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U If IVE R.8 l 'r Y..J
,1 " D6parièment de Langue et cle Li tt6ra-pre lI'ran9a,i •• 8 "L'ZS'rHI'l'IQUE DI ROBERT (ANTERS
r ' • par larie-Paul. lar.11i
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16moir. 4 • • àt~ri.. eoue la dir.,tion 4. 1. 1. Prot •••• ur
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~TABLI!
DES MATIERES1
• SYNOPSIS / ABSTRACT p. i
CHAPITRE 1. INTRODUCTION p. 1
'"
IlCHAPITRE II. DISCOURS ET PRESUPPOSITION p.
6-1. Sa.oir et l1tt~rature p.
13
~
2. Monde et vie p.
37
•
3~ Bien et Mal P.
45
CHAP~TRE III. DISCOUR~ ET ~TORIQUE p. 61
1. La m~taphore p. 62
2. La oomparailJon p. 73
3. L'oppolJition syntagmatique p.
80
4~ La répétition p.
82
5.
L'ênumération p.84
\ CHAPITRE IV. DISCOtl'RS ET ME'rALAIfGAGE p. 91
1. L"nonciateur p. 92
2. Le locuteur J)", 100.
.
3.
Les conditions d"nonciation p. 103CHAPI'l'RE V. CONCLUSION p. 111 BIBLIOGRAPHIE p. 116
'"
- " ~. .J .f· (' J 1., If...
•
.
\.
.
",
'),
•
•
, o l",
,« -, i SYNOPSISCe mémoire porte sur l'étude de l'esthétique de
Robert Kanters à" travers l'analyse d'une année de sa produotion
en ta~t que oritique litté~aire au Figaro Littéraire. Deux
en-trées dans oe domaine de reoherohe, ~nAlyse du disoours, ont
été développées à partir de l'étude des deux niveaux de la
si-gnifioation. le niveau de la oonnotation et le niveau de la dénotdtion. Premièrement, nous avons étudié la connotation en
analysant les ~ropositions présupposées et les figures de
rhé-torique dans le discours du oritique et la dénotation en a.na-lysant le métalangage en termes d'énonoiateur, de loouteur et de oonditions d'énonoiation. Deuxièmement, nous avons dégagé les valeurs idéolOgiques qui sous-tendent le disoours de Robert Kanters et sur lesquelles repose sa produotion littéraire. Dans la perspeotive d'une analyse sémiologique, notre étude vise l'esquisse d'une problématique de l'idéOlogique oomme produo-tion de sens dans le disoours tel qu'il se manifeste dans la presse littéraire hebdomadaire.
ABSTRACT
This Maeters' thesie etudies the éethetios of Robert Kantere through the analysie of one year of his produotion as 'literary oritio for the Figaro Littéraire. Two entriee in this
field of researoh, the àna1ysis of the di soourse , hAve been
developped from the s~dy ot the tvà leTels of meaninga the level
ot oonnotation and the l~vel of denotation. Firstly, we studied
the oonnotation b.1 analysing the presupposed propositions and ,
the r~~torical figures in the oritio's di.oourse and the
deno-" ,
tatio~by ana~ysing the "meta1angage" in ter..~of the
enonoia-1
tor, the rea4er ~d the oonditioDs ot, th • • non01ation. Seoondly,
we have defined the ideologiosl values that underlie Kante~~
disoourse and on whioh is baselhis literar,y produotion. Wlthin
)
.
the tramework ot a semiologi~al analysle, the aim of our study
ls to outline the problematio8 ot ideology a~ a produotioh ot
~
•
•
1
CHAPITRE I. INTRODUCTION
L,'esth~1ique de Robert Kanters est le titre de oe
m~moire de ma!trise. Afin~de préeenter les objeotifs de'la
re-oherohe et les oonoepts théoriques et méthodologiques sur les-quels repose notre analyse, nous aborderons dans'oette
intro-~
duotion le ohamp d'~tude en exposant dans
une
première partiet'objet de reoherohe et dans une deuxième le sujet de reoherohe.
1.1. Objet de reoherohe
L'objet de reoherohe est l'~tude de la oritique
litt~raire oontemporaine telle qu'elle est pr~sentée dans la
presse hebdomadaire. Nous avons ohoisi oe ohamp d'~~ude oar il
oonstitue un domaine enoore peu ~tudié tant du point de vue de
la oonnaissanoe empirique que du pOint de vue de l'analyse th~o
rique et m~thodologique. La oritique litt~raire dan~ la
pree-se oonstitue un ohamp de reoherohe ~tendu que la sooiologie de
la littérature a tendanoe à n~gliger oar il demeure marginal à
la oritique universitaire et aux ~ooles de oritique. Or,
l'im-portano~de
la oritique iittéraire dans la presse se traduit par l'étendue de sa diffusion et la diversité du publio qu'elle rejoint.Dans le oadre de oe m~oire, nous nous sommes
li-mités à l'étude d'un oritique littéraire de la presse, Robert
Kantera. Monsieur Kantera est depuis presque vingt ans critique littéraire au Figaro Littéraire où il est responsable d'une ohronique littéraire, La oritique de Robert Kanters. Bien que
Robert (anters éorive également pour
,&
Revue de Paris, ~Nouvelles Littéraires et l'Bxpre.s, notre ohoix a porté sur
!!
'ig!ro Littéraire, hebdomadaire traitant d'aotualité, de lit-térature, de philosophie et de soienoe et dont la diffusion at-teint le grand publio. Ce qui a, en dernier lieu, déterminé
"
J .'
•
.' r ! ( 1 r. 1•
, 2 .~otre ohoix o'est que oe journal n'est pas un journal
"spécia-lisé~ n'appartient à aucune éoole littéraire et ne porte aucune
/' étiquette poli tique officielfe. /
C
Le ohamp d'étude est l)analyse d'une année deprd-duo~ion de Robert Kanters dans Le Figaro Littéraire. L'objet de
..
reoherohe est l'étude de l'esthétique de Robert Kanters en
ana-.
~lysant le disoours id'ologique qui sous-tend ses artioles de
.. ..1
critique littéraire.
1.2. Sujet de reoheroh~
Dans oette section, nous nous proposons d'exposer les objectifs de recherche qui nous ont motivés, les approches théoriques et méthodOlogiques que nous avons développées, et les bypothêses que nous avan90ns.
Les objectifs de cette étude ""nt fes suivants. 'Premiêrement, nous nous proposons d'aborder une partie de la
recherche portant sur la oritique littéraire qui est encore peu étudiée, o'est-à-dire, la oritique littéraire dans la presse. Deuxiàmement, nous nous proposons de dégager de cette analyse
des éléments conceptuels qui contr,~uent à une théorie de la
"
critique littéraire "populaire". rroisiàmement, nous nous
pro-posons de formaliser l'utilisation de certains outils analrti~
o •
ques et aussi contribuer modestement à la recherche de la
sé-miologie et dè la théorie du
diso~urs.
Dans oette perspeotive, nous avons défini notre ap-proche théorique de deux maniêrea. D'une part, nous avons
re-pris la notion des trois n~veaux de signifioation telle que
pré-sentée par Roland BARTHES dans Eléments de Sémiologie (1) et
nous l'avons appliquée au discours. Le premier niveau est oelui du ex8the idéologique réel, Le \ deuxt.e eet oapo8' de le.
d6-..
•
•
notation et du métal~ngage et le troisième représente le
sys-tème de oonnotation. Chaque niveau de'signifioation est
oom-posé d'un signifiant et d'un s~gnifié que Roland Barthes
pré-sente graphiquement de la f&fon suivante,
3.
oonnotation 2. dénotation. métalangage 1 •. système réel SaI Sa rhétorique 5é. idéologie1
Sé Sa Sé , 3Dans le oadre de notre étude, le systbme de signifioation
~~i
sous-tend le disoours de Robert Kanters se dégage de l'analyse
du niveau de la oonnotation (ChRpttre II et III) et de l'étude
de la dénotation (Chapttre IV).
Dans le ohapitre II (Disoours et PréSUPPOSition),
nous nous proposons d'analyser les valeurs qui oomposent l'idéo-logie qui est le signifié du niveau de oonnotation du disoours de Robert Kanters. Nous nous sommes fondés sur la théorie de la présupposition telle que développée par Oswald DUCROT (2). Cet-te approohe nous permettra de dégager l'ensemble des proposi-tions présupposées dans le disoours du oritique littéraire et de formuler les valeurs qui oomposent .on idéologie. Dans le
ohapitre I I I (Disoours et Rhétorique). nous nous proposons
d'a-nalyser les éléments de rhétorique présents dans le disoours de Robert lanters . t qui oonstituent le signifiant du niveau de
oonnotation. Enfin, dans le ohapttre IV (Disoours et
.éialanga-ge) nous étudierons les éléments de dénatation tels qu'ile se dégagent des w,rmpt&mes idéologiques suivants. l'énonoiateur, le loouteur et les oonditions d'énonoiation. Cette approohe
théo-rique nous permettra d'analyse~ la signifioation du syst~e
idéologique réel du disoours de Robert Kantera.
J
Dans oette perspeotive théorique, notre démarohe méthodologique a été la suivant •• Bous a.ons analysé la
pro-•
,
"
•
1.
4
duotion li it.§raire de Robert Kanters dans Le Figaro Li tt.§ral're pendant l'ann.§e 1970. A partir du dépouillement de oes artioles, nous avons .§tabli plus de mille fiohes oontenant ohAoune un .§-nonoé que nous avons ensuite olass.§es d'apr~s nos sohème~ théo-riques. Pour la. présentation de oe m.§moire, nous nous sommes limit.§s à l'analyse des .§nono.§s que nous oonsidérons représen-tatifs de notre olassifioation th.§orique.
Pour oonolure oette introduotion, nous tenons à
exposer notre hypoth~se de travail. tout disoo~s présuppose un ensemble de valeurs qui o.nstituept l'idéologie du disoours et tout oritique, qu'il soit oritique littéraire ou non, s'appuie sur oes valeurs dans son analyse et tranSMet par le fait mame oes valeurs idéologiques dans son discours •
•
"
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•
5 .
•
• 1l'OTIS
(1) BARTHES, Roland, Le degr' .'ro de !"criture. E1'ments de
-.,
/ sêmio10sie. Paris. Gonth1.r, 1970. pp. 166.(2) DUCROT, Oswald, Dire et ne' pas dire. Parisl Hermann, 1972.
,
...
.
"
.
•
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-
1-1
L
CHAPITRE II 1 DISCOURS ET PRESUPPOS ITION
Dans oe ohapitre, nous tenterons de définir l'en-semble dMprésupposés qui sous-tendent le discours de Robert
- ~
Kantera. A oette fin, nous nous appuyerons sur la théorie dae ,
présupposés telle que dévelo~pée par Oswald DUCR~T dans son
6
.1 ivre Di re et ne pas dire (l). Dans le oadre de notre étude, 1 ~
notion de présupposé est un outil analytique qui nous permettra de mieux saisir le ohamp idéologique et référentiel du disoOurs
de Robert Kanters, par l'expQio~ation d'ensembles de oonnexions
'. ,- J ,
et de propositions épistémiqueso En fait, le phénomène de la
~
présupposition fait apparattre à ~'intérieur du disoours les
é-,
léments idéologiques qui oomposent l'esthétique du oritique Robert Kanters.
Pour O~àld DUCROTJ le disoours peut se déoouper de
la façon suivantes il yale p.s', le présupposé et le
sous-entendu. Ces trois notions se définissent l'une par rapport à
l'autre de la façon suivante dans le oadre de la oommunioation. "Si- 1e'Jpsé est oe que j'affirme en tant que
loouteur, s1 le sous-entendu est oe que je
laisse oonclure à mon auditeur, le présupposé
est oe que je pr6sente oomme OOllDlun aux deU%
personnages du dial~gue, oomme l'objet d'une
complioité fondamentale qui lie entre eux les
partioipants à l'aote de oOlllJllunioation" (2).
"A
travers oes métaphores qui t~ntent dedé-orire oomment sont res8en~i8, dans
l'exp'rien-ce de la communioation, le posé, le pr'.upposé et le sous-entendu, une opposition profonde s. fait jour entre les deux premiers d'une pàrt et le troisième de l'autre. C'est que le sous-entendu revendique d'&tre abs.nt de l'énonoé lui-m&.e, et de n'apparaitre.que
lorsqu'un auditeur réfléohit apr~s ooup .ur
oet énonoé. Le préaupposé au oontraire et, à
plus forte raison, le posé, .e dpnnent oo . . e
un des apports propres de l'énoncé (mAme si, /
•
•
dans le oas du présuppOsé, oet apport véut n'itre qu'un rappel d'une oonnaissance pas-sée). Ils se présentent oomme choisis en
même temps que l'énono~ et engagent par suite
la responsabilité de celui qui a choisi
l'é-noncé ( mêm~ si dans le cas du présupposé
le locuteur eSBaie de faire partager cette responsabilité par l'auditeur, en déguisant oe qU'il-dit sous l'apparance d'une croyance oommune)" (3).
~, 11
Le présupposé appartient au sens "littéral" du dis-cours par opposition au sous-entendu qui est absent de l'éncncél
or, il n'y appartient pas de la même façon que l~ posé. Quant à
la fonotion des présupposés dans le disoours)Duorot en parle en
ces te~ess
"Quant aux présupposés, s'ils ont une fonotion, c'est °comme condition de cohérence. Ils assurent (en commun avec d'autres conditions, mal con-nues) que les paroles prononcées appartiennent
bien au mime dialogue, qu'elles o~n.tituent un
seul texte - et non une collection d'énoncia-tions indépendantes. En d'autres termes, en ohoisissant un énonoé qui oomporte tel ou tels présupposés, on définit de oe fait une oatégo-rie d'énonoés susoeptibles de, le oontinuer (ou en tout oas, une oatégorie d'énonoés inoapables
de 1. oonti~uer)"
(4).
o
L'auteur de Dire et ne pas dire aooorde au présupposé un pouvoir juridique du loouteur sur le destinataire.
"Présupposer un oertain contenu,' 0' est plaoer'
l'aooeptation de oe contenu comme la condition
o ~
du dialogue ultérieur., On voit alors pourquoi le ohoix des pr'supp •• '. nous appara1t oomme
l'aote de p~ro1e particulier (que nous appelons
~acte de présupposer) aote à Tal.ur juridique,
et donc illooutoire, au sens que nous aTons donné l oe terme. en l'acoomplissant, on trans-forme du .&me ooup les p08sibilités de parole de l'interloouteur. Et 11 ne s'agit pas là d'une transfor.ation de type oausfl, lié. au
fait que toute énonoiation influe .ur le8_
croyanoes, désirs, int~rit. de l'auditeur. Il
.'alit au contraire d'une transformation in.-titutionnelle, juridique. o. qui .st modifié
J,
~ " (,
.
~,
•
.
".
Il Q 0•
"•
ohez l'auditeur, o'est,son droit de parler - • dans la mesure au moins où il veut que "sa .1)\ " ' , parole s'insorive à l~ntérieur du dialogue
préoédent. Pour oomprendre le phénomène de la présuppositlon, nous avons di ainsi le relier à l'idée que le disdOurs (et non p~s
seulement l'énonoé) a une strUcture et que la oonservation des présupposés est une des lois définisB~nt oette struoture. C'est pourquoi leur ohoix limite la libe~té de l'auditeur en l'Obligeant - s'il veut pour-suivre le disoour"s amoroé - à les prendre ,pour cadre de sa propre parole. Lorsqu'on introduit des présupposés dans un énonoé,
bn fi~, pour ainsi dire, le prix à payer
poùr qU~ la oonversation puisse oontinuer"
(5).
Le présupposé est un élément de l'énonoé et. du dis-oçurs qui appartient au mime titre que le posé au sen!5 "littéra.l" de l'énonoé alors que Le sous-entendu en est absent. Le"présup-posé est ~ussi oe qui est oommun aux deux éléments de la oommu-nioation, le loouteur et"le destinataire &t qui rend possible le dialogue. L'aote de présupposer a aussi une valeur juridique et institutionnelle dans la mesure où elle oblige le destinataire à aooepter Oes marnes présupposés s'il veut à son tour pr:pdre la parole. Duorot refute toute è lioation psyohologique que l'on
•
voudrait donner à la présuPPoSl
~Elle
(présuppOSition) e.a~ait
d'autre part,s'expliquer par des oonsidérations de type p~
ohologiques alors qu'ori peut espérer expliquer , dans une psyohologie du disoours l'espèoe
d'au-torité que prennent les affirmations non refu-tées, i l s,emble p"arfai tarn'ent arbitraire, et lié
immédia~ement à l'institution, linguistique, que
l'emplOi de telle expreesion,présuppoae telle proptfsi tion qui" dans un autre énonoé, appa-raltrai t a:Yeo les oaractères du po'ilé. Si dono on prend en oonsidération le phènomène de la présupposition, et 8i on le définit, à notre t890n, OOIlllll~ un pouvoir juri'dique donné au- -lo-outeur aur·le destinataire, il taut alors ad-mettre que \1 r aotion de. interlQcuteurs l,es u.
sur le. autres n'e.t pa. un effet &coid~tel
'de la parole, mai. qU'elle est pr'TUe dan. l'_ organisation mame de la
.
~angue~ Oelle-ci .st,
.
..
•
-, t
\ ' '1
, 1
dono bien plus qu'un !dmple in8~rument pour
oommuniquer des informationss elle oomporte, in,orit dans la syntaxe et le lexique, tout un; oode de rapports humains" (6).
,9
Il se peut quelquefois que le prêsupposê apparaisse oomme une
vérité qui va de soi, qui affleure en surfaoe en se donnan~
(
oomme ~e ~axime gênêrale susoeptible de rêgir d'autres énonoês,
mais qu'o~ ne peut pas reoomposer à pa~tir de spêoifioations.
Le pr~suppos~ ne rêgit pas toute la dêmarohe et il ne faut pas
oonfondre oette présentation Qyeo l'affirmation de son êvidence qu'est le posé.
,
Afin d'il~ustrer la notiom de présupposé, nous ,
avons ohoisi un exemple de p~~s~pposé ohez Robert Kanters.
,
"~~is le personnage,prinoipal, o'est la rbutes l'important, o'eat la route. Une vieille route de oivilisation, aouvènt
perdue, engloutie par l~ vé~tation" et
oependant ~moore repérable. Nous 18..1
suivons ••• "
(7).
Dans oet énono', oe qui est posé est le suivants ~a route de la
,oiYilisation est vieille, perdue quelquefOis, mais que l'on peut
,enoqre repérer. Deux présupposés se d'gagent de l'énonc~. D'une
~
part, notre oivilisation est en yoie de disparition, oe qui
re-lève d'une oonoeptiôn du mond, qui s'apPuie sur l'id~e de
catas-~ ,
trophe. D'autre part, l'éyolutlon de la oivilisation est
paral-lèle à l'évolution naturelle du monde, ce qui mène à une
conoep-tion souvent "biologique" de la sooiété.
En utilisant l'outil analytique qu'eat la
préauppo-sitton, nous 'ayons défini les granda axe. de lâ ~ens'e de
Robe~t Kantera à p~rtir d'un éohanttllonage de s.s articles
pan. dans le )liero Li tt'raire durant 'une année de
paru-tion (1970), et dont Rob.r~ Kantera 'tait le oritique littéraire.
De Dotre analys., "~;' 8',eSt d'gap trois grandes qa't'goriee det>
propoaitions pr6suppos' •• qui eon~ binaire.
dan,
leur e%pre.8~on 'et qui oompo •• nt l'axe diaohroniq •• d. la pena'. du oritiqu.
fi
•
!
10
litt~raire. Ces trois oat~gories d'enaembles pr~suppos~s
re-oouvrent les tro~s niveaux du disoours de Robert Kantera, à
savoir,
1) le niveau #u texte, o'est-à-dire, l'objet d'~tude,
la littêrature, et qui .'exprime par la proposition binaire
savo;r et littêrature. ~
2) le niveau du oontexte sooial, o'est-à-dire le sujet d'êtude de la}ittérature et du savoir et qUi s'exprime
par la propositi~n binaire monde et vie.
3) le niveau du oontexte moral, o'est-à-dire,
l'en-1
semble des prinoipes qui guident la produotion ou l'aotion et
qui s'exprime par la proposi~ion binai~e bien et mal.
Ce d~Ooupage con~t'itue lei trois niveaux qui nous sembltlllt
oômposer le système idêologique qui sous-tend la pensêe de
Robert Kantera. , •
Ces trois oatégories sont caraotêris'es par une
s'rie de propositions pr~BUPPo8'es
.
qui sont oommunes à toutesles trois. Ces ensembles d& pr'suppos's sont binaires égale-lDent dans leur expression et oonlti tuent l'axe synchronique
de la pens'e du oritique.
Nous avan90ne qua~re oonnexions binaires pour
ex-1
pliquer l'axe ~chronique de la pene~e de Robert Kantersl
..
a) tamanenoe et !lstême
b) oontinuit' et disoontinuitê
0) aoquisition et pouvoir
d) t'Udi vicinaii tê et oolleoti vH~
Pour ohaoune d •• troie oat~gories diaohronique., nous essaierons
de d'finir si, par' exemple, le 8ayeir est oo~yu en terae.
d'im-1
.. an.mee ou de syat"., s'il est oontinu on disoont,inn, s'il
est individuel Ou oollectif, et ai l'hoame peut l'aoqu'rir quel
pou?Oir peut-il (ou ne peut-il p~8)t!n d'gager •
..j
•
,
.,
•
{
Ce_s deux axe. diaohronique • • t ~ohroniqu.s oonstituent 1.,
.y.t~. 4e notion., 4e valeur. et 4. prinoip •• qui oo.posent
l'id6010gie d. Robert Xanter. (Voir 'l'ab;l,eau 1 ). l'ous a1lon. examiner ohaque oat6gorle 4. propositions pr'.uppo.'e. afin de d'gager en profondeur, ayeo l'ai4. de. oaraot'ristiques otamun •• , le. '168.nt. ae la. obnoepttoD du .on4. de Robert Kanter •• D \
,
11 • ~. _ ... r',•
i'•
1. immanenoe système , { {..
...,. ,i -J. 'llABLEAU l)
AXE DIACHRONIQUE ). aoquisit on 4~ pouvoir mOD.de bien .a1 \-L ____________ _____ . ______ _ 12 l ' J ,\
•
~\•
113
II.J..O. SAVOIR ET LITTERATURE
"
j La 1itt~rature est p~ur Robert Kanters l'objet
d"-tude auquel il se livre en tant que ori~ique littêraire. Elle
tait partie du savoir qui oonstitue le premier niveau de l'axe diaohronique de sa pensêe. Nous a110n8 aborder oette oatêgorie savoir / litt'rature en examinant 1es deux 6l'ment. de oe
sous-système individuellement à partir des oaraotêriatiq.e.
synohroniques.
,
II.t.1. Immanenoe
A
SlstàœeDans cette .eotion, nous essaierona de d6tinir .i le savoir ,et la littérature aont oon9ua de ta90n iamanente ou s'il en existe une oonoeption ayst6m(que. Par oette oonnexion
immanenoe / 81st~e, noua voulon. définir ai la oonoeption du
savoir et de la littérature de Robert Kanters eat une
oonoep-tion qui se dêtini t par une notion de système ou pas, la
notion d'immanenoe pepr6aentant oe qui n'eat pas oon9u de
oett. mani~re.
lotre ana17se Doua a permis de oerner oe qu'est
le savoir
po~
Robert Iantera. Il oo.prend tout oe qui.
pe~t
Itre saisi et oonoeptualisê par l'esprit. Woua ayons rele~'
en plu. de la litt'rature de. expressions telles que "culture",
J
,"soienoe", "phil~aophie", "aooiolo81e" ~e étant dèa torme.
de savoir. La li tt'rature oocupe une p1aoe de prem1ltre
iapor-tanoe dan. la .eaure o~ elle oon.titue ,oD domaine de
reoher-ohe •
•
•
•
Ce qui ressort à priori
dt
l'analyse que nous faite c'est que èe o~itique ne conçoit p~s la litt~rature et le savoir totalement' en termes de système ni uniquement en ter-mes d'immanenoe. Examinons les propositions présupposées pour ohacun."La culture, on le sait, o'est oe qui reste
dan~ l'esprit, dans la moille,vdans la main
qui trace des lignes surtout quand on a ou-blié tous les noms pr~pres"
(8).
"il suftit d'aborder le livre oomme on a-borde oertains poèmes, de se laisser baigner dans une sorte d'esprit d'immanenoe. L'
esprit souffle sur les eaux et ohaque leo-teur peut se laisser baigner ainsi parce que M. Perrelet est un artiste"
(9).
Dans le premier exemple, la proposition présup-pos~e est que la culture es~ un élément biologique, que l'on vit plutôt qu'on ne oonçoit de façon rationnelle, struotur~e,
organisée ou scientifique. La métaphore qui se dégage du
de~
ième exemple ne fait qu'appuyer la proposition posée dans la première phrase. L'approohe du saToir est immanente, il faut la vivré aveo notre corps et laisser notre esprit en être en-touré."Si l'instrument est imparfait, il me semble qu'à OèUX qui sont imparfaitement bilingues, oomme moi, il pourra rendre de grands servi-eea, nous aider à deviner quelque ohose d'un monde prodigieuse.ent riche et varié où l'era-béranoe des image. et des formes oorrespond non point au oaprice ou l la préoiosité mais à l'exubéranoe et lune exaltation.de l'eaprit prenant orgueilleusement possession de la planète dans tout •• sea dimensions ••• " (10).
Ce qui présuppoae oet énoBo', o'eet que tout peut noue permet-tre d'aoquérir un oertain savoir en "deTinant" et non pas en le oonoevant de'mani~re atruotur6e ou eystlmique.
Il .xiB~. néanmoins, ohel Kantera, une oonoeption
•
•
....
"Ami de Pontus de Tya.rd, tra.i t d'union entre l'éoole lyonnaise et La. Pléiade, Pelletier du Mans semble avoir bien oompris oe que l'arma-ture soientifique du savoir peut apporter à 'la vision du poète" (11).
"L'idée de départ est simple. La guerre est par exoellenoe un ph'nomène sooia1, qui vient périodiquement secouer les sooiétés, et oela depuis qU'il,! a des hommee-, aemb1e-t-ils Pourquoi ne pas l'étudier soientifiquement? D'autant que les considérations rhétoriques, sentimentales, poétiques n'aboutissent à rien ••• " (12).
"Essayons dono d'oublier tout oe qui relève de l'oocasion g'opolitique et du sentiment. La guerre trouve toujours un prétexte. le
nez de Cléopatre, le ooup de ohasse-mouohes ou la atuation de Da.ntzig. La va.riété et la. futili té de oes prétextes montrent que oe ne sont pas des oauses ... (13).
15
Il ressort très olairement de ces trois citations qu'une oonoeption sOientifique ou Ilfstémique du savoir est une
démarohe essentielle pour arriver a~avoir. Or, non seulement la démarohe doit 'tre soi entifique mai s i l exi ste des formes du savoir qui sont systémiques, oomme par exemple la philosophie.
"Tel qu'il est l'ouvrage risque de ne pas plaire beauooup. Il n'apporte pas de l'eau à oeux qui se gargarisent d'oniriane lit-téraire, et il Y' en a beauooup aujourd'hui. Il leur inflige même disorètement une le-90n de modestie et de vérité. Et i l risque aussi de ne pas faire le poids en faoe de. grands systèmes de "Traumdeutung" " (14). " •.•• le marxilIIIe n'en existe pas moins
au-jourd' hui 001llJll8 un bloo de penstSe que, par
exemple, depuis la «uerre, ni l'exis1entia-lieme ni le etructurali ... e n'ont pu ignorer, oomille une :tQ1'IIe de pene'e dOllinànte" (15).
Un pr'auppostS oonunun aux deux oi 'tations eet que le savoir est
un ensemble de .ysthe. qui ont leur propre logique. Dan. le pr_ier exe1llp11,oe qui au.si pr6euppoe' 0' eat que l' iBlllaneDoe
•
•
16
est présupposé 0' est que le savoir est un système oomposé de plusieurs Bous-systèmes où il existe des liens entre eux.Ce qui relt'Bort de oette analyse de la oonception
,\
du save ir de Robert Kanters en termes de système ou de sous-système, c'est qu' ell e démontre qu'il exi ste une contradio-tionJ d'une part, le savoir est immanent parce qu'il appar-tient biologiquement A la nature de l'homme, d'autre part, le
,
savoir est un ensemble de systèmes qui est soientifique, struc-turé, logique et rationnel. La oontradiction noua semble être le réaulta.t d'une opposition théorie
1
praxis.EJl théorie, oud~anière rationnelle, le savoir est un ensemble de systèmes
de pensée que l'on peut saisir aveo l'esprit. Or, dans la praxis, le savoir est immanent, il est partout, et il appartient au
domaine du biologique. Ce qui est contradictoire, c'est une oonoeption du savoir qui. se veut rationnellé et f!ysUmique devant l'impossibilité ,de la mettre en pratique autrement que d'une manière biologique, immanente et dépourvue de toute ap-proche soientifique.
La littérature appartient pour Kanters au domaine du sf,\voir. Si l'on !!le fonde sur les oeuvres qu'il aborde dans Bes artioles, la littérature o'est la poésie, le roman, le théâ-tre et la oritique littéraire. Cependant, il analyse quelquefois des oeuvres qui relêvent d'un autre domaine que la littérature oomme par exemple la philosophie, la polémologie, la zoologie ou l'histoire de l'art (16). Les poètes, les romanoiers, 1e8 a.uteurs dramatiques, le8 ori tiques l i tt'raires et les journa-listes font aussi p&rtie de 0411 domaine qu'est 1& littérature.
Pour la littérature noulJ retrouTonl éga.1e.ent l' op-~
poal tion immanenoe
1
B;YstlMne qui lous-tend ses 'ori tl de ori-tique li tt'raire."Le8 sentierlJ de la cr4Sation oonduisent peut-Atre toujours dans une torit ob_oure et a'y perdent 1 du Iloina noua tont-lls a.ller un peu
plue loin que la ori tique" (17) •
•
1
••
.
.
"Il ne s'agit pas d'une simple promenade et d'un prétexte à la littérature ( ••• ) mal., \l'un grand effort oontinu pour cap-ter pour nous la rumeur du monde vivant, toujours si proohe et si vi vent" (18).
"Maia en fait si oes admirables oartes nous retiennentlbien plus que par l'a-neodote ou tes qualités formelles, o'est
que ~ésormais le sens,lest à 1 'int~rieur
des ,ohoses de la vie,- dans le oomportement
.et dan~ la moiHle des ''Personnages et non
plus dans leurs paroles ou dans les oom-mentaires d'auteur" (19).
"Si vous êtes un leoteur dooUe et at-tentif, cela ne vou., para1tra:.~ "fan-tastique" mais naturel, paroe que Terence Fingal et M •• Marcel Brion, comme nous le disions tout à l'heure pour une peinture ou une musique, noua font entrer à l'inté-rieur du romana voua êtes avec Fingal dans aa poursuite du souvenir et du bon-heur" ( 20 ) •
17
Ces quatre \ t§nonoés ne relèvent pas d'une oonoeption systémique de la littérature. Une mime proposition présupposée se dégage des deux première. oi tations par le biais de la métaphore bio-logiques ~e savoir, et dans oe oas la littérature, possèdent une certaine struoture (" farit", "monde") mai s I ' approohe de
oe savoir est immanent~t non pal struoturée. D"ailleurs 1 'op-posi tion "or~ation" / "ori tique", dans le premier exemple nous révèle l'attitude de Kantersl 18 oritique présuppose un sys-tème de pensée analytique et logique, or, l'opposer à la oréa-tion présuppose que oe dernier ne relève paa d'une démarohe syst'mique. Ce qui est prbuppod dans le troisi~me exemple confirme oette dêmarohe non-syaUmique. le savoir ne rtlève pas d'une dêlllarohe analytique maie" e8t préeent partout de fa-9 0n immanente."A l'intérieur de. oho.e. de la vie". Dans le dernier 'nonoé, la proposition présupposée e.t la Buivante1 ce ql11. est naturel, oe n'~st pas une démarohe qui est analytique ou struoturh, mais qui eet un prooessus où l'on revit 1 • • avoir
•
•
, , , >,
ou la littérature • \,
, " ;/ ~ ,18
îLa littérature, o'est aussi pour ~anters un sys-tème .. C'est d'abord un syssys-tème de signifioation et un syssys-tème de oommunioationl
"Rien n'est hasard rion plus dans oe gros roman où nous avons à. repérer les si gnes et dont on ,nous lail!lse dégager la si gni-fioation" (21~.
"Suggestif de quoi? D'un lIystère dans la fonotion du langage quand on le détraque un peu. C'est la oommunicabilité plus que l'inoommunioabilité qui est illustrée ioi, et o'est pour oela que je voyais en M. Tardieu un préourseur de M. Ionesoo, mais un préourseur qui va à,pontresens" (22).
La littérature et le savoir, sont des systèmes de signifioation qui doivent 8tre déohiffr~~ afin de pouvoir saisir leur oontenu. Ce sont ~galement un ~stème de oommunioation qui permet un é-ohange des idées qui oomposent le savoir.
La ori~ique littéraire est également un système de
produotion qui est marquée par p~usieurs oourants qui s'opposentl
"L'intérêt du rapproohement de oes deux livres parus presque en mime temps est aua-si de montrer aux prises aveo le mAme
sujet deux éooDes de la oritique oontem-poraine. L'ouvrage de JI .. Castex est un ouvrage de critique uniTersitairel disons tout de sui te que 0' est oe qui tait son
prix" (23)
*"
"L'important, o'est l'apport de la ~éthode
baohelardienne à. la ori-tique d'aujourd'hui pr'oooup'e de la sensation ou de l'image, ou préoooupée d. psyohanaly,e"
(24).
"JI. Ca.tex met bien en lumi~re les pas-sages où Baudelaire dit .on admiration pour De1aoroix et pour Ingres et pour DaUllier, oe qui nous 'Yenge au passage de tant de nigauds, de la oritique d'art et de la oritique littéraire d'hier et
•
•
" jourd' hui qui prételldent déni er le droi t
d'ai~er telle forme et ~elle autre sous
prétexte que 'c t est dépassé t " (25).
19
Une valeur négative est attaohée au système de production qu' est la oritique littéraire. Dans le premier exemple, ce qui est présupposé est l'existenoe de'plusieurs courants de oriti-que, oertains ayant une valeur positive pour Kanters, d'autres une valeur négative. Dans les deux autres exemples, l'on présup-pose que la critique littéraire est un système de production
Cf
dégradé et oontraignant.
dégradé.
La littérature oomprend aussi un système social
"M. Julien Graoq refusa le prix Goncourt après avoir dénonoé ies bassesses et les oomplaisances de notre système littéraire. Le système a continué, chaque automne la
littérature se fait toujours à l'estomac" (26) •.
"D'une manière paradoxale, notre
journa-lisme, à la reoherohe du sensatiQnnel plus
que de l'important aplatit toutl la mort
de Bertrand Russell i l y a quelques semaines
n'a pas fait plue dei bruit, au oontraire Clue celle d'un écrivain de seoond ordre ou
d'un ohanteur de mUlio~hall" (27).
Ce qui est présupposé dans oel deux énonoée est la valeur
né-gative qui e8t at~ribu~e à la littérature en tant que syst~e
de produotion. Dans le premier exemple, o'est la oorruption du domaine littéraire lorsqU'il est intégré dans la sooiété par le
système de reconnaissa~e que sont les "prix"de l'ann'e. Dana
le deuxième. exemple, une valeur négative eet attaohée à la
qualit' médiocre d'un seoteur de la produotion'littéraire, le
journa1i_e. Kanters
l~A':lmet
faire partie de 0_ qet._ deproduction dégradés
nMais, en homme du .ime métier, on me permet-tra d'admirer ausai le. artiole. où l'on
fourre un peu de tout que nous sOllBles
par-tois oblis'. d'écrire. pour suivre l'aotualité"
(28).
(J ()
•
!
.'
"Je n'ai pas, je l'avoue, la oompétenoe néoessaire pour entrer dans les détails des disoussions, je ne vous y entra1ne-rai pas et, d'ailleurs, j'ai l'impression que M. Maurioe Clavel lui-mime n'a nul-lement là prétention d'&tre un dooteur en marxologie professionnel" (29).
20
~ La proposition présupposée dans oes deux énonoésest l'idée d'un système de produotion littéraire (la oritique) qui est dégradé paroe qu'il n'est pas oompétent. Ce Slfstême de produotion pos-sède des oontraintes qui engendrent une produotion (artioles) également dégradée. En fait, en dénonçant les formes de perver-sion et de oontraintes du système littéraire, oette expresperver-sion de désaooord oritique lui permet de sauver son propre r~le en
faisant l'éoonomie d'une remise en question.
Devant oette contradiction entre la littérature oomme système et non-système, Robert Kanters propose une appro-ohe de la littérature qui est "un dépassement" de cette oontra-diction.
"P'oint de Dieu, point de diable dans ce Baudelaire, point de femmes non plus,
(les semblables, c'est surtout la foule, la masse des hommes). o'est de la oriti-qUé pure, ou plutbt préalablement purifiée, aseptisée. Et sans doute l'anecdote bio-graphique ou intelleotuelle
(.~_)
n'a 'pas~
grande importanoe. Mais le lie. de pensée avec la nature, la beauté, le oiel, des idée_ morales, le paradis non seulementvert ou coloré, mais dessiné, structuré
0
upar l'intelligibilité, est-oe négligeable?" (30).
\ -~
Ce qui est présuppos~ dans cet énonoé, o'est que la bonne oriti-que littéraire ne doit pas 3tre s~ul_ent une analyse systémi-que de la sooiété mais une oritisystémi-que qui tient oompte de la na-ture, de la morale et du bien et du mal. En fait, oe dépasse-ment n'est que superficiel oar Kanters garde les deux aspect. ,
.
nettement s'paré. et utilise une approohe _ystéMique et non-struotur'e, _ai_ d'gage de l'oeuvre 'tudiée tout oe qui•
'1 \ \\
"\,
•
pond à ses oritères de jugement. C'est oe' que nous nous pro-posons d'analyser dans les sous-seotions qui suivent.
II.1.2. Continuité
1
Disoontinuité\ ,
Dans oette seotion noua allons analyser la
oaté-1
21
gorie savoir / littérature en termes de ,
.
oon~inuité ou de dis-oontinuité. Notre hsPothèse est la suivante. le savoir repré- ' : sente un ensemble qui e~~arqué par la oontinuité. Certaines notions présupposées telles que les notions de tradition. d'in-.
flue'noe, de développement, de t~néologie et de mentalité qui sont présentes da.ns le disoours de Robert Kanters viennent ap-, puyer no~re hypothèse."Ami de Pontus de Tyard, t:tai t d'union entre l'éoole lyonnaise et La Pléiade, Pelletier du Mans semble avoir bien oompris oe que l'arma-ture soientifique peut apporter à la vision du poète ••• " (31).
Ce qui est présupposé dans oet énonoé est que la oontinuité du ,savoir est'assurée par la notion de tradition (les 6001es
lit-téraires), par la notion d'influenoe (les rapports entre ~eux
éooles ou entre les auteurs y appartenant), par la notion de développement (le trait d'union entre deux éooles) et par la notion de mentalité (ou les res~emblanoes qui BOnt oommunes).
" ••• le marxisme n'en eltiste pas moins aujourd'-hui oomme un bloo de pensée, que,par ~emple,
depuis la guerre, ni l'existenti~lisme ni le struoturalisme n'ont pu imnorer, oomme une forme de pensée dominante ( ••• ) Mais ses insuffisances peut-Itre, son 'aliénation' aussi au profit de la poli tique étrangère d'une grande puissano,e font sentir le besoin d'une.~étaphysique sociale nouyel1e" (32)"
~
t
Dans oet 'nonoé, plusieurs notions nous mènent à présupposer que le sayoir est oontinu. La notion d'influenoe est .arquée par les rapports en~re le marxisme, le struoturalisme et l'exis-tentialisme. La notion de développement est aussi une
proposi-) '
..
•
<?}
•
22
tion présupposée dans l'idée qu'il faut reoheroher "une méta-physique sociale nouvelle". A oette notion de déveloPP8ment s'ajoute aussi la notion de téléologie dans le sens d'une évo-lution qui va ver8 un stade normatif.
Le savoir est oontinu oar oe qui est présupposé, o'est que le savoir repose sur les 'notions de tradition et ~
d' infl uenoe s
"En fait le marxisme utilise et o'omment en Sèrait-il autrement question, une notion enoo~e classique, issue de la philosophie olassique de l'homme" (33).
"On oonnaît la menière de M. Georges Poulet ( ••• ) Il semble appuyer ses ana-lyses sur une philosophie Kantienne, Moins celle de la Critisue du Jugement que les formes à priori de la sensibi-lité, l'espaoe et le t~",?s ••• tt /34).
~
•
\
Dans le premier exemple oe qui est présupposé o'est que le savoir est
fondZ~u
infl uenoé par la "notion de o . q u ett qui assurela oontinuité entre le savoir acquis et le savoir nouveau. En fai t, oette oonoeption q~i olie dans "la co~tinui té les valeurs traditionnelles ~~ valeurs nouvelles permet au oritique,de faire l'éoonomie d'une re.lse en question et de postuler qu'il faut arriver à un dépassemént (voir oitation n032). Dans le
deux-~ème e~emp1e oe qui est présupposé, o'est q~e la oontinuité du
savoir ~st assurée par la notion d'inf1uenoe.
La oontinui té est marquêe dan-e. le disoours de Roberts Kanters par la notion que le savoir repo.e en partie sur un d&jà-diti
·Si voua pouv •• lire Monte.qu,eu, qu'il oi~e
souvent, vous pouvel lire notre polémologue" (35) •.
,
"C'estun
peu oomme un Disoours de~ean-,Jacques qu'il faut lire oe Qui est l.lih&?, en notre te.ps qu~ «rand b •• oin aussi d'une r&volution d.s idées et des théo-rie." (36) •
Q
j (
•
•
•
23
J,
,La not~on de déjà-dit est une proposition présuppos'e qui per-
,-met d'établiT des liens entre les différentes 'tapes du savoir et donc d'assurer la continuité.
'.
La discontinui tC§ q~e l'on ')peut trcuver dans le
{
savoir s'exprime dans le discb~s au critique par tout ce qui
est-opposé à la notion de classioisme et à la notion d'univer-sali té. ,
Hil a le mérite ( ... ) d'y avoir conserTé
du bien Tieux et d'avoir montrC§ que oes
tr~. vieilles idées' avaient de plus en
plus de mal à s'incarner d&ns le monde
aujourd' hui" (37).
Ce qui est présupposé dans oet énonoé, o'est que le savoir est
disoontinu dans la,mesure où ~l .'assure pas l~ oontinuité. Ce
qui a.~ure la oontinuité, oe sont les~0tions d'universalité
•
et de 01aBs1ci sme.
"Et pourtant cette oeuvre'mérite.notre sympathie et souvent notre admiration, par l'aouité de l'obserTation psyoholo-gique oomme par la nudité toute olas-sique de la prose danB laquelle elle
s'exprime" (38).
"quel est dono ce texte réel qu'il
suf-fit de lire, ce texte de la yraie vie? ( ••• ) Cette conoeption de signatureB
natur~ll . . , d'une éoriture
universel-le de la vie que nous avon. à lire pour nous lire, ne riaque-t-elle pas
de conduire à ua. conception mystique
ou hermétique, comme André, Breton l'a
BU alorB que eon anoien compagnon
parais-sait s'en tenir A un réali . . e plus
élé-mentaire? Ou ~out au moins n'7°aur~t-il
pas quelque difficulté à expl~que~ oe
texte, préexistant et accord' (en
ao-oord) aTec l'arti~e, par de.
considé-rations de biologie matérialiste?" (39).
"Argentin et ooeaopolite, 00 . . .,o1i1e
00 . . . . eul un Arg.ntin peut l'Atre paroe
qu'il ne se pose pas d. question partiou-o
•
•
' /
'.'
lière d'héritage à l'égard de la lit-térature française, angYBise ou mime espagnole, mais en mime temps Argentin
de Buenos Aires, de Palermo, du tango" (40).
24
La proposition présupposée dans oes trois énonoés est qu'il existe des formes ~ savoir qui sont universelles et qui devien-nent olassiques paroe qu'elles oonservent une
qui permet une oonoeption oontinue du savoir.
valeur absolue
- )
Enfin, oette oonoeption de oontinuité du s~voir
est fondée sur le parall'lisme entre la oontinuité de la na-ture et la oontinuité du savoir. Or, la oontinuité du savoir ,d6it, selon Kanters, reposer sur une oonoeption métaphysique
du savoir et du monde.
"Mais si le marxisme est une philosophie, et matérialiste, quel sens peut garder de cette philosophie, la notion d'aliénation, de réduotion à l'état de chOse? ~e faut-il pas prooéder à ~e remontée, à un reglis-sement de la liberté économique et politi-que à la liberté métaphysique?' Et cheroher une métaphysique de l'aliénation sooiale différente du marxisme et qui rende un compte exaot de la réalit~.oonorète d'au-jourd'hui?"
(41).
Le présupposé de oet énonoé est le ~uivant. le savoir doit nous apporter une métaphysi~e qui est parallène à la oontinuité de l'ordre naturel mata ne réduise pas l'homme l un "état de ohose". Cette position téléologique est en fait en eontradio-tion aveo sa oonoepeontradio-tion immanente du savoir oar pour Kantera bien que ts savoir 40ive itre "véou" de_l'intérieur, i l refu.e une philosophie de la vie qui donne une plaoe l l'homme autre que oelle qui repose sur une métaph1'1liq118 sublimée.
~'opposition oontinuité / disoontinuité s'applique
aussi à la littérature. -La tradition est un des tU_ents Iiu.r
lequel repose la oontinuité.
•
•
"mode du r~oit oommé par le milieu
bour-geois et qui satisfera sans doute les
liseurs de romans" (42).
"Oette .aison de Papier de Kme. ~ran90ise
Mallet-Jorisz est un livre modeste qui m'a
souvent remis en m~oire le oonseil fame . .
de La Bruyère. "Quand une leoture vous ~
lève l'esprit et qu'elle vous inspire des sentiments nobles et courageux, ne oherohes pas une autre règle pour juger l'ouvrage.
i l est bon et fait de main d'ouvrier".
Tant pis si oette oonception de la lit~
t~ra ture est d'un autre si èol e" (43).
25
Ce qui est pr~suppos~ dans oes deux ênonoés o'est que la
tra-dition est un êlément positif de la oontinuit~ du savoir.
La continuité du savoir est assurée êgalement par l'influenoe d'une oeuvre sur une autre, d'un auteur sur un
autre ou d'une idée qui est oommune à plusieur.~oeuvres.
"Je pensais au titre du beau livre de
X. Eric Ollivier, qui a oonnu à peu près
la mame époque au marne 1ge, J'ai oru trop longt"ps aux Taoanoea, et oette Eoole du Soir un peu trop prolongêe me donnait
de la méfianoe" (44).
"L'important, o'est l'apport de la,~é
thod.e baohelardienne à la cri tique d'au--,
jourd'hui, prêoocup'. de la sensation,
ou de l'image, ou préoooup~e de
psyoha-011'8e"
(45).
"C'e.t la oommunioabilité plus que l'in-oommunioabilité qui est illustrée ioi,
et o'est pour oela~ue je voyais en
Konsieur Tardieu un préours.ur de K.
Ionesoo, aais.un pr'ourseur qui Ta à
oontre.en."
(46).
'
\
Dans o •• trois énoa..oé., 11\ est préaupposé que la littérature
présente une oontinuité ~s la •• .ure où l'on peut rapp~oher
deux id6 •• et où l"on
P.u~
oonstater l'influenoe 4'1111 lIod. d.\
pensé. littéraire. Dans l~ ·~roi.i~. ex .. ple, la prop~ition·
,
,présupposé. eat qu'un. aut.ur peut '''re un ·pr'curs.ur_ ~
OOJltre-( 1
1
---•
\
•
,26
sens" oar o'est sur la tradition que repose oe qu'il apporte en
tant que préourseur. Or, oette notion de "préourseur à
oontre-sens" dénote l'impossibilité pour la littérature de sortir d'un oadre olassique et traditionnel afin d'assurer la oontinuité qui la marque.
"Vient la période des grands romans, des grandes réussites littéraires, de la vie parisienne brillante des
années ')0" (47). "
"Mais entre les romans de l'enfant
et les romans de l'adulte, il y a
une interruptions,o'est la période
surréaliste ••• " (48).
La littérature est marquée souvent d'une périodioité oomme nous le oonstatons dans les deux exemples oi-haut. Or, la dtsoonti-nuité de oette périodioité n'est jamais mise en question, l'en-semble de la littérature représente un enl'en-semble oontinu qui est marqué de périodes différentes.
La oontinuité de la 1itt6rature est possible grAoe au savoir aooumulé et que l'OD retrouve dans la oulture, par exemple.
"Mais personne ne s'y trompera, o'est l 'oeuTre d' un homme d' e.xtrlme oul ture.
La oult~e ( ••• ), o'es~ ioi la faoulté
presque magique de n'avoir pas besoin d'évoquer un tableau de tel ou tel
peint~e parae qu'on est entré dedans
et paroe qu'on sait y faire entrer le leoteur aveo .oi. Vous ne voyem paa un Canaletto ou un Guardi, voue Toye.
Veniae oomme si voua étiel l
l'inté-rieur d'un Guardi ou d'un Ca~letto"
(49).
, Ce qui est présupposé dans oet énonoé o'est que la culture, et le savoir .ent universels et reposent sur une notion de
olas-sioisme. Par ll-mime la oontinuité du savoir est assurée. \
Le savoir et la littérature reposent sur la notion
•
•
•
d'influenoe, de dêveloppement, de têlêologie et de mentalitê. La oontinuitê du savoir repose êgalement sur un dêjà-dit, qui
par l'entremise de l'univers.li'~ê""et du olassioisme qui
l'en-toure, ne transmet qu'un savoir vrai et quasi-absolu. Miohel Fouoault dans ses reoherches sur le savoir rêsume bien oette oontinuitê du savoirs
"Telle la notion de Trlldition, qui permet de repérer toute nouveau;é à partir d'un système de ooordonnées permanentes et de donner un statut à
un ensemble de phênom~nes oonstants.
Telle la notion d'influenoe qui donne
un support - pl us magique qu~
sub-stantiel - aux fatts de transmission et de oommunioation. Telle la notion de développement qui permet de déorire une sucoession d'évènements oomme la manifestation d'un seul et mime prin-' oipe organisateur. Telle la notion, s.rmmétrique et inverse, de téléologie ou d'évolution vers un stade normatif. Telles aussi les notions de mentalité .t d'esprit d'une époque qui permet-tent d'établir entre des phénoaènes
simultanés ou 8UocesBi~s, une
ooamu-Dauté de sens, de liens symboliques,
un jeu de ressemblanoe et de miroir"
(50).
II.1.3. Aotuiaitioa
1
PouvoirDans oette seotion, nous nous proposons de dégager
les propo~tions présupposées sur lesquelles reposent
l'aoqui-sition du saYOir et de la littérature d'une part, et le pouYOir
~qui se désage de oette acquisition, d'autre part.
"La leotur. d'ensemble, globale, d'un. telle oeuvre ne nous apporte pa. «rand
oho.el _ais il ~aut lire dêtail par
dé-tails, 00 . . . nous pouvons le taire
ai.4-_.t
aujourd' hui, grloe aUx•
•
28
Ce qui est pr~supposé dans oet énonoé, o,"est que l'aoquisition
du sa~oir est globale ou partielle. Ceoi signifie que tout est
potentielleMent souroe de Ba~oir, et que le savoir se trouve tout aussi bien dans oe qui est aoquis par le détail que oe qui est aoquis d'une façon plue globale ou syst~mique.
Plusieurs 'tapes ou démarohes marquent l'aoquisi-tion du savoir.
"Au leoteur, dono, de mener une double leoturel une leoture proprement dite, qui suit la ohaine de oet enohainement, oolle au r~el, vérifie ou aooepte les desoriptions, la marohe du réoit, le déroulement des aventures, et une leo-ture qui retient le sens et le pouvoi~
de suggestions des images, qui les~
laisse ~olore dans notre propre oons-oienoe sans au.un souoi de rh~torique
ou d'enohatnement rationnel" (52).
Ce qui est présupposé dans oet énonoé est le suivant. l'aoqui-sitto. ~u sa~oir se fait d'une part par l'intelleot qui porte un jugement rationnel, nous rejoignons ioi la oonoeption sys-témique du savoir dont nous avons parlé plus haut~ D'autre part, le savoir est acquis en intériorisant de façon immanente oe savoir, oe qui permet une aoquisition du savoir qui est oomparable sur le plan biologique A l'aotion de .e nourrir.
L'acquisition du savoir et de la littérature par une démarohe immanente semble Itre très importante pour Robert lCantersl
"Lises oes réoits oomme on oèd. de bon gré et lent . . ent à un envodtement, vous verre. bien, après, Oe que Oela vous aura appor1é. Mai_, à ooup atr, oela
~ous aura apporté quelque ahose"
(53).
"Oe n'est pas une leoture diffioile, o'est simplement une leoture qui doit
Itre patiente, et qui e.t d'ailleurs ~ réao_pensée, chemin faisant par de grands
•
•
"bonheurs d'évooation ( ••• ) et aussi par le sentiment qu'on marohe aux o&téa d'un homme disoret qui est l'honneur vrai des lettres de oe
t_ps" (54).
"C'est une oooasion du mime genre que nous donne l'Autobiographies nous
par-tageons les id~e. et le. jours, les
épreuves et les enthousiasmes de
Bertrand Russell ••• " (55).
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La proposition présupposée dans oes trois exemples est la niT&lltel l'aoquisition du savoir se fait par le biais de la leeture et' de la li tterature en "revivant". Cette notion de
re-véo~ permet d'aooéder au savoir d'une manière immanente. C.tte
approohe r.prés.nte le moyen le plus aftr d'y aocéder parce
qu'-il est naturel, et repose sur une oonoeption du savoir qui est
~ fondée sur l'aoquisition du savoir par l'expérienoe véoue.
\
Une autre approohe est celle du rivel"Il faut lire le texte et river dessus, et 'o'est par, la rlverie que oont.ur et leoteur oommuniquent le plus étroitement'. Ce n'e8t pas diffioile du tout et o'e.t peut-itre mime oe que vous faites
spon-tanément"
(56).
"En parlant tout de 8uite du rideau des raves, il indiquait déjà qu'il ne yoit pas dans 1. rave endormi (oar pour le rive éveillé o'est autre oho ••••• ) une porte pour laquelle on peut fournir
une olé" (57).
Il est présupposé dans oes exemples que le savoir et Bon acqui-sition sont tous deux i.aus du rive. le rive de celui qui orée et le rave d. oelui qui lit.
L'aoquisition du savoir e.t oependant .ouvent
"Je ne suis pas ~, qu'en dehors d. sa
langue d'origine, l'e.pacnol, .~ malgr'
de nombreu ••• traduotions, .11. (aon
(\
&
•
"oeuvre) ait atteint un très «rand publio •A vrai dire, par sa nature mAme, un peu
seorète et un peu ironique, elle ne le
peut guère. Mais elle oonstitue une sorte de rêgal très savoureux pour les lettrés
de tous les pays"
(58).
"Pas plus que nos informateur~ nous ne
saurons tout, et leurs hypothèses et les
natres resteront suje;ttes à oaution" (59).
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Dana oes deux énoncês, il est présupposé que le savoir possède
une origine seo~ète qu'on ne peut jamais totalement saisir.
L'aoquisition est limitée A émettre des hypothèses. Ce qui est
également présupposê, c'est que l'acquisition du savoir n'est
.' pas la mArne pour t.!jlUSI il existe plus\eurs nivea-.x,oe qui
pré-suppose que l'aoquisition du savoir est un prooessus
d'aocumu-lation.
-"Il faut bien dire qu'une grande partie de oe petit livre éohappe au leoteur franQais ordinaire, paroe qu'il est sans oesse question de poètes argentins ou
espagnols que nous oonnaissons tr~s mal
ou mame pas du tout, et paroe qu'on y
parle à ohaque page de ru.s ou de
quar-tiers de Buenos Aires dont les noms n'appellent pas d'lmages dans notre
espri t ••• " ( 6'0 ) •
NAu niveau le plus bas, et pour oeux qui lisent sana entendre, o'esl une ohro-nique domestique, pittoresque et amu-sante, aveo à.s mots d'enfants, son dé-filé de bonnes ou de femmes de ménage, généralement espagnoles, Bes oomplioa-tians et aea déboires ménagers" (61).
Le savoir ne peut atre acquia par toua de la mime fa90n. i l
exiate une struoture hiérarohisée dans l'acquis~tion du sayoir
comme il existe une struoture de-ola8ses dans la sooi6t4. Oe
i
qui est présupposé, o'est que tout homme peut aooéder au sayoir
mais seulement quelqu'uns T parYiennent.
•
••
" •••• t si la littêrature se de.ande si souv.nt aujourd'hui si elle va vivre ou survivre, o'est peut-Atre parce qu'elle
en est arrivêe à un degrê de raffinement
qui ne peut plus touoher qu'un petit nombre de profellsionne,le, signe avant ooureur, pressentiment d'une
oatas-trophe de la oivilisa~ion et non du
progrès" (62).
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Un des présupposé de oet énonoé, o'est que la littérature comme expression du savoir, paroe qu'ellenest réservée qu'à une élite
1
ne peut survivre oar le savoir doit atre universel et aooessible
à tous.
Nous tâcherons maintenant de définirquell~st
l'im-portanoe du savoir pour Robert Kantera et quel est le pouvoir qu'on peut tirer d. son aoquisition. Avant tout l'acquisition
du savoir permet à l'homme de mieux, s~ oonnaître.
"La reoherohe de la vraie figure inté-rieure, qui est la tAohe de la. vie ( .. ~.)
le narrateur renonoera apràe œ6r
exa-men à la mener par la psyohana1yse, et
il la mènera par ~'éoriture ••• " (63).
Par le biaill de la littérature, l'homme arrive à une plus gran.e
oonnaissanoe personnelle. Le savoir permet à l'homme d'aooomplir
sa fonotion la plus importante, oelle de la oonnaissanoe de soi
et de son d~veloppement.
"Bien entendu,'tout oe texte éorit aveo
de. mota déplaoés est parfait . . ent
in-, t.l1igible etin-, en mame temps qu'il fait
rire, il noua oblige à nous po~er
quel-que. qùeations sur le langage et la
oommunioabi1ité ••• "
(64).
Le pouvoir du saYOir ré.ide aussi dans une reoherohe non •• ule-ment personnelle aais dans une recherche plus globale du
fonc-tionnement de la société. Il permet l l'ho.ae de p.ser de •
.
~ prob1êmes fond&aentaux .t de l'am.ner à un. r'fl.%io~ enriohi __
•
t
•
" ••• une br~ve aventure littéraire et BPirituelle, qui apparait peu à peu oomme ( ••• ) une expérienoe véoue et vivante, oomme un jeu ouvert, la par-tie
"ur.
enoore, et nous Bommes ~nvit's à la jeuer aussi, jUBqu'auz plus jeunes d'entre nous, une fois pour toutes, et à tous les instants de notre vie"
(65).
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Le pouvoir du savoir est d'aider l'homme à mettre en applioa-tion dans la vie quotidienne les valeurs, les idées et l'expé-rienoe qui oomposent le savoir.
Le savoir poss~de également un pouvoir téléologique.
"Il faut lire oette oeuvre où l'un de. hommes qui ont poussé le plus loin l'inte1ligenoe, raconte aveo simp1i-oit', aveo humour .t aveo foroe oe qu'il a pensé de la situation de l'homme dans le monde prés.nt, et be qu'il a essayé de faire pour la transformer"
(66).
L'acquisition du savoir, lorsqu'il est mia en pratique dans la vie permet d'une part,de mieux oonnaitre l'ho . . e, la Booiété dans laquelle il est intégré et, d'autre part, de mener une lut-te pour transformer de fa90n positive l'hoœme et la sooiété.
"Le premier résultat de l'étude soienti-fique, sooiologique des guerres est de
~nou. faire aperoevoir que nous nous
,'" èonduisons dans une des ohoses les plus importantes oomme des bates a-veUfl&.ent soumises aux desseins de l'espèoe. Et notre première viotoire eera de mettre au point, nous en avons les aoyens teohniques, une sooiété auto-Tégulatrioe de sa démographie"
(67).
L'importanoe du Bavoir NBide dans 1 e pouvoir qu'il --1lolUle l l'homme . t à la sooiété pour la transformer et l'améliorer. Le Bavoir a dono une valeur téléologique dont le résult.t est la miee en plaoe d'une sooiété a.illeure •
, ,
•
•
"En fait, il manque un engrenage ou plut6t une transmission entre le savoir et le pouvo~, et l'informatique n'y ohangera ri n. Le pouvoir reste aux mains des p sions politiques ou na-tionales, qu sont imb~oiles aux 7-eux du savoir et de la raisoDr (68).
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Ce qui est pr~supp~~ dans cet ~nonoé, c'est que le to~ion nement de la société ne repose pas sur le sav~ir. Or, dans la oonoeption du monde de Robert Kanters, la "bonne sooiété" doit
~ reposer sur le savoir oar o'est la seule manière d'éviter la oatastrophe qui menaoe la oivilisation moderne.
Dans oette seotion, nous avons vu oomment l'aoqui-sition du p.u~ir s'effeotue, et oomment oette aoquisition est hiérarohisée et limitée à une 'lite. Le' pouvoir du savoir réside dans une reoherohe qui est individuelle et i~ro8peotiTe, mais aussi qui viae la t~~nsformation de la sooiété oar seul . . ent lorsque le fonotionnement de la sooiété reposera sur le savoir, l'homme pourra aooéder à la "bonne sooi'té".
Dans oette seotion, nous essaierons d'analyser de quelle fa90n le saToir repr~sente un phénomène d'acquisition individuelle ou oolleotive dans les artioles te Robert Kantere. Nous avone vu dans la seotion préoédente que l'aoquisDtion du .avoir .e fait par le raTe, oe qui souligne le oaractère person-nel de oette aoquisition. Nous avons vu également que l'aoqui-sition du .avoir ne pouvait pas 'tre la mime pour tous et que .eule y aooédai~ une trao~ion de. individus, oette pr'supposi-tion .et en valeur le caraotère individuel de l'acquiaitio saToir bien qu'il soit oolleotif dans la mesure Où il est a oessible à tous aals que rares sont oeux qui y aooèdent vra ment.
"Il faut lire oette oeuvre où l'un ae. hommes qui ont pous.' le plus loin
l'in-,