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La privation et les trois fonctions des stimuli selon la théorie de l'apprentissage d'Arthur W. Stoats

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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5, S

UL

| 0 Q0 FACULTE DES SCIENCES DE L'EDUCATION

THESE PRESENTEE

A L'ECOLE DES GRADUES DE L'UNIVERSITE LAVAL

POUR L'OBTENTION

DU GRADE DE MAITRE ES ARTS (M.A.) PAR

YVES HERRY

BACHELIER EN ENSEIGNEMENT AU PRESCOLAIRE ET A L'ELEMENTAIRE DE L'UNIVERSITE LAVAL

LA PRIVATION ET LES TROIS FONCTIONS DES STIMULI SELON LA THEORIE DE L'APPRENTISSAGE D'ARTHUR W. STAATS

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RESUME

LA PRIVATION ET LES TROIS FONCTIONS DES STIMULI SELON LA THEORIE DE L'APPRENTISSAGE D'ARTHUR W. STAATS

Cette thèse propose vine analyse de la privation et de ses effets sur les attitudes, les renforceurs et les comportements selon le paradigme du behaviorisme social d'Arthur w. Staats.

Staats (1975) propose que la plupart des stimuli ont trois fonctions. Un stimulus déclenche une réponse émotionnelle conditionnée ou incondi-tionnée. Ces stimuli conditionnés ou inconditionnés sont définis comme étant des stimuli attitudinaux ayant la fonction attitudinale. Puisqu'ils déclenchent des réponses émotionnelles, ils acquièrent la fonction renfor-çante. Enfin, ils possèdent la fonction directive: ils contrôlent des réponses instrumentales d'approche ou d'évitement. Ces stimuli qui possè-dent les trois fonctions sont étiquetés stimuli A-R-D. Chez une personne, l'ensemble des stimuli A-R-D forme le système A-R-D de cette personne.

De plus, Staats propose qu'il existe une interrelation entre les trois fonctions des stimuli. Un stimulus initialement neutre qui par condition-nement classique acquiert la fonction attitudinale, acquiert par le fait même les fonctions renforçante et directive. La théorie des trois fonctions des stimuli propose que si la valeur d'une des trois fonctions change, la valeur des deux autres fonctions changera aussi. Les expériences de Guay (1971) et de Kappenberg (1973) valident cette théorie.

Selon Staats, le système A-R-D d'une personne est composé de plusieurs classes de stimuli A-R-D comme les stimuli alimentaires, les stimuli sexuels, les stimuli d'approbation sociale, etc. Ces classes sont composées de

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stimuli A-R-D et sont organisées en hiérarchie. A l'intérieur de ces classes, les stimuli eux-mêmes présentent une organisation hiérarchique. Ces classes et ces stimuli ont une valeur A-R-D relative qui peut varier en fonction des conditions de privation-satiété. Ces conditions affectent la valeur des fonctions attitudinale, renforçante et directive des sti-muli. Des expériences ( Harms et Staats, 1978; Staats et Hammond, 1972; Staats et Warren, 1974; Staats et al., 1972) démontrent que la privation de nourriture augmente la valeur des trois fonctions des stimuli de type alimentaire. L'expérience de Gewirtz et Baer (1S58) démontre également que la privation de renforceurs sociaux a un effet sur leur valeur

ren-forçante.

L'opération de privation-satiété a des applications importantes en éducation. Staats propose que la satiété diminue la valeur A-R-D des stimuli. Ainsi un entraînement abusif de la lectare, par exemple, devrait diminuer la valeur renforçante (A-R-D) de la lecture pour un enfant. Ceci entraînerait une diminution de sa motivation à lire. De plus, dans l'uti-lisation des renforceurs en classe, les enseignants devraient maintenir un équilibre constant entre la privation et la satiété. Une utilisation abusive de renforceurs devrait provoquer la satiété de renforceurs chez l'étudiant et ces lenforceurs perdraient de leur force (valeur A-R-D).

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L'auteur désire exprimer ses remerciements et sa recon-naissance à son directeur de thèse, madame Aimée Leduc,

pro-fesseur titulaire à la Faculté des Sciences de l'Education de l'Université Laval, à qui il est redevable d'une assistance constante et éclairée.

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Table des matières

Liste des figures ii

Introduction

Chapitre premier - L'interrelation des conditionnements

clas-sique et instrumental 3 L'interrelation des conditionnements classique et

instru-mental et les trois fonctions des stimuli 4 L ' interrelation des trois fonctions des stimuli 10

Chapitre II - La privation et ses effets sur les trois

fonc-tions des stimuli 17 L ' analyse théorique 18

Les études expérimentales 28

Résumé et conclusion 35

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Liste des figures

Figure 1 - Une illustration de la théorie à double

processus 6 Figure 2 - Une illustration des deux fonctions des

stimuli conditionnés 8 Figure 3 - L'interrelation des deux types de

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Le paradigme du behaviorisme social d'Arthur W. Staats présente les effets de la privation sur les stimuli A-R-D

(ainsi nommés puisque ces stimuli possèdent les fonctions attitudinale, renforçante et directive). Cette thèse propo-se une analypropo-se de la privation et de propo-ses effets sur les atti-tudes, les renforceurs et les comportements. Pour en permet-tre une meilleure compréhension, il est important de préci-ser comment, grâce à 1'interrelation des conditionnements clas-sique et instrumental, la plupart des stimuli acquièrent les fonctions attitudinale, renforçante et directive et comment ces fonctions sont interreliées.

Le premier chapitre présente 1'interrelation des condi-tionnements classique et instrumental, les trois fonctions des stimuli et 1'interrelation entre ces trois fonctions. Le chapitre II présente une analyse de la privation selon la théo-rie de l'apprentissage d'Arthur W. Staats et les effets de la privation sur les trois fonctions des stimuli. La conclusion présente un résumé des contenus des deux chapitres, des sug-gestions de recherches sur les effets de la privation et des implications que l'opération de privation-satiété peut avoir en éducation.

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Chapitre premier

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Le premier chapitre présente 1'interrelation des condi-tionnements classique et instrumental, les trois fonctions des stimuli et 1'interrelation des trois fonctions des stimu-li. Selon Staats, il existe une interrelation entre les con-ditionnements classique et instrumental qui permet à la plu-part des stimuli d'acquérir trois fonctions: la fonction at-titudinale, renforçante et directive. De plus ces trois fonc-tions sont interreliées.

L'interrelation des conditionnements classique et instrumental et les trois fonctions des stimuli

La théorie du behaviorisme social repose sur deux procé-dés: le conditionnement classique et le conditionnement ins-trumental. Certains chercheurs se sont prononcés sur

l'exis-tence d'une interrelation entre ces deux procédés. Ainsi Pav-lov (1927: voir Staats 1975), Hull (1943: voir Staats 1975), Tolman (1932: voir Staats 1975) et Guthrie (1935: voir Staats

L975) considèrent les conditionnements classique et instrumen-tal comme un seul et unique procédé. Les apprentissages se font soit par contiguïté soit par renforcement. D'autres théoriciens en apprentissage animal (Konorski et Miller, 1937; Schlosberg, 1937; Skinner, 1935; Thorndike, 1932: voir Staats, 1975) définissent les deux types de conditionnement comme deux procédés bien distincts. Pour ces chercheurs, le conditionne-ment classique implique des réponses physiologiques involon-taires des glandes ou des muscles (les réflexes); ce type de réponses s'apprend en vertu du principe de contiguïté. Le conditionnement instrumental implique des réponses musculai-res volontaimusculai-res; ce type de réponses s'apprend en vertu du principe de renforcement. Skinner est celui qui a eu la plus grande influence sur cette distinction entre les deux types de conditionnement. Il utilise un système symbolique diffé-rent pour chacun des types de conditionnement. Pour lui, il n'existe donc aucune interrelation entre les conditionnements

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classique et instrumental. Il sépare distinctement les deux types d'apprentissage, n'attribuant au conditionnement clas-sique qu'un rôle mineur dans l'analyse des comportements hu-mains .

La théorie de Hull (1943: voir Staats, 1975) qui est une théorie à procédé unique a servi de base à un type de théo-rie à double processus basée sur l'apprentissage de l'évite-ment (Doob, 1947; Miller, 1948; Mowrer, 1947, 1954; Osgood, 1953; Rescorla et Solomon, 1967; Solomon et Wynne, 1954; Staats 1956, 1968c, 1970a; Trapold et Overmeir, 1972: voir Staats, 1975). Kimble illustre cette théorie en présentant l'expé-rience de May (1948: voir Staats, 1975). May utilise une boî-te dont le plancher est séparé en deux par une barrière. Une moitié du plancher est électrifiée. Les sujets, des rats, ont appris par conditionnement instrumental à sauter la bar-rière pour échapper au choc électrique. Ensuite, par condi-tionnement classique un son a été paire au choc électrique. De retour dans la cage, en entendant le son, les rats sautaient par-dessus la barrière, sans avoir jamais appris la réponse instrumentale au son. La figure 1 représente cette séquence d'événements.

La théorie de l'apprentissage à double processus suggère que l'animal apprend par conditionnement classique une répon-se de peur au stimulus son et qu'il apprend également à émet-tre une réponse instrumentale d'évitement en présence de la réponse de peur. Le son déclenche la réponse de peur qui dé-clenche l'émission de la réponse instrumentale. Il existe des recherches semblables à celle de May faites avec des sti-muli déclenchant des réponses émotionnelles positives (par exemple, Estes, 1948: voir Staats, 1975).

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1) 2) 3) S ■ choc S ­ choc S son S son sauter ­> R sauter > r peur e­ * rv peur R

-s

supression du choc ­> R sauter

Fig. 1 ­ Une illustration de la théorie à double processus: l'expérience de May (1948: voir Staats 1975). La partie 1 de la figure illustre la situation de conditionnement instru­ mental. En présence du choc électrique (S), la réponse ins­ trumentale (R) est renforcée par la suppression du choc élec­ trique ( ~S). Par la suite, en présence du choc électrique

(S), la réponse instrumentale (R; se produit. La partie 2 illustre la situation de conditionnement classique. Le stimu­ lus neutre son est présenté en contiguïté avec le choc élec­ trique qui déclenche une réponse émotionnelle négative (r ~ ) . Le stimulus son arrive à déclencher une réponse semblable à celle du stimulus choc. La partie 3 illustre le retour dans la cage: le stimulus son déclenche la réponse instrumentale (R)

Cette théorie à deux procédés s'est également intéres­ sée au niveau humain. Cependant, dans les recherches tant au niveau humain qu'animal il n'y a pas d'analyse systémati­ que de 1'interrelation des deux procédés de conditionnement en terme des fonctions que possède un stimulus.

Suite à ces recherches, des analyses de Staats (1961, 1963, 1968a, 1968d, 1970a et de Staats et al. (1973: voir Staats, 1975) conceptualisent 1'interrelation des deux procé­

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dés en terme des trois fonctions qu'un stimulus peut avoir pour un organisme et de la façon dont elles interagissent. Staats suggère que la plupart des stimuli incondition-nés (stimulus qui déclenche une réponse inconditionnée sans avoir été auparavant jumelé avec un autre stimulus) ont deux fonctions. Par exemple, en conditionnement classique, la nourriture est un stimulus inconditionné qui déclenche la sa-livation et en conditionnement instrumental elle fonctionne comme un renforceur. Ainsi, la plupart des stimuli incondi-tionnés ont la fonction inconditionnée et la fonction ren-forçante (ils renforcent les réponses instrumentales). Ces stimuli inconditionnés ont une valeur renforçante soit posi-tive, comme la nourriture, soit négaposi-tive, comme les chocs électriques. Comme un chapitre ultérieur le précisera, cet-te valeur renforçancet-te peut varier en incet-tensité.

Outre les stimuli inconditionnés, il y a de nombreux renforceurs qui sont des renforceurs appris. En condition-nement classique, lorsqu'un stimulus neutre est paire avec un stimulus inconditionné qui déclenche une réponse émotionnelle, le stimulus neutre devient un stimulus conditionné qui déclen-che une réponse semblable à celle que déclendéclen-che le stimulus inconditionné. Ainsi, ce stimulus acquiert deux fonctions: conditionnée et renforçante. Donc, ce stimulus conditionné peut servir de renforceur. Ainsi, dans l'expérience de Pav-lov, le stimulus neutre son est paire avec de la nourriture. Le son déclenche une réponse salivaire; de plus toute réponse instrumentale qui suit la présentation du son se trouve ren-forcée. La figure 2 illustre cette séquence d'événements.

Une troisième fonction vient s'ajouter aux fonctions inconditionnée ou conditionnée et renforçante: la fonction directive. Un stimulus directif est un stimulus qui déclenche

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8 1) IRQ n o u r r i t u r e • ■ » re + son s a l i v a t i o n CRS > re + son s a l i v a t i o n 2) S > R R+s son -* R

Fig. 2 ­ Une illustration des deux fonctions des stimuli condi­ tionnés à partir de l'expérience de Pavlov. La partie 1 de la figure illustre la situation de conditionnement classique. Le stimulus neutre son ( j $ ) est présenté en contiguïté avec le stimulus nourriture ( S) qui déclenche une réponse émotionnel­ le positive (r ). Le stimulus son arrive à déclencher une réponse semblable à celle de la nourriture et devient condi­ tionné et renforçant. La partie 2 illustre la situation de conditionnement instrumental. LaRréponse instrumentale (R)

est suivie du son ( S ) devenu un S. Le stimulus (S) déclen­ che la réponse (R).

ou contrôle des réponses instrumentales. De façon tradition­ nelle, la description du conditionnement instrumental ne tient compte que de la fonction renforçante du stimulus ren­ forçant et de la fonction directive du stimulus directif. Cependant, un stimulus renforçant qu'il soit conditionné ou inconditionné déclenche aussi des réponses physiologiques in­ ternes. La séquence des événements en conditionnement ins­

trumental se déroule comme suit: présentation du stimulus direc­ tif suivi de la réponse instrumentale et finalement le renfor­ ceur. Ce dernier déclenche des réponses physiologiques inter­ nes et est paire aux autres stimuli présents dans la situation

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a) Ds > R Rs b) Ds > R Rg \ re c) CDg > R Rg \ - ± e •*r d) CRDg > R RS \ e -£r

Fig. 3 - L'interrelation des deux types de conditionnement et les trois fonctions des stimuli. En a) description tra-ditionnelle du conditionnement instrumental. En b) le stimu-lus renforçant déclenche une réponse émotionnelle (c) et est paire par conditionnement classique avec les autres stimuli présents dans la situation; le stimulus directif devient con-ditionné. En devenant conditionné (d), il déclenche des ré-ponses physiologiques internes: il est donc renforçant. entre autre avec le stimulus directif. Ce dernier devient

CT)

alors un stimulus conditionné ( S) qui va déclencher des réponses physiologiques internes. En déclenchant de telles réponses, le stimulus directif acquiert des propriétés ren-forçantes pour la plupart des réponses instrumentales et devient un stimulus renforçant ( S ) . Ce stimulus possède

CRD

les trois fonctions et est étiqueté S. La figure 3 il-lustre cette séquence d'événements.

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10 L'interrelation des trois fonctions des stimuli

La plupart des stimuli possèdent trois fonctions: une fonction attitudinale (à valeur positive ou négative), une fonction renforçante (à valeur positive ou négative) et une fonction directive contrôlant des réponses d'approche ou d'é-vitement. De tels stimuli portent le nom de stimuli A-R-D et l'ensemble des stimuli A-R-D d'une personne constitue son sys-tème A-R-D.

Staats suggère qu'il existe une interrelation entre les trois fonctions des stimuli. Un stimulus initialement neutre qui par conditionnement classique acquiert la fonction attitu-dinale va par le fait même acquérir les fonctions renforçante et directive. L'altération d'une des trois fonctions d'un sti-mulus A-R-D aura un effet sur les deux autres fonctions. Ain-si, un changement de la valeur attitudinale d'un stimulus af-fectera ses valeurs renforçante et directive. Par exemple, le changement de la réponse émotionnelle d'un homme face aux

femmes (par conditionnement classique) ne changera pas que la valeur renforçante des femmes pour lui, mais les femmes

dé-clencheront des comportements différents de sa part. Dans cet exemple, la composante attitudinale du stimulus "homme" est très positive pour un homosexuel. Si cette valeur attitudina-le devenait négative, attitudina-le sujet aurait des comportements d'é-vitement en présence d'autres hommes (agissant comme stimuli sexuels) et la valeur renforçante du stimulus "homme" passe-rait de positive à négative.

L'interrelation des composantes du système A-R-D compor-te .un certain nombre d'implications pratiques. Kappenberg

(1973) en présente quatre. La première suggère qu'il est pos-sible de ne changer qu'un élément du système A-R-D pour opé-rer un changement radical dans le comportement d'un individu. Par exemple, changer l'attitude d'un homosexuel face aux fem-mes peut changer complètement son style de vie, ses amis, ses

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11 intérêts, son emploi... Annon (1975) rapporte le cas d'un homosexuel qui suite à un changement d'attitude face aux fem-mes, était capable de faire face à des situations qu'aupara-vant il jugeait très stressantes telles que des discussions avec sa mère, avec son propriétaire, avec un contrôleur de train,etc. Il avait une vie sociale plus intense: il rece-vait beaucoup d'invitations à diverses soirées. Il arece-vait mê-me déménagé pour pouvoir inviter plus de gens chez lui. Ses compagnons de travail le trouvaient beaucoup plus agréable... Deuxièmement, si une fonction du système A-R-D est dif-ficile à changer ou inaccessible par une intervention directe, cette fonction peut être atteinte en intervenant sur une autre fonction du système A-R-D. Kappenberg (1973) cite comme exem-ple le busing américain qui consistait à effectuer le trans-port scolaire sans distinction de race entre les enfants se trouvant à bord de l'autobus. Le but du gouvernement était d'établir l'égalité entre les différentes races habitant aux Etats-Unis. Le procédé le plus efficace aurait été le contre-conditionnement d'attitude sur une large échelle de façon à ce que les attitudes négatives envers les minorités raciales de-viennent positives ou neutres. Cependant ceci était impossi-ble à réaliser. Le gouvernement décida donc de placer les en-fants dans une situation qui requiert une interaction sociale positive à un niveau d'égalité entre les races, ce qui devait

entraîner comme effet secondaire un changement d'attitude. En développant des réponses d'approche (fonction directive), les attitudes face aux minorités changent ainsi que leur valeur renforçante.

Troisièmement, certains aspects du système A-R-D peu-vent servir à évaluer l'efficacité d'une thérapie. Par exem-ple, dans le cas de l'homosexualité on peut mesurer avant la thérapie la distance interpersonnelle entre le sujet et une personne du même sexe. Ainsi la force du comportement

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d'ap-12 proche sera mesurée. Annon (1975) cite l'utilisation de cet

aspect du système A-R-D où, suite au traitement d'un pédophi-le, il compare le nombre de réponses d'excitation déclenché par les fillettes à celui déclenché par les femmes.

Finalement, en s'attaquant à plus d'un aspect du système. A-R-D les changements seront plus rapides et plus efficaces. Ainsi, dans le cas de l'homosexualité si l'apprentissage de nouveaux comportements à produire en présence des personnes de l'autre sexe accompagnait les changements d'attitudes, il devrait en résulter un changement du système A-R-D plus rapide et plus efficace que si l'action ne portait que sur une seule des deux fonctions. Par exemple, Annon (1975) utilise, pour changer les attitudes, la désensibilisation voilée et la désensibilisation systématique et en même temps, pour changer les comportements, il apprend au sujet comment se comporter en présence d'une femme, comment 1'aborder,etc...

Kappenberg (1973) a mené une expérience sur 1'interrela-tion des trois fonc1'interrela-tions, plus particulièrement sur 1'interre-lation entre les fonctions attitudinale et directive. Le but de l'expérience de Kappenberg est de vérifier la distance interpersonnelle (valeur directive) laissée par les sujets entre eux et un objet stimulus spécifique suite à un condi-tionnement verbal de la composante attitudinale du système A-R-D d'une personne. Pendant l'expérience, l'examinateur présente deux syllabes sans signification. Une syllabe était pairée avec des mots à valeur émotionnelle positive et la

seconde avec des mots à valeur négative. Suite à ces condi-tionnements, l'examinateur présente deux feuilles. Au centre de chacune d'elles est inscrite une des deux syllabes et il demande au sujet de coller un petit cercle sur chaque feuille. Les résultats montrent que la distance interpersonnelle est plus petite (15 mm) pour la syllabe qui acquiert une valeur positive que pour la syllabe à valeur négative (40.67 mm) et

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13 Guay (1971) s'est intéressé à 1'interrelation des trois fonctions des stimuli au niveau de l'imitation qui est une com-posante de la très large classe des comportements d'approche qui sont sous le contrôle directif d'une personne ayant une valeur A-R-D positive. Guay suggère qu'une personne est un ensemble de stimuli. Plusieurs aspects de la personne peuvent être des stimuli conditionnés qui déclenchent chez d'autres personnes des attitudes. Ces stimuli acquièrent une valeur attitudinale et par 1'interrelation des fonctions des stimuli, ils acquièrent les valeurs renforçante et directive. Ainsi, si une personne en tant qu'ensemble de stimuli, déclenche une attitude positive chez un observateur, elle devrait agir comme renforceur positif et être un stimulus directif contrôlant des comportements d'approche. De la même façon, si une personne déclenche une attitude négative, elle agira comme renforceur négatif et contrôlera des réponses d'évitement.

Le but de l'expérience de Guay (1971) est de démontrer que des modèles qui ont une valeur attitudinale positive de-vraient contrôler le répertoire d'imitation (valeur directive) sur une plus grande échelle que des modèles qui ont une valeur attitudinale négative. Les sujets sont 40 enfants dont l'âge moyen est de quatre ans et huit mois. L'expérience se présen-te en deux parties. Lors de la première partie, l'examinaprésen-teur présente au sujet deux blocs de plastique: un rouge et un vert, En dessous d'un de ces blocs est caché un bonbon de la même couleur que le bloc. Le sujet doit choisir un des deux blocs. Le bonbon agissant comme renforceur, le sujet choisira le bloc sous lequel est caché le bonbon. Cependant, par 1'interrela-tion des deux types de condi1'interrela-tionnement, le stimulus renforçant

(le bonbon) qui déclenche une réponse physiologique interne (valeur attitudinale positive) est paire avec la couleur du bloc. La couleur du bloc, en plus de contrôler des réponses d'approche, aura une valeur renforçante et attitudinale posi-tive.

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14 Pour la deuxième partie de l'expérience, l'examinateur conduit le sujet à un théâtre de marionnettes où lui sont pré-sentées deux marionnettes: monsieur Vert et monsieur Rouge. Le sujet devra répondre à trois tâches d'imitation (imitation ver-bale, posturale et motrice) et à un choix sociométrique. Pour chaque tâche, l'examinateur pose une question aux deux marion-nettes et au sujet. Les marionmarion-nettes répondent en premier: leurs réponses sont incompatibles. Par exemple, si l'exami-nateur demande aux marionnettes quelle porte elles veulent

garder, monsieur Vert répondra la porte droite et monsieur Rouge la porte gauche. Puis c'est au sujet de répondre. Suite aux trois tâches d'imitation, l'examinateur demande au sujet avec quelle marionnette il voudrait jouer (choix socio-métrique) .

Les résultats démontrent que la marionnette dont la cou-leur acquiert une vacou-leur attitudinale positive contrôle plus les comportements d'imitation (d'approche) que la marionnette de l'autre couleur. Pour les tâches d'imitation 1, 2 et 3, respectivement 27, 27 et 24 sujets ont imité la réponse émise par la marionnette à valeur attitudinale positive alors que respectivement 13, 13 et 16 sujets ont imité celle émise par l'autre marionnette. Dans le cas du choix sociométrique 28 sujets ont choisi la marionnette à valeur attitudinale posi-tive alors que 12 sujets ont choisi l'autre marionnette.

Horowitz (1962: voir Kappenberg, 1973) et Lott et Lott (1969: voir Kappenberg 1973) ont étudié la fonction renforçan-te des personnes en tant que stimuli déclencheurs d'attitudes. Ils renforcent les comportements instrumentaux des enfants par la présentation de photographies de leurs pairs. Early

(1968: voir Kappenberg 1973) s'est intéressé à la fonction directive des personnes. Par conditionnement classique, l'au-teur présente les noms des enfants isolés d'une classe en contiguïté avec des mots à valeur émotionnelle positive. Plus tard, dans une situation de jeux libres, ces enfants ont

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15 été plus approchés par les autres enfants que ne l'a été un groupe d'enfants dont les noms étaient paires avec des mots neutres.

En imitation, les comportements d'un modèle qui a acquis une valeur positive pour un observateur acquièrent par condi-tionnement d'ordre supérieur, une valeur attitudinale et ren-forçante positive. La reproduction des réponses du modèle par l'observateur acquiert une valeur renforçante pour ce dernier. Cependant, les comportements d'un modèle qui déclen-che une attitude négative ont une valeur renforçante négati-ve. L'observateur évitera la reproduction de ces comportements

Il existe une série de recherches sur l'imitation de mo-dèles; Lefkowitz, Blake et Mouton (1955: voir Kappenberg 1973) ont démontré que les piétons adultes respectent moins le si-gnal "attendez" d'un feu de circulation lorsqu'un modèle de haut statut (versus un modèle de bas statut) ne le respecte pas, Egalement, des enfants imiteront plus la personne qui les nourrit si cette personne est chaleureuse (en opposition à froide),

La théorie de Staats propose donc que la plupart des stimuli possèdent trois fonctions. Un stimulus déclenche une réponse émotionnelle conditionnée ou inconditionnée. Staats propose que les stimuli qui déclenchent de telles réponses, qu'ils soient conditionnés ou inconditionnés, soient définis comme étant des stimuli attitudinaux ayant la fonction atti-tudinale. Puisqu'ils déclenchent des réponses émotionnelles, ils acquièrent la fonction renforçante. Enfin, ils possèdent la fonction directive: ils contrôlent des réponses instrumen-tales d•approche ou d'évitement.

De plus Staats propose qu'il existe une interrelation entre les trois fonctions des stimuli. Un stimulus initiale-ment neutre qui par conditionneinitiale-ment classique acquiert la

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16 fonction attitudinale, acquiert par le fait même les fonctions renforçante et directive. La théorie des trois fonctions des stimuli propose que si la valeur d'une des trois fonctions change, la valeur des deux autres fonctions changera aussi. Les expériences de Guay (1971) et de Kappenberg (1973) vali-dent cette théorie.

Le présent chapitre présentait comment un stimulus ac-quiert les fonctions attitudinale, renforçante et directive et 1'interrelation de ces trois fonctions. Le chapitre II présente la privation selon la théorie de Staats ainsi que l'effet de la privation sur chacune des trois fonctions des stimuli au niveau humain.

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Chapitre II

(24)

Le chapitre II présente la privation selon la théorie de A.W. Staats et ses effets sur chacune des trois fonctions des stimuli. Staats propose que la privation augmente la va-leur A-R-D des stimuli et des classes de stimuli. La priva-tion a donc un effet sur les foncpriva-tions attitudinale, renfor-çante et directive.

L'analyse théorique

Dans les corollaires du conditionnement classique, Staats (1975) décrit les effets de la privation sur ce procé-dé de conditionnement de la façon suivante: un stimulus incon-ditionné déclenche une réponse avec une force qui dépend du niveau de privation du sujet par rapport à ce stimulus. Par exemple, la nourriture est un stimulus inconditionné pour la réponse salivaire lorsque le sujet a été privé de nourriture pendant un certain temps. Cependant, s'il a mangé jusqu'à sa-tiété, le stimulus nourriture déclenchera la réponse sali-vaire avec moins de force ou pas du tout. De fait, le condi-tionnement classique d'une réponse en utilisant la nourritu-re comme stimulus inconditionné dépendra de la période de

temps passé sans nourriture. Ceci est vrai pour tous les stimuli qui déclenchent des réponses internes. Le corollaire de la privation ne semble pas aussi applicable au condition-nement classique de réponses émotionnelles négatives même si dans ce cas la fonction de déclencher une réponse diminue sous une présentation répétée. Il est important qu'un organisme ne soit pas occupé par un stimulus positif de façon

continuel-le et répétée plus longtemps qu'il n'en faut pour effectuer le comportement de consommation impliqué tel que manger ou copuler. D'un autre côté, il est important qu'un stimulus dommageable pour l'organisme continue à avoir son effet mê-me après avoir été présenté un certain nombre de fois.

(25)

19 De plus Staats propose que la privation a un effet sur le conditionnement instrumental. Par exemple, un morceau de nourriture ne peut servir de renforceur efficace dans un con-ditionnement instrumental que si l'organisme a été privé de nourriture. Ce phénomène peut s'expliquer grâce à la théorie de 1'interrelation des trois fonctions des stimuli. Selon Staats, la privation augmente la valeur attitudinale d'un sti-muli conditionné ou inconditionné. A cause de 1'interrela-tion des trois fonc1'interrela-tions, la valeur renforçante d'un stimulus conditionné ou inconditionné utilisé comme renforceur lors d'un conditionnement instrumental devrait augmenter. La pri-vation agit également sur l'extinction. Perin (1942: voir Staats, 1975) a démontré que la privation augmente la résis tance à l'extinction.

Staats (1975) suggère que le système A-R-D est appris et qu'il peut subir des changements dans des domaines impor-tants. En plus des différents procédés d'apprentissage pour produire un changement, les conditions de privation-satiété peuvent changer le système émotionnel-motivationel. Ceci a été reconnu sur une base d'observations naturelles. L'élabo-ration de l'effet de la privation-satiété sur le système A-R-.D et sur les comportements peut se faire à partir des principes de base. Premièrement, les éléments du système A-R-D sont organisés en hiérarchie. Certains stimuli émotionnels-moti-vationels ont plus de force que d'autres. Il semble exister des classes de stimuli A-R-D tels que les stimuli alimentaires, sexuels, récréatifs, etc. qui ont certains points en commun

et une cohérence en tant que classe. L'auteur suggère que cette structure procure une base pour l'utilisation du terme "système" faisant référence aux caractéristiques émotionnel-les-motivationelles de l'individu dans le sens où les élé-ments d'un système ont un mode d'interaction.

En tout temps, les divers stimuli du système d'un indi-vidu ont une intensité relative. La force relative aussi bien

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20 qu'absolue a un effet important sur les comportements d'un individu. En supposant que deux individus ont chacun dans leur système A-rR-D un stimulus qui a exactement la même va-leur renforçante (renforceur A). Cependant, pour un indivi-du il n'existe pas de renforceurs plus forts dans son systè-me, tandis que l'autre individu a dans son système un

renfor-ceur plus fort (renforrenfor-ceur B). Si ces individus sont dans une situation où les deux renforceurs sont disponibles, et si un comportement précède un renforceur tandis qu'un second compor-tement incompatible au premier précède l'autre renforceur, les individus développeront des comportements différents. L'in-dividu avec le renforceur dominant B développe de façon domi-nante le comportement qui est suivi de ce renforceur. L'au-tre individu pour lequel le renforceur A est relativement plus fort développe de façon dominante l'autre comportement.

Staats suggère que ce n'est pas seulement la valeur ab-solue du renforceur qui détermine les différences de compor-tements des individus et des groupes mais aussi la valeur re-lative des divers renforceurs dans le système A-R-D. Ceci permet de préciser les effets de la privation-satiété sur le

système A-R-D et sur les comportements qui dépendent de ce système. Comme vu précédemment, la privation augmente la va-leur positive d'un stimulus A-R-D et la satiété diminue sa valeur. Dans les deux cas l'opération peut changer la domi-nance relative des stimuli A-R-D dans le système. Lorsque les conditions de privation-satiété reviennent à leur point de départ, les stimuli A-R-D reprennent leurs positions rela-tives initiales. Les changements produits suivent directe-ment les variations de privation-satiété.

Voici quelques exemples de l'influence des variations de privation-satiété sur l'ordre hiérarchique relatif du sys-tème A-R-D. Les variations de stimulus étant rares pour une personne qui reste à la maison toute la journée pour s'occu-per de ses enfants, cette s'occu-personne voudrait sortir le soir

(27)

21 tandis que son conjoint qui est vendeur (donc, il subit la satiété de diversion) préférera rester à la maison passer une soirée tranquille. La privation de stimulations sexuelles augmentera la valeur A-R-D de cette classe de stimuli au dé-pend d'autres stimuli émotionnels dans le système de l'indi-vidu. Sous ce type de privation, les autres stimuli émotion-nels sont relativement faibles et les comportements mainte-nus par ces stimuli seront affaiblis.

t Les exemples prédécents illustrent le changement dans

la force absolue d'un stimulus A-R-D causé par l'opération privation-satiété. Il existe aussi un effet sur la force re-lative des stimuli A-R-D de type alimentaire et aussi une lar-ge classe de stimuli A-R-D de type sexuel. La force respec-tive de ces deux classes sera déterminée par les conditions de privation-satiété. Prenons le cas du soldat qui rentre chez lui après une longue absence. La maison lui offre deux classes de stimuli positifs: les stimuli sexuel et alimen-taire. La classe de stimuli qui déclenchera la réponse

émo-tionnelle la plus forte chez lui dépendra de sa condition de privation-satiété pour chacune des classes de stimuli.

Ce dernier exemple qui indique la façon dont l'opéra-tion de prival'opéra-tion-satiété affecte la force des stimuli A-R-D a son importance pour la compréhension des conflits. Lors-qu'un conflit approche-approche est égal, le sujet réglera ce conflit en fonction de la différence dans les conditions de privation qui rendront un stimulus A-R-D plus fort que l'au-tre. Les autres sortes de conflits suivent les mêmes princi-pes. Par exemple, la privation affectera les conflits évite-ment-évitement: une femme confrontée à un conflit pauvreté-prostitution, si elle est privée de nourriture, de toit etc.,

augmentera son aversion pour la pauvreté et optera pour la prostitution.

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22 Dans le système émotionnel-motivationel, il existe des sous-systèmes comprenant des stimuli A-R-D sexuels, alimen-taires, etc. Si quelqu'un est privé d'une classe de stimuli, la valeur A-R-D de tous les stimuli appartenant à cette clas-se augmentera. Par exemple, si le stimulus nourriture le plus fort dans la hiérarchie du système n'est pas disponible, alors le stimulus suivant le plus fort sera le stimulus A-R-D do-minant. La théorie propose qu'un membre relativement faible d'une classe de stimuli A-R-D peut être placé dans une po-sition de dominance relative dans le système grâce à la pri-vation des stimuli très forts de sa classe. Ainsi, chez un homme privé d'eau, la valeur A-R-D de l'eau saumâtre sera plus grande que celle des stimuli habituellement très forts

(stimuli sexuels, de nourriture, d'approbation sociale). Staats (1963) propose que sous les mêmes conditions de privation, des renforceurs seront plus efficaces que d'autres, mais la satiété d'un renforceur particulier permettra une

augmentation de la force relative d'autres renforceurs dont est privé l'organisme.

Dans notre société par exemple, les renforceurs sexuels peuvent être, moins forts que les renforceurs alimentaires (en fonction du niveau de privation). Cependant, plusieurs

per-sonnes semblent faire face à la privation de renforceurs sexuels pendant que peu de personnes souffrent constamment de la priva-tion de nourriture. Sur cette base, les renforceurs sexuels devraient avoir un effet sur le façonnement de certains types de comportements. On peut concevoir alors que c'était la présence d'inhibition des expressions sexuelles (privation de renforceurs sexuels) dans le milieu où Freud travaillait qui 1' a conduit à mettre une telle emphase sur les facteurs sexuels déterminant le comportement humain.

Les divers renforceurs sociaux (approbation sociale, attention, argent, vêtements fins, voitures luxueuses, titres

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23 et travaux prestigieux, divertissements, compagnie des autres) peuvent être plus significatifs puisqu'ils dépendent des com-portements qui touchent plus directement l'ajustement de l'in-dividu que ne le font plusieurs renforceurs sexuels. De plus, ils sont susceptibles de contrôler plus de types de comporte-ments importants en comparaison avec le nombre d'effets plus restreints des renforceurs sexuels.

Différents groupes de personnes dans notre culture sont soumis à différents degrés et sortes de privation sexuelle. Les adolescents par exemple, sont soumis avec plus de force à la privation de renforceurs sexuels que ne le sont les autres groupes de personnes. En conséquence, les renforceurs sexuels devraient avoir une position plus forte dans leurs systèmes de renforceurs que dans celui d'autres personnes. Ceci de-vrait se refléter dans la force de certains de leurs

compor-tements .

En général, dans notre société, différents groupes de personnes semblent soumis à des conditions de privation

dif-férentes. Les différentes classes socio-économiques devraient avoir comme résultats des variations de privation, des hié-rarchies différentes dans leurs systèmes de renforceurs. Par exemple, il existe une accessibilité restreinte des renfor-ceurs sexuels chez les individus de la classe moyenne compa-rativement à ceux des classes inférieures. Selon le rapport Kinsey (Kinsey et al., 1948: voir Staats et Staats 1963), la fréquence des comportements sexuels varie en fonction du ni-veau d'éducation de la personne. A cause de cette privation, les renforceurs sexuels devraient être plus forts pour les individus de la classe moyenne. D'un autre côté, les membres d'un niveau socio-économique inférieur qui sont moins privés de renforceurs sexuels devraient être plus privés de plusieurs autres renforceurs tels que l'argent, les beaux vêtements, les emplois prestigieux et l'approbation sociale.

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24 La privation, puisqu'elle influence le système A-R-D , influence également les comportements (Staats, 1975). Par exemple, lorsqu'un prisonnier est privé de contacts avec le sexe opposé, la force relative de la classe des renforceurs sexuels augmentera; en conséquence, les renforceurs de valeur moindre dans la classe, mais qui sont plus accessibles, tels

que les contacts homosexuels seront relativement très forts et peuvent conditionner des comportements instrumentaux qui ne se produiraient pas sans la privation. Chaque expérience homosexuelle donne lieu à plusieurs essais de conditionnement classique, puisqu'un agissement sexuel s'étend sur une pério-de pério-de temps assez longue. L'expérience pério-de conditionnement pério-de l'homosexuel augmentera la valeur émotionnelle de la classe de stimuli sociaux impliqués (membre du même sexe) et change-ra la structure du système A-R-D sur une base plus

permanen-te.

Les effets de la privation sont utilisés dans la réso-lution des problèmes humains. Annon (1975) utilise la priva-tion lors du traitement des différents problèmes sexuels. Il utilise principalement la privation de comportements (contacts)

sexuels. Annon cite le cas d'un problème hétérosexuel où la relation sexuelle était accompagnée de douleurs et où les par-tenaires n'arrivaient pas à l'orgasme. L'auteur commence par priver les sujets de toute relation sexuelle avec pénétration. Le but de cette intervention est de, premièrement, éliminer les douleurs et ainsi éviter que les douleurs, stimuli incon-ditionnés déclenchant des réponses émotionnelles négatives ne soient pairées avec l'ensemble des stimuli présents dans la situation. Deuxièmement, l'auteur espère que la valeur ren-forçante de l'excitation augmentera et que la privation de pénétration augmentera la valeur renforçante des autres

clas-ses de comportements sexuels: caresclas-ses, baisers, etc. En même temps que la privation, plusieurs mesures sont prises pour que les nouveaux comportements deviennent positivement

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25 conditionnés à l'excitation: structurer la situation de fa-çon à éviter l'exécution de comportements associés à l'anxié-té et planifier des comportements qui déclencheront progres-sivement l'excitation. Une fois les nouveaux comportements émis et suivis de conséquences positives (renforceur positif tel que l'orgasme), ces nouveaux comportements seront main-tenus .

Dans le traitement d'un cas de pédophilie, Annon utili-se la privation de contacts utili-sexuels avec les enfants. Il de-mande également au sujet d'arrêter les comportements de mas-turbation. Cependant, avant que le sujet n'arrête ses compor-tements, l'auteur a pris soin d'utiliser des procédés qui ont permis de changer la valeur directive des femmes de façon à ce qu'elles puissent déclencher des réponses d'approche, ceci dans le but d'éviter que la privation n'augmente les valeurs renforçante et directive des fillettes. Toutefois, pour di-minuer les risques, le sujet suivait un programme de désensi-bilisation voilée parallèle à la privation pour diminuer la valeur attitudinale des fillettes et ainsi diminuer leur va-leur directive. Le procédé de désensibilisation voilée con-siste à présenter en contiguïté une image mentale d'une situa-tion à caractère pédophile (dans un cas de pédophilie) avec l'image mentale d'un stimulus jugé aversif par le sujet (par

exemple, les araignées).

Finalement, Annon rapporte le traitement d'un cas d'ho-mosexualité. Il utilise la privation de masturbation et de

contacts sexuels avec les personnes du même sexe que le sujet. La privation est accompagnée d'un programme de désensibilisa-tion systématique et de désensibilisadésensibilisa-tion voilée. La désen-sibilisation systématique est un procédé qui consiste dans le cas de l'homosexualité à présenter en contiguïté une image mentale d'un stimulus sexuel appartenant au sexe opposé avec une image mentale d'un stimulus A-R-D jugé positif par le

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26 Staats (1964) utilise l'effet de la privation de nourri-ture sur la disposition à manger pour expliquer des techniques d'auto-contrôle des habitudes alimentaires. Cet effet de la privation atteint principalement les personnes désireuses de perdre du poids à l'aide de différentes diètes. Plusieurs de ces programmes de diète sont sans succès principalement à cause d'une perte de poids trop rapide qui produit un niveau de privation de nourriture très élevé et une disposition a manger qui dépasse l'auto-contrôle existant chez la personne. Staats considère que la privation de nourriture augmente la valeur attitudinale de la nourriture qui augmente la force et la fréquence (fonction directive) des comportements reliés à la nourriture (manger). Les diètes courantes impliquent des programmes qui augmentent temporairement la motivation de la personne désireuse de perdre du poids. Par exemple, de lé-gères pressions aversives de la famille ou du docteur peuvent produire une perte de poids rapide (de trois à cinq livres par

semaine). L'effet d'une perte de poids rapide se traduit par une augmentation importante de la disposition à manger qui par la suite dépasse la motivation temporaire du sujet.

Le fait de limiter la diète à une nourriture spécifique, telle que les protéines, devrait produire une augmentation de la disposition à manger d'autres nourritures. Une diète basée sur les protéines, par exemple, même sans limite de calories, devrait créer une importante disposition à manger des hydra-tes de carbone, des sucres et des matières grasses. La priva-tion d'une classe de stimuli alimentaires (protéines) augmen-te la valeur A-R-D des autres classes de stimuli alimentaires et par le fait même la disposition à manger des produits ali-mentaires autres que ceux appartenant à la classe des protéi-nes. Donc, l'important est de maintenir une diète équilibrée et d'amener une perte de poids par une réduction uniforme de la quantité de nourriture plutôt que de la sorte de nourriture

Les principaux effets de la privation de nourriture ap-paraissent lorsque les pertes de poids sont de plus d'une

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li-27 vre. Le temps écoulé entre les repas aura des effets locaux sur la disposition à manger. Les effets de la satiété partiel-le peuvent être utilisés comme moyen d'auto-contrôpartiel-le: plani-fier l'heure des repas de façon à ce que le sujet mange une quantité significative de nourriture avant une situation pen-dant laquelle la disposition à manger peut être inhabituelle-ment forte: par exemple, une situation sociale pendant laquel-le l'acte de manger était souvent présent dans laquel-le passé ou pendant laquelle les mets préférés sont présents. La personne qui mange continuellement pendant qu'elle prépare les repas, peut contrôler cette disposition à manger en préparant les re-pas pendant les périodes de temps suivant directement un rere-pas

(au lieu d'avant); périodes de temps où sa disposition à man-ger est très basse parce qu'elle vient juste de manman-ger.

Staats propose qu'au début de l'application des prin-cipes d'auto-contrôle par des exercices, la perte de poids ne doit pas dépasser une livre par semaine. Il faut que le su-jet garde ce rythme même si la plupart des susu-jets veulent en perdre plus. Cependant, lorsque le praticien connaît l'effi-cacité des techniques d'auto-contrôle et les effets de la per-te de poids sur la disposition du sujet à manger, il peut aug-menter ce rythme.

L'ingestion continuelle de nourriture pendant un repas crée une autre variation du niveau de privation de nourriture. Dans le but de briser la chaîne S-R qui compose l'acte de man-ger, le sujet doit faire de brèves interruptions en mangeant. Au début de l'utilisation de cette technique, ces interrup-tions se font vers la fin du repas alors qu'il y a satiété de nourriture. Lorsque les sujets savent comment utiliser cette technique et que la chaîne S-R de l'acte de manger commence à se dissocier en plusieurs petites chaînes S-R, ces exercices sont déplacés progressivement vers le début des repas où le ni-veau de privation est plus grand. Ainsi, par la suite, il de-vient plus facile pour le sujet de contrôler ses habitudes ali-mentaires .

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28 Les études expérimentales

Dans les corollaires de la théorie des trois fonctions des stimuli, Staats décrit la privation. Les expériences ré-vèlent que la privation a un effet sur le conditionnement clas-sique et un effet sur le conditionnement instrumental. Selon la théorie des trois fonctions des stimuli, les premiers ef-fets de la privation se font au niveau de la fonction attitu-dinale; elle affecte ensuite les fonctions renforçante et di-rective. L'opération privation-satiété affecte les trois fonc-tions des stimuli et par le fait même la façon dont l'organis-me apprend et retient des comportel'organis-ments.

Une série de recherches a été menée pour vérifier l'ef-fet de la privation sur chacune des trois fonctions des sti-muli , Pour réaliser ces expériences, il était nécessaire de

trouver des stimuli conditionnés qui déclenchent des réponses émotionnelles. La base de ces stimuli conditionnés devait être des stimuli inconditionnés sujets à la privation. Le stimu-lus inconditionné choisi fut la nourriture et le stimustimu-lus con-ditionné les mots désignant la nourriture, puisqu'en général ces mots sont systématiquement présentés en contiguité avec la nourriture. Tout au long de la vie d'un individu, il y a tellement d'essais de conditionnement que les mots désignant la nourriture devraient constituer des stimuli conditionnés forts. De plus, tel que Finch (1938; voir Staats 1975) l'a démontré avec des chiens, la privation devrait augmenter la force des réponses émotionnelles qui sont déclenchées par les stimuli conditionnés mots de nourriture.

Les effets de la privation sur la fonction attitudinale Une étape importante dans la démonstration des effets de la privation au niveau humain consiste à vérifier si la privation affecte la réponse physiologique de salivation ou,

en d'autres termes, si la privation a un effet sur la fonction attitudinale.

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29 Staats et Hammond (1972) ont mené une expérience dont le but était premièrement de déterminer l'effet de la présenta-tion verbale de mots désignant la nourriture et de mots n'en désignant pas sur la salivation et deuxièmement de déterminer l'effet de la privation sur la salivation lors de la présen-tation de mots désignant la nourriture. Pour la réalisation de cette expérience, la moitié des sujets est privée de nour-riture (du coucher, la veille, au moment de l'expérience) et l'autre moitié devait avoir mangé juste avant l'expérience. Pendant l'expérience, chaque sujet avale sa salive avant la mise en place d'un morceau de coton sous sa langue (le coton

est préalablement pesé sur une balance de haute précision). L'examinateur présente au sujet un mot à voix haute. Il lais-se écouler 20 lais-secondes puis pèlais-se le coton humecté par la sa-live du sujet. Chaque sujet se voit présenter dix mots dont cinq sont des mots désignant la nourriture (frites, bacon, gauffre, etc.) et cinq des mots ne désignant pas la nourritu-re (carré, avis, coin, etc.). Les résultats ont démontré que premièrement les sujets ont salivé plus à la présentation des naots désignant la nourriture (0.075 g.) qu'à celle des mots ne désignant pas la nourriture (0.065 g. de salive), et que deuxièmement les sujets privés de nourriture ont salivé plus aux mots désignant la nourriture (0.12 g. de salive) que les sujets non-privés de nourriture (0.065 g. de salive). Ces résultats sont significatifs.

Staats et Hammond se sont intéressés aux effets de la privation sur un stimulus conditionné obtenu lors d'un condi-tionnement de premier ordre. D'autre part, Staats et al..

(1972) se sont interrogés sur l'effet de la privation sur un stimulus conditionné obtenu lors d'un conditionnement d'ordre supérieur. Le but de l'expérience était de vérifier l'effet de l'opération privation-satiété sur la fonction attitudinale lors d'un conditionnement d'ordre supérieur; l'hypothèse était qu'un stimulus neutre paire avec un stimulus qui a acquis une

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30 valeur attitudinale positive devrait déclencher une attitude positive plus forte chez des sujets privés de nourriture que chez des sujets non-privés.

La moitié des sujets sont privés de nourriture. Ils sont répartis en deux groupes: un groupe expérimental et un groupe contrôle. A l'intérieur de ces groupes, il y a autant de su-jets privés de nourriture que de susu-jets non-privés. Pendant l'expérience, l'examinateur présente un trigramme sans signi-fication et prononce à voix haute un mot d'une liste en con-tenant 16, les sujets doivent répéter les mots. Pour le grou-pe expérimental cette liste est composée de douze mots dési-gnant la nourriture et de quatre mots neutres; pour le groupe contrôle, elle n'est composée que de mots neutres. Une fois tous les mots de la liste présentés aux sujets, ces derniers ont évalué le trigramme sur une échelle de sept points allant de plaisant à déplaisant. Les résultats ont démontré que les sujets privés de nourriture ont évalué le trigramme comme étant plus plaisant (3.00) que ne l'ont fait les sujets non-privés de nourriture (3.46). Ces résultats sont significa-tifs.

Les effets de la privation sur la fonction renforçante

Selon l'analyse du système A-R-D , la privation devrait affecter la valeur renforçante des mots désignant la nourri-ture. Il existe plusieurs études qui démontrent que la pri-vation augmentera l'efficacité des stimuli qui agissent comme renforceurs pour les individus. Parmi ces études, citons celle de Gewirtz et Baer (1958) dont le but était de valider le fait que l'opération privation - non-privation - satiété de renforceurs sociaux affectera la valeur renforçante de ce type de renforceurs.

L'hypothèse de recherche était que l'effet de la priva-tion sur la valeur renforçante sera plus grand que celui de

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31 la non-privation qui sera plus grand que celui de la satiété. Pour l'expérience, les sujets (des enfants) étaient répartis au hasard dans trois groupes. Les sujets du premier groupe étaient soumis à la condition de privation de renforceurs so-ciaux: l'examinateur va chercher le sujet dans sa classe, l'em-mène dans une salle ne lui parlant que si nécessaire. Le su-jet attend 20 minutes seul dans cette salle avant que l'exa-minateur n'arrive avec le jeu. Les sujets du deuxième grou-pe étaient soumis à la condition de non-privation: le sujet est traité de la même façon que dans le cas du groupe soumis à la privation sauf que le sujet joue avec le jouet dès son arrivée dans la salle. Finalement, le troisième groupe est soumis à la condition de satiété: l'examinateur va chercher le sujet dans sa classe, il stimule la conversation et approu-ve tout ce que dit le sujet. Puis dans la salle, avant de présenter le jeu, le sujet colore et découpe pendant 20 minu-tes. Pendant ces 20 minutes, l'examinateur donne verbalement 30 renforceurs sociaux.

Tous les sujets des trois groupes participent à l'ex-périence de la même façon. Le jeu est une boîte possédant deux trous, les sujets doivent mettre des billes dans un des deux trous. Pendant quatre minutes l'examinateur observe sans donner de renforceurs et compte le nombre de billes pla-cées dans chaque trou. Ensuite, pendant dix minutes, il ren-force le sujet avec des mots comme good, fine et Hm-hmm lors-que le sujet met la bille dans le trou le plus utilisé pen-dens les quatre minutes d'observation. De plus, il compte le nombre de billes placées dans le trou qui est renforcé.

Les résultats ont démontré que la valeur renforçante des renforceurs utilisés est plus grande pour le groupe soumis à la privation (0.34) que pour le groupe soumis à la non-priva-tion (0.22) et qu'elle est plus grande pour le groupe soumis à la non-privation (0.22) que pour le groupe soumis à la sa-tiété (0.13). Ces résultats sont significatifs.

(38)

32 D'autres recherches supportent ces résultats (Eisenber-ger, 1970: voir Staats, 1975). Cependant, le principe selon lequel la privation augmente la valeur renforçante d'un sti-mulus déclenchant une émotion, doit être validé à partir de stimuli qui ont été expérimentalement démontrés comme étant des stimuli qui déclenchent une réponse physiologique interne. Les expériences qui utilisent des mots désignant la nourritu-re pour vérifier l'effet de la privation sur la fonction atti-tudinale proposent l'utilisation des mêmes stimuli pour véri-fier les effets de la privation sur la valeur renforçante.

Harms et Staats (1978) ont mené une expérience dont le but était de démontrer que premièrement les mots désignant la nourriture qui sont des stimuli conditionnés pour une réponse émotionnelle peuvent servir de stimuli renforçants pour l'ap-prentissage d'une réponse instrumentale et que, deuxièmement, l'effet du renforcement devrait être plus fort chez les sujets privés de nourriture que chez ceux qui ne le sont pas (satié-té).

La moitié des sujets est privée de nourriture. Au dé-but de l'expérience, chaque sujet reçoit les instructions sur le déroulement de l'expérience. Pendant la phase de condition-nement, à chaque essai, une lumière rouge s'allume et le sujet doit l'éteindre en pressant un des deux boutons devant lui: un pour la main droite et un pour la main gauche. Après la réponse du sujet, l'examinateur prononce un mot et le sujet le répète. Il y a 60 essais par sujet. Les dix premiers essais constituent la phase de pré-conditionnement pendant laquelle un mot neutre est présenté au sujet peu importe la main utilisée pour émettre la réponse. Pendant les 50 autres essais, l'examinateur présente un mot désignant la nourritu-re si le sujet utilise la main gauche et un mot neutnourritu-re s'il utilise la main droite. L'examinateur compte le nombre de réponses émises de la main gauche.

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33 Les résultats ont démontré que les mots de nourriture peuvent servir de stimuli renforçants pour l'apprentissage d'une réponse instrumentale et que l'effet de renforcement est plus fort chez les sujets privés de nourriture (nombre de réponses de la main gauche plus grand que 50%) que ceux qui ne le sont pas (nombre de réponses de la main gauche, un peu moins que 50%). Ces résultats sont significatifs. Les effets de la privation sur la fonction directive

Selon la théorie des trois fonctions des stimuli, la privation augmente la valeur attitudinale et la valeur ren-forçante des mots désignant la nourriture. Ces mots, puis-qu'ils ont une valeur attitudinale et renforçante positive, sont des stimuli directifs qui devraient contrôler des ré-ponses d'approche. La privation devrait augmenter cette va-leur directive chez des sujets privés de nourriture. Solarz

(i960) a démontré que les sujets ont appris plus rapidement à tirer vers eux des mots ayant une valeur émotionnelle posi-tive qu'à les repousser. Le contraire est vrai avec des mots à valeur négative. La théorie du système A-R-D explique ces résultats de la façon suivante: les mots ayant une valeur po-sitive déclenchent une réponse émotionnelle popo-sitive qui con-trôle une série de réponses d'approche (dont tirer vers soi) et les mots ayant une valeur négative déclenchent une répon-se émotionnelle négative qui déclenche une série de réponrépon-ses d'évitement (dont repousser les mots).

Staats et Warren (1974) ont mené une expérience avec des mots désignant la nourriture pour démontrer comment la privation qui affecte la valeur émotionnelle des stimuli peut dans une situation de non-conditionnement affecter la force de la réponse instrumentale. La moitié des sujets était pri-vée de nourriture. A chaque essai, l'examinateur présentait au sujet un mot monté sur un charriot. Lorsque le mot appa-raissait, le sujet devait soit tirer le mot vers lui, soit

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34 le repousser. Le temps entre l'apparition du mot et le mouve-ment du sujet était mesuré avec une très grande précision. Les mots étaient soit des mots désignant la nourriture soit des mots ne désignant pas la nourriture. La moitié des sujets devait apprendre à tirer les mots désignant la nourriture et à pousser les autres mots. L'autre moitié devait apprendre le contraire. Les résultats ont démontré que, premièrement, tous les sujets ont appris à tirer plus vite les mots dési-gnant la nourriture qu'à les repousser. Ceci corrobore l'hy-pothèse voulant qu'en général les mots de nourriture déclen-chent une réponse émotionnelle positive et par le fait même qu'ils déclenchent une réponse d'approche. Deuxièmement, les sujets privés de nourriture ont appris à tirer les mots désignant la nourriture plus rapidement que les sujets privés de nourriture d'un autre groupe qui devaient les repousser.

Staats propose donc que le système A-R-D est composé de plusieurs classes de stimuli A-R-D elles-mêmes composées de stimuli A-R-D. Ces classes sont organisées en hiérarchie. A l'intérieur de ces classes, les stimuli eux-mêmes présentent une organisation hiérarchique. Ces classes et ces stimuli ont une valeur A-R-D relative qui peut varier en fonction des conditions de privation-satiété. Ces conditions affectent donc la valeur des fonctions attitudinale, renforçante et

directive des stimuli. Des expériences (Harms et Staats, 1978; Staats et al., 1972; Staats et Hammond, 1972; Staats et Warren, 1974) démontrent que la privation de nourriture augmente la valeur des trois fonctions des stimuli de type alimentaire. L'expérience de Gewirtz et Baer (1958) démontre également que la privation de renforceurs sociaux a un effet sur leur valeur renforçante.

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La théorie de Staats propose que la plupart des stimuli possèdent trois fonctions: la fonction attitudinale (valeur négative ou positive), la fonction renforçante (valeur néga-tive ou posinéga-tive), et la fonction direcnéga-tive qui contrôle des réponses d'approche ou d'évitement. Ces trois fonctions sont interreliées: un changement de la valeur d'une des trois

fonctions d'un stimulus entraîne un changement de la valeur des deux autres. De plus, Staats propose que le système A-R-D d'une personne est composé de classes de stimuli qui forment une hiérarchie idiosyncratique. A l'intérieur de chacune de

ces classes, les stimuli eux-mêmes présentent une organisation hiérarchique. Cette hiérarchie est fonction des conditions de privation-satiététde plus des recherches ont démontré que

la privation de nourriture augmente la valeur de chacune des trois fonctions des stimuli appartenant à la classe "mots désignant la nourriture": la valeur de la fonction attitudi-nale (Staats et Hammond, 1972; Staats et al., 1972), celle de la fonction renforçante (Harms et Staats, 1978) et celle de la fonction directive (Staats et Warren, 1974). L'expé-rience de Gewirtz et Baer (1958) démontre également que la privation de renforceurs sociaux augmente leur valeur renfor-çante.

Un certain nombre de suggestions de recherches découlent des expériences présentées sur les effets de la privation se-lon le cadre théorique élaboré par Staats. Ces recherches démontrent l'effet de la privation sur les trois fonctions de stimuli verbaux de type alimentaire, des vérifications ex-périmentales supplémentaires sont nécessaires pour vérifier l'effet de la privation sur les trois fonctions de stimuli verbaux non-alimentaires comme l'approbation sociale, les stimuli sexuels, etc. Ces études permettraient entre autre de préciser les effets de la privation sur les fonctions du

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37

langage dans les phénomènes sociaux et dans le développement de la personnalité. Il est également important, premièrement, de vérifier l'effet de la privation d'un stimulus appartenant à une classe donnée de stimuli sur les autres stimuli appar-tenant à cette même classe^de même que l'effet de la priva-tion de ce stimulus sur les autres classes de stimuli et deuxièmement, de vérifier l'effet de la privation d'une clas-se de stimuli sur les autres clasclas-ses de stimuli.

Annon (1975) laisse entrevoir quelques possibilités de recherche principalement sur l'effet de l'opération de privation-satiété sur les divers stimuli utilisés lors des procédés de désensibilisation systématique et de désensibi-lisation voilée. Annon constate que les stimuli à valeur A-R-D positive utilisés pour la désensibilisation

systéma-tique, ont Tine valeur A-R-D plus faible après l'utilisation du procédé qu'avant. Il en est de même pour la désensibili-sation voilée: les stimuli A-R-D négatifs ont une valeur négative plus faible après l'utilisation du procédé qu'avant. Annon attribue ces résultats à l'effet de la satiété sur les

trois fonctions des stimuli. Cependant, plus de recherches empiriques sont nécessaires. Ces expériences permettraient de démontrer, au niveau humain, les effets de l'opération de privation-satiété sur les stimuli A-R-D négatifs. Car, par

éthique professionnelle, il est presqu'impossible d'utili-ser lors d'une expérience, la privation et surtout la satié-té de stimuli verbaux ou non-verbaux à valeur négative sauf dans certains cas comme la désensibilisation voilée. Fina-lement, Annon propose que la privation a un effet sur les images sensorielles: la privation rend les images sensoriel-les plus "claires". Des études empiriques sont nécessaires pour vérifier ces hypothèses.

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38 Les effets de la privation-satiété peuvent avoir des implications en éducation. Staats propose que la satiété di-minue la valeur A-R-D des stimuli. Par exemple, dans le cas d'un enfant qui apprend à écrire, écrire au départ peut avoir une très grande valeur A-R-D positive. Cependant, si l'enfant est soumis à la satiété du comportement d'écrire, ce comportement perdra de sa valeur A-R-D positive ce qui entraînera une diminution de la motivation à écrire.

Dans l'utilisation des renforceurs en classe, les pro-fesseurs devraient maintenir un équilibre constant entre la privation et la satiété. Une utilisation abusive de renfor-ceurs devrait provoquer la satiété chez l'étudiant et ces renforceurs perdraient de leur valeur A-R-D.

De plus, en éducation, il existe un certain nombre d'en-fants qui ont des problèmes d'apprentissage. Certains de ces problèmes pourraient être reliés au type de renforceurs utilisés à l'école. Généralement, les renforceurs utilisés

à l'école pour renforcer les comportements de l'étudiant sont des renforceurs verbaux de type sociaux. Pour certains étudiants, ces stimuli A-R-D ne seraient pas les premiers dans la hiérarchie de leur système A-R-D. Il faudrait donc arriver à l'aide de procédés comme la privation-satiété à ce que les stimuli A-R-D de types sociaux se trouvent les premiers dans la hiérarchie du système A-R-D. Par exemple,

si les renforceurs verbaux de type sociaux occupent la deuxiè-me place dans la hiérarchie du systèdeuxiè-me A-R-D d'un étudiant

et que l'argent est le premier renforceur de ce système, la privation d'argent devrait permettre aux renforceurs verbaux de type sociaux de devenir premiers dans la hiérarchie du système A-R-D. Cependant pour éviter qu'en même temps la privation n'augmente la valeur renforçante de l'argent, il

faudrait que la privation soit accompagnée de procédés comme la désensibilisation voilée et la désensibilisation systéma-tique.

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Figure

Fig. 1 ­ Une illustration de la théorie à double processus:
Fig. 2 ­ Une illustration des deux fonctions des stimuli condi­
Fig. 3 - L'interrelation des deux types de conditionnement  et les trois fonctions des stimuli

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