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Association entre la qualité de l'alimentation et l'exposition aux acides perfluoroalkylés (PFAA) et au bisphénol A (BPA) pouvant provenir de la transformation et de l'emballage des aliments chez les enfants et les jeunes âgés de 3 à 19 ans dans quatre co

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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Québec, Canada

Mémoire

Claudelle Dubeau

Maîtrise en épidémiologie - avec mémoire

Maître ès science (M. Sc.)

Association entre la qualité de l'alimentation et

l'exposition aux acides perfluoroalkylés (PFAA) et au

bisphénol A (BPA) pouvant provenir de la

transformation et de l'emballage des aliments chez les

enfants et les jeunes âgés de 3 à 19 ans dans quatre

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Association entre la qualité de l’alimentation et l'exposition aux

acides perfluoroalkylés (PFAA) et au bisphénol A (BPA)

pouvant provenir de la transformation et de l'emballage des

aliments chez les enfants et les jeunes âgés de 3 à 19 ans dans

quatre communautés des Premières Nations du Québec

Mémoire

Claudelle Dubeau

Sous la direction de :

Mélanie Lemire, directrice de recherche

Élyse Caron-Beaudoin, codirectrice de recherche

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Résumé

Contexte. Bien que les aliments traditionnels jouent un rôle primordial dans la nutrition et la culture des Premières Nations, leur consommation est de plus en plus remplacée par celle d’aliments transformés, en particulier chez les jeunes. Outre leur faible qualité nutritionnelle, les aliments transformés peuvent également contenir des contaminants chimiques comme les acides perfluoroalkylés (PFAA) et le bisphénol A (BPA).issus entres autres des emballages et de la transformation alimentaires, qui sont connus ou suspectés d’agir comme perturbateurs endocriniens. Le projet pilote Jeunes, Environnement et Santé a été réalisé en 2015 en collaboration avec quatre communautés des Premières nations au Québec auprès de jeunes 3 à 19 ans (n=198). Les objectifs du présent projet étaient de (i) documenter l'exposition aux PFAA et au BPA dans ces communautés et la comparer à celle dans la plus récente Enquête canadienne sur les mesures de la santé (ECMS) : (ii) décrire la consommation des différentes catégories d'aliments pouvant contenir des PFAA ou du BPA; et (iii) examiner les associations entre la consommation d'aliments et l'exposition à ces contaminants. Méthodes. Des mesures anthropométriques ont été prises et des questionnaires ont été administrés, dont un questionnaire sur la fréquence alimentaire, sur la base duquel les apports alimentaires ont été calculés. Les échantillons biologiques ont été collectés puis analysés pour les PFAA dans le plasma (PFOS, PFOA, PFHxS et PFNA) et le BPA dans l’urine. Des modèles linéaires généralisés ont été utilisés pour tester les associations entre la consommation d'aliments et l'exposition aux PFAA et au BPA Résultats. Les concentrations sériques de PFNA chez les participants Anishinabeg étaient significativement plus élevées que dans le cycle 5 de l'ECMS (2016-2017) pour les mêmes groupes d'âge, tandis que le PFOS, PFOA et PFHxS étaient plus faibles que dans JES!-YEH!. Les concentrations moyennes de BPA urinaire chez tous les participants étaient également plus élevées que dans l'ECMS. La consommation de produits laitiers était élevée par rapport aux autres catégories d'aliments, et en particulier le lait, chez les participants Anishinabeg âgés de 6 à 11 ans et les participants Innus âgés de 3 à 5 ans et de 6 à 11 ans. La consommation totale de produits laitiers et d’aliments ultra-transformés était significativement associée aux concentrations sériques de PFNA chez les participants Anishinabeg et Innus. Le PFNA était également associé à la consommation d'aliments ultra-transformés chez les participants Anishinabeg, alors qu'il était associé à la consommation de poissons marins sauvages et de baies chez les participants Innus. Le PFHxS était associé à la consommation de maïs soufflé au micro-ondes chez les participants Anishinabeg. Pour le BPA, une association positive a été observée avec la consommation de fromage et de lait chez les participants Anishinabeg , et avec la consommation de poissons marins sauvages, de petits fruits, de desserts et de viandes transformées chez les participants Innus. Conclusion. Ces résultats soulignent l’importance de mieux documenter les méthodes de transformation et d’emballage des aliments ainsi que de promouvoir la consommation d’aliments peu transformés et non emballés afin d’offrir des environnements alimentaires plus sains aux jeunes dans les communautés Autochtones et d’ailleurs.

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Abstract

Context Although traditional foods play a central role in Indigenous Peoples nutrition and culture, their intake is increasingly being replaced by processed foods, particularly among younger generations. Other than their lower nutritional quality, processed foods may also contain chemical contaminants from food processing and packaging that are known or suspected endocrine disruptors, such as perfluoroalkyl acids (PFAAs) and bisphenol A (BPA). In 2015, the project Jeunes, Environnement et Santé / Youth, Environment and Health (JES!-YEH!) was conducted among children and youth (3-19y) in collaboration with four First Nation communities in Quebec (n=198) and the objectives of the present project were to: (i) Document exposure to PFAAs and BPA in comparison to the most recent youth data of the Canadian Health Measures Survey (CHMS Cycle 5 2016-2017); (ii) Describe the intake of different food categories that may contain PFAAs or BPA; and (iii) Examine the associations between food categories intakes and exposure to these contaminants. Methods. Anthropometric measurements were taken and questionnaires were administered, including a food frequency questionnaire, based on which food intakes were calculated. Biological samples were collected, and serum was analysed for PFAAs (PFOS, PFOA, PFHxS, PFNA) and urine for BPA. Generalized linear models were used to test associations between food intakes and biomarkers of exposure to PFAAs and BPA. Results. Mean PFNA serum concentrations were significantly higher than in the CHMS Cycle 5 (2016-2017) for the same age groups among Anishinabe participants, whereas concentrations of mean PFOS, PFOA and PFHxS levels were lower than CHMS values among all JES!-YEH! participants. Mean urinary BPA concentrations were also higher than in the CHMS Cycle 5 (2016-2017) in all participants. Dairy products intake was high in comparison to other food categories, and especially milk, among Anishinabe participants aged 6 to 11 years old and Innu participants aged 3 to 5 and 6 to 11 years old. Total dairy products intake was significantly associated with PFNA serum concentrations among Anishinabe participants and Innu participants. PFNA was likewise associated with ultra-processed foods intakes among Anishinabe participants, whereas it was associated with wild marine fish and berries intakes among Innu participants. PFHxS was associated with microwave popcorn intake among Anishinabe participants. For BPA, a positive association was found with cheese and milk intakes in Anishinabe participants, and with wild marine fish, wild berries, desserts and processed meats intakes in Innu participants. Conclusion. These results highlight the importance of better documenting food-processing and packaging methods, particularly for dairy products, and their contribution to endocrine disruptors exposures as well as to promote minimally processed and unpackaged foods to provide healthier food environments for youth in Indigenous communities and beyond.

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Table des matières

Résumé ... ii

Abstract ... iii

Table des matières ... iv

Liste des tableaux ... vii

Liste des figures ... ixx

Liste des abréviations et acronymes ... x

Remerciements ... xi

Avant-propos ... xiii

Introduction ... 1

Chapitre 1 Revue de la littérature ... 3

1.1 Premières Nations au Québec ... 3

1.1.1 Inégalités de santé ... 3

1.1.2 Les déterminants de la santé ... 4

1.1.3 L’environnement alimentaire et l’alimentation en contexte Autochtone ... 5

1.2 La qualité de l’alimentation et ses effets sur la santé des enfants et des jeunes Autochtones .. 6

1.2.1 La qualité et la transformation alimentaire ... 6

1.2.2 La transition alimentaire chez les Premières Nations ... 7

1.2.3 La transformation alimentaire et ses effets sur la santé des jeunes Autochtones ... 8

1.3 Les aliments et l’exposition aux contaminants d’intérêt émergent ... 9

1.3.1 Bisphénol A (BPA) ... 9

1.3.2 Acides perfluoroalkylés (PFAA) ... 13

1.4 Le système endocrinien et ses liens avec le système cardiométabolique et le développement de l’enfant ... 20

1.5 Les contaminants agissant comme perturbateurs endocriniens et leurs effets sur la santé cardiométabolique ... 22

1.5.1 Perturbation endocrinienne par le BPA………. ..23

1.5.2 Perturbation endocrinienne par les PFAA ... 24

1.6 Résultats descriptifs du projet JES!-YEH! ... 26

1.6.1 L’alimentation transformée ... 26

1.6.2 L’exposition aux contaminants d’intérêt émergents ... 26

1.6.3 L’état de santé des participants de l’étude pilote JES!-YEH! ... 27

Chapitre 2 Hypothèses et objectifs ... 28

2.1 Hypothèses ... 28

2.2 Objectifs ... 28

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3.1 Devis ... 29

3.2 Population, recrutement, et échantillon ... 29

3.2.1 Population ... 29 3.2.2 Recrutement et échantillon ... 30 3.2.3 Critères d’inclusion ... 32 3.2.4 Critères d’exclusion ... 32 3.3 Collecte de données ... 32 3.4 Variables à l’étude ... 33 3.4.1 La consommation d’aliments ... 33

3.4.2 L’exposition aux contaminants chimiques ... 38

3.4.3 L’enquête canadienne des mesures de santé (ECMS), cycle 5(2016-2017) ... 39

3.4.4 Les covariables ... 40

3.5 Analyses statistiques ... 40

3.6 Aspects éthiques ... 42

Chapitre 4 Association between diet quality and exposure to food-processing and packaging contaminants among children and youth aged 3 to 19 years old in four First Nations communities in Quebec ... 43

4.1 Résumé... 43

444.2 Abstract ... 44

4.3 Introduction ... 46

4.4 Method ... 48

4.4.1 Study population, recruitement and consent ... 48

4.4.2 Data collection ... 50

4.5 Statistical Analyses ... 52

4.6 Results ... 53

4.6.1 Characteristics of study participants ... 53

4.6.2 Exposure to PFAAs and BPA in the JES!-YEH! participants ... 56

4.6.3 Traditional and market food intakes ... 58

4.6.4 Associations between diet and exposure to PFAAs and BPA ... 61

4.7 Discussion ... 66

4.7.1 Levels of exposure to PFAAs and BPA in the JES!-YEH! study ... 66

4.7.2 Diet characteristics in the JES!-YEH! study ... 67

4.7.3 Diet and exposure to contaminants in the JES!-YEH! study ... 68

4.7.4 Limitations ... 70

4.8 Conclusion ... 71

4.9 Supplementary materials ... 73

(7)

Bibliographie ... 91

Annexe A Fiche d’information du projet JES!-YEH! ... 99

Annexe B Formulaire de consentement ... 103

Annexe C Questionnaires ... 111

(8)

Liste des tableaux

Tableau 1: Type d’emballage alimentaire pouvant contenir des PFAA ou BPA ……….….11 Tableau 2: Revue de la littérature sur les aliments pouvant contenir du BPA ………...…12

Tableau 3: Revue de la littérature sur les aliments pouvant contenir des PFAA (mesuré dans l’échantillon alimentaire). ...15

Tableau 4: Revue de la littérature sur les aliments pouvant contenir des PFAA (étude d’association)...17

Tableau 5: Descriptions détaillées des catégories et items alimentaires provenant des aliments du marché...35 Tableau 6: Descriptions détaillées des catégories et items alimentaires provenant des aliments

traditionnels...37 Table 7: Characteristics of the JES!-YEH! participants from four Anishinabe and Innu communities

in Quebec, Canada (n=185)...55 Table 8: Serum concentrations of perfluorononanoic acid (PFNA), perfluorooctane sulfonate

(PFOS), perfluorooctanoic acid (PFOA) and perfluorohexane sulfonate (PFHxS) (µg/L) and urine concentrations of bisphenol A (BPA) (μg/g creatinine) in participants from JES!-YEH!, by nation and age groups, compared to the general Canadian population (CHMS cycle 5, 2016–2017)...57 Table 9: Median (10th-95th percentile) of food intakes by food category or item (g/day), for

JES-!YEH! participants by nation and age groups……….59

Table 10: Adjusted geometric mean (GM) of PFNA (µg/L) and adjusted GM ratio by food category/items significantly associated with PFNA serum concentrations in multiple linear regression models, for JES!-YEH participants by studied nation (n=185)……….62 Table 11: Adjusted geometric mean (GM) of PFOA (µg/L) and adjusted GM ratio by food

category/items significantly associated with PFOA serum concentrations in multiple linear regression models, for JES!-YEH participants by studied nation (n=185)………63 Table 12: Adjusted geometric mean (GM) of PFHxS (µg/L) and adjusted GM ratio for food category/items significantly associated with PFHxS serum concentrations in multiple linear regression models, for JES!-YEH participants by studied nation (n=185)……64 Table 13: Adjusted geometric mean (GM) of BPA (µg/L) and adjusted GM ratio by food

category/items significantly associated with urinary BPA concentrations in multiple linear regression models, for JES!-YEH participantsby studied nation (n=185)…….65 Table S1: Literature review of food with detected PFAAs (mesured in food samples).…………...73 Table S2: Literature review of food with detected PFAA (associative study)………..75

(9)

Table S3: Literature review of food with detected BPA ………...………...78

Table S4: Detailed description of market food categories and items …………... 79 Table S5: Detailed description of traditional food categories and items ……….……..82 Table S6: Proportion of JES!-YEH! Participants with exposure levels above 95th percentiles (P95)

for perfluoroalkyl substances in plasma and bisphenol A in urine for the Canadian Health Measure Suvey Cycle 5

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Liste des figures

Figure 1: Sécrétion des hormones thyroïdiennes ... 22

Figure 2: Structure chimique de l’estradiol et du BPA... 24

Figure 3: Conséquences possibles de la résistance à l’insuline……….25

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Liste des abréviations et acronymes

ACSP : Association canadienne de la santé publique BPA : bisphénol A

CSSSPNQL : Commission de la santé et des services sociaux des Premières Nations du Québec et du Labrador

CAR : récepteur androstane

ECMS : Enquête canadienne sur les mesures de la santé ER : récepteur estrogénique

GR : récepteur glucocorticoïde

IBPN : Initiative de biosurveillance des Premières Nations IC : intervalle de confiance

IMC : indice de masse corporelle

INSPQ : Institut national de santé publique du Québec IOTF : International obesity task force

LOD : limite de détection MG : moyenne géométrique PFAA : acides perfluoroalkylés PFNA : acide perfluorononanoïque PFOA: acide perfluorooctanoïque PFOS : sulfonate de perfluorooctane PFHxS : acide sulfonique perfluorohexane

PPARs : récepteur activé par les proliférateurs de peroxysomes (incluant PPARy et PPARa) PXR : pregnane X receptor

RR : risque relatif

RRSPQ : Réseau recherche de la santé des populations du Québec RXR : retinoid X receptor

TR : récepteur thyroïde TT : tour de taille

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Remerciements

Tout d’abord, mes remerciements sincères à ma directrice de recherche Dre. Mélanie Lemire qui m’a dirigée et guidée tout au long de ce mémoire avec une grande humanité et qui s’est toujours montrée compréhensive dans ma conciliation travail/famille. Merci également de m’avoir procuré le soutien financier pour la réalisation de ce mémoire.

J’aimerais remercier également ma co-directice Dre Élyse Caron-Beaudoin, qui m’a démontré un grand soutien moral et a fait preuve d’une rigueur scientifique à chaque étape de mon projet de maîtrise. Je suis fière d’avoir fait partie de votre équipe dans cette réalisation et d’avoir eu le privilège d’être guidée par des femmes inspirantes.

Je tiens également à exprimer ma gratitude aux personnes impliquées dans le projet Jeunes, Environnement et Santé (JES!-YEH!), aux parents et participants ainsi qu’aux partenaires communautaires et l'équipe de recherche qui ont contribué à la conception et la réalisation de cette étude. Je remercie également tous les membres de l’équipe de l’Axe de Santé des populations et pratiques optimales en santé du Centre de recherche du CHU de Québec pour leur soutien administratif et un merci spécial à Caty Blanchette pour les multiples dépannages et encouragements quand j’en avais besoin.

Sans oublier le support et les encouragements de mon conjoint, de mes parents qui ont été indispensables à ma réussite et à ma petite Olie, il y a beaucoup de toi dans cette réalisation.

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Avant-propos

Ce document est pour l'obtention d’un mémoire en épidémiologie. Il est entièrement rédigé par moi-même, Claudelle Dubeau, et est conforme aux préalables de la Faculté des études supérieures et postdoctorales de l'Université Laval. Ce document prend la forme d'un mémoire avec un chapitre rédigé en langue anglaise servant d’ébauche à un futur article devant être soumis pour publication. Pour éviter les répétitions, une seule bibliographie est présentée après la conclusion. Les données recueillies pour l'étude pilote JES! -YEH! ont été utilisées pour répondre aux objectifs de recherche du présent mémoire. Plusieurs chercheurs et partenaires ont permis la réalisation de ce chapitre et ont fait part de leurs réactions et commentaires afin d’améliorer ce chapitre de mémoire. Tout d’abord, plusieurs ont été responsables de la conception de l'étude JES!-YEH ! y compris : Pierre Ayotte1,2,3, Nancy Gros-Louis McHugh4 et ma directrice de recherche Mélanie Lemire,2. Des communautés des Premières Nations ont également contribué à la réalisation du projet JES!-YEH!: la communauté de la Première nation de Winneway-Long Point, la communauté de Lac Simon, le CSSS Tshukuminu Kanani de Nutashkuan et la communauté de Unamen Shipu. Ma co-directrice Élyse Caron-Beaudoin5 ainsi que ma directrice Mélanie Lemire m’ont conseillées dans la rédaction et la forme de ce chapitre. Pour les analyses statistiques présentés dans le chapitre 4, elles ont été réalisées par moi-même, et en collaboration avec Caty Blanchette1,2. Plusieurs des coauteurs et partenaires ont aussi permis la réalisation de ce chapitre et ont fait part de leurs réactions et commentaires afin de l’améliorer.Dans le cadre de ce mémoire, un objectif supplémentaire était prévu dans le protocole de recherche. Cet objectif était d’examiner les associations entre l’exposition aux PFAA et au BPA et la prévalence de l’obésité et du diabète en tenant compte des covariables pertinentes. Suite à quelques analyses statistiques préliminaires non concluantes et afin de réaliser dans un délai raisonnable ce mémoire, la décision a été prise de ne pas traiter cet objectif dans le projet. La mesure des niveaux d’estrogènes aurait également été utile afin de bien évaluer l’effet du bisphénol A sur les issues de santé, mais n’avait pas été préalablement incluse dans JES!-YEH!. Toutefois, cet objectif reste intéressant et c’est pourquoi la revue de littérature comporte une section sur les effets de la santé reliés aux contaminants d’intérêt émergents à l’étude dans le présent mémoire.

1Axe santé des populations et pratiques optimales en santé, Centre de recherche du CHU de Québec — Université Laval, QC, Canada ; 2 Département de médecine sociale et préventive, Université Laval, Québec, QC, Canada ;

3 Institut national de santé publique du Québec, Québec, QC, Canada ;

4 Commission de santé et de services sociaux des Premières Nations Québec Labrador, Wendake, QC, Canada 5

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Introduction

Le Québec se compose de 11 nations Autochtones représentant près de 104 633 personnes, dont 92 504 Premières Nations et 12 129 Inuit. Les Autochtones représentent plus de 1% de la population du Québec et plus de la moitié ont moins de 30 ans. Ceux-ci sont répartis en 55 communautés dispersées sur le territoire québécois (Gouvernement du Québec, 2015).

Depuis les dernières décennies, les communautés des Premières Nations du Québec subissent plusieurs changements sociaux et environnementaux en partie dus au colonialisme, à la sédentarisation et l’industrialisation (Reading et Wien, 2009, Egeland et Harrison, 2013). Ces changements ont contribué à plusieurs perturbations de leur mode de vie, notamment une transition importante de l’alimentation traditionnelle (viandes et poissons sauvages, petits fruits, etc.) vers une alimentation du commerce (Bergeron, 2015). Ces aliments du commerce sont souvent de plus faible qualité nutritionnelle, et riches en sucre ajouté, en sel et en gras saturés (Moubarac et Batal, 2016). Cette transition alimentaire, soit le passage d’une alimentation monotone (composée essentiellement d’aliments minimalement ou peu transformés) à une alimentation plus diversifiée, mais riche en aliments ultra-transformés, serait la principale cause d’augmentation des maladies chroniques sociétales telles que le diabète de type 2 et l’obésité (Anand et al., 2015; Chan et al., 2014; Willows et al,, 2012; CSSSPNQL, 2011). La malnutrition et ces additifs alimentaires sont bien connus pour leurs multiples effets sur la santé des jeunes (Mozaffarian, 2016). En effet, plusieurs études récentes montrent une prévalence grandissante d’obésité et de diabète de type 2 chez les jeunes Autochtones au Québec et ailleurs au pays (Bergeron et al., 2015, CSSSPNLQ, 2011; Willows et al., 2012).

Les aliments ultra-transformés peuvent aussi contenir plusieurs contaminants chimiques, provenant entre autres du processus de transformation alimentaire ou bien de leurs emballages et contenants alimentaires, tels que le bisphénol A (BPA) et les composés perfluorés, connus plus spécifiquement sous le nom d’acides perfluoroalkylés (PFAA) (Wu et al., 2015; Cao et al., 2011) Or, ces contaminants d’intérêt émergents sont connus ou suspectés pour agir entre autres comme potentiels perturbateurs endocriniens. En effet, certains contaminants peuvent altérer différentes hormones qui régulent la glycémie et le poids, et ainsi contribuer au développement, de l’obésité et du diabète (Stojanoska et al., 2017; Timmermann et al., 2014; Zota et al., 2016). Par ailleurs, l’organisme en développement des enfants et des jeunes est connu pour être plus vulnérable à ces changements alimentaires et également à l’exposition aux contaminants chimiques (Gouvernement du Canada,

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2011). En résumé, une alimentation riche en aliments ultra-transformés contribuerait donc à un plus faible statut nutritionnel, mais pourrait également contribuer à une exposition accrue à certains contaminants chimiques, qui entrainerait simultanément l’augmentation de la prévalence de l’obésité et des maladies cardiométaboliques chez les jeunes Autochtones (Stojanoska et al., 2017; Timmermann et al., 2014; Zota et al., 2016).

Le projet pilote Jeunes, environnement et santé (JES!-YEH!) réalisé en 2015 auprès de jeunes et d’enfants en collaboration avec quatre communautés des Premières Nations au Québec a permis de recueillir 1) des données de biosurveillance quant à ces contaminants environnementaux; et 2) des données sur le statut nutritionnel et d’autres déterminants de la santé. Ce projet pilote a été entrepris en réponse à un manque de données de biosurveillance pour les enfants et les jeunes des communautés Autochtones au Canada. JES!-YEH! a été réalisé en préparation pour l’Enquête pan-canadienne Alimentation, environnements, nutrition et santé des enfants et jeunes des Premières Nations (FEHNCY) qui a débuté progressivement en 2019. Dans le rapport final du projet JES!-YEH!, il est mis en lumière que 68% des participants étaient en condition d’embonpoint et d’obésité (27.0% et 40.8% respectivement) (Lemire et al., 2019). Les données soulignent également que les aliments traditionnels semblaient être assez peu consommés en général, alors que des aliments ultra-transformés tels que les viandes transformées (ex.: saucisses et autres charcuteries), les sucreries, les aliments ultra-transformés (ex.: croustilles, pâtisseries, poutine), les jus en poudre et le lait l’étaient fréquemment (Lemire et al., 2019). De plus, l’exposition au BPA et à des PFAA comme l’acide perfluorononanoïque (PFNA) était plus élevée dans JES!-YEH! que chez les enfants et les jeunes du même âge dans l’Enquête Canadienne des Mesures de Santé (ECMS) Cycle 2 (2009-2011); les données de l’ECMS qui étaient disponibles lors de la rédaction du rapport (ECMS, 2012). À ce jour, aucune étude ne s’est penchée sur l’association de la qualité de l’alimentation et l’exposition à des contaminants d’intérêt émergent. Il importe de mieux documenter cette voie d’exposition à ces contaminants afin de supporter les communautés tant Autochtones qu’allochtones dans la recherche d’interventions efficaces et prometteuses afin de promouvoir des environnements alimentaires plus sains.

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Chapitre 1 Revue de la littérature

1.1. Premières Nations au Québec

1.1.1 Inégalités de santé

Tout d’abord, il est important de soulever les inégalités de santé vécues chez les enfants et les jeunes Autochtones au Canada (ACSP, 2015). Les Premiers Peuples ont une histoire culturelle et politique parsemée d’embuches. La colonisation des terres par les Européens a entrainé la modification des structures de gouvernance, y compris la législation et les politiques, qui ont eu un impact profond sur les structures communautaires existantes et continuent d'avoir des impacts aujourd’hui (Postl, Cook, et Moffatt, 2010). Pour les Autochtones, la colonisation a entrainé une perte de contrôle sur leur destin, un accès inéquitable à des modèles éducatifs qui favorisent la confiance et l'estime de soi et un accès restreint aux possibilités d'emploi, au développement économique et à l'autodétermination (Postl, Cook, and Moffatt, 2010). L'impact du colonialisme sur la baisse de la consommation d’aliments traditionnels n’est pas à négliger; leur dépossession et leur déplacement des terres traditionnelles au 20e siècle, ainsi que l’interdiction et le contrôle de la chasse, du piégeage ou de la pêche à des fins de subsistance ont contribué à la transition alimentaire observée aujourd’hui (Reading et Wien, 2009). Les conséquences des pensionnats Autochtones sur la culture et la transmission des savoirs pour des générations d'enfants des Premières Nations, Métis et Inuit, ont entrainé des changements socioculturels spectaculaires et dévastateurs pour tous les peuples autochtones, y compris le désengagement de leur culture (Reading et Wien, 2009). Ces répercussions entrainent des conditions de vie difficiles et ont un impact non négligeable sur l’état de santé de la population des Premières Nations qui ont une accessibilité plus restreinte au système de santé. En effet, comparativement au reste de la population canadienne, les Premières Nations au Québec ont une espérance de vie plus courte de 6-7 ans et une prévalence du diabète de 2 à 3 fois plus élevée (RRSPQ, 2008). De plus, Bhawra et collègues mettent en évidence que les enfants et les jeunes Autochtones sont plus exposés au risque de surpoids et d'obésité que les autres enfants canadiens (Bhawra et al., 2017). Il est important de souligner que les jeunes de moins de 30 ans représentent plus de 60 % de la population autochtone au Québec, comparativement à 39% dans le reste de la population canadienne (RRSPQ, 2008).

Les Autochtones de tous les groupes d’âge vivent avec un lourd fardeau de la maladie. Les enfants Autochtones sont parmi les plus vulnérables dus à plusieurs facteurs environnementaux mentionnés ci-haut comme l’accessibilité restreinte aux systèmes de santé et d’éducation, et l’offre alimentaire réduite mais également dus à plusieurs inégalités en lien avec différents déterminants sociaux de la

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santé comme l’histoire coloniale (Postl, Cook, and Moffatt, 2010).

1.1.2 Les déterminants de la santé

Les déterminants de la santé élaborés par le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec se divisent en 4 champs distincts soient les caractéristiques individuelles, les milieux de vie, les systèmes et le contexte global (Paquette, 2014). Tous ces champs influencent la santé de la population et la majorité sont des déterminants sociaux, c’est-à-dire produits par l’action humaine (Paquette, 2014). Selon l’Organisation mondiale de la santé, les déterminants sociaux de la santé sont les circonstances dans lesquelles les individus naissent, grandissent, vivent, travaillent et vieillissent ainsi que les systèmes mis en place pour faire face à la maladie (OMS, 2010). Ces déterminants sont l’une des principales causes des inégalités en santé puisque ces inégalités découlent de choix politiques, dépendent de la répartition du pouvoir, de l'argent et des ressources à tous les niveaux (mondial, national et local) (OMS, 2010). Les déterminants sociaux de la santé sont définis avec quelques différences à l'échelle internationale, nationale et locale et selon l’Association médicale canadienne, ils comprennent le revenu, le logement, l’éducation, le sexe et l’ethnicité (AMC, 2020). De plus, la santé publique du Canada spécifie que « l’expérience de discrimination ou d’un traumatisme historique est aussi un important déterminant social de la santé pour certains groupes comme les peuples Autochtones » (Gouvernement du Canada, 2018). D’autres déterminants étroitement reliés aux déterminants sociaux sont les déterminants écologiques de la santé qui soutiennent que l’être humain dépend de l’environnement pour vivre en santé et qu’inversement un environnement sain dépend grandement des décisions prises par l’être humain (ACSP, 2015).

Les enfants constituent un sous-groupe de la population parmi les plus affectés ou vulnérables à l’ensemble de ces déterminants notamment parce que leurs systèmes physiologiques sont toujours en développement (IBPN, 2013; INSPQ, 2018).

De

plus, les enfants peuvent être plus exposés à différents facteurs environnementaux que les adultes puisqu’ils absorbent plus d'air, consomment plus de nourriture et boivent plus d'eau en proportion de leur poids (Timmermann et al., 2014). Les enfants sont également potentiellement plus exposés aux facteurs environnementaux de par leur comportement (OMS, 2018). Par exemple, ils marchent à quatre pattes et jouent à même le sol, ce qui peut entraîner une exposition précoce à des substances chimiques lors de stades cruciaux du développement (OMS, 2018).

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les différentes populations Autochtones dans le monde, la littérature récente indique que certains déterminants ont une importance particulière pour la santé et le bien-être des peuples Autochtones (Postl, Cook, et Moffatt, 2010). Les peuples Autochtones soulignent le fait que ces déterminants sociaux sont vécus différemment par ceux-ci et doivent être explorés parallèlement à des facteurs plus pertinents sur le plan culturel (Bhawra et al., 2017). Plusieurs modèles de déterminants sociaux de la santé ont ainsi été développés. Reading et Wien classent les déterminants sociaux de la santé autochtone comme «distaux» (contexte historique, politique, social et économique), «intermédiaires» (infrastructure communautaire, ressources, systèmes et capacités) et «proximaux» (comportements en matière de santé et environnements physiques et sociaux) (Reading et Wien, 2009; ACSP, 2015). Ces déterminants peuvent vraisemblablement influencer nos choix alimentaires que ce soit par le contexte historique, les ressources alimentaires à proximité, l’influence de la famille sur nos choix de consommation, etc. Ces concepts seront abordés plus en détail ci-dessous. Ces modèles sont intéressants pour les peuples Autochtones qui vivent en lien étroit avec l’écosystème local et permettent de mieux conceptualiser les impacts à la fois positifs ou néfastes des environnements physiques, bâtis et même alimentaires sur la santé humaine (ACSP, 2015). Ce concept nous rapporte à l’effet des changements écologiques globaux sur la santé des populations liés à l’écotoxicité et aux contaminants d’intérêt émergent, la perte de biodiversité, l’épuisement des ressources, et les changements climatiques (ACSP, 2015). En effet, de par leur proximité avec leur environnement naturel et de leurs activités culturelles, les Autochtones sont souvent parmi les populations plus exposées aux contaminants qui s’accumulent dans certains des aliments traditionnels (Hoover et al., 2012). De plus, la transition alimentaire responsable d’une consommation accrue d’aliments ultra-transformés et emballés ainsi que les mauvaises conditions de logement en contexte autochtone pourraient contribuer à augmenter leur exposition à des contaminants chimiques d’intérêt émergents (Hoover et al., 2012).

1.1.3 L’environnement alimentaire et l’alimentation en contexte autochtone

L’environnement alimentaire est un déterminant très important de l’alimentation et ultimement de la santé, notamment en contexte autochtone. Selon le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, l’environnement alimentaire est l’ensemble des conditions dans lesquelles une personne a accès aux aliments, les achète et les consomme (MSSS, 2017). Bien que l’individu soit libre de choisir ses aliments, il est exposé quotidiennement à l’influence de l’environnement alimentaire qui module ses choix (MSSS, 2017; IBPN, 2013). En effet, dans certaines communautés des Premières Nations situées à proximité d’une grande ville, des machines distributrices de boissons gazeuses et énergisantes sont disponibles dans les écoles (CSSSPNQL, 2013). Par exemple, la Commission de

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la santé et des services sociaux des Premières Nations du Québec et du Labrador (CSSSPNQL) souligne que la consommation élevée de boissons sucrées dans les communautés Inuits et des Premières Nations est une source de préoccupations, particulièrement chez les jeunes. Leur grande accessibilité dans les communautés pourrait expliquer en partie leur importante consommation (CSSSPNQL, 2013; CSSSPNQL, 2011; Bergeron et al., 2015). De plus, une accessibilité difficile aux aliments frais et périssables (notamment en contexte éloigné ou isolé, i.e. non accessible par la route), le markéting alimentaire et le goût agréable des aliments ultra-transformés influencent les choix des consommateurs (Willows, 2005; Moubarac et al., 2017). Généralement, on retrouve, dans chacune des communautés Autochtones, au moins un magasin qui offre à la population des produits alimentaires et de consommation variés où les gens peuvent s’approvisionner, mais malheureusement sur les tablettes, il y a souvent plus d’aliments transformés et ultra-transformés que d’aliments frais. De plus, pour les communautés des Premières Nations non conventionnées (qui relèvent du gouvernement fédéral), le Portrait du diabète dans les communautés des Premières Nations du Québec de la CSSSPNQL montre que pour un panier d’épicerie composé des mêmes produits où le coût total des aliments est de 92,80 $, il en coûte 4,43 $ de plus en région éloignée, 29,94 $ de plus en région semi-isolée et 61,62 $ de plus en région isolée. Le coût total des aliments en région isolée est donc 66 % plus élevé que celui de la zone de référence (CSSSPNQL, 2011). Ces coûts supplémentaires orientent souvent la sélection des consommateurs vers des aliments à plus faibles coûts, mais plus transformés, plus riches en additifs alimentaires, plus emballés et ayant une faible valeur nutritionnelle (Willows, 2005; Moubarac et al., 2017).

1.2. La qualité de l’alimentation et ses effets sur la santé des enfants et des jeunes

Autochtones

1.2.1 La qualité et la transformation alimentaire

La façon plus conventionnelle de mesurer la qualité d’un aliment est de vérifier ses valeurs nutritives et de se référer au guide alimentaire. Cette méthode ne prend toutefois pas en compte le degré de la transformation des aliments ni l’emballage de ces derniers. Selon l’observatoire de la qualité de l’offre alimentaire de l’Université Laval, les critères qui définissent la qualité des aliments sont leurs aspects nutritifs (valeur nutritive), leur salubrité, la préparation/ transformation des aliments (ex : procédés alimentaires, additifs alimentaires), respectueux des personnes tout au long de la chaine bioalimentaire (ex : conditions de travail) et respectueux de l’environnement (Observatoire de la qualité de l’offre alimentaire, 2019). La transformation des aliments est définie comme l'ensemble des méthodes et techniques utilisées par les industries de l'alimentation, des boissons et des industries associées pour transformer des aliments frais entiers en produits

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alimentaires (Monteiro et al., 2010). Les procédés utilisés dans la production des produits alimentaires incluent la transformation et l’emballage, et comprennent le sel le sucre, la cuisson au four, la friture, la cuisson, le fumage, le décapage, le cannage, ainsi que l'utilisation de conservateurs et d'additifs cosmétiques, des minéraux et des types sophistiqués d'emballage (Monteiro et al., 2010). Bien que ces procédés créent des produits durables, accessibles, pratiques, attrayants et prêts à consommer, ils peuvent toutefois diminuer leur valeur nutritionnelle (Monteiro et al., 2010). En effet, comparativement à un régime composé d'aliments non transformés ou peu transformés, un régime contenant uniquement des produits ultra-transformés contient moins de la moitié des fibres alimentaires, presque six fois plus de sucres libres, beaucoup plus de sodium et de gras et a a une densité énergétique deux fois plus élevée (Moubarac et al., 2013). De plus, ces aliments ayant subi une transformation alimentaire sont souvent emballés, voire suremballés, dans différents contenants comme des boîtes de conserve, des emballages en plastiques ou des cartons plastifiés. Ces emballages contiennent des contaminants qui migrent dans les aliments avant de se faire consommer (Galloway et al., 2015; Tittlemier, Pepper & Edwards, 2006; Trudel et al., 2008; Healy et al., 2015; Rivas et al., 2016; Sungur, Koroglu & Ozkan, 2014; Guart et al., 2011). Ces procédés de transformation peuvent également introduire des contaminants dans la chaine alimentaire par la manipulation ou le contact avec du matériel dans les usines de transformations (Ex : tuyau en polychlorure de vinyle (PVC) (Chege et Ndungu, 2016). En conséquence, ces différents aspects devraient être pris en compte lorsqu’on désire évaluer la qualité de l’alimentation et pour orienter nos choix dans les supermarchés.

1.2.2 La transition alimentaire chez les Premières Nations

Le concept de transition alimentaire se définit par des changements majeurs dans les habitudes alimentaires ainsi que dans l’activité physique chez une population (Popkin, 2006). La transition alimentaire rapide chez les Autochtones se caractérise par une diminution de la consommation des aliments traditionnels ayant une plus grande qualité alimentaire, mais plus monotone vers des aliments du marché qui sont plus transformés et diversifiés (Anand et al., 2015; Moubarac et Batal, 2016; Chan et al., 2014; CSSSPNQL, 2011). Celle-ci est causée par plusieurs facteurs interreliés, notamment la perte de territoires, le déclin de certaines espèces animales, la présence de contaminants ou des inquiétudes face à leur présence éventuelle dans ces dernières, la sédentarisation forcée, et les traumas historiques (Bergeron et al., 2015). Par exemple, l’accès à un territoire de chasse ou la présence d’un chasseur dans la famille qui est un déterminant positif important pour l’accès et la consommation d’aliments traditionnels (Bergeron et al., 2015). La rareté de certaines espèces ou la modification de leurs parcours migratoires expliquent aussi en

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grande partie la diminution graduelle de la pratique des activités entourant l’acquisition des aliments provenant de la chasse, de la trappe, de la pêche et de la cueillette. Par ailleurs, plusieurs personnes des Premières Nations ayant été forcées de manger différentes sortes de légumes dans les pensionnats refusent désormais d’en consommer (Bergeron et al., 2015). Finalement, les changements climatiques peuvent avoir des impacts sur l’alimentation notamment via à l’amincissement de l’épaisseur de la glace, les fluctuations climatiques ou l’accès à l’eau, qui peuvent restreindre l’accessibilité des populations aux territoires et à leurs ressources (Bergeron et al., 2015). Il a été largement démontré que la fréquence, la quantité et la variété de la nourriture traditionnelle consommée dans les communautés Autochtones ont diminué au cours des dernières décennies (Bergeron et al., 2015).

Une alimentation traditionnelle est principalement composée de viandes sauvages, poissons, et petits fruits qui sont riches en protéines, en gras polyinsaturés, en vitamines et en alors qu’une alimentation de type commerciale est souvent riche en sucres, en sel ajoutés et en gras saturés (Bergeron et al., 2015). La transition alimentaire d’une alimentation traditionnelle vers une alimentation plus commerciale est bien réelle dans les communautés des Premières Nations (CSSSPNQL, 2011). De plus, elle est souvent plus prononcée chez les jeunes générations, alors que les aliments traditionnels demeurent plus souvent consommés par les ainés, (CSSSPNQL, 2011; Kuhnklein et al., 2004). Des stratégies de marketing multimédia extrêmement efficaces auprès des enfants et des adolescents canadiens ainsi que les emballages attrayants et des aliments fortement palatables augmentent le désir de consommation chez cette clientèle (Monteiro et al., 2013). Cette transition alimentaire a donc eu pour conséquence de diminuer la qualité de l’alimentation des communautés Autochtones, et ceci avec un effet de plus en plus important d’une génération à l’autre. De plus, la transformation des habitudes alimentaires n’a pas seulement créé des modifications sur le plan des habitudes de vie, mais elle a également été associée à des bouleversements de nombreux autres déterminants de la santé, dont la perte de l’autonomie sur le plan économique et politique, l’altération de repères culturels et sociaux, des réseaux sociaux de partage d’aliments et dans la transmission des savoirs traditionnels aux plus jeunes générations (Willows, Hanley, et Delormier , 2012).

1.2.3 La transformation alimentaire et ses effets sur la santé des jeunes Autochtones

En 2016, le ministère de la Santé et des Services sociaux a soulevé que les enjeux sociaux et de santé reliés à la transformation alimentaire industrielle nourrissent d’importantes discussions au sein de la société, dans les communautés scientifiques et le milieu d’affaires au Québec et ailleurs dans

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le monde (MSSS, 2017). Les pratiques de transformation alimentaire actuelles et leurs impacts sur la qualité de l’alimentation, de même que sur les modes de consommation, la santé et le bien-être sont mal documentés. Bien que davantage de travail soit nécessaire pour comprendre l'impact des produits alimentaires ultra-transformés sur la santé humaine et les maladies, ainsi que sur les sociétés, l’économie, l'environnement et la biosphère, les preuves actuellement disponibles sont déjà bien suffisantes pour justifier des actions de santé publique (Monteiro et al., 2010). Une revue systématique publiée en 2018 soulève que 6 études longitudinales ont mis en évidence une association positive entre la consommation d’aliments ultra-transformés (les collations caloriques, les aliments préparés ou provenant de la restauration rapide) et une masse graisseuse plus élevée durant l’enfance et l’adolescence (Costa et al., 2018). De plus, ce type d’alimentation peut engendrer plusieurs carences en vitamines et minéraux, et amener un déficit nutritionnel important principalement chez les jeunes en croissance. Chez les communautés des Premières Nations comme partout dans le monde, il est démontré qu’une diète de faible qualité nutritionnelle a été associée à une épidémie de diabète de type 2 (Reading and Wien, 2009). De plus, selon la littérature, de nombreux problèmes de santé vécus par les Autochtones sont associés à la consommation d’une proportion importante d’aliments transformés, notamment l'anémie, les caries dentaires, l'obésité, les maladies cardiaques et le diabète (Willows, 2005). Toutefois, bien que plusieurs études mettent en évidence les conséquences de l’alimentation transformée sur la santé des jeunes Autochtones, il serait intéressant de vérifier la contribution de l’exposition à des contaminants chimiques venant de la transformation et des emballages alimentaires à la proportion grandissante d’obésité et de maladies chroniques chez ces populations.

1.3 Les aliments et l’exposition aux contaminants d’intérêt émergent

1.3.1 Bisphénol A (BPA)

Le BPA est un composé chimique synthétique utilisé dans la production du plastique polycarbonate (récipients en plastique réutilisable, bouteille d’eau réutilisable, gobelets, etc.) et des résines d’époxy (Cao et Corriveau, 2008; Rivas et al., 2016; Rudel et al., 2011). Le BPA est aussi utilisé dans plusieurs produits tels que les produits de soins personnels, les matériaux de construction, les DVD, les appareils électroniques, certains instruments médicaux ainsi que dans l’équipement sportif et de protection (National Toxicology Program, 2010). Tel que détaillé dans le tableau 1 on retrouve le BPA dans plusieurs emballages alimentaires comme l’intérieur des boites de conserve, l’intérieur du couvercle des pots Masson (anciens modèles), les contenants de plastiques en polycarbonate, dans les scellants des bouchons de bouteilles et dans les reçus de caisse (Heindel, Newbold, et Schug, 2015; Guart et al., 2011). Les produits en plastique à éviter parce qu’ils

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contiennent du BPA sont identifiés par le symbole de récupération accompagné du numéro 7 et des lettres PC (pour polycarbonate) sur le fond du contenant (Parent, 2009). En 2007, un examen des expositions alimentaires et non alimentaires au BPA a conclu que les sources alimentaires avaient contribué à plus de 99% de l'exposition globale au BPA chez les enfants de 18 mois à 5 ans aux États-Unis (Geens et al., 2012). Tel que détaillé dans le Tableau 2, quelques études ont détecté du BPA dans des échantillons d'aliments tels que des produits laitiers, des pâtisseries, des viandes transformées et plusieurs aliments en conserve comme des légumineuses, des soupes, du lait évaporé et des aliments pour bébés (Beltifa et al., 2017; Cao et al., 2019; Cao et al., 2011; Santonicola et al., 2019; Sungur, Koroglu, et Ozkan, 2014).

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Tableau 1 : Type d’emballage alimentaire pouvant contenir des PFAA ou BPA

Type d'emballage BPA PFAA

Boîte de conserve métallique/ Résine d'époxy dans le couvercle

Beltifa et al. 2017; Rivas et al. 2016. Healy et al. 2015.

Wu et al. 2015.

Papier thermal (Ex: reçus de caisse) Beltifa et al. 2017.

Contenant de plastique en polycarbonate (Ex: récipients de plastique réutilisable, bouteille d'eau réutilisable, gobelets, bouteille de jus rigide)

Rivas et al. 2016; Rudel et al. 2011; Cao et al. 2008.

Sac de popcorn pour le micro-ondes Tittlemier et al. 2007; Wu et al. 2015; Parent et al. 2009.

Emballage alimentaire résistant à l'eau et à la graisse (Ex: papier ciré)

Tittlemier et al. 2007; Trudel et al. 2008; Parent et al. 2009.

Couvercles de pot Masson (ancien modèle) Sungur et al. 2013.

Canettes d'aluminium Sungur et al. 2013; Parent et al. 2009.

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Tableau 2 : Revue de la littérature sur les aliments pouvant contenir du BPA

Étude Année de la collecte de donnée Aliments contenant BPA

Sungur et al., 2014

Mesuré dans l’échantillon alimentaire

Non spécifié Haricots en conserve, maïs en conserve, pois en conserve, pâte de tomates en conserve, thon en conserve, crème dans emballage boîte de carton, lait dans boîte de carton, jus dans boîte de carton, pouding dans boîte de carton, champignon dans pot de verre, cornichon dans pot de verre. Cao and et., 2011

Mesuré dans l’échantillon alimentaire

2008 Aliments pour bébés dans pot de verre et en conserve, fromage, beurre, lait évaporé en conserve, viande transformée, viande en conserve, volaille, soupe en conserve, pain, céréales, légumes en conserve, fruits en conserve, aliments ultra-transformés. Cao and et., 2019

Mesuré dans l’échantillon alimentaire

2016 Lait évaporé en conserve, soupe en conserve, haricots frais, haricots en conserve, betteraves fraîches, betteraves en conserve, maïs congelé, maïs en conserve, pois congelés, pois en conserve, tomates en conserve.

Santonicola et al., 2019

Mesuré dans l’échantillon alimentaire

Non spécifié Lait cru.

Grumetto et al., 2013

Mesuré dans l’échantillon alimentaire

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Les études de toxicocinétique du BPA chez l'homme, par voie orale, indiquent une absorption très rapide de la molécule qui se métabolise par glucuronidation dans la paroi intestinale et du foie, pour ensuite être éliminée via les urines (INRS, 2018). Les niveaux urinaires de BPA reflètent une exposition récente à ces substances puisque sa demi-vie est seulement de quelques heures (environ 5h) (Geens et al., 2012). Des concentrations de BPA urinaire total (libre et conjugué) ont été détectés dans 90% de la population américaine avec des expositions plus élevées observées chez les Noirs non hispaniques, les enfants, les femmes et les personnes de statut socioéconomique plus faible (Zota, Phillips, and Mitro, 2016). Dans l’initiative de biosurveillance des Premières Nations, les femmes adultes de 20 ans et plus avaient également un niveau plus élevé de BPA urinaire que les femmes du même âge de la population canadienne inclus dans le cycle 1 de l’ECMS (2007 à 2009) (IBPN, 2013). À notre connaissance, aucune étude n'a documenté l'exposition au BPA chez les jeunes Autochtones du Canada.

Au cours des dernières années, le gouvernement du Canada a examiné les effets du BPA sur la santé et a conclu que les niveaux d'exposition de la population canadienne sont inférieurs à ceux qui pourraient avoir des effets sur la santé, bien qu'il soit mentionné que certaines préoccupations demeurent quant aux conséquences potentielles sur la santé d'une exposition chronique à de faibles doses de BPA (Santé Canada, 2018). Par conséquent, des mesures ont été prises pour protéger davantage les nouveau-nés et les nourrissons en interdisant la fabrication, l'importation, la publicité et la vente de biberons contenant du BPA, depuis 2010 (Santé Canada, 2018). En outre, depuis 2014, le gouvernement du Canada interdit l'utilisation d'emballages contenant du BPA pour les préparations liquides pour nourrissons (Santé Canada, 2018). Néanmoins, aucune mesure systémique n'a été prise pour éliminer le BPA des autres aliments du marché consommés par les enfants et les jeunes.

1.3.2 Acides perfluoroalkylés (PFAA)

Les PFAA sont un groupe de produits chimiques hautement persistants sans sources naturelles connues; leur production et leur utilisation depuis les années 1950 ont mené à la contamination de la faune et des humains dans le monde entier (Ostertag et al., 2009). Ils sont produits synthétiquement et sont largement utilisés au niveau commercial et industriel notamment pour leurs propriétés hydrophobes et lipophobes (Timmermann et al., 2014). C’est pour ces raisons que les sources d’exposition aux PFAA sont multiples: eau, aliments, emballages des aliments, tapis, meubles, vêtements traités pour résister à l’eau et aux taches, poussières de maison, cires et certains aérosols

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(Timmermann et al., 2014). Les PFAA font partie de la grande famille des substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées (PFAS) qui regroupent des milliers de substances chimiques (Zeng et al., 2015). Les PFAA sont des chaînes de carbones liées avec du fluor: cette forte liaison chimique permet aux substances d’être très résistantes et persistantes dans l’environnement (Zeng et al., 2015). Ces produits chimiques comprennent l'acide perfluorooctanoïque (PFOA), l'acide perfluorononoïque (PFNA) et les sulfonates perfluorés tels que l'acide perfluorooctane sulfonique (PFOS) et l'acide perfluorohexane sulfonique (PFHxS), qui sont tous des PFAA. La demi-vie des PFAA est très variable et l'exposition à ces contaminants est mesurée dans le plasma (Stein et Savitz, 2011). La demi-vie des PFOS et des PFOA chez l’humain est respectivement de 3,5 et 4,8 ans, tandis quepour le PFHxS, elle est de 7,3 ans (Olsen et al., 2007). Le PFNA quant à lui a une demi-vie de 2,5 ans (Zhang and al., 2013).

Plusieurs types d’emballages alimentaires tels que les emballages en papier ainsi que les emballages résistants à l’eau et à la graisse) ont été recensés dans la littérature comme pouvant contaminer directement la nourriture à certains PFAA (Tableau 1) (Tittlemier et al., 2007; Trudel et al., 2008). Le tableau 3 détaille cinq études dans lesquelles plusieurs PFAA ont été mesurés dans les aliments. La consommation de maïs soufflé allant aux micro-ondes, de beurre, de margarine, de restauration rapide, de viande transformée, de produits laitiers et de biscuits a été associée à des concentrations plus élevées de PFAA dans le plasma sanguin (Tableau 3) (Wu et al., 2015). Le tableau 4 détaille trois études épidémiologiques qui ont mis en évidence des associations positives entre la consommation de certains aliments et des concentrations sériques plus élevées de PFAA. Deux de ces études ont notamment trouvé une association positive spécifiquement entre la consommation de produits laitiers et l’exposition aux PFAA (Tableau 4) (Park et al., 2019; Wu et al., 2015).

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Tableau 3 : Revue de la littérature sur les aliments pouvant contenir des PFAA (mesuré dans l’échantillon

alimentaire).

Étude Année de la collecte de

donnée

Aliments PFAA détecté

Vestergren et al., 2012

Mesuré dans l’échantillon alimentaire

2010 Produit laitier PFHxS, PFOA

Viande PFOS. PFOA, PFDA, PFHxS

Gras PFOS

Poisson PfOS, PFOA, PFNA, PFDA, PFHxS Oeuf PFOA, PFOS Céréales PFOA Légumes (incluant

légumes racines)

PFOA, PFOS Fruits PFOA

Produit laitier PFHxS, PFOA Viande PFOS. PFOA, PFDA,

PFHxS Erikkson et al., 2013

Mesuré dans l’échantillon alimentaire

2012 Lait PFUnDA, PFNA

Poisson PFUnDA, PFOA, PFOS Yogourt PFOS Wang et al., 2010 Mesuré dans l’échantillon alimentaire

2008 à 2009 Lait PFNA, PFHpA

Yogourt PFOA Domingo et al., 2012

Mesuré dans l’échantillon alimentaire

2011 Poisson et mollusque PFOS, PFOA, PFHpA, PFHxS, PFDS

Laitue PFOA, PFHpA, PFHxS Carotte PFOA

Produit laitier PFOA, PFHpA Oeufs PFHpA Jambon PFHxS Saucisse PFHxS

Pâtes PFDS

Fruit de mer PFDA Patates PFDA

Pomme PFDA

Orange PFDA

Produit en canne PFDA, PFHxS, PFDS Haug et al., 2010

Mesuré dans l’échantillon alimentaire

2008 à 2009 Margarine PFHxS, PFOS, PFHxA, PFOA

Pain PFHxS, PFOS, PFHxA, PFOA, PFNA

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Porc PFHxS, PFOS, PFOA, PFDA

Oeuf PFHxS, PFOS, PFHxA Saumon PFHxS, PFOS

Morue PFHxS, PFOS

Fruits et légumes PFOS, PFHxA, PFOA, PFDA

Fromage PFOS, PFNA

Lait PFOS, PFHxA, PFOA, PFDA

Bœuf PFOS, PFOA, PFNA Poulet PFOS, PFOA Bâtonnets de poissons PFOS Produits en canne PFOS Ostertag et al., 2009

Mesuré dans l’échantillon alimentaire

1998 Biscuits PFOA, PFNA

Fromage PFOA, PFOS Piments PFOA

Pizza PFOA

Viandes transformées PFNA Tittlemier et al., 2007

Mesuré dans l’échantillon alimentaire

2004 Bœuf PFNA, PFOA, PFOS

Popcorn allant au micro-ondes

PFOA Poisson PFOS

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Tableau 4 : Revue de la littérature sur les aliments pouvant contenir des PFAA (étude d’association). Étude Population Collecte de donnée Exposition :

Aliments Issue : PFAA détecté Mesure d’association (95% CI) Variables d’ajustement Halldorsson et al.,2008 Étude d’association 1076 femmes enceintes 1996 à 2002 Variables alimentaires ont été catégorisés en quartile, un questionnaire de fréquence alimentaire a été réalisé au milieu de la grossesse Niveau de PFOS dans le plasma (ng/mL) Différence de moyenne des concentrations de PFOS dans le plasma (ng/mL) (IC à 95%) Parité, statut fumeur, âge maternelle, IMC avant la grossesse, statut socio-conomique Viande rouge PFOS 4,3 (2,1-6,5)

Graisse animale PFOS 3,4 (1,2-5,6) Collations du marché PFOS 2,0 (0,3- 3,6) Wu et al., 2015 Étude d’association 2007 à 2009 Fréquence de la consommation de l’aliment (fois/semaine) traité en variable continue, questionnaire de fréquence alimentaire Niveau de PFAA dans le plasma (ng/mL) Pente (écart-type) p-valeur 149 adultes de la Calfornie Margarine/beurre PFNA 0,04 (0,04) p=0,02 Âge, exposition professionnelle Boeuf PFOS 0,08 (0,03) p=0,03 Viande en canne PFOS 0,18 (0,07)

p=0,01 Viande en canne PFHxS 0,19 (0,08)

p=0,02 Thon et poisson blanc

frais

PFHxS 0,17 (0,08) p=0,05 Poisson d’eau douce PFOS 0,50 (0,14)

p=0,00 68 enfants de la californie Hot-dog PFOS 0,22 (0,08) p=0,01 Âge, fréquence d’utilisation de vêtements imperméables Frites PFNA 0,17 (0,08) p=0,05 Croustilles PFOA 0,07 (0,03) p=0,01

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Étude d’association entre 45 et56 ans biannuels; De 1996-1997 à 2016-2017 de consommation alimentaire, questionnaire de fréquence alimentaire PFAA dans le plasma (ng/mL) géométrique non-ajustée (IC à 95%) p-valeur ajustement Poisson Tertile 1 : Tertile 2 : Tertile 3 : PFNA 0,51 (0,48-0,53) 0,54 (0,51-0,56) 0,61 (0,57-0,65) p<0,0001 Produit laitier Tertile 1 : Tertile 2 : Tertile 3 : PFOA 3,88 (3.65, 4.12) 4,08 (3.87, 4.30) 4,26 (4.05, 4.48) p=0,01 Produit laitier Tertile 1 : Tertile 2 : Tertile 3 : PFHxS 1,37 (1,27-1,48) 1,61 (1,50-1,73) 1,78 (1,65-1,93) p<0,0001 Pizza Tertile 1 : Tertile 2 : Tertile 3 : PFOA 3,64 (3,37-3,93) 4,01 (3,79-4,24) 4,32 (4,14-4,52) p<0,0001 Pizza Tertile 1 : Tertile 2 : Tertile 3 : PFOS 6,62 (6,05-7,25) 7,12 (6,70-7,58) 7,59 (7,19-8,02) p=0,005 Collation salée Tertile 1 : Tertile 2 : Tertile 3 : PFOA 3,18 (2,94-3,44) 3,94 (3,71-4,18) 4,51 (4,33-4,70) p<0,0001 Collation salée Tertile 1 : Tertile 2 : Tertile 3 : PFOS 21,59 (20,08-23,20) 24,15 (22,78-25,60) 27,76 (26,59-28,99) p<0,0001 Frites PFOA

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Tertile 1 : Tertile 2 : Tertile 3 : 3,68 (3,46-3,92) 4,12 (3,83-4,43) 4,28 (4,10-4,46) p=0,0005 Frites Tertile 1 : Tertile 2 : Tertile 3 : PFOS 6,47 (6,02-6,95) 7,26 (6,70-7,87) 7,67 (7,27-8,08) p=0,0006

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Alors que certains anciens PFAA ont vu leur production et leur utilisation à l'échelle mondiale restreintes au fil des ans, d'autres PFAA plus récents avec de plus longues chaînes de carbone ne sont pas entièrement réglementés. La convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants est un accord international visant à réglementer la production et l’utilisation de certains produits contaminants (Convention de Stockholm, 2017). Le PFOS a été interdit par la Convention de Stockholm en 2009, tandis que le PFOA a été interdit que récemment (mai 2019). Le PFHxS est toujours à l'étude par le comité pour son inclusion dans la convention afin d’être réglementé (Convention de Stockholm, 2017). En 2016, le gouvernement du Canada a modifié le Règlement canadien sur l'interdiction de certaines substances toxiques pour y ajouter plusieurs PFAA, y compris ceux à chaines plus longues comme le PFNA (Gouvernement du Canada, 2016). Toutefois, ces substances sont toujours produites dans d’autres pays comme la Chine, et pourraient toujours se retrouver dans des emballages alimentaires ou les aliments ultra-transformés et produits importés au Canada. Le PFOA et le PFNA pourraient également provenir de la dégradation de d’autres types de composés perfluorés comme les alcools fluorotélomères (FTOH). Les FTOH semblent moins règlementés et sont encore utilisés comme intermédiaires dans de nombreux produits de consommation et industriels comme les peintures, l'électronique, les revêtements tels que les emballages en papier alimentaire et les cires (Dinglasan et al., 2004; Fiedler, Pfister & Schramm, 2010).

1.4. Le système endocrinien et ses liens avec le système cardiométabolique et le

développement de l’enfant

Le système endocrinien est un système très complexe, responsable d’une multitude de processus dans le corps. Différentes hormones régulent la physiologie de ces processus par des voies de signalisation notamment dans le système gastro-intestinal, le pancréas, les muscles, le foie, les tissus adipeux et le cerveau qui régulent à leur tour différentes cellules (Casals-Casas et Desvergne, 2011; Heindel, Newbold, et Schug, 2015). Les hormones produisent des effets en agissant sur des protéines spécifiques qu’on appelle récepteurs. Les récepteurs sont spécialisés et limités dans leur nombre, dans le temps et dans leur effet lors de la liaison avec l’hormone (Bergman et al., 2012).

Le système endocrinien régule de près le contrôle du poids (Bergman et al., 2012). L’obésité est une maladie causée par plusieurs facteurs génétiques, comportementaux et environnementaux (Bergman et al., 2012). En effet, les oestrogènes, les androgènes, les glucocorticoïdes et les hormones thyroïdiennes jouent un rôle important dans le développement du tissu adipeux, dans le

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métabolisme et dans la sensation de satiété (Bergman et al., 2012). La leptine est aussi une hormone importante pour la digestion et celle-ci régule la sensation de satiété et les réserves de graisse (Liu et al., 2018). La résistance à la leptine est étroitement impliquée dans la pathogenèse de l'obésité et des maladies métaboliques, notamment le diabète, les maladies cardiovasculaires, etc. (Liu et al., 2018). Le diabète de type 2 est également causé par une défaillance du système endocrinien. En effet, l’insuline est une hormone centrale dans la régulation de la glycémie (Sesti, 2006). Celui-ci survient lorsque le corps ne peut pas utiliser correctement l’insuline produite par le pancréas (la résistance à l’insuline) ou la sécrétion de l’insuline par le pancréas n’est plus suffisante (Bergman et al., 2012). La résistance à l'insuline est une caractéristique de plusieurs autres maladies, notamment l'obésité, la dyslipidémie et l'hypertension puisque l’insuline réduit également la libération des acides gras du tissu adipeux et augmente la synthèse lipidique au niveau hépatique et des cellules adipeuses (Sesti, 2006).

Le système endocrinien régule également la fonction thyroïdienne. La fonction thyroïdienne est contrôlée par la sécrétion d’une hormone protéique sécrétée par l’hypophyse, la TSH (thyrotropine) (Bergman et al., 2012). La TSH agit sur la glande thyroïde qui est située à la base de la gorge et qui à son tour sécrète les hormones thyroïdiennes: triiodothyronine (T3) et thyroxine (T4) (Bergman et al., 2012). La T4 n’est pas considérée comme une hormone active, elle est convertit en T3 (forme biologiquement active) dans les cellules cibles (figure 1) (Bergman et al., 2012). Les hormones thyroïdiennes jouent un rôle majeur dans la croissance, le métabolisme, la maturation et le fonctionnement du cerveau et, en particulier pendant l'enfance, le dysfonctionnement de la thyroïde ayant été associé à des anomalies neurologiques et comportementales, notamment des déficits du langage et de l'attention, une diminution de la mémoire et des troubles de la motricité fine (Venero et al, 2005; Zoeller et Rovet, 2004.)

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Figure 1 Sécrétion des hormones thyroïdiennes (Visser, 2018).

1.5 Les contaminants agissant comme perturbateurs endocriniens et leurs effets sur la

santé cardiométabolique

Le BPA et les PFAA sont des perturbateurs endocriniens connus ou suspectés (Stojanoska et al., 2017; Timmermann et al., 2014; Zota, Phillips, et Mitro, 2016). On nomme perturbateurs endocriniens des contaminants qui imitent ou bloquent sélectivement certaines hormones et empêchent les fonctions endocriniennes normales (Casals-Casas and Desvergne, 2011). Selon l’OMS, les perturbateurs endocriniens se définissent comme « une substance exogène ou un mélange qui modifie les fonctions du système endocrinien et par conséquent provoque des effets néfastes sur la santé dans un organisme intact, sur sa descendance ou dans une population » (Bergman et al., 2012). Certains perturbateurs endocriniens peuvent agir sur le récepteur de l’hormone (protéines spécifiques), et d’autres peuvent agir sur l’ensemble des protéines qui contrôlent la libération d’une hormone à sa cellule cible (Bergman et al., 2012).

Dans le contexte de la santé métabolique, les perturbateurs endocriniens peuvent agir selon différents mécanismes, notamment en altérant le signal responsable du développement du tissu adipeux, en augmentant le nombre de cellules graisseuses, en altérant la sensation de satiété dans le cerveau et finalement en s’attaquant au tissu et glandes endocriniennes comme le pancréas, les tissus graisseux et le foie qui en retour, altèrent la sensibilité à l’insuline et le métabolisme des lipides (Bergman et al., 2012).

Il est important de souligner que les jeunes, dont la croissance et le développement dépendent fortement du système endocrinien, sont particulièrement vulnérables à ces contaminants (Rivas et

Figure

Tableau 1 : Type d’emballage alimentaire pouvant contenir des PFAA ou BPA
Tableau 2 : Revue de la littérature sur les aliments pouvant contenir du BPA
Tableau 3 : Revue de la littérature sur les aliments pouvant contenir des PFAA (mesuré dans l’échantillon
Tableau 4 : Revue de la littérature sur les aliments pouvant contenir des PFAA (étude d’association)
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Références

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