Martin part toujours du principe qu’Isidore composait tou­ jours ses ouvrages les uns à la suite des autres et jamais en même temps ; c’est pour lui une telle évidence qu’il ne prend même pas soin d’expliquer cet a p r io r i. Par exemple, il juge (p. 274) qu’entre 612 et 615 Isidore ne pouvait écrire les S yn on ym a puisqu’il se consacrait alors au D e n a tu ra re ru m, puis aux S en te n tia e (cet argument est d’autant plus faible que la date des S e n te n ­ tia e est incertaine). Mais rien ne justifie ce préjugé : au contraire, comme l’a montré J. C. Martin lui-même dans ses travaux sur la diffusion de la C h r o ­ n iq u e (dont il vient de faire paraître une nouvelle édition critique au C o rp u s C h ristia n o ru m), il est probable qu’Isidore travaillait en même temps à la révi­ sion de sa C h ron iqu e et de son H is to ir e d e s G o th s .

J. C. Martin a un grand mérite : il n ’hésite pas à prendre parti, et souvent il le fait avec passion. Ce courage l ’am ène parfois à manquer de prudence et

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CHRONIQUES ET COMPTES RENDUS 345 paradoxalement à affaiblir son argumentation ; a contrario, les pages où il démontre le caractère hypothétique et finalement peu probable d’une relation maître-disciple entre Isidore et Braulion sont d’autant plus convaincantes que le raisonnement est exposé avec beaucoup de nuances. Cependant, il faut reconnaître que c’est aussi le caractère polémique de son livre qui en rend la lecture particulièrement stimulante. Cet iconoclasme, joint à une érudition sans faille, fait de cet ouvrage l’une des meilleures synthèses parues à ce jour sur Braulion. Et évidemment, il intéressera aussi tous les spécialistes d’Isi­ dore.

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