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Réalisation de la rente et généralisation du surplus dans le système de Walras

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Réalisation de la rente et généralisation du surplus dans

le système de Walras

Elie Sadigh

To cite this version:

Elie Sadigh. Réalisation de la rente et généralisation du surplus dans le système de Walras. [Rapport de recherche] Institut de mathématiques économiques (IME). 1986, 14 p., figures. �hal-01543650�

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EQUIPE DE RECHERCHE ASSOCIEE AU C.N.R.S.

DOCUMENT DE TRAVAIL

INSTITUT DE MATHEMATIQUES ECONOMIQUES

UNIVERSITE DE DIJON

FACULTE DE SCIENCE ECON OMIQUE ET DE GESTION 4, BOULEVARD GABRIEL - 21000 DIJON

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REALISATION DE LA RENTE ET

GENERALISATION DU SURPLUS DANS LE SYSTEME DE WALRAS Elie SADIGH

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I - INTRODUCTION

Pour David Ricardo la rente est un effet de prix, en ce sens que sur la terre non marginale, le prix du marché des produits agricoles est d I u s

élevé que le coût de production. Il précise en outre que le prix courant varie en fonction de l ’offre et de la demande. (Principes p. 89 - Ed. Calmann^Lévy.). Aussi la raison de l ’apparition et de 1 ’augmentation de la rente est-elle l ’accroissement de la demande des produits agricoles. En effet, l ’augmentation de la demande est la cause de la mise en culture des terres de moins en moins fertiles. Moyennant l ’emploi d ’un même capital, sur des terres de fertilités différentes, le produit net est nul pour la terre marginale alors q u ’il est positif pour les autres terres. On peut dire aussi que la production de la même quantité de produit agricole exige

davantage de travail et de capital sur la terre marginale que sur les autres terres. Etant donné que dans le système de Ricardo, le prix des produits se fixe (du fait de la demande) au niveau du coût de production établi sur la terre marginale, apparaît ainsi une différence positive entre le prix du marché des produits agricoles et le coût de production des

produits des terres non marginales, ce qui constitue la rente différentielle.

Peut-on étendre ce résultat obtenu dans le secteur de l ’agriculture et l ’appliquer à l ’industrie manufacturée ?

Ricardo distingue le secteur de la manufacture de celui de l ’agriculture. nC ’est ainsi que du drap q u ’on peut donner à 40s. l ’aune en prélevant les profits ordinaires sur le capital, pourrait hausser j u s q u ’à 60 ou 80s., en raison des exigences de la mode, ou par suite de quelque autre cause, qui tout à coup, et sans q u ’on s ’y attendît, en augmenterait la demande ou en diminuerait l ’approvisionnement. Les fabricants de draps feront, pendant quelque temps, des profits extraordinaires ; mais les capitaux afflueront vers ce genre de fabrique jusqu’à ce que l ’offre soit au niveau de la demande, et alors le prix du drap baissera de nouveau à 40s., qui est son prix naturel est absolu.” (Ricardo - Principes - p. 89-90. ouv. cité).

L ’augmentation de la demande dans une industrie manufacturière entraine une augmentation des profits dans ce secteur, faisant ainsi apparaître un surprofit, dont il résulte un accroissement des investissements permettant d ’augmenter la production et amenant l ’offre au niveau de la demande, la

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conséquence en étant le rétablissement du niveau du profit au niveau d Tun taux de profit uniforme dans le système. Ainsi l ’augmentation de la demande peut-elle avoir comme effet l ’augmentation du taux de profit pour certaines industries. Le surprofit est une réalité dans le secteur de l ’industrie, même si la tendance est d ’arriver à un taux de profit uniforme, qui n ’est jamais réalisé dans les*faits. D ’une façon générale, le profit gravite autour du profit moyen (1), de même que les capitaux engagés sur la terre obtiennent une rémunération égale au taux de profit moyen en vigueur dans le système. Mais, comme nous l ’avons vu, du fait de l ’accroissement de la demande des produits agricoles, le prix de ces produits dépasse le coût de productions, les avances. Or, le système ricardien n ’admet pas plusieurs taux de profit sur les capitaux engagés, aussi Ricardo est-il amené à définir la rente dif­ férentielle en tant que différence entre le surprofit et le profit moyen. Notre problème est d ’expliquer la réalisation de la rente ou du surprofit dans une économie monétaire, en partant de l ’idée de Ricardo selon laquelle la rente est un effet de prix. Nous supposons, pour simplifier, que le taux moyen de profit se confond avec le taux de l ’intérêt, lui-même déterminé d ’une façon exogène (2). Par conséquent, le coût monétaire de production sera égal à la somme des salaires et des intérêts versés. Il reste à expliquer le paiement de la rente par les fermiers aux propriétaires.

Autrement dit, étant donné que dans le système de Ricardo le revenu

monétaire est établi à la production, par la rémunération des salariés et le paiement de l ’intérêt, il faut déterminer comment est réalisée la rente.

En effet, distinguons le coût monétaire de production et le prix du marché. Le coût monétaire de production de chaque entreprise à chaque période donne lieu à un flux de revenu qui est composé des salaires (ou des salaires et des intérêts). En revanche le prix du marché est égal à la somme du coût monétaire de production et de l ’amortissement ; s ’y ajoute éventuellement la rente ou le surprofit. Ainsi dans ce cas l ’amortissement et la rente ou le surprofit sont à réaliser sur le marché des produits. Si l ’intérêt ou le profit n ’est pas un composant du coût monétaire de production, il doit être aussi réalisé sur le marché des produits.

(1) Celui établi sur le marché monétaire.

(2) P. Vidonne détermine le taux de l ’intérêt ou du profit sur la terre marginale.

cf. Une présentation critique de la rente ricardLenne Revue économique 1977 n° 2 p. 233.

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-En outre, nous savons que l ’analyse classique est fondée sur la loi d ’échanges entre équivalents. Mais les Classiques voulaient appliquer cette loi aux échanges individuels, ce qui rendait problématique l ’explication monétaire du surprofit ou rente. Or il apparaît judicieux d ’appliquer cette

loi au niveau global. En effet, il faut expliquer comment la dépense du revenu national formé à la production a non seulement le pouvoir d ’écouler la totalité du produit national mais aussi la possibilité de faire apparaître le montant de la rente sur le marché des produits. Un autre problème est de savoir si ce surprofit, qui est la cause de la rente, est compatible avec l ’équilibre monétaire.

II - Explication monétaire de la rente foncière.

Dans un système simplifié, le coût de production est égal à la somme des salaires et des intérêts versés sur le capital engagé, soit :

Coût monétaire de production = Somme des Salaires + Somme des intérêts CP = lw + ik

où CP = coût de production w = taux de salaire

1 = nombre de salariés i = taux d ’intérêt

k = montant du capital engagé P = l w + ( l + i ) k + p

P étant le prix sur le marché des produits et P le montant de la rente payée par les fermiers. Pour simplifier le raisonnement nous ne tenons pas compte de l ’amortissement qui doit être réalisé (3).

Le problème est de savoir d ’où vient le montant (p) qui permet le paiement de la rente, ou de démontrer comment ce montant est capté. Autrement dit, il faut expliquer comment une partie du revenu formé à la production est captée par les fermiers afin de payer les propriétaires. Comme nous l ’avons vu, Ricardo, pour expliquer la rente, affirme que le prix du marché des pro­ duits agricoles est plus élevé que le coût de production.

(3) SADIGH E*- 1985 "La formation du capital et le financement de l ’amortis­ sement chez Walras et K e y n e s ” Document de Travail I.M.E N° 73.

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Ainsi, Ricardo a trouvé la clé de la résolution de la rente foncière mais il reste encore à démontrer que cette proposition est compatible avec la loi d féchange entre équivalents.

Pour y parvenir, nous allons envisager l ’explication monétaire de la rente en trois points.

1) l ’analyse classique ne parvient pas à expliquer la réalisation de la r e n t e .

2) le revenu formé à la production contient la rente.

3) la réalisation de la rente est compatible avec la loi d ’échange entre équivalents.

O

-L ’analyse classique s ’impose la loi d ’échange entre équivalents au niveau des échanges individuels. Ainsi le salaire des travailleurs et l ’intérêt du capital, payés par les fermiers, ne représentent-ils pas la valeur monétaire de la totalité du produit de la période. (Nous avons supposé que le taux de l ’intérêt est déterminé d ’une façon exogène). Salaires et intérêt ne représentent que la valeur monétaire des produits appropriés par les travailleurs et les capitalistes, ce qui signifie que la rente n ’est pas monétisée à la production (4). Ainsi on pourrait en conclure que la rente ne peut pas circuler, ce qui est problématique ; pour que la rente circule, il faut q u ’elle soit monétisée.

2 )

-La totalité de la production est monétisée par la rémunération des travailleurs et le paiement des intérêts. La somme de ces rémunérations représente la valeur monétaire du produit de la période. Ainsi le montant de la rente est-il inclus dans le revenu formé à la production, ce qui

signifie que la dépense de ce revenu permet d ’écouler la totalité du produit de la période. Ceci étant précisé, essayons de démontrer l ’apparition de la rente dans la dépense du revenu formé à la production.

Du fait de l ’effet de la demande sur le marché des produits agricoles, le prix de ces produits se fixe au niveau du coût de production sur la terre marginale. Ainsi sur les terres non marginales apparaît un surprofit. En

effet, les titulaires de revenu monétaire dépensent une partie ou la totalité

(4) Les études fondées sur le prix de production énumèrent les éléments qui composent le prix, mais elles n ’expliquent pas comment apparait la différence entre le prix et le coût monétaire de production.

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-de leur revenu sur le marché -des produits agricoles, et comme le prix est plus élevé que le coût de production, les fermiers des terres non marginales réalisent un surprofit leur permettant de payer les propriétaires qui à leur tour dépensent ce revenu de transfert sur le marché des produits. Ainsi la rente est-elle prélevée sur la rémunération des services producteurs payée à la production.

3)

-A la production est établie une relation d ’équivalence entre le produit et les rémunérations : le montant des rémunérations représente la valeur monétaire du produit de la période, ce qui signifie que la dépense du

revenu formé à la production a/le pouvoir d fécouler la totalité du produit. En effet, les titulaires de revenu, en dépensant leur revenu, n ’obtien­ nent q u ’une partie du produit de la période, et transfèrent une partie de leur pouvoir d ’achat aux fermiers qui paient la rente aux propriétaires ; la dépense de cette rente monétaire permet d ’ëcouler le reste du produit qui n ’avait pas été approprié par les services producteurs. Ainsi la totalité du produit est-elle appropriée par la dépense du revenu formé à la produc­ tion.

Dans cette analyse le montant de la rente est déterminé grâce à l ’influ­ ence de la demande sur le marché des produits ; et cela dans le respect des échanges entre équivalents au niveau global . La dépense du revenu formé dès la production suffit à écouler la totalité du produit. Aussi le véritable sens de l ’équilibre monétaire est respecté en ce sens que le produit global est écoulé pour le montant q u ’il a coûté à la production.

Essayons d ’illustrer les explications précédentes à travers un exemple. Si la terre A est la terre marginale, et la terre B la terre non marginale, le coût de production sur la terre A est égal à 100 unités de monnaie et le produit obtenu égal à 50 unités de produit, le coût de production sur la terre B est égal à 100 unités de monnaie face à 100 unités de produit. Ainsi donc, comme le prix du marché se fixe au niveau du coût de production sur la terre marginale (c’est-à-dire à raison d ’une unité de produit pour deux unités de monnaie), et en supposant, pour simplifier, q u ’il n ’existe dans le système que deux producteurs, l ’ensemble des services producteurs, en dépensant la totalité de leur revenu (200 unités de monnaie) obtiennent

100 unités de produit. Les fermiers qui cultivent la terre A récupèrent les 100 unités de monnaie q u ’ils avaient dépensées sur le marché des services

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producteurs en vendant tout leur produit, alors que les fermiers cultivant la terre B donnent 100 unités de monnaie aux propriétaires qui,eux-mêmes ou leurs ayants droit, peuvent s ’approprier les 50 unités de produit Représentant la rente ; les fermiers cultivant la terre B récupèrent aussi

récupèrent la totalité des avances qui a monétisé la production de la période.

Cela peut être illustré à travers un schéma. Supposons trois terres A, B et C.

Le coût de production en services producteurs sur la terre A est de 100 unités de monnaie et le produit de cette terre est de 50 unités de produit.

Le coût de production en services producteurs sur la terre B est de 100 unités de monnaie pour une production de 75 unités de produit.

Le coût de production en services producteurs sur la terre C est de 100 UM pour une production de 100 unités de produit.

Le prix du marché s ’établissant au niveau du coût de production de la terre marginale,

1 UP = 2 UM

le montant "dépensé”. Ainsi l ’ensemble des fermiers des terres A et B

Fermiers de la terre A Fermiers de 1 a terre A Rente 100 Propriétaires

sur la terre A la rente est nulle.

Fermiers la terre ;

Fermiers de

100'

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-sur la terre C la rente est de 50 UP.

Précisons bien que le montant de la rente est déterminé sur le marché des produits grâce à l ’effet de la demande ; d ’autre part si l ’on introduit le système bancaire dès que le prix sur le marché des produits est connu le fermier peut payer la rente monétaire aux propriétaires. Ceux-ci ou leurs ayants-droit approprient la rente réelle en dépensant la rente monétaire.

III - Explication monétaire de la rente dans le système de Walras.

Le système de Walras, comme celui des Classiques, est fondé sur la loi d ’échange entre équivalents. Walras applique cette loi à chaque facteur de production. En effet dans son système la rémunération de chaque facteur est équivalente aux produits que ce facteur obtient en dépensant son revenu ; Walras affirme même que chaque facteur obtient l ’équivalent de son propre produit. Ainsi établit-il d ’une façon claire cette relation fondamentale pour l ’analyse économique, à savoir que la dépense du revenu formé en contre­ partie de la production écoule la totalité du produit de la période. C ’est là aussi l ’apport important de Walras.

Dans son système, la terre est considérée comme un facteur de production et la rente représente la rémunération de ce facteur ; la fertilité des différentes terres est supposée connue dès la production. Aussi la terre étant considérée comme un facteur de production, la rente est-elle la cause de l ’augmentation des prix, contrairement à ce que pensaient Ricardo et Marx, pour qui la rente était un effet de prix. En assimilant la terre à un facteur de production, de la même façon que le travail, on lui attribue un revenu. De ce fait, la totalité du produit est "monétisé” ; les travailleurs reçoivent le salaire, les capitalistes l ’intérêt, tandis que la rente est

perçue par les propriétaires. Chaque facteur de production, en dépensant son revenu, obtient l ’équivalent de son produit. Ainsi le système de Walras

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respecte la loi d'échange entre équivalents, mais il n'exprime pas la

réalité de nos économies. En effet, la monétisation de ce système s'effectue au moment des échanges, ce qui suppose que la rémunération des facteurs de production est ex post : il faut que les produits soient vendus pour qu'on puisse rémunérer les facteurs de production.

Or nous savons que la production et la rémunération des services producteurs précédent l'échange.

Remarquons en outre que la raison de l'augmentation de la rente est

l'accroissement de la demande. Aussi dans le système de Walras, si la demande n'est pas suffisante, seule la terre la plus fertile sera mise en culture. Ce même raisonnement s'appliquerait au secteur de l'industrie dans lequel la demande serait la cause de l'apparition du surprofit. En effet dire que la terre 1 est plus fertile que la terre 2 revient à dire que la fonction de production de la terre 1 est plus productive que la fonction de production de la terre 2, et, dans son système, Walras admet que les deux terres seront mises en culture si la demande est suffisante.

Or ce que Walras admet pour l'agriculture, il ne l'accepte pas pour l'industrie. Cette remarque nous permet d'étudier la possibilité de la généralisation de l'apparition du surplus dans le système de Walras.

IV - La rente, surplus ou surprofit.

Pour Ricardo la rente est un surplus ou un surprofit, alors que pour Walras la rente représente la rémunération d'un facteur de production. Il

semble à première vue que pour les deux auteurs l'ordre de fertilité des terres doit être établi au préalable, puisque pour eux, cet ordre ne dépend que de la fertilité naturelle. Ainsi, pour l'auteur de la rente en tant que surplus, la terre la plus fertile est mise en culture la Dremière ; pour l'auteur de la rente en tant que rémunération d'un facteur de production, à la terre la plus fertile est attribuée la rémunération la plus élevée. Les résultats obtenus par certains auteurs pour qui la fertilité de la terre n'est pas une donnée naturelle, posent un problème qui est de savoir si la rente peut être toujours considérée comme une rémunération d'un facteur de production ou si elle doit être assimilée à une monétisation d'un surplus qui deviendrait ainsi surprofit.

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-Abraham Frois et Berrebi (5), à la suite des travaux de Piero Sraffa (6), ont établi le résultat suivant :

"Il s'agit donc de trouver un critère permettant de déterminer laquelle des tetres 1 et 2 est la plus fertile et doit être mise en culture la première. Mais cet ordre de fertilité, loin d'être une donnée naturelle, immuable,

dépend de la répartition.

Ceci se comprend sans difficultés : en effet la production du blé sur

chacune des terres nécessite des inputs et du travail direct. Pour des niveaux différents de la répartition les prix PI et Pb (7) et les coûts de production du blé sur chacune des terres subissent des modifications. Il est donc possible que pour une valeur donnée du taux de profit (ou du salaire) il soit plus

avantageux de mettre en culture la première terre alors que pour une autre valeur du taux de profit (ou du salaire) il soit plus profitable de mettre en culture la seconde terre". (8).

Il est vrai qu'en utilisant la même technique de production sur des terres différentes on obtient des niveaux de production différents et dans ce cas la terre la plus fertile est celle qui dégage le plus de surplus, obtenant ainsi la rémunération la plus élevée ; en revanche lorsque sont mises en marche différentes techniques de production, l'ordre de fertilité des terres n'est plus établi.

L'ordre de fertilité dépend donc de la répartition. En changeant la répartition entre salaire et profit on peut changer l'ordre de fertilité de la terre qui n'est plus une donnée naturelle. Ainsi sommes-nous en mesure de nous poser la question de savoir comment concilier ce résultat avec

les analyses de David Ricardo et de Léon Walras.

(5) cf. aussi Vidonne P., 1977, "Une présentation critique de la rente ricardienne". Revue Economique n° 2

Huriot J.-M., 1981, "Rente foncière et modèle de production". Environnement and Planning A. Volume 13 p. 1125 - 1149.

(6) Sraffa P., 1970, "Production de marchandises par des marchandises" Dunod - Paris.

(7) PI et Pb représentent respectivement le prix de bien industriel et le prix du blé.

(8) Abraham Frois et Berrebi, 1980, "Rentes, rareté et surprofits". Ed. Economica., p. 37.

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A. La rente ricardienne et 1 ’ordre de f e r t i l i t é .

Bien que Ricardo parle de l ’ordre de fertilité, il ne cherche pas à l ’établir puisque cet ordre de fertilité est sans effet sur les fondements de son analyse, mais il nous donne néanmoins la clé de l ’explication de la rente. Ricardo établit que par l ’effet de la demande, le prix, pour certains producteurs, peut s ’écarter du coût de production. La production d ’un bien peut augmenter même si le coût de production des dernières unités produites s ’accroît. Ainsi, pour certains producteurs, le prix du marché

s ’écarte du coût de production, ce qui leur permet de réaliser un surplus. Or, comme dans le système il ne doit y avoir q u ’un seul taux de profit, le surplus ou le surprofit se transforme en rente. Dans l ’analyse de Ricardo la rente est due à l ’apparition d ’un surprofit. La terre qui permet de réaliser le surprofit le plus important est considérée comme la terre la plus fertile. Il est vrai que la répartition entre salaire et profit peut changer l ’ordre de l ’importance du surprofit réalisé sur les différentes terres, mais l ’apparition de ce surplus dépend toujours de la demande. En effet dans le système de Ricardo la rente n ’est pas un élément du coût de production, elle est un effet de prix, étant donné q u ’elle est réalisée sur le marché des produits. Il n ’est donc pas nécessaire de connaître l ’ordre de fertilité de la terre à la production. Les combinaisons de production les plus rentables réalisent un surplus qui devient la rente.

B. La rente : rémunération d ’un facteur de production et ordre de fertilité de la t er r e .

Le problème est de savoir si, quelles que soient les techniques de production utilisées, on peut affirmer d ’une part que la rente représente la rémunération de la terre en fonction de sa fertilité naturelle, d ’autre part que l ’ordre de fertilité, ou plus exactement l ’ordre de l ’importance du surplus, ne peut pas être établi avant que l ’on connaisse la répartition entre salaire et profit.

Dans le premier cas énoncé, la rente dépend de la fertilité naturelle de la terre, alors que dans le second cas ce n ’est plus la fertilité naturelle de la terre qui est rémunérée ; le surplus dégagé dépend à la fois de la répartition entre salaire et profit, et de la technique de production utilisée.

Supposons q u ’en employant sur deux terres des techniques différentes, la répartition étant donnée, on constate que la terre 1 est plus fertile

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-que la terre 2. Il est néanmoins possible q u ’à la suite d'un changement dans la répartition entre salaire et profit, ce soit la terre 2 qui se révèle plus fertile que la terre 1. Dans ce cas on ne peut plus dire que l ’une des terres, 1 ou 2, soit plus fertile que l ’autre; c ’est la combinaison de production et la répartition entre salaire et profit qui rendront plus rentable l ’une ou l ’autre des deux terres. Ce résultat est l ’explication de l ’apparition d ’un surplus,

C. De la rente au surprofit - l ’équilibre gé n éral.

Pour obtenir l ’équilibre général, Walras suppose la concurrence pure ; pour satisfaire les exigences de la concurrence pure il est amené à supposer, entre autres, que toutes les entreprises produisant le même produit le

font par la même méthode.

Il néglige en outre le problème de la localisation des entreprises.

Or nous avons vu q u ’en expliquant la rente foncière dans le cadre de l ’équi­ libre général, Walras admet différentes techniques de production dans ce secteur. Nous pensons q u ’on peut étendre cette explication au secteur de l ’industrie, et cela sans que cette généralisation ait un effet sur l ’équili­ bre walrassien.

En effet à partir du moment ou Walras suppose deux terres de fertilités différentes , il suppose deux techniques de production distinctes. En admettant, dans le secteur de l ’agriculture, des techniques de production différentes pour le même produit, il attribue aux techniques de production les plus rentables un troisième revenu, la rente qui absorbe le surplus. En revanche si l ’on appliquait à ce secteur l ’exigence de la concurrence pure, les terres les moins rentables ne seraient pas mises en culture. Cependant il n ’en est rien, car du fait de la demande, même les terres les moins productives sont mises en culture afin de satisfaire la demande. Nous remarquons donc que l ’effet de la demande l ’emporte sur les exigences de la concurrence pure ; ainsi le rôle de la concurrence pure est-il

d ’établir un seul prix pour chaque marchandise.

Si l ’on applique le même raisonnement au secteur de l ’industrie, on peut dire que le surplus dans ce secteur devient compatible avec le système de Walras. En effet, si dans le secteur de l ’industrie, la demande est suffisante pour un produit, et si l ’on utilise plusieurs techniques de production, il suffit pour rendre compatible le "surprofit" avec le

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système de Walras, de monétiser par un troisième revenu le "surprofit", le surplus réel dégagé par les entreprises les plus performantes. Ainsi donc plusieurs techniques de production et le surprofit sont compatibles avec

1*équilibre général.

L ’observation de la réalité économique nous permet de constater que l ’uniformisation du taux de profit n ’est jamais réalisée p u i s q u ’à chaque période apparaissent des entreprises qui utilisent des techniques de production différentes, lesquelles donnent des productivités différentes. Nous pouvons affirmer désormais que le système de Walras est compatible avec la réalité dans cette partie importante de son oeuvre.

D. Illustration

Pour Walras le coût de production = prix de marché.

Intérêt - Salaire - Rente. A (kli + llw + p = PI ^ i25 UM + 50 UM + 25 UM = 100 UM la terre ' k2i + 12w = PI (50 UM + 50 UM = 100 UM

V

Intérêt - Salaire - Profit. B fkli + llw + = P2 ^ / 2 5 UM + 50 UM + 25 UM = 100 UM 1 ’ industrie (k21 + 12w = P2 ( 50 UM + 50 UM = 100 UM (Nous n ’avons pas tenu compte de l ’amortissement).

Dans le cas A, pour répondre à la demande, on met en culture la terre 1 . En revanche si la demande est plus élevée, on met en culture aussi la terre 2.

Le même raisonnement s ’applique à l ’industrie, si la demande est suffisante.

Pour une demande donnée on met en marche la combinaison de production n°l, et si la demande est plus importante on réalise la production aussi avec la combinaison n° 2, où le coût en salaire et en intérêt est plus élevé que dans le cas n° 1, et cela sans que l ’équilibre général en soit affecté.

Le rôle de la concurrence p u r e , est d ’établir un prix unique pour un produit donné. Ainsi l ’équilibre général devient compatible avec le surprofit, c ’est-à-dire avec la rente foncière, la rente de distance, la rente de technologie, etc... Par conséquent l ’équilibre sur le marché

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13

-est, à un moment donné, réalisable, même si l'ensemble des entreprises n'ont pas utilisé la même technique de production et donc même si ces entre­ prises n'obtiennent pas le même coût de production en salaire et intérêt, â condition toutefois, d'une part que la demande soit suffisante, d'autre part que l'on attribue, pour monétiser le surplus, un revenu aux entrepre­ neurs ou à leur ayants-droit, ayant un coût de production en salaires et en intérêt moins élevé.

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Conclusion

Les Classiques n ’arrivent pas à expliquer la réalisation de la rente car pour eux la loi d ’échange entre équivalents est établie entre la rémunération des services producteurs et le produit que ces services producteurs obtiennent en dépensant leur revenu.

Or fondamentalement l ’équivalence s ’établit entre la rémunération des services producteurs et le produit de ces services, ce qui signifie que le montant de la rente est contenu dans le revenu des services producteurs. Partant de là, nous avons démontré comment la rente est réalisée monétaire- m e n t .

Walras, en admettant des terres de fertilité différente, admet des combinaisons de production différentes dans le secteur de l ’agriculture. A la combinaison de production la plus productive il attribue une rente

ou un surprofit qui est compatible avec l ’équilibre général. A partir de cette c o n s t a t a t i o n , nous avons pu généraliser le surprofit à l ’ensemble du

système de Walras. Nous avons ainsi démontré que les différentes combinaisons de production sont également dans le secteur de l ’industrie, à l ’origine de

l ’apparition d ’un surplus ou surprofit, (la rente foncière, la rente de distance, la rente de technologie), qui est compatible avec l ’équilibre gén ér a l .

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-Bibliographie

AbrahamFrois G, Berrebi E, 1980, Rentes, Rareté, Surprofits. Economica -P a r i s .

Addi L. 1985, Le statut de la rente chez Sraffa. Contribution à un débat

récent. Revue économique - N° 3 - P. 579 à 580. Barthélémy D. 1979, Propriété foncière et fonds-entreprise. Le cas de 1 A g r i c u l ­

ture. Document de recherche 18, Institut National de la Recherche Agronomique, Dijon, France.

Huriot J.M. , 1981 - Rente foncière et modèle de production. Environnement and Planning A , Volume 13, pages 1125 - 1149

Marx K 1977 Le capital. Livre III Réédition.Les éditions sociales Paris -Ricardo D. 1970 - Des principes de l ’économie politique et de l ’impôt.

Calmann-Lévy - Paris.

Sraffa P. 1970 - Production des marchandises par les marchandises - Dunod - Paris. Vidonne P. 1977 - Une présentation critique de la rente ricardienne. Revue

Economique - 28 (2) p. 227 - 239.

Walras L. 1976 - Eléments d* économie politique pure. Librairie générale de droit et de jurisprudence - Paris.

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