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Edmondo De Amicis et la France (1870-1883) : contacts et échanges entre littérature italienne et littérature française à la fin du XIXe siècle

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française à la fin du XIXe siècle

Alberto Brambilla

To cite this version:

Alberto Brambilla. Edmondo De Amicis et la France (1870-1883) : contacts et échanges entre lit-térature italienne et litlit-térature française à la fin du XIXe siècle. Litlit-tératures. Université de Franche-Comté, 2011. Français. �NNT : 2011BESA1016�. �tel-00951573�

(2)

1

UNIVERSITÉ DE FRANCHE-COMTÉ

ÉCOLE DOCTORALE

« LANGAGE, ESPACE, TEMPS, SOCIÉTÉ »

UNIVERSITÀ DEGLI STUDI DI MILANO

SCUOLA DI DOTTORATO « HUMANAE LITTERAE »

Thèse en co-tutelle

en vue de l‟obtention du titre de docteur en

LANGUES, LITTÉRATURES ET CIVILISATIONS

DES PAYS DE LANGUES EUROPÉENNES

(Spécialité : ÉTUDES ITALIENNES)

et

STORIA DELLA LINGUA E DELLA LETTERATURA

ITALIANA

Edmondo De Amicis et la France

(1870-1883)

Contacts et échanges entre littérature italienne et

littérature française

à la fin du XIXe siècle

Présentée et soutenue publiquement par

A

LBERTO

B

RAMBILLA

Le 13 mai 2011

Sous la co-direction de M. le Professeur Angelo COLOMBO

et de M. le Professeur William SPAGGIARI

Membres du Jury :

Angelo COLOMBO, Professeur - Université de Franche-Comté

Emanuele CUTINELLI-RENDINA, Professeur - Université de Strasbourg

Enzo NEPPI, Professeur - Université de Grenoble III (Rapporteur)

Gino RUOZZI, Professore - Università di Bologna

William SPAGGIARI, Professore - Università degli Studi di Milano

Luigi SURDICH, Professore - Università di Genova (Rapporteur)

(3)
(4)

3

Alberto Brambilla

Edmondo De Amicis et la France

(1870-1883)

Contacts et échanges entre littérature italienne

et littérature française à la fin du XIXe siècle

(5)
(6)

5

Remerciements.

Nous tenons à remercier tout particulièrement nos directeurs de thèse, MM. les

Professeurs Angelo Colombo (Université de Besançon) et William Spaggiari

(Université Statale de Milan), qui ont bien voulu s‟entretenir avec nous sur le sujet

de notre thèse, nous faire part de leurs observations judicieuses et nous prodiguer

leurs précieux conseils.

Nous exprimons notre gratitude à M. Luciano Tamburini, directeur de la revue

Studi Piemontesi, récemment disparu, qui nous a donné avec générosité plusieurs

informations sur la biographie de De Amicis et aussi sur quelques sources

manuscrites conservées à la Biblioteca Civica di Torino. Nous remercions M. le

Professeur Luigi Surdich (Università di Genova) pour nos discussions

passionantes sur De Amicis, et le Professeur Franco Contorbia (Università di

Genova) pour ses conseils et pour nous avoir communiqué plusieurs

renseignements sur la bibliographie de De Amicis ; et aussi nous remercions

Bianca Danna (Torino), avec laquelle nous avons discuté de certains problèmes

critiques liés aux livres de voyage de De Amicis, puis Laura Finocchiaro-Fournier

(Université de Paris 3), Philippe Guérin (Université de Rennes 2), Bertrand Joly

(Université de Nantes), Rossana Melis (Firenze) pour leurs conseils.

Nos remerciements chaleureux vont à Silvia Bonjan Directeur de la Biblioteca

Civica de Imperia qui nous a ouvert les portes de la Biblioteca Civica Leonardo

Lagorio di Imperia, où se trouvent plusieurs livres et documents de De Amicis. En

outre, nous remercions les membres du personnel de la Biblioteca Braidense di

Milano, de la Biblioteca Nazionale di Firenze et de la Biblioteca Civica di Torino,

ainsi que les membres du personel des bibliothèques de Besançon, de la

Bibliothèque Nationale de Paris, de la Biblioteca Trivulziana di Milano, de la

Biblioteca d‟Arte di Milano et des Archives Nationales de Paris : ils nous ont

(7)

6

Nous remercions également tous ceux qui nous ont accordé leur attention et leur

patience : en particulier Flavia Dutheil (Busto Arsizio), Marika Galli (Besançon),

et surtout Emmanuelle Genevois (Paris) : elles nous ont aidé à améliorer nos

connaissances linguistiques.

Enfin, un remerciement tout particulier à ma femme, Loretta Grandi, pour son

soutien et son aide pendant ces dernières années de travail.

(8)

7

Table des matières.

Remerciements……….p. 5

Introduction. ………p. 13

Première Partie.

Un ami de la France.

De Amicis entre politique et littérature.

Chapitre I. Edmondo De Amicis, le soldat-journaliste :

I.1. Le tableau international : la défaite de la France et le nouvel ordre……p. 29

I.2. De Amicis soldat et écrivain………p. 33

I.3. La prise de Rome et les rapports difficiles avec la France………..p. 42

Chapitre II. La première rencontre avec la France :

II.1. De Amicis « inviato speciale ». ………..p. 51

II.2. Le séjour parisien de 1873 et les « Lettere francesi »………p. 60

II.3. En défense de Manzoni et de l‟Italie………..p. 69

II.4. L‟interruption de la correspondance parisienne……….p. 72

Chapitre III. « On ne voit jamais Paris pour la première fois, on le revoit » :

III.1. Le deuxième séjour parisien de De Amicis. ……….p. 77

III.2. De Amicis et Giacosa journalistes pour L‟Illustrazione Italiana…….p. 84

(9)

8

IV.1. La promenade parisienne vers l‟Exposition………p. 99

IV.2. Paris de papier……….p. 108

Chapitre V. «La métropole des métropoles» : De Amicis et Giacosa à

l’L’Exposition Universelle de Paris :

V.1. La ville et l‟Exposition………..p. 115

V.2. Voyager dans un monde en miniature……… .p. 121

V.3. Le Dieu Travail : « sublime amico e grande consolatore »………….. p. 134

Chapitre VI. Paris adieu!

VI.1. Le dernier périple parisien………p. 139

VI.2. La « macchina immensa »………p. 148

Chapitre VII. L’histoire éditoriale de Ricordi di Parigi

VII.1. De la revue au livre………p. 153

VII.2. Un livre phantasme. ………..p. 155

VII.3. La traduction française. ……….p. 157

VII.4. De Amicis et la critique de la langue française………..p. 164

(10)

9

Deuxième Partie.

A la recherche de la littérature française.

Chapitre I. Hommage au père de la littérature française :

I.1. Un livre dans le livre………p. 173

I.2. Les deux âmes de Victor Hugo. ………..p. 175

I.3. Le visage de Hugo……….p. 183

I.4. Le dernier hommage……….p. 193

Chapitre II. La rencontre avec Emile Zola :

II.1. Edmondo à la croisée des chemins……… p. 197

II.2. Le succès et le scandale de L‟Assommoir………...p. 202

II.3. Dans le laboratoire de Zola……….p. 211

II.4. La fortune du portrait de Zola………..p. 220

Chapitre III. La collaboration à la Gazzetta Letteraria et les Ritratti letterari :

III.1. Le retour à la poésie et à Paris………..p. 227

III.2. La collaboration à la Gazzetta Letteraria de Turin………..…….p. 236

III.3. L‟histoire éditoriale et de la critique………p. 242

(11)

10

IV.1. Les voies diverses du naturalisme…………..……….…..p. 247

IV.2. Daudet sur la scène….……….…..p. 250

IV. 3. De Amicis traducteur de Daudet……….…..p. 255

IV.4 Dans la tanière de l‟ours…………..………. …p. 259

IV.5. La tristesse et la solitude de Zola………..p. 263

IV.6. De Amicis-Zola : notes pour un bilan provisoire.………....p. 269

Chapitre V. De Amicis et le théâtre français :

V.1. Dumas et le fantasme du père..………..p. 273

V.2. Exercise physionomique………..………...p. 278

V.3. La paresse d‟Augier………..………..p. 281

V.4. Les masques de Constant Coquelin………..………..p. 285

Chapitre VI. Le poète et le soldat :

VI.1. La rencontre parisienne avec Paul Déroulède.…………..…………..…...p. 293

VI.2. Cicatrices et drapeaux……….. …...p. 302

VI.3. Comme dans un roman d‟Alexandre Dumas………..…..….…p. 306

VI.4. Le journal de guerre d‟une nation vaincue…….………...……p. 312

VI.5. Deux traductions françaises du texte consacré à Déroulède………..……p. 319

Chapitre VII. L’avocat de la France :

VII.1. La plume de l‟Histoire………..…p. 325

VII.2. Une dette difficile à payer………....p. 332

VII.3. De Amicis entre l‟enclume et le marteau………..………p. 337

VII.4. La Légion d‟honneur………..……...p. 346

VII.5. L‟ami retrouvé………...p. 350

(12)

11

Appendices.

Avertissement. ………..p. 375

Appendices de la Première Partie :

I. Alla Francia: L‟histoire éditoriale des écrits journalistiques………..….…….. p. 379

II. La correspondance personnelle de De Amicis de Paris (1873)………..………p. 423

III. Les articles parisiens publiés par La Nazione (1873)………p. 443

Appendices de la Deuxième Partie :

I. Une traduction française de l‟article de De Amicis sur Zola polemista………..p. 507

II. Les lettres de De Amicis à Paul Déroulède………p. 519

Bibliographie :

1. Sources manuscrites..………..p. 539

2. Œuvres de De Amicis :

A. Textes parus dans les journaux ou dans les revues..………..…………p. 547

B. Textes en volume………..………..……p. 551

C. Bibliographie des traductions en français (1878-1907)……….p. 555

D. Autres traductions. ………p. 556

3. Bibliographie générale………p. 559

Index

(13)
(14)

Première Partie Introduction

13

Introduction.

La richesse et la continuité des échanges entre les Etats Italiens Ŕ en particulier

les régions nord-occidentales Ŕ et la France est une donnée désormais confirmée

1

.

Il est toutefois incontestable que ces rapports se font de plus en plus fréquents vers

la fin du XVIIIe siècle (avec le début de l‟aventure napoléonienne) et surtout au

cours du XIXe siècle, favorisés qu‟ils sont par les voies et moyens de

communication devenus plus faciles et plus sûrs

2

. Ce processus de rapprochement

entre les deux pays s‟intensifie au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle,

quand les Etats Italiens deviennent un Royaume (1861) grâce à l‟habileté des

gouvernements de la Maison de Savoie et à des conjonctures internationales

favorables. Lors de ces événements la France joue un rôle important, elle participe

en effet militairement à la Seconde guerre d‟Indépendance aux côtés du souverain

piémontais (1859). Plus tard, après la défaite française de Sedan (30 août-1

septembre 1870) devant les Prussiens et la conquête de Rome consécutive (20

septembre 1870) par les troupes italiennes, les rapports politiques et

diplomatiques entre les deux états connaissent un brusque tournant négatif, avec

des répercussions sur le plan commercial. Ce gel des relations s‟aggravera dans

les années suivantes à cause des visées coloniales des deux puissances, et

culminera avec la question de Tunis, ainsi que par le choix italien de conclure

avec l‟Autriche et la Prusse la Triple Alliance (1882)

3

.

Malgré ce brusque éloignement sur le front politique, malgré les difficultés

intérieures de la France (déchirée par la révolte des communards), l‟hégémonie

culturelle française ne montre pas de signes évidents de faiblesse. La société

1 Cf. D. Isella, « La cultura letteraria lombarda », dans Id., I Lombardi in rivolta. Da Carlo Maria

Maggi a Carlo Emilio Gadda, Torino, Einaudi, 1984, p. 3-24, et en particulier p. 5, où il souligne

cette continuité qui remonte à la culture italienne « del Due e Trecento » avec « la consuetudine con la tradizione d‟oc e d‟oil ».

2 L. Derla, « Primato italiano ed egemonia francese nell‟età romantica e risorgimentale », dans

France et Italie dans la culture européenne. Mélanges à la mémoire de Franco Simone, Genève,

Slatkine, vol. III (XIX et XXe siècles), 1984, p. 13-31.

3 P. Milza, Français et Italiens à la fin du XIXe siècle, vol. I, Rome, Ecole Française de Rome,

(15)

14

française même gravement touchée, ne tarde pas à ressusciter des cendres de la

Commune. En effet l‟Exposition Universelle de Paris (1878) célèbre cette

renaissance y compris sur le plan de la science et de la technique : Paris, ville du

luxe et du divertissement, devient aussi un modèle culturel pour l‟Europe. La

capitale, déjà laboratoire du nouveau roman au XIXe siècle avec Balzac, poursuit

sur cette lancée avec Zola. C‟est à Paris encore que s‟élabore (avec Baudelaire et

Rimbaud, puis avec Mallarmé) la poésie du futur. C‟est ce qui advient aussi pour

l‟art, avec la naissance des premiers mouvements révolutionnaires en peinture.

Mais la France envahit l‟Europe, et en particulier l‟Italie, non seulement avec la

grande culture des cercles intellectuels, mais aussi avec la culture populaire, par

son théâtre, ses chansons, ses journaux, comme avec ses parfums et les

nouveautés de la mode exposées dans les vitrines des grands magasins

4

. L‟Italie,

en réelle position d‟infériorité, regarde avec de plus en plus d‟admiration la

culture scientifique et la puissance militaire prussienne, mais envie également tout

ce qui se passe à Paris, à l‟ombre des cafés ou des rédactions des journaux ainsi

que dans les ateliers des artistes ou dans les grands magasins

5

. Si nous excluons

l‟éternelle fascination exercée par la culture classique et les paysages du „bel

paese‟, de peu d‟importance est, au contraire, le poids que la culture italienne du

dix-neuvième siècle exerce sur le monde français

6

, et elle est associée à quelque

personnalité unique et exceptionnelle, comme ce sera le cas de D‟Annunzio

7

.

4 « Malgrado ogni rancore e nonostante ogni alleanza, il soffio immenso della Francia entra

nell‟anima nostra e fa parte della nostra vita. La sua varia, feconda, sfolgorante letteratura penetra in tutti gli strati della nazione italiana, dal più colto al più rozzo, con la forza d‟un mare straripante; la sua musica e la sua commedia è festeggiata ed amata in Italia come cosa nostra ; la nostra curiosità, la nostra immaginazione guardano ancora a Parigi come nei più bei giorno della nostra amicizia ; i francesi sono sempre accolti da noi col sorriso antico, quando vengono in aspetto d‟amici, e trovano i cuori aperti e le mani tese ; e noi sentiamo sempre nella loro lingua un suono intimo e dolce che ci tocca le fibre più segrete del cuore, come l‟eco d‟una musica lontana, che ci ricorda un passato glorioso, delle gioie divine e degli affetti sacri ». Ces mots se trouvent dans un article de De Amicis Ŕ probablement destiné au journal sud-américain La Nación de Buenos Aires Ŕ dont l‟autographe est conservé à la Biblioteca Civica Leonardo Lagorio di Imperia, Ms EDA 16, fasc. 16.

5 Cf. E. Zola, Au bonheur des dames, Paris, Charpentier, 1883.

6 Un traitement à part doit être réservé au à l‟opéra italien, qui exercera encore une grande

influence à la fin du XIXe siècle avec le succès durable de Verdi et le triomphe de l‟œuvret vériste de Puccini.

7 Voir à ce sujet l‟article de E.M. De Vogüè, « La Renaissance latine. Gabriel D‟Annunzio :

poèmes et romans », Revue des Deux Mondes, 1° janvier 1895, p. 187-206 ; G. Tosi, D‟Annunzio

(16)

Première Partie Introduction

15

Tel est, à grands traits le tableau général qui s‟offre aujourd‟hui aux spécialistes

qui désirent affronter ce sujet, épineux mais fascinant, du rapport entre les deux

les sœurs latines. Ce tableau, bien entendu, nécessiterait de prendre en

considération de nombreux détails et nuances pour mieux l‟éclairer. Pour y

parvenir des approfondissements et des enquêtes plus fouillées sont nécessaires,

comme on essaie de le faire depuis longtemps de divers côtés, même si ce n‟est

pas de façon systématique

8

.

Dans ce cadre complexe nous nous sommes efforcés d‟analyser le rôle joué par

Edmondo De Amicis (1846-1908), un des écrivains les plus remarquables de la

deuxième moitié du dix-neuvième siècle. Il n‟est pas seulement l‟auteur du grand

succès de Cuore (1886), mais aussi l‟écrivain qui a élargi considérablement

l‟horizon jusqu‟alors restreint du lecteur moyen italien, en lui proposant par ses

ouvrages des voyages « exotiques » en Espagne (1873), en Hollande (1874), au

Maroc (1876), à Constantinople (1878). Et surtout c‟est un intellectuel

particulièrement attentif aux changements de société, aux dynamiques de

transmission de la culture, aux transformations de l‟édition et du statut des

écrivains. Comme tel il s‟est intéressé aux institutions du nouveau Royaume

d‟Italie (l‟armée, l‟école, la famille) et il a analysé les plus graves problèmes

sociaux de l‟époque en débat (comme par exemple l‟émigration), prenant en

Convegno, Gardone R.- Perugia, 8-13 maggio 1989, a cura di P. Gibellini, Roma-Gardone, Lucarini-Vittoriale, 1991.

8 Cf. par exemple M. Spaziani, Bibliographie de Maupassant en Italie, Florence, Institut Français,

1957 ; R. Antonetti, Francesco De Sanctis et la culture française, Firenze, Sansoni Antiquariato, 1964 ; G. Mirandola, La « Gazzetta Letteraria » e la Francia. Contributo allo studio dei rapporti

culturali tra Francia e Italia nella seconda metà del secolo XIX, Torino, Accademia delle Scienze,

1971 ; P. Falciola, La littérature française dans la presse vériste italienne, Paris, Didier, 1977 ; G. Vigini, « La letteratura francese del secondo Ottocento nella cultura italiana (1870-1814). I. Il romanzo », Otto/Novecento, 2, 1978, p. 55-72 ; Id., « II. La poesia », ibid., 6, 1978, p. 107-124 ; L. Mangoni, Una crisi di fine secolo. La cultura italiana e la Francia fra Otto e Novecento, Torino, Einaudi, 1985, L. Sozzi, « La letteratura francese e l‟Italia », dans Storia della letteratura

italiana, a cura di E. Malato, vol. XII. La letteratura italiana fuori d‟Italia, coordinato da L.

Formisano, Roma, Salerno Editrice, 2002, p. 637-679 (avec une riche bibliographie). A louer les initiatives entreprises par l‟Université de Caen sous l‟impulsion de Marielle Colin qui ont déjà donné des excellents résultats : Les échanges culturels entre la France et l‟Italie de 1880 à 1918 :

polémiques et dialogue. Actes du colloque de Caen (3-4 octobre 1986), recueillis par M. Colin,

Caen, Centre de Publications de l‟Université de Caen, 1988 ; La France et l‟Italie : traductions et

échanges culturels, Etudes publiées sous la direction de F. Decroisette, Caen, Centre de

Publications de l‟Université de Caen, 1992 ; Heurs et malheurs de la littérature italienne en

France, Actes du Colloque de Caen (25-26 mars 1994) publiés sous la direction de M. Colin,

Caen, 1995. Voir aussi deux numéros monographiques de la revue Transalpina : Lettres italiennes

(17)

16

compte la force de l‟idéologie et des partis de masse comme le socialisme, auquel

en 1891 il accorda son adhésion inconditionnelle

9

.

Dans cette richesse de sujets exprimée par De Amicis, la culture française

occupe certainement une place importante, que ce soit sur le plan des lectures,

comme sur celui des expériences directes, fruits de séjours répétés. Et il suffit en

effet de feuilleter un livre ou même un article de l‟écrivain italien pour trouver des

citations en langue française ou des références à de nombreux auteurs français, en

particulier à son très cher Victor Hugo, ou à Emile Zola

10

.

Du reste, il y a au moins deux livres qui témoignent très clairement et sans

équivoque du rapport de De Amicis avec le monde français, c‟est Ricordi di

Parigi (1879) Ŕ ou justement De Amicis rappelle dans deux longs chapitres ses

rencontres dans la capitale avec Hugo et Zola Ŕ et les Ritratti Letterari (1881) qui

en effet se réfèrent exclusivement à des auteurs français et sont inspirés par des

rencontres personnelles avec des personnages de l‟envergure de Hugo, Daudet,

Zola, Alexandre Dumas fils et Emile Augier. A ceux-ci il faut ajouter le volume

Ricordi de 1870-71 (publié en 1872), qui contient quelques pages dédiées à la

France, à l‟époque engagée dans le malheureux défi contre les Prussiens.

Pour ces simples raisons De Amicis nous apparaît comme un exemple privilégié

pour comprendre le rapport complexe des échanges entre les cultures italienne et

française au cours des décennies post-unitaires, et en particulier dans la période

1870-1881, celle de la défaite française provoquée par les Prussiens jusqu‟à la

crise de Tunis et à la dégradation des relations franco-italiennes. Une période

dramatique et de toute façon décisive, au cours de la quelle la grande tradition

d‟amitié entre les deux peuples subit une forte secousse, causant aussi de

sanglants combats et des épisodes de nationalisme exacerbé.

Un des principaux objectifs de notre recherche est justement de mesurer

l‟influence de la crise politique et diplomatique sur les vicissitudes culturelles et

sociales. Vicissitudes rendues plus aiguës à cause du ressentiment exprimé par

9 Cf. S. Timpanaro, Il socialismo di Edmondo De Amicis. Lettura del “Primo Maggio”, Verona,

Bertani, 1983.

10 Nous avons volontairement renoncé à cette aride liste de citations, entre autre pas toujours

précise et pas facile à reconnaitre, en préférant au contraire travailler dans un contexte plus ample et articulé.

(18)

Première Partie Introduction

17

une presse de plus en plus agressive et puissante, capable d‟influencer l‟opinion

publique. Comment réagirent les intellectuels philo-français face à ces

dramatiques changements ? Comment se modifièrent les rapports personnels de

ceux-ci avec leurs amis français ? Ces questions et d‟autres encore constituent la

base de départ de notre recherche, qui a trouvé en De Amicis et dans ses

interlocuteurs transalpins (parmi lesquels se détachent Edmond Cottinet et Paul

Déroulède) un sujet idéal d‟étude, parce que dans ce contexte spécial la position

de De Amicis Ŕ comme on le verra Ŕ est vraiment centrale et stratégique ; elle

permet donc d‟appréhender, non seulement l‟évolution personnelle d‟un

intellectuel, mais aussi de saisir les humeurs et les difficultés survenues entre les

deux sœurs latines dans la décennie 1870-1881.

Si la dette de De Amicis est indubitable et bien documentée envers la France,

il peut être intéressant de se poser la question inverse, nous voulons dire une dette

de la France envers l‟intellectuel italien. L‟intérêt montré par les lecteurs français

pour les œuvres de De Amicis est dans ce sens significatif. En effet les livres de

voyages tout particulièrement reçurent un accueil favorable en France, comme le

montrent les traductions parues immédiatement après les éditions originales

italiennes : L‟Espagne (1878) ; La Hollande (1878) ; Constantinople (1878) ;

Souvenirs de Paris et de Londres (1880) ; Le Maroc (1882). Un semblable succès

sera réservé par la suite à d‟autres ouvrages de l‟écrivain et en particulier, comme

cela est évident, à Cuore

11

. Ce sont des données objectives qui nécessitent

naturellement d‟autres recherches, mais qui de toute manière montrent une voie

déjà fiable que l‟on peut donc parcourir.

Mais dans la même perspective de recherche une autre donnée s‟avère

extrêmement intéressante qui n‟a jamais été prise en considération jusqu‟à

présent. La première tentative d‟interprétation de l‟œuvre entière de De Amicis est

due en effet non à un spécialiste italien, comme cela serait normal, mais à un

11 Toutefois la traduction française, si bien achevée dès 1887, devra attendre 1892 et la chute du

gallophobe Francesco Crispi pour paraître en France : cf. M. Rigotti Colin, « Da Cuore a Grands coeurs », Belfagor, XLI, II, 31 mai 1986, p. 297-310; Id., « Cuore d‟Edmondo De Amicis », in Id.,

L‟âge d‟or de la littérature d‟enfance et de jeunesse italienne. Des origines au fascisme, Caen,

Presses universitaires de Caen, 2005, p. 131-170 ; E. De Amicis, Le livre Cœur, traduction de P. Caracciolo, M. Macé, L. Marignac et G. Pécout, avec Notes et postface de G. Pécout, Paris, Editions Rue d‟Ulm / Presses de l‟Ecole normale supérieure, 2001, p. 392-393.

(19)

18

français, Jacques-Humbert Brovedani. Il publie en effet en 1916 à Rennes sa thèse

pour le doctorat intitulée Ed. de Amicis. L‟Homme et l‟Oeuvre

12

. La date est

significative, il n‟y a que huit ans que De Amicis est mort (11 mars 1908) et en

Europe a éclaté le premier conflit mondial, qui après quelques incertitudes avait

vu s‟aligner l‟Italie aux côtés de la France.

Il est important de relire l‟Avant-propos

13

de sa thèse où Brovedani explique les

raisons d‟un tel intérêt. Il insiste en effet sur la variété et la qualité des œuvres de

l‟écrivain italien et surtout sur sa dimension européenne : « Parmi les écrivains

italiens qui ont apporté une forte contribution à la littérature européenne, Edmond

de Amicis est l‟un de ceux qui se recommandent le plus à l‟attention de l‟historien

et du critique non seulement par la quantité de ses ouvrages, mais encore par la

variété remarquable de son inspiration et par sa valeur artistique »

14

.

La proximité de la mort de De Amicis Ŕ ajoute Brovedani Ŕ empêche de donner

un jugement historique définitif sur toute l‟œuvre, extrêmement riche et variée ;

mais en attendant c‟est le public, en demandant continuellement ses ouvrages, qui

confirme la popularité de De Amicis et en détermine l‟importance dans la

formation de l‟identité italienne

15

. Pour toutes ces raisons Brovedani s„apprête à

tracer pour la première fois avec un certain orgueil (« il est en effet étonnant

qu‟aucune étude plus vaste n‟ait été tentée pour remédier à cette lacune »)

16

, un

12 J.H. Brovedani, Ed. De Amicis Ŕ L‟Homme et l‟Œuvre (Université de Rennes, Faculté des

Lettres, Thèse pour le doctorat), Rennes, Imprimerie F. Simon, 1916. En effet, dans le colophon de p. 216 on lit : « Vu pour impression : Rennes, le 22 mai 1914. Le Président du Jury G. Dottin. ». J‟ai lu en copie cette thèse grâce à la courtoisie de Philippe Guérin de l‟Université de Rennes 2.

13 Avant-propos qui est daté « janvier 1914 ».

14 J.H. Brovedani, Ed. De Amicis Ŕ L‟Homme et l‟Œuvre, op. cit., p. 9.

15 Cf. ibid., p. 10 : « La mémoire de l „écrivain italien est encore toute récente, elle n‟apparaît pas,

par conséquent, dans le recul indispensable pour appartenir définitivement à l‟histoire; mais si tout ce qu‟on a déjà dit de lui et ce qui s‟écrit encore ne recueille point dans l‟avenir les suffrages unanimes des historiens, notamment en ce qui concerne ses idées sociales et politiques, du moins ces études pourront-elles présenter quelque utilité pour le jugement définitif que l‟histoire littéraire devra un jour porter sur son œuvre en lui assignant enfin la place qui lui revient […]. Mais si les littérateurs non pas encore accordé a de Amicis toute l‟attention que mérite sa mémoire, la partie cultivée de la nation italienne lui a généreusement rendu l‟hommage qu‟elle lui doit ; cela résulte de la recherche spéciale et constante qu‟elle fait de ses œuvres. En effet, dans les statiques dressées par les bibliothèques publiques, parmi les livres les plus demandés ce sont les ouvrages de de Amicis qui occupent la première place ».

16 Ibid., p. 10 ; et voir à p. 11 où Brovedani parle de sa biographie de De Amicis : « L‟homme,

(20)

Première Partie Introduction

19

tableau d‟ensemble de l‟homme et de l‟œuvre, en n‟omettant pas de souligner

l‟adhésion de De Amicis au socialisme

17

.

Il n‟est pas nécessaire d‟insister sur les contenus spécifiques de ce livre qui

comme il est évident, ne manque pas d‟éléments de faiblesse, conséquence entre

autre de cette période historique

18

. Et toutefois, nous le répétons, il a le grand

mérite de placer De Amicis dans une dimension européenne, en tentant pour la

première fois une synthèse générale ; cette dernière d‟ailleurs, ne laisse pas de

côté la reconstitution de la biographie de l‟écrivain italien, saisissant justement le

lien existant entre les évènements de sa vie privée et ses choix artistiques

19

. On ne

peut éviter de rappeler un autre mérite du travail de Brovedani, c‟est-à-dire celui

de proposer dans l‟appendice une bibliographie générale des écrits de De Amicis

ainsi que des études critiques qui lui ont été dédiées. C‟était une tâche ingrate

typique de toute façon de la culture académique dont Brovedani provenait.

Pourtant, elle avait le mérite de constituer une solide base pour les études futures,

comme déclarait encore l‟auteur : « Nous avons enfin dressé, et en cela nous

avons cru rendre service aux critiques qui plus tard s‟occuperont de de Amicis,

une bibliographie complète des œuvres de l‟écrivain et des articles ou travaux

divers auxquels ils ont donné lieu. Malgré l‟intérêt et l‟importance qu‟il présente,

ce travail n‟avait pas encore jusqu‟à présent été entrepris »

20

.

pas absolument complète, aura au moins le mérite d‟être le premier travail de ce genre, tant en Italie qu‟en France, sur de Amicis ».

17 Cf. à ce propos l‟article d‟un autre critique français, Maurice Muret : « Le socialisme de M. E.

De Amicis », dans Id., La littérature italienne contemporaine, Paris, Perrin, 1906, p. 20-37.

18 Cf., par exemple, la structure de la thèse, avec plusieurs écrits de De Amicis divisés encore en

genres littéraires.

19 Ibid., p. 11-12 : « On n‟attache trop souvent qu‟un intérêt de curiosité aux biographies des

écrivains que l‟on considère volontiers comme n‟ayant qu‟un caractère simplement décoratif. En ce qui concerne de Amicis, l‟idée de recueillir sur sa vie des documents précis n‟a même pas jusqu‟ici été mentionné, et l‟on a ainsi laissé de côté une des sources les plus utiles et les plus précieuses pour apprécier plus exactement un auteur. Etudier, même rapidement, les vicissitudes de la vie de l‟écrivain, ne signifie pas, pour nous, exposer des détails chronologiques, souvent arides, pour enrichir un travail, mais bien plutôt suivre de plus près le développement de toute une œuvre littéraire que nous savons être inséparable de la personnalité de son auteur ».

20 Ibid., p. 14. Parmi les travaux de critique que Brodevani utilise fréquemment il y a l‟article

important d‟E. Rod, « Un littérateur italien. M. Edmondo de Amicis », Revue des deux Mondes, LIV, mars-avril 1884, p. 922-934, puis dans le volume Etudes sur le XIX siècle, Paris, Librairie Académique Didier Perrin, 1894 ², p. 201-228.

(21)

20

C‟est justement cette section bibliographique Ŕ même si elle n‟est pas toujours

précise à propos des données offertes Ŕ la partie de la thèse encore utile aux

spécialistes de nos jours, en permettant quelques agréables trouvailles. Et au

contraire on est très surpris de constater que Brodevani dans son travail ne montre

aucun intérêt pour sonder les raisons du lien indiscutable entre De Amicis et la

culture française. Ainsi il liquide en quelques répliques un livre comme Ricordi

di Parigi, qui aurait pu justement lui inspirer de nombreuses observations, en

particulier dans les chapitres qui décrivent la rencontre de l‟écrivain avec Victor

Hugo et Emile Zola. De même l‟autre livre, expressément consacré par De Amicis

à la littérature française est défini ainsi :

En 1881, Trèves fit connaitre une nouvelle manière du genre narratif de de Amicis avec le livre

Ritratti Letterari. L‟auteur considérait sous divers aspects quelques-unes des plus grandes figures

de la littérature française d‟alors ; c‟était notamment Daudet, Zola, Augier, Dumas, l‟acteur Coquelin et Paul Déroulède. Il ne s‟agit pas ici de véritables critiques, ni de commentaires purement littéraires. Ces écrits se ressentent de l‟influence du journalisme, ayant paru vers 1880 dans la Gazzetta Letteraria de Turin ; ils se présentent plutôt comme des pages de variétés personnelles21.

Evidemment il importait à Brodevani de tracer avant tout un premier profil

culturel, le plus complet possible, en se limitant à récupérer quelques éléments

critiques provenant du monde français. Du reste, comme le soulignait encore

l‟auteur, en Italie la situation des études sur De Amicis était encore plus arriérée ;

en effet, pour des raisons différentes on préférait insister sur un consensus

générique, sans tenter de situer l‟écrivain à l‟intérieur de l‟histoire littéraire de la

Nouvelle Italie. L‟unique exception était peut-être le chapitre que Benedetto

Croce lui avait consacré dans La Critica au début du siècle, quand De Amicis

était encore en vie

22

.

21 Ibid., p. 57-58.

22 B. Croce, « Note sulla letteratura italiana nella seconda metà del secolo XIX. III. Edmondo De

Amicis », La Critica, I, 1903, p. 161-181 ; après dans Id., La letteratura della nuova Italia,. Saggi

(22)

Première Partie Introduction

21

Même dans les décennies successives, malgré de nombreuses interventions, on

n‟arriva pas en Italie à un vrai bilan critique de l‟oeuvre de De Amicis, et même

graduellement on préféra insister sur un aspect totalement trompeur, de De

Amicis, écrivain pédagogique

23

, père des „bons sentiments‟, en laissant de côté

ainsi d‟autres aspects problématiques Ŕ in primis son activité de militant socialiste

Ŕ qui seront précisés beaucoup plus tard

24

. Et même sur la partie exclusivement

biographique, indiquée par Brovedani dont il faut absolument tenir compte, il n‟y

eut pas d‟études significatives, à l‟exception de la recherche de Mimí Mosso

centrée sur les rapports de De Amicis avec l‟éditeur Treves

25

. On devait donc

attendre 1962 pour pouvoir finalement lire l‟ample biographie culturelle écrite par

Lorenzo Gigli, Edmondo De Amicis (Torino, Utet), faisant partie de la collection

« La vita sociale della Nuova Italia », dirigée par Nino Valeri

26

.

Elle avait été précédée cependant encore une fois par l‟important travail (478

pages !) d‟une spécialiste française, Magda Martini, qui publiait en 1951

(Tourcoing, Imprimerie George Frère) le fruit de sa Thèse pour le doctorat d‟Etat.

Le volume, significativement intitulé Edmondo De Amicis. L‟Homme l‟oeuvre le

Témoin d‟une époque, se proposait justement de replacer l‟écrivain à l‟intérieur

d‟un panorama italien et européen en dépassant l‟étiquette d‟auteur „sentimental‟

que la critique lui avait attribué :

Edmondo De Amicis (1846-1908) a été l‟un des auteurs les plus célèbres de son temps. Ses œuvres étaient lues à l‟étranger, et en particulier en France, où il avait noué de solides relations amicales avec les lettrés notoires de l‟époque ; pour ce pays qu‟il aimait et admirait, il a écrit des pages parcourues d‟une émotion intense. Vite cependant le souvenir de cet écrivain s‟est effacé, pour ne

23 Cf., par exemple, G. Bronda, Edmondo De Amicis. Storia del monumento offerto dai bimbi

d‟Italia alla città d‟Imperia. Benni biografici e bibliografici seguiti da brani scelti, Milano,

Edizioni La Prora, 1932 ; M. Valeri, Edmondo De Amicis, Firenze, Le Monnier, 1954.

24 Pour un tableau général, voir la Bibliografia della critica contenue dans E. De Amicis, Opere

scelte, a cura di F. Portinari et G. Baldissone, Milano, Mondadori (“I Meridiani”), 1996, p.

1248-1263. En effet ce sera le Convegno nazionale di studi di Imperia (30 avril - 3 mai 1981) qui proposera un De Amicis différent et plus complexe.

25 M. Mosso, I tempi del Cuore. Vita e lettere di Edmondo De Amicis ed Emilio Treves, Milano, A.

Mondadori, 1925.

26 Cf., par contre, en ce qui concerne la partie bibliographique, le très mauvais le travail de l‟italien

(23)

22

laisser vivante qu‟un œuvre : Cuore (Cœur), universellement connue. Sa sensibilité et sa sentimentalité ont contribué à faire de lui un « auteur larmoyant », comme disent certains critiques qui n‟ont pénétré que superficiellement la personnalité de ce dernier manzonien, « le dernier mais non le moindre » a-t-on dit… C‟est à tous ceux qui le connaissent mal ou qui n‟ont pas lu ses volumes riches d‟un enseignement universel, d‟une utilité et d‟une leçon incomparables, surtout en une période d‟égoïsme déchaîné comme la nôtre, à tous ceux qui affirment obstinément que l‟homme et un loup pour l‟homme que s‟adresse cette étude27.

Engagée totalement dans cette lourde tâche, M. Martini se préoccupait donc de

prendre en considération toute l‟œuvre de De Amicis (éditions posthumes

comprises), en suivant une méthode de travail précise :

[…] Le plan qui a donc paru s‟imposer comprendra trois grandes divisions : les œuvres de jeunesse d‟un romantique attardé, celles de la maturité d‟un artiste épris d‟un idéal humanitaire, et les dernières qui, groupant différents genres, sont marquées plus intensément du sceau d‟un idéal que nous pourrons classer en marge du socialisme. A celles-ci se rattachent des écrits divers parus en trois volumes après la mort de l‟écrivain, recueils d‟articles, de conférences, de discours que l‟éditeur Treves a appelés : Le Ultime Pagine28.

De cette manière, comme cela avait été le cas pour Brovedani, Madame Martini

n‟approfondit pas le thème des rapports de De Amicis avec le monde français et

les « solides relations amicales avec les lettrés notoires de l‟époque», mais elle se

limite seulement à quelques allusions, en repérant des modèles possibles, en

établissant des parallèles entre certaines pages de De Amicis et celles d‟auteurs

français ; elle a utilisé la même procédure, par exemple avec Alfred de Vigny ( p.

76-78), ou avec Michelet (p. 142 n.3 et p. 210-211), Jules Verne (p. 107),

27 M. Martini, « Avant-propos », dans Id., Edmondo De Amicis. L‟Homme l‟oeuvre le Témoin

d‟une époque, Tourcoing, Imprimerie George Frère, [1951], p. IX. Cf. aussi la « thèse

complémentaire » de la même Martini, Lettres inédites d‟Edmondo De Amicis à Emilia

Toscanelli-Peruzzi, Lille, Nord-Copie, 1951, qui offrait une vaste documentation permettant d‟étudier la

biographie de De Amicis surtout pendant la période florentine.

28 Ibid., p. X. Le titre général Le Ultime Pagine comprenait trois livres : I. Nuovi ritratti letterari

ed artistici (Milano, Treves, 1908) ; II. Nuovi racconti e bozzetti (1908) ; Cinematografo cerebrale : bozzetti umoristici e letterari (1909).

(24)

Première Partie Introduction

23

Fromentin et Loti (p. 118-119), Gautier (p. 110 et suivantes), Xavier de Maistre

(p. 226).

Dans la période suivante jusqu‟aux années plus récentes, la critique n‟est pas

revenue sur le sujet des rapports entre De Amicis et le monde français de façon

convaincante si ce n‟est pour s‟occuper d‟aspects particuliers et marginaux. De

même les deux livres déamicisiens rappelés ci-dessus expressément consacrés à la

France (les Ricordi di Parigi et les Ritratti Letterari), n‟ont pas suscité une grande

attention de la part des spécialistes. Les Ricordi di Parigi, par exemple, ont été

examinés dans leur ensemble seulement par une spécialiste française, Emmanuelle

Genevois

29

et précédemment ils avaient été l‟objet d‟une fine analyse par Luigi

Surdich, surtout pour la partie relative à l‟Exposition Universelle

30

. Au contraire,

les Ritratti Letterari, qui sont pourtant un livre original et fondamental, ne

serait-ce que pour comprendre le rapport entre la littérature italienne et les modèles

français dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle, continuent à être

complètement ignorés, aussi bien en Italie qu‟en France. Pour le reste, comme on

l‟a vu, il s‟agit d‟un ensemble d‟interventions sporadiques, qui affrontent un seul

livre, ou un aspect particulier sans reconstruire une trame plus ample de rapports

et de contacts.

C‟est cette tâche que nous nous sommes fixée, en mettant au centre de notre

enquête, comme cela est évident, les textes de De Amicis relatifs à la France. Ils

ont été analysés en détail à travers la reconstitution de leur genèse au moyen de la

comparaison avec les manuscrits originaux (quand cela a été possible), et

l‟histoire de leur destinée éditoriale en comparant le texte des volumes avec celui

des premières parutions en revue. Un soin particulier a été réservé à l‟étude de

leur réception en terre française, en dessinant l‟histoire des traductions, mais aussi

en tentant de retracer la fortune critique de ces textes.

29 E. Genevois, « Le Paris d‟Edmondo de Amicis », Chroniques italiennes. Mélanges offerts à

Pierre Laroche, n. 69/70, 2002, p. 65-82.

30 L. Surdich, « De Amicis, Parigi, L‟Esposizione », dans Edmondo De Amicis, Atti del Convegno

nazionale di studi (Imperia, 30 aprile- 3 maggio 1981), a cura di F. Contobia, Milano, Garzanti,

1985, p. 193-234. Ce travail a aussi le mérite de proposer à nouveau avec force l‟importance du rapport déamicisien avec la culture française.

(25)

24

En outre, nous avons cherché de retrouver l‟étroit réseau de rapports, qui pour

ainsi dire, existe avant et après ces publications. Nous avons donc d‟abord repris

l‟étude de la biographie de De Amicis, en prenant comme base de travail les

volumes déjà cités de Mimì Mosso et Lorenzo Gigli, où ne manquent pas de

nombreuses erreurs et de graves lacunes. En particulier nous avons enquêté avec

une nouvelle attention sur les voyages parisiens entrepris par Edmondo dans les

années soixante- dix et quatre-vingts, en nous arrêtant sur les rencontres qu‟ils

suscitent, et qui à leur tour ont eu une suite, documentée par des envois de livres

et de lettres. L‟instrument que nous avons privilégié a été celui de l‟analyse des

documents privés de De Amicis, en particulier de la correspondance très riche,

avec Emilia Peruzzi, déposés à la Bibliothèque Nationale de Firenze. Evidemment

nous avons pris en considération beaucoup d‟autres documents, connus et inédits.

Parmi ceux-ci, au cours de notre enquête, a revêtu une grande importance la

correspondance envoyée par De Amicis à Edmond Cottinet, récemment acquise

par la Biblioteca Civica de Turin

31

.

Grâce à l‟analyse comparée de ces différentes sources, nous avons corrigé ou

complété les données jusqu‟à présent connues ; en outre sont apparues de

nombreuses nouvelles inédites, des indices, des idées qui ont à leur tour mis en

branle d‟autres nouvelles recherches. Elles ont été souvent menées dans les

bibliothèques et les archives publiques, mais aussi à travers les journaux

nationaux et locaux aussi bien français qu‟italiens. Une ressource importante, peu

utilisée jusqu‟à présent, a été la recherche des textes français possédés

personnellement par De Amicis, en grande partie conservés à la Biblioteca Civica

d‟Imperia. La grande quantité de ces livres concerne à différents niveaux la

France et sa culture, livres quelquefois enrichis de précieuses dédicaces des

auteurs ou de notes de lecture : ces ouvrages confirment objectivement l‟amour de

De Amicis pour la littérature et l‟histoire française.

De cette ample documentation, d‟origine diverse, fait surface une carte

culturelle extrêmement variée et riche, concernant non seulement De Amicis, mais

31 L. Tamburini, « Opere e giorni. Carteggi inediti di Edmondo De Amicis con Clair-Edmond

(26)

Première Partie Introduction

25

les rapports culturels entre l‟Italie et la France au cours des décennies postérieures

à l‟Unité. Cette richesse d‟informations nous a conduit à concentrer notre enquête,

comme nous l‟avons déjà dit sur un peu plus d‟une décennie (1870-1883),

c'est-à-dire depuis la guerre franco-prussienne jusqu‟aux événements de Tunis et les

faits qui s‟ensuivirent et qui virent De Amicis engagé dans un dense dialogue avec

Cottinet et Déroulède, aboutissant à la publication du volume Gli Amici, publié

justement en 1883.

En fait dans un tel panorama, il reste encore beaucoup de choses à découvrir.

Toutefois la figure de De Amicis apparaît certes fondamentale et il faut

absolument en tenir compte pour reconstruire les rapports complexes et difficiles

entre les deux „sœurs latines‟. Plus tard De Amicis relâchera pour des raisons

diverses

32

, son intérêt spécifique pour le monde culturel français

33

. Il lui restera

toutefois un amour convaincu et un lien profond avec le pays qui avait

généreusement offert à l‟Europe les conquêtes de la Révolution

34

.

32 En effet, avec la publication de Cuore (1886) et ensuite de Sull‟Oceano (1889), De Amicis se

concentrera surtout sur les vicissitudes italiennes. En cela sa conversion au socialisme sera également décisive : elle ouvrira une saison de militant politique et de pacifisme. Puis arriveront de graves problèmes familiaux Ŕ la mort de sa mère, le suicide de son fils Furio (1898), la séparation de sa femme, la mort d‟Emilia Peruzzi Ŕ qui conduiront De Amicis à un isolement volontaire, et à un lent déclin.

33 G. A. Borgese parle au contraire d‟un lien stylistique et idéal du dernier De Amicis avec les «

moralisti francesi » : « De Amicis postumo », dans Id., La Vita e il Libro. Saggi di letteratura e di

cultura contemporanee 1909-1910, Torino, Fratelli Bocca Editori, 1910, p. 78-79 : « […] Coi

piccoli moralisti francesi De Amicis ha più d‟una affinità, e il famoso Voyage autour de ma

chambre di Xavier de Maistre non supera gran fatto in levatura le cose leggiadre ed acute che De

Amicis ha scritte sulla faccia umana […]. Ho ricordato Xavier De Maistre perché era savoiardo, e perciò lontanamente imparentato col ligure-piemontese De Amicis. Attraverso il confine alpino la cultura francese e l‟italiana scavarono parecchi tunnels, anche prima del Fréjus. Ma gl‟italiani, che sospirano di nostalgia verso la prosa francese, diventano inesorabili contro la prosa italiana che osi somigliarle un tantino ».

34 Les lectures et les acquisitions de textes français poursuivront, comme témoignent les livres de

sa bibliothèque personnelle. Les voyages transalpins deviendront plus rares, mais ne cesseront pas, dans lesquels De Amicis aura l‟occasion pour visiter la France et de rencontrer des intellectuels importants. En particulier, pendant un voyage en octobre 1895 il rendra visite à Victorien Sardou (1831-1908) et à Jules Verne (1828-1905). De Amicis racontera ces rencontres en utilisant pour Verne l‟habituelle formule du portrait-interview, pour Sardou en faisant semblant d‟écrire une lettre à un ami. Les deux textes seront par la suite recueillis dans le volume Memorie (Treves 1899) : Una visita a Jules Verne (p. 237-257) et Una visita a Vittoriano Sardou (p. 258-278). H. Douesnel dédiera à ce volume un long article « Souvenirs d‟Edmond de Amicis », La Revue

(27)
(28)

Première Partie

Chapitre I

27

Première partie.

Un ami de la France.

(29)
(30)

Première Partie

Chapitre I

29

Chapitre I.

Edmondo De Amicis, le soldat-journaliste.

I.1. Le tableau international : la défaite de la France et le nouvel ordre

européen.

Le génie italien va se formuler ici avec une expression neuve, originale, propre. Les touchantes habitudes de l‟exil, les attaches du cœur pour les maîtres de la jeunesse de la génération aujourd‟hui mûre, les conceptions progressivement formées à chaque étape de la nation depuis cinquante ans, le guelphisme, le catholicisme libéral, l‟Italie et la Papauté collaborant en politique, l‟alliance des races latines, gardons-les comme souvenirs émouvants et comme preuves de notre bonne foi et de notre bon vouloir dans chaque situation par où nous avons passé, - mais rompons Ŕ en les liens dans notre pensée et dans notre action présente. L‟Allemagne, après l‟Angleterre et l‟Amérique a pris un telle avance sur le reste du monde qu‟il faut hâter le pas et courir à la réalité, laisser là les affections, les rêves et l‟idéal sentimental, et se saisir vigoureusement des seules choses solides et sûres, la science positive, la production et la force qui proviennent de l‟une et de l‟autre1.

Ces mots se trouvent dans une lettre datée du 12 octobre 1870 ; elle était

adressée à Marco Minghetti Ŕ un des hommes politiques les plus importants de la

Droite, ancien Premier ministre du nouveau royaume Ŕ par Alberto Blanc,

secrétaire général du Ministère des Affaires Etrangères. Cette citation représente

parfaitement un tournant inattendu dans la politique étrangère italienne, mais

exprime aussi la nouvelle atmosphère générale que l‟on respirait dans le pays

après la conquête de Rome (20 septembre 1870) et la défaite contemporaine

1 La lettre est conservée à Bologna, Biblioteca Comunale dell‟Archiginnasio, Carte Minghetti,

dossier XV, fasc. 66; elle a été déjà citée par Federico Chabod dans sa magistrale recherche Storia

della politica estera italiana dal 1870 al 1896, Bari, Laterza, 1976, vol. I, p. 23 (mais dans les

pages suivantes nous avons utilisé tout son premier chapitre : « La guerra franco-prussiana e l‟Italia », p. 23-214).

(31)

30

française. En effet, la prise de la ville, c‟est à dire de la capitale morale et

historique du pays, réalisait un rêve qui travaillait depuis longtemps les

intelligences et les cœurs des protagonistes du Risorgimento italien. L‟Italie était

enfin unie : cela suffisait, de sorte que personne ne se demandait par quelle

étrange manière bizarre cela s‟était produit, ou quel en était le prix à payer.

En revanche, la récente bataille de Sedan avait totalement changé la géographie

européenne, et avait surtout démontré au monde entier la puissance militaire et

culturelle de la Prusse, en minant aussi à la base la primauté française dans le

vieux continent

2

. Désormais la politique des états, la culture, la science, ainsi que

la vie quotidienne des citoyens, n‟allaient plus être les mêmes.

On peut alors comprendre que l‟Italie, Etat encore petit et faible,

continuellement à la recherche frénétique d‟une identité nationale et d‟un espace

propre et digne dans le cadre européen Ŕ et jusqu‟alors dépendant sous divers

aspects de la France Ŕ, tournait ses regards vers la nation victorieuse. Ainsi la

Prusse, avec qui l‟Italie avait déjà vécu l‟expérience peu honorable de 1866 (ce

n‟est qu‟avec la victoire des Prussiens à Sadowa que l‟Italie se voit remettre la

Vénétie par l‟intermédiaire de la France), devenait comme un modèle

privilégié auquel s‟adapter. Tout à coup l‟alliance des races latines semblait un

produit du passé ; aveuglés par les succès allemands, les Italiens oubliaient les

racines communes, préférant rappeler les récents motifs de désaccord avec

Napoléon III (la question (romaine, in primis)

3

, plutôt que les liens anciens avec

la sœur latine et l‟aide reçue durant la deuxième Guerre d‟indépendance.

2 Carlo Dionisotti souligne cette profonde fracture de le cadre européen: « A year‟s work in the

seventies ». The Presidential Adress of the Modern Humanities Research Association delivered at University College London on 7 January 1972, dans The Modern Languages Review, LVII, 4, 1972, p. XIX-XXVIII (Texte anglais et traduction italienne aussi dans C. Dionisotti, Lezioni

inglesi, a cura di T. Provvidera, Torino, Nino Aragno Editore, 2002, p. 27-54 et p. 106-129: 129:

« Nel 1870 la struttura stessa dell‟Europa mutò radicalmente. Il legame con il passato, che la Francia imperiale aveva in qualche modo preservato, venne reciso ingloriosamente a Sedan : la Francia rivoluzionaria non riuscí a contrastare la potenza dell‟impero tedesco da poco ricostituitosi ; il periodo rivoluzionario si era concluso ».

3 Cf. F. Chabod, Storia della politica estera italiana, op. cit., deuxième chapitre, « L‟idea di Roma

», p. 215-373 ; sur le plan littéraire et philologique, voir P. Treves, L‟idea di Roma e la cultura

(32)

Première Partie

Chapitre I

31

Dès 1870, en France comme en Italie point n‟était besoin d‟affections ni de

rêves, mais plutôt du solide, de la science positive, de ce qui avait permis aux

bataillons prussiens de balayer la faible défense française, et aux savants

allemands de dominer la scène d‟Europe. Si l‟Italie, enfin réunie, attendait

peut-être avec trop de naïveté l‟avènement de la « grande aurore »

4

, la France devait

encore sortir du tunnel noir de la défaite et puis de la guerre civile, en retrouvant

péniblement son équilibre politique et son orgueil national. Toutes les deux,

pourtant, l‟Italie et la France, devaient se confronter dorénavant avec les

vainqueurs, et pas seulement sur les champs de bataille, mais aussi dans les

domaines de l‟art, de la littérature, et plus encore de l‟économie et de la science

5

.

La victoire allemande de Sedan avait donc posé avec urgence beaucoup de

questions. Du côté italien, elle avait permis non seulement d‟obtenir finalement

Rome, hors de la tutelle française, mais elle avait fait renaître aussi et se répandre

en Italie un sentiment anti-français qui semblait (du moins pendant la période

napoléonienne, jusqu'à l‟alliance de 1859) définitivement enseveli ; sentiment qui,

au contraire, provenait d‟une longue tradition toujours vivace

6

. Des tendances

politiques d‟origine très différentes trouvaient ainsi dans ce nouveau

« misogallismo » un terrain commun, bien dangereux ; et les voix de diverses

tendances idéologiques se levaient pour exalter l‟Allemagne et sa realpolitik

7

. A la

4 C‟est une autre expression d‟Alberto Blanc : cf. F. Chabod, Storia della politica estera italiana,

op. cit. p. 28.

5 Pour la rapide et efficace réponse culturelle de la France aux savants allemands, au moins sur le

plan de la philologie romaine et de la linguistique (avec la fondation par exemple de Romania par Gaston Paris), cf. C. Dionisotti, Lezioni inglesi, op. cit., p. 117-122; sur la situation italienne cf. aussi les recherches de Dionisotti, réunies dans le volume Ricordi della scuola italiana, Roma, Edizioni di storia e letteratura, 1998 (en particulier : Appunti su Ascoli, p. 277-290 ; Appunti sul

carteggio D‟Ancona, p. 321-368 ; Appunti sulla scuola padovana, p. 369-387 ; Letteratura e storia a Torino, p. 389-400) ; G. Lucchini, Le origini della scuola storica. Storia letteraria e filologia in Italia (1866-1883), Pisa, ETS, 2008 ; A. La Penna, « Modello tedesco e modello francese nel

dibattito sull‟università italiana » dans Fare gli Italiani. Scuola e cultura nell‟Italia

contemporanea, a cura di S. Soldani e G. Turi, vol. I, Bologna, Il Mulino, 1993, p. 171-212 ; A.

Brambilla, Professori, filosofi, poeti. Storia e letteratura fra Otto e Novecento, Pisa, ETS, 2003.

6 On pense surtout au Misogallo de Vittorio Alfieri, et au Primato du Vincenzo Gioberti, ou aux

textes de Vincenzo Cuoco (le Saggio storico, par exemple), et Carlo Pisacane (Saggio su la

Rivoluzione) ; le républicain Mazzini aussi, qui ne pouvait jamais oublier les faits de Mentana,

avait manifesté plusieurs fois ses sentiments anti-français : cf. F. Chabod, Storia della politica

estera italiana, op. cit., p. 29.

7 Voir encore les exemples cités par Federico Chabod, op. cit., p. 26 et suivantes. Cf. aussi M.

(33)

32

fin de 1870 étaient donc déjà dans l‟air les raisons et les humeurs qui devaient, dix

ans plus tard, rapprocher l‟Italie des Empires centraux, en renversant les alliances

traditionnelles de l‟Europe

8

.

La puissance et l‟évidence du modèle victorieux n‟étaient pas mises en

discussion. De plus, du côté italien restait encore sans solution un problème, ou

plutôt une honte, qui obsédait les consciences : les défaites de Lissa et de Custoza

(1866).

9

Le jeune Royaume, héritier de la Rome des Césars qui avait civilisé le

monde par l‟épée, la langue et la loi, avait absolument besoin de démontrer à

elle-même et à l‟Europe qu‟elle était une nation valeureuse, digne de ses anciens

héros

10

. Une guerre contre une France faible et mal en point, l‟éternelle

amie-ennemie, pourrait, peut-être, réhabiliter une nation entière : simple hypothèse,

bien sûr, désir d‟une minorité peut-être, mais cela aurait été impensable seulement

dix années auparavant. Ainsi, confusément, le désir de revanche et l‟admiration

pour l‟Allemagne victorieuse se fondraient contre l‟ennemie commune, c‟est à

dire la France.

françaises et italiennes de 1870 à nos jours », dans Identités et cultures dans les mondes alpins et

italien (XVIIIe-XXe siècle), sous la direction de G. Bertrand, Paris, L‟Harmattan, 2000, p.

121-163.

8 Pour un tableau général cf. Italia Francia 1870-1871, Atti del Convegno di Chantilly, Rassegna

storica toscana, XVIII, 1, 1972, en particulier les articles de E. Anchieri, « France et Italie. La

crise de leur rapports après Sédan » (avec bibliographie), ivi, p. 15-37 ; A. Berselli, « Riflessi della Comune nella stampa italiana », p. 61-85 ; et M. Deambrois, « Gli echi della Comune in Italia nell‟opinione e nella stampa dell‟estrema sinistra in Italia », p. 87-108.

9 Cf. à ce propos ce qu‟avait écrit Benedetto Croce : « Il generale pessimismo degli italiani sulle

cose della loro patria si ripiegava sopra di sé più sconsolato e amaro […]. La serie delle mortificazioni era, per questa parte, cominciata alcuni anni innanzi, dalle sciagure della guerra del 1866, le quali fecero cadere di colpo la fiducia e la quasi baldanza che per le imprese del ‟59 e ‟60 l‟Italia aveva acquistata delle proprie forze. E quando si vogliono intendere taluni riposti motivi della vita italiana nel cinquantennio che premesse la guerra mondiale […], non si deve perdere di vista che l‟Italia portava nel petto, sempre bruciante, la piaga di Custoza e di Lissa, e sempre sognava di cancellare quell‟onta, e pur dubitava della fortuna e di sé stessa (dans Storia d‟Italia

dal 1871 al 1915, Bari, Laterza, 1959 [Prèmière édition 1928], p. 115). En effet, le récit des

batailles perdues occupe un place éminente dans l‟épopée littéraire risorgimentale, comme a écrit G. Rosa, « Il racconto delle battaglie perdute », dans l‟ouvrage collectif Il mito del Risorgimento

nell‟Italia Unita, Atti del Convegno di Milano (9-11 novembre 1993), Il Risorgimento. Rivista di storia del Risorgimento e di storia contemporanea, XLVII, 1-2, 1995, p. 86-101.

10 Reviennent ici à la mémoire les paroles de l‟hymne de Goffredo Mameli : « Dov‟è la Vittoria ?

Ché schiava di Roma Iddio la creò, etc… », cf. Poeti minori dell‟Ottocento, a cura di L. Baldacci e G. Innamorati, Milano-Napoli, Ricciardi, 1963, t. II, p. 1060 ; sur ce texte cf. aussi A. Colombo, « Le libertà del Rinascimento e la servitù politica degli italiani nella poesia patriottica e civile della Restaurazione », dans Il concetto di libertà nel Rinascimento. Atti del XVIII Convegno Internazionale (Chianciano-Pienza 17-20 luglio 2006), a cura di L. Secchi Tarugi, Firenze, Franco Cesati Editore, p. 719-729.

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