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Collégiens et Internet : des imaginaires aux pratiques

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Collégiens et Internet : des imaginaires aux pratiques

Anne Cordier

To cite this version:

Anne Cordier. Collégiens et Internet : des imaginaires aux pratiques. Sciences de l’information et de la communication. 2006. �dumas-01556351�

(2)

Anne

CORDIER

MASTER 2 RECHERCHE

SCIENCES DE L'INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION

CoCCégiens

Internet

:

et

des

imaginaires

aux

pratiques

Sous la direction de

Madame Annette

BÉGUIN-VERBRUGGE,

Professeur en Sciences de l'Information et de la Communication

LILLE 3

UNIVERSITE CHARLES DE GAULLE

UFR IDIST

(3)

il 4

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(4)

Liste des abréviations utilisées

BOEN Bulletin Officiel de l'Education Nationale

B2i Brevet

Informatique

et

Internet

CDI Cendre de Documentation et d'Information

cf. confert

etc. et caetera

INRP InstitutNational de Recherche

Pédagogique

IUFM Institut Universitaire de Formation des Maîtres

MJVA Maison de laJeunesse et de la Vie Associative

p. page

SCEREN Services Culture Editions Ressources pour

l'Education Nationale

SEGPA Section

d'Enseignement Général

et

Professionnel Adapté

SIC Sciences de l'Information et de la Communication

TIC

Technologies de l'Information

et

de la Communication

TICE

Technologies

de l'Information

et

de

la Communication

pour

(5)

TABLE DES

MATIÈRES

Introduction 01

DUQUESTIONNEMENT AU MEMOIRE DE RECHERCHE 04

1. Protocole d'observation 05

1.1. Données générales surle lieud'observation 05

1.2. Choix dupublic analysé 06

1.3.Discussiondes résultats (positionnement personnel) 07

2.Méthodes de recueil du matériau 07

2.1. L'observation 08

2.2. Lequestionnaire 08

2.3. L'entretien 10

3. Postures épistémologiques 11

3.1. Uneperspective sémio-pragmatique 12

3.2. Unéclairage piagétien 13

3.3. Regard surdes pratiques informelles 13

L'IMAGINAIREDEL'INFORMATIONET SES INFLUENCES

SUR LES PRATIQUES DOCUMENTAIRES DES

ÉLÈVES

15

1. Au fondement del'imaginaire ... 17

1.1. Les « discourstechnologiques » 17

1.2. Quand les représentations s'en[m]mêlent 20

1.3. DesBouvardetPécuchetde l'internet 22

2. Typologie des imaginaires etdes pratiques 26

2.1. Les exclus duWeb,ouquand l'exclusion techniqueetculturelle engendre

l'exclusion sociale 27

2.2. Les fans duWeb, oules colons de l'eldorado informationnel 31

2.3. Les sceptiques du Web,ou l'équilibreentre fascinationetdéfiance 34

3. Des pratiques documentairespeu efficaces 36 3.1. Desécueilscorrespondantauxreprésentations développées 37

3.2. L' « info-pollution» : l'envers du décor oulerevers de la médaille 41

(6)

FACE A LACOMPLEXITÉDE LARECHERCHE HYPERTEXTUELLE,

DESPRATIQUES FORMELLES ET INFORMELLES EN JOUE 47

1.L'hyperlien,letendon d'Achille du textenumérique 50

1.1. Vicesetvertusde l'hypertexte 50

1.2. L'hypertexte, celien mystérieux 52

1.3. Lasérendipité : nouveau processusderechercheoumythe pédagogique ? 52

2. Face à l'hypertexte, un choix cornélien (cliquerou non) 55

2.1. Surcharge cognitive etdésorientation 55

2.2. Une capacité d'attention (sur)convoquée 56 2.3. Des moyensde détourpouréviter lesaffres de l'hypertextualité 58

3.Mieux appréhender l'hypertextualitépouroptimiser les pratiques de recherche 60

3.1. La lecturedocumentaire surécran 60

3.2. Pourunepédagogie de l'hypertexte 63

3.3. Stimulerlacapacité d 'inférence 64

UNE«TECHNOLOGIE EN USAGE »,LAPREDOMINANCE DE LA

FONCTION COMMUNICATIONNELLE D'INTERNET 68

1.Usage plébiscitévs usage prescrit (quand ledésirde communication sociale

nargue la prescriptionde la recherche scolaire) 70

1.1. Unoutil socialisé,et socialisant 70

1.2. Un outil banalisé à lamaison 72

1.3. Unoutil privé,etprivatisable 75

2. Des usages informelsderecherche 76

2.1. Quelsbesoinsinformationnels ? 76 2.2. Des pratiques de recherche localisées 77

2.3. Unrapportpragmatique auxsavoirs 78

3. Deuxcontextes d'usagesetde pratiques quis'ignorent 79

3.1. Unedimension communicationnelle peuprise encomptedans le cadre

scolaire 79

3.2. Lepoids de la prescription scolaire 84 3.3. L'absencequasi-totale de transferts d'usages 86

Conclusion 87

Bibliographie

Table des annexes

90

(7)

Introduction

Aujourd'hui, en investissant peu à peu de nouveaux espaces publics et privés (Centres Animation Jeunesse, Points Internet ..., et bien sûr, domicile), Internet n'est plus

l'apanage du seul espace scolaire, lequel dote l'outil d'un statut et d'un regard bien spécifiques. Face auxpratiques formelles développées dans le cadre scolaireont ainsi émergé

de nouvelles pratiques, tout à fait informelles, qui viennent à la fois enrichir mais aussi

souvent contrarier les représentations et les usages et pratiques d'internet prescrits par l'institution scolaire.

Or l'étude des processus de recherche d'information est encore aujourd'hui dominée

par une approche formelle, qui privilégie la définition de méthodes optimales de recherche à l'analyse des pratiques informelles employées par les usages lambda. Ceci s'explique

probablement par l'effet de légitimité qui pèse sur les études de pratiques, mais aussi par la

difficulté représentée par la volonté d'avoir accès à des pratiques appartenant à un domaine

«réservé ».

*

Domaineformelvs domaine informel

En effet, contrairement aux apprentissages formels qui sont des formes

d'apprentissage programmées se développant au sein des organisations habilitées à délivrer des diplômes, ces apprentissages informels n'obéissent pas à une logique de structuration

explicitée et ne sont en général validés par aucuntitre. Cette dernière forme d'apprentissage

sedéveloppe dans les activités quotidiennes liées à la famille etauxloisirs,parexemple.

S'amorcent donc ainsi de nombreuses acquisitions conscientes ou non, des apprentissages

informels, par observation, imprégnation, auto-formation ou par imitation des personnes

faisantpartie de l'entourage de l'individuetdela société.

Qui plus est, dans la mesure où elles sont prescrites par une institution - en

l'occurrence ici l'institution scolaire -, les pratiques formelles se voient dotées d'un effet

important de légitimité culturelle.

A l'inverse, parce qu'elle ne sont pas régulées par aucune autorité, les pratiques informelles

sont généralement perçues par le regard institutionnel comme non légitimes. Toutefois leurs acteurs les trouvent satisfaisantes au regard de l'effet cognitifque ces pratiques informelles

(8)

*

PratiqueetImaginaire : deuxnotionscentrales

Au sein de ces domaines formels et informels émergent des pratiques sur lesquelles

seracentré notretravail.Qu'entend-on réellementpar «pratique » ?

Etymologiquement le mot pratique est un nom féminin emprunté au grec Ttpcmicri employé

chez Platon par opposition à Beopucri, la théorie. Le mot désigne une

manière

concrète

d'exercer une activité, et comprend le sens neutre de « manière habituelle àune personne, à un groupe, de faire quelque chose ». La pratique, « application des règles et principes»

s'opposeàla

théorie.1

Comme le confirme Jacky Beillerot, le terme « pratique » estdepuis longtemps utilisé par les

philosophes pour différencier la vie active et les conduites, d'une part, de l'exercice de la

contemplation, de la théorie ou de la spéculation d'autre part. Toutefois, le professeur en sciences de l'éducation à l'université de Paris X - Nanterre met en garde contre la tendance

commune à réduire le terme de pratique à l'acception superficielle d'appropriation. Bien

qu'une règle d'actions convoquant gestes, conduites et langages, la pratique invoque également objectifs, stratégies et

idéologies2.

C'est d'ailleurs cette double dimensionqui rend

la notion depratiquesi richeetprécieuse.

Si l'analyse des pratiques de recherche est de nos jours développée par de multiples chercheurs, celle de l'imaginaire reste encore limitée. Pourtant Patrice Flichy, auteur du livre

L'imaginaire d'Internet, a démontré toute l'importance de l'analyse de l'imaginaire

développée autour d'une technique, et plaide pour une prise en compte de la dimension de l'imaginaire dans les études d'histoireetdesociologiedestechniques.

C'est ce queje m'efforce de faire dans cette recherche. Il n'est ainsi pas question dans cette

étude demener une analyse distincte des imaginairesetdes pratiques. Au contraire il convient

de mettre en perspective l'interrelation entre ces deux domaines qui se complètent,

s'enrichissentet se définissent l'un-l'autre : pasde pratique sans imaginaire, pas d'imaginaire sanspratique.

1

REY, Alain(dir.). Le Robert historiquedelalanguefrançaise. Robert, 1998. Tome2,page2895. 2

BEILLEROT, Jacky. L'analyse des pratiques professionnelles: pourquoi cette expression ? [en ligne]. Les Cahiers Pédagogiques. Septembre 2003. [réf. du 08/04/2006]. Disponible sur internet: <http://www.cahiers-pedagogiques.com/article.php3?idartic!e= 143>

(9)

Le terme d'imaginaire, s'il renvoie dans les usages courants du vocabulaire à un ensemble

assez lâche de

composants4,

est envisagé ici comme une redescription de la réalité rendue

possibleparcette« poétique de l'action

sociale

»,définieparle philosophe Paul

Ricoeur5.

*

Problématique de Recherche

Quelles sont donc les divergences de pratiques documentaires constatées entre le

cadre scolaire institutionnel et les autres espaces d'apprentissage fréquentés par les collégiens, et quelles influences l'imaginaire d'internet exerce-t-il sur ces différentes

pratiques ?

Après un premier chapitre explicitant la démarche

méthodologique

mise en

place

pour

répondre à ce questionnement, je présente un plan articulé autour de trois autres chapitres

susceptiblesde constitueruneprogression dans le traitement de maproblématique.

Le chapitre 2 analyse les influences de l'imaginaire d'internetsurles pratiques documentaires

des élèves, mettant principalement en scène les notions d'imaginaire, de représentation, çtde conflitcognitif.

Face à la complexité de la recherche hypertextuelle, pratiques formelles et informelles

apportent à l'usager des réponses diverses. C'est pourquoi le chapitre 3 est centré sur cette

question de la maîtrise de l'hypertexteet desprocessusinformationnels etcognitifs enjeu lors

de larecherchesurinternet.

Finalement, le dernier chapitre révèle les tenants et les aboutissants d'une « technologie en usage

»6,

et s'interroge sur la prédominance de la fonction communicationnelle d'internet

dans lespratiques informelles desélèves.

4

Surlesacceptions lexicalesetl'histoire dutermeimaginaire, le lecteurestinvité dese reporteràla lecture de :

WUNENBURGER, Jean-Jacques. L'Imaginaire. Paris:PUF, 2003. 125p. (Quesais-je ?).

5

RICOEUR,Paul.L'Idéologieetl'Utopie. Paris: Seuil, 1997.411p. (La couleur des idées).

6

(10)

CHAPITRE 1

Du

Questionnement

au

Mémoire

de

Recherche

Le cheminement du questionnement initial à la réalisation formelle du mémoire de recherche suppose l'adoption d'une démarche scientifique rigoureuse, faitede choix motivés,

qui orientent nécessairementl'acte derechercheetses résultats finaux.

Il convient donc dansun premier temps de présenter le protocole d'observationayant

présidé à l'établissement de ma démarche de recherche, puis d'expliciter les différentes

méthodes de recueil du matériau employées pour mener à bien le traitement de ma

problématique. Je conclurai ce chapitre par les postures épistémologiques déterminant le

(11)

1. Protocole d'observation

Effectuer un travail de recherche, c'est d'abord explorer un terrain d'observation, se

familiariser avec lui, mais ensuite aussi trouver un équilibre entre une implication

indispensable (en tant qu'enseignante dans l'établissement d'observation) et une observation

derigueur.

1.1 Données

générales

sur

le

lieu d'observation

Le collège Jacques Prévert, qui a constitué pour cette étude le lieu privilégié d'observation, estun établissement public semi-urbain, situé à Houdain, petite ville de 8000

habitantsnon loin de Béthune.

Par sa situation géographique isolée, le collège est le lieu d'apprentissage privilégié des

élèves, outre naturellement le domicileparental. Si la MJVA (Maison de la Jeunesse et de la

Vie Associative) est dotée d'un point Internet, elle le réserve cependant aux demandeurs

d'emplois dans le cadre d'une formation accompagnée destinée à aider ces personnes à se réinsérerprofessionnellementviala recherchesurréseaux.

Le profil sociologique de l'établissement est semblable à celui des collèges environnants, à savoirunetrès grande mixité sociale, etune importante hétérogénéité scolaire,

ce qui expliqueparla suite la typologie d'usageset depratiquesquej'aipumettreen exergue.

Le développement de la maîtrise des technologies de l'information et de la communication est un axe essentiel du projet d'établissement du collège Prévert.

L'établissement a d'ailleurs été un établissement-pilote en matière de TIC, doté d'une salle

informatique dès 1992.

Aujourd'hui la classe pupitre - dotation de 2000 - est fortement utilisée comme salle de

classe, mais selon les aveux et confidences d'élèves peu de cours en salle pupitre laissent

place àl'usage des machines. Aucoursdecette année 2006, l'établissementattend ladotation

dedeux sallesinformatiques supplémentaires.

Face à cette prolifération d'équipements informatiques, aussi paradoxal que cela puisse

(12)

et deux postes-élèves raccordés au réseau de l'établissement constituent

le

«parc

informatique»ducentrederessources.

Cette absence d'équipements au CDI peut s'expliquer de trois manières : tout d'abord, la documentaliste précédente était semble-t-il assez réticente à la perspective d'utiliser les réseaux et n'a jamais fait de demande de dotation (laissant d'ailleurs celle de 2000 être

détournée au profit de la salle de technologie) ; ensuite, l'apprentissage d'internet est

considéré du domaine de la discipline technologie, les salles dédiées à cette matière étant

d'ailleurs massivement équipées (on n'y apprend cependant pas aux élèves à rechercher des informations, mais à manipulertechniquement l'outil...) ; enfin, les représentations du rôle et des missions du professeur documentaliste sont extrêmement négatives et l'administration notammentne comprend guère lavolontéaffichéeparcette dernière de prendre enchargeune

(obscure) formationàlamaîtrise de l'information.

Ces précisions concernant l'équipement informatique du CDI permettent de laisser

deviner les difficultés de recueil du matériaurencontrées, mais aussi lafamiliarisation limitée

àl'école des élèvesavecle support.

1.2. Choix du

public analysé

J'ai choisi de cibler mon travail de recherche et d'investigation sur les élèves de

6ème

demonétablissement. Trois raisons àcela :

- tout d'abord le

public de

6ème

est un public particulier pour le professeur documentaliste

dans lamesureoùil suittoutaulong de l'année uneformationen information-documentation.

Cela permet ainsi d'évaluer l'évolution des élèves, de leurs représentations et pratiques, suite

aux formations documentaires dispensées;

- ensuite les élèves de 6eme

fréquentent beaucoup le CDI et entretiennent une relationfaite de

complicité avec le professeur documentaliste qu'ils envisagent aussi comme quelqu'un leur

permettantd'établirunpont entre leprimaireet lesecondaire,et garantd'un lieurassurant;

- enfin

ce sont des pré-adolescents qui se caractérisent par une relative spontanéité, et peu

conscientsencore -par rapportpar exemple à des élèves de

3ème

- des normes de langage ou

de comportement : cette spontanéité est un élément déterminant pour le recueil de matériau

(13)

1.3. Discussion des résultats

(positionnement personnel)

Il est évident qu'il me sera objecté, pour discuter les résultats de ma recherche, que

ceux-ci ontdû être fortement «biaisés»par monstatutde professeur documentaliste.

Jene nierai certespastotalement cetteremarque, mais tiensici à la nuanceret àla récuser en

certainspoints.

Bien sûr le fait d'être professeur documentaliste, et d'être le professeur de

documentation des élèves de 6eme, produit dans certains de leurs propos un effet d'autorité.

Néanmoins-etaurisque de décevoirunefois de plus les défenseurs du statutde l'enseignant

documentaliste ! - les élèves ne me considèrent pas comme un «professeur comme les

autres », ce qui diminue sensiblement l'impact de mon éventuel statut de professeur sur leurs propos.

Qui plusest-etcelaestplutôtune satisfactionpersonnelle-entant que documentaliste,mon

appréhension des élèves, ma relation avec eux sont fortement différentes de celles d'un enseignant disciplinaire. J'exerce dans un lieu ouvert, ouvertdans l'établissement, ouvert sur le monde, et les élèves ont conscience de la liberté de parole dont ils disposent au CDI, et n'hésitentpasà venir m'y confier leurs doutes ouleurs joies. Un tel lien renforce la sensation

de confiance qui règne lors des entretiens informels ou non menés avec eux, etme permet de croiresincèrementenleursparoles.

Enfince seraitmal connaître la spontanéité naturelle des élèves de collègequede croire qu'en

6emeilspuissent calculer pleinement ledegré de conformité deleurspropos.

2. Méthodesde recueil du matériau

Mener un travail de recherche, c'est après la phase de diagnostic élaborer des stratégies

de recueil de matériau exploitablepour le traitement de laproblématique fixée. Dans le cadre

de cette recherche, les méthodes ont été variées, mais rigoureusement motivées, et doivent

(14)

2.1. L'observation

J'ai avant tout effectué un important travail d'observation. Trois modalités

d'observationontpuêtremises enplace :

-premièrement,j'ai observé avec attention les élèves de

6ème

lors des séances deformation en information-documentation, pendant lesquelles le temps de formation suivait un temps d'émergence des représentations mentales de chacun;

-deuxièmement,j'aipu observer les élèves de

6ème

venant effectuerune recherche au CDI au moyen du support numérique, m'efforçant de les laisser d'abord « cheminer» en autonomie,

avantde les accompagner ;

-troisièmement,j'ai eulapossibilité pendant des heures extérieures à monemploi du temps, de me rendre en salle informatique, lorsque celle-ci était occupée par des élèves venus

travaillerdans lecadre d'une heure dite de permanence. Dans cederniercas,je n'avaisaucun

rôle de formation, j'étais extérieure à la situation, etje regardais les démarches des élèves,

analysant leurs gestes etleursprocessus, etparfoisenprofitantpour échangeravec euxetleur

poserdes questions.

A noter : toutes les observations ne sont pas ici retracées, certaines jugées

particulièrement représentatives d'un comportement (car redondantes chez plusieurs sujets)

ont étémises enexergue danscetravail», et sontanalyséescommetelles.

2.2 Le

questionnaire7

Les 124 élèves de 6ème du collège ont été interrogés au moyen du questionnaire, et

chaque classe a eu une séancede 1 heure pourdébattre ensemble de son rapportavecinternet,

delaconnaissancetechniqueetintellectuelle decetoutil.

Ce questionnaire a fait émerger des profils d'usagers d'internet et les prémices des

représentations mentaleset sociales des élèves surce supportnumérique.

7

(15)

o Enjeux etélaboration

La constitution d'un tel questionnaire rend possible le recueil de quelques certitudes

d'ensemble, mais a surtout permis de dégager des pistes de réflexion à partir des réponses obtenues : les sondésnous mènenteneffetsouvent bienplus loinque nous ne lepensions !

Au-delà de l'objectiftraditionnel constitué par le recueil des données, effectuerun tel

questionnaire, c'était aussi pour moi engager les élèves dans une réflexion métacognitive en

les incitant àporterunregard réflexifsurleurs pratiques.

Pour ce faire il fallait élaborer un questionnaire dont la compréhension ne leur poserait

évidemment pasde problème majeur. C'est pourquoi j'ai optépour unemajorité de questions

fermées afin non seulement de faciliter le dépouillement mais aussi en raison des difficultés

d'écriture que rencontrent bon nombre d'élèves. D'ailleurs, la dernière question, qui leur laissait le champ complètement libre (et consistait à leur demander pourquoi ils aimaient ou

nonfaire des recherches surinternet), aposéproblème à beaucoup d'interrogés qui n'ont pas

su-etnonpas voulupourlaplupart-justifier leur réponse.

Enfin le questionnaire était également pour moi l'occasion de mesurer le degré de familiarité environnementale que les élèves entretiennent avec internet en demandant s'ils

disposaient d'un accès à domicile àcetoutil.

o Diffusionetréception

Il faut savoir que les élèves sont habitués au CDI à participer à des Tests-Quiz autour

de thématiques informationnelles (en 2004-2005, ils avaient été sollicités pour répondre aux

questionnaires « La Télé et Vous » et « Quelle Presse ! » ; cette année, en2005-2006, ils ont

été encore plus nombreux à participer aux enquêtes «Quel Internaute es-tu et « Ta

longueurd'onde » (surla radio) ).

Laréception du questionnaire fut ainsi tout àfaitfavorable, les élèves appréciant en réalitéle

fait de pouvoir s'auto-évaluer etcherchant ensuite à engager avec moi unediscussion autour deleurspratiques d'internet. De longs débats furent doncmenés,richesd'enseignement...

(16)

2.3 L'entretien

o Une méthodeprivilégiée

J'apprécie particulièrement la technique de recueil du matériau que constitue

l'entretienpour sa flexibilité autorisant différents degrésdestructuration.

L'entretien en face à face, quel que soit son degré directif, permet facilement d'analyser des

besoinspersonnalisés d'information, de comprendre lecontexted'utilisation de l'information, recueillirles diversescomposantesde l'appréciation portéesur unerecherche,unoutil, etc.

J'ai faiten sorte de provoquer cesentretiens suite à des périodes d'observation qui avaient fait

émergerdesaxes d'analyse cruciaux. Leton choisi était celui de laconversation, les questions posées engageant l'élève dans une auto-analyse de ses pratiques et habitudes, et l'amenantà

fairepartde seschoix, deses pensées et, éventuellement, desesinterrogations.

Les citations de propos d'élèves présentées dans ce travail constituent des extraits des conversationsopéréesavec eux.

Deux débats menés avec deux classes de 6eme ont été

enregistrés8,

certaines remarques des élèves en émanent. D'autres propos sont le fruit d'entretiens réalisés avec les jeunes usagers,

toujoursen situation de recherche faceàl'outil, defaçon à pouvoir interroger« surle vif» les

pratiquesetconceptions de chacun.

o Un caractère exclusivementinformel

J'ai toutefois fait le choix ici de mener des entretiens exclusivement informels, ne

plaçant pas les élèves dans une situation d'«interrogés », mais recueillant l'information à

traversunéchange depropos qui sevoulait le plus naturel possible.

Pourquoi ce choix ? Lors d'un travail de recherche précédemment mené en

20029,

j'avais mené un entretien tout à fait formel auprès de quatre jeunes élèves, entretien répété

régulièrementet décliné selon des thématiques fixées à l'avance.

8

Aprèsautorisations administrativesetparentales.

9CORDIER,Anne. Travaux Croisés :quelles influencessurlespratiquesdocumentaires ?. Mémoire de Maîtrise en Sciences de l'Information etde la Documentation, sous la direction de Madame Annette Béguin, Université

(17)

Ornul doute que la situation formelle de l'entretienainfluencé les réponses des élèves cédant à cet « effet de légitimité » analysé par Pierre Bourdieu : face au professeur, l'élève souhaite

obtenir cautionde sonproposettend à modelersaréponseenfonction de l'attente-supposée

parlui -desoninterlocuteur.

Même si le cadre scolaire dans lequel les entretiens informels quej'ai pu avoir ici avec les

collégiens n'empêche pas totalement l'effet de légitimité de s'exercer, je suis convaincue

d'avoir pu par l'adoption de cette méthode, obtenir davantage de spontanéité dans lespropos

des «cobayes » s'ignorant (vous pourrez d'ailleurs constater la franchise de leurs discours en

découvrant les pages suivantes!).

3. Postures épistémologiques

Bien sûr, toute recherche fait appel à une littérature grise, à des postures

épistémologiques spécifiques en fonction du sujet et de l'approche singulière du chercheur.

Ainsi mon travail est-il fondamentalement marqué par l'influence des sciences de

l'information et de la communication, domaine de prédilection des professionnels de

l'information, et ô combien transversal, ce qui explique d'ailleurs l'expression des postures

épistémologiques qui suit...

Les sciences de l'information et de la communication ont pour étude les propriétés

générales de l'information, et l'analyse des processus de sa construction, de sa

communicationetde son

usage.10

Dans ce domaine, l'application duconcept de distanciation

de Bertold Brecht est fondamentale, puisqu'il s'agit de « détruire » l'évidence apparente des

objets afin de mieux les comprendre etlesanalyser.

Le travail de recherche mené ici s'attache à l'analyse des pratiques documentaires, du traitement de l'information tel qu'il estexercé pardes usagers au profil ciblé (des collégiens, scolarisés en

6eme),

et de la manière dont ces sujets appréhendent et éventuellement

s'approprientunoutil derechercheetde communication de l'information.

10

(18)

3.1. Une

perspective

sémio-pragmatique

La sémiologie va à larencontre des SIC, conçues comme l'étude de l'échange, de la

productionetde la circulation des signesengénéralau sein d'une

culture.11

C'estpourquoi ce travail s'appuie sur l'approche sémiotique de Charles Sanders Peirce, selon

laquelle tout est signe. L'intérêt de cette approche pour notre étude réside dans ce caractère

illimité dela sémiologiepeircienne : le signe n'estpas seulement émis par unepersonne,mais peut émaner aussi par exemple d'un système d'information, d'un outil de recherche, etne se ramène nullement à la classe étroite des messages. Nous verrons plus loin que les

usagers-récepteurs observés élaborent des rapports de sémiose divers dont l'émetteur est aussi l'outil numérique. Un champd'interprétation s'ouvre donc ànous.

Onvoit ainsi combien il estnécessaire de concevoir l'usage comme une utilisation en contexte, c'est-à-dire de concevoirque le sujet se sertde l'objet pour faire quelque chose dans

une certaine situation, laquelle oriente ses conceptions et pratiques, notamment de

l'informationenjeu.

Le contexte fait alors partie d'une situation d'énonciation, englobant un certain nombre de

déictiques (temporels, spatiaux, sociaux, discursifs ...). Cette précisionestimportante dans le

cadre de notre travail puisque l'appréhension et l'appropriation du support numérique

différeront en fonction du contexte général dans lesquels il est convoqué. Du domicile seul face à l'ordinateur à l'établissement scolaire dans le cadre d'un cours, en passant par la consultation à domicile contrôlée par le regard parental ou encore la recherche dite « en autonomie » dans la salle informatique du collège : autant de contextes d'utilisation et de

pratiques qui influent sur les modalités d'appréhension de l'outil, et qu'il conviendra de

différencier.

En menantce travail derecherche,je m'inscris donc dans uneperspective résolument

pragmatique, m'attachant à l'analyse de la problématique du sujet inscrit dans un contexte

cultureletsocial.

En effet, il convient de porter toute son attention à l 'encyclopédie de référence, définie par

Peirce et élargie par Umberto Eco, à laquelle le sujet confronté à un système de signes fait

11

BOUGNOUX, Daniel. Introduction aux sciences de la communication. Paris: La Découverte, 2001. 125p. (Repères).

(19)

appel : toutle contexte culturelet social de l'individu est ainsi ramenéen même tempsque le

signe àla conscience decelui qui le reçoit.

3.2. Un

éclairage piagétien

Cette recherche reposenaturellement surl'étudede la cognition, etfait ainsi appel aux

nombreuses notions que la psychologie cognitive a pu faire émerger. En s'intéressant à

l'étude des processus cognitifs, c'est-à-dire des opérations mentales qui permettent la

formation et la transformation des représentations sémantiques du sujet, la psychologie

cognitiveoffreuneanalysecentrée làencore sur lesujet, ou cequ'il estdavantage convenu de

nommerYapprenant.

Personnellement j'adopte une perspective piagétienne, attentive au développement

mental du sujet semblable à la croissance organique. La démonstration des stades de

développement effectuée par Jean

Piaget12

est ici d'autant plus intéressante que les élèves

étudiés sont en 6eme âgés de 11-12 ans, donc se situent à l'âge charnière entre le stade des

opérations concrètes etle stadede lapenséeformelleouhypothético-déductive.

Cependant il convient de mettre en garde contre une observation trop scrupuleuse d'un tel

schéma de développement. Piaget le souligne lui-même : le passage d'un stade à un autre

n'est pas automatique pour tous au même moment. Ces stades, loin d'être un carcan, constituent bien au contraire à mes yeux une liberté pour l'éducateur, une période

individualisée de formationetde transformationdusujet etde sastructurecognitive.

Contrairement au behaviorisme de Skinner qui considère les structures mentales

comme une « boîte noire » à laquelle on n'a pas accès, et qui se concentre donc sur les

processus eux-mêmes, leconstructivisme insiste surlanature

adaptative

de

l'intelligence,

sur

la fonction organisatrice et structurante qu'elle met enœuvre. Il apparaît pertinentpour notre étude d'analyser les constructions mentales à l'œuvre lors d'une

recherche

d'information,

et du processus d'adoptiondel'outilparcertains élèves.

12

(20)

Les théories de Piaget ont non seulement influencé ma réflexion générale mais aussi ont

permis dethéoriser certaines observations (lamiseen lumière dupassage de

l'égocentrisme

à

laréciprocité,par exemple).

Si le socioconstructivisme de Vygotski introduit la dimension supplémentaire des

interactions et échanges entre pairs, force est de constater ici que cet éclairage est peu

pertinentpour notre étude en ce qui concerne l'appréhension individuelle de l'internet par le

collégien. En effet chacun en prise avec l'environnement technique développe

personnellement des pratiques de recherche et de communication. Toutefois les débats organisés sur internet permettent aux élèves d'apprendre dans un rapport de réciprocité,

chacunayantàla baseun bagage de connaissancedifférent.

Finalement, cette analyse des pratiques liées à l'imaginaire de l'internet s'intéresse

aussi à la psychologie sociale en ce qu'elle permetde mettre en exerguedes savoirs sociaux,

des représentations sociales dominantes qui influent fortement sur la relation entretenue par

l'usager avec l'outil. La volonté d'explorer un imaginaire social est ici associée au désir de saisirenmêmetempsla relation pratique queles élèves construisent avecinternet.

3.3.

Regard

sur

des

pratiques informelles

D'embléeje tiens àsignaler qu'aucun jugementd'ordre moral nedoit être porté surles

pratiques informelles. Il convient bien au contraire de considérer ces pratiques

informationnelles de recherche, déviantes par rapport à la norme scolaire, non comme des

« erreurs » mais bien plutôt comme la manifestation d'une appropriation tout à fait

personnelle de l'outil de recherche, comme la projection d'intentions singulières qui ne

correspondenttoutsimplementpas auxintentions scolairesproprementdites.

Ce positionnement n'estcependant pas évident à adopter-particulièrement d'ailleurs lorsque l'observateur deces pratiquesest enseignant documentaliste ! -, comme le remarque Jacques

Perriault lui-même : « Il n'est pas commodedese départir, quandon regarde lesgens se servir d'un

appareil, d'un aphorisme technologique qui conduità les juger selon qu'ils se serventcorrectementou

nonde la machine »13.

13

PERRIAULT, Jacques. Lalogique de l'usage: essaisurles machines à communiquer. Paris: Flammarion,

(21)

CHAPITRE 2

L'Imaginaire de

l'information

et

ses

influences

sur

les

pratiques documentaires

des

élèves

« Dans lamesureoù l'action technique, commetoute action humaine, nepeut pasexistersans

prendre une forme symbolique, on ne peut ni concevoir ni utiliser une technique sans se la

représenter»14.

Ainsi Patrice Flichy a-t-il plaidé dans ses travaux toute l'importance de l'analyse de

l'imaginaire développéautourd'unetechnique.

Pourtant avec Antoine Picon, il s'accorde pour noter qu'en France l'histoire et la

sociologie des techniques ont montré jusqu'ici assez peu d'intérêt pour la dimension de l'imaginaire. Les deux auteurs attribuent cet état de fait à une « attitude française », qui selon

eux laisserait systématiquement de côté « toutcequi netombe pasimmédiatementsous lesensou

paraît moins solideque les dispositifs matériels et les faits socio-économiques »15.

L'imaginaire est d'autant plus essentiel à considérer qu'ilpermet àl'individude créer

un autre monde, qui certes produit des idées inadéquates ou confuses, mais est susceptible

d'accroître sapuissance

d'exister.16

L'imagination socialeetculturelle estainsi constitutive de la réalité sociale, etdoit en ce sens

emporter toutenotre attention.

C'est pourquoi dans la recherche qui nous occupe, la notion d'imaginaire apparaît fondamentale, et il est particulièrement intéressant - et instructif - pour le chercheur,

d'interroger les représentations développées par les élèves sur le support numérique ; un

14

FLICHY, Patrice. Technologies, imaginaires, pratiques [en ligne]. CNRS: Groupement de Recherche TICet

Société. Septembre 2003. [réf. du 30/12/2005]. Disponible sur internet:

<http://gdrtics-u-paris10.fr/pdf/ecoles/sept2003/04-0 l_flichy.pdf> (16 pages). 15

FLICHY, Patrice,PICON, Antoine(coord.).«TechniqueetImaginaire».Réseaux, 2002,vol. 19, n°109. 232p. 16

(22)

imaginaire de l'information qui influence de façon considérable leurs pratiques

(23)

1. Au fondement de l'imaginaire ...

« Il apparaîtde plusenplus essentield'attacherencore plus

d'importance

qu'on

ne

le pensait à

la façondontonse représenteun objet, unetechnique, avant même

de l'utiliser,

en sommeau

discours

quise constituesurluietqui l'accompagne ».

Philippe

Breton17

Au fondement de l'imaginaire émergent donc les discours sur la technologie, qui agissent

également surlesreprésentations desusagers.

1.1.

Les «discours

technologiques

»

Yves Jeanneret étudie la prégnance des «discours d'accompagnement» qui se manifestejusque dans l'appellation «

technologies de

l'information

». Le

professeur

en

sciences

del'information et de lacommunication relève eneffet la « vertu mystérieuse » (sic) conférée à

ces objets par ce titre, vertude traiter l'information. Ainsi Yves Jeanneret

rappelle-t-il

que

le

discours est présent d'emblée dans la désignation-même des objets qu'il est censé

18

accompagner.

Selon Emmanuel Souchier, le terme de «discours d'accompagnement » est alors discutable

puisque loin de se contenter d'accompagner, ces discours

modélisent

en réalité les

imaginairesetles

pratiques.19

D'où notre préférence pour l'expression «discours technologiques » employée par Jérôme

Bertonèche à la suite de Yves Jeanneret pour désigner ces discours qui vantent les méritent

des nouvelles technologies, et constituent le plus souvent tout autant des discours sur les

9n

nouvelles technologies que pour les nouvelles technologies. D'ailleurs la technique est àce

point sacralisée, remarque Yves Jeanneret, que la technologie n'est plus - comme son

étymologie l'indique pourtant - une « réflexion sur», un regard construit, mais une

17

BRETON, Philippe.L'Utopie delaCommunication.Paris : La Découverte, 1997. 171p.(Essais). 18

JEANNERET, Yves. Autre chosequ'un discours, davantageq'unaccompagnement, mieux qu'une résistance [en ligne]. Terminal: Technologie de l'Information, Culture et Société. Eté 2001. [réf. du 26/12/2005]. Disponiblesurinternet :<http://www.terminal.sgdg.org/no_speciaux/85/Jeanneret.html>

19

SOUCHIER, Emmanuel. Lorsque les écrits deréseaux cristallisent la mémoire des outils, des médias etdes pratiques [en ligne]. Interdisciplines. Janvier 2003. [réf. du 02/10/2005]. Disponible sur internet:

(24)

application concrète amenée à permettre à l'homme d'échapper aux vicissitudes de son

existence.21

o Bataillediscursive autourduNet

Non sans agacement, Philippe Breton note combien les discours technologiques

abondent, discours qui selon lui sont « un mélange de publicité, de propossurl'avenir de l'homme

et des sociétés, de science-fiction et de vulgarisation». Et l'auteur de signaler que ces discours

sont le fait de tous types de personnes, pas nécessairement spécialistes du domaine de

l'information, de la communication ou des techniques, qui s'expriment enréalité non pas sur

• • • 22

internet-même, mais surlespotentialitésde changement sociétalquerenfermeraitinternet. Sur le plan des discours institutionnels, ces craintes sont confirmées. Ainsi en est-il

•yi

des discours émanant de la mise en place du Plan RE/SO 2007 , qui n'échappent pas aux

espérances d'égalitarisme grâce aux réseaux. Les TIC y sont envisagées sous un jour extrêmement favorable, vues véritablement comme la promesse d'un monde meilleur: « Les

technologies de l'information et de la communication nous promettent une société où l'accès à la

culture, ausavoir, à l'information seraplus facile et pluslargement partagé»24.

Ce discours n'est pas celui des éducateurs qui au contraire, effrayés par les

conséquencesdes discours mythifiant internet, ontgrandementtendance à proférer despropos extrêmementcritiquesvis-à-vis dusupport numérique.

Or Erik Neveu souligne l'importance de ne pas remplacer les discours qui contribuent à

mythifier la place des technologies de l'information dans nos sociétés par la production de

discoursqui « souventpardéfaut d'observation attentive et respectueusedes pratiques, glissent vers laproduction de contre-mythologies, elles aussi réductrices»25.

20

BERTONECHE, Jérôme. «Nouvellestechniquesou «techno-logique»?».Ecole des Lettres, 15juin 1996,

n° 12spécial,pp. 173-186. 21

JEANNERET, Yves. Y a-t-il (vraiment) des technologies de l'information?. Villeneuve d'Ascq: Presses Universitaires duSeptentrion, 2001. 136p. (Savoirs mieux).

22

BRETON, Philippe. Faut-il appliquer le principe de laïcitéà Internet ?Brefplaidoyerpourune séparation de l'idéologie et du technique [en ligne]. Terminal: Technologie de l'Information, Culture et Société. Automne

1996. [réf. du 26/12/2005], Disponible sur internet:

<http://www.terminal.sgdg.org/no_speciaux/71_72/breton.html>

23

Plan « Pourune REpublique numérique dans la SOciété de l'information», présenté parle Premier Ministre Jean-Pierre Raffarin le12 novembre2002.

24 Ibidem. 25

(25)

o Pourune «laïcisation »de latechnique

Face à cette bataille discursive, Philippe Breton considère comme un « faux débat» celui qui oppose «technophiles» et «technophobes ». La question n'est pas d'être « pour »

ou « contre » les réseaux. Au contraire il faut maintenir une distinction rigoureuse entre les

outils et l'usage que l'on en fait, et surtout la place et la signification qu'une société leur

accorde.26

Rejoignant la position de Philippe Breton, nouspensons que l'Ecole doit absolument œuvrer pour cette « laïcisation des techniques » que le chercheur en sociologie appelle de tous ses

vœux. L'auteurclame en effet lanécessité d'adopter un discours « laïque» face à internet qui

se tiendrait à distance des croyances quasi-religieuses dont on affuble les nouvelles

technologies, etde l'hostilité qu'ellesprovoquent souventpar

réaction.27

A ce proposje tiens àpréciser combien le discours surla mythification d'internetpar

l'ensemble desjeunes générationsestpourle moins excessifetpartropmanichéen.

• • • 98

Commej'ai d'ailleurs déjàpule démontrer lors d'un précédent travail derecherche , internet

ne suscite pas chez tous les élèves la fascination que l'on dit : certains témoignent d'une

méfiance voire d'une défiance asseztenace face à l'outil. Ainsi cette année, Julie me lance-t¬ elle : « Pfff, internet 'fautse méfier detout etc'estpastoujours bien !... ».

Il s'agit doncde pacifier lesrapportsque les élèves entretiennentavec cetoutil de recherche. De la même façon, ne soyons pas abusés par les chiffres, et gardons-nous des

conclusionstrophâtives !

Certes 68% des élèves de 6eme interrogésont accès à interneten dehors du collège, mais cela

ne signifie pas pour autant qu'ils « connaissent» l'outil, en comprennent le fonctionnement

technique, en maîtrisent l'utilisation. Il faut se méfier de ce genre de «raccourcis » intellectuels qui véhiculent de fausses idées, de fausses représentations quant aux relations entre lesjeunesetinternet.

Ainsi peut-on lire dans le compte-rendu d'un sondage effectuépar laSOFRES en 1999 auprès

de jeunes de 15 à 25 ans : « Leur connaissance29 de l'Internet s'est considérablement accrue

26

BRETON, Philippe.L'UtopiedelaCommunication.Paris: La Découverte, 1997. 171p.(Essais).

27

BRETON, Philippe. Le culte de l'Internet: une menace pourle lien social ?. Paris: La Découverte, 2000. 124p. (Surle vif).

28

CORDIER, Anne. Pour une meilleure exploitation des différentssupports d'information. Mémoire de Stage

PLC2,IUFM Nord-Pas-de-Calais, 2004.

29

(26)

puisque30 47% de l'échantillon déclarent s'êtreconnectés au moins une fois dans leur existence: un

jeunefrançaissurdeuxa une pratique de l'internet

»31.

Or «pratique » ne signifie aucunement « connaissance » et l'usage abusif de ce terme ici

rejoint la même confusion que celle contre laquelle Jérôme Bertonèche s'insurge entre accès

et

appropriation.32

1.2.

Quand Les

représentations s'en [m]

mêlent

« On connaît toujoursparet contre uneconnaissance antérieure. L'espritestdéjà vieuxquand

il vient au monde. Apprendre, c'est changer de système de représentations. Seul, je n'ai que des

certitudes, jen'aique descroyances,jen'ai quedesopinions. C'estdès lorsqueje vaisconfrontermes connaissancesavecautrui que peutnaître le doutequele savoir viendra combler».

GastonBachelard

Ainsi est-il fondamentalen évoquant les pratiques documentaires surinternet de tenir

compte avant tout des représentations développées par les collégiens sur ce support

numérique. En effet, quand on veut mettre enplace une connaissance, on se heurte toujours à

des savoirs antérieurs detypessociaux, qui sontpourles sujetstoutàfait opératoires.

Cela devient problématique quand onveutremplacer la représentationpar une autre : onpeut

effectivementtoutà faitapprendre une représentation en situation scolaire, tout en continuant danssavie detouslesjours à pratiquerla représentation

courante.34

30 Idem. 31

SOFRES. Les Jeunes et l'Internet: une belle histoire. Un sondage de la SOFRES pour France Télécom [en

ligne], Artesi-Ile de France. 1999. [réf. du 05/11/2005]. Disponible sur internet: http://www.artesi-idf.com/article.php?artno=440&headline=srubi> . Ce sondage a été effectué auprès de 800jeunes de 15 à 25

ans. 32

BERTONECHE, Jérôme. «L'internet-bibliothèque: accéderau savoirouse l'approprier ?». Spirale, octobre

2001, n°28,pp. 195-202. 33

Cité parMichel Develay in DEVELAY, Michel. «A propos des savoirs scolaires». Ville Ecole Intégration Enjeux, décembre 2000, n°123, pp.28-37.

34

GIORDAN, André, VECCHI, Gérard de. Les origines du savoir: des conceptions des apprenants aux

conceptsscientifiques. 2eme édition Neuchâtel : Delachaux etNiestlé, 1990. 212 p. (Actualités pédagogiques et

(27)

o Nepasignorer lesreprésentations

Avec André Giordan, Jack et Françoise Guichard, nous soutenons la nécessité d'adopter le modèle d'apprentissage allostérique . Ce modèle souligne qu'apprendre est

rarement le résultat d'une simple transmission, et que l'enseignant doit nécessairement tenir compte des conceptions de l'apprenant qui précèdent l'apprentissage; si cela n'est pas fait,

ces conceptions se maintiennent et le savoir n'est pas intégré dans la structure cognitive de

l'apprenant.

C'est en ce sens qu'ont été organisées les séances de débat sur internet avec les collégiens :

cela a permis de cerner leurs représentations de l'outil mais aussi de l'information, et de

pouvoir s'appuyersur ces dernièrespourcomprendre leurs pratiques documentaires. De telles formes de discussions provoquent de surcroît le «déclenchement» d'un conflit cognitif

propice auréajustement du savoir chez l'apprenant.

o «Faireavec pouraller contre »

Dès lors, il convient de toujours faire émerger les représentations, et selon la formule

employéeparAndré GiordanetGérardde Vecchi « faireavec pourallercontre

»36.

Il s'agit pour ce faire de placer l'élève dans une ou des situations impasses qui ne lui

permettrontplus de faire fonctionner son modèle explicatif, etqui l'obligeront donc àterme à

lemodifier, àle réorganiser. C'est la« situation-problème » tellequela dépeintJeanPiaget.

Ainsi, lors d'une séance d'initiation à internet,je me « heurte » à Aymeric qui me garantit:

« On trouve tout tout de suite sur internet !». Quelle n'est pas sa déception (et surtout sa

modification de représentation !) lorsqu'il constate le long parcours à faire pour trouver une

37

informationexploitable surUlysse,personnagemythologique !

De le même façon, Claire est convaincue queje n'accède pas depuis mon poste de gestion

« auxmêmes sites» qu'elle. Unedémonstration enprésentiel immédiate luipermetderéajuster saconviction.

35

GIORDAN, André, GUICHARD,Françoise, GUICHARD,Jack.Desidéespourapprendre.Nice: Z'Editions

/ CDDPdesAlpesMaritimes, 1997. 339p. 36

GIORDAN, André, VECCHI, Gérard de. Les origines du savoir: des conceptions des apprenants aux

conceptsscientifiques. 2eme édition Neuchâtel : Delachaux et Niestlé, 1990. 212 p. (Actualités pédagogiques et psychologiques).

37

Au mois de novembre 2005, lorsqu'une requête formulée « Ulysse» était posée sur le moteurde recherche Google, il fallait parcourir 15 résultats affichés avant de parvenir à un lien porteur d'une information sur le

personnagemythologique. Les quinze premiers résultats désignaient desagences devoyage, des librairies, des

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