Systèmes d e production e t d e circulation
S p éc ia lis te s ,
artisans
Artisans
e t
a rtis a n a t
a
Quelques
Pierre Rouillard (UMR ArScAn - Monde grec archaïque)
Un dossier immense qui est nourri de données littéraires, épigraphiques et iconographiques ; l'objet n'est pas, pour ces époques, le seul point de référence.
Un dossier qui, depuis la fin du XIXe siècle, est un terrain d'a ffrontem ent entre deux tendances lourdes de l'historiographie, les « modernistes » et les « primitivistes », ces derniers constituant aujourd'hui le groupe le plus bruyant. Deux formules s'opposent sur la bourgeoisie «industrielle» italique et le possesseur d'esclaves antiques décrit com m e « un rentier et non com m e un entrepreneur ».
Les principaux centres d'intérêt semblent être aujourd'hui :
- l’o rg a n is a tio n s o c ia le , au travers des textes, souvent épigraphiques ; le vocabulaire grec est particulièrement riche pour ce dom aine ;
- la g é o g r a p h i e d e s a te lie r s , permanents ou temporaires ( parmi ces derniers, ceux qui produisent les tuiles de tel ou tel sanctuaire sont des signes de la spécialisation des tâches), dans des petites villes ou dans des grandes ;
- la s p é c ia lis a tio n d e s a te lie rs .
Sur la spécialisation des ateliers on dispose tout à la fois des com ptes des sanctuaires (la pluri-activité semble y être rare) et de l'analyse des tours de main qu'il s'agisse d'une a p p ro ch e stylistique ou d'une a p p ro ch e technique com m e on peut le voir dans ce qu'on appelle les « artisanats d 'a rt », sculpture, céram ique, terre-cuite, mosaïque. Rappelons, par exemple, l'analyse conduite par Claude Rolley pour distinguer deux mains dans l'atelier q u ia produit un des cratères de Trebenischte à partir de la com paraison entre les deux moitiés de la lèvre (Voir, Topoi, 8/2, 1998, p. 715).
La traduction du mot « epoiesen » qui a cco m p a g n e la signature sur les vases attiques de l'é p o q u e classique est un autre exem ple de point de débat. L'autre verbe « egrapsen » (= a peint) semble poser moins de problème. L'association des deux signatures peut signifier une association stable potier/peintre. Un peintre peut être associé à divers noms de potiers : l'atelier compte-t-il de nombreux potiers ? le peintre peut- il être itinérant. La discussion est particulièrement vive sur la traduction du premier verbe : « a fait » ou « a fait fa ire » ? Une telle signature peut renvoyer au maître de l'atelier ou à un riche (?) entrepreneur qui investit et vend sans être impliqué dans la production même : deux hypothèses parmi d'autres. Reste que dans c e t artisanat la spécialisation est bien présente, c e que les images peintes - sur vases - d'ateliers nous disent aussi, a vec force même, quand les artisans sont glorifiés et que Athéna et Nikai couronnent les peintres d e vases.
Éléments bibliographiques
Blondé F. e t Muller A. 1988 (dir.), L'artisanat e n G rè ce a n cie n n e : les artisans, les ateliers, in : Topoi. 8/2, p. 541-845. Blondé F. e t Muller A. 2000 (dir.). L'artisa na t e n G rè ce a n cie n n e : les productions, les diffusions, Lille.
Ziom ecki J. 1975.Les représentations d'artisans sur les vases attiques, Varsovie.
D e scat R. 1995. La p ro d u ctio n artisanale. In : Briand P.ef al.. Le M o n d e G rec aux tem ps classiques. Nouvelle Clio, Tome 1, Le V e siècle, Poris, p. 322-330.