• Aucun résultat trouvé

Le conflit entre l'art et la vie tel que représenté dans la littérature allemande de Goethe ä Thomas Mann/

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "Le conflit entre l'art et la vie tel que représenté dans la littérature allemande de Goethe ä Thomas Mann/"

Copied!
135
0
0

Texte intégral

(1)

l .!' .... -: ~ .

..

, \ ~

.

"

\ ','

,

'.

LI CONfLIT lII'tU L'AIT IT LA YI. TIL

qui

UPlbam: ...

~ ' _____ L

DANS LA, LI1'TIIA1VI&

.,t ...

DI 0011'118 A· 'IIUIAS . . . .

0'

..

}

(2)

r':

1f/ W ~. ~;

iii

~' ~ ,/ , 1

"

,

-(

LE CONFLIT ENTI! 1..,' AIT ET LA VIE TEL QUI RBPdsuTÎ

~ ,

DANS LA. LITTEIA'nJ1lE ALLlHÂNDE

..

DB COBmE A THOIAS MANN

.

, \

BY

,

11 CLAUDE GODIN TllESIS

."

.

Pr •• euted to tb. 'aculty of Graduat. Studi •• , ,

.

~ '--'"--"'''l'' ".. ,~"";~ 0_ ~ }~lt .. ,y,,,.~

.

\'.,. , "w--f " , tJ (.; " I~ • •

McGill Uuiver.ity. ia partial fulfil~at o( tb. requir ... at.

for th. Dearee of Malter of Arta ia Ger_a

"

..

.

----McGil1 Uaiver.itJ Marcb. 1974 , ,

(3)

r 4,

,

c , usUMÉ f~ \

C.tte thèse e.t un. ane1y.e d.scriptiv. d'o.~vr •• littéraire. où un ou plu.ieurs arti.t •• sont mi • • n .cèn •• El1. vi.e à démontr..r

que d. Go.th. à Thomae Mànn il exi.t. un. tradition qui con.idèr. l'ac-tivité arti.tiqu • • t la vi. activ. comme deux forc •• inconciliabl •• et

'1.

,~. antagonistes. C'e.t-à-dir. que •• lon c.tt. conc.ption il e.t

im-/ ,

po •• ibl. pour un écrivain par exemple d. m.n.r une vie normale .ant

c •••• r de l'êtr •• Ou bien l'homme ob.erv. 1. monde . t par la .uit. 1. décrit et le recré.; ou bi.n i l vit,. Il n'y a p~a de stad. intermédiaire.

Dana le. oeuvr.s étudié •• noua noua concentron. sur 1 •• moments où l'art

.t la'vi • • ntr.nt-en conflit dir.ct; c'.st-à-dire .urtout c •• moment. où l'artïste qui est en fait un être humain r .... nt c. délir lêgiti . .

-de vivre, d'agir. C. cd'nflit n.tt la plupart du temp. à l'occasion d'un. \

hi.toir. d'amour. Ou bi.n l'arti.t. a à choi.ir .ntr. vivre av.c la.f ....

.,.

qu'il aime, et ,son art; ou bi.u il réalise qu'il e.t incapabl. d'aimer

normal .• ent ou

mIm.

d'être aimé parce \u'on le •• nt diffét'.nt d •• autt •••

l ,

Dans toua 1 •• ca. l'artilt. noua elt pré.,nté comme un individu différent

de. autr •• homme., anoraBl.

\-• ,

J

.

';'~

.

.

~, , ,-H V

(4)

f

t.

t'

• Q

ABSTMCT

Thi. the.i. i. a de.criptiv. analyai. of lit.rary worka in which one or more arti.t. are pré.ented. It. ai. i. to demonatrate

that from Goethe to Thoma8 Mann an intelleetual tradition exilt. that con.ider8 arti.tic activlty and everyday life a. tvo

irreconcili-" (

able and even antÀgoni.tic force •• Accordin8 bD thia conception it ia iapo.lible, for a vriter to live a norlllll life vithout cudng to be an artilt. Rither man ob.erv •• th. world and then deacribe. and

r-

recr.ate.

~t.

or h. live. it. There i. no

i~t.rmedi~ry

.tate. ln th.

...

warka 1 .tudi.d 1 concentrate on tho •• mo.-nt. whlre art and lif. are in direct conflict; thi. i. to I.Y mainly on the moment. wher~ the artist a. a nOTll8l being feel. a le8itimate de.ire to live more fully,

to become actively engaged in the buaine.a of normal living. The conflict originating fro. thi. aitu.tion i. more often th.n not cauaad by love.

The artilt mu.t ehôO.e betveen .ithel' livin8 with th~woman he lov ••

Of' pursuing hil art. He will co ... to red\J4 that he ia incapable to .

love in a n0Tll81 .en •• or ev.n to b. loved. becau •• th. po.aible partn.r in love will regard hi. tô be different froa normal people. ln any ea •• , th. arti.t i. pre.ented a. an individual, abnormal, quit. unlike other

"n.

1 ,

.

~

~

.,~""

.

,

..

~

.

'.~~-

.

\ ' .

(5)

v

\

f

1

.

,

,

1

J ('

/

r

t

1 • l ' t '

-(

-

.

~' \ "

Je ti ... i

r ...

~i.r l~profe

•• eur

aa.cbeD.t*in

1

pour ...

boDa

coaaeil. lor. de la rédactiou d.

Claude QocUa \ .; ~ 11 '" . ; ,

.

-: . < , ""

-

) ,,J. , ; ~!1

~

'

.

(6)

t Introduction p. 1 i

"

tt Goeth., TorquAto T ... o p. 3

nt GrHlpanul S"ppho p. 15

tV Tietkr FrAnl St~rnbAld. W.ndtrunaan p. 28

V !rVdi~t Heinri~h

,

von Oft6rdinlln p. 46

VI W"Cvkenroder"l JOlef a.raUnau p. 59

, ,

Vll HoffmAnn. Dar Goldn. TORf p. 66

Vllt, K.llul Kltidtr machen Leut. p.

16

;

'.

j IX Spitt.lert 1 __

10

p.

91 X Mann 1 Tonio Kr6,tr 0 p. 105 l-, f COnclu. ion p. 117 l' No-te. p. 123 \ " DibIlolr"phi. ( p. 128 1 ~

::.

.

'

\

l " _. l '"

(7)

....

..

1 -"' 1 INTRODUCTION

~C'est un moment bien précis de l'activité artistique que nous noua proposons d'analy.er dans cet e.sai: celui où l'artiste se replie sur lui-mime'et se fait objet de .a propre réflexion. C'.st l'image de certains arti.te. tel. qu'il • • e voient, se

dé-finissent eux-mêmes à un certain moment de leur activité artis-\ tique et bien sûr de leur vie qui e~t le thème de. oeuyre. que

1

\ nous av~ns choisies. Il ne faudrait donc pas chercher ici une tentative de définition du tempérament de tel ou tel arti.te à

~

travera ses oeuvres. mai. une étude de la définition qu'il donne de lui-même. de l'image qu'il .e fait ,de la situation qu'il occupe dans le monde, du rôle qu'il , y joue et des difficultés qui découlent du fait qu'il soit un artiste. ('

L'écrivain se projette en dehors de lui-"" et .e fait per-80nnage d'un dra~ ou d'uq rODllln. Il ne '.tagit donc pa. non plua'\ de l'étude de réflexions abstraite • • ur l'artiate que l'écrivain aurait formulée. en ~rge de aon oeuvre, .. i. bien d'oeuvre.

lit-téraire. où l'artiste e.t ai. en situation, est pri.euti c~ un être dan. le monde au mime titre que d'autr •• per.onnale' litté-raire •• Ce. oeuvrea sont cePendant réflexion et pritexte, à?la ré-flexion en ce .ena que l'artiate pré •• nté l'e.t dan. ua. situation bien prêche, dan. une aituation type et

pr~·~qu.

toujours de criae.

~,

D . . . c.'j.ltuation ••• rout pr.sque toujours prétexta à d ••

--\

,

(8)

P'tf'"

\'"

"'''

[, " \ \ \

"

1

..

~

-

,~ "--::T~"~.'~ ~ -,

-

2

réfle~oDB sur l'art au sein.i.e de l'oeuvre, soit que l'auteur

\ ~

prenne directement la parole, aoit qu'il fasae passer aes idées

\

par l' interMcHaire de ses personnages·.

1

Nous ten~rons de dégager les principaux traita de caractère

que ces écrivain~ prêtent à l'~ de talent, ce qu'.ntraine pour

~

les p~rsonnages qu'ils nous préaentent le fait qu'ils aient l'art

\ ' \

.\

.

.

..

pour pr~ncipale actl'lte, ce non seule.ent dans leurs relations avec

eux~s, . . is auaai dans leurs relations avec le monde tant au ni-veau plus intime de l' ~r et de l' . . itié qu'au niveau s~ial ou

.i.e politique. Nous te terons aussi de dégager ce qui selon ces

auteurs fait que tel iad vidu devient un artiste et non pas par exemple un co ...

~çant; ~\

voir quel rôle ils attribuent à l'artiste

(

et à l'art et où ila se situent .u aein ,de la société et dana le lDOQde. Le tout bien euteadu dan. une perspective historique, en ce

>

sens que nous voulons démontrer que de Goethe à Thoaaa Mann il existe des constantes "ns ces portraits de l'artiste que ces écrivains nous présentent, que certains motif. et certaines attitud .. reviennent ·consta..ent dans ces oeuvre. (ne serait-ce par ex"ple que dans le

1

choix de la période, du aa.ent précis de la vie de l'artiste qu'ils

f •

ont choi.i de noua présenter dan. leur oeuvre), de ~rte que DOU.

pourron. désager uàe certaine L.ase ~ (pa~ d'autre.) de l'artiste,

et aussi une certaine conception d~ l'art . . . ein d. l~ littérature all . . . Dde de la fin du XVIIIe et du Xtx8 tiicle.

','

J

.)

(9)

\ ~, l,

~'

J, ,

,

.'

( 3

-Il GOETHEz TORgt1ATO TASSO·

\

La critique s'entend ~our faire du ~ de Goatha le premier \ vérit.ble drame de l'.rti.ta. Quoiqu'il na .'agi •• e nullament de la

~premiira oe~vre

où un artilte sQit mi. en .cène, mime en tant que

p.r-\

~nnage

principal. c'ast en fait la

premii~a

oeuvra où le fait

mime

,

:.

d'.tre aTti.te. en l'occùrence poète, e.t à l'origine d'un confli~

dramatique, conflit dont Go.the lui-mêma a défini la nature: ,

ttEina 'Dilproportion de. Talentl mit dam Leban' 'acheint , .ich mit Notwendigkeit .~. der Horita-Goethe.chen

Interpre-tation de. Tal.nt. au ergab.n. Und die.e 'Disproportion' i.t, nach Goetha. Xu •• erung au Carolina H.rder, das Th . . . d ••

Ta •• o; 'Iin eigantlich.r Sinn. tt 1 ~

, " Et c' •• t à la lueur" da cette définition qua no!'. voulon. analy.er c.tt. pièce où l'arti,te 1. retr~ve en conflit avec l'bpmme qu'il e.t et le

Ce n'est il ~~ .an. dira pa' par ba.ard'qu. T ••••• au •• it~ apri. ~ avoir ité couronne poite par la princ ••••• a mat .oudain à parlar d •• champ. Elya'a •• c. p.radi., de. ancien. où .e trouv.nt réuni • • n un ....

lieu 1 •• héro. et poit •• d. l'antiquité. s'il in.i.t. pour qu'on lui anlive c~tta couronna qu'il. pourtant méritée, ce n' •• t pa. par fau •• e

mad •• ti., mai. du fait qu'à partir d. c.t in.tant il .at offici.ll . . . nt poite et pa • • u~r. cho.e. c'e.t-i-dire pa. hero •• It il re •• ent le be.oin

li"

lubit d • • 'évader danl ce. ta.pl ancien. où poite. et hé rOI etaient ~a

lur un pied d· ... lit.: ',j ,

~ . / , ~ ., ~

.

,:~

JI.,,..,"

,.

(10)

1

,

,

\'" 4

-"0 slh' ich die Heroen, die Poeten

Der alten Zeit um die.en Quell v~lammelt,

~

o

slh' ich hier, .ie immer unzertrennlich, Wie siè im L~ben fe.t verbunden waren." 2

}

Ce à quoi Léonore répond: "Erwach. Erwache." (558) Car i l ne l'~~it

,

.

malheureusement que d'un rêv~, rêve que Taslo ambitionne à partir de cet instant précis de réaliser,\ même s'il le nourrit depuis longtemps. Tasso ne vit pas à l'époque d'Homère et de Virgile mais pendant la renaissance italienne et'Iurtout bien sûr à Weimar. De cette confron-tation brutal~ entre la vision idéalitée du monde, les Champs Elysées, et la réalité, c'est-à-dire le monde où il vit naîtront différents conftits. Tas80 rêve de de~enir lui-même hâros, 'ne veut plu. se

~tenter d'observer lei hauts faits d'arme des autr~, ce à quoi on lui répond:

"BagnUge dich, aus einem kleinen Staate, Der dich beschUt&t, dem wilden Lauf der Welt,

Wi~ von dem Ufer, ruhig zUlusehen." 3

c.

"Suave mari ,magno". Ta .. o n'. aueun;"en.: l'

!nt~~t!on

d. .'

y

oortt ...

d'autant plu. qu'il aépire à gagner le coeur de la princet.e non en t4nt

--

,

~e poite, ce qui serait pourtant le moyen le,plu. adapte à .a per.onna-lité, mais par de. actel héroique •• Pour tOOl ceux q~i l'entourent, c'.st pourtant le rôle qui, l",i échoit, de chanter let acte. de. autr .. et ne

. pa'~I~ jeter danl la milé •• Et il le .ait fort bien en tentant de reluaer

. la ,couronne qu'on lui met lur la tite, car en

l~ac·cePtaDt

il ddit aUlli .' accepter tel qu'il ett, ce qui \1IIplique de. devoi.ra et deI reltriction ••

Ce n'e.t cependant pa. le leul conflit qu'enaendre cette vi.ion. Ta'lo r~Ye d'Itre, à l'inltar de. grand. écrivain. de l'antiquité, l' . . i

(11)

, 0

..

••

, '

.

.

'. 5

-de. gr.nds héros de son'temps, d'être considéré par eux exactement comme

"" Q

il les considère lui-.ime • • vec .dmir.tion. IL,est vite délilluaionne. $i dans le premier c.s Alfons lui.conseill.it au lieu d'agir 1ui~e d' e.s.yel\ d' innuencer aea con t empo ra ins f ''Wirken'' es t le terme qu' il

"

~

emploie, ici Antonio, le représentant de la catégorie des hommes d'action,

• 1

dea héros. refuse tout simplement la main qui lui est tendue.

Il Y a donc non seulement dualité Artiste-Homme d'.ction, mais \

opposition directe entre les deux. opposition qui culminera lors de la 80~n~'où Tas80 provoquera son rival en duel. Antonio n'a nullement

l'in-'/?

tention de traiter tasso en égal et voit immédiatement en lui un rival

tant par la faveur 'dont il jouit, auprès du prince qu',auprè. de. feUDeS.

.. • • • • venn ein vackrer Mann

Mit beisser Stirn von saurer Arbeit kommt r-Und splt, a. Abend in ersehnten ~atten

Zu neuer MDhe auazuruhen denkt ( • Und fiodet dano von einem KOs8Îgglnger

Den &chatten breit beseasen,

.

.

.

" 4

Pour Antonio il n'eat

.e.e

pas qu.'tion de dualisme héros - artiate mais de tr.vail et

d'oiaivet~.

C'est ce qu'-est Tasa01se. yeux, u""~.rasit •• lubjectif\, c'est"

"

un ~i.if qui lui ravit aa placê. Il est évidemment ici

la jalouaie qui le fait Parler. Il a du re.pect pour la poé.ie et· aligne volontiera de. ver. quoique . . na véritable talent. On peut ~. demand.r jusqu'à quel point c'est un ho ... de la r.nais.ance qui parI. ici; car

l'atti~ude d'Antonio res~.-ble beaucoup plu~ à c.ll. d'un bouraeoi.

, ... . i .. - i ' , ..

parveDU qui n accorde de valeur qu ~ la. vie Act v,e. a la reu •• te, qu •

\

1

(12)

f'.

1: . ~ ~:

..

.'

"

.

'

.

' oÎ'

..

.

' " 1 •

..

- 6

\cell,e d'un~Do~~e de ~'époque où vivait

."0.

C'eat"déjà ici à l'état

'. c \

eabryonnair,e~ ce philistin qui sera le ~uc émi.saire de toute'la

littératu~~ romantique •

C,'est évideaaent le conflrt idéal':'réa'lit'é q\1i fait dégénérer une

.ituatio~ qui aurait pu demeurer harmonieu.e~ Tassô veut transformer un rive en réalité. v~ut restaurer un éta~ de choaes qui n'a plus cours

f

odepui,s longtemps. C'e8t le conflit,.ntre l'iÙlagina-tion'enthousia~te et "

'" ., • ... r

la f~oide réallté, ce même conflit qui 8e fait jour dans les relations .

.

' entre Tasso et la prince_àe:

~ Leonore af~rme que même si Tasso tourne autour de. deux femm.s le genre

d'a.b~

qu'il leur voue est _ssentiellement platonique (199 a.);,

~

il ne fait qu'incarner .e. idées dans leur personn., n. l.s aime donc . \

,

..

pa. pour elles-.emes. La princesae soutient qu'elle a tort, et avec

,

'

Taison. L'alDOur de Ta.so même l'il provoqu.ra un nouvùu heurt avec la

~éalit~

n'en est pas

~ins

bien réel

comm~

la personne

.~ui

en .st l'obj,t •

Tasso 'ne fait pas une DUle de la princes •• , ne la place"Pas sur un piédes-tale 1\ lui avoue son amour, amour jusqu'à un c.rtain point réciproque d'ailleurs, et," au dernier acte, dan. un lIOuvement d'oubli, il •• jettera / clan • • e. bras. Ri.n de bien platonique

d~n.

tout ceci. Maia cl'alDOur .st

.

i.,a •• ibl. parc.'qu. Ta.so et la prine •••• g'appartienn.nt pt' au . . . . ~

'.udd •• T ••• o •• t d. petite nobl •• ie ~t pOèt.;

'un

arand ho . . . p.nt-être, . . i. absolu.ent

p ••

aelui qui cOPvi.nt à la aoeur du prince rélnant qu'.at

l'

"

Alfoaa. C' •• t 1 • • ujet d. bien d •• dr . . . ociaux qù. DOU • • vona ici, "ia

..

/, , ". " , "

,"

,

? '\.. " j ~ Il''' ~

j

~. ,"" .. , .'!. s~,

(13)

(

k ,2

;

- 7

"

Goethe .ss~ile ce conflit à la pr::obléllatique de l'artiste. Tasso saie aussi bien que la princesse qu'il s'agit d'uu amour impossible. Il nour-orit 'pourtant ce rêve eft faisant allusion cette fois-ci non plus aux cbamps

Elysées -..is à l'âge d'or où selon lui "erlaubtïst vas geflllt", ce à quoi la princesse répond i..édiateJlellt par son célèbre "erIaubt ht vas

sich zi_t".

. .

...

Eocore une foi' donc/le conflit n'est" pas de nature strictement .sociale; il perdrait de 80n 'iaportance en ce qui concerne l'artiste

lui-.ê.e puisqu'à une autre époque, dans une autre, soci~~ê il n'aurait stri~te­ aeut pas coura. C'est le conflit entre une vision idéale du mo~de et le .onde réel qu'incarne la princesae, sowaise eu feaae bien édùquée aux .oeura de aon époque, consciente de ses ~'devoirs" envers l'ordre social qu'eJle incarne. L'âge d'or, to~t coaae les Cha~s Elysées est une inven-tion de poité et Tasso dan. aes contacts a;'ec le réel demeure p()ète. Il peu~ vivre par l'i , . . gination à l'ige d'or mais lorsqu'il revient parmi les ~s il doit 's'adapter à .on époque, en accepter l~s règles, d'autant

,

.

• <,

plu. dures qu'il s'est enfooce plu. profondéaent dana l'image d'un monde

'1

,l"-l

idéal. Il nly a les ua .eul atre, . . , is deux: l'boame et le poète. Le poète est de toute. les époques, l'~ appartient à un monde bien défini avec' se. règle. et sa réalité propre. Deux .olutiona .e pré.entent à Ta •• o: redevenir l'~ dis qu'il entre en contact avec le 1IODd. ,ou puraent

J " ,

et .~l...at f.ire ab.traction de celui-ci, en faire ce que le. poite. ra.Dtique. en fe'oDt apri. lui, uq, .ir.... le .onde réel étant celui que

façoaDe leur ~giDation.

;'

l

..

(14)

.:'.

'

.

r .;, r ,-' • 8 ....

,

Or Tasso n'e.t pa. un héros ro.antique; il ne veut pa. re.ter sur la rive _is vivre réell_t. car bien qu'écrire soit toute . .

vie ~aae il l'affina. à la fin de la pi~e. il s'efforce à pénitrer~

r.

dans le .onde où il vit et dont il a d'ailleurs besoin. L'oeuvre d'art ne jaillit pas du néant. elle a besoin de . . tériaux que l'artiste ne peuI'Crendre que clans le

~ode

qui l'entoure. Pour' décrire de. 8ens

.

i l -doit en connaître, ppur provoquer de grande. _tion. i l doit en

"

-avoir éprouvées l'Ji au •• i. Dan. le caa de Ta.so cependant aucune des deux solutions ne

monde à lui, mai ..

a'apPl,.-. Non .eul ... t il De vit -:. dan. 80n petit i l ne redevient pas " ' - de son t...,. lor.qu· i l veut

/ '

.

poser des gestes dans le .onde ,où il vit. Il n, ae décidera qu'à la

tout~e fin du drame po~r la solution r~ntique. par dépit et pareè

qu" i l a perdu toutea ae. illusion. quat à la poasibilité de ae réc:on-cilier avec la vie:

"Frei will ich aein Ua Denlteo uDd ÜI Dicbteo;

1. Randeln .chrlDkt die Veit

aeau& ua.

ein." 5

La froideur et te. conveaances .ociale. l'..pêcbent'd'être lui~.

i l ne peut donC déaomai. trouver la liberté que dan • • e. pea • • • qui eUe. ne cODD&iasent pa. de contraiute •• ai.eux q_ cela ne doivent pa.

'II

en connaître, car c'est le plus SOUYeDt de ce choc entre une- ï.aginati01l débordante et parfois vi.\ODDaire et uae rialité contraiaaant. que . . tt

l'oeuvre littéraire.

Le pr . . ier trait qui caracteri •• l'arti.te c'e.t cet . . ,rit . . . .

(15)

... "

r.

,

" 9 "

-, . en révèle bieD d'autr . . . Le

'0

c' . . t celai qui "Bb.o ... '....,_

"

~ scbeint, das ~ir nicbt keuDen 1 Und er yielleicbt . . lad • • elbst nicbt kennt." 6 'C'eat le tbè.e de l'inspiration et aus.i déjà celui de l'a.pi-ration: L'artiste tend yers quelq6e chose, à découvrir de grandes vérité., le Bens du IIIOnde et de la vie, à for.uler ce que tout le IIIOnde resaent plus ou moitis et que lui -resaent à un degré .upérieur, et à lui doaner ODe

si-gnification en le fo~lant. Plus loiD ~no~e reprend URe idée chère à

l' ant iqui té t "Sein Obr vernu.t den Eiokl8D& der .tur. I l 7 C'e.t eocore

une fois déjà le poète r~ntique en c~ication a1fec le réel sous toute.

t

seB formes. ani~ et inanillé, . i s au •• i a.ec l'au-delà. C'est ausai celui qui assemble ce qui seable épara, fait

.lYr.

ce qui • .-hle .art, celui_qui transmet le monde actuel! la poatérité. (C'est le rôle principal que lui

a~tribue Léonore lorsqu'elle v~t l'attirer à la cour de SOD . . ri. BIle

e.père ~tre imaortaliaêe co ... une f .... ayant été a~ du graad bo..e.)

JMais

tous ces traita eu illpliqueot au •• i d'autt •• qui toucbeat ~Iua

particulièraent le. rapporta de l'arthte a.ec son _t:oural~. Ta.so e.t

-~

d'abord et avant tout. du fait~qu'il e.t poète, ua ~ seul et qui a besoin de solitude. Et Alfcma, lui qui' a at~iré Ta.eo à sa cour pour qu'il

la rende célèbre par toute l'Italie, co.pread cette nécessité lorsqu'il d ... nde aux f ... de re.pect.r cette aoli~e:

"St8rt ibn, vean er deakt uad dicbtet,

In

a~iDen

tri ... nicbt UDd l"-st ilm ... lD •• ,8

Taa.e vit dana le rhe, doit J yiYr'e podr pouYOir écrire. liais cè rift d_ode au •• i à être fili .dallS cl . . fon... .trict . . , c. qui ...

.

,

(16)

.

'

,

\

f,'.

" g'-r " ' • 10

-beaucoup de travail. Taslo vit, c'est la rançon de son talent,. dans un monde à part et tous en sont conscients: "Er .cheint sich EU nahen, und

blei~t

un. fern;" 9 C&tte idée de l'artiste qui est là, dan. le monde

et en est, pourtant absent sera ~ontinuelle_nt reprise par les auteur's

d'~euvres concernant l'artiste. D'ailleurs Goethe ne la reprend-il pas lui-même daps les élégies romaines quand il mentionne, en passant, qu'il scande des vers sur le dos de sa maîtres.e, alors qu'il se trouve dans ce que l'on pourrait appeler le contact le plus étroit avec le monde, c'est-à-dire dans ses bras? Pour l'artiste le'monde c'elt avant tout du matériel dont on se sert pour écrire ÙDe oeuvre.

,

La solitude, l'absence de l'artiate au monde ne lont cependant pa. toujours montré. sou. leur grand jour. Tasso .e montre inapte à la vie même dans les petite geste. de la vie quotidienne:

" RaId Usat er da

lin S~ck. bald ein.s dort <er kehret nie

.

Von einer aeiae wieder, daas ibm nicht Ein dritteil seiner Sachen fehle). Bald Bestiehlt ibn der Bediente " 10

On sait ce \ue le cinéma entre autre. a fait de ce type de per.oDDA.e: le génie distrait. Ce trait n'est pa. exclu.if à l'artiate; aujourd'hui c'est l'homme de science que l'on DOUI prés~te ainli. En fait il l'aait

de petits riena . . i. qui contribuent bien à . . ttre en relief le caractère

.\

ablent et la .inlularité de cet ~ qui conaatt d~di.tractio~ dont

Antonio l 'ba.. de ce .onde, le diploute ne .erait j . . ia capable et qui ajouteDt à l'incolIPTébeuion de celui-ci pour Ion rival. De . . . . Ta .. o

(

.

,j

ua~ , .

(17)

'.

Il

11

"

qui & de la difficulté à distinguer entre l'imaginaire et le réel

se'croit entouré d'e~~emis qui le volent. Lui qui est en fait coupable

d, la culpabilité de. autreé

incarn.~ns

des personnage. qui

n'exis-tent pas sa propre négligence. .

,

Mais ce qui fait d'abord et avant tout le véritable drame d. Ta •• o ,c'elt le fait, comme le dit Léonore que la natur~ n'. pas fait ~ un se~l homme des deux antagonistes de la pièc,. Tasso aspire à être un houme d(.ction mais ne pollède pa. ce qui Ist le trait de caractère

~

principal d'Antonio: la volonté. Car

le,dra~

de Tasso est un drame

\'

caractériel, dans la lianée directe de Warfber et "s Affinité. ilec-tive •• Tout comme le. hé:os de ces romans/ Talso est un enfant. Il e.t hypersensible et même s'il a a •• e& de f rce de

..

~aractère ~ur cré.r une oeuvre d'art, ce que Werther n'a m me pas pour .e consoler, il n'en a pa. alse& pour mettra, en .ociété, / n frein à son émotivité et à 100

1

i~gination débordante. Si Tas.ô av~it de ~~ ~rce de caractère, il y

',--

-'"

~

aurait toujours dua1is.e poète -

hOmme

d'actiqn, dualis . . idéal et

./"

.

. 1 . . '1 , / . d ' " bl fli

convenances sOCla ea, ~lS l n y auralt pas e verlta a con t. C'e.t à ce niveau que noua ratrouvons la véritable di •• n.ion de cette di.proportion entre le talent et la vie dont noua pari ion. au début.

;

Le. reproche. qui .ont adre.sis à Tat.o ne le .ont j ... i. au poète: on admet qu'il ait ba.oin de .olitude, qu'il vive ju.qu'à un certain ,poi~t, dan. un mncte à part puiaque ceta eat néce •• aire.à son

oeu~ra.

MIae

le. reprocha. d'Antonio quÎ'1e traite d'oi.if n'atteilDeDt ,

1

: 1

(18)

••

/

..

.

',.

12

-pas vraiment le poète puisqu'ils viennent de celui qui justement se situe aux antipodes du poète, qui est jaloux jusqu'à un certain point

l ,

~

d··" T Quand b .. 1· d

de attentlon accor ee a a880. on reproc e a Tasso 88.'0 Itu e,

on le fait parce que l'on sait que dans la solitude son caractère n'a pas l'occasion de se foraer,ce qui est pourtant nécessaire:

''Es bildet' ein Talent sich in der Stille, Sich ein Charakter in de. Stroa der Welt.

o

dass er sein GeœUt wie seine Kunst

An deinen Lehren bilde." I l

....

Car uniquelHnt le talent ne suffit pas. Toutes les cOllpOsante. de celui-ci portées à l'extrême, sins contrepoids, ne peuvent conduire qu'à la folie; l'i~gination débridée craint le. hommes, se .ent per-sécutée, inve~te des fantôme. qui 1. pour~uivent et finalement détruit la vie. Antonio décrit Arioste en ces termes comme un grand poète:

"Indes auf wohlgesti_ter Laute wild

Der Wahnsinn hin und her EU wOhlen scheint ,"

Und doch im schUn.ten Takt sich . . . . ig hllt." 12

MI.sig. L'enthousiasme, cette folie des poèles est contrôlée par le rytlae, ccaae l' ill8gination, la passion de l'ru-e doit être cc)ntrolée par 1. volonté, se plier aux rigles sociales quelles qu'elle • • oient pui.que l'absence de ces règle. ne peut provoquer qu'un retour à la

barbarie. La prince •• e veut apprendre à T ••

89

le renonc ... nt. le contrôle de .oi; elle ne peut l'aimer qu'à ce prix. Antonio veut apprendre à Ta •• o à ne pa. aller trop vite, • être réf1ectii, à pe.er le pour et 1. contre

de ••• ,e.te • • t DOn plu. à .air •• lon l'iapul.ion du ~t. Ta.so •• t

(19)

~"

[

, - , i , " \

1

"

f '.'

'.

,..

-~-~--~ -.~-~~ ~.JOt

'",

13

-te.riers sur la tête. QuaDd i l parle des forces qui lui . . nquent c'est à celles-là qu'il fait allusion. ce qui lui permet de demander

à Antonio:

"0 nU. aich. edler Mann, an deine Brust Und veihe aich, den R.aacben. Unerfa hrnen,

.. 1.ua üssigen Gebrauch des Lebena ein." 13

Mai •

.a.e.

eo exigeant cela i l veut aller trop vite ne connaissant Antonio que depuis quelques instants. Et pourtant c'est ici qu'il y

avait s ... ble-t-il une chaoce d'en faire un ho . . . complet. C'est ici • que . . . . si la Dature 'o'a pas fait un seul ho-.e des deux protagonistes

/"

i l aurait pu Y, avoir oaissaoce d'Jo DOuvel équilibré, chacun donnant à

l

'

l'autre un peu de lui-.êae. Mais-il est trop tard par la suite. Tasso se _ t à harr Antonio. refuse le IIOnde. est rejeté pal' lui en la

pel'-r

aoDDe de la princesse parce qu'il ne ~it pas se contrôler et se voit obligé de battre

,

en retrait., de se replier sur lui-même. I l sait qu'il se tro.pe . . . is continue à se tro~er et refuse désoraais toute entrave au . . . de son art: affil1Mnt que lorsqu'Ü ne s'y adonne pas i l n'est plus lui __ ine:

"Wenn ich nicht sinnen oder dichten 8011, 50 ist das Leben air Itein Leben mehr." 14

Ce qui le conduit direct_nt à 80n "Cab air eio COtt, EU sagen, vie \

ich leid.w• C'eat tout cé qui lui reate puisqu'il refuse la vie, cet autre . , ... où il a es . . yé

~l.droit_ot

de pénltrer. Le

dr~

de T . . . o c' •• t doue ce dl'''' du déséquilibre que DOua retrouvions déjà chez Werther

et dans 1 . . Alfiaités, le dra.. du diséquilibre entr. la pas.~on. l't..-ai_tiOll et d'autre part la raiSOll et l'ordre 8OCial. ~etbe pous ••

.a-" 1 \ I, "

\

• 1

(20)

..

14

-1

Ion .r.u..ntatlon ••••• loin pour parler dl conflit antre blrbari •

• t aivili •• tion. L',rt civ1li.e l'homme mal. a.t au •• i par.dox.lament

un t.~teur de troubla pour 1.' ~ivUhcAtiun p.rc. qu'il. pOUf !und.-/ .:

-m.~t premi.r la pal.lon. L'.rti.t. c',.t l'homml c~V.bla da. plu,

Rrand., p ••• ion •• cÀr ,Ill' .,ul •• pluvlnt pfovoqir l'oeuvra d'art,

md. c',ut Auul l 'hotnma qui doit 11 plu ••• voir n t!ontr8hr, putlqua

---l'.blanca d, contrMe plut maner au dla .. equlllbr totall

"W.r .Iin.n aeht lU viti Albi ldet (lt,

"

W.r jade Wil.enlchaft aUllmmenKtiat Und jed. Kenntnl., dia un. au Ir'f lC.n KrlAubt lIt, .ollta d.r ,ich lU b'harrl~ha~

Nlcht dopp.lt .chuldig .. in? ••• If 15

Kt c'e.t Ju.tlmant

c.

que Ta .. o n. hit

'1

ju.t • • nt c. 'lu, Go.tht lui-mime • fait q 1 connai .. ait tr •• bien II

dan,lr d. ca d"'quilibrl et qui écriv.t! pour le .urmanter. C. n' .. t

qUI dl Clttl f.çon qua noui

p~uvon",xpJlqu.r

Clttl oeuvra

ch~.

un homme

qui, 10riquI noul railonl II bilan d., • ~ia .t.v.r. atra Ju.tement Clt

'trl Ju.qu'. un clrtaln point id"al d nt 1. plr.onnalit' tllnt • la foi.

da T ••• o ~ d'Antonio.

1

1

/

-

-\ \

(21)

• 15

-111 OIULLPAltZIIt 1 SAPPHO

o

intéri.ur. c.lui d. la d .... ur •• d. l'hyp.r •• n.ibillt' propre à l'ho . . .

â.

tAI.nt qui. incontr61' •• r.nd inapte à la vi. locial., dta . . qui .uralt pu atra évite par un Act. d. volont', 1. dra •• d. Sap~ho lui ne p.ut

l'expliqu.r uniquem.nt par tin. f.ibl •••• d. c.r.ctèr •• c.tt. tr'a~i.

n. luffirAit pa. ~ lunmont.r l'état d. cri ••• Il n • • 'aait plu. du .i.,l.

~nilit .ntr. l'ilMMination dibrldie'.t 1. ré.l, .ntu la pa •• ion

vio-~nt

• • t

l,.

règl ••• oci.l •• née •••• ir ••• mai. du duali ... ontolollqu • • ntrl t'Art .t la vi •• Il y a, c' •• t la thè •• qua dév.lopp. Gril1par •• r

dan. c.tt. o.uvr., d.ux typ •• d'ho .... fonda .. nt.l ... nt différ.nt •• c.ux qui vivant . t c.ux qui font d. l'art •• n l'occur.ne. d. la poi.le. L.

poètl vit mal8 il n. p.ut être hlur.ux que dan. 1. NOnd. d. 1. poi.l ••

non

d.~c.lui

du commun d •• viv.nt., .t .'11

~

... ie d ••• tailler une

plac. dll. c. mond.-ci, d. vivre co ... toua 1 •• autr ••• d'Itr. ho . . .

purement .t .imple . . nt. il •• "perd ••• p~rd co ... l'.lbâtro. d. Baud.lalr. qui pourvu par la nature dtall . . . . rv.ill.u .... nt adapt'" pour 1. vol·

• un. démarch. lourd • • t ridicul. lor.qu'!l •• PO" .ur 1. '01.

Tout comm. dan. Ta •• o c' •• t la couronna d. ,Laurl~r qui .,.bollqu.-m.nt met .n branla la tra,edi •• L. eouronn ... nt coneacr. difinitiv ... nt

Sappho au rana d. po.t . . . i. il la .épar. au.~i du r •• t. du .oade. Dan. l'oeuvre d. Grillpar •• r 11 y a cep.ndant deux couronne •• la courODDe

J

~d. laurier ••• t .,abole de 1. poé.ie, de la vi. intellectuell., la

, "

(22)

16

-couronne de rqrte, sy.bole de la vie végétative. Sappho qui vient , ~

devant plusieurs autres poètes de rellpOrter un éclatant triOlliphe le regrette et se .et soudain à désirer cette couronne de .,rte, à vouloir être tout siapla.ent fe..e, à .aner une vie si.,le. à ai.er et être aillée:

"An seiner Seite verd ich unter euch Ein einfach Hirtenleben fUhren.

Den Lorbeer .it der Myrte prn vertauaeheDll.

" '

Zum Preise nur von hlualich stillen Preuden Die TUne vecken dieses Saitenspiels."

~

Il 8'~git de l'idéal d'unè vie bucolique avec Phaon qui l'ai .. ou croit l'aimer au 'milieu de gens si~le •• Ce .... idéal de vie que

nous verrons triompher dans Der Trawa ein Leben. Mais noua s~s

j.c;,i4( bien loin de ce t-rioaphe.

~

Yates dans sa thèse sur la vie et l'art chez Grillparzer 2

~

parle de création en deux tflllPS au iujet de cette oeuvre. Le th . . . original de l'oeuvre serait l'absurdité pour Sappho, f . . . déjà â,ée, de ,toabe~ amureuse'd'un jeune 110 __ c~ Phaon. Ce th . . . erait ensuite transformé pour devenir cetui de l'i~ •• ibilit' pour le poète de s'intégrer au .onde qui l'entoure, au .onde de. yiva.t •• Il

D',

a .elon nous pas conflit entre le. deux t~ •• le pr..ter . . . . nt ren-forcer le .econd. lui donner une,'uouvelle diaension pulaque c.tt:e volonté de retour en arrière ajqut. à l'i.po •• ibiliti de .'int'.rer à un .,nde où elle n'a pour aiuai dire j ... t. véc:u. Quoi ~'il en .oit, c'est vrai .... t le fait que Seppho oublie c. qu'elle •• t, poit ••••• pour dev.ir tout IÎllpl .... t f _ qu,i pro~ue la situation cl. cri ••. et le

1

..

'-~ -,

~

, :'

.

,1,,'<'1-,J'.

(23)

'.

- 17 ..

dénouement final où ~appho a 'retrouvé toute .a lucidité. La façon dont elle définit sa relation avec Phaon .lat tria explicite à ce .ujet. Au

1

premier acte elle affirme:

"

"

"Er var beatilllDt in seiner 9aben FUlle, Mich von der Dichtkun.t wolkennahen Gipfeln ln dieses Leben. hei'tre BlUtenthller

Mit sanft bezwingender Gava1t herabaudehen." 3 .. A l'acte IV:

"Ich wollt ihn stellen auf der Menschheit Gipfel. Erheben hoch vor allen, die da sind." 4

~

Au d-tut c'est la joie du bonheur enfin trouvé qui parle, elle veut n'être que femme; à la fin c'est l'amertume, la déGeption; elle est redevenue poetesse ou plutôt nous constatons qu'.lle n'a jamais cesaé

1

de l'être. t;es passages noua révèlent aussi que l'univers 8e divise pour Sappho en deux mondes bien distincts: celui de la vie et celui de la poé.ie. Celui-ci est décrit en terme. de SOlllDet, l'autre de vallée; mai. de quelle nature .ont-il. exactement, qu' •• t-ce qui fait que les habitanta de chacun d'eux ne pui.sent se rejoindre?

Le monde de la poesie e.t pour Sappho celui de la gl.ire, de l 'honneur. Aspirant à une idylle bucolique avec Phaon, eU. le

quili-

---fie d' ",itler Sehatten", lui oppo~t alora un IIOnde cal . . d'8IIOur et

t

de prosperité, un monde fécond et luxuriant. Le lDOod.e de la poé.ie •• t froid, d .... rtique: ''Da grUnt k.ein

Ba_,

1 Da .pros •• t teine SUt und kein. Bl\llle." 5 taDdia que l

'au~

avait été défini par 1 •• terIMs de ''beitre Blutentbller". 6 Et tout.s 1 •• d •• cription. du pay.ag. d. cette

t 1 e ou.e ou. .. j < 1 a p .ce eorre.pollUent a cette i .. '

-~

/: 1--'·· UAU& lallC': l ' a _ne.

bo-~"

" , J l' '

-~

,~

" ~ , " , "'\

.

(24)

J' t

..

.

.

- 18 '.

de verdure, d'eau ,et de fleurs qui_ sert de décoX_a-er-aorÏt-il-~st fait

/"

mention dans les premiers actes. Mais ce mOnde à,la fin e~le le voit

;

différeDIDent comme elle voit d'un tout autre oeil sa liaison avec

r--...

"---"..1

Pbaon:

",' . • Wann scieg ich von den HHhn ••.

"erniede~ in das .ngbegrenzte Thal,

.

T

Wc Armut herrscht und, Treubruch und Verbrechen."

Du haut de. sa tour d'ivoire, car on peut appeler ainsi. le sommet où

elle se si~ue, elle voit le monde cOmme un paradis parce que, et c'est ici que ça devient intéressant. elle ,n'en voit que ce qu'elle veut bien en voir. les joiès, n'ayant pas à en goûter les malheun"car elle n'y est pas, ~mpliquêe. Elle voit les gens vivre de loin et son imagination fertile, stimulê~ par l'isolement où elle s'est placee, ne fait que

1

déVelopper le beau côté des chos~s. Femme et non plus •• ulement poétesl' elle connait le revers de la médaille. Elle l'a même déjà connu. Privée de .ses parents, privée tôt de ses soeurs, ayant connu de. déceptions amoureùses, elle a cherche refuge dans la poésie. Sa dernière tentative

l

d'intégration au monde ne lui apportera pa. plus de bonheur.

Et n'était-ce pa. la l,eçon que voulait nous pré.enter nar Traum ein Leben paradoxalement? RUltan rêve de gloire, de haut. faitl d'arme; maia son rêve lui révèle ce qu'implique cette gloire: le mal et finale-ment la mbrt. Nous disons paradoxalefinale-ment parce que c'est '1* Tive'qui

\

révèle la réalité, tan~s qu'ici dans Sappho, c'e.t la râalite qui

.'i.-...

pose elle-même. Sappho rêva d'un. ~i. tranquille et bucolique et elle n. trouve co .... ene l'avait pr .... nti et expriaé en parlant à Helitta qu.'

\ '

L

" ,

(25)

".

\. ,

.

\) 1

,

\

19

-le .naouge et: la tro.-petie. Mai. ce bonheur ne p'eu.,.U ât:re

qu'ima-.

ginaire? ,Il y a désert: pour elle mais doit:-il 'yen avoir pour tOUI?

~ l '

~--Bien sûr le bonheur pur_n'existe pour personnel\~PP~ le

• (.;J

qui ne l'empêche pas de parler de la vie.

m_

à la tout:e

sait, ce

fin de la pièce. comme d'un bien désirable, et: les paroles que lui inspirent la

dêcept:i~n

n'annihilent pal

~elles qU'ell~\ prononcées·auparav~nt

dans

l'entbouaiasme du bonheur edfin trouvé. C'est dans la vie simple et

paisible que l'on peut trouver le véritable bonheur, mais. et c'est,là la

s~lûtion

\ u problème, cette affi':1Ution n'est valable que pour ceux

\

',-qui appartiennè'nt au ''monde des vivan~s" comme Phaon et Me l i tta, Il Y a ceux qui sont faits pour vivre et ceux qu'Ï sont faits pour regarder t

t uniquement regarder vivre.

On a vu que Tasso se refusait à ne faire qu' observer la yie de la rive; Sappho aussi. Mais finalement elle reconnaît son erreur. Les

A

dieux lui ont accordé le don de la poésie mais ce don entraine des

limitations:

"Ihr habt der Dichterin v,erg8nnt, zu nippen An dieses Le~nj".U88 uaakr~n&tem Kelch. Zu nippen nur, JEU trinken nicht:" 8 ,

"

...

C~c.li~e est pr~sentê, agréa)llement mime si Sappho n'a connu que

d.écep-, ,

tions dans cette yie.'Mail c'eat qu'elle ne lui ét:ait pas deatinée. Il

~ui

_aqua tout"ca

'i~";;

. . èda .PhaOQ at 'iu'aUe

~ra

loroqu'il .a

qualifie de derni"er jeune 00_ de la ~èc~:

"De. Leibes Schl:mheit iat .in scb8n.~ Gut, Und LebeD.luat _in t~.tlicher Gewion;

1

Der kllbn. Mut ... r Weltaebieter Stlrke.

..

(26)

'.Ç1lF!'

'; r ~ , ,"' il ,

.'

'.

..

, , 1 ~ " t ' 1 0 Cl -,---'--..r"l"~ ,,-, / • '1' ~ ,. ~ _ - l''<t. • t < Il - .... 1 ... }

..

-

!---i 20

-BDtlchlol •• nh.lt und Lu.t a~ dem, ... ilt, Und PhaDta.i., hold di.n'Dd, vi. Ile 1011,

...

~i • • chaUck.n di •••• L.b.n. rauh. Pfad.,

.,'-Und Leb.n ht ja doch d •• L.b.nl hUch.t •• Zi.l." 9

..

--

...

--

-- c

~'e~lt la comparai.on entre la'couronn. d. myrte .t la couronna d •

• "i. ,

laurier, la pr . .

-

i.re .ymbola de fartilit., la •• conda da atirillt.,

-

-• -• -• -• 1 curi.u .... nt dtailleur • •

t

l'on co~.idira que l'on parla d, 1. prodUctivité,d. la~f.rtilit.'d'un artilta. TOUl ce. traita qua Sappho .ttribu. à Ph.on .11. n. h. a ,pa. el,h-mime, ell. tel admis'; ell.

,

-.i . . rait 1 •• avoir au •• i, comme Phaon admire .on:propr~ talant. Il l'adair . . . h au contraire d'en. sana a',ph:er Il être ce qu'/aUa ' •• t.

o

Il considère qu'il nf.s~ rien à côté dJell •• Il n' •• t rien .i l'on 1 .

pl.ce du point d. vua de la gloira; beaucoup li l'on .e place 'du point

, ,

.'

da vu. da sappho à laqu.lle ilL~nqua la poa.lbillt. d. vivre èomma

tout le monde vit. •

~i Pbaon, dépourvu du talant

a.

Sappho, •• pirait à êtra ca qu'all~

'It, nous~rion. fore •• d, con.tater l'i~ •• ib{lit': le tatant vi.nt

,

.

à la naï •• ance, il •• t da la n.tur. mima darl'itr. qui

\ • 1 le pOII.d ••

On

,

D' • • pire pa. à •• po •••• libn: on l'a ou on n. l'.

p.":.

Or . Pblon ri '-.. t

pa. t.~antu.ux. D'ailleur. la qua.tlon n ••• po.a ~ •• ici.

Hai.

quand

Q

on pen.e à.S.ppho on n. f.it pa. la

ma..

r.l.o~nemant, et Sappho ne la rait

paJ

~lle

non plu •• Lta via, au confrair. du talent "a.t 1. propre cl.

toua 1 •• être. huaaÎoI. il davrai't' donc de par ce fait _ _ y avoir .p~

c

tituda à vivr., car coaa. SapphO 1. dit ell.-mê . . , vivre •• t la plu. haut but d. la vi •• Or •• 10G Grillpar.ar t.l

o'.1l

pa. 1. èa •• Il y a

..,

" '0 o

.1

).1 ..., .': ... ,t: .Ô::

(27)

o

7 $ iJ!

An,::

, "

,

21

-1 (,

le talent d'écrire, . . i. il , a au.ai le taleat dé viV1'. ~t tout COllIN

.i,.

pour le pr_i.r, c. n'eet fae tout le _ade qui ~ •• ède le .~.

n _

·.·.~.uit dès lors qu'il eat au •• i ab.urde pour Sappho d. vouloir vivre

norwel_nt qu'il •• rait ab.urde poùr un. personne a,anl -~.lent de vouloir ,

cré.r une oeuvre de génie. Sappho n'a pa. 1. t:al~t de vivr.; ene a

-:

l'autre au plus haut point .. i. de ce fait n'a pa. celui-ci. Il est im-po.aible pour le poète de vivre co..e le, autre. vivent, d'.i~~a..e

" ' .

• .. ~ t

tout le s.Gnd6 ai . . et au •• i d'être tout ai..,l . . . nt ai . . cu-. une .lit~'

l '

peut être ai .... ~ourquoi? S'il .'a8i •• ait d'un. personne qui •• pire à être artiste, 'aIlS talent, on répondrait tout aillpl ... nt qu'il .. "que

l'étincelle divine. Mai. ici, . . nque-t-il quelque c~.e ou y a-t-il quel-' que cho.e de trop, et quoi?

':1

Yate. reprend l'idée que,DOU8 avion. aaaly.ée à l'oc~a.ioD de Tasso

à aavoir que le poète eat, de par .a nature capabl. de pa •• ~ extraordi-naire •• San. celles-ci, il ne •• rait pa. poète. Mai. il doit, DOU' aomme. dans la tradition cla •• ique, dàainer cell •• -ci. Nou. avona vu où pouVaient conduire le. pa •• ion. débrid".~dan. le ca. 'de Ta •• o et de. autre. héroa de Goethe:

"Die.~lben anaeborenell LeideDfchaften die, venn ge.Uaelt,

- • 1>

a . ~On.tler beflbigen, _chen, veUIl unge.O.elt, .erade vegen ibrer gro •• en Stlrke unflhi. fOr da. 'Leben' te. 10

C'e.t tate. qui souligne le IlOt LebeD. et en coll.équence .elOIl lui ce qui fait le dr~ de Sappho c' •• t cette ab.ence de di.cipli~t qu'elle aurait

J

eue ju.qu'à .. inteaAnt, . . i. qu'.lle • oubliée un in.taDt, le te.pa de dweair a.,ureU8e cle Pbaon. Hais 1. probl'" e.t-il vraiMDt à ce D~V .. ut

.' > . 1

(28)

22

-Pour Ta880 il n'y avait rien d. plua clair . . i. ici? P.ut~Q dire de Sappho qu'elle ai . . Pbaon d'un a~~r débridé, qu'elle aspire c~

1

Ta880 à un idéal de vie total_ot incOllpAtibl • ..avec la réalité. Cet

8I*)ur la conduit à la ,.art;" . . ia o'.st-ce pas just_at parce qu'eUe

a oublié qu'elle était poète, péch~ contre sa nature, a'est abais.é. co . . . elle le dit à la vie qu'elle doit .aurir? Plua .~l"'ot encore elle a goûté à ~ vie, à l ' • .our et a eacore Ùn. foi. ité déçue et o'a plUB la force de retourner dan. BOO .onde tout ea Bachant qu. Melitta est heureu.e avec Phaon qu'eUe at.e. 'Elle ne veut plua cœbattre. Car elle n'a plu. la force de refaire ce qu'ell~a fait tout • • a vie: trana-poser sa pa 88 ion .ur le pla.n poétique. Tout c~ Ta •• o, la volonté, la force lui . . nque, . . i. cette 9Olonté n'a pas le rôle qu'elle avait dan. la pièce de Goethe. Le rôle d~ la volonté ici, c'e.t cette force d. 8uraonter

~e

difficulté della vie, parce que cette difficulté e.t plu. grande pe~t-être que pour 1 •• autre. ~s, le poète '~t plu. sensibl., et de pet'llettre le retour dan. 1 •• haute. .phèr •• de la poé.i.. Le

contraire de ce qui •• pa' •• pour ta • .a puisque pour lui la volonté doit

j

servir non pa. à aider à preadr. la fuit. c~ i l le fait _ia à accep-ter le IIOnde tel qu'il •• t. C'est grâc. à c • .,yeu d'iv.aion que juaqu'à _intenant Sappho a pu continùer à vivre, qu'elle a pu aurvivr. à la .ort

.)l,

de ••• parents, de ••• ac.urs, à la vie en .olitaire, au d.l.i ... nt de

~

.e. &1IOura antérieur •• , car c'e.t uns auea dou1:e ce à quoi f.it .llu.ion le pa •• ag. de cette acène où eU. parle- ". u

j''''''' •• ,

en diant:

"Laut aich &Ul'6ckUhr . . in di. Zeit.

Da ich noch acheu ait ruad . . U_ . . . _ •

Ein UDbe.tmat ~Ohl la ec:~_

... .

Die ne . . Veit ait nft. Si_ betrat;

~

(29)

••

23

-Da Abnung IIOCh. nio quAl""'e. Er\ ...

10 . . io.r Lei.r goldneo Sajt . . . pielt ••

Da noch ein Zauberla .... air Liehe _r, Ein unbekanates. fr . . . lauberlalldSw I l

L'DOur n'.st êvid_Dt pluai pour e11. ce qu'il i u i t clau •• pr.mère jeunesse . . . is .Ue a _nif •• tellellt peur du ___ déceptioua~ La poête •• e n'a donc connu que déception. dans . . vie. De ce fai t .11e .e réfuai. dan. 1. mode de l'art pour essay.r d'y. trouver 1. honheur que la réalité lui

r.fuse. Si TasBO çontrôlait .e. pas.ioo. non • • 1 - . . t i l pourrait cootinu.r

. ,

à être artiste. _is i l pourrait vine et . . . ivre heureux. Si Sappho

contrôle se. passions elle d~e poète _ i . De "it pl~. La poé.ie e.t

là pour remplacer la vie, pour procurer ce boabeur que la vie refuae, un 'Ersatz': .

\

/

''lCalt, frucht- und duftlo. drOcltt er da. Baupt.

Da er Ersatz "er.prach fOr .ache. Opfer.

Gar Kngstlich .t.~t .ich'. _ut der Meascbheit 88hD.

Und avil i.t die an.. luut leavuaaen, Zu bette1n von de. Lebena Dberflua •• w 12

. 13 '

Co_ le. dit Benno von Vte.e. c. ne sont pa. deux mad •• de ".leur .ple ;;r..'opposent _is un .onde ..,iodri.

ùa

.oDII. de

c~_tion

qui .'oppo.e au vrai. un bonheur d. cOIIp-. . dC;lD qui e.t là pour r..,1acer le "iritûle bonheur perdu.

Sappho vi t dao. un...t. à part . i s p . . daaa le . . . e que ra.ao. Ce dernier. ..uf • 1. toute fia du dn.a M fait pa. ... 1 • . , . . .

d. l'i_aioation et de la poé.ie. L'acti"ité poiti . . . ' . . t .... aD

-ar ••

ta'

---pour. lui . i .. hi .. une actirité DOrai. qui a . . . valeur _ _ i; 1 . . . de l'art n' •• t pa. pré . . .

te

~ ua aubatitut . . . réel. La eolitu4e

, /. '

\

\ \

(30)

"

'.

f

24

-.It néce.laire à Ion travail mail il e.t tout de , mi . . jUlqu'à un certain point dan. le monde~ Ion o.uvre a un. dimen.ion politique: 'wirken' e.t

le rôle qu'Alfona attribue à La Jérulalem délivrée. Il voudrait être actif comme Antonio: ce n'elt paa toute forme de vie qui lui e.t fermée mais un

gen~~ 4e vie bien particulier, celui de la politique et de la guerr •• Danl

1. cas de Sappho le problème est palsablement différent. Non .eulement elle vit dans un monde à part de par Ion imagination, maie elle vit danl un monde à part tout oourt, lur une tle avec un petit groupe de serviteurs. Elle n'a aucune ambition lociale ét quand elle tente de rejoindre la vie;

il n. s'agit que d'une vi. limple et ilolée avec Phaon. plui isolée encore peut-être que sa vie antérieure parce qUI

,

même li elle ne veut pas c.sser

~

d'écrire, 80n nouveau genre de vie entratnera~t n .... sair.ment. danl la

10-c

gique du drame une baisle de production. ~e rupture de. contact. av.c la Grèce toute entière qui lit 1 • • poème ••

Ce repliement .ur elle-même est addition à l'ilolement du poète mais aussi symbole de l'isolement intérieur. La famille de Sappho n'existe plus.' Cet état de fait ne lui elt pal exclu.if; nous le retrouverons tout au long

(' do DGtr. étude: 1 •• arti.t ••

n~nt

pa. d. fa.ille; .'il. en ont une, il.

~coupent

tri. tôt 1 •• lien. avec .11., le. par.nt • • ont mort. ou

.~d

••

parent. adoptifs etc ••• L'arti.te n'a généralement pas d'attache. f~liale •• C'e.t un des a.pects principaux de la rupture avec Phaon. Celui-~ .'attache .pontanément à Melitta lor.qu'il l'entend se plaindre d'itre •• paré. de .a f . . ille. Tout de .uit. i l .ywpathiae avec eUe: "Auch ich venia •• ungern teure Bltem". 14 Il

~

volontairement .uivi Sappho.

~il

la luivre cela ligni-fie tout abandonner par a.uur pour elle: le. ~I. la f . . ille au .eia de

(31)

, ,

1

25

-r

laquelle il a toujour. vieu heureux ju.qu'à maintenant; tout abandonner "

.

pour vivre .eul avec elle aur une tle. Mai. lui n'e.t pa. po.te. Il re.te attachi à ce monde de .on enfance, ce monde d.. ivant. co . . . M.litta •• t r •• ti. attachi. aux .ien •• Sappho peut vivre i. .lle a de. coap.n.a-tioné, pa • • ux. Car pour eux ce qui e.t importan ce .ont ju.t ... nt c •• li.na ave~ 1. monde, l'amour non pa. int.ll.ctu. mai. vrai . . nt phy.iqu •• •• mblable au monde ficond .t luxuriant qui le. entoure. Sappho n'a pa •

• uivi Ph.on, c' •• t lui qui a

la .uivr •• Il a pourtant. d . . . que Melitta une patrie, pa. elle.

Âu contraire 4- ce qui •• ~a •• e pour Ta •• o. c. ne _ont pa. d •• convention • • ocial •• qui .mpêch.nt un. véritable ~mitié (Antonio •• t ri-fléchi à cau.e de .on méti.r de diplo~t.. la princ •••••• t ré.ervi. parc. qu'elle apparti.nt à une grand. famill.). ce .ont d •• 'lémenta tr ••• i.pie •• ilém.ntair •• de la vie qui .'oppo.ent à la riu •• it. du bonheur d. Sappho.

"

Ce. force. il_entair ••• ont .ymboJe. de vie. L •• force. intellectuell.a .ont

.ymbolsd. mort. C. n'e.t pa. par inatinct. par amour ,ue Phaon .uit Sappho. _ c'eat parce qu'il a une admiration .an. borne pour .11.; c • • ont ••• po ....

# \

ai . . parc. qu'il. lui in.pir.nt d. grand ••• motion •• Mai. i l •• )p.ut

c •• émotion. qu'avec Melitta, pa. av.c la po.t ••••• SapphQ pr.-d la qu'il

vivre

vi •• l'ab.orb. int.ll.ctu.llement, la tran.torme .n po .... e. o.uvie d'art;

.

mai. d •• lors elle a.t fixé. à jamaia. cri.t.lli •••• b.ll . . . i • .ortaz

"0, hHr ai. nicht. Blick nicht nach ihr. Ihr Aug. tHut ao vi. ihr. Ranci." 15

, 1 1

"LI poit. n'.at plua c.lui qui donne la vi. aux cho •• , qui I~lent ~rtea;'

("Und •• in GefUhl b.l.bt daa Unbelebte" Tallo v. 164); i l tue la vie, Il

(32)

26 -

,

fixe le. cho.e. 'ternelle . . , , nt, il tranapo.e la vie dan. le do . . ine~ de l'id'al, il chan le en pierre ce qui reGUe, vit, le fixe danl une attitude belle et elth'tique, mail i.-obile.

Et n"eat-ce pal un peu l'art clallique qui elt ici ramia en queation danl sa fixité, dan. Ion culte de la forme, dana tout son idéal de ... ure et d'équilibre. Ici noui abordonl un th:me qui ne concerne pa. uniq~ement l'ordre locial ou le contr81e de soi mail l'inlpiration poétique~ la création littéraire en loi. A l'origine de l'oeuvre il.y a la vie, une paillon quelconque, l'inspiration. L'art

repole fondaaentalement sur l'émotivité. Hai., et c'elt le mot d'ordre, voire l'eslence .1 .. de l'art, il faut y mettre la forme. L'émotivit' doit 'tre contr8lée, entrer dan. un cadre, un moule, qu'il .'agill. de

l'unité de teaps, de l'alexandrin ou de la lonate clalaique en mulique. ';

Et naturelleaent il y a conflit car l'imagination et l'émotivit' lont par nature dépourvuel de contr81e, fonctionnent comme le rIve, ind'pen-da-.nt de tout acte de volonté. L'art et surtout l'art, c lallique elt Acte de volonté. Il est le fruit d'un labeur conltant, de patience en définitive, de railon, même li Ion but elt de IUlciter terreur et pitié. Ce conflit entre l'imagination, l'émotion et 1. raiaon organilatrice dans l'art devait fatalement le faire jour à traverl'le clalaicilme mail lera loue-jacent à toute la littérature concernant l'artiste, lei ~xcè.

du romantilme en lont limplement la contrepartie, jusqu'à Tho ... Mann. Pour teradn~~, avànt de coaaencer l'étude dei oeuvrel romantique., noua voulon. inaister lur~le fait que Grillparzer, au moment où lont

(33)

,

,

, , "-)

f

,

21

-,

".ro.aati ...

oppoe. oa

De

peut ,lua el.ir ....

t l'.rt .t 1. vie ••

haoa

parle •• Sappho

à

"-Utta

eo.e .' ... Itr. dont 1. r.pt. tu. (eitt

15. p.

23).

Le

.oad • • • ' · . . .

rit

DOua ••

t décrit

co..e

etaat ua

~.

froid

. t . . . . rtiq ... qui fixe 1 ••

atr •••

t leur. _don. à

J ••

h clan. un.

i.-Dbil1té

at.eie.

J

.

'"

...

(34)

-.

./

28

-l ,

IV jtBCKI rRANZ STlkNBALDS WANDEkUNGIN

1

1

-f,

SI I ••

;:.U.

o.uvr.~

quo noue .vo . . . Iy •••• Ju.qu'. molnt .... t 1

,pp,rti.nn.nf • la littérature cla'lique, Cf.lt cep.ndant lurtout danl

l, romantilt. que noua retrouvon. l, vie d. l'artiRt. au r,nK d, Rr.nd thème

litt~rair

•• Frln. Sternbald •• t le pr.mi.r roman d'une

l'r~.

d. 'Kunltletoman.' .t d. 'KUn.tl.rnov,ll,' qui. Ju.qu'à

n~,

jour., mlttront

• 1.

.n .cenl l'artA.ta quo' il loit p.intre, mu Il

et

ln (lU poèu I t dév.loppuont

toute ut problématique luto,ur d. cet être Iinau1hr. 1

foimpllm.nt dl par II .tructur. du rOm8n c' •• t à un mondl p"I.ble-m.nt djcrérènt da c.lui d •• oeuvre. déjà étudié •• que noUI avon •• ff.ire

1

ici.

/1

.'Igit d'un roman dont

1.

forme e.t lachl, qui proar.i •• AU ha-•• rd/de. rlncontre. que r,lt Sternbald lur 1. route qui le mine d.

Nur.m-1

blrR • Rome mail lu.aiAuh.larddlt.inlpit.tion d. l'Iut.ur. L'oeuvre,

\ CI ,qui lit "1111 aignifieltU n' .. t P" achev'" Un. viritable étûde

compl-,

rlcive d.vrait noua Amenlr à compArlr li roman cla •• ique au roman

roman-1

tiquI, 11 théâtre clalliqu. au t'tléâtre romantique, mail ai 1'01\ Ixclut

\

d'un. part 1 •• roman. d. Go.th., d. l'.utr. li théitre de Kl.i.t ou d. Tilck l'on conltltl que ju.tem.nt II forme définitiv.m.nt plu. la ch. du

~

roman etait b •• ucoup plu • • d.pté. au romanti.me, plu. riBour.u •• du drame,

au cl ••• ici.me. Si 1 •• t.uctur. d. l'o.uvr. danl laqu.ll. l'arti.t.

1.

met ln acèn ••• t p •••• bl.ment différ.nte, il ln •• t d. même d. l'ima'i de

l'Ir-tilt., . i la luxurianc. du roman .'oppo ••• l'économi. d. 1. trlaedi., l'image d'un .rtl.tl qui .'abandonn. h.ur.u .... nt i ••• rav ••• t à

.1.

Îaotion. vi.ndr • • 'oppo •• r à l'i .... d'un .rtl.t. qui doit continu.l1 ... nt

.1'

(35)

, '

8

"

.

.

29 -t

prendre sur lui-même et souffre uniquement du f.it qu'il (Tasso)'oe peut adapter ses passions à la société où il évolue. L'igage d'uo artiste qui vit plus pleinement que le commuo des mortels viendra s'opposer à celle de l'artiste qui se voit séparé de la vie par soo activité iotellectuelle. Ce ne sont plus la volonté et le contrôle de soi qui soot la mesure de

l'activité artistique mais, dana la lignée du StUTa und Dra~. le génie, •

l'inspiration. C'est l'art qui est la mesure de l'artiste, non la société.

L'a~tist8 mène une vie intense, communique plus directement avec le .onde, et non ceux qui mènent une vie essentiellement active, ho_s d'état ou bergers bucoliques. Goetbe et Crillpar~er font évoluer leur héros dans l'antiquité classique et la renaissa~ce. le8 romantiques le font évoluer au moyen-âge ou dans l'Allemagne bourgeoise du XIXe sièc,le. Mais ce .oyen-âge n'en est un que par la couleur locale. et les probl .... qui se poaent à l'artiste dans ce contexte historique sont bien du temps de ceux qui les décrivent.

Franz Sternbald c'est le jeune peintre de talent qui dana ce périple qui doit le mener en Italie prend contact avec le IDQnde, le IIDnde bourgeoia mais aussi.cèlui'de l'amour' et de l'art et remet en question ou aü.pl ... nt prend conscience. justement du fait de ce contact, de sa Dature d'artiate.

~

~ Nous partons d'un point sûr et stable, l'artiste tel que le repri.ente DUrer, aasistons à une période d'instabilité corre.pondant à celle du voy.se qui est l'objet en fait de tout le récit pour .boutir ( .... si le ro . . n n'elt

pa. acheyé) à un nouvel équilibre. Nou • • VOn. êvid . . . . t ici

.,.mali ...

du voyage qui corre.pond à une évolution toute intérieure . . . i ••••• i typifi-cation. en ce sen. que l'évolution de Sternbald, de .. eoaceptiou du rôle

(36)

!

(/

JO

-de l'artiste et -de l'art est aussi transposition littéraire' -de

l'é.olu-J~ ~ion qui se produit à l'époque de Tieck.

Sternbald doit tout d'abord faire face à une r_ise en ques_don de l'art par la société bourgeoise. La pr..dère personne qu'il rencontre sur .on cheain, un jeune apprenti forgeron affir.e bien innoc . . . . nt. lorsqu'il apprend que Sternbald est peintre: "Aber ia Grunele nUtzt doch das zu ,nichts". 1 Ce en plus d'insinuer, ce qui sera affirllê plusieurs fois

en-core au cours du ro_n, que l'art ne nourrit pas so. ~. Franz est sur-pris. Lui qui n'avait vécu jusqu'ici que dans le culte de l'art, n'a ja .. is envisagé le8 choses sous cet angle. Ce n'est sans doute pas la pre.ïère foia que la question se pose dans l'histoire, . . is probable.ent la pr . . ière fois qu'elle se pose aussi cr_nt. Dan. ce nouveau .onde où la bourgeoisie a déjà 'atteint un soamet qu~elle conservera jusqu'aux grandes guerres aon-diales, ce lution française, la .ontée des idées

éga-litaristes et de la rt n'a plu. de valeur en soi, il faut lui en trouver une. L'artiste est considéré co . . . un individu inutile, un poids mort, un boulet au pied de la société; cette.80ciité qui pèse tout~

au poids de l'égalité, de l'utilité, de la stabilité et où trio.,be une . 0

-\

rèle qui ne s'impose pa. en tant que valeur étbique . . i. c~ aeintien d'un ordre établi.

Si Tasso est reais en question par Antonio, .on attitude p.ut être adoucie du fait qu'il est jaloux d. la popularité~. son rival. L'art .'il •• t 'Ersatz' chez Sappho n'en a pas aoi •• une valeur ab.olue: la po.t •••• e.t cé'lèbre dans tout. la Grèce .t Phaon lui vou. . . ' il a fait err.ur

-;

sur la personne un culte .ana borae •• T.l Ji'.st pa. 1. ca. ici. St.rnbald

, ,

Références

Documents relatifs

Merci à tous pour cette semaine géniale que nous avons passé tous ensemble, elle fut inoubliable et je pense que tout le monde sera d’accord pour remercier. avant tout Philippe

Dans la première catégorie, nous pouvons citer le Moratoire général tel qu'il a été dé- crété par l'arrêté du Conseil fédéral du 3 août 1914, pris en vertu des pleins

La délégation a critiqué, comme étant exagérée, la menace contenue dans le guide du formulaire I, à propos du chiffre 74 (p. D) suivant laquelle, en ne répondant pas aux

Que la fête continue Debout devant le zinc Sur le coup de dix heures Un grand plombier zingueur.. Habillé en dimanche et pourtant c'est lundi Chante pour lui

Nous proposons ensuite aux élèves l’adaptation d’une activité que nous avions particulièrement appréciée pendant la formation A partir d’un panel de photographies à

La Terre Sainte souffre en ces temps plus  que jamais. Jérusalem, choisie par Dieu pour être le  lieu  privilégié  de  Paix  et  de  rencontre  pour  tous 

Réduction de capital d’un montant nominal maximum de 2 millions d’euros par voie de rachat par la Société de ses propres actions suivie de l’annulation des actions rachetées,

ARTICLE 18 Il est interdit à un soumissionnaire ou un adjudicataire d’offrir ou d’effectuer tout don, marque d’hospitalité, rémunération ou autre avantage à un membre du