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La cognition et le fonctionnement socioprofessionnel chez les individus présentant un premier épisode psychotique : une méta-analyse et revue critique

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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La cognition et le fonctionnement socioprofessionnel

chez les individus présentant un premier épisode

psychotique : une méta-analyse et revue critique

Mémoire doctoral

Mélissa Turcotte

Doctorat en psychologie

Docteure en psychologie (D. Psy.)

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La cognition et le fonctionnement socioprofessionnel

chez les individus présentant un premier épisode

psychotique : une méta-analyse et revue critique

Mémoire

Mélissa Turcotte

Sous la direction de :

Caroline Cellard, directrice de recherche

Marc Corbière, codirecteur de recherche

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Résumé

La schizophrénie est considérée comme l’une des maladies les plus incapacitantes, associée à des coûts sociaux directs et indirects majeurs, tels que la stigmatisation et la perte de productivité. Le premier épisode psychotique, qui survient habituellement à la fin de l’adolescence ou au début de l’âge adulte, peut grandement compromettre la réalisation d’objectifs professionnels. Parmi les déterminants associés au fonctionnement socioprofessionnel chez les personnes qui présentent un premier épisode psychotique, la cognition semble jouer un rôle clé. En effet, les résultats de plusieurs études suggèrent que la cognition est significativement associée au retour à l’école ou au travail chez les personnes qui présentent un premier épisode psychotique.

Afin de déterminer la magnitude des associations entre la cognition et le fonctionnement socioprofessionnel chez les personnes qui présentent un premier épisode psychotique, une méta-analyse a été réalisée. L’évaluation des références identifiées a mené à l’inclusion de quatre études (N = 729). Une taille d’effet faible à modérée entre la cognition globale et le fonctionnement socioprofessionnel général (Zr = 0.21) a été trouvée. L’analyse descriptive révèle que la neurocognition globale, l’apprentissage verbal et le style attributionnel sont associés au fonctionnement socioprofessionnel. L’analyse descriptive des résultats révèle également des associations entre les symptômes négatifs et positifs, le fonctionnement social, la motivation ainsi que l’amotivation sociale et le fonctionnement socioprofessionnel.

Les lignes directrices sur le plan de la recherche et de la clinique sont discutées en lien avec le concept de fonctionnement socioprofessionnel, les instruments clés et les mises en garde méthodologiques. Un modèle des composantes du fonctionnement socioprofessionnel est également proposé en conclusion afin de rendre compte du caractère multidimensionnel et complexe de ce concept. Finalement, une discussion à propos de l’élargissement de certains modèles pertinents est effectuée afin de considérer davantage la cognition et le premier épisode psychotique dans les interventions favorisant le rétablissement socioprofessionnel.

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Abstract

Schizophrenia is considered as one of the most debilitating mental illness and is associated with major indirect social costs, such as productivity lost. The first episode of psychosis, which usually occurs in late adolescence or early adulthood, may hamper the achievement of professional goals. Among the determinants associated with vocational functioning in first-episode psychosis, cognition seems to play a key role. Indeed, results of several studies suggest that cognitive deficits are significantly associated with returning to school or to work in first-episode psychosis.

A meta-analysis was conducted in order to determine the magnitude of the associations between cognition and vocational functioning in first episode psychosis. Screening of identified references led to the inclusion of four articles (N = 729). Small to moderate association was found between global cognition and global vocational functioning (Zr = 0.21). The descriptive analysis showed that global neurocognition, verbal learning and attributional style were associated with vocational functioning. The descriptive analysis also revealed associations between positive and negative symptoms, social functioning, motivation as well as social amotivation and vocational functioning.

Research and clinical guidelines will be discussed with regards to the concept of vocational functioning, key instruments and methodological caveats. A model of the components of vocational functioning will be discussed in order to better appreciate the multidimensional and complex nature of this concept. Finally, a discussion about the extension of relevant model is carried out in order to better consider cognition and first episode psychosis in interventions promoting vocational recovery.

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Table des matières

Résumé ... ii

Abstract ... iii

Table des matières ... iv

Liste des tableaux ... vii

Liste des figures ... viii

Liste des acronymes ... ix

Remerciements ... xii

Avant-propos ... xv

Introduction générale ... 1

Problématique ... 1

Le portrait clinique de la schizophrénie ... 1

L’étiologie de la schizophrénie ... 4

Facteurs génétiques ... 4

Facteurs environnementaux ... 4

Modèle vulnérabilité-stress ... 5

Le rétablissement et ses modèles ... 5

Modèle vulnérabilité-stress élargi ... 5

Modèle du rétablissement ... 6

Modèle de la réintégration au travail ... 8

Examen de la cognition ... 9

Portrait cognitif en schizophrénie ... 10

Les déficits cognitifs et le fonctionnement en schizophrénie ... 11

Conditions de vie ... 12

Fonctionnement social ... 12

Activités de la vie quotidienne ... 12

Activités productives ... 13

Les traitements en schizophrénie ... 16

Interventions favorisant le fonctionnement socioprofessionnel ... 18

Programmes de soutien à l’emploi ... 18

Remédiation cognitive ... 20

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Objectif de la présente étude ... 23

Chapitre 1: Une méta-analyse de la cognition et du fonctionnement socioprofessionnel chez les personnes qui présentent un premier épisode psychotique ... 24

1.1 Résumé ... 26

1.2 Abstract ... 27

1.3. Introduction ... 28

1.4. Method ... 29

1.4.1. Literature Search ... 29

1.4.2. Inclusion and exclusion criteria ... 30

1.4.3. Classification of cognitive measures ... 30

1.4.4. Classification of vocational measures ... 30

1.4.5. Procedure ... 31

1.5. Statistical Analysis ... 31

1.6. Results ... 32

1.6.1. Descriptive analysis of sample characteristics ... 32

1.6.2. Correlations between cognition and vocational functioning... 32

1.6.3. Descriptive analysis of the associations between cognition, clinical and socio-demographic variables, and vocational functioning. ... 33

1.6.4. Publication bias and quality of the studies ... 34

1.7. Discussion ... 34

1.7.1. Association between cognition and vocational functioning in FEP ... 34

1.7.2. Limits of the current study ... 35

1.7.3. Methodological guidelines ... 36 1.8. Conclusion ... 38 References ... 40 Tables ... 49 Figures ... 57 Conclusion ... 60

Résumé des résultats ... 61

La cognition et le fonctionnement socioprofessionnel : intégration des résultats ... 62

Analyse quantitative ... 62

Analyse descriptive ... 63

Examen détaillé du fonctionnement socioprofessionnel : variables cliniques et sociodémographiques .. 67

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Définition du premier épisode psychotique ... 71

Évaluation de la cognition ... 73

Évaluation du fonctionnement socioprofessionnel ... 74

Modèle des composantes du fonctionnement socioprofessionnel ... 78

Intégration des résultats aux modèles existants ... 82

Contributions cliniques ... 83

Contributions méthodologiques ... 85

Forces du mémoire... 86

Limites du mémoire ... 87

Sélection des études ... 87

Analyses... 87

Pistes futures ... 89

Opérationnalisation du concept de fonctionnement socioprofessionnel ... 89

Évaluation du fonctionnement socioprofessionnel ... 89

Conclusion générale ... 91

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Liste des tableaux

Chapitre 1

Table 1. Classification of cognitive tests………..49

Table 2. Classification of vocational measures………...50

Table 3. Sociodemographic and clinical characteristics of the included studies………51

Table 4. Associations between cognition, other variables, and vocational functioning……….52

Supplementary 1. Search strategy in Embase database……….…….53

Supplementary 2. PRISMA checklist………..………….54

Conclusion Tableau 1. Résumé des recommandations effectuées en fonction des résultats de la présente méta-analyse………...85

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Liste des figures

Introduction générale

Figure 1. Adaptation du modèle de rétablissement tiré de Mueser, Deavers, Penn et Cassisi (2013)………6 Figure 2. Modèle du rétablissement, adapté de Van Der Stel (2012), tiré de Franck et Gilliot (2017)……….7 Figure 3. Modèle des déterminants de la réintégration au travail chez les personnes présentant un trouble de santé mentale sévère………...……8

Chapitre 1

Figure 1. PRISMA study selection flow diagram….………57 Figure 2. Model of the aspects of vocational functioning ………..………58 Supplementary 3. Forest plot of the correlations between cognition and vocational functioning in each study and combined effect size………..…….59

Conclusion

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Liste des acronymes

APA American Psychiatric Association

BACS Brief Assessment of Cognition in Schizophrenia BDI Beck Depresion Inventory

BNSS Brief Negative Symptom Scale BPRS Brief Psychiatric Rating Scale BQOLI Brief Quality of Life Interview

CAINS Clinical Assessment Interview for Negative Symptoms CASIG Client’s Assessment of Strenghts, Interests, and Goals CDSS Calgary Depression Scale for Schizophrenia

COST Combined Stories Task

COWAT Controlled Oral Word Association Test CPT Continuous Performance Test

CPT-IP Continuous Performance Test – Identical Pairs CVLT California Verbal Learning Test

CWPP Chinese Work Personality Profile DISC Discrimination and Stigma Scale

DSM Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders)

EWPS Endicott Work Productivity Scale FEDT Facial Emotion Discrimination Task FEP First-Episode Psychosis

FESFS Échelle de fonctionnement social d’un premier épisode (First Episode Social Functioning Scale)

HVLT Hopkins Verbal Learning Test

ICD International Classification of diseases

ICF International Classification of Functioning, Disability and Health ILSS Independent Living Skills Survey

IPS Individual Placement and Support Model

IPSAQ Internal, Personal and Situational Attributions Questionnaire LOF Level of Functioning

MAE Multilingual Aphasia Examination MCCB MATRICS Consensus Cognitive Battery

NICE National Institute for Health and Care Excellence PANSS Positive and Negative Syndrome Scale

PRISMA Preferred Reporting Items for Systematic Reviews and Meta-Analyses QLS Quality of Life Scale

RFS Role Functioning Scale

SANS Scale for Assessment of Negative Symptoms SAS Social Adjustment Scale

SFS Social Functioning Scale

SLOF Specific Level of Functioning Scale

SOFI Schizophrenia Objective Functioning Instrument SUMD Scale to Assess Unawareness of Mental Disorder SURF Service Utilization Recording Form

TCC Thérapie cognitivo-comportementale

TMT Trail Making Test

WAIS-R Wechsler Adult Intelligence Scale – Revised WANSS Work Accommodation and Natural Support Scale

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WBI Work Behavior Inventory WCST Wisconsin Card Sorting Test WHO World Health Organization

WISC-III Wechsler Intelligence Scale for Children – Third Edition WPP Work Personality Profile

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À toutes les personnes atteintes d’un trouble

psychotique qui aspirent au rétablissement

socioprofessionnel

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Remerciements

Je tiens d’abord à remercier ma directrice de recherche, Caroline Cellard, envers laquelle j’ai une gratitude infinie. Je me considère privilégiée d’avoir eu l’opportunité de réaliser mon mémoire doctoral sous ta supervision. Merci de m’avoir prise sous ton aile à ton retour de congé de maternité, alors que tu t’étais dit que tu ne prendrais pas de nouveaux étudiants cette année-là. Déjà à ce moment, tu as cru en moi. C’est vrai que j’ai été extrêmement persévérante, voire entêtée, afin que tu sois ma directrice de recherche. Je suis tellement heureuse d’avoir persévéré. Pour ta disponibilité, ton soutien, ton humanité, ton authenticité, ta confiance, mille mercis. Tu es sans aucun doute une directrice de recherche extraordinaire, brillante et humble. Tu as toujours su trouver les mots dans mes moments de découragements, dans mes incertitudes et dans mes peines. Tu prends soin de tes petits étudiants et tu n’hésites jamais à exprimer ta fierté. C’est tellement apprécié. Ta passion pour la recherche est contagieuse et je suis reconnaissante de toutes les opportunités que tu m’as offertes afin que je puisse acquérir les compétences nécessaires à la recherche. De par ta rigueur, ton éthique professionnelle et ton souci du bien-être, tu es un catalyseur de réussite. Tu as donné une couleur merveilleuse à mon parcours doctoral, ce marathon éprouvant, mais tellement enrichissant. Tu as su me motiver et aussi m’arrêter quand j’ai eu de la difficulté à le faire. Tu as positivement marqué ma vie, tant professionnelle que personnelle. Tu fais partie des personnes qui sont pour moi une grande source d’inspiration. Caroline, merci d’être toi tout simplement.

Je tiens ensuite à remercier mon codirecteur, Marc Corbière. Marc, ton statut de codirecteur est arrivé un peu plus tard dans mon parcours doctoral, mais tu t’es grandement impliqué dès les premières étapes de la réalisation de ce mémoire. Dès nos premières discussions, j’ai senti ton intérêt envers mon projet. Cet intérêt, tu l’as démontré à de nombreuses reprises par ta disponibilité, ta confiance en mes capacités, ta passion dans nos discussions sur le fonctionnement socioprofessionnel et tout le temps que tu as investi dans cet ouvrage. Tu es un homme brillant qui possède une expertise renversante avec une grande humilité. Je me considère extrêmement privilégiée d’avoir eu accès à tes connaissances, à ton savoir-faire et à ton savoir-être. Ton professionnalisme, ton authenticité, ton expertise et ta passion contagieuse pour la recherche font de toi un codirecteur et un scientifique exceptionnel. Je te remercie sincèrement pour ton apport considérable dans ce mémoire. Apprendre avec toi a été un réel plaisir, tu es inspirant. Je suis convaincue que tous les étudiants qui auront l’opportunité de t’avoir comme directeur ou codirecteur de recherche sont voués à la réussite.

Je tiens également à remercier Geneviève Belleville, membre de mon comité d’encadrement. Merci pour ton implication, tes commentaires et suggestions ainsi que pour nos discussions qui m’ont grandement aidée à pousser ma réflexion plus loin et à réaliser un mémoire dont je suis fière. Je te remercie également pour ta

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présence à l’Unité de thérapie cognitive-comportementale. Ton intégrité, ta rigueur, ton soutien et ton éthique professionnelle m’ont aidée à traverser un moment plus difficile associé à mes stages et je te serai éternellement reconnaissante.

Je dois aussi remercier Élisabeth Thibaudeau et mes collègues du laboratoire NCET. Élie, je ne pourrai jamais te remercier assez. Tu as toujours été là pour moi, dès ma deuxième année de baccalauréat. Je crois que la vie est bien faite, et que chaque personne qu’on rencontre est là pour nous apporter quelque chose. Toi, tu m’as apporté tellement ! Tu as cru en moi et tu as vu mon potentiel au moment où tu m’as passé en entrevue pour un travail dans le laboratoire Cognition et Interactions Sociales. J’aime penser que c’est un peu (beaucoup) grâce à toi que j’ai développé une passion pour la recherche au tout début de mon parcours et que j’ai rencontré des gens merveilleux, dont Caroline. Merci pour nos innombrables discussions et fous rires, que ce soit aux laboratoires de l’IUSMQ ou au NCET, au téléphone ou en congrès (et par zoom dans le contexte actuel de COVID-19). Tu es une personne brillante, rigoureuse et je t’admire énormément. J’aimerais que tu puisses te voir avec mes yeux. Merci de t’être confiée, de m’avoir écouté et soutenue quand j’en ai eu besoin. Merci d’avoir répondu à mes milliers de questions sur tous les aspects associés au doctorat. Merci pour ton temps et ton aide dans mes demandes de bourses, dans mes travaux et dans la réalisation de certaines tâches au laboratoire. Évidemment, merci pour ton implication dans mon mémoire à titre de co-évaluatrice. La réalisation de cette méta-analyse n’aurait pas été aussi agréable sans toi. Merci à tous mes collègues du labo NCET, notamment pour toutes nos discussions et tous nos agréables moments. Je sais, je parle beaucoup (je vous vois sourire en lisant ça). J’ai tellement eu de plaisir avec vous et vous avez rendu mon parcours doctoral beaucoup plus léger et agréable. Merci pour vos commentaires et questionnements lors de mes pratiques de séminaire qui m’ont permis de pousser mes réflexions plus loin et de bonifier mon travail. Vous être toutes et tous des personnes exceptionnelles, brillantes et vouées à un grand avenir.

J’aimerais également remercier l’homme avec lequel je partage ma vie depuis les huit dernières années, Jonathan Paquet. D’abord, merci mon amour d’être un père exceptionnel pour nos deux merveilleux enfants. Tu as pris soin de nos cocos dans mes interminables journées et soirées de travail et de rédaction, ce qui m’a aidée à me sentir moins coupable d’avoir à travailler. Ensuite, merci pour toute la patience dont tu as fait preuve envers moi, je sais que c’est long un doctorat. Je sais aussi que je peux être difficile à vivre quand je suis stressée, et je suis oh combien stressée ! Malgré mon humeur parfois désagréable, tu as toujours essayé de me comprendre et de me rassurer. Tu as toujours cru en moi et tu m’as encouragé dans les moments où j’en avais besoin. Merci d’être fier de moi et de partager cette fierté avec les gens qui nous entourent. Finalement, merci pour ton soutien et ta présence dans les moments où j’aurais voulu abandonner mes études parce que c’était trop difficile. Merci pour ton écoute pendant que je paniquais à l’idée de ne pas y arriver, de ne pas réussir

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à la perfection, et ce, parfois pendant des heures. Tu m’aides à apprendre à mieux tolérer l’incertitude une petite journée à la fois, toi qui es d’un calme énervant (haha !). Je t’aime profondément, merci de tout mon cœur.

Je tiens également à remercier mes enfants, Emrick et Ophélie Paquet. Mes petits trésors, vous êtes des enfants merveilleux. Grâce à vous, je découvre des forces insoupçonnées en moi. Depuis votre naissance, je vois la vie sous un autre jour. Elle est si précieuse et si belle. Sans le savoir, vous m’aidez à devenir une meilleure personne. J’ai cette tendance à m’investir, et même me surinvestir, dans ce que j’entreprends. Le doctorat, c’est gros et c’est exigeant. Tellement exigeant que parfois, c’est comme si on était sur une autre planète. Votre présence m’a permis de revenir sur notre planète. Vous me donnez envie de profiter de chaque instant que la vie nous offre, ensemble. Vous grandissez à une vitesse incroyable, je suis tellement fière de vous. Merci de m’avoir laissé travailler alors que vous auriez préféré jouer avec moi, merci pour vos sourires, vos rires et vos câlins. Merci pour votre joie de vivre, merci de ne vivre que dans le moment présent. Le moment présent, quand on est grand, on a tendance à l’oublier parce que la vie va vite. Vous m’aidez à voir la vie à travers vos yeux d’enfants : je réapprends à vivre le moment présent et à savourer les petites merveilles de la vie, comme regarder les fleurs ou les nuages et les étoiles dans le ciel. Je vous aime inconditionnellement, gros comme le ciel et l’univers.

Finalement et non les moindres, ma famille, ma belle-famille et mes amis. Sachez que je me considère extrêmement privilégiée d’être entourée de gens aussi exceptionnels que vous. Papa, maman, mes frères et ma sœur, merci d’avoir cru en moi et de m’avoir encouragée à poursuivre mon rêve de devenir psychologue. Merci d’avoir pris soin de nos enfants quand moi et Jonathan n’étions pas disponibles. Merci de m’avoir soutenue et de m’avoir écouté vous parler de ma fameuse méta-analyse. Merci d’être fiers de moi et de dire à tout le monde que votre grande fille est une maman qui fait un doctorat. Merci également à mes beaux-parents, qui ont également été là pour moi, Jonathan et nos enfants. Merci de l’intérêt que vous portez à mon parcours doctoral, de votre soutien et surtout de croire en moi. À mes amis, particulièrement Mélissa, Lorry et Pierrick. Mélissa, mon acolyte du doctorat, l’extension de mon cerveau (haha !), merci. Merci pour les fous rires et les pleurs quand nous étions découragées. Ta présence a rendu mon doctorat tellement plus agréable. J’ai apprécié paniquer et réussir avec toi, toi qui sais ce que ça implique de faire un doctorat avec des enfants. Lorry et Pierrick, mes amis depuis 29 ans. Merci d’avoir été là, de m’avoir écoutée vous partager mes inquiétudes comme mes réussites. Merci de rester dans ma vie, même si souvent j’ai décliné vos offres de sorties par manque de temps. Merci pour tous nos moments qui me permettent de décrocher. Vous avez toujours cru en moi, depuis que nous sommes des gamins. Vous êtes extrêmement importants pour moi.

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Avant-propos

Le présent ouvrage est un mémoire par l’insertion d’un article. L’introduction du mémoire est rédigée en français. Le Chapitre 1 est une méta-analyse et constitue un manuscrit rédigé en anglais. La conclusion présente une discussion générale intégrant les résultats issus de l’article aux connaissances scientifiques actuelles. La conclusion est rédigée en français. La mise en page du manuscrit, soumis à une revue scientifique, diffère de celle du présent ouvrage.

Le chapitre 1 est un manuscrit soumis à la revue Early Intervention in Psychiatry en septembre 2020. En tant que première auteure de cet article, j’ai effectué l’entièreté des étapes de la réalisation de la méta-analyse (p. ex. recherche et sélection des articles, extraction, analyses). Élisabeth Thibaudeau, coauteure, a effectué de manière indépendante les étapes de la sélection des articles, de l’extraction ainsi que de l’évaluation de la qualité des études incluses. Elle a également été d’une aide précieuse avec l’utilisation du logiciel d’analyses pour méta-analyses, développé par Amélie M. Achim, qui est coauteure. Marc-André Roy, coauteur, a participé à certaines discussions et a eu une contribution intellectuelle significative sur le plan méthodologique et conceptuel. Finalement, j’ai réalisé cette méta-analyse et rédigé ce manuscrit sous la supervision directe de Caroline Cellard et de Marc Corbière.

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Introduction générale

Problématique

La schizophrénie est un trouble psychotique chronique touchant 0,7 % de la population (American Psychiatric Association [APA], 2013). Selon l’étude du Global Burden of Disease, elle serait la maladie la plus incapacitante en phase aigüe et la 9e en phase de rémission (Whiteford, Ferrari, Degenhardt, Feigin, & Vos, 2015). La

schizophrénie est associée à des difficultés fonctionnelles importantes, notamment au niveau du fonctionnement socioprofessionnel (APA, 2013; Fett et al., 2011). En effet, au Canada, 70 % des coûts totaux associés à la schizophrénie seraient liés à la perte de productivité, ce qui représente des dépenses indirectes élevées pour la société (Goeree et al., 2005). Cela se traduit notamment par le fait qu’environ seulement 20 % des individus atteints de schizophrénie occupent un emploi (Tandon, Nasrallah, & Keshavan, 2009), avec une variation entre les pays et les années (Marwaha & Johnson, 2004). De plus, parmi les personnes présentant un premier épisode psychotique, les taux de décrochage scolaire se situent à 44% (Goulding, Chien & Compton, 2010) et 40 % seraient sans emploi (Killackey, Jackson, Gleeson, Hickie, & McGorry, 2006). Ces données indiquent donc que la faible productivité associée à la schizophrénie n’est pas uniquement expliquée par la chronicité de la maladie, puisque ces difficultés sont aussi observées en début d’évolution de la maladie. D’ailleurs, les taux d’emploi chuteraient de 52% à 25% dans l’année suivant le diagnostic (Rosenheck et al., 2006). Le retour à l’école ou au travail est un indice de rétablissement important pour les personnes atteintes d’un trouble psychotique, tant en début d’évolution de la maladie (Rinaldi et al., 2010; Vaingankar et al., 2020) qu’au long cours (Provencher, Gregg, Mead, & Mueser, 2002; McGurk, Mueser, DeRosa, & Wolfe, 2009; Franck, 2014; Turner et al., 2015). Il s’avère pertinent d’identifier les déterminants du fonctionnement socioprofessionnel afin d’orienter la prise en charge de ces personnes et de favoriser leur rétablissement.

Le portrait clinique de la schizophrénie

La schizophrénie est un trouble psychotique apparaissant généralement à la fin de l’adolescence ou au début de l’âge adulte (APA, 2013). Ce trouble psychiatrique est caractérisé par une symptomatologie très hétérogène qui est associée à des difficultés fonctionnelles et sociales importantes (Tandon et al., 2009). Trois grandes catégories de symptômes caractérisent ce trouble psychotique.

D’abord, les symptômes positifs sont des manifestations qui s’ajoutent au fonctionnement normal et peuvent inclure les hallucinations et les délires. Les hallucinations peuvent être auditives, visuelles ou tactiles et sont définies comme étant une expérience sensorielle en l’absence de stimulation externe (APA, 2013). Les délires

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sont des croyances rigides qui persistent même lorsqu’elles sont contredites par des preuves tangibles et dont le contenu peut comprendre plusieurs thèmes (APA, 2013). Ces thèmes comprennent notamment les délires de persécution (p. ex. : croyance de la personne qu’elle puisse être agressée par autrui) et les délires de référence (p. ex. : croyance de la personne que les gestes d’autrui sont dirigés vers elle) (APA, 2013). Les délires peuvent être bizarres ou non, les délires bizarres étant définis comme incompréhensibles et peu plausibles pour les personnes de même culture (APA, 2013).

Ensuite, les symptômes négatifs sont une diminution des fonctions normales (APA, 2013). Les symptômes négatifs se divisent en cinq symptômes distincts regroupés en deux catégories (Kaneko, 2018). La première catégorie constitue une diminution de l’expression (c.-à-d. réduction des comportements associés à l’expression des émotions) et inclut les symptômes d’alogie et d’émoussement affectif. L’alogie signifie une diminution de la production du discours ainsi qu’une pauvreté du langage. L’émoussement affectif est caractérisé par une diminution de l’expression faciale, de l’intonation vocale ainsi que de la gestuelle utilisée pour exprimer sa pensée. La deuxième catégorie de symptômes négatifs est l’avolition (c.-à-d. perte de comportements, de motivation, d’intérêts et de désirs) et inclut les symptômes d’amotivation, d’anhédonie et d’asocialité. L’amotivation constitue une difficulté à s’engager dans les comportements dirigés vers un but. L’anhédonie réfère à une diminution de la capacité à anticiper et à ressentir du plaisir. L’asocialité représente une diminution de l’intérêt à avoir des contacts et des interactions sociales avec autrui (Kaneko, 2018).

Finalement, les symptômes de désorganisation sont caractérisés par une désorganisation de la pensée, du discours et des comportements moteurs. La désorganisation de la pensée se remarque par un discours incohérent ou inconsistant (p. ex. : passer d’un sujet à l’autre, pensée tangentielle) (APA, 2013). Le comportement moteur peut être anormal (p. ex. : activité motrice excessive ou ralentissement psychomoteur) ou catatonique (p. ex. : maintenir une posture rigide ou bouger de façon excessive, mais sans but apparent) (APA, 2013; Tandon et al., 2009).

Au-delà des symptômes cliniques de la schizophrénie, les déficits cognitifs se situent au cœur de la maladie (Green & Harvey, 2014). La cognition regroupe plusieurs fonctions telles que la vitesse de traitement de l’information, l’attention, la mémoire, les fonctions exécutives et la cognition sociale. Bien que les déficits cognitifs en schizophrénie ne fassent pas partie des grandes catégories de symptômes, la cinquième édition du manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5) comprend maintenant une grille d’évaluation dimensionnelle de la sévérité des symptômes psychotiques qui inclut l’évaluation des déficits cognitifs (APA,

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2013). Ce nouvel aspect intégré dans le DSM-5 témoigne de l’importance de prendre en compte ces déficits dans le portrait clinique de ce trouble (Green & Harvey, 2014).

La sévérité des symptômes cliniques et cognitifs varie selon les différents stades de la schizophrénie (Tandon et al., 2009). Le stade prémorbide, qui correspond au premier stade, est caractérisé par la présence de déficits cognitifs, moteurs et/ou sociaux très subtils (Schenkel & Silverstein, 2004). Le stade prodromal, qui constitue le deuxième stade, est caractérisé par l’apparition de symptômes cliniques atténués et par le déclin du fonctionnement de la personne (Tandon et al., 2009). Le stade psychotique (ou aigu) correspond au troisième stade et marque le début de la maladie. Il constitue le premier épisode psychotique (Tandon et al., 2009). Le stade psychotique est caractérisé par une augmentation considérable de la sévérité des symptômes cliniques ainsi que par la présence d’épisodes de psychoses et de rémissions partielles, qui augmentent la vulnérabilité aux rechutes psychotiques tout au long de la vie de la personne (Tandon et al., 2009). Des déficits cognitifs marqués ainsi qu’un déclin important du fonctionnement sont également observés durant ce stade (Jackson & McGorry, 2009). Le premier épisode psychotique débute habituellement à la fin de l’adolescence ou au début de l’âge adulte, qui sont des étapes de vie associées à la poursuite des études ou à la recherche d’un emploi (Killackey et al., 2006). L’apparition de la maladie peut donc compromettre la réalisation des objectifs de vie associés à cette période de développement tels que l’obtention du diplôme d’études secondaires, la poursuite des études au niveau collégial ou universitaire ainsi que l’intégration d’un emploi à temps plein (Killackey et al., 2006). Le stade stable (plateau), qui constitue le dernier stade de la maladie, est caractérisé par la présence de symptômes négatifs et cognitifs et par la diminution des symptômes psychotiques (Tandon et al, 2009), tels que les hallucinations et les idées délirantes (APA, 2013)1.

Somme toute, les symptômes cognitifs sont présents dès les premières phases de la schizophrénie et restent tout au long de la maladie (Heinrichs & Zakzanis, 1998; Schaefer, Giangrande, Weinberger, & Dickinson, 2013; Tandon et al., 2009). C’est lors du premier épisode psychotique que le plus important déclin au niveau du fonctionnement cognitif est observé (Lewandowski, Cohen, & Ongur, 2011). Les déficits cognitifs persistent même en période de rémission des autres symptômes et contribuent significativement au handicap de la schizophrénie (APA, 2013). La présentation clinique des individus atteints de schizophrénie est très hétérogène (Tandon, Keshavan, & Nasrallah, 2008). Les multiples causes possibles associées au développement de la maladie augmentent sa complexité (Tsuang, Bar, Stone & Faraone, 2004).

1 Dans cet ouvrage, le terme schizophrénie est utilisé afin de décrire les personnes composant avec la maladie, tous stades confondus. Lorsqu’un stade spécifique de la maladie est discuté, ce stade (p. ex., premier épisode psychotique) est précisé.

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L’étiologie de la schizophrénie

Il est maintenant reconnu que la schizophrénie est un trouble neurodéveloppemental qui a une composante génétique importante (Tandon et al., 2008). Toutefois, les facteurs environnementaux jouent un rôle important afin d’identifier les individus les plus à risque de développer la maladie face à la même vulnérabilité génétique (Tandon et al., 2008).

Facteurs génétiques

La schizophrénie est une maladie polygénique, mais aucun gène n’est à ce jour clairement identifié pour expliquer la susceptibilité au développement de la maladie (Tandon et al., 2008). Il semble que chacun des gènes impliqués aurait un effet léger dans la susceptibilité de développer une schizophrénie (Tandon et al., 2008). Les études de jumeaux démontrent que le fait d’avoir une personne souffrant de schizophrénie dans sa famille proche augmente les risques de développer la maladie (Tandon et al., 2008). En effet, chez les jumeaux dizygotes qui partagent 50 % de leur bagage génétique, le risque de développer la maladie est de 10-15 % (Sullivan, Kendler, & Neale, 2003). Chez les jumeaux monozygotes, qui partagent 100 % de leur bagage génétique, le risque de développer la maladie augmente à 40-50 % (Sullivan et al., 2003). La schizophrénie serait caractérisée par une héritabilité (c.-à-d. probabilité de transmission héréditaire d’une caractéristique par la génétique), qui, en interaction avec des facteurs environnementaux, serait d’environ 80 % (Tandon et al., 2008).

Facteurs environnementaux

Plusieurs facteurs environnementaux contribueraient au développement de la schizophrénie. D’abord, une nutrition déficiente (He et al., 2018; St-Clair et al., 2005; Susser et al., 1996) ainsi que l’expérience de stresseurs majeurs chez la mère (Khashan et al, 2008) durant le premier trimestre de la grossesse semblent augmenter le risque de développer la maladie. À l’enfance, la maltraitance et/ou des stresseurs majeurs (Morgan & Fisher, 2007; Read, van Os, Morrison, & Ross, 2005; van Os, Kenis, & Rutten, 2010), un milieu de vie urbain et l’immigration (McGrath et al., 2004) sont autant de facteurs qui peuvent contribuer au risque de développer la schizophrénie. Finalement, la consommation de cannabis durant l’adolescence semble également augmenter le risque de développer la maladie (Semple, McIntosh, & Lawrie, 2005; van Os et al., 2010).

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Modèle vulnérabilité-stress

Les modèles génétiques et environnementaux ne permettent pas de rendre compte à eux seuls du caractère complexe et multidimensionnel de la schizophrénie. Un modèle proposé par Zubin et Spring (1977) tient compte de l’interaction entre ces facteurs dans l’étiologie de la pathologie et ainsi intègre mieux sa complexité et son hétérogénéité. Selon ce modèle, différents facteurs (biologiques, génétiques, environnementaux, psychologiques et cognitifs) créent une vulnérabilité psychobiologique chez la personne, la mettant ainsi plus ou moins à risque de développer la pathologie. La combinaison de ces facteurs avec un stress important (p. ex. : perte d’emploi, décès d’un proche), auquel les personnes atteintes de schizophrénie sont plus sensibles (Myin-Germeys & van Os, 2007), augmente le risque de développer la maladie. Ainsi, ce modèle postule que pour deux personnes qui ont une vulnérabilité génétique équivalente, le stress important vécu pourrait déclencher la maladie alors que l’autre personne ne la développerait pas. Le modèle vulnérabilité-stress permet d’intégrer les facteurs génétiques et environnementaux augmentant le risque de développer la schizophrénie, mais ne prend pas en considération que l’individu puisse se rétablir « dans » la maladie, c’est-à-dire de vivre une vie riche et pleine de sens en dépit des symptômes associés à la maladie. Ce modèle est donc axé sur la perspective médicale, selon laquelle la guérison implique que l’individu ne présente plus, ou presque plus, de symptômes et qu’il revienne à son état prémorbide (Martin & Frank, 2013).

Le rétablissement et ses modèles

Selon la perspective du rétablissement, la guérison est un processus dynamique qui n’implique pas nécessairement un retour à l’état prémorbide, mais constitue plutôt une manière de vivre une vie satisfaisante aux yeux de l’individu, malgré la présence de symptômes et de difficultés fonctionnelles associés à la maladie (Anthony, 1993; Davidson & Roe, 2007). Ainsi, cette perspective met de l’avant l’importance des interventions axées sur l’augmentation du contrôle face à la maladie afin de favoriser la réinsertion sociale de l’individu (Mueser et al., 2006; President’s New Freedom Commission on Mental Health, 2003). La réinsertion sociale permet à l’individu de participer activement à sa communauté, en y travaillant, par exemple (President’s New Freedom Commission on Mental Health, 2003).

Modèle vulnérabilité-stress élargi

Mueser et Gingerich (2011) élargissent le modèle de vulnérabilité-stress en y ajoutant une perspective de rétablissement, se détachant ainsi de la perspective médicale (Figure 1). Dans ce modèle, les auteurs mettent de l’avant la possibilité d’intervenir sur l’environnement de l’individu atteint de schizophrénie dans le but de favoriser son rétablissement (Mueser, Deavers, Penn, & Cassisi, 2013). Les habiletés de gestion du

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rétablissement (p. ex., poursuite d’objectifs personnels, prise de décision partagée) constituent la base de l’intervention. De plus, le rétablissement est considéré comme un résultat du processus de traitement (Mueser & Gingerich, 2011). Donc, les habiletés de gestion du rétablissement peuvent contribuer à réduire l’impact des influences psychobiologiques (p. ex., coping, adhésion au traitement) sur la psychopathologie ainsi que les facteurs de fonctionnement qui y sont souvent associés (p. ex. : aller à l’école, travailler) pour, au final, favoriser le rétablissement (Mueser & Gingerich, 2011). D’ailleurs, travailler ou aller à l’école est un indice important de rétablissement pour les personnes qui souffrent de schizophrénie, particulièrement chez celles qui ont un premier épisode psychotique (Rinaldi et al., 2010; Vaingankar et al., 2020). Le modèle vulnérabilité-stress élargi est particulièrement intéressant puisqu’il intègre l’étiologie de la maladie et illustre clairement que le rétablissement peut être atteint en dépit de la maladie.

Figure 1. Adaptation du modèle de rétablissement tiré de Mueser, Deavers, Penn et Cassisi (2013). [Traduction libre]

Modèle du rétablissement

Franck et Gilliot (2017) ont proposé un modèle particulièrement intéressant afin de rendre compte du caractère multidimensionnel et complexe du rétablissement en schizophrénie (Figure 2). La dimension centrale du modèle est celle du rétablissement personnel, qui correspond au savoir expérientiel de la personne quant au

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rétablissement (Franck & Gilliot, 2017). Les autres dimensions qui s’articulent autour du rétablissement personnel sont le rétablissement clinique, social et fonctionnel. Le rétablissement clinique correspond à la rémission des symptômes telle que décrite dans le modèle médical. Le rétablissement social implique le retour au travail ou à l’école ainsi que l’amélioration au niveau du logement et des relations sociales (Franck & Gilliot, 2017). Ainsi, selon ce modèle, il est important d’offrir des interventions afin de favoriser le fonctionnement socioprofessionnel des personnes atteintes de schizophrénie. Le rétablissement fonctionnel concerne les capacités et les limitations de la personne ainsi que la réduction de l’incidence des déficits associés à la pathologie sur son fonctionnement quotidien. Les auteurs identifient différents facteurs qui entravent le processus de rétablissement, notamment la présence de symptômes cliniques persistants ou de troubles concomitants, les déficits de cognition et de cognition sociale, le manque de motivation et une mauvaise estime de soi. Franck et Gilliot (2017) identifient également plusieurs déterminants subjectifs et objectifs du rétablissement. L’espoir, la restauration de l’identité, le sens donné à l’existence et la prise de responsabilité constituent les déterminants subjectifs. Les déterminants objectifs du rétablissement comprennent notamment la cognition et la cognition sociale, l’insight et la motivation (Franck & Gilliot, 2017). Ce modèle prend donc en considération l’importance du fonctionnement socioprofessionnel dans le processus de rétablissement des personnes atteintes de schizophrénie, et de l’influence de la cognition sur la capacité à obtenir et à maintenir un emploi.

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Modèle de la réintégration au travail

Les modèles du rétablissement présentés montrent l’importance du travail et de l’école en tant qu’indicateur de rétablissement pour les personnes atteintes de schizophrénie. Corbière et Durand (2011) se sont intéressés au fonctionnement socioprofessionnel des individus atteints de troubles mentaux sévères. Les troubles mentaux sévères incluent notamment les troubles psychotiques, les troubles bipolaires ainsi que la dépression majeure (Corbière & Durand, 2011). Bien que le modèle ne s’intéresse pas spécifiquement aux personnes en début d’évolution d’un trouble psychotique, sa valeur théorique est intéressante à prendre en considération. En effet, selon ce modèle (Figure 3), la durée d’absence du marché du travail, le soutien social, l’estime de soi et la sévérité des symptômes sont des déterminants de l’obtention d’un emploi compétitif (Corbière, Zaniboni, Lecomte, Bond, Gilles, Lesage & Goldner, 2011).

Figure 3. Modèle des déterminants de la réintégration au travail chez les personnes présentant un trouble mental sévère.

En somme, plusieurs modèles du rétablissement ont été proposés dans les écrits scientifiques. Parmi ceux-ci, la sphère socioprofessionnelle occupe une place centrale, considérée comme un indicateur important de rétablissement. Toutefois, certains modèles ne prennent pas en considération les déficits cognitifs, qui sont pourtant associés au fonctionnement des personnes qui souffrent de schizophrénie (Green, Kern, Braff, & Mintz, 2000). En effet, il semble que les déficits cognitifs expliquent de 40 à 80 % de la variance des difficultés de fonctionnement (Green et al., 2000). De plus, la cognition constitue une piste d’intervention qui peut être efficace

Durée de l’absence du marché du travail Soutien social Estime de soi Sévérité des symptômes Centralité du travail Encouragement social Sentiment d’efficacité Obstacles à l’emploi Motivation pour obtenir un emploi Comportements de recherche d’emploi Réintégration au travail

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afin de favoriser le rétablissement de ces personnes, notamment au niveau du fonctionnement socioprofessionnel (Morin & Franck, 2017).

Examen de la cognition

La cognition regroupe un ensemble de fonctions, dont la vitesse de traitement de l’information, l’attention, la mémoire, les fonctions exécutives et la cognition sociale. La vitesse de traitement de l’information peut être définie comme le temps nécessaire à l’accomplissement d’une tâche mentale (Seron & Van der Linden, 2014). L’attention comprend l’attention sélective, soit la capacité à diriger son attention sur un stimulus pertinent en ignorant les stimuli non pertinents (Allport, 1989). Quant à l’attention soutenue, elle est définie comme la capacité à maintenir ses ressources attentionnelles pendant une tâche non monotone où il y a un flux d’information rapide et continu (Seron & Van der Linden, 2014). Ensuite, l’attention divisée constitue la capacité à diviser son attention entre plusieurs stimuli de manière efficace (Van Zomeren & Brouwer, 1994). Enfin, une autre fonction attentionnelle est la vigilance, qui est la capacité à maintenir ses ressources attentionnelles lors d’une tâche longue et monotone où il y a peu de stimuli (Seron & Van der Linden, 2014).

La mémoire comprend la mémoire de travail, épisodique, de source, sémantique et procédurale. La mémoire de travail permet de maintenir et manipuler des informations à court terme (Baddeley, 2000; Baddeley & Hitch, 1974). La mémoire épisodique permet d’encoder, de consolider et de récupérer de l’information avec son contexte spatial et temporel (Tulving, 2002; Tulving, Eustache, Desgranges, & Viader, 2004). La mémoire de source constitue le souvenir du contexte d’encodage d’une information (Johnson, Hashtroudi, & Lindsay, 1993). La mémoire sémantique comprend les souvenirs des connaissances, des faits et des concepts sans leur contexte (Eustache & Desgranges, 2008). Finalement, la mémoire procédurale est définie comme la capacité à encoder, consolider et récupérer des procédures qui peuvent être motrices, cognitives ou verbales (Squire, 1992).

Les fonctions exécutives regroupent un ensemble de processus qui entrent en jeu lorsque les processus automatiques et les routines d’action ne suffisent pas à s’adapter lors de situations nouvelles et/ou complexes (Shallice, 1982). Elles comprennent 1) l’inhibition qui correspond à la capacité à freiner une réponse dominante ou résister à la présence de stimuli non pertinents, 2) la flexibilité, soit la capacité à alterner entre plusieurs tâches de manière efficace (Miyake et al., 2000) et 3) la planification/génération de stratégie définie comme la capacité à planifier une série d’actions afin d’atteindre un objectif (Shallice, 1982). Les fonctions exécutives comprennent également les capacités de maintien et de mise à jour des informations/intentions ainsi que le

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raisonnement et la résolution de problème définie comme la capacité à résoudre des problèmes (Miyake et al., 2000).

La cognition sociale regroupe l’ensemble des processus qui sous-tendent les interactions sociales (Achim et al., 2020; Green, Waldron, Simpson, & Coltheart, 2008; Pinkham, 2014). Elle comprend notamment le traitement des informations émotionnelles, soit la capacité à percevoir et à utiliser les informations émotionnelles lors de situations sociales (Pinkham, 2014) et le style attributionnel qui correspond à la capacité à interpréter, expliquer et donner un sens aux événements sociaux (Pinkham, 2014). La cognition sociale comprend également la perception sociale définie comme la capacité à décoder et interpréter les indices sociaux (Pinkham, 2014) et la théorie de l’esprit qui constitue la capacité à se représenter et à inférer les états mentaux des autres (Achim et al., 2020; Achim, Guitton, Jackson, Boutin & Monetta, 2013).

Portrait cognitif en schizophrénie

Selon Palmer, Dawes et Heaton (2009), la schizophrénie est maintenant reconnue comme une maladie neurobiologique sous-tendant des déficits cognitifs importants. Ces déficits sont présents chez la grande majorité des individus atteints de schizophrénie (Tandon et al., 2009). Il y a toutefois une grande hétérogénéité dans les fonctions atteintes et la sévérité des déficits (Mesholam-Gately, Giuliano, Faraone, Goff & Seidman, 2009). Plusieurs auteurs rapportent également la présence de déficits cognitifs (Bora & Murray, 2014) et de cognition sociale (Addington, Penn, Woods, Addington, & Perkins, 2008; Bora & Pantelis, 2013; Chung, Kang, Shin, Yoo & Kwon, 2008; Horan et al., 2012) de moindre amplitude chez les individus à haut risque clinique de développer la maladie ainsi que chez les proches de premier degré des individus atteints (Bora & Pantelis, 2013; Horan et al., 2012; Lavoie et al., 2013; Lavoie et al., 2014; Snitz, Macdonald, & Carter, 2006).

Les résultats de plusieurs méta-analyses suggèrent que, en comparaison avec une population sans pathologie, les individus atteints de schizophrénie présentent des déficits au niveau de la vitesse de traitement de l’information, de la mémoire épisodique, du quotient intellectuel (QI) global, de la fluence verbale, de l’attention soutenue, des fonctions exécutives, de la mémoire de travail, du raisonnement spatial et des habiletés verbales (Heinrichs & Zakzanis, 1998; Dickinson, Ramsey, & Gold, 2007; Schaefer et al., 2013). Schaefer et ses collaborateurs (2013) ont effectué une méta-analyse incluant 100 études et comparant le fonctionnement cognitif des individus atteints de schizophrénie (n = 9 048) avec celui de participants sans psychopathologie (n = 8 814). Ils rapportent des tailles d’effets modérées à élevées pour les habiletés verbales (g = 0,68), le raisonnement spatial (g = 0,73), la mémoire de travail (g = 0,89), les fonctions exécutives (g = 0,94), l’attention soutenue (g =

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1,07), la fluence verbale (g = 1,11), le QI global (g = 1,13), la mémoire épisodique (g = 1,23) et la vitesse de traitement de l’information (g = 1,25) (Schaefer et al., 2013). Récemment, une méta-analyse a souligné la présence de déficits de cognition sociale chez les individus atteints de schizophrénie en comparaison avec des individus sans psychopathologie, plus précisément au niveau de la perception sociale (g = 1,04), de la perception des émotions (g = 0,89) et de la théorie de l’esprit (g = 0,96) (Savla, Vella, Armstrong, Penn, & Twamley, 2013). Autrement dit, ces résultats suggèrent que les individus atteints de schizophrénie présentent significativement plus de déficits dans chacune de ces fonctions cognitives que les individus sans psychopathologie.

Différentes fonctions cognitives sont affectées dès le premier épisode psychotique et ces déficits demeurent stables au long cours (Bozikas & Andreou, 2011). Les auteurs d’une revue systématique rapportent que les individus atteints d’un premier épisode psychotique présentent des déficits importants au niveau de la mémoire verbale, des fonctions exécutives et du QI global en comparaison avec des individus sans psychopathologie (Aas et al., 2014). Les résultats d’une méta-analyse comprenant 47 études et comparant des patients atteints d’un premier épisode psychotique (n = 2 204) avec des individus sans psychopathologie (n = 2 775) suggèrent que la mémoire verbale immédiate (d = 1,20) et la vitesse de traitement de l’information (d = 0,96) sont les fonctions cognitives les plus affectées lors du premier épisode psychotique (Mesholam-Gately et al., 2009). Ces auteurs rapportent également des tailles d’effet modérées à élevées suggérant que les personnes atteintes d’un premier épisode psychotique présentent des déficits au niveau de la vigilance (d = 0,71), de la cognition sociale (d = 0.,77), de la mémoire de travail (d = 0,79), des fonctions exécutives (d = 0,83), des fonctions visuospatiales (d = 0,88) et de la cognition globale (d = 0,91) de manière significativement plus élevée que les personnes sans psychopathologie (Mesholam-Gately et al., 2009).

En somme, les déficits cognitifs semblent généralisés à toutes les fonctions cognitives chez les individus atteints de schizophrénie, dès le premier épisode psychotique. D’ailleurs, une prise en charge rapide après l’apparition des premiers symptômes permettrait de limiter les effets délétères de la maladie sur le fonctionnement (Birchwood & Fiorillo, 2000).

Les déficits cognitifs et le fonctionnement en schizophrénie

Les résultats de méta-analyses et recensions des écrits scientifiques indiquent une association entre la cognition et le fonctionnement global tant chez les individus atteints de schizophrénie (Green, 1996; Fett et al., 2011; Halverson et al., 2019; Lepage, Bodnar, & Bowie, 2014) que chez ceux qui présentent un premier épisode

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psychotique (Santesteban-Echarri et al., 2017). Toutefois, le fonctionnement est un terme qui englobe plusieurs sphères de la vie quotidienne. Les conditions de vie, le fonctionnement social, les activités de la vie quotidienne et les activités productives sont les grandes sphères de fonctionnement que Kleinman et ses collaborateurs (2009) proposent d’évaluer chez les individus atteints de schizophrénie. Ce modèle résulte d’un consensus d’experts, basé sur une recension des écrits scientifiques ainsi que sur des discussions avec des patients atteints de schizophrénie et leurs donneurs de soins (Kleinman et al., 2009).

Conditions de vie

Les conditions de vie représentent la capacité de l’individu à s’adapter de façon indépendante et autonome à son milieu de vie (Kleinman et al., 2009). Des auteurs rapportent des associations entre cette sphère de fonctionnement et les déficits cognitifs au niveau de la mémoire verbale (Bowie et al., 2008; Shamsi et al., 2011), de la mémoire de travail, de l’attention, des fonctions exécutives et de la vitesse de traitement de l’information (Bowie et al., 2008) chez les personnes atteintes de schizophrénie. Chez les individus présentant un premier épisode psychotique, certains auteurs rapportent que les déficits au niveau de la cognition sociale (Horan et al., 2012) et de la théorie de l’esprit (Ventura et al., 2015) sont associés aux conditions de vie.

Fonctionnement social

Selon Kleinman et ses collaborateurs (2009), le fonctionnement social est la capacité à initier et à maintenir des relations sociales avec, par exemple, sa famille et ses amis. Des auteurs rapportent des associations entre le fonctionnement social et des déficits au niveau des fonctions exécutives, de la vitesse de traitement de l’information (Bowie et al., 2008; Sanchez-Torres et al., 2017), de la mémoire épisodique verbale, de la mémoire de travail (Sanchez-Torres et al., 2017), de la vigilance (Green, 1996; Shamsi et al., 2011) et de la cognition sociale (Couture, Granholm, & Fish, 2011; Kalin et al., 2015) chez les individus atteints de schizophrénie. Chez les individus présentant un premier épisode psychotique, des auteurs rapportent que les déficits au niveau de la mémoire à long terme (Grau et al., 2016), de la cognition sociale (Horan et al., 2012) et de la théorie de l’esprit (Ventura et al., 2015) sont associés à cette sphère de fonctionnement.

Activités de la vie quotidienne

Les activités de la vie quotidienne incluent notamment l’adhésion au traitement, la capacité à prendre soin de soi, les loisirs ainsi que la gestion de l’argent (Kleinman et al., 2009). Cette sphère est largement compromise en schizophrénie et est associée à des déficits cognitifs au niveau de la mémoire de travail et épisodique, de la

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vitesse de traitement de l’information ainsi que des fonctions exécutives (Bowie et al., 2008; Evans et al., 2003; Heinrichs, Ammari, Miles, & McDermid Vas, 2010; Sanchez-Torres et al., 2017). Dans leur étude, Stouten, Veling, Laan, van der Helm et van der Gaag (2017) rapportent que la neurocognition globale, la cognition sociale et la vitesse de traitement de l’information verbale sont des prédicteurs des difficultés associées aux activités de la vie quotidienne chez les individus présentant un premier épisode psychotique. Les résultats d’une étude longitudinale démontrent que l’attention et la vigilance sont associées aux activités de la vie quotidienne des personnes qui présentent un premier épisode psychotique (Torgalsboen, Mohn, & Rund, 2014).

Activités productives

La sphère des activités productives regroupe le travail rémunéré et non rémunéré, la formation à l’emploi, la scolarité, l’assistance à un programme de jour ainsi que le rôle de parent à la maison (Kleinman et al., 2009). Ainsi, dans ce modèle, cette sphère n’est pas spécifique au fonctionnement socioprofessionnel en termes de statut scolaire/d’emploi ou de performance à l’école ou au travail, par exemple. Plusieurs auteurs rapportent des associations entre les activités productives en schizophrénie et des déficits cognitifs au niveau de la mémoire de travail (Bowie et al., 2008; Gold, Wilk, McMahon, Buchanan, & Luck, 2003; McGurk & Meltzer, 2000; Shamsi et al., 2011), de la mémoire épisodique (Gold et al., 2003), des fonctions exécutives (Bowie et al., 2008; Chang et al., 2014; Sanchez-Torres et al., 2017), de la vitesse de traitement de l’information (Bowie et al., 2008; Sanchez-Torres et al., 2017), de la vigilance (Gold et al, 2003; McGurk & Meltzer, 2000), de la théorie de l’esprit ainsi que du style attributionnel (Lo & Siu, 2015). De plus, les individus qui souffrent de schizophrénie et qui occupent un emploi présentent des déficits cognitifs moins sévères que ceux qui n’occupent pas d’emploi (Gold et al., 2003; McGurk & Meltzer, 2000).

Chez les personnes qui présentent un premier épisode psychotique, le rôle de la cognition sur le fonctionnement socioprofessionnel plus spécifiquement est moins clair. En effet, les résultats de certaines études suggèrent que les participants qui présentent un premier épisode psychotique et qui vont à l’école ou qui travaillent ont de meilleures performances cognitives que ceux qui ne sont pas en emploi ni à l’école (Holthausen et al., 2007; Humensky, Essock, & Dixon, 2017; Wright, Mueser, McGurk, Fowler, & Greenwook, 2020), alors que les résultats d’autres études ne suggèrent aucune différence (Tandberg et al., 2011; Tandberg, Ueland, Andreassen, Sundet, & Melle, 2012). De plus, les résultats de la recension systématique d’Allott, Liu, Proffitt et Killackey (2011) suggèrent que le fonctionnement cognitif ne peut prédire le retour à l’école ou au travail. Les auteurs s’intéressaient plus spécifiquement aux études longitudinales qui exploraient les associations entre la cognition et différents domaines de fonctionnement (p. ex., social, socioprofessionnel) chez cette population. Il est difficile de bien saisir le rôle prédictif de la cognition sur le fonctionnement socioprofessionnel sachant que

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seulement quatre des 22 études incluses s’intéressaient spécifiquement à ce domaine de fonctionnement. Toutefois, les auteurs rapportent que les résultats d’une seule de ces 4 études suggèrent que la cognition prédit le retour à l’école ou au travail chez les personnes qui présentent un premier épisode psychotique (Allott et al, 2011). Dans cette recension des écrits scientifiques, les résultats sont rapportés en termes de fonctionnement global, ce qui rend encore plus difficile l’interprétation pour le lecteur qui s’intéresse à un domaine de fonctionnement plus spécifique. De plus, plusieurs études s’intéressant aux associations entre la cognition et le retour à l’école ou au travail ont été publiées depuis la réalisation de cette recension des écrits scientifiques, indiquant que ces résultats doivent être interprétés avec prudence.

Les résultats de l’étude de Tandberg et ses collaborateurs (2011) suggèrent qu’une meilleure attention soutenue prédit le statut d’emploi deux ans plus tard, bien qu’ils n’aient observé aucune différence entre les groupes au niveau de leur performance cognitive à l’évaluation initiale en fonction de leur statut d’emploi (c.-à-d. en emploi vs sans emploi). De plus, selon leurs résultats, être en emploi et avoir une meilleure attention soutenue à l’évaluation initiale permettent de prédire le maintien en emploi sur une période de suivi de deux ans (Tandberg et al., 2011). Dans leur étude, Allott et ses collaborateurs (2013) se sont intéressés à l’association entre la cognition à l’évaluation initiale et le fonctionnement socioprofessionnel six mois plus tard dans un échantillon de personnes qui présentent un premier épisode psychotique. Les auteurs ont utilisé trois indicateurs de fonctionnement socioprofessionnel : le retour à l’école, le retour au travail dans un emploi compétitif et le nombre d’heures travaillées dans un emploi compétitif. Leurs résultats suggèrent que, parmi tous les domaines cognitifs évalués, seulement l’organisation visuelle et la mémoire prédisent le retour à l’école et le nombre d’heures travaillées. Selon leurs résultats, la cognition ne permet pas de prédire le retour au travail et la cognition sociale ne permet de prédire aucun indicateur de fonctionnement socioprofessionnel (Allott et al., 2013). Les résultats de l’étude d’Allott et ses collaborateurs (2013) ont été récemment mis à jour afin d’explorer les mêmes associations, mais sur une période de 18 mois (Karambelas, Cotton, Farhall, Killackey, & Allott, 2019). Les résultats de cette étude suggèrent que l’apprentissage verbal et la mémoire sont des prédicteurs du nombre d’heures travaillées sur les 18 mois de suivi, mais qu’aucun des domaines cognitifs évalués ne sont prédicteurs du statut d’emploi sur 18 mois (c.-à-d. maintien en emploi) (Karambelas et al., 2019). Par contre, Wright et ses collaborateurs (2020) ont exploré les associations transversales entre le QI et le statut d’emploi ainsi que le nombre d’heures travaillées dans le dernier mois. Les auteurs ont utilisé des analyses de régression logistique afin de vérifier si le QI peut prédire la probabilité que les participants soient en emploi et, parmi ceux qui sont en emploi, vérifier si le QI peut prédire le nombre d’heures travaillées. Leurs résultats suggèrent que le QI permet de prédire le statut d’emploi, mais pas le nombre d’heures travaillées (Wright et al., 2020). Nuechterlein et ses collaborateurs (2011) ont utilisé une version modifiée de l’échelle Work de la Social Adjustment Scale (SAS; Weissman & Bothwell, 1976) afin de mesurer le retour à l’école ou au travail après une période de neuf mois

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suivant l’évaluation initiale. Plusieurs tâches cognitives ont été utilisées à l’évaluation initiale (p. ex., Continuous

Performance Test (CPT), Trail Making Test (TMT), Digit Span). Les auteurs ont effectué des analyses par

composantes principales (principal components analysis) afin de réduire le nombre de variables cognitives prédictives. Ces analyses ont mené à trois facteurs cognitifs principaux : (1) mémoire de travail (2) attention et traitement perceptuel précoce et (3) mémoire verbale et vitesse de traitement de l’information (Nuechterlein et al., 2011). Dans le modèle conceptuel proposé, les trois facteurs cognitifs expliquent 52 % de la variance du retour à l’école ou au travail parmi des variables telles que l’ajustement prémorbide et les symptômes négatifs (Nuechterlein et al., 2011). De plus, la mémoire de travail, la vitesse de traitement de l’information et la mémoire verbale sont les facteurs cognitifs qui contribuent de manière significative dans la prédiction du retour à l’école ou au travail (Nuechterlein et al., 2011). Ainsi, les résultats de cette étude suggèrent que meilleure est la performance cognitive à l’évaluation initiale, plus grandes sont les chances de retourner à l’école ou au travail neuf mois après un premier épisode psychotique.

Les résultats d’une étude plus récente vont dans le même sens. Pothier et ses collaborateurs (2019) se sont également intéressés au retour à l’école ou au travail chez un échantillon de personnes en début d’évolution d’un trouble psychotique. À l’évaluation initiale des participants, la MATRICS Consensus Cognitive Batterie (MCCB) et la Combined Stories Task (COST) ont été utilisées afin de mesurer le profil cognitif et la théorie de l’esprit (cognition sociale), respectivement. Les auteurs ont également utilisé une mesure subjective d’évaluation de l’impact des déficits cognitifs sur le fonctionnement quotidien, ainsi que des mesures de symptômes, de fonctionnement global, d’estime de soi et de motivation à retourner à l’école ou au travail. Le statut socioprofessionnel (p. ex. : pas d’occupation, occupation à temps partiel, occupation à temps plein) a été utilisé comme indicateur de retour à l’école ou au travail (Pothier et al., 2019). Les participants devaient donc décrire leur occupation à l’évaluation initiale et six mois plus tard. De plus, l’historique socioprofessionnel précédant l’évaluation initiale a été évalué afin de déterminer la durée d’absence de l’école ou du marché du travail. Dans le modèle obtenu par régression ordinale pas à pas, la mémoire de travail à l’évaluation initiale et la durée d’absence prédisent de manière significative soit 48,1 % de la variance du statut socioprofessionnel six mois plus tard (Pothier et al., 2019). Ainsi, plus la performance relative à la mémoire de travail est élevée lors de l’évaluation initiale et plus la durée d’absence de l’école ou du marché du travail est courte, meilleur est le statut socioprofessionnel six mois plus tard. Donc, dans la combinaison des différents facteurs associés au fonctionnement socioprofessionnel chez cette population, la cognition serait un déterminant clé.

En somme, la cognition semble associée au fonctionnement social et socioprofessionnel chez les individus atteints de schizophrénie. De nombreuses études (Bowie et al., 2008; Gold et al., 2003; Lo & Siu, 2015; McGurk & Meltzer, 2000; Shamsi et al., 2011) et revues systématiques des écrits scientifiques (Christensen, 2007;

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Marwaha & Johnson, 2004; Tan, 2009) rapportent des associations entre la cognition et le fonctionnement socioprofessionnel chez les individus qui sont atteints de schizophrénie. Les déficits cognitifs semblent donc constituer un frein au fonctionnement socioprofessionnel chez ces personnes. Toutefois, les études concernant cette association chez les individus présentant un premier épisode psychotique sont parfois contradictoires (p. ex. : Allott et al., 2013; Karambelas et al., 2019; Tandberg et al., 2011; Wright et al., 2020). Plusieurs domaines cognitifs sont évalués, ce qui rend difficile de déterminer la contribution spécifique de chacun des domaines sur le fonctionnement socioprofessionnel. La mémoire semble être une composante associée de manière assez constante au retour au travail ou à l’école chez les personnes qui présentent un premier épisode psychotique. Une grande variété d’indicateurs (p. ex. : statut scolaire/d’emploi, nombre d’heures travaillées) sont utilisés pour évaluer le fonctionnement socioprofessionnel, ce qui peut éventuellement contribuer à des résultats contradictoires. De plus, aucune des études présentées ne s’est intéressée à des aspects durables du fonctionnement socioprofessionnel, tels que la performance ou les habiletés sociales en contexte d’éducation ou d’emploi. À ce sujet, le modèle de Kleinman et ses collaborateurs (2009) ne prend pas en considération les aspects plus durables du fonctionnement à l’école ou au travail et inclut dans la sphère des activités productives certains éléments (p. ex. : s’occuper des enfants à la maison) qui n’appartiennent pas directement au fonctionnement socioprofessionnel. Pourtant, ces aspects doivent être considérés afin de mieux comprendre les déterminants associés au maintien à l’emploi ou à la poursuite des études aux niveaux supérieurs. À ce jour et à notre connaissance, il n’existe aucun modèle ou définition permettant de rendre compte de tous les aspects du fonctionnement socioprofessionnel.

Ainsi, la compréhension de l’association entre la cognition et le fonctionnement socioprofessionnel chez les personnes qui présentent un premier épisode psychotique demeure incomplète puisqu’aucune méta-analyse n’a été effectuée à ce jour afin de synthétiser les résultats présents dans les écrits scientifiques. Une meilleure compréhension permettrait de mieux saisir les mécanismes d’action entre la cognition et le fonctionnement socioprofessionnel chez cette population et ainsi, d’adopter une approche plus personnalisée dans les interventions préconisées.

Les traitements en schizophrénie

La plupart des traitements pharmacologiques et psychothérapeutiques offerts aux individus souffrant d’un trouble psychotique visent la réduction des symptômes cliniques afin de favoriser leur rétablissement et d’améliorer leur fonctionnement, notamment au niveau de la sphère socioprofessionnelle.

Figure

Figure 1. Adaptation du modèle de rétablissement tiré de Mueser, Deavers, Penn et Cassisi (2013)
Figure 2. Modèle du rétablissement, adapté de Van Der Stel (2012), tiré de Franck et Gilliot (2017)
Figure 3. Modèle des déterminants de la réintégration au travail chez les personnes présentant un trouble mental  sévère
Table 1. Classification of cognitive tests
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Références

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