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Note préliminaire sur les terrasses fluviatiles de la Vallée de la Somme

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Note préliminaire sur les terrasses fluviatiles de la Vallée

de la Somme

M.V. Commont

To cite this version:

M.V. Commont. Note préliminaire sur les terrasses fluviatiles de la Vallée de la Somme : Epoque de

l’apparition de l’homme quaternaire. Annales de la Société Géologique du Nord, 1910, 39, pp.185-210.

�halshs-00786045�

(2)

EXTRAIT DES A:\1\ALES DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DU NORD T. XXXIX, p. 185. Séance on 9 Novembre 1910.

Lille. rue Brûlc-)laison, 159.

Note p1'éliminai1'e

su1' les Terrasses fluviatiles de la Vallée de la Somme Epoque de l'apparition de L'homme qttalernai1'e

Jlal' V. Commont

Considérations génémles. - Dans ces dernières années, nous avons entrepris de relever le plus exactement possible l'altitude des laii1beaux de graviers fluviatiles appartenant aux anciennes terrasses que le fleuve a laissées étagées sur les versants de sa vallée et qui marquent les dillérents stades de son creusement.

Cette tàche est relativement [acile lorsqu'il s'agil d'un grand fleuve, prenant sa source dans une montagne, it une haule allitude, car alors ses dillérenles terrasses so'nt nellemenl marquées clans la topographie elu pays, el il suffit de parcourir le pays, baromètre en main, pour repérer les altitudes cie ces nappes étagées de graviers fluviatiles.

(3)

EXTilAlT DES ,\?\~ALES DE LA SOCIÉTÉ GJ~OLOGIQUE DU 1\'0RD T. XXXIX, p. 185. Séance du 9 NoYcJllbro 1910.

Lille. rue Brille·)laison, 159.

Note rn·éliminaire

sur les Terrasses fluviatiles de la Vallée de la Somme

Epoque de l'apparition de l'homme quaternai1·e 7JW' V. Commont

Considérations générales. - Dans ces dernières années, nous avons entrepris de relever le plus exactement possible l'altitude des lari1beaux de graviers fluviatiles appartenant aux anciennes terrasses que le fleuve a laissées étagées sur les versants de sa vallée el qui marquent les diflérents stades de son creusement.

Celte tàche est relativement [acile lorsqu'il s'agil d'un grand fleuve, prenant sa source dans une montagne, ;'t une haute altitude, car alors ses diflérenles Lerl'asses so"nl nettement marquées dans la topographie elu pays, el il suffit de parcourir le p[lys, baromètre en main, pour repérer les altitudes de ces nappes étagées de graviers fluviatiles.

(4)

-

'1

86-Si nous prenons comme exemple la Garonne aux environ~ de Toulouse, il nous a été facile, au cours de nos excursions elu récent Congrès de Toulouse, de constater l'existence des quatre terrasses qui ont été mise.; en évidence et signalees par les travaux de Mi\J. Boule el Obermaier. Les deux premières terrasses (celle de W mètres el celle de 50 mètres) se distinguent même en chemin de !cr. Lors de 110tre excursion aux grottes de Gargas, nous ;lVons pu voir également les nivea·ux de 100 el de '150 mètres.

Les terrasses de la Garonne, outre qu'elles sont séparées par des difTéreuces d'altitude très appréciables (i:iO mètres), coustiluent des paliers très étendus et de surface réguli è-rement plane.

La difficulté est bien plus grande pour l'étude des terrasses de la Somme. Celle-ci prend sa source

actuel-l

e

m

ent

claus la craie, à la faible altitude de \JO m., à

l"onsom1ne, près de Saiut Quenlill. A l'époque pliocène, il est probable qu'elle prenait naissance au contact des argiles plastiques de l'éocène inférieur, à une altitude plus élevée d'au moins 40 m.

·En amont de sa source actuelle, la vallée de la Somme est en relation avec un groupe de r<Jvins secs en iorme cl'évèntail el qui naissent, les uns, au contact du plateau, étroit, de 1;)0 m. d'altitude, constituant la ligne de partage des eaux entre la Som me et l'Escaut (prolongé par !e canal des Torrents cl le fossé des Grands·i\loras), les autres, au pied de lil ligne cl'llots tertiaires séparant la valléü de l'Oise de œlle de la Somme actuelle et dont le poiul culminaut e~t AlsotHille (altitude 17~ m.).

i\1. Uoll [us a mê111e émis l'hypothèse qu'à uue époque géologique plus reculée, la Somme Jut clépo~sédée de. l'Aisne, qui fo!'lnait alors la partie supérieure de sou cours, par une L:apture opérée par l'Oise. << ••• Enfin, elle

- 1

87-franchit l'axe de ~'fargny-les-Com piègne, conquête cl iffici le, comme en témoignent les vastes plaines caillouteuses qui !ormen L le so 1 de la forêt cl e Com piègue, mais conq uêle fort fructueuse, car elle lui valut l'Aronde el l'Aisne. C'est .H•, en efTet, que l'Aisne a rilé détournée de son cours primitif normal qui la conduisait dans le synclinal de la Somme sans avoir à (ranch ir aucun cluse (1) n D'après ces vues théoriques, la rivière d'Avre coulant dans le pli synclinal de la Somme conslituerait la vieille Somme. Ce cours d'eau prend naissance un peu en amont d'Avricourt, au contact des argiles plastiques du Noyonnais, à environ 100 mètres d'altitude (2).

M. Gosselet pense que la

Somme

supérieure avait

<< sa voie frayée au commencement de l'âge tertiaire)), de même que la

Somme

en aval

d'Amiens

<' dont le synclinal aurait déjà existé au début du tertiaire)) (3).

Quoi qu'il en soit, la Somme pliocène coulait sur les couches meubles de l'éocènr. et n'a laissé aucune trace de son passage en amont de sa source actuelle. Lorsque ses eaux ont commencé à raviner la craie, elles en ont arraché les silex, puis les ont charriés et roulés. Son lit, s'approfondissant, des graviers fluviatiles sont restés déposés en paliers étagés à diflérentes altitudes su•· ses versants. L'examen de ces alluvions nous montre qu'elles sont formées de silex plus ou moins roulés el altérés auxquels sont associés de nombreux débris tertiaires: grès landéniens sans fossile, bois silicifiés, poudingues de petits galets yprésiens, grès calcélires à

Nummulites

(t) DOLLFus. Relations entre la structure géologique du bassin de Paris et son llydi'Ol!rapllie, Annales de Géog,.aphie, 1900.

(2) Nous développerons ces points avec plus cie détails lorsque nous aurons étudié plus complètement les tel'I'asses de l'Avre et de la Somme en amont d'Amiens.

(3) Ann. Soc. Géol. du Nol'd, Fr., t. XXIX, p. 48 el t. XXll, p. 162.

(5)

- 1

88-l

œvigatus,

coquilles tertiaires, sables et galets. Il est à remarquer que ces derniers éléments sont d'autant plus

nombreux que les terrasses sont plus élevées et plus

ancienne~. c'est ainsi que les graviers qui couronnen.t le

plateau de SLAcheul renferment une multitude dr. galets

yprésiens.

Mais il est parfois bien difficile de discr.l'ller ces lam

-beaux de terrasses anciennes d'amas de silex provenant du remaniement sur place ou du charriage sur les pentes

des silex de l'argile à silex(').

· En même temps que se creusait la va liée principale,

l'érosion, variant d'intensité <'!vec les périodes plus ou moins humides, sans doute en relation avec les pé1·iotles

g·laciaires (cycles d'érosion), dénudait partiellement la

surface de la craie. surtout sur les pentes dépourvues cie végétation. L'arg·ile à silex provenant de la dissolution de la craie par les eaux d'infiltration elles silex qui s'y

trouvaient incorporés ont été charriés nou seulement par les cours d'eau (rivières secondaires et leurs affluents),

mais par des torrents temporaires pa dois de peu d'étendue el ravinant les pentes.

Lorsqu'on voyage en chemin de fer d'Amiens à Abb e-ville, on remarque un bon nombre cie ces ravins secs

perpendiculaires ;'t la vallée de la Somme où ils viennent

aboutir el qui sont plus ou moins anciens: les plus

récents aboutissent au thalweg actuel; d'autres, forment de petites vallées suspendues au sommet de la [alaise ca l-caire au pied de laquelle coule le fleuve actuel. LI en est,

par exemple celui qui apparaît au sommet de l'escar -pement crayeux de Picquigny (alt. 40 mètres), dont le lit renferme encore au point où il est coupé par la falaise, un lambeau de leur cône de déjections qui s'étalait autrefois

(1) .J. GOSSELET et CAYEUX.- NoteS· SUl' les conciles teJ·tiaires de la Somme. Ann. Soc. geol. elu Nord, 1894, p. 160 et ss.

189

..

beaucoup plus bas (1 ). Ces dépôts de silex ne sont donc

plus rigoureusement en relation avec les terrasses du

fleuve et il est bien difricile de fixer exactement leur àge

relatif.

Il faut donc distinguer ces graviers pseudo-fluviatiles étagés sur les versants de la vallée de la Somme des véri

-tables graviers des terrasses du fleuve et c'est parfois

très délicat. ·

Une autre cause de difficulté dans celle étude, résulte de

la faible difiérence.d'allitude qui sépare les terrasses et qui se conçoit aisément.

En effet, alors qu'à l'époque pliocène la Somme prenait sa source ~l une altitude plus élevée, elle coulait à Amiens

à 70 m. (plus haut niveau des graviers fluviatiles); commr. aujourd'hui son lit le plus inférieur est à+ 13 m.,

le·s quatre terrasses qu'on peut observer sur son versant sud en ce point s'échelonnent sur une différence de nÏ\•eau de mètres et ne sont séparées que par des

échelons de très faible hauteur, d'autaut moins di scema-bles dans le modelé actuel elu pays, que leur fond est très incliné.

Il est un autre point dont il faut tenir grand compte

pour le relevé de ces terrasses, c'est le relèvement consi

-dérable. qu'a subi le niveau de base depuis la fin du

quaternaire ayant produit un remplissage important elu

thalweg et la surélévation du lit du fleuve actuel. Déjà, à

Abbeville, distant de la baie de Somme de 16 ldlomètres, le dernier lit quaternaire du fleuve repose sur la ct·aie à - 16 m. an-dessous du niveau de la mer; la Somme,

(1) A S'-Acheul, nous avons montt·é il diveJ'S géologues (MM. Donxami, Briquet, Leriche, etc.), des ravins de même nature, mettant en communication deux-tel'!'asses. A la canièt·e Tellier notamment, en 1908, le cône de déjection d'un de ces J'avinements

venait s'étaler sur les graviers infél'ieurs de la 2• ten·nsse qu'il

(6)

- 190

-coulant actuellement à

+ 4

m., est en quelque sorte su s-pendue à 20 m. au-dessus de son dernier lit quaternaire dont elle est séparée par 20 m. de dépôts de remplissag·e. A la po in te elu Hou rd el un sondage (1) donne la tourbe à 't2-24 m. au-dessous du niveau de la mer, puis,. sous

4m50 de g-rnviP.rs, la marne Cl'<~yeuse est à - 28 m., la craie dure à- 34 m.

Pour repérer les niveaux des terrasses de la Somme, l'altitude absolue ne signifie dOLlC rien el il était de toute uécessité de commencer par tracer un pront en long exact du contact du lit inférieur avec la craie. lequel profil devait servir de repère pour l'évaiuation des altitudes des terrasses (voir fig·. ·1). Des JJivellements minutieux, l'étude des débris fauniques et de l'industrie humaine, permellraient ensuite de cl éterm i ner l'a ncieuneté rel ali ve des dépôts fluviaux actuellement existants ou visibles et l'époque de l'apparition de l'homme clans nos régions.

TEHRASSES DE LA So~niE A AMIENS (2)

Le point cie départ de nos recherches a été Amiens, où nous avuns pu, ù St.Acheul el ù Montières, dre~ser des coupes exactes de la vallée (3).

Saint-Acheul. - Ces coupes ont mis en évidence, à St-Acheul, l'existence de quatre zones principales de gra -viers fluviatiles séparées par des arêtes crayeuses. (Il ne saurait être ici question d'établir un parallèle entre le

système des terrasses de la Somme, i~complètement (1) Communiqué par M. Coire!, Sous-Ingénieur des Ponts et Chaussées, à St-Valéry.

(2) v. A. BRIQUET, Note préliminair•e sur quelque points_cle

l'histoire plio-plelstocène cle la J'égion gal!o-b'elge, il nn. Soc. Geol. du Nord, t. XXXVI, 1907. . .

(31 Voir· Compte-rendu Conrv ès (le l'AFA S. :cier·mont-.Ferrancl, 190~ el Mémoires Soc. Géo_l. dL_t 1\:.ord, 1909. ·

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'aÎIIeurs,

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lui

de la Garonne ou de tout autre fieu ve).

11·e zone. -{Altitude 23-29 m.): Quartier de la Va!lée et

de la Gare du Nord, à 10 mètres au-dessus du lit inférieur du fleuve (c.e lit est

à+

13 rn. d'ait. au confluent de l'Avre) el que nous appelons

la ten

·

ass

e

d

e

10

m

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_2e

;;

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.

-

(Altitude 40-Mî m.): Anciennes Carrières! de St-Acheu 1 et Carrières Tellier-Bulle! ( 1910) :

termsse de

30

m

è

tr

es

.

3e

zon

e.

-

Se diVise en deux lambeaux d'altitude

diiiérente :

A) Lambeau de terrasse à l'O. (carrières du boulevard

Bapaume et des abords du cimetière: altitude 48-55 m.);

n) Lambeau à l'E. (route de Cag·ny, maison Taveaux:

altitude 58 mètres), et qui est peut-être dépendant du système des terrasses de l'A v re ?

L'ensemble constitue la

terra

s

s

e de

40 m

è

tr

es

.

4e zone. - Sommet du plateau (caves des maisons bâties·, cailloux roulés el sables : allilude 62-68 m.), presque complètement démantelée

(term

s

s

e

d

e 5

5

mèt

r

es

)

.

Depuis que le fleuve a coulé à ce niveau élevé, deux ravinements, dirigés en sens opposé etayant leur point de départ en arrière de la lenasse de 50 mètres, près de

Boulillerie, ont isolé le mamelon de Saint-Acheul du

plateau plus élevé de Saint-Fuscien (HO m.) auquel il était primitivement relié.

Amiens-Ville. - On peut retrouver ces quatre zones sur le versant sud de la _traversée d'Amiens.

IJasse

termsse

.

-

Anciennes sablières de Saint-Roch, près de l'ancienne prison de Bicêtre {altitude 22-27 m. (1).

Je

terrasse

.

-

Sablières et gravières au sud de la gare (1) Le Ill dela Somme est

à

+

LOm70 et+ 11••50 au quartier S aint-MauJ•ice au pied cles falaises Wont cles Teinturiers).

(7)

- .192

-Saint-Roch, en anière de la casP.rnr Friant, près du café

du chùteau [ort (altitude lj.().lj.5 rn.).

. 3e turasse. - Lambeau de graviers, bouleva.rd de Strasbourg (aiL 5ij m.); rue St.Louis (ail. 58 m.)

,fe lMrassr. - Exlr<~clions du boulevard Chftleaudun, Ecole Normale d'lnslitulrices P.t champ de manœuvres

(altitude 65.-70 m.).

MontièreJ>·les-.!\-miens. ·- A Moulières, toutes les' ballastières de bas niveau (altitude 20-28 m.) exploitent les grilviers de la basse teiTas~e. Aux abords de la roule

d'Abbeville, ils reposent sur la craie il '18·20 m. d'altitude). Les ballastières située;; au sud de la voie ferrée d'Amiens à Abbeville (34-1!2·m.) se ratt::~chent à la 2e terrasse de

30 mètres. Mais la nappe de graviers.de cette terrasse se rallache ù la basse terras<;e par un ravinement e!Teetué

à l'époque ::~cheulécnne (!) ct dont on peul observet: aujourd'hui l'allure ù la r.arrière Muchembled (route de Saveuse, altitude !~2 mètres). Le cailloutis qui traverse le limon rouge (limon fendillé de Ladrièrel devient plus épais vers le Nord en sr. rapprochant.de la vnllée; puis le

li mou dispandt complètement, et le cailloutis devient un véritable gravier cl'appar·ence fluviatile très roux qui ravine les graviers inférieurs. C'est un fait semblable à· celui observé à la carrière Tellier, en Ire lil. 3° et la 2° terrasse, el plus bas (école de La Neuville) entre la

'2° et la basse terrasse. Sur la route de Saveuse, nous consi -dérons le~ carr·ières Boucher et Tatlegrain (aiL 50-515 m.) conimr dépendant de la 3c terrasse. ·

EnÎin la n<q)pe de graviers que nos sondages ont rènconlrée ù la sablière. Debary (altitude 65-70 m.) se

rattache ù la 4° terrasse.

·A Saint-Acheul, ·les graviers de haut nicean renfermaùt

·(IJ Le cailloutis cle base des limons moyens de la 2• terrasse

est dalé par l'industrie aélleuléenne.

- 193

-·de très nombreux galets tertiaires, cntrainés sans doute à l'époque pliocène, n'ont jamais fourni aucun reste

d'industrie humaine. Le niveau de 58 mètres, route de Cagny, est égale ment stérile. i\Jais ceux de 50 mètres ont donné clans ces dernières années de nombreux outils (coups de poing très grossiers, petits outils et éclats utilisés pré-Cilelléens).

TERRASSES EN AMONT D'AMIENS

En amont d'A miens, il est plus difÎicilc d'étudier les

·terrasses, car la vallée est creusée en grande péHtie clans

la craie blanche sans silex et les lambeaux de terrasses sonL rares. D'autre part, faut-il considérer l'Avre comme l'ancienne Somme, prolongement direct à l'Aisne (Dollfus)? L'étude des matériaux des terrasses de cc cours

d'eau pourra peul-être nous renseigner? Mais déjà l'étude de la basse terrasse de l'Avre : Longueau, Boves nous a

montré que les graviers fluviatiles renferment l'industrie chelléenne et le cailloutis de base du limon roug·e qui les

ravine de l'acheuléen ancien.

D'autre part, le gisement de Thennes appartenant à la deuxième terrasse est également chelléen el contemporain

de l'Elcphas antiquus.

En ce qui concerne la Som me,

deux

niveaux de terrasses sont nettement marqués à Daours : le premier à 48 m. d'altitude et le deuxième à !57-65 m. En amont .de Daours, rive gauche de I'Hallue, à l'altitude de 60 m., un lam

-beau de terrasse subsiste, raviqant des sables tertiaires, ce qui nous prouve qu'à l'époque où le fleuve coulait en

· ce pojnt, l'érosion n'avait pas encore complètement déma n-telé les couches. de l'éocène inférieur qui autrefois recou·

vraient uniformément toul le bassin et que la Somme ·coulait encore en grande partie dans les sa~les et argiles

(8)

- 194

-Les dépôts de silex de haut niveau : bois de Blangy

(% m.) ; Sainte-Col elle à Corbie (104 m.); bois du

Hamel (lOO m.); Chipilly (89 m.) sont constitués par des silex verdis de la base de l'éocène, empâtés d'argile rouge sableuse, très compacte. Ces silex sont presque tous entiet'S; quelques-uns cependant sont roulés el pr é-sentent une patine fort ancienne. Ils proviennent sans cloute du conglomérat à silex éocènes remanié sut' place

ou charrié à unè faible distance de points plus élevés où

ils gisaient toul d'abord. lis se sont accumulés dans des dépressions. où ils forment des dépôts de 2 à 4 m. d'épaisseur (époque pliocène?). lis sont ah>nlument stériles en industrie humaine, et les coups de poing qui proviennent de ces extractions ont toujours été trouvés en surface dans un cailloulis de silex éclatés situé à la base du li mou quaternaire qui recouvre ces dépôts anciens.

TERRASSES ENTRE Al\IIENS ET AnDEVILLE

En aval d'A.miens, la

b

asse

terrass

e(

1) forme une rie de dépôts presque ininterrompus passant d'une rive à l'autre, Situés à quelques mètres au-dessus du niveau elu fleuve actuel et disparaissant à Cocquerel, Eaucourt-sur-Somme.

La 2e terl'asse subsiste à Ailly-sur-Somme, Bourdon

(industrie chelléenne).

nes lambeauxde la 3e

tel'l'a

sse

s'observent à Picquigny(2),

CroY, Liercourt, ~1areuil, Saint-Gillrs.

Nous n'avons rel rouvé la .qe

ter

l'

ass

e

qu'à Liercourt et à Caubert.

Lrs silex et galets qui tapissent le sol sur des points (1) A Montières et à Saint-Hoch-lP.s Am1ens, cette bnsse te r-rnsse renferme Elephas antiquus et hippopotame associés à

l'industr·lc chelléenne, jusqu'à l'altitude 20 m.; plus près du fleuve

(allitucle 18.16 m.), les graviers n'ont foul'lli que Elephas pl'imi

-genius, Rltirzoceros ticlwrltilws, Renne et éclats Levallois r·onlés. (2) Le lambeau de Picqulgn y (alt. 41 m.) a été placé par· er-reur

clans Ja 2• zone sur le dessin.

Corbie Daours + \9 m. SLAcheul -~-~ +13 m. Amiens --1--~ +tl m. Moulières ---r---~. +IOm. Ailly-s.-S. - - - H La Dreilloir Long -3m. Abbeville

_j

- 15m. /

1

1

1

1

1

- 1 9ti-Longueau Ailly-s.-S. Picquigny Belloy

Condé-Folie

·Cocquerel

Liercourt

(9)

- HHi

plus élevés (roule de Saveuse, 85 m.), Dreuil, Ailly-sur -Somme, doivent app;u·Lenir, comme ceux de Sain le-Colelte, bois de Blangy, bois elu Hamel, au conglomérat à

silex éocènes démantelés auxquels sont associés des galets yprésiens laissés sur place: les sables lancléniens

ayant été entraînés par l'érosion.

Le profil suivant (fig. 1) résume approximativr.mcntles

résultats obtenus à ce jour (Juin '1910).

TEn nASSES A A OOEVILLE

Il était particulièrement inléressunl d'étudier les g

-ise-ments d'Abbeville au point de vue de leur relation avec ceux d'Amiens. Lorsque nous avons commencé nos in

ves-tigations clans celle localit0, qui a été comme Amiens un

des berceaux de la préhistoire, il nous avait paru difficilec

d'établir le synchronisme des gisements à fa.une et inclu

s-trie anciennes de la Porte du Bois (allilucle 30 111.) avec

un des niveaux de Sainl-Ar,heul (45, 55 ou 70 m.). Aujourd'hui cela nous parait possible.

Du relevé des sondages effectués à Ableville (travaux

d'ru'l des ponts el chaussées (1), puits d'usine el des parti

-eulien;, il résulte qu'il existe dans la vallée un remplis· sage de 20 mètres.

Voici, à titre d'indication, quelques sondages e!Ieclués au faubourg rlouvroy où se trouve le maximum de creu -sement :

Sond

age

(2)

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IV

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Sable. . 3m30

Tourbt: Tur . .

1.70 0.50 (1) Communiqués fort aimablement par i\1. l'Ingénieur d'al'l'on -dissemcnt d' Abl)eville.

(2) Sondages de M. Beuniet· pèrE.', d'Abbeville. Voir H.cgistre des.

sondages à l'Hôtel de ville.

~

~

.

~

·~

- 197 'l onrbe . 1.80 Sablee 2c70 Tuf 3.70 Tourbe 0.60 Sable. 0.50 Cailloux. 6.50 TOTAL. 21 30 Craie. 10.30

A tttre

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n :

Sable. Tei'I't.) noire

Tnj' .

Terre noire toui'beuse avec cailloux

Tuf . . . Tollrbe . . Sable bleu. TerTe grise tourbeuse. Tuf . . TCI'I'e grise IOUI'beuse Tourbe Argile grise Cailloux. . Craie. TOTt\L. ~rn 0.15 0.20 1.60 0 30 1.00 û.50 0.50 1 50 0.50 0.60 1.85 3.30 20. 8.

S

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Remblai. Sable Tuf . . Tourbe . Terre lignite use . Sable bleu. . . Tene noi1·e. . .

Tourbe roussâtre, Yeinée de tur Mm•ne calcaire grisf\trc Tourbe noire. . . .

a

m

o

.

70 0 40 0.90 0.70 7.80 0 55 0.85 0.85 0.50

(10)

- '198 -Tourbe roussit tre, veinée de tuf Tourbe noire . Sable. . Cailloux . . TOTAL. Craie. . . 1.50 0.50 0.25 3.25 21.75 6 Constmction du pont de Sursomme ( 1909) :

Niveau elu sol. .

Hemblai. . . .

Limon at•giteux . Sable mou van l gris.

Tourbe compacte· .

Sable bleu. . . . G ra vlct•s et cailloux.

Total des alluvions r·éccntes et pleistocèncs . . . . . Cr·aie.

Hautes eaux cie navigation. Eaux ordinaires

EtJaiss. 0•60 0.\JO 3.10 4.50 8.10 3.90 21.10 Pl'ofond.

+

(j~

+

6.

+

5.10

+

2. 2.50 - 10.60 - l't.50

+

4.

+

3.38 De l'examen de ces divers sondages, il résulte que le

fleuve a crtusé son lil à Abbeville 15 ou 16 m. au-desso1ts

du niveau actuel de la mer.

Donc, pour comparer les altitudes des g-isements d'Ab

-beville il eelles cles gisements ·d'Amiens, il faut ajouter

15 metres ù chacune des cotes relevées à.-\ bbeville. Alors les résultats deviennent intéressants:

Carrière de la porte du Bois (Moulin Quignon

el champ de i\fars). AIL. 25 à 32 m.; aiL. moyenne des gr·al'iers 28 rn. - C'est aux carrières àu Moulin

Quignon qu'eurent . lieu les premières trouvailles de Boucht~r de Perthes {silex taillés et ossements d'animaux

quaternnires). Plus farel, M. d'Ault du ~lesnil (') a récolté

(1) D'A ULT·DU· MESNIL, Note SUr le te l'l'ain quatel'naire deS envrrons d'Abbeville, Reoae de l'Ecole d'Anthropologie 1896

p. 28't et sui vantes. ' '

- 199

-dans les carrières du champ de Mars une faune ancienne

à affinités pliocènes.

Nous-mêmes, grâce à la collaboration de notre ami

l\1. Franquelin, avons pu recueillir, dans des carrières

voisines, une faune de même âge {Voit· plus loin: Compte -rendu de l'excursion à la Société géologique ù Abbeville,

11 juin '19'10).

Le niveau moyen de cette tet·t·asse, dont les graviers ont été exploités depuis plus de 60 ans dans diverses car -rières, se trouve donc à 28

+

15, soit 43 m. au-dessus

du lit inférieur de la Somme et par conséquent

corres-pond à la 3me zone des graviers fluviatiles de St-Acbeul 13 {')

+

43

=

tl6 m. (nireau dfl 40 m.). Nous rattachons

à ce même niveau les cal'rières de St-Gilles el de Mareuil.

Il existe à Abbeville une terrasse plus élevée sous

J'église de Caubet·t {ait. 39-@ m.) qui n'a jamais fourni

aucun silex taillé el qui correspond (40

+

15 =55 m.) aux

hauts niveaux de St-Acheul (68-13 =55).

Entre Caours et Abbeville la rivière du Scardon a·

laissé également des lambeaux de terrasses étagés sur

son versant Est: 1° l'Hermitage(+ 13 m.); 2° l'Heure

( +

22 m.); Caours (

+

35 m.). Les deux premiers niveaux de graviers ont fourni des silex chelléens, la terrasse supé

-rieure n'a l'ien donné el est stérile.

Manchecourt. _.:. Dans ce faubourg, il n'y a plus au

jour-d'hui de carrières exploitées. Il faut s'en rapporter pour ]'étude de ()CS gisements aux tnnraux d~ Preslwich (2).

Les carrières se trouraienl à l'altitude moyenne de 12-1tl m., el correspondent, par conséquent (Hi+ 15 = 30m.), à la2• terrasse de Saint-Acheul (43-13= 30m.),

Rue Saint-Gilles et à l'Hôpital, des sondages accusent des (1) I.e lit inférieur de la Somme est à+ 13 mètres à S'-Acheul. (2) Dans la r·oupc de la canièi'C Dufour, PI'Pstwich dit que la

base des graviers est clans l'eau. Comme à iVlantort, les graviei'S s'enfoncent sous la tourbe (rue de Bas à Mcnch~.;ourt).

(11)

-- 200

-graviûs qui appartiennent également au niveau de

Monchecourt, et qui ont donné à Boucher de Perthes des haches taillées de type chelléen.

Mautort. - .Mais si on ne peut plus étudier ~lenche· court, il existe sur l'autre rive, ù i\Jautorl (4 kilomètres

d'Abbeville), des carrières en exploitation de même

altitude el fort intéressantes. La plus belle coupe est celle située au fond de la grande ballastière qui. se trouve à

gauche de la route de Saint-Valery et exploitée depuis

plus de trente ans. Surunelongueurcleplusde !:îOO mètres, on peut suivre le développement de toutes les assises elu Quaternaire qui y sont représentées (voir plu,s loin,

'Excursion de la Société Géologique dù N(IJ'cf de la France). Vers le fond de l'exploitation, les graviers inférieurs

reposent sur la craie <l l;nltitude -t- 7 m.; la partie sup, é-rieure de ces mêmes graviers est à ·12 mètres et le sol

à

+

·16 m .• C'est bien le même n.iveau que ~lenchecourt, el Mautort conespond à la 2o terrasse de Saint-Acheul

avec laquelle il présente l'analog-ie !a plus complète: limons supérieurs et moyens'"bien représentés(').

Mais si on suit la coupe de Mautort jusqu'à son ex tré-mité, ou constate qu'à la briqueterie voisiue, le niveau de ·la craie s'infléchit brusquement, et alors le~ graviers disparaissent sous l'e~nt. La basse terrasse elu neuve ~'est

donc plus visible et se trouve sous la tourbe (2).

Celle basse terrasse qu'on observe encore à 8 m. d'aiL.

à Long-pré, à

+

ô m. à Cocquerel sous le village, cesse

d'être visible à Eaucourt. Dans cette commune, les puits

'des habitations en bordure elu marais prennent leut· eau .'clans des graviers dont l'altitude est d'environ

+

._,~ m.,

( l) Loss récent et l<iss ancien.

(2) Bouc;IF.R DE PERTT-IES a tr·ouvé des .haches eu silex dmé

dans des alluvions situ~es sous la tourbe, lors des touilles erre

e-tuées à la por·te Marcnclé,_1861-1862. Ces clépôts appar·tiennenl

a

la basse terrasse. V. Antiquités celtiques, tome Ill. · '

- 2

0

1

-le sol étant à

+

!) rn. environ. Nous pensons que c~s graviers sont ceux de la basse terrasse, car dans le marais. nrême, au milieu elu thalweg, à Eronclel (1),_ on prrncl J'eau

potable clans la nappe d'eau inférieure à la glaise (voir

plus loin), clans les graviers elu dernier lit quaternaire du fleuve reposant sur la cra.ie à 16 m. du sol du marais qui est à

+

8 m. d'altitude soil à- 8 m.; par conséquent le dernier lit du neuve csl <i '13 111. de difiérence d'altitude

avec les graviers de la basse ·terrasse ciui disparaissent sous la presle el la terre tourbeuse au bord du marais.

Saignevil'lle. - A 8 kilomètres d'Abbeville, on peut

voir trois niveaux de graviers séparés par deux arêtes crayeuses. Le premier est à

+ ()

111. d'ail. en bordure elu

1~1arais, le deuxième esl à

+

·16 m. elle troisième à+ 30 m.

Plus au S. il' n'~st pas possible de les observer. Nous

pensons que les trois terrasses correspondent aux 2me,

3mo et 4rno niveaux de Saint-Acheul.

Port-le-Grand. - A Port-le-Grand en face de Saigne -ville, sur la rive droite, les sondages sont partit:ulièrement

intéressants.

Deux sonci<Jges exécutés dans les p<itures· (ancien lit de

la Somme, altitude (l +m.) donnent:

ter S. ~me s. Sable.

·

i

mo

o

2•80 Tourbe 0.10 1.00 Terre ligniteuse 0.30 Sable coulant. 17.20 H.to Glaise 0.60 TOUl' be 2.00 0.9(1 Glaise on sable gris . 0.50 0.60 Cailloux. 0.50 3.30 TOTAL. 24.90 22.80 Cl'aie. 8.50 7.50 (1) Sonclage neul'l'ler au presbytère (voh· plu.s loin).

(12)

2

o

2

· Ainsi dans l'ancien lit de la Somme il y a il Pori de

22 à 25 m. de remplissage el le lit du'

fle~

ve

est su;. la craie à - 20 m. d'altitude.

Deux au tres sondages sur la rive ( pù ture long-e<~n L la ligne de chemin de fer, ait.+ 6 m.), donnent:

1" Sonda!]e

Remblai

Sable gris . .

Marne jaune sableuse (sans doute ergcron).

Cailloux (cailloutis de base de l'ergeron).

Argile (limon rouge) Cailloux. . . . Craie. . . . 2m 1' 5.20

o.

25 1.20 3.85 10.50

Celle nappe de graviers reposant à ·J3moO de profoodeUI'

sur l<r craie, c'est-il-dire à l'altitude - 7 m., doit être la

basse terrasse du fleuve située à

+

·13 m. au-dessus du dernier lit qui se trouve à - 20 m.

2• Sondage Sable. . . . .

Cailloux. . . .

Marne sableuse grise

Cailloux. CI·aie. . 13m50 0.70 3. 0.30 '10.7ù

La nappe de graviers disparaît et nous approchons du

dernier lit du fleuve.

S1-Valery-sur-Somme. - A SLValery-sur-Somme, nous n'avons pu relever de sondages dans l'ancien lit de la Somme (rive droite), mais gràce à l'obligeance de

M. Coirel, sous-ingénieur des Ponts el chaussées, nous savons que sous le canal actuel (rive gauche de la baie

de Somme), la craie, en prolongement des falaises, dispa

-rait rapidelllenl sous le chenal affieuranl à- 5 m. à- 7 m. el 100 mètres plus au nord (rive droite du chenal) à - 8 m. et- 10 m.

-

203-Le piqueur qui a exécuté les sondages nous a dit d'autre

part qu'en certains points (débouché des ravins), se trou

-vent des graviers. CPs cailloux doiveot.ég:Jiement se rapporter à la basse terrasse el le lit inférieur de la Somme doit ètre à SLValery inférieur de 1 ou '2 m. à celui de Por·t-le·Grand -22 m. (minimum).

A SLValery (aiL 3'~ rn.), les carrières du l\'foulin

exploitent une importante nappe de graviers fluviatiles

ravinant les sables terliaires comme à Daours (rive droite de l'Hallue).

Ces cailloux roulés et les sables fluviatiles qui les couronnent appartiennent à la zone des hauts nh·eaux ;

ils sont à 3i + 22 =56 mètres au-dessus du dernier lit

du fleuve, comme ceux de pareille situation à Sa

int-Acheul, Moulières, Caubert, ils n'ont jamais fourni de

silex taillés par l'homme.

Le Hourdel (1). - Puits tubulaire pour essayer de

donner de l'eau potable au hameau ('18!)6).

Altitude du sol du 1·epère BoUI'da·

loue (terre-plein du port)

+

7•70 Galets. . . . 10. ( - 2•30) Sable . . . . 13. (-)~.30) Sable fln bleu. 7. (- 22.30) Tourbe . . . 1. 50 (- 23 .80) Graviers fins mêlés de sable avec fines coquilles . . . . . i'llarne crayeuse et sablonneuse.

Craie .

4.:>0 (-28.30) 6. (-34.30)

11. (-/!5 '30)

Ce sondage est très important pour l'élude que nous

poursuivons (2).

('1) Sondage important qui nous a été communiqqé pal'

l\1. Coi1·et, sous-ingénieur des Ponts et Chaussées, à St-Valery. (21 Le puits a été descendu à 53 mètres de pi·ofondeui'; à 43 m.,

l'eau était enco1•e ~aumâtre et les tuyaux s'étaient engo1·gés, et

une avarie s'étant produite, ces tuyaux n'ont pu être détlOI'gés ni I'etirés et le puits a -été abandonné sans résultats utiles.

(13)

- 204

-Celte couche de tourbe, située à 22-2t~ mètres au

-dessous du niveau de la mer actuelle, correspond au, banc

de tourbe rencontré à Port-le-Grand, à 22 mètres de pt~o­ foncleur sous le sol de la vallée, et à - '18 mètres au

des~ous du uiveau de la mer. C'ec;t la tourbe néolithique

ancienne d'Abbeville (fouilles Boucher de Perthes à

La Portelelte).

A cette époque, le niveau de la ?\lanche était inférieur

d'au moins 28 mèlres à son niveau <~ctuel, el le détroit du

Pas-de-Calais était à peine ébauché.

D'a~tre part, si l'on examine le profil du dernier lit qua

-ternmre de la Somme, entre Abbeville ct le Hourdel

(fig. 1), on constate que la pente, 0 m. 60 par kilomètre,

est encore trop forte pour que cette cl emière localité co

rres-ponde à l'embouchure véritable du fleuve qui, à la fin du quaternaire, se trouvait par conséquent bien plu!> à l'ouest.

(La pente actuelle de la Somme canalisée est de 0 m. :17

par ldlomètre entre A miens et Saint-Valéry; mais le cours

du fleuve ayaut été raccourci par la canalisation qui en

a supprimé les boucles, la pente réelle du cours inférieur

de la véritable Somme (vieille Somme) est bien inférieure

à ce nombre. De sorte qu'au dernier stade de son cr

eu-sement, lorsque la Somme charriait les graviers de son lit

le plus inférieur, et nous avons tout lieu cie croire que cette

dernière période d'activité correspond à l'époque mousté

-rienne, le Pas-de-Calais n'existait pas encore el le fleuve

actuel n'était encore qu'un affluent ou la partie supérieure

du grand fleuve quaternaire qui coulrlit anciennement

depuis l'emplacement elu Pas-de-Ca lais jusqu'à l'Atlantique traversant la il lanche alors exondée (1 ).

(1) Fonds elu détroit elu Pas-de-Calais (sondages de .\f. Haliez).

Ann. Soc. Geol. du Nord, 1S!:J9.

J · GOSSE LET, De l'ou \'CJ'LUI'e du l-'as-de-Calais. Con grés de l'A. F. A. S., Boulogne-suJ•-i\fel', ill., 1899.

DouxA~u. L'~I·igine et la fOI'Illalion elu· Pas·dc-Calais. Congrès des Scwnces lnstoriques dç Dunkerque, 1908. ·

- :-:!05

-CONCLUSION

· Cette étude des terTasses cie la Somme donnera de

multiples renseignements d'un grunu intérêt pour la

préhistoire et la géologie du quaternaire, sciences inti

-mement unies et qu'on ne peut séparer. Bien que nos

recherches soient fort incomplètes, il est possible de dater

avec assez d'exactitude l'apparition de l'hori1me quater

-naire clans la vallée de la Somme, puis de suivre l'évolution

de son industrie au cours des divers stades elu creusement

du fleuve, ces étapes constituant en quelque sorte une

échelle chronologique dont les périodes sont

difTé-renciées par des modifications clans la faune et l'outillage

lithique. ·

Les graviers fluviatiles de haut niveau (4mo terrasse de

St-Acheul) n'ont fourni de restes cie l'incluslrie humaine

en aucun point de ln vallée.

Par contre, ceux de la 3mc terrasse renferment à

Abbe-ville tine faune à affirlité pliocène el ont donné à Amiens

de nom br eu x restes d'une indus trie très grossière, mais

indubitable111ent ouvrée par l'homme et permettant

d'affirmer son existence au début des Lemps pléistocènes,

celle de l'homme tertiaire restnnt pour nous probléma

-tique ( 1 ).

Les trois terrasses inférieures de la Somme renferment

une indust1·ie caractérisée par des coups de poing de type

chelléen, mais plus ou moins évolués. Les très grandes

séries que nous avons recueillies mettent en évidence trois

(il Depuis que nous avons récolté, à la base de l'éocène, des

silex présentant toutes les apparences cie la taille intentionnelle

et dûs simplement à des actions natlll'clles, {AI!n Soe. Gc!ol. tlu

Nord, 1909), il nous parait bien difl1cile cie tenii' comptedcséulithes

que nous l'enconii'OIIS cl'ailleùi'S dans tous les gl'aviel's pnulés avec l~s mêmes fol'mes dues alix mèmcs phénomènes nalu1·e1s. ·

(14)

- 206

-subdivisions marquées par des difiérences notables et

que nous désignons pnr les appellntions suivantes:

Pré-chelléen (coups de poing à talon réset>vé, à peine ébauchés accompagnés de nombt'eux petits outils). niveau de 40

métres, faune ancienne cl' Abbeville.

Chelleen, proprement dit (coups de poing allongés): fierons

cie S'-f\ cheu t et nombreux pelils ou lits: J'ac loi I'S, g1'a ttoi I'S,

pei'ÇOirs, etc., nir;eau de 3() mètres.

Chelleen écolué (coups de poing Lt>iangulaiJ·es tres finement taillés: type de Monlières) (1), nicean de 10 mètres.

Cette dernière industrie est encore contemporaine de l'El. antiquus el de l'Hippopotame.

Les alluvions fluviatiles de ces diiTércnte!' terrasses pré

-sentent d'ailleurs un caractère identique indiquant le

même processus de formation. A la base, graviet·s et craie,

puis lits parallèles de gra\·iers roux clans craie (2), au

-dessus, !'!ables fluviatiles à stratification entrecroisée, su

r-montés eux-même~ de glaise blanche (marne !'ableuse

appelée terre à pipe à Moulières, sable gras à St-Acheul).

Ces deux dépôts renferment des coquilles terrestres abon

-dantes (gia ise) et des coqui Iles cl 'eau douce (sa bles). Souvent

une petite zone tourbeuse s'observe à la partie supérieure

de la gl::~ise. Mais ces couches ont souvent disparu, enlevées

par des ravinements ultérieurs (chelléeus à la Porte du

Bois: 3me let·rasse d'Abbeville); (cailloutis acheuléens : 2mo terrasse de Saint-Acheul); (cailloutis moustériens : basse terrasse de Moulières). Dans bien des cas la disso

-lution de la craie par les eaux d'infiltration a dénaturé le

caractère physique de cette glaise dont il ne reste plus que

le sable coloré en jaune ou en roux (31110 terrasse). Sur les

graviers de h<lllts niveaux on n'observe pas cette formntion, (1) Nous avons p'résenLécesdeJ•nieJ'S types au Congrès de l'A. F. A. S. de Toulouse, 1910. VoiJ· également: S'·Acheut et Mon Li ères.

Mem. Soc. Gcol. du Nord, t. Vl (1909).

(2) Nous avons expliqué cette difiérence.

- 207

-les éléments crayeux ont complètement disparu et, cailloux roulés, sables el galets terti<dres sont enfoncés dans des

poches de dissolution séparés par des colonnes de presle

(craie décomposée en partie). Chaque couche de graviers

correspond à une période d'activité du fleuve, la couche

de glaise indiquant un ralenti:;sement de son cours; des étangs se forment sur les borels, dépôt de vase recouvert

ensuite de végétution el devenant un sol où les bommes

s'établissent (atelier de taille à la carrière Tellier, à Saint -Acheul). A un abais~ement de niveau de base (1) corres -pond ensuite un nouveau cycle d'érosion caractérisé par

les mêmes formations.

La présence d'Elephas antiqwts et cie l'Hippopotame dans

les graviers iuférieurs de la basse terrasse de la rive

gauche de la Somme, à Moulières et ù St-H.och (ait. 22 m.)

associés à des coups de poing de type chelléen évolué,

prouve qu'à lu fin de l'époque chelléenne, la vallée était

dt\jà creusée presque complètement (

+

20 m. à Moulières

et- 5 m. à Abbeville).

A ce stade de l'histoire de la vallée, un relèvement du niveau de la mer est constaté à Menchecuurt par les tr

ou-vailles de coquilles marines faites par Baillon, puis Presl

-wich, dans le lit de sable calcaire couronnant les graviers

inférieurs à une altitude d'environ+ G mètres.

Ce niveau a donné etes coups de poing t.:helléens (G. de

Mortillel) et Cyrena fluminalis el colllme d'autre part il f\St

surmonté d'un dépôt de Jüss ancien couronné lui-mème

par le limon rouge (limon fendillé de Ladrière), c'est-

à-dire par les dépôts du quaternaire moyen, on peut dater

cette invasion marine de la fin de l'épnque chelléenne (2).

11) Lit du fleuve quaternaire i\lanchc dont la Somme n'était

qu'un affluent.

(2) Nous donnons ta coupe de i\lenchecourl et nos considérations

sut' ta faune de ce gisement dans le comple-t·endu de l'Excursion

(15)

- 208

-11 est rationnel de penser que ce relèvement de niveau de base a occasionné un ralentissement du cours du

fleuve dont les eaux se sont étalées sur son Lhalwe"' lors

0

des crues.

D'abondantes précipitations atmosphériques sc sont ensuite produites, donnant naissance aux cailloutis eL aux

limons moyens de Laclrière (lim. pnuaché, lim. à points

noirs) qui out recouvert les dépôts de la moyenne terrasse jusqu'au voisinage elu fleuve quaternaire contemporain (1 ). Pendant toute cette époque, le foud de la vallée a du être

recouvert par les eaux du fleuve: d'où l'absence des outils

acheuléens anciens dans les dépôts de la basse terrasse,

alors quïls sout nombreux clans le cailloutis de base du

limon moyen à SLAcheul, Abbeville.

C'est uu ùébuL de cette période qu'a dù se former cette glaise (marne sableuse), recouvrant les graviers infé -rieurs de la basse terrasse. el qui subsiste à Moulières,

Belloy, Longpré, Abbeville. A ~lontières eL en divers

autres points, ce dépôt (teiTe it pipe, sable gras) a été

raviné ultérieurement ou même enlevé, eL a alors compl

è-tement dispat·u.

!\lais un nouvel abaissement du niveau de base produisit

une nourelle phase d'activité du fleuve qui recreusa sou

lit dans les gTaviers chelléens, puis dans la craie, lai~sanL ainsi la basse terrasse surélevée de 'lO mètres au-dessus

de son dernier lit.

A ;\lontières, le fleuve toul en su!'creusanl progress

i-vement son lit se dépl<1çait vers le Nord, de sorte qu'on suit

pas à pas son évolution. Alors on constate que la faune el

l'industrie chelléennes disparaissent el que les gr·aviers

entrainés par le fleuve ne renferment plus que l'Elephas

primigcnius typique, le /(/iinoceros ticlwrhimts et le Renne. (1) Ces dépôts seront étudiés clans une étude ullérieme au point

de vue de leur· forma ti on et de leur• âge.

-- '209

-. En ravinant les couches plus anciennes, le fleuve a mis en contact, en certains points, des couches moustériennes

et chelléennes. C'est ce qui explique le voisinage des éclats

Levallois (moustériens) eL des coups de poing chelléens

dans les alluvions de bas niveau (Moulières, Levallois,

Cergy, etc.). Le contact de ces deux industries n'existe

jamais clans les dépôts ue la moyenne terrasse où elles

sont séparées par les limons moyens ù industrie acheu-léenne.

C'est à la même époque que se sont formés les dépôts

de tuf et de tourbe anciens de Longpré et de ~lontières

(limon gris ü succinées de Lad ri ère= limon brun tourbeux

de ~lonlières). Pendant celle clemière phase cl'érosiou,

le ruissellement avait déposé l'ergeron (léiss récent) (1) sur

les pentes. Ce dépôt fut formé ü des époques ditrérentes et

successives qui sont datées par les cailloutis intercalaires

ren fermantleurs indus tri es particulières qui s'échelonnent

depuis le ~Joustérien ancien jusqu'à l'Aurignacien sup é-rieur. A la période sè'che el froide qui termine cette

période d'érosion correspond le limon supérieur résultant

de l'altération de l'ergeron (2 ), daté lui-même par des

incl us tries voisines cl u Solutréen eL d 11 Magdalénien

-C'est alors qu'un nouvel exhaussement du niveau cie la

mer produisit uu ralentissement du cours du fleuve et la

formation de la dernière couche de glaise qui recouvre les graviers du dernier lit.

Puis commença la période de remplissage (Lou l'be el tuf),

tnarquée par la formation de 2!k mèlres de dépôts, à

Port-(1) Dans une pt•ochainc élude, nous étudierons plm spécia-lement le mode cie formation de ce dëpôt.

(2) Nous avons expliqué precedemment comment le r·uisselle -ment avait entrainé sur· les pentes le Irmon supër·ieur ou lellm c\'altei·ation du dernier

lo

s

s,

for·mé cl'abo,·cl sut• place pal' décalci -fication ct suroxyclation elu dépôt calcaire sous-jacent.

(16)

- 210

-le-<~rand, Le llourdel, el par l'achèvement du Pas de

-Calais (1).

(1) Dans la partie inférieure elu cours de la Seine, à Quillebeuf et Pl)tiville, le soi du marais etant

à

+

4"'80, le lit inférieur qu a-ternaire elu fleuve est à - 25"'40 et- 26•56. Sur 10 m. cle gr·aviers se trouvent 3 coucbes successives ete tourbe reposant chacune sur de l'ar•gile gr·ise vaseuse (tangue). A la fln elu quaternaire, le fleuve a également recreusé sou lit dans les graviers déposés antérieurement. Cet important remplissage (3U m. de dépôts) explique for•t bien que la basse terrasse de la Seine soit submergée au Hâvre, et qu'on puisse découvrit' SUI' la plage, à marée basse, des coups de poing chell6ens.

Voir: Pro.fils géologiques et Notes ar·clléologiques par -APEL. (Bulletin des· amis des Sciences naturellf's de Rouen, ·1906).

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