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Itinéraires thérapeutiques des malades au Cameroun

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Academic year: 2021

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Itinéraires thérapeutiques des malades au Cameroun : les

déterminants du recours à l’automédication

Paul Pouhè Nkoma1,

1 MINEPAT-Division des Analyses Démographiques et des Migrations.

Résumé

En dépit de la volonté de reformer le système sanitaire au Cameroun, tel que prescrite par l’Initiative de Bamako d’août 1987, la consultation dans une formation sanitaire est très faible en première intention, soit 24 %. Par contre, plus de la moitié de la population environ 52% recourt à l’automédication lors d’un épisode morbide. A cet effet, la présente étude s’est proposée non seulement d’identifier les itinéraires thérapeutiques des malades, mais aussi de cerner les déterminants du recours à l’automédication au Cameroun. Pour ce faire, elle a reposé sur les données collectées dans le cadre de l’EDS-MICS 2011, dans un échantillon de 3 754 malades. Il en ressort que l’automédication est la toute première intention de recours en cas de maladie suivi de la biomédecine. Toutefois, cette dernière est le premier reflexe lorsque le niveau de perception de la maladie est jugé grave. Les facteurs socioculturels à l’instar du niveau de perception de la maladie et de la région de résidence sont les principaux déterminants du recours à l’automédication. Dans cette perspective, en termes de recommandation, il a été suggéré d’agir sur les facteurs socioculturels pour lutter contre l’automédication et lever les doutes subsistant sur le système de santé actuel.

Mots clés Itinéraires thérapeutiques, automédication, biomédecine, abstinence

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1.

Introduction

1.1. Contexte et justification de l’étude

S’il y’a un phénomène qui caractérise mieux les nations et qui se présente aujourd’hui comme dénominateur commun à tous, c’est l’universalisation des modèles cognitifs et culturels influençant les comportements individuels et par là, les différentes pratiques sociétales. Cette tendance à l’unification des normes et pratiques sociétales est imposée aux entités autonomes et souveraines que sont les Etats par la modernisation, le développement socio-économique et l’évolution des systèmes de santé. Impulsée par les grandes découvertes à l’instar des Amériques par Christophe Colomb, la mondialisation ou encore la globalisation s’est poursuivie au lendemain de la révolution industrielle à l’occasion de la première et seconde guerre mondiale et surtout au cours des processus de colonisation et décolonisation des territoires d’Amérique et d’Afrique. Dans cette dernière, l’arrivée des colons a su changer les comportements dits primitifs et imposer des nouvelles valeurs en opposition aux us et coutumes jadis pratiqués. En Afrique, le contact avec l’extérieur a permis la cohabitation des paradigmes cognitifs et culturels opposés. Le secteur de la santé n’a pas été en marge de ce choc de civilisation qui a contribué non seulement à l’émergence de nouveaux modèles thérapeutiques, mais aussi et surtout à la diversification des itinéraires thérapeutiques. Du guérisseur à l’infirmier, en passant par les mouvances religieuses de toutes obédiences, le pluralisme thérapeutique s’est construit dans une société en perte de repères culturels et à la recherche du facteur santé nécessaire pour la productivité des activités individuelles et collectives.

Dans ce continent, berceau de l’humanité, l'action sanitaire coloniale était orientée vers le développement d’un système de soins urbain aux dépens des zones rurales [1,2]. L'Etat colonial, les sociétés privées, les missions, créaient des hôpitaux dans les agglomérations, autour des campements militaires, des plantations ou des centres d'exploitation minière. Compte tenu des processus enclenchés par la colonisation et la redistribution des territoires autrefois sur joug germanique, après la second guerre mondiale, le système sanitaire camerounais était centré sur la mise en place d'hôpitaux dans les grandes villes et la lutte contre certaines pathologies à l’instar de la malaria qui décimaient la main d'œuvre locale et freinaient la réalisation des grands travaux (routes, voies ferrées, plantations industrielles, etc.) [1]. L’individualisme du colonisateur et sa prééminence sur les aspirations des indigènes avait confiné les zones rurales au second plan. Dans celle-ci, l’action sanitaire était menée par les missionnaires [2] au côté des tradipraticiens appelé jadis sorcier. Dans cette constellation de normes thérapeutiques diverses tant en milieu urbain que rural, s’est forgé des comportements sanitaires nouveaux davantage pluriels que singuliers et assis sur de multiples trajectoires thérapeutiques. Loin d’être l’implémentation des

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stratégies de survie, opérant dans un contexte de précarité criarde, les diverses trajectoires empruntées étaient centrées sur la recherche de la santé et du bien être. En effet, pendant la période coloniale, les soins de santé étaient plus ou moins gratuits et parfois à crédit. Les facteurs économiques à l’opposé des facteurs socio-culturels avaient une influence presque marginale sur les choix des thérapeutiques à consommer jusqu’à guérison complète ou non.

Au-lendemain des indépendances, la rupture avec l’ancienne colonie a mis l’Afrique en général et le Cameroun en particulier au défi de suppléer, matériellement, financièrement et conceptuellement, le vide laissé par le départ des cadres coloniaux. Au rang des défis, il y avait entre autres, le maintien du développement socio-économique ainsi que de la qualité des soins à un coût acceptable. A cet égard, dès son accession à l'indépendance en 1960, le Cameroun, dans le cadre des politiques de développement multi-sectorielles conçues sur la base de plans quinquennaux de développement qui manquaient de cohérence intra et intersectorielle, s’est attelé à poser les bases d’un système de soins viable [1]. Cette approche s’inscrivait dans la création d'hôpitaux dans les agglomérations en faveur des minorités au détriment des masses rurales majoritaires comme durant de la période coloniale. Il s’est agi donc d'un système inégalitaire qu'on retrouvait du reste dans les autres pays en voie de développement. C’est ainsi qu’en 1978, sous la pression des organisations internationales notamment l’OMS, à l'occasion de la Conférence d'Alma-Ata, dans une déclaration solennelle, l’ensemble des nations participantes, se sont fixés pour objectif1 d'amener en l'an 2000, tous les peuples à un niveau de santé leur permettant de mener une vie socialement et économiquement productive [1].

Les réformes préconisées lors de cette Conférence et adoptées par le Cameroun en 1982, visaient à promouvoir des Soins de Santé Primaires (SSP) accessibles à la majorité de la population, avec leur entière participation. Toutefois, elles se sont révélées aussitôt inefficaces dans la mesure où les SSP avaient été conçus comme un programme vertical et indépendant du système de santé en cours. Les SSP étaient donc un programme indépendant structuré autour des comités des SSP à tous les niveaux du système de santé national (provincial, départemental, arrondissement, village). Par ailleurs, cette approche n'avait pas suffisamment su développer des mécanismes de participation communautaire notamment, l'implication de la communauté dans le processus de prise de décision et de gestion, mais aussi l'utilisation des agents de santé communautaire, sans grande formation, et qui plus est, techniquement inapte à s'occuper des problèmes de santé des populations.

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Cet échec va s’opérer dans un contexte de récession économique voire de crise qui se traduira dans les faits par des mesures d’austérités budgétaire liées à l’implémentation de l’ajustement structurel. Compte tenu des politiques d’austérité et de la nécessité de restaurer les équilibres macroéconomiques, un rationnement des dépenses publiques va s’effectuer dans tous les secteurs sociaux à l’instar de la santé. C’est ainsi que la part du budget alloué à la santé va passer de 5,2% en 1989 à 4,4% en 1991 tandis que la dépense de santé par habitant va baisser de 3971 Fcfa en 1985 à 2060 Fcfa en 1992 [1]. Par ailleurs, des licenciements massifs dans la fonction publique seront effectués, couplés à une double réduction drastique des salaires en 1993[3]. Dans cet enchaînement de malheurs, le personnel de santé va connaître en 1994 une dévaluation de la monnaie locale, le franc CFA. Aussi, n'est-il pas surprenant que le taux de mortalité infantile qui était de 65 pour 1000 en 1991 soit remonté à 77 pour 1000 en 1998 [1]. Dans cet environnement difficile, le système sanitaire va se dégrader entrainant avec lui la détérioration de la santé des populations, l’augmentation des prix des médicaments suite à la dévaluation du Fcfa et la démoralisation accentuée du personnel sanitaire dans le public [3]. Cette dernière remettra en cause le comportement du personnel médical et paramédical, qui va se caractériser par l'absence de conscience professionnelle, la mauvaise qualité des soins qui en découle et le recours systématique à des pratiques de corruption, tant dans la gestion administrative et financière que dans les soins et l'attribution des médicaments. Il s'agit moins d'une absence de compétence technique, que de la myopie la plus élémentaire de la déontologie médicale.

Ces dysfonctionnements vont œuvrer à l’émergence des stratégies de survie ou d’adaptation non seulement économique, mais également sanitaire, conduisant à des pratiques occultes et non médicales à l’instar de la privatisation informelle du secteur public de la santé par un personnel démoralisé aux comportements douteux. Dans cette perspective, les malades vont connaître des parcours thérapeutiques inattendus. Religion et guérison vont davantage se rapprocher de telle sorte que ce lien organique aille se développer dans le cadre d'églises prophétiques, des mouvements de réveil et autres renouveaux charismatiques [2]. Ce qui conduira Gruénais ME (2004), en reprenant ses termes à affirmer que : « le médecin, comme le religieux dit la norme, donne les «bons conseils », tente de modifier les comportements néfastes et connaît, mieux que le patient ou l'adepte lui-même, le sens à donner à leur vie ». Le religieux serait ainsi autant thérapeute qu’un médecin qui prescrit des prières après diagnostic de patient et les modifie aussitôt qu’une évolution de l’état de santé survient. Outre les motifs économiques, les dérapages suscités trouvent leur essence au niveau de la détérioration du service de santé publique. Ce dernier connaît des manquements déplorables. S’il est incontestable que la crise l'a aggravé considérablement, il faut

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garder à l'esprit que la mauvaise gestion de l'administration de la santé, comme des autres administrations, a toujours existé [3]. Le problème est structurel. Il est tout autant qualitatif que quantitatif. Sous l'effet des plans d'ajustement structurel, des réductions massives de salaires et de la dévaluation, les contraintes de survie du personnel sanitaire sont devenues quasi insurmontables et la corruption a été corrompue2. Certes, des évolutions sont perceptibles en dépit de l’existence de quelques poches de résistance ; traduit dans les faits par une crise de l'autorité manifeste, l'absence de toute discipline et d'autorité hiérarchique, une absence généralisée de conscience professionnelle et d'esprit de service public, des interférences de toute nature, et notamment politiciennes, dans la gestion des établissements de santé.

1.2. Problématique de l’étude

Malgré la volonté prononcée de reformer le système sanitaire au Cameroun, entre autres par la décentralisation vers les districts du pouvoir décisionnel pour la gestion des SSP, des mesures qui garantissent aux plus pauvres un accès aux SSP, tel que prescrite par l’Initiative de Bamako d’août 1987, la couverture nationale en centres de santé est estimée à 80% et leur distribution reste inégale [4]. Cette inégale répartition des structures de soins couplée à l’absentéisme des personnels de santé a des conséquences sur l’accessibilité des populations aux soins ainsi que sur les choix thérapeutiques. L’accessibilité physique aux infrastructures de santé ne semble pas problématique dans le pays puisqu’en moyenne la majorité des ménages, environ 80,4% y ont accès à moins de 5 km [5]. Sans toutefois garantir la qualité des services offerts, elle peut être synonyme de longue attente, d’inefficacité des traitements, de rackets des malades, de manque de médicaments dans les formations sanitaires conduisant les patients à opérer des comportements thérapeutiques diverses. Contrairement à ce que l’on peut penser, c’est plutôt l’accessibilité financière qui pose d’énormes problèmes aux ménages dans la mesure où le système sanitaire actuel est axé sur une politique de recouvrement de coût. Cette logique de type marchand impulsée par l’Initiative de Bamako de 1987 auquel le pays y a souscrit, introduit dans l’organisation du système sanitaire public un raisonnement économique de type privé alors que celui-ci a une vocation de service publique.

En effet dans un tel système où la majorité des coûts est supportée par les ménages3, les risques de marginalisation sont très élevés car les malades adaptent leur parcours thérapeutique en priorité à leurs moyens financiers, à leur accès géographique aux formations sanitaires, et finalement à leur perception socioculturelle de la maladie.

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Expression empruntée à Médard JF (2001).

3Selon l’INS (2012), dans 76% des cas, les ménages prennent en charge eux-mêmes les dépenses de santé de leurs malades, en utilisant le salaire/argent disponible (53%), l’épargne (25%), la vente de biens (16%) et/ou le recours à l’emprunt (8% avec intérêt et/ou 4 % sans intérêt).

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Un tel système est susceptible d’orienter les choix thérapeutiques des patients et susciter particulièrement la pratique de l’automédication et du pluralisme thérapeutique. Au Cameroun, en termes de recours aux soins, la consultation dans une formation sanitaire est très faible en première intention, soit 24 % [6]. Par contre, l’automédication est le premier reflexe en cas de maladie [7]. Plus de la moitié de la population environ 52% y a recours lors d’un épisode morbide [7]. C’est donc la toute première intention de recours en cas de maladie et, elle varie selon la gravité et le milieu de résidence. 63,8% de la population y a recours en cas de maladie légère contre 38,8% en cas de maladie grave. Par ailleurs, sa pratique est plus intense en milieu urbain (53,4%) que rural (51,1%) et les milieux défavorisés semblent moins enclins à de telles pratiques que les zones bénéficiaires davantage de toute sorte. Elle est aussi plus fréquemment utilisée pour les cas de maladie chez les enfants de 5-14 ans (60 %) et chez les moins de 5 ans (54 %) que chez les personnes les plus âgées (47 % pour les 50 ans ou plus) [7].

Ayant pris l’option d’implémenter un système de santé axé sur le recouvrement de coûts dans lequel les ménages assurent la part principale des dépenses de santé, en présence d’un système de sécurité sociale exigu voire inexistant, il est plus que jamais important de repérer les parcours thérapeutiques des malades ainsi que les facteurs motivants au recours à l’automédication au Cameroun. Par ailleurs, considérant l’importance de la prévalence du recours à l’automédication lors d’un épisode morbide (52%) et la carence de connaissances sur ses déterminants, la question qui sous-tend la présente recherche est : « Quels sont les trajectoires thérapeutiques des patients et les facteurs déterminants du recours à l’automédication au Cameroun ? ».

1.3. Revue de la littérature

1.3.1. Concept d’itinéraire thérapeutique

D’après la littérature, en société contemporaine, la massification du recours aux thérapies alternatives est à interroger au travers de l’analyse des itinéraires thérapeutiques des patients [8]. En ce XXIème siècle, la diversité des offres thérapeutiques est plus que jamais un fait avéré. Celle-ci met en évidence une conjugaison systématique et récurrente des usages de la médecine biomédicale et des médecines alternatives qui apparaissent comme des espaces où les individus vont chercher ce qui ferait défaut dans la biomédecine : l’écoute, une autre place que celle du « cas », ou de l’organe physique, une relation satisfaisante avec le soignant [8]. C’est ainsi que nombre d’auteurs ont porté leur attention sur les trajectoires thérapeutiques des malades et particulièrement sur un pan de ces trajectoires, le recours à l’automédication. Dans leur article intitulé : « Itinéraires thérapeutiques

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comment les individus, dans notre société moderne, construisent leurs « itinéraires thérapeutiques » au sens où l’entend Janzen (1995), « les parcours que suivent les malades ainsi que leurs familles et les choix thérapeutiques qui en découlent » [9]. Massé R (1997) parle lui de « cheminements thérapeutiques »[10] pour inviter à l’analyse des conditions de coexistence et de recours à diverses formes de savoirs, de logiques et de rationalités en anthropologie de la maladie. En effet, comme le fait remarquer Gonzague et al (1986), les itinéraires thérapeutiques ne se réduisent qu'exceptionnellement à une seule étape [11]. Il s'agit habituellement, d'une séquence de demandes de soins, formulées de façons diverses, s'adressant à des personnes ou à des institutions qui, elles-mêmes, ne se définissent pas toujours comme des soignants [11]. Les termes de « recours » ou de « recours thérapeutique » sont utilisés pour les (soignants) designer, puisqu'il peut s'agir, en dehors des diverses personnes dont la fonction explicite est de soigner, de parents, d'amis, d'autorités morales ou religieuses, etc... La séquence de ces recours est symbolisée par le terme « itinéraire thérapeutique ». A l’avis de Marcellini et al (2000), considérant les itinéraires thérapeutiques en société contemporaine, si la médecine biomédicale remplit une fonction de réassurance pour le patient, les thérapies alternatives se présentent comme les espaces privilégiés de la quête, par la médiation du corps, d’un « au-delà » du monde techno-scientifique. Les thérapies alternatives peuvent alors se comprendre comme des lieux dans lesquels se vit un ré-enchantement du monde, facilitant l’adaptation.

Au Cameroun, dans le cadre d’une étude sur le comportement de recours aux soins et aux médicaments des ménages, menée par Commeyras et al (2006), il en ressort que les itinéraires thérapeutiques sont très erratiques, signant une indécision dans les comportements, une certaine inefficacité de l’offre de soins et/ou une incapacité à poursuivre un type de recours. Le secteur moderne, consultation et automédication moderne, contribue à plus des deux tiers des recours, loin devant les pratiques traditionnelles. Pourtant, le recours aux formations sanitaires en première intention est très faible, surtout du fait du manque d’argent. En Afrique de l’Ouest principalement au Benin, Ouendo et al (2005) ont mené une étude prospective visant à saisir les étapes de l’itinéraire thérapeutique des indigents et non indigents en cas de maladie [12]. Cette étude a mis l’accent sur les différences entre indigents et non indigents dans l’itinéraire thérapeutique et a constaté que le premier recours est l’étape clé où l’on note des différences significatives. Au premier recours, les indigents utilisent moins les centres de santé que les non indigents (20% contre 26,3%) et, l’automédication moderne et traditionnelle sont les recours les plus utilisés par la majorité (66,4% chez les indigents et 63,9% chez les non indigents).

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De plus en plus, dans les pays développés et dans une moindre mesure dans les pays en développement, la responsabilisation du malade voire son autonomie dans la prise en charge médicale est recherchée, prônée et pratiquée. L’intérêt porté à l’autonomisation du malade est révélatrice de l’évolution au fil du temps, du concept de malade et particulièrement de la relation médecin-malade par la transmission et la circulation des savoirs. Jusqu’au XIXème siècle, la médecine se pratique principalement au domicile et au chevet du malade [13]. Le repérage des symptômes constitue la base du savoir et le malade est le principal informateur des thérapeutes [13,14]. C’est l’époque de la médecine orientée vers le malade [13 ; 15]. Ce terme, étymologiquement, provient du latin male habitus signifiant « en mauvais état », ou désignant « une altération de la personne » [13]. Dans l’élan de la transformation de la pratique médicale en médecine expérimentale, au cours du XIXème siècle, le concept de malade se dissipe progressivement et laisse la place à celui de maladie qui fait l’objet d’une recherche systématique [13]. Le malade change alors de statut pour revêtir la position de patient. Cette notion, issue du latin patiens (qui supporte, endure) et patior (souffrir, endurer, supporter) et surtout de l’anglais patient, renvoie à l’idée de « personne qui suit un traitement médical » et plus précisément à celle de dépendance vis-à-vis de l’institution biomédicale et du médecin [13]. Elle consacre au XXème siècle, l’émergence et la prééminence d’un modèle paternaliste où le rôle particulier du « patient » se construit autour des notions de déresponsabilisation, d’acceptation, de coopération et de soumission [13 ; 16]. Toutefois, au milieu du XXème siècle, ce modèle vole à l’éclat suite au développement des médecines dites « parallèles » (ou « non conventionnelles »), mais aussi à la volonté de ne plus accorder le monopole des soins aux seuls acteurs de la biomédecine [13 ; 17]. En outre, un mouvement critique de la biomédecine et du modèle paternaliste venant tant de représentants d’institutions biomédicales que de patients ou encore de philosophes [13 ; 18] et de chercheurs en sciences sociales, participe à l’émergence du concept de patient contemporain. Emergence qui sera renforcé dans les années 90 par la crise de confiance envers la biomédecine, suite à certains faits de société très médiatisés, comme l’affaire du sang contaminé, des hormones de croissance, ou encore du poulet à la dioxine [13]. Par ailleurs, la forme militante et contestataire de la mobilisation des personnes vivant avec le VIH dans les années 1980-1990 va contribuer à changer le rôle et l’identité du patient [13]. La mobilisation contre le VIH va donner une nouvelle impulsion à la médecine en érigeant le patient au rang de « réformateur social » [13 ; 19]. Elle va introduire dans le secteur de la santé le concept d’expertise profane [13 ; 20], et la nécessité de reconnaître le savoir profane comme une forme d’expertise. C’est ainsi que Vers la fin des années 1990 aux États-Unis, des programmes dits de « responsabilisation » et « d’autogestion de la maladie » se sont développés, notamment pour la prise en charge de maladies chroniques comme

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l’asthme, les affections cardiovasculaires et le diabète, selon le principe que les patients sont les mieux placés pour connaître leurs besoins et que l’information donnée par le patient vaut autant que l’information émanant du soignant pour une prise en charge efficace [13 ; 21]. Cette nouvelle place du patient va s’inscrire dans le droit des pays développés à l’instar de la France et des Etats-Unis-Amérique, témoignant de la prise en compte politique de cette volonté de remaniement des rapports de force entre médecins et malades. Toutefois, si un courant dominant dans la médecine pense effectivement le patient au centre du système de santé, cela ne signifie pas pour autant une uniformité d’usages [13]. Le patient « acteur », « informé », « expert », « partenaire », « autonome » diffère selon les contextes. Cette situation conforte les pratiques auto-médicamenteuses que l’on rencontre dans les pays développés et en développement et qui diffère selon politique de santé. L’automédication, signe de responsabilisation et d’autonomie du patient, traduit une expertise qui dans la relation médecins-malades remet en cause les frontières de l’expertise médicale, et valorise une expertise profane basée sur des savoirs « expérientiels ».

Au regard du savoir, comme le souligne Fainsang (2006), la relation médecin-malade est inégale et asymétrique [22]. Le médecin détient un savoir qu’il transmet en partie aux malades en vue de leur faire adopter les bonnes conduites en matière d’usage médicamenteux. Mais le savoir ainsi transmis rencontre et parfois se heurte à un autre savoir, celui des malades. Ces savoirs sont d’autant plus importants à prendre en compte qu’ils sont aptes à fonder un certain nombre de pratiques sociales [22], notamment l’autonomie des patients en santé et par ricochet les pratiques d’automédication. Toutefois, si l’autonomie et la prise en charge sont des valeurs que le corps médical cherche aujourd’hui à promouvoir (en partie à la suite de revendications de la part des malades d’ailleurs, et notamment des associations de malades), l’automédication qui en est une des conséquences est pour sa part, généralement jugée comme déviante, et à ce titre, réprouvée [22].

1.3.3. Concept d’automédication

Etymologiquement, l’« automédication » exprime un comportement individuel qui consiste à se soigner soi-même. « C’est l’utilisation, sans avis médical direct, d’un médicament adapté au traitement d’un trouble bénin »4

[23]. « C’est d’abord un comportement d’accès aux soins, et non une classe de médicaments »5

[23]. Pour l’OMS, « elle consiste pour une personne à choisir et à utiliser un médicament pour

une affection ou un symptôme qu’elle a elle-même identifié » [24]. Elle se traduit

alors, par un autodiagnostic, qui mène à une autoprescription puis à une autonomie

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Professeur Charles Caulin - Colloque Automédication - janvier 2002. 5

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d’achat ou le recours à l’armoire à pharmacie [24]. A cet effet, on distingue deux modalités d’automédication [25] : (i) l’automédication « active » ou « direct » (l’individu fait son autodiagnostic et prend la décision de se soigner lui-même), et (ii) l’automédication « passive » ou « indirect », (l’individu subit la prise du médicament sous l’action ou l’influence d’un tiers) ; c’est l’exemple des enfants.

Si dans son sens littéral, l’automédication est considérée comme l’acte de consommation de médicaments décidé par soi-même [26], Lecomte (1999 : pp. 49/56 ), dans le sens le plus large, considère qu’ « elle consiste à faire, devant la

perception d’un trouble de santé, un autodiagnostic et à se traiter sans avis médical »

[27], mais que dans un sens plus restreint, il s’agit de « l’acquisition d’un produit sans ordonnance, que l’on nomme automédication » [27]. Cependant, de nombreux travaux ont montré que le choix d’un médicament à un moment donné peut être le résultat d’une prescription antérieure [28]. Il convient donc d’appréhender l’automédication de façon beaucoup plus large que le seul usage non prescrit d’un médicament. Certains auteurs, notamment Molina (1988) [29] et Van der Geest et al. (1996) [30], vont jusqu’à considérer que lorsqu’un patient demande au médecin de lui prescrire un médicament qu’il juge efficace, c’est en vérité le patient qui se prescrit à lui-même un produit par l’intermédiaire du médecin. Cette une extrémité conceptuel qui permettra à Fainzang (2010) de repenser l’automédication comme l’acte, pour le sujet, de consommer de sa propre initiative un médicament sans consulter un médecin, que le médicament soit déjà en sa possession ou qu’il se le procure à cet effet dans une pharmacie ou auprès d’une autre personne. Elle ne saurait à cet égard exclure de l’automédication le recours à des médicaments présents dans « armoire à pharmacie » et consommés de la propre initiative des patients, comme le suggèrent Coulomb et Baumelou (2007) [31]. Comme on peut le constater, l’usage du terme automédication est courant mais il ne fait pas l’objet d’une définition unique. A cet effet, en France, compte tenu du mode de délivrance des médicaments disponibles uniquement dans les pharmacies, Raynaud D (2008) définie l’automédication comme le recours d’un patient à au moins un médicament de prescription médicale facultative dispensé dans une pharmacie et non effectivement prescrit par un médecin [32]. Cette définition de l’automédication exclut donc le recours à des médicaments présents dans l’armoire à pharmacie familiale, prescrits antérieurement par un médecin, et consommés de la propre initiative des patients [32]. Par ailleurs, en France, les médicaments à prescription médicale facultative, qui sont considérés comme des médicaments d’automédication seulement s’ils ne sont pas prescrits par le médecin, sont selon la réglementation des produits dont la toxicité est modérée, y compris en cas de surdosage et d’emploi prolongé, et dont l’emploi ne nécessite pas a

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l’automédication doivent pouvoir être utilisés par les patients hors contexte médical, pour le traitement de symptômes bénins reconnus par le patient.

1.3.4. Principaux facteurs explicatifs du recours à l’automédication

Malgré l’intérêt croissant de la recherche sur l’automédication, peu de connaissances sont disponibles sur ses déterminants majeurs notamment dans les pays en développement. Les études antérieures sur le sujet ont davantage été qualitatives que quantitatives et menées pour la plupart dans les pays développés. Au Cameroun, c’est en 1980 dans la Région du Sud qu’une étude sur l’automédication a été réalisée pour la première fois par Van Der Geest (1987) [33]. Dans son article: « Self-care and the

informal sale of drugs in south Cameroon », Van Der Geest (1987) s’est attelé à

décrire le contexte de l’automédication dans le Sud du Cameroun, eu égard à l’usage des produits pharmaceutiques modernes. A cet effet, il a pu noter que le recours à l’automédication est la première intention et la plus évidente en cas de maladie. Ce n’est pas une décision explicite dans la mesure où les gens ne choisissent presque pas de pratiquer l’automédication autant qu’ils décident de manger ou de se coucher [33]. Mais, dans des contextes où les conditions d’accès à la santé sont difficiles, le recours à l’automédication peut être un choix explicite. Au Nigéria, Afolabi (2008), dans son article: « Factors influencing the pattern of self-medication in an adult Nigerian

population », a déterminé les facteurs majeurs influençant le motif de

l’automédication dans une population de femmes au marché dans la zone de Ifako-Ijaiye a Lagos [34]. L’alphabétisation et l’éducation à la sante publique des femmes étaient les principaux facteurs influençant le motif d’automédication parmi des femmes au marché. Du côté de l’Asie, principalement au Pakistan, Sherazi et al (2012) présentent les facteurs socio-économiques ainsi que démographiques comme ceux qui conduisent au recours à l’automédication [35]. Au regard des études menées au Mexique et en Espagne, ils font remarquer que l’automédication prévaut davantage chez les femmes. Toutefois en Espagne, elle prévaut principalement chez les personnes vivant toutes seules et chez celles vivant dans les grandes villes.

Comme le relève Queneau (1999), l’automédication est une réalité croissante [36]. Tout le monde, ou presque s’automédique et ce à tous les âges. Mais c’est à l’âge adulte qu’elle domine, notamment chez les personnes âgées pour calmer leurs douleurs. Si l’automédication des adultes est en plein essor, celle des enfants par leur parent n’est pas en marge [37]. Toutefois, peu d’études ont été publiées sur l’automédication en pédiatrie, que ce soit pour évaluer l’importance ou les risques encouru par les enfants. Classiquement présente chez les femmes, le niveau socioprofessionnel, les professions libérales et le haut niveau d’études, l’automédication est globalement assez imprévisible [36]. Elle se révèle très sensible aux variable démographiques (âge et sexe) et socioéconomiques (catégorie

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socioprofessionnelle, niveau d’instruction, niveau de revenu, etc.) au regard de sa fréquence, de son intensité et des causes qui la déterminent [29 ; 38]. Les douleurs de causes bénignes ou supposées comme telles induisent à elles seules environ la moitié des automédications, bien avant les infections courantes [36]. L’automédication n’est pas une réponse spontanée de l’individu, mais le fait d’un apprentissage où intervient largement le social et le culturel [29 ; 38].

D’autres études, à l’instar de celle de Raynaud (2008) ont traité des déterminants du recours à l’automédication en France. A partir de l’Enquête décennale Santé de 2002-2003, Raynaud (2008) a étudié le recours à l’automédication en fonction des caractéristiques démographiques, économiques, sociales, d’état de santé des individus et y a mis en évidence leurs rôles respectifs, tant sur la probabilité de recours à l’automédication que sur les différentes formes d’automédication qui peuvent exister. D’après ladite enquête, le recours à l’automédication concerne plus souvent les personnes d’âge actif, plutôt en bonne santé, et qui appartiennent à des milieux sociaux et culturels plutôt favorisés. Leurs recours se font sans conseil préalable ou en suivant les conseils du pharmacien, alors que les personnes de milieux plus modestes, qui ont un moindre recours à l’automédication, suivent plus souvent les conseils d’un médecin quand elles y recourent.

Fainzang (2010), quant à elle, s’interroge sur les motivations et les conditions du recours à l’automédication en France, dans un nouveau contexte de politique publique, favorable à la pratique. A partir d’enquête de terrain, elle montre que le recours à l’automédication ne se limite pas à soigner des pathologies bénignes, comme le préconisent les messages sanitaires, ou à répondre aux nouvelles mesures économiques qui accompagnent l’accès aux médicaments, mais correspond parfois aussi à une tentative de contournement des médecins généralistes, équivalant ainsi à une stratégie d’esquive.

En effet, elle rapporte que les personnes prennent l’option de recourir à l’automédication dans le cas de maux bénins, ou de ce que certains appellent les « petits risques » [38] et même de limiter ce recours aux situations bénignes. La plupart des travaux réalisés sur l’automédication présentent d’ailleurs des résultats qui corroborent ce point de vue [28 ; 32 ; 39], les raisons les plus couramment évoquées étant que les troubles ne sont pas assez graves pour déranger un médecin. L’expérience dans la maladie et la connaissance de la médication appropriée sont alors évoquées par Fainzang (2010) pour justifier le recours à l’automédication en cas de maux bénins. Toutefois, elle souligne que les expériences malheureuses liées entre autres à de multiples consultations infructueuses sont des sources incontestables de l’automédication. Une expérience malheureuse génère des réticences à renouveler le recours à des consultations jugées inutiles et incite les malades à recourir soit à la

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13

consultation directe d’un spécialiste, soit à l’automédication [26]. Le choix du recours s’enracine donc dans une volonté d’évitement du généraliste, ou plus exactement de son contournement, lorsque le malade craint une mauvaise prise en charge thérapeutique [26].

1.4. Objectifs et hypothèses de l’étude 1.4.1. Objectif général de l’étude

L’objectif général de la présente étude est de décrire le comportement thérapeutique des malades, d’analyser leurs motivations et de déterminer les principaux déterminants du recours à l’automédication au Cameroun. Outre l’identification des déterminants du recours à l’automédication, il s’agira également de rechercher les facteurs motivant le recours à l’automédication comparativement aux autres types de recours (biomédecine, abstinence thérapeutique et médecine traditionnelle).

1.4.2. Objectifs spécifiques

Plus spécifiquement, il s’agira de :

dresser le profil des malades en prenant en compte leur caractéristique sociodémographiques et les différents recours thérapeutiques qu’ils mettent en évidence ;

dresser l’itinéraire thérapeutiques des malades selon le niveau de la maladie et les caractéristiques socioéconomiques ;

apprécier l’incidence de l’ampleur de la maladie sur le recours à l’automédication ;

évaluer l’effet des conditions socioéconomiques sur le recours à l’automédication ;

mesurer l’impact des caractéristiques socio-démographiques sur le recours à l’automédication.

1.4.3. Hypothèse de l’étude

L’hypothèse générale qui sous-tend la présente étude est la suivante : « le recours à l’automédication comme première intention thérapeutique prévaut davantage en milieu aisé qu’en milieu précaire ».

Ң1 : Le recours à l’automédication est davantage pratiqué en cas de maladie bénigne. Ң2 : Les malades recours davantage à l’automédication en milieu urbain qu’en milieu rural.

Ң3 : Le recours à l’automédication croît avec le niveau de vie du ménage des malades. Ң4 : Le recours à l’automédication prévaut davantage aux âges actifs.

Ң5 : Le niveau de perception de la maladie influence significativement le recours à l’au-tomédication.

(14)

14

2. Matériels et méthodes

2.1. Source de données

Dans le cadre de cette étude, nous utiliserons les données issues de l’Enquête Démographique et de Santé couplée à l’Enquête par grappe à Indicateurs Multiples (EDS-MICS 2011). Cette dernière a été réalisée par l’Institut National de la Statistique (INS), en collaboration avec le Ministère de la Santé publique [7]. L’EDS-MICS 2011 a porté sur une population d’individus résidant dans les ménages ordinaires de l’ensemble du pays. C’est un échantillon national représentatif de 15 050 ménages sélectionnés. L’échantillon est stratifié de façon à fournir une représentation adéquate des milieux urbain et rural ainsi que des 12 domaines d’étude, correspondant aux 10 régions administratives et aux villes de Yaoundé et Douala.

Par ailleurs, il s’agit d’un échantillon aréolaire stratifié et tiré à deux degrés [7]. Au premier degré, des grappes ou Zones de Dénombrement (ZD) ont été tirées sur l’ensemble du territoire national à partir de la liste des ZD établie pour le troisième Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH) de 2005. Globalement, 580 grappes, dont 291 en milieu urbain et 289 en milieu rural, ont été sélectionnées en procédant à un tirage systématique avec probabilité proportionnelle à la taille, celle-ci correspondant au nombre de ménages de la ZD. Un dénombrement des ménages dans chacune de ces grappes a fourni une liste des ménages à partir de laquelle a été tiré au second degré un échantillon de ménages avec un tirage systématique à probabilité égale.

Toutefois, à partir des résultats de la collecte, il apparaît que sur les 580 grappes sélectionnées dans le cadre de l’EDS-MICS 2011, 578 ont pu être enquêtées, deux étant inaccessibles. Au total, sur les 15 050 ménages sélectionnés, 14 354 ont été identifiés et étaient présents au moment de l’enquête. Sur ces 14 354 ménages, 14 214 ont pu être enquêtés avec succès, soit un taux de réponse de 99 %.

Sur le plan méthodologique, l’EDS-MICS 2011 a été l’occasion de collecter des données sur les dépenses de santé des ménages ainsi que sur les recours aux soins des malades desdits ménages. Dans ces derniers, à partir de la collecte des informations, il s’est agi de rechercher si un ou plusieurs membres du ménage avaient été malades ou blessés au cours des 30 derniers jours. Dans le cas d’une réponse positive, pour chaque personne malade ou blessée, des données ont été collectées sur le recours aux soins (1er et 2ème recours), l’utilisation des services de santé (centre de santé intégré, dispensaire, hôpital, clinique privée, guérisseur, etc.), les conseils (et/ou un traitement), l’automédication et les dépenses effectuées pour les consultations, les

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15

médicaments, le transport, l’hospitalisation ainsi que sur l’origine du financement des dépenses (salaire, emprunt, épargne, vente de biens et services, etc.).

En effet, 3800 malades dont les parcours thérapeutiques sont différents pour certains et similaires pour d’autres ont été identifié. C’est cette population de patients qui forme l’échantillon de la présente étude. Cet échantillon de malade permettra de produire des informations sur les trajectoires thérapeutiques des malades ainsi que sur les déterminants du recours à l’automédication. Par ailleurs, il est à souligner que l’ensemble de la source de données est de type secondaire. Ces données sont également accessibles via le lien « http://www.measuredhs.com ».

2.2. Présentation de la qualité de données

Les données de l’enquête ont été saisies au fur et à mesure de la collecte au moyen du logiciel CSPro [7]. Un programme de contrôle de qualité a permis de détecter pour chaque équipe de terrain et même, le cas échéant, pour chaque agent enquêteur/enquêtrice, les principales erreurs de collecte. Ces informations ont été communiquées aux équipes de terrain lors des missions de supervision afin d'améliorer la qualité des données. La saisie des données a commencé dès février 2012 ; la vérification de la cohérence interne des données saisies a été réalisée en août et septembre 2011. A cet égard, comme susmentionné, sur les 15 050 ménages sélectionnés, 14 354 ont été identifiés et étaient présents au moment de l’enquête. Sur ces 14 354 ménages, 14 214 ont pu être enquêtés avec succès, soit un taux de réponse de 99 % (1% de non réponse).

Le taux de non réponse est un indicateur couramment utilisé pour juger de la qualité des données, avant même de procéder à toute autre méthode d’évaluation tant graphique que statistique. Le tableau1 (cf. annexe1) présente le taux de non réponse pour chacune des variables de l’étude. Pour l’ensemble des variables, le taux de non réponse est inférieur à 10%. Généralement, on considère que les données sont de bonne qualité si le taux de non réponse est inférieur ou égal à 10%. C’est pour cette raison que nous pouvons utiliser toutes les variables de ce tableau pour les analyses et retirer de notre échantillon, les observations pour lesquelles nous disposons de données manquantes. Dans cette optique, notre échantillon sera constitué de 3754 malades au lieu de 3800.

2.3. Définition des méthodes d’analyse et des variables opérationnelles

Afin d’atteindre les objectifs fixés et susmentionnés, les méthodes d’analyse retenu reposent sur deux principales approches :

l’analyse descriptive bivariée et multivariée pour l’identification des parcours thérapeutiques et des facteurs d’exposition au recours à l’automédication ;

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16

l’analyse explicative dont le but est de capter les principaux facteurs de risque du recours à l’automédication.

L’usage de l’analyse descriptive bivariée permet d’identifier les liaisons potentielles entre variables explicatives d’une part, entre celles-ci et les variables à expliquer d’autre part. A cet effet, elle s’appuie sur le coefficient de cramer et sur un test de khi-deux pour un seuil de signification de 1%, 5% et de 10% (niveau du test fixé). Dans le prolongement de cette approche descriptive, une Analyse en Correspondance Multiple (ACM) sera effectuée afin de confirmer ou d’infirmer les tendances observées. Elle sert à caractériser l’échantillon de l’étude par le profilage des unités d’analyse. Il s’agit en effet d’une méthode d’analyse multivariée qui consistera à mettre en évidence les relations entre les variables qualitatives, les unités statistiques et entre les variables telles qu’elles apparaissent à partir des relations entre modalités.

S’agissant, de l’analyse explicative, elle repose principalement sur une régression logistique binaire et une régression polytomique. La régression logistique binaire est une méthode adaptée à l’analyse de variables dépendantes de nature dichotomique. Dans cette approche analytique et explicative, une variable dépendante de nature dichotomique est expliquée par un ensemble de variables, qui peuvent être qualitatives ou quantitatives.

Ce qui est modélisé en régression logistique, c’est la quantité

1

P P

appelée odds,

qui est un rapport de deux probabilités : la probabilité que l’évènement survienne (P) et la probabilité que l’évènement ne survienne pas (1-P).

En considérant Xi variables indépendantes (i allant de 1 à k), l’équation de régression

logistique peut s’écrire :

1 1 i k o iXi i P e e P      

(1)

Où les i représentent les coefficients de régression et ele facteur par lequel le odds

change lorsque la ième variable indépendante passe de la valeur 0 à la valeur 1.

Dans la comparaison de deux sous-populations ou catégories d’une variable indépendante, dans lesquelles la probabilité que l’évènement survienne est

respectivement P1 et P2, ce qui est examiné, c’est le rapport

2 1 2 1 1 1 P P P P   appelé

rapport des chances (odds ratio). Il s’interprète en termes d’écart par rapport à une

modalité de référence. L’utilisation de ce modèle servira à déterminer principalement les facteurs explicatifs du recours à l’automédication. En d’autres termes, il s’agit de

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17

déterminer la probabilité de recourir à l’automédication compte tenu des descripteurs (âge sexe, niveau de perception de la maladie, etc.) relevés sur les 3 754 malades. A cet égard nous construirons deux variables dépendantes : la variable dépendante binaire « recours à l’automédication » et la variable dépendante polytomique « recours thérapeutiques ».

La variable « recours à l’automédication » est composée de deux modalités : (i) la modalité « 1 » (recours à l’automédication), et (ii) la modalité « 0 » (pas de recours à l’automédication).

La modalité « 0 » regroupe les observations qui opèrent à l’abstinence thérapeutique, la biomédecine et la médecine traditionnelle. Une subdivision de cette modalité en trois modalités (abstinence thérapeutique, biomédecine et médecine traditionnelle) transformera notre variable binaire en variable polytomique. La variable dépendante polytomique, « recours thérapeutique », ainsi créée, sera composée de quatre modalités : (i) la modalité « 1 » (automédication) ; (ii) la modalité « 2 » (abstinence thérapeutique) ; (iii) la modalité « 3 » (biomédecine) ; (iv) la modalité « 4 » (médecine traditionnelle).

Le modèle logistique présenté précédemment se généralise alors au cas d’une variable dépendante Y à k modalités (k>2). Lorsque ces dernières sont ordonnées on parle de modèle polytomique ordonnée et dans le cas contraire de modèle non ordonnée.

Les modalités de la variable dépendante polytomique créée, n’étant le reflet d’aucune hiérarchie sous-jacente à la variable dépendante multinomiale, le modèle polytomique non ordonné est approprié à cet effet et le Modèle Logit Indépendant (ou Logit Multinomial), cas particulier du modèle polytomique non ordonné, sera préféré au Modèle Logit Conditionnel. Cette préférence est relative à l’intérêt porté à l’impact des caractéristiques individuelles (niveau de perception de la maladie; milieu de résidence ; région de résidence ; etc.) sur les probabilités de choix des recours thérapeutiques. On appelle donc modèle de régression multinomiale (ou polytomique non-ordonnée) la modélisation ci-après [40]:

Pij=P(yi=j)= (2)

Où Pij est la probabilité que l’individu i choisisse les modalités j de la variable

dépendante polytomique à k modalités. On distingue à cet effet deux cas particuliers : Caractéristiques de l’individu i Caractéristiques du choix j

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si γ = 0 ⟹ Modèle Logit Indépendant, «characteristics of the chooser model». si βj = 0 ⟹ Modèle Logit Conditionnel, «characteristics of the choices

model».

La méthode de présélection de modèle (logistique ou polytomique) est la méthode dite « pas-à-pas » (Stepwise en anglais) qui consiste à faire le meilleur choix pour rajouter ou enlever des variables, selon si l’on démarre avec le modèle vide (Forward) ou avec le modèle plein (Backward).

En ce qui concerne les variables explicatives, elles sont les suivantes : le niveau de perception de la maladie; le milieu de résidence ; la région de résidence ; le niveau de vie du ménage du malade ; le sexe et l’âge du malade ; le niveau d’instruction ; le sexe du chef de ménage (le sexe du CM) et l’âge du chef de ménage (l’âge du CM). Par ailleurs, afin de saisir l’itinéraire thérapeutique des malades, nous utilisons quatre variables clés, à savoir :

la variable « recours à l’automédication » ; la variable « recours thérapeutique » ;

la variable « 1er recours aux soins », composée de deux modalité (la modalité « 1 » (biomédecine) et la modalité « 2 » (médecine traditionnelle)) ;

la variable « 2ème recours aux soins » composée de deux modalité (la modalité « 1 » (biomédecine) et la modalité « 2 » (médecine traditionnelle)).

A partir d’une simple tabulation et du croisement des variables suscitées, nous construisons l’itinéraire thérapeutique des malades.

2.4. Définitions opérationnelles des concepts

Dans le cadre de cette étude et conformément à l’EDS-MICS 2011, l’automédication est définie comme la faculté ou les dispositions prises volontairement par une personne pour atténuer des douleurs ou pour se soigner au moyen de médicaments modernes ou autres produits sans consulter un prescripteur agréé ou sans avoir reçu de conseils d’une autre personne.

Cette définition n’exclut pas de l’automédication le recours à des médicaments présents dans « l’armoire à pharmacie » et consommés de la propre initiative des patients. En outre, elle envisage dans l’automédication, le recours aux médecines non-conventionnelles telles que les thérapies médicamenteuses qui impliquent l’usage de médicaments à base de plantes, et les thérapies non médicamenteuses qui sont administrées principalement sans usage de médicaments (l’acupuncture, les thérapies manuelles et les thérapies spirituelles).

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19

La biomédecine correspond aux conseils ou soins dispensés dans le secteur médical (public et privé) alors que la médecine traditionnelle correspond aux conseils ou soins dispensés dans le secteur non médical. Le secteur médical est composé des hôpitaux de référence, hôpitaux régionaux, hôpitaux de district et des centres de santé. En revanche, le secteur non médical est composé des pharmacies, pharmacies de la rue (vendeurs ambulants de médicaments), tradipraticiens (guérisseurs) et d’autorités morales ou religieuses. L’abstinence thérapeutique est pratiquée lorsque les malades n’ont recours ni à l’automédication, ni à la biomédecine et ni à la médecine traditionnelle.

On entend par recours thérapeutique, les demandes de soins adressées à des personnes ou des institutions qui ne se définissent pas toujours comme des soignants. A cet effet, on parle de recours à l’automédication, lorsque les demandes de soins formulées par les malades, les sont adressées automatiquement. En revanche, le recours à la biomédecine correspond aux demandes de soins adressées à des personnes ou à des institutions dont la fonction explicite est de soigner. Il peut s’agir entre autres des professionnels de santé, des hôpitaux et des centres de santé. C’est le secteur médical. À l’inverse, on parle de recours à la médecine traditionnelle, lorsque les demandes de soins sont adressées à des personnes ou à des institutions dont la fonction explicite n’est pas de soigner. Il peut s’agir entre autres des pharmacies, des pharmacies de la rue (vendeurs ambulants de médicaments), des tradipraticiens (guérisseurs) et d’autorités morales ou religieuses. C’est le secteur non médical.

3. Résultats

3.1. Description de l’échantillon de l’étude

La population étudiée est composée de 3 754 malades dont 56% sont des femmes (cf.

Encadré 1, annexe 2). Cette population est essentiellement jeune (29% sont âgés

entre 0-9 ans, 12% entre 10-19 ans et 15% entre 20-29 ans). Les personnes de 60 et plus représentent seulement 15% de la population. 73% des malades vivent dans des ménages dirigés par des hommes. Respectivement, 11% et 35% habitent des ménages dont le chef est âgé entre 14-28 ans et entre 29-43 ans. Par ailleurs, 19% des malades résident dans la Région du littoral dont Douala est le chef lieu, Capital économique du Cameroun (cf. Encadré 2, annexe 2). 24% de cette population se répartit entre la Région du centre (dont Yaoundé est le chef lieu, Capitale politique du Cameroun) et celle de l’Est. 13% réside dans la Région de l’Ouest. C’est une population majoritairement rurale. 48% de celle-ci réside en milieu urbain. Seulement 15% de la population étudiée vie dans des ménages très pauvres et 21% dans des ménages très riches (cf. Encadré 2, annexe 2). Dans cet univers, la proportion des malades vivant dans des ménages pauvres atteint les 22% et, est semblable à celle vivant dans les ménages riches. Toutefois, Cette population est très instruite. 38% sont sans niveau

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20

d’instruction et 28% ont un niveau secondaire et plus. S’agissant du niveau de perception de l’état morbide par les unités statistiques, 31% perçoivent leur état morbide comme étant grave, 42% comme modéré et 27% comme léger (cf. Encadré

2, annexe 2).

Dans l’échantillon étudié, deux groupes de population se distinguent. Le premier groupe est constitué des malades qui recourent à l’automédication. Quant au second groupe, il se compose de malades faisant abstraction de l’automédication (cf. figure

17, annexe 6). Ce second groupe se subdivise en trois sous groupes dans la mesure où

les unités statistiques qui le composent, ont le choix entre la biomédecine, la médecine traditionnelle et l’abstinence thérapeutique. En procédant en une Analyse en Correspondance Multiple (ACM) dans le but de profiler au mieux la population étudiée, l’ensemble des unités statistiques de l’échantillon est projeté dans un espace de dimension deux. Dans ce dernier, le premier et le second axe factoriel expliquent respectivement 8,61% et 6,85% de l’inertie totale (cf. tableau 11, annexe 6). C’est un plan qui explique à lui tout seul 15,46% du nuage de points. Afin de ressortir une meilleure représentation du profile des malades, le nuage des unités statistiques et celui des trente modalités des variables retenus pour cette analyse qui contribuent le plus à la construction des axes factoriels ont été superposés (cf. figure 17, annexe 6). Cette représentation simultanée met en évidence des oppositions entre deux groupes de population de malades. En effet, l’axe factoriel 2 est fortement corrélé aux variables « recours thérapeutique » (« TRCRS1 ») et « recours à l’automédication » (« auto1 ») (cf. tableau 14, annexe 6). Leurs modalités respectives à l’exception de la modalité « Abstinence thérapeutique » sont également bien projetées sur cet axe et ont contribué davantage à sa construction (cf. tableau 13, annexe 6). On observe également une bonne représentation de la modalité 0-9 ans de la variable âge (« âge1 ») sur cette dimension. Sur cet axe, il existe une opposition entre la modalité « recours à l’automédication » (respectivement « Automédication ») de la variable « auto1 » (respectivement de la variable « TRCRS1 ») et la modalité « pas de recours à l’automédication » (respectivement « Biomédecine » et « Médecine traditionnelle ») de ladite variable « auto1 » (respectivement de la variable « TRCRS1 ») (cf. figure 16 et 17, annexe 6). La modalité « 0-9 » ans étant proche de la modalité « recours à l’automédication », de cette opposition, on observe un antagonisme entre deux groupes de population de malades sur l’axe factoriel 2 (cf.

figure 17, annexe 6). Cet axe traduit correctement les recours thérapeutiques des

malades dans le plan. De ce fait, partant de l’opposition entre nuage de points sur cet axe factoriel, on observe que le groupe de malades qui recourt à l’automédication se dresse à celui y faisant abstraction (cf. figure 17, annexe 6). Ce dernier se caractérise par des options thérapeutiques telles la « Biomédecine » et la « Médecine

(21)

21

traditionnelle ». Les enfants en bas âge (0-9ans) et la bénignité de l’état morbide caractérisent mieux le premier groupe. Tandis que la gravité de l’état morbide détermine mieux le second groupe (cf. figure 17, annexe 6). Si le premier groupe correspond à une demande de soin pour la prise en charge des pathologies bénignes, le second rassemble toutes les demandes de soin pour pathologies lourdes. La prise en charge des maux bénins s’accompagne d’une automédication dans le premier alors que celle des pathologies lourdes s’effectuent principalement dans le cadre de la biomédecine dans le second.

3.2. Description des trajectoires thérapeutiques des malades

S’agissant des itinéraires thérapeutiques des malades, l’automédication est la première intention de recours médical en cas de maladie (cf. figure 1, 3 jusqu’à 14,

annexe 3). Elle représente 51,9% des intentions de recours contre 42,1% pour le

recours aux soins (biomédecine et médecine traditionnelle) (cf. figure 1, annexe 3). Seulement 5,9% des malades optent pour l’abstinence thérapeutique. Toutefois, le recours aux soins et notamment la biomédecine, est la première intention de recours médical lorsque le niveau de la maladie est jugé grave (cf. figure 2, annexe 3). Il représente en effet 56,9% des intentions de recours contre 39,6% pour le recours à l’automédication en cas de gravité de la maladie. L’abstinence thérapeutique reste toujours en marge avec seulement 3,4% des recours. Postérieurement au recours à l'automédication et en premier recours aux soins, 89% des malades cherchent des conseils ou d'autres soins auprès du secteur médical (biomédecine) (cf. figure 1,

annexe 3). Les 11% restant préfèrent prendre conseils ou d’autres soins auprès du

secteur non médical (médecine traditionnelles) c'est-à-dire les pharmacies, les pharmacies de la rue, les tradipraticiens et les religieux. En second recours aux soins, les malades récidivistes non satisfaits par la biomédecine en premier recours, s’y maintiennent pour la plupart des cas (cf. figure 1 jusqu’à 14, annexe 3). Pareille, les malades non satisfaits par la médecine traditionnelle en premier recours s’y maintiennent en second recours dans la majorité des cas. Ceux des malades qui en première intention ont recours aux soins, particulièrement à la biomédecine en premier recours, et non satisfaits, s’y maintiennent en majorité, en second recours (cf.

figure 1 jusqu’à 14, annexe 3). En revanche, ceux qui en première intention ont

recours aux soins, principalement à la médecine traditionnelle en premier recours, et non satisfaits, préfèrent généralement en second recours la biomédecine. L’automédication est assez satisfaisante pour les malades qui y recourent. En effet, à l’issu de ce recours, la proportion de malades qui trouve satisfaction est supérieur à 60% sauf en cas d’état morbide jugé grave.

(22)

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3.3.1. Association recours à l’automédication et caractéristiques sociodémographiques Il existe une relation d’association entre la variable recours à l’automédication (auto1) et la variable sexe du malade (sexe1), significative respectivement au seuil de 1%, 5% et 10% (cf. tableau 6, annexe 4). C’est également le cas entre les variables recours à l’automédication et l’âge du malade (âge1). Cependant il n’y a pas de relation de dépendance entre le recours à l’automédication et le sexe du chef de ménage (sexCM1) (cf. tableau 6, annexe 4). En plus, au seuil de 10%, il existe une liaison significative entre le recours à l’automédication et l’âge du chef de ménage (âgeCM1).

Le recours à l’automédication est légèrement plus fréquent chez les hommes (cf.

Encadré 3, annexe 5). Il représente 53,9% de la population masculine et 50,4% de la

population féminine. Cette pratique prévaut particulièrement parmi les enfants et les adolescents. Respectivement 56,1% et 54,1% des malades de la tranche d’âge 0-9 ans et 10-19 ans y recourent (cf. Encadré 3, annexe 5). Sa prévalence est plus élevée dans les ménages dirigés par les femmes et dans les ménages dont le chef est âgé entre 14-28 ans.

3.3.2. Association recours à l’automédication et caractéristiques socioculturelles

Entre la variable recours à l’automédication (auto1) et la variable région (region3), il y’a une liaison significative respectivement au seuil de 1%, 5% et 10% (cf. tableau 5,

annexe 4). C’est également le cas entre le recours à l’automédication et le niveau de

perception de la maladie (niPM1). Toutefois, il n’existe pas de relation de dépendance entre le recours à l’automédication et le milieu de résidence (Mresid1). C’est dans les Régions de l’Ouest, du Sud-Ouest et du Littoral que l’automédication est la plus fréquente cf. Encadré 4, annexe 5). Elle est moins fréquente dans l’Adamaoua. C’est un phénomène principalement urbain que rural. En milieu urbain sa prévalence est de 53,1% contre 50,9% en milieu rural (cf. Encadré 4, annexe 5). Elle est moins fréquente lorsque le niveau de perception de l’état morbide est jugée grave et plus prononcée dans le cas contraire.

3.3.3. Association recours à l’automédication et caractéristiques socioéconomiques On n’observe aucune association entre la variable recours à l’automédication (auto1) et la variable niveau de vie du ménage (nivie1) (cf. tableau 7, annexe 4). Pareille, il n’existe pas de relation significative entre le recours à l’automédication et le niveau d’instruction (niinst2).

La prévalence du recours à l’automédication est moins fréquente chez les malades vivant dans les ménages pauvres et très pauvres (cf. Encadré 5, annexe 5). A l’opposé, elle est élevée chez les malades vivant dans les ménages riches et très riches. Le recours à l’automédication croît avec le niveau de vie du ménage. Mais, à

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partir d’un niveau de richesse donné du ménage, il chute jusqu’à décroître. A mesure que le niveau d’instruction des malades croît, le recours à l’automédication augmente. Toutefois, elle décroit lorsqu’on passe du niveau d’instruction primaire au niveau secondaire et plus. En effet, les malades d’un niveau d’instruction secondaire et plus recourent moins à l’automédication (cf. Encadré 5, annexe 5). A partir d’un niveau d’instruction donné, le recours à l’automédication chute et décroît.

3.4. Association facteurs explicatifs et recours thérapeutique

3.4.1. Association recours thérapeutique et caractéristiques sociodémographiques Aux seuils respectifs de 1%, 5% et de 10%, il n’existe aucune association entre la variable recours thérapeutique (TRCRS1) et la variable sexe du malade (sexe1) (cf.

tableau 9, annexe 4). Cependant, il existe une relation significative entre la variable

recours thérapeutique et les variables respectifs, sexe du chef de ménage (sexCM1) et âge du malade (âge1) (cf. tableau 6, annexe 4). Ces associations sont significatives auxdits seuils. Il existe également au seuil de 1%, 5% et 10%, une liaison significative entre la variable recours thérapeutique et la variable âge du chef de ménage (âgeCM1) (cf. tableau 10, annexe 4).

Par ailleurs, en termes de recours thérapeutique, les femmes davantage que les hommes recourent à la biomédecine et l’abstinence thérapeutique (cf. Encadré 6,

annexe 5). En effet, la proportion de femmes qui effectuent respectivement la

biomédecine et l’abstinence thérapeutique est supérieure à celle des hommes. C’est dans les tranches d’âges 30-39 ans et 60 ans et plus que le recours à la biomédecine est le plus élevé. Il est plus faible dans la tranche d’âge 0-9 ans. En revanche, quel que soit l’âge du malade, l’abstinence thérapeutique et la médecine traditionnelle sont moins sollicitées et le recours à l’automédication est plus fréquent ainsi que la biomédecine (cf. Encadré 6, annexe 5). C’est dans les ménages dirigés par les hommes que la biomédecine est la plus fréquente (cf. Encadré 6, annexe 5). Sa prévalence est également élevée dans les ménages dont le chef est âgé respectivement entre 29-43 ans et de 59 ans et plus. Dans ce dernier, l’abstinence thérapeutique est fréquente.

3.4.2. Association recours thérapeutique et caractéristiques socioculturelles

Il existe au seuil de 1%, 5% et 10% une association significative entre la variable recours thérapeutique (TRCRS1) et la variable région (region3) (cf. tableau 8, annexe

4). Cette relation significative est également présente entre le recours thérapeutique

(TRCRS1) et le milieu de résidence (Mresid). Dans l’ensemble, les caractéristiques socioculturelles des malades sont significativement liées au recours thérapeutique. En effet, la variable niveau de perception de la maladie est significativement associée à la variable recours thérapeutique (cf. tableau 8, annexe 4).

Figure

Tableau 1 : Taux de non réponse des variables de l’étude.
Tableau 2 : Description de l’échantillon par caractéristiques socio-culturelles.
Tableau 3 : Distribution de l’échantillon par caractéristiques socio-démographiques.
Tableau 4 : Distribution de l’échantillon par caractéristiques socio- économiques.
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