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Relation entre la phobie sociale et la victimisation par les pairs à l'adolescence

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RELATION ENTRE LA PHOBIE SOCIALE ET LA VICTIMISATION PAR LES PAIRS À L’ADOLESCENCE

Mémoire présenté

à la Faculté des études supérieures de l’Université Laval

pour l’obtention

du grade de maître en psychologie (M. Ps.)

École de psychologie

FACULTÉ DES SCIENCES SOCIALES UNIVERSITÉ LAVAL

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Résumé

Sur le plan empirique, la phobie sociale et la victimisation affectent l’estime de soi et provoquent du retrait social et de la solitude chez certains adolescents qui en souffrent. De plus, les modèles étiologiques associent l’émergence de ces problématiques à un déficit d’habiletés sociales, à de l’inhibition sociale ainsi qu’aux relations inadéquates avec les pairs. Toutefois, aucune donnée ne permet de lier ces phénomènes empiriquement. Cette recherche vise à vérifier l’existence d’une relation entre la phobie sociale et la victimisation par les pairs à l’adolescence. Dix-neuf adolescents âgés de 14 à 19 ans et qui sont atteints d’une phobie sociale composent le groupe cible. Le groupe de comparaison comprend 19 pairs sociables tirés d’un échantillon plus vaste et jumelés selon le sexe et l’âge avec les participants anxieux. Une ANOVA effectuée sur les scores de victimisation révèle que les adolescents atteints d’une phobie sociale sont davantage victimisés que leurs pairs non anxieux (p < ,0001). L’absence d’amis significatifs pourrait

expliquer qu’un fort pourcentage des adolescents atteints d’une phobie sociale soient victimisés.

François Grimard lean^Màfie Boisvert

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Avant-propos

Le temps est maintenant venu de déposer ma plume... et d’exprimer aux personnes qui m’ont soutenu au cours de ce périple à quel point leur appui a été apprécié. Mes premiers

remerciements sont pour Marie-Ève Moufette qui a su m’encourager dans les moments difficiles. Son apport intellectuel et sa grande disponibilité ont été le phare qui m’a permis de traverser la mer. Merci également à Jean-Marie Boisvert, mon directeur, pour la confiance qu’il m’a

témoignée. Ses conseils, sa disponibilité et ses propos rassurants m’ont été d’un grand secours à plus d’une reprise.

Je désire également remercier Vicky Lavoie pour ses encouragements. Nos nombreuses conversations ont été bien agréables ! Je tiens aussi à souligner l’apport de Hans Ivers pour ses conseils statistiques qui m’ont été d’une aide précieuse.

Enfin, j’aimerais te remercier, Hélène, pour ta compréhension, ta patience et ta sollicitude. Tes sentiments pour moi ont été une source de force inestimable.

François Grimard Québec, le 10 juin 2003

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Table des matières

Résumé... 1

Avant-propos... Table des matières... 3

Liste des tableaux et figures... 5

Introduction générale... 6

ARTICLE : Relation entre la phobie sociale et la victimisation par les pairs à l’adolescence... 11

Introduction... 12 Méthode... 16 Participants... 16 Groupe cible... 16 Groupe de comparaison... 17 Instruments de mesure... 17

Questionnaire sur la victimisation... 17

Social Phobia and Anxiety Inventory... 18

Anxiety Disorders Interview Schedule pour enfants et parents... 18

Procédure... 19

Recrutement des adolescents atteints d’une phobie sociale... 19

Consentement éclairé des adolescents atteints d’une phobie sociale... 19

Recrutement des pairs sociables... 2.0 Consentement éclairé des pairs sociables... 21

Administration des questionnaires... 21

Résultats... 22

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Analyses préliminaires... 23

Analyse principale... 24

Analyses complémentaires... 25

Discussion... 26

Références ... 30

Note des auteurs... 35

Figures et tableaux... 36

Conclusion générale... 43

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Liste des tableaux et figures Figure 1

Modèle développemental de la phobie sociale... 36 Figure 2

Modèle séquentiel du rejet social... ... 37 Figure 3

Modèle séquentiel des causes proximales et des conséquences des relations difficiles avec les pairs... 38 Tableau 1

Moyennes (M), écarts-types (É-T) et analyse de variance des résultats au SPAI selon la présence ou non d’une phobie sociale... 39 Tableau 2

Moyennes (M), écarts-types (É-T) et analyse de variance des scores de victimisation selon la présence ou non d’une phobie sociale... 40 Tableau 3

Moyennes (M), écarts-types (É-T) et analyse de variance du nombre d’amis selon la présence ou non d’une phobie sociale... 41 Tableau 4

Réponse des adolescents à la question « Combien de bons amis as-tu dans ta

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Introduction générale

Selon la quatrième édition du Diagnostic and Statistical Manual for Mental Disorders (DSM-IV) (American Psychiatrie Association, 1994), la phobie sociale consiste en une peur persistante d’une ou plusieurs situations sociales ou de performance où est en contact avec des personnes plus ou moins familières ou bien est exposé à l’observation d’autrui. Il craint alors d’agir d’une manière embarrassante ou de montrer des signes d’anxiété tout en reconnaissant le caractère excessif et irrationnel de sa peur. Ces situations suscitent invariablement chez l’individu de l’anxiété ou elles sont évitées. Ce diagnostic n’est posé que si l’anxiété nuit de façon

importante aux activités quotidiennes, au fonctionnement professionnel ou scolaire, aux activités sociales ou entraîne une souffrance considérable. La forme généralisée de ce trouble mental est caractérisée par la présence d’anxiété dans la plupart des situations sociales. La phobie sociale peut également n’être ressentie qu’à l’intérieur d’une situation sociale bien précise; elle est alors qualifiée de spécifique. L’anxiété sociale pourrait être représentée à l’aide d’un continuum où l’absence d’anxiété ferait graduellement place à une anxiété sociale plus sévère prenant la forme d’une phobie sociale à l’autre extrémité (Rapee & Heimberg, 1997).

Aux États-Unis, la phobie sociale est le trouble anxieux le plus répandu dans la population et le troisième désordre mental en importance après l’alcoolisme et la dépression majeure. Des études épidémiologiques basées sur les critères diagnostiques du DSM-III-R (American

Psychiatrie Association, 1987) évaluent sa fréquence à 7,9 % sur une période de 12 mois, alors que sa prévalence à vie est de 13,3 % (Kessler et al., 1994). L’âge moyen d’apparition de la phobie sociale se situe vers le milieu ou la fin de l’adolescence (Schneier, Johnson, Homing, Liebowitz & Weissman, 1992). Des données recueillies auprès de 3021 jeunes Allemands âgés de 14 à 24 ans (Wittchen, Stein & Kessler, 1999) montrent que 90 % des personnes souffrant d’une phobie sociale généralisée et 70 % des personnes atteintes d’une phobie sociale spécifique

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présentaient des symptômes d’anxiété sociale avant l’âge de 18 ans. Toujours selon cette étude, la fréquence de la phobie sociale pour une période de 12 mois s’établit à 5,2 % alors que sa

prévalence à vie atteint 7,3 %. Enfin, 75,8 % des répondants souffrent toujours d’une phobie sociale lors d’une deuxième évaluation réalisée à un an d’intervalle, ce qui indique qu’il s’agit d’un trouble chronique. Des données canadiennes situent pour leur part la fréquence de la phobie sociale à 7,1 % selon les critères du DSM-III-R (Stem, Walker & Forde, 1994). La similitude des données sur la fréquence et la prévalence de la phobie sociale obtenues dans ces différentes études donne beaucoup de poids à ces résultats.

La phobie sociale a d’importantes conséquences sur le développement des adolescents. Selon Albano, Chorpita et Barlow (1996), ceux qui en sont atteints obtiennent en moyenne des résultats scolaires inférieurs à leurs pairs et présentent un réseau social beaucoup moins étendu. Une étude de Beidel, Turner et Morris (1999) montre que 10 % des enfants souffrant d’une phobie sociale refusent d’aller à l’école. Les adolescents atteints d’une phobie sociale présentent des risques plus élevés d’abus de substances (Kessler et al., 1994) et de développer des épisodes de dépression majeure (Last, Perrin, Hersen & Kazdin, 1992). D'après Davidson, Hughes, Georges et Blazer (1993), la phobie sociale peut entraîner, chez certains jeunes qui en souffrent, une préoccupation accrue pour la mort qui s'accompagne d'un désir persistant de mourir. Le risque de tentatives suicidaires augmenterait uniquement chez les adolescents dont la phobie sociale

s'accompagne d’une dépression majeure ou d'un autre désordre mental.

Selon le DSM-IV (American Psychiatrie Association, 1994), la phobie sociale s’accompagne fréquemment des symptômes suivants : une hypersensibilité à la critique, à l’évaluation négative et au rejet, une difficulté à manifester de l’assurance, une faible estime de soi ou des sentiments d’infériorité. Les personnes qui en souffrent possèdent des habiletés sociales souvent déficientes (incapacité à se présenter, regard fuyant, etc.) et leurs manifestations

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d’anxiété peuvent être apparentes (tremblements, rougeurs, mains moites, etc.). Les jeunes atteints d’une phobie sociale vivent souvent de la solitude car leur tendance au retrait social les empêche de se faire des amis (Beidel, Turner & Morris, 1999). Même chez ceux dont les habiletés sociales sont adéquates, l’inhibition de ces habiletés due à l’anxiété nuit à

l’établissement de relations avec les pairs. De fait, l’inhibition sociale est un prédicteur important du rejet social (Robin, LeMare & Lollis, 1990). Selon Bruch et Cheek (1995), l’inhibition et le retrait social sont perçus par les pairs comme des conduites déviantes et peuvent entraîner des gestes de représailles allant même jusqu’à la victimisation.

Lorsque des gestes néfastes sont posés à l’endroit d’une personne de manière répétitive par un individu ou un groupe d’individus, on dit de cette personne qu’elle est victimisée. Le terme action néfaste désigne toute tentative intentionnelle de blesser ou d’infliger un malaise à une autre personne en faisant usage dé violence, de mots blessants, en la rejetant volontairement ou en répandant de fausses rumeurs à son sujet. Il convient de faire la distinction entre deux types de victimisation. La victimisation directe implique toute attaque ouverte et visible envers la victime alors que la victimisation indirecte ou relationnelle est plus pernicieuse. Elle inclut les comportements visant à exclure et à isoler une personne du groupe de pairs. Pour qu’il y ait victimisation, il doit y avoir un déséquilibre entre les forces en présence, c’est-à-dire que la personne exposée aux actions néfastes est démunie face à son agresseur. Ainsi, une querelle physique ou verbale entre deux personnes de force égale n’est pas considérée comme de la victimisation. (Olweus, 1994)

Les recherches sur la victimisation évaluent à environ 10 % la proportion des jeunes de 8 à 16 ans qui sont harcelés ou agressés régulièrement par leurs pairs (Hodges, Malone & Perry, 1995; Kochenderfer & Ladd, 1996; Olweus, 1994; Perry, Kusel & Perry, 1988). Toutefois, la prévalence de la victimisation est plus élevée chez les enfants fréquentant l’école primaire (11,6

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%) que parmi les jeunes adolescents (5,4 %) (Olweus, 1991). Hodge et Perry (1996) nous renseignent également sur la stabilité de la victimisation dans le temps en affirmant que ce sont souvent les mêmes enfants qui sont harcelés par leurs pairs année après année.

Traditionnellement, la phobie sociale et la victimisation ont été étudiées dans des domaines de recherche indépendants, soit la psychologie clinique, d’une part, et la psychologie sociale et développementale, d’autre part. Toutefois, un examen attentif des écrits scientifiques suggère l’existence de nombreux liens entre ces phénomènes. Au plan empirique, les jeunes atteints d’une phobie sociale tendent à éviter les situations sociales anxiogènes (Beidel, Turner & Morris, 1999). Or, il semble que l’isolement social représente un facteur de risque pour la

victimisation par les pairs. De plus, les adolescents atteints d’une phobie sociale, tout comme les adolescents victimisés, rapportent en moyenne une estime de soi plus faible et davantage de solitude et de rejet social (American Psychiatrie Association, 1994). Les modèles étiologiques associés à ces troubles montrent également de nombreuses ressemblances. En effet, ils associent l’émergence de ces deux problématiques à un déficit d’habiletés sociales, à un comportement social inhibé ainsi qu’aux relations inadéquates avec les pairs (Boivin & Hymel, 1997; Morris, 2001; Rubin & Mills, 1991). Malgré l’abondance d’écrits théoriques qui suggèrent l’existence d’un lien entre la phobie sociale et la victimisation par les pairs, un relevé de littérature exhaustif n’a pas permis de trouver une seule recherche portant sur ce lien. L’objectif de cette recherche consiste donc à vérifier l’existence d’une relation entre la phobie sociale et la victimisation par les pairs à l’adolescence.

Dix-neuf adolescents âgés de 14 à 18 ans et atteints d’une phobie sociale sont recrutés par le biais des médias écrits, des psychologues scolaires et des services de pédopsychiatrie des hôpitaux de la région de Québec pour participer à une recherche sur le traitement de la phobie sociale. Parallèlement, des adolescents non phobiques, âgés de 14 à 19 ans, sont sollicités pour

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participer à l’administration de certaines composantes du protocole de traitement. Tous les participants de l’étude remplissent à la maison une batterie de questionnaires comprenant entre autres le Social Phobia and Anxiety Inventory ainsi que le Questionnaire sur la victimisation. Douze adolescents atteints d’une phobie sociale remplissent les questionnaires en novembre 2001 alors que les six autres s’acquittent de cette tâche en février 2002. Les pairs sociables complètent les questionnaires entre les mois de septembre et de décembre 2001.

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Relation entre la phobie sociale

et la victimisation par les pairs à l’adolescence François Grimard, Marie-Ève Monfette, Jean-Marie Boisvert

et Vicky Lavoie Université Laval Québec, Québec, Canada

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Relation entre la phobie

sociale et la victimisation par les pairs à adolescence

La phobie sociale consiste en une peur persistante de une ou plusieurs situations sociales ou de performance où l’individu est en contact avec des personnes plus ou moins familières ou bien est exposé à l’observation d’autrui (American Psychiatrie Association, 1994). Apparaissant généralement durant l’enfance ou l’adolescence, il s’agit du second trouble mental en importance chez les adolescents. Une étude épidémiologique réalisée par Wittchen, Stein et Kessler (1999) auprès de 3021 jeunes Allemands âgés de 14 à 24 ans estime sa prévalence à vie à 7,3 %. La phobie sociale a un impact significatif sur le développement des adolescents. Elle s’accompagne généralement d’un réseau social peu développé et entraîne en moyenne des résultats scolaires plus faibles (Albano, Chorpita & Barlow, 1996). Elle est également associée à des risques plus élevés d’abus de substances (Kessler et al., 1994) et de développer des épisodes de dépression majeure (Last, Perrin, Hersen & Kazdin, 1992).

Les recherches indiquent que les symptômes le plus fréquemment associés à la phobie sociale sont une hypersensibilité à la critique ainsi qu’à l’évaluation négative ou au rejet, une difficulté à manifester de l’assurance et une faible estime de soi ou des sentiments d’infériorité. La phobie sociale se caractérise également par un patron de réponses émotionnelles exagérées, une latence verbale élevée ainsi qu’une prédisposition à l’introversion chez certaines personnes qui en souffrent. Ces jeunes vivent souvent de la solitude, car leur tendance au retrait social les empêche de se faire des amis (Beidel, Turner & Morris, 1999). Leurs habiletés sociales sont très souvent déficientes (incapacité à se présenter, regard fuyant, etc.) et les manifestations d’anxiété peuvent être apparentes (tremblements, rougeurs, mains moites, etc.) (American Psychiatrie Association, 1994). Même parmi ceux dont les habiletés sociales sont adéquates, l’inhibition de ces habiletés due à l’anxiété nuit à l’établissement de relations avec les pairs. Or, l’inhibition

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sociale est un prédicteur important du rejet social (Robin, LeMare & Lollis, 1990). Selon Bruch et Cheek (1995), l’inhibition et le retrait social sont perçus par les pairs comme des conduites déviantes et peuvent entraîner des gestes de représailles allant même jusqu’à la victimisation.

Lorsque des gestes néfastes sont posés à l’endroit d’une personne de manière répétitive par un individu ou un groupe d’individus, on dit de cette personne qu’elle est victimisée. Le terme action néfaste désigne toute tentative intentionnelle de blesser ou d’infliger un malaise à une autre personne en faisant usage de violence, de mots blessants, en la rejetant volontairement ou en répandant de fausses rumeurs à son sujet. La victimisation implique nécessairement un rapport de force inégal à l’avantage de l’agresseur (Olweus, 1994). Il s’agit d’un phénomène fréquent qui affecte environ 10 % des jeunes de 8 à 16 ans (Hodges, Malone & Perry, 1995; Kochenderfer & Ladd, 1996; Olweus, 1994; Perry, Kusel & Perry, 1988).

Selon Olweus (1994), la population des jeunes victimisés n’est pas homogène. Elle se compose plutôt de deux sous-groupes distincts l’un de l’autre. D’une part, les victimes dites « provocatrices » sont caractérisées par un mélange de conduites anxieuses et de comportements violents. D’autre part, les victimes dites « passives ou soumises » sont plus nombreuses que les victimes « provocatrices ». Elles sont aussi plus anxieuses, circonspectes, sensibles et

silencieuses que les étudiants en général tout en ressentant davantage de sentiments d’insécurité. Lorsqu’elles sont agressées par leurs pairs, elles ont tendance à pleurer plus facilement et à se retirer socialement. Elles ont une faible estime d’elles-mêmes qui s’accompagne d’un sentiment de honte à leur égard et se perçoivent comme peu attirantes. Généralement, elles ont très peu d’amis, ce qui les amène à se sentir seules et abandonnées à l’école. Lorsque les victimes sont des garçons, ils ont tendance à être plus faibles physiquement que leurs pairs. Hodges, Malone et Perry (1995) rapportent également que certains jeunes victimisés emploient des techniques de persuasion inefficaces.

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Plusieurs parallèles peuvent être dressés entre les caractéristiques des jeunes victimisés et celles des personnes atteintes d’une phobie sociale. Au plan empirique, les symptômes les plus fréquemment associés à ces deux troubles sont des déficits d’habiletés sociales, une faible estime de soi, de l’inhibition sociale ainsi que de l’anxiété sociale. D’autres comparaisons basées sur l’analyse des modèles étiologiques de la phobie sociale et des troubles d’intériorisation1 révèlent de nombreuses similitudes.

Le premier modèle développemental spécifique à la phobie sociale a été proposé par Morris en 2001 (Figure 1). Selon ce modèle, la phobie sociale résulterait de l’influence de trois causes proximales : a) l’évitement et l’inhibition de la performance en situation sociale, b) les déficits sur le plan des habiletés sociales ou c) un événement social traumatique. D’autres

variables seraient également responsables du développement de la phobie sociale par l’influence qu’elles exercent sur les causes proximales. Ces causes distales comprennent les processus liés au tempérament de l’enfant ainsi qu’à ses interactions avec sa famille et ses pairs. Ces processus interagissent entre eux pour déterminer le degré d’anxiété sociale ressentie tout en entretenant des relations bidirectionnelles avec l’évitement et les habiletés sociales.

Ce modèle présente plusieurs similitudes avec d’autres modèles utilisés en psychologie du développement pour expliquer l’étiologie des construits reliés à la phobie sociale et aux troubles d’intériorisation. Selon Rubin et Mills (1991) (Figure 2), les enfants inhibés socialement s’isolent de leurs pairs en raison de l’anxiété qu’ils ressentent en leur présence. Cette privation de contacts sociaux entraverait le développement d’habiletés sociales adéquates. Cette carence en habiletés sociales entraînerait à son tour une augmentation de l’anxiété, de l’insécurité et du retrait social. Rubin va plus loin en ajoutant que ces phénomènes contribueraient à la formation d’une

1 Les troubles d’intériorisation représentent une catégorie comprenant plusieurs difficultés telles que l’anxiété, la dépression, le retrait social ou les peurs diverses.

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réputation négative au sein du groupe de pairs, ce qui provoquerait éventuellement le rejet de la part des autres jeunes. Toutefois, ce modèle ne fait aucun lien entre le rejet social et la

victimisation. Dans le modèle de Morris, les déficits d’habiletés sociales ainsi que les

comportements d’évitement et l’inhibition sociale sont trois causes proximales conduisant à la phobie sociale. Les relations avec les pairs sont également mises en cause indirectement par leur influence sur l’évitement et l’inhibition. En conséquence, le modèle de Rubin et Mills présente de nombreuses similitudes avec celui de Morris. De même que les troubles d’intériorisation peuvent mener au rejet social, la phobie sociale pourrait également le favoriser.

Un autre modèle élaboré par Boivin et Hymel (1997) (Figure 3) fait le lien entre

l’évitement d’une part et la victimisation d’autre part. Selon ce modèle, certains enfants entrent en relation avec leurs pairs en adoptant des comportements de retrait social ou d’agression. Au fil du temps, ces enfants se forgent une réputation négative au sein du groupe de pairs, ce qui les amène à vivre des expériences de victimisation. Finalement, ils en viennent à développer une perception sociale négative d’eux-mêmes. Il faut également noter que la tendance

comportementale au retrait social ainsi que l’adoption de comportements agressifs peuvent provoquer directement des expériences de victimisation. Cependant, seule la tendance

comportementale au retrait social peut entraîner directement une autoperception sociale négative. Dans le modèle de Morris, le tempérament de l’enfant et ses relations avec ses pairs peuvent influencer le développement de la phobie sociale par le biais de l’adoption de comportements d’évitement et par l’inhibition et le retrait en situation sociale. Ces deux modèles étiologiques reprennent donc des construits similaires afin d’expliquer la victimisation (modèle de Boivin) et la phobie sociale (modèle de Morris). De plus, le concept de victimisation tel que décrit dans le modèle de Boivin s’apparente à celui des expériences sociales négatives présentes dans le modèle de Morris. Toutefois, alors que, selon Boivin, le retrait social mène à la victimisation, Morris

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postule la relation inverse : les expériences négatives telles que la victimisation augmenteraient la sévérité de la phobie sociale.

Malgré les points communs entre ces différents modèles étiologiques et la ressemblance entre les caractéristiques des jeunes victimisés et celles des adolescents atteints d’une phobie sociale, aucune recherche n’a directement étudié le lien entre la phobie sociale et la victimisation par les pairs. Le but de la présente étude consiste à vérifier l’hypothèse voulant que les

adolescents souffrant d’une phobie sociale soient davantage victimisés que leurs pairs non anxieux.

Méthode

Participants

Groupe cible. Dix-neuf adolescents âgés de 14 à 18 ans sont recrutés dans le cadre d'une

étude de traitement plus large. Pour être admissibles à l’étude, les participants doivent rencontrer les critères du DSM-IV (American Psychiatrie Association, 1994) pour un diagnostic principal de phobie sociale. Les critères d’exclusion sont : a) la présence d’un diagnostic de dépendance à une substance psychotrope, d’un trouble psychotique, d’un trouble envahissant du développement, d’un retard intellectuel ou d’un trouble des apprentissages grave, b) la présence d’un autre diagnostic ou condition psychologique nécessitant une intervention immédiate et c) la présence d’une condition médicale qui rendrait impossible ou dangereuse l’administration du traitement tel que proposé.

Les participants atteints d’une phobie sociale montrent au moins un diagnostic comorbide dans une proportion de 71 %. Ces diagnostics comorbides incluent le Trouble d’anxiété

généralisée (n = 8), le Trouble d’anxiété de séparation (n = 2), la Phobie spécifique (n = 1), le Trouble panique avec Agoraphobie (n = 1), l’Agoraphobie sans Trouble panique (n = 1), le Trouble obsessionnel-compulsif (n = 1), la Dysthymie (n = 6) et le Trouble dépressif majeur (n =

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2). Au total, la proportion des participants qui présentent un trouble anxieux concomitant s’élève à 65 %, alors que 47 % souffrent également d’un trouble de l’humeur.

Groupe de comparaison. Un groupe d’adolescents âgés de 14 à 19 ans est recruté dans le

cadre d’une étude de traitement plus large pour participer à l’administration de certaines composantes du protocole de traitement. La procédure de recrutement des participants non anxieux pour cette étude ne visait pas le contrôle expérimental mais la constitution d’une banque d’adolescents susceptibles d’être des modèles sociaux crédibles pour les jeunes atteints d’une phobie sociale. Les pairs sociables étaient donc sélectionnés en fonction de leur niveau de scolarité, ce qui a parfois entraîné des différences d’âge d’un an avec les participants du groupe cible. Puisque les participants non anxieux sont employés à des fins de contrôle expérimental par la présente étude, ils ont été appariés aux adolescents souffrant de phobie sociale selon le sexe et l’âge.

Instruments de mesure

Questionnaire sur la victimisation. Le Questionnaire sur la victimisation est une

traduction francophone réalisée par Grimard et Monfette (2001) du Bully/Victim Questionnaire élaboré par Olweus en 1989. Cet instrument est l’un des plus fréquemment utilisés pour évaluer la victimisation et l’agression entre pairs. Seules les questions portant sur la victimisation ont été conservées pour les besoins de l’étude. Cette version comporte 14 questions divisées en deux sous-échelles. L’une porte sur les relations amicales (quatre items) alors que l’autre cible plus spécifiquement la victimisation (dix items). Le participant doit répondre à des questions dont les choix multiples sont ordonnés en ordre croissant de victimisation. Les scores varient de 0 à 54. Plus le résultat obtenu est élevé, plus l’adolescent est victimisé régulièrement. Aucune donnée psychométrique n’est disponible pour les versions anglophone et francophone de ce

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que son coefficient alpha est de ,48. Le Questionnaire sur la victimisation semble mesurer plusieurs construits différents (victimisation directe, indirecte et relations sociales avec les pairs), ce qui pourrait affecter sa cohérence interne. Une analyse factorielle serait nécessaire afin de confirmer cette hypothèse.

Social Phobia and Anxiety Inventory. Le Social Phobia and Anxiety Inventory (SPAT)

(Turner, Beidel, Dancu & Stanley, 1989) mesure les comportements, cognitiens et réactions physiques associés à la phobie sociale. Il comprend 45 items répartis en deux sous échelles : phobie sociale (32 items) et agoraphobie (13 items). Le score total varie de 0 à 192. Une échelle de type Likert variant de 0 (jamais) à 6 (toujours) permet d’évaluer la sévérité des symptômes. Plusieurs items exigent du participant qu’il réponde en fonction de certaines caractéristiques des interlocuteurs (p. ex. sexe opposé, figure d’autorité, etc.). Les qualités psychométriques du SPAJ sont bien documentées. Il possède une bonne fidélité temporelle et concomitante ainsi qu’une bonne validité discriminante (Beidel, Borden, Turner & Jacob, 1989; Turner, Beidel, Dancu & Stanley, 1989; Turner, Stanley, Beidel & Bond, 1989). Son utilisation auprès des adolescents a été validée par Clark, Turner, Beidel, Donovan, Kirisci et Jacob (1994). Ces auteurs indiquent que l’échelle de phobie sociale possède un alpha de Cronbach de ,97 alors qu’il est égal à ,91 pour l’échelle d’agoraphobie et à ,97 pour le score différentiel. Toutefois, la fidélité test-retest n’a pas été mesurée dans cette étude. Une version francophone du SP AI, élaborée par traduction croisée, est offerte par la compagnie Multi-Health Systems. Son utilisation lors de la présente recherche a permis d’obtenir des données sur sa cohérence interne. Le coefficient alpha de l’échelle de phobie sociale est égal à ,99, alors qu’il est de ,89 pour l’échelle d’agoraphobie et de ,99 pour le score différentiel.

Anxiety Disorders Interview Schedule pour enfants et parents. U Anxiety Disorders

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entrevue structurée conçue pour évaluer la présence de troubles anxieux selon les critères du

DSM-IV (American Psychiatrie Association, 1994) et attribuer un niveau de sévérité au

diagnostic. Elle comprend une section sur les troubles de l’humeur et du comportement, l’abus de substances, les troubles envahissants du développement et les troubles psychotiques. Les deux versions sont administrées successivement et individuellement à l’adolescent et au parent. Des règles établies permettent de combiner l’information recueillie de part et d’autre (Silverman, 1991). Pour le diagnostic des troubles anxieux, la fidélité inter-juges et temporelle de VADIS-C/-

P est la plus élevée parmi les entrevues destinées aux mineurs (Rapee, Barrett, Dadds & Evans,

1994; Silverman & Eisen, 1992). Dans le cas de la phobie sociale, les coefficients Kappa varient entre 0,73 et 0,87 (Beidel, 1991; Rapee et al., 1994; Silverman, 1991).

Procédure

Recrutement des adolescents atteints d’une phobie sociale. Les adolescents atteints d’une

phobie sociale sont recrutés par le biais des médias écrits, des psychologues scolaires et des services de pédopsychiatrie des hôpitaux de la région de Québec.

À partir des critères d’exclusion, une présélection des participants est faite au moyen d’une entrevue téléphonique d’environ 20 minutes réalisée d’abord avec un parent et ensuite avec l’adolescent. Si l’adolescent a 18 ans ou plus, l’entrevue avec le parent est facultative. Par la suite, une entrevue diagnostique de sélection est effectuée à l’aide de la version francophone de

VADIS-C/-P (Silverman & Albano, 1995) par une psychologue possédant de l’expérience dans ce

domaine.

Consentement éclairé des adolescents atteints d’une phobie sociale. Le consentement

éclairé des participants au projet de recherche, ainsi que celui de leurs parents dans le cas d’adolescents de moins de 18 ans, est sollicité verbalement avant l’entrevue téléphonique de

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présélection. Le consentement éclairé des participants et celui de leurs parents est consigné par écrit lors de la première rencontre d’évaluation.

Recrutement des pairs sociables. La procédure de recrutement des pairs sociables diffère

selon le milieu d’étude. Au secondaire, le consentement du directeur est d’abord obtenu. Le projet est ensuite présenté aux responsables du bénévolat à qui une enveloppe contenant les formulaires de consentement ainsi que la batterie de questionnaires est remise. Ils présentent à leur tour ce projet aux élèves des différentes classes et recueillent les coordonnées des

adolescents intéressés à participer en tant que bénévoles à l’étude. L’enveloppe contenant la batterie de questionnaires et les formulaires de consentement leur est alors transmise.

L’expérimentatrice communique d’abord avec les parents et ensuite avec les adolescents afin d’obtenir leur consentement verbal. À la suite de cet entretien, elle réalise une entrevue

téléphonique à l’aide de la version francophone adaptée de YADIS-C/-P avec les jeunes et un de leurs parents afin de confirmer l’absence de trouble d’anxiété généralisée, de trouble de l’humeur, de trouble de comportement, d’abus de substances et de problèmes interpersonnels chroniques. Les candidats doivent également obtenir un score faible au SP AI (Turner et al., 1989) et ne pas avoir de problème relationnel avec leurs pairs selon le Questionnaire sur la victimisation (Olweus, 1989).

Au cégep, le projet est initialement présenté au département de psychologie lors de la réunion hebdomadaire. Les professeurs qui sont intéressés par l’étude permettent à

Vexpérimentatrice de présenter son projet de recherche à l’intérieur de leur cours. Les étudiants sont informés que cette étude vise à valider un traitement de la phobie sociale auprès des jeunes qui sont timides. Elle leur explique également qu’ils seront appelés à agir comme bénévoles lors de l’administration de certaines composantes du protocole de traitement. Un numéro de téléphone permettant de joindre V expérimentatrice est ensuite remis aux adolescents désireux de participer

(22)

à l’étude. Lors de la prise de contact téléphonique, ils sont informés que Vexpérimentatrice doit d’abord contacter leurs parents s’ils sont mineurs. Par la suite, une enveloppe contenant les formulaires de consentement éclairé et la batterie de questionnaires leur est envoyée par la poste. Les jeunes ont une semaine pour prendre connaissance des documents qu’ils ont reçus. Une entrevue téléphonique est ensuite réalisée au moyen d’une version francophone abrégée de

Y ADIS-C/-P avec les pairs sociables et leurs parents s’ils sont mineurs afin de confirmer

l’absence de trouble d’anxiété généralisée, de trouble de l’humeur, de trouble de comportement, d’abus de substances et de problèmes interpersonnels chroniques. Les candidats doivent

également obtenir un score faible au SP AI (Turner et al., 1989) et ne pas avoir de problème relationnel avec leurs pairs selon le Questionnaire sur la victimisation (Olweus, 1989).

Consentement éclairé des pairs sociables. Le consentement éclairé est obtenu

verbalement lors de l ’entrevue téléphonique et consigné par écrit comme condition à la

participation. Les adolescents majeurs remplissent un formulaire de consentement éclairé modifié puisque l’approbation des parents n’est pas requise.

Administration des questionnaires

Les dix-neuf adolescents atteints d’une phobie sociale sélectionnés pour participer à l’étude sont divisés en trois groupes de six. Les deux premiers groupes remplissent la batterie de questionnaires au mois de novembre 2001 alors que le dernier groupe s’acquitte de cette tâche au mois de février 2002. Les questionnaires leur sont remis lors de l’entrevue diagnostique. Ils doivent les compléter à la maison et les remettre à l’expérimentatrice la semaine suivante lors de la rencontre de groupe ou lors de leur rencontre d’exposition individuelle.

Les pairs sociables remplissent également la batterie de questionnaires à la maison entre les mois de septembre et de décembre 2001. Ils les remettent à 1 ’expérimentatrice en main propre ou les lui font parvenir par la poste.

(23)

Résultats

Afin d’examiner la relation entre la phobie sociale et la victimisation par les pairs, plusieurs types d’analyses statistiques sont effectués. Premièrement, des analyses descriptives sont entreprises afin d’analyser la composition de l’échantillon et d’évaluer la normalité de la distribution des scores des variables à l’étude. Deuxièmement, des analyses préliminaires permettent d’évaluer l’influence de la date à laquelle a été remplie la batterie de questionnaires sur le score de victimisation et d’établir l’intégrité de la variable prédite. Troisièmement, une analyse de variance univariée (ANOVA) est réalisée afin de vérifier la relation entre la phobie sociale et la victimisation par les pairs à l’adolescence. Finalement, deux analyses

complémentaires sont effectuées afin de tester, d’une part, si le nombre d’amis influence le score de victimisation et de vérifier, d’autre part, si les participants atteints d’une phobie sociale rapportent avoir moins d’amis que leurs pairs non anxieux.

Statistiques descriptives

L’échantillon initial est composé de 90 adolescents dont 19 sont atteints d’une phobie sociale et 71 sont des pairs non anxieux. Quatorze adolescents ont été retirés de l’étude car ils n’ont pas répondu à l’ensemble de la batterie de questionnaires. Afin de constituer le groupe de comparaison, les participants non anxieux qui avaient le même âge et qui étaient du même sexe que ceux du groupe cible ont été regroupés. Dix-neuf d’entre eux ont ensuite été sélectionnés aléatoirement et appariés selon le sexe et l’âge avec les 19 adolescents atteints d’une phobie sociale. Les analyses statistiques ont donc été réalisées sur 38 participants dont 4 garçons (10,5 %) et 34 filles (89,5 %) âgés de 14 à 18 ans (M= 16,08 ans, É-T= 1,17). Six jeunes proviennent d’un établissement collégial (15,7 %) et 32 de plusieurs écoles secondaires. Les adolescents du secondaire et du cégep sont répartis également dans les groupes cible et de comparaison. Les

(24)

résultats moyens obtenus au Questionnaire sur la victimisation sont de 5,20 avec un écart type de 0

,

8

.

Afin de vérifier si les scores de victimisation et d’anxiété sociale de même que le nombre d’amis se distribuent normalement, les indices de symétrie (sk) et d’aplatissement (k) ont été calculés et ensuite transformés en scores z. Les indices de symétrie et d’aplatissement pour les scores d’anxiété sociale (p(sk) = ,18 etp(k) = ,03) et le nombre d’amis (p(sk) = ,4 etp(k) = ,02) indiquent que leur distribution est normale. Toutefois, si l’indice d’aplatissement du score de victimisation {p = ,25) ne révèle aucun écart à la normalité, l’indice de symétrie (p = ,006) indique une asymétrie positive. Un examen visuel de la distribution de cette variable montre que l’écart à la normalité est modéré. Les données n’ont pas été transformées car la puissance du test

F et le niveau de signification ne sont pas sérieusement affectés par un éloignement modéré de la

normalité, particulièrement lorsque les échantillons sont égaux (Kirk, 1995; Winer, Brown & Michels, 1991; Howell, 1987).

Analyses préliminaires

Le coefficient de corrélation est calculé afin de déterminer s’il existe une relation entre la date à laquelle la batterie de questionnaires a été remplie et le score de victimisation. Le

Questionnaire sur la victimisation utilise le temps écoulé depuis les dernières vacances d’été

comme période de référence pour répondre aux items. Les risques de victimisation pourraient donc s’accroître avec l’avancement de l’année scolaire. Les résultats de l’analyse corrélationnelle indiquent qu’il n’existe pas de relation significative entre ces variables (r (38) = -0,085,p > ,05). Ces résultats suggèrent qu’il n’est pas nécessaire de contrôler la variance associée à la date à laquelle la batterie de questionnaires a été remplie dans l’analyse statistique principale.

Une ANOVA est entreprise afin de vérifier l’intégrité de la variable prédictrice, c’est-à- dire que les adolescents atteints d’une phobie sociale sont plus anxieux socialement que les

(25)

adolescents du groupe de comparaison. Le score au SPAI est utilisé comme variable prédite. Il s’agit de la seule analyse pour laquelle le postulat d’homogénéité des variances n’est pas respecté. Toutefois, le test F est considéré comme étant robuste aux violations modérées de ce postulat lorsque le nombre d’observations est égal dans chaque cellule (Kirk, 1995; Winer, Brown & Michels, 1991). Les résultats de l’ANOVA présentés dans le Tableau 1 suggèrent que les adolescents du groupe cible sont significativement plus anxieux que ceux du groupe de comparaison (F(l,36) = 136,909,p< ,0001). L’appartenance à l’un des groupes explique 78,6 % de la variance du niveau d’anxiété, ce qui correspond à une grandeur d’effet élevée. Le Tableau 1 présente également les scores moyens obtenus au SPAI ainsi que leurs écarts-types selon le diagnostic des adolescents (présence ou absence d’une phobie sociale).

Analyse principale

Une ANOVA a été effectuée afin de déterminer si les adolescents atteints d’une phobie sociale souffrent davantage de victimisation que leurs pairs non anxieux. La variable prédictrice à l’étude comporte deux niveaux, soit la présence et l’absence d’une phobie sociale alors que la variable prédite est le score obtenu au Questionnaire de victimisation. Les résultats de F ANOVA présentés dans le Tableau 2 suggèrent que les adolescents atteints d’une phobie sociale sont significativement plus victimisés que leurs pairs non anxieux (F(1,36) = 19,050, p < ,0001). L’appartenance à l’un des groupes explique 32,8 % de la variance du score de victimisation, ce qui correspond à une grandeur d’effet de taille moyenne. Le Tableau 2 présente également les scores moyens obtenus au Questionnaire de victimisation ainsi que leurs écarts-types selon le diagnostic des adolescents (présence ou absence d’une phobie sociale). Une analyse de contingence 2X2 indique que 57,9 % des adolescents atteints d’une phobie sociale ont été victimisés au cours de l’année scolaire 2001-2002 comparativement à 21,1 % des adolescents non

(26)

anxieux. L’analyse du rapport de cote (Ivers, 2002) permet d’affirmer que le risque d’être victimisé est 5,16 fois supérieur chez les adolescents qui souffrent d’une phobie sociale comparativement aux adolescents non anxieux au cours de cette période.

Analyses complémentaires

Le coefficient de corrélation est calculé afin de déterminer s’il existe une relation entre le nombre d’amis et le score de victimisation. Les résultats de l’analyse corrélationnelle indiquent qu’il existe une relation significative entre ces variables (r (38) - -0,505, p < ,01). Ces résultats suggèrent qu’un nombre d’amis restreint est associé à un score de victimisation plus élevé.

Une ANOVA est réalisée afin de déterminer si les adolescents atteints d’une phobie sociale diffèrent des adolescents non anxieux sur le plan du nombre d’amis. Le nombre d’amis est mesuré par l’item deux du Questionnaire sur la victimisation : « Combien de bons amis as-tu dans ta classe ? ». Les résultats de l’ANOVA présentés dans le Tableau 3 suggèrent que les adolescents atteints d’une phobie sociale ont significativement moins d’amis que leurs pairs non anxieux (F(l,36) = 34,960,p < ,0001). Le groupe d’appartenance explique 49,3 % de la variance du nombre d’amis, ce qui correspond à une grandeur d’effet élevée. Le Tableau 4 présente également les scores moyens obtenus à l’item deux du Questionnaire sur la victimisation ainsi que leurs écarts-types selon le diagnostic des adolescents (présence ou absence d’une phobie sociale).

Le Tableau 4 présente les fréquences de réponse à l’item deux du Questionnaire de

(27)

Discussion

L’objectif de cette étude consiste à déterminer s’il existe une relation entre la phobie sociale et la victimisation par les pairs à l’adolescence. Les résultats d’une ANOVA suggèrent que les adolescents souffrant d’une phobie sociale sont significativement plus victimisés que leurs pairs non anxieux, confirmant ainsi l’hypothèse de recherche.

Certaines interprétations basées sur les travaux en psychologie clinique et

développementale peuvent aider à comprendre les résultats obtenus. Il semble que la présence d’amis constituerait un facteur de protection contre la victimisation. Les résultats obtenus lors de la présente étude indiquent qu’il existe une relation négative entre le nombre d’amis et le score de victimisation : plus l’adolescent a d’amis, moins son score de victimisation est élevé. De plus, selon une étude menée par Hodges, Boivin, Vitaro et Bukowski (1999), avoir un meilleur ami réduit significativement le risque de victimisation sur une période d’une année. Or, 75 % des jeunes atteints d’une phobie sociale n’auraient que peu ou pas d’amis (Beidel, Turner & Morris,

1999). Ces auteurs soulignent aussi que les adolescents atteints d’une phobie sociale vivent souvent de la solitude en raison de leur tendance au retrait social qui les empêcherait de se faire des amis. Par ailleurs, 57,9 % des adolescents atteints d’une phobie sociale ayant participé à cette étude mentionnent n’avoir aucun ami. Cette proportion grimpe à 73,7 % lorsque sont inclus ceux qui indiquent n’avoir qu’un seul bon ami. Ces chiffres sont similaires à ceux obtenus par Beidel, Turner et Morris (1999). Il est important de noter que le minimum d’amis rapporté par les adolescents non anxieux est de 2 ou 3 bons amis. Ainsi, près de 60 % des adolescents souffrant d’une phobie sociale ne bénéficieraient pas du facteur de protection associé à la présence d’au moins un bon ami. De plus, n’avoir qu’un seul bon ami pourrait être insuffisant pour constituer un facteur de protection efficace contre la victimisation (Bukowski, Hoza & Boivin, 1994; Hodges & Perry, 1997). Hodges et al. (1999) indiquent également que la présence de troubles

(28)

d’intériorisation accroît les risques de victimisation chez les jeunes uniquement si leurs meilleurs amis ne parviennent pas à les protéger efficacement. La présence d’une phobie sociale combinée à l’absence d’amis significatifs pourrait expliquer en partie le taux de victimisation supérieur rencontré chez plusieurs adolescents souffrant d’une phobie sociale.

Les modèles étiologiques utilisés en psychologie du développement pour expliquer les construits reliés aux relations difficiles avec les pairs et aux troubles d’intériorisation pourraient également constituer des pistes intéressantes pour comprendre le niveau plus élevé de

victimisation chez les adolescents atteints d’une phobie sociale. L’un des points communs entre le modèle de Rubin et Mills (1991) (Figure 2) et celui de Boivin et Hymel (1997) (Figure 3) est l’importance accordée à l’inhibition et au retrait social. Ainsi, Rubin et Mills stipulent que l’inhibition sociale contribuerait à la formation d’une réputation sociale négative qui entraînerait le rejet social alors que Boivin et Hymel mentionnent que le retrait social amènerait la formation d’un statut social négatif qui provoquerait des expériences de victimisation. En moyenne, les adolescents souffrant d’une phobie sociale montrent une tendance au retrait social, de l’inhibition comportementale et des risques accrus de rejet social. Puisque ces trois caractéristiques semblent être à la fois des symptômes fréquents de la phobie sociale et des causes probables de la

victimisation, il semble logique de prétendre qu’elles pourraient avoir entraîné un taux de victimisation supérieur chez les adolescents atteints d’une phobie sociale comparativement à leurs pairs non anxieux.

Les adolescents sont victimisés dans une plus grande proportion lorsqu’ils souffrent d’une phobie sociale (57,9 % comparativement à 21,1 %). L’écart entre ces proportions pourrait

expliquer en partie la différence entre la moyenne des scores de victimisation des adolescents souffrant de phobie et de leurs pairs non anxieux. L’indice de victimisation obtenu avec le

(29)

atteints d’une phobie sociale sont victimisés de manière plus chronique et avec des méthodes plus coercitives que les adolescents non anxieux. Il serait intéressant que cette perspective soit étudiée lors de travaux de recherche ultérieurs. Il faut également souligner que la fréquence de

victimisation obtenue au sein du groupe d’adolescents atteints d’une phobie sociale s’apparente à la proportion des jeunes qui affirment avoir peu ou pas d’amis (73,7 %). Le risque de

victimisation augmente de 516 % lorsque les adolescents qui ont participé à cette étude souffrent d’une phobie sociale. Ce résultat montrerait l’importance de considérer simultanément ces deux phénomènes lors de recherches ultérieures.

L’une des faiblesses de cette recherche provient de sa nature corrélationnelle. En effet, il est impossible, à l’aide d’un tel devis, de décrire de manière approfondie la relation entre la phobie sociale et la victimisation. Cette recherche peut simplement suggérer qu’il existe une relation entre ces deux phénomènes. Cette relation pourrait être analysée plus en détail lors de recherches subséquentes. De plus, la sélection non aléatoire des participants pourrait avoir induit un biais de représentativité dans l’échantillon de participants. Les adolescents composant le groupe de comparaison ont été choisis sur une base volontaire dans différentes écoles secondaires et certains cégeps de la région de Québec. Ils pourraient différer des autres étudiants sur le plan de la motivation et de la sociabilité. Les adolescents atteints d’une phobie sociale sont recrutés à l’aide des médias de la région de Québec ainsi que dans les écoles secondaires, les cégeps et les services de pédopsychiatrie des hôpitaux. Ceux qui ont communiqué avec nous pourraient être plus motivés et présenter des difficultés plus légères ou plus lourdes que les autres ayant choisi de ne pas appeler. La représentativité de l’échantillon pourrait être également affectée par le nombre restreint de participants à cette étude. D’autres recherches qui ne rencontreraient pas les mêmes limites méthodologiques seraient donc nécessaires afin d’apporter plus de poids à ces résultats. Il serait également intéressant qu’une autre étude utilisant une mesure de victimisation dont les

(30)

qualités psychométriques seraient supérieures au Questionnaire sur la victimisation soit entreprise.

Malgré ces limites, cette étude pourrait avoir des implications importantes à l’égard du traitement de la phobie sociale et de la prévention de la violence à l’école. Une étude financée par l’Organisation mondiale de la santé (1994) indique que le pourcentage des jeunes victimisés a augmenté de 7 % chez les garçons et de 6 % chez les filles entre 1994 et 1998 au Canada. L’élaboration de programmes de prévention pourrait être une solution permettant de freiner la progression du harcèlement par les pairs, principalement en milieu scolaire. Une meilleure compréhension de la population des adolescents victimisés serait un atout pour l’élaboration de tels programmes. Le risque accru de victimisation pour les adolescents souffrant d’une phobie sociale pourrait alors être considéré. Les résultats de cette recherche permettraient également la prise en compte du phénomène de victimisation dans les protocoles de traitement de la phobie sociale, ce qui pourrait contribuer à améliorer leur efficacité. Dans cette perspective, il serait intéressant d’évaluer dans quelle mesure le traitement de la phobie sociale permet de réduire la victimisation par les pairs. Advenant des résultats positifs, certaines composantes de ce traitement pourraient être appliquées aux adolescents victimisés n’ayant pas de problématique concomitante de phobie sociale. La découverte d’un lien probable entre la phobie sociale et la victimisation par les pairs n’est qu’un premier pas. En effet, il est maintenant important de comprendre comment ces phénomènes sont liés l’un à l’autre. L’étude des variables médiatrices permettrait à la fois de décrire cette relation et d’élaborer un modèle conceptuel commun à ces deux problématiques. De plus, des données concernant la sévérité et la chronicité de la victimisation selon la présence ou l’absence d’une phobie sociale permettraient de dresser un portrait plus juste des adolescents victimes de harcèlement à répétition.

(31)

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(36)

Note des auteurs

François Grimard, École de psychologie, Université Laval; Marie-Eve Monfette, École de psychologie, Université Laval; Jean-Marie Boisvert, École de psychologie, Université Laval; Vicky Lavoie, École de psychologie, Université Laval.

Le premier auteur de cet article tient à remercier les examinateurs de son mémoire, Michel Pépin, Ph. D. et Charles M. Morin, Ph. D., pour leurs commentaires.

La correspondance concernant cet article doit être adressée à Jean-Marie Boisvert, Ph. D., École de psychologie, Université Laval, Sainte-Foy, Québec, Canada, G1K 7P4. FAX : (418) 656-3646, courriel : jean-marie.boisvert@psy.ulaval.ca.

(37)

JL

________AÙ__________ï'

Évitement / inhibition

de la performance

VT---Tempérament

s---T

Phobie

sociale

Conditionnement

traumatique

Interactions familiales

Relations avec les pairs

Déficit d’habiletés

sociales

(38)

Inhibition sociale

Privation de contacts sociaux

Déficit d'habiletés sociales

Augmentation de l'insécurité,

de l'anxiété et du retrait social

Formation d'une réputation

négative

Rejet social

(39)

Retrait social

Auto-perception

sociale négative

Réputation sociale

négative

Victimisation

Agression

(40)

Tableau 1

Moyennes (M), écarts-types (E-T) et analyse de variance des résultats au SP AI selon la présence

ou non d’une phobie sociale

Absence de phobie sociale

Phobie sociale ANOVA

Variables M É-T M É-T F (1,36) p:

Diagnostic 17,15 12,54 97,29 27,09 136,909** ,786

Note, r]2 = grandeur d’effet. ** p < ,01.

(41)

Tableau 2

Moyennes (M), écarts-types (E-T) et analyse de variance des scores de victimisation selon la

présence ou non d’une phobie sociale

Absence de phobie sociale

Phobie sociale ANOVA

Variables M É-T M É-T F (1,36) b2

Diagnostic 2,34 2,77 8,07 5,01 19,050** ,328

** p < ,01.

(42)

Tableau 3

Moyennes (M), écarts-types (E-T) et analyse de variance du nombre d’amis selon la présence ou

non d’une phobie sociale

Absence de phobie sociale

Phobie sociale ANOVA

Variables M É-T M É-T F (1,36) h2

Diagnostic 3,21 0,92 0,95 1,39 34,960** ,493

Note. r\2 = grandeur d’effet. ** p < ,01.

(43)

Tableau 4

Réponse des adolescents à la question « Combien de bons amis as-tu dans ta classe ? »

Absence de phobie sociale Phobie sociale

Réponse n % n %

Aucun 0 0 11 57,9

J’ai 1 bon ami 0 0 3 15,8

J’ai 2 ou 3 bons amis 6 31,6 2 10,5

J’ai 4 ou 5 bons amis 3 15,8 1 5,3

J’ai beaucoup de bons amis 10 52,6 2 10,5

(44)

Conclusion générale

L’objectif de la présente étude est de vérifier l’existence d’une relation entre la phobie sociale et la victimisation par les pairs à l’adolescence. Les résultats obtenus à diverses analyses statistiques indiquent que : 1) les adolescents atteints d’une phobie sociale sont significativement plus victimisés que leurs pairs non anxieux, 2) la proportion des adolescents atteints d’une phobie sociale qui sont victimisés (57,9 %) est supérieure à celle des adolescents non anxieux victimisés (21,1 %) et 3) les adolescents atteints d’une phobie sociale ont significativement moins d’amis que les adolescents non anxieux.

Conformément à l’hypothèse initiale, les résultats obtenus indiquent que les adolescents atteints d’une phobie sociale sont davantage victimisés que leurs pairs non anxieux. Quelques interprétations sont avancées afin d’expliquer ces résultats. Les adolescents atteints d’une phobie sociale ayant participé à cette étude affirment dans une proportion de 73,7 % avoir aucun ou un seul ami. Ce résultat est similaire à celui obtenu par Beidel, Turner et Morris (1999) alors que 75 % des adolescents de leur échantillon déclaraient avoir peu ou pas d’amis. La littérature scientifique indique que les amis constituent un facteur de protection contre la victimisation. En effet, selon Hodges, Boivin, Vitaro et Bukowski (1999), avoir un meilleur ami réduirait

significativement les risques de victimisation sur une période d’une année. La présence d’une phobie sociale combinée à l’absence d’amis significatifs pourrait donc expliquer qu’un fort pourcentage des adolescents atteints d’une phobie sociale soient également victimisés. D’ailleurs, souffrir d’une phobie sociale entraîne une augmentation de 516 % du risque de victimisation.

Selon les modèles étiologiques employés en psychologie développementale, l’inhibition et le retrait social seraient des causes probables du rejet social et du harcèlement par les pairs. Les recherches en psychologie clinique indiquent qu’en moyenne les adolescents souffrant d’une phobie sociale montrent une tendance au retrait social, de l’inhibition comportementale et des

(45)

risques accrus de rejet social. Puisque ces caractéristiques présentes chez certains adolescents atteints d’une phobie sociale sont également des causes probables de victimisation, elles pourraient expliquer qu’ils soient davantage victimisés que leurs pairs non anxieux.

Traditionnellement, la victimisation et la phobie sociale ont été étudiées dans des domaines de recherche indépendants, soit la psychologie clinique et la psychologie

développementale. Selon une étude financée par l’Organisation mondiale de la santé (1994), l’intégration sociale est un des principaux prédicteurs de la santé mentale. Puisque la phobie sociale et la victimisation par les pairs ont toutes deux une incidence importante sur l’ajustement psychologique des adolescents, il importe d’enrichir les connaissances scientifiques communes à ces problématiques. Cette recherche constitue la première tentative de rapprochement entre la phobie sociale et la victimisation par les pairs. Toutefois, même si elle a permis d’établir une relation entre ces deux phénomènes, plusieurs questions restent en suspens. L’absence de variable médiatrice permettant de décrire la relation entre ces problématiques limite considérablement leur compréhension. De plus, des données concernant la sévérité de la victimisation selon la présence ou l’absence d’une phobie sociale permettraient également de mieux circonscrire ces

phénomènes. D’autres recherches sont nécessaires afin d’apporter des éléments de réponse à ces questions, ce qui pourrait prévenir d’importants coûts personnels et sociaux.

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ANNEXE A

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Questionnaire sur la victimisation

Date de naissance :_______________ Date d'aujourd'hui :_____________

Ce questionnaire contient des questions sur ta vie scolaire. À droite de chaque question, il y a plusieurs réponses possibles. Chaque réponse correspond à une lettre. Répond en encerclant la lettre associée à la réponse que tu as choisie. Voici un exemple de question : 1. Est-ce que tu aimes être en pause ? A) Ça me déplaît beaucoup

B) Ça me déplaît

C) Ça me déplaît un peu D) Ça me laisse indifférent E) J’aime ça un peu F) J'aime ça

G) J'aime ça beaucoup

Tu dois encercler la réponse qui exprime le mieux ce que tu ressens à propos de l'heure de la pause. Si tu aimes être en pause, encercle la lettre "G" qui correspond à l'énoncé "J'aime ça". Si ça te déplaît beaucoup d'être en pause, encercle la lettre "A" qui correspond à l'énoncé " Ça me déplaît beaucoup" et ainsi de suite. Maintenant encercle la lettre qui exprime le mieux ce que tu ressens à propos de l'heure de la pause.

Il est important que tu répondes le mieux possible en choisissant les réponses qui correspondent vraiment à ce que tu ressens. Tu peux trouver difficile de choisir la réponse qui te convient le mieux. Dans ce cas, réponds ce que tu crois qui exprime le plus ce que tu ressens.

La plupart des questions qui suivent concernent ta vie à l'école depuis le retour des

vacances d'été. C'est important que tu répondes à ces questions en te basant sur ce qui s'est

passé pendant cette période et pas seulement sur ce qui se passe maintenant.

A PROPOS DES AMIS

2. Combien de bons amis as-tu dans ta classe?

3. À quelle fréquence arrive-t-il que les autres ne veuillent pas passer la pause avec toi et que tu finis tout seul?

A) Aucun

B) J'ai 1 bon ami

C) J'ai 2 ou 3 bons amis D) J'ai 4 ou 5 bons amis E) J'ai beaucoup de bons amis

A) Ça ne m'est pas arrivé cette année B) C'est arrivé seulement 1 ou 2 fois C) De temps en temps

D) Environ 1 fois par semaine E) Environ 2 à 3 fois par semaine F) Environ 4 à 5 fois par semaine G) Plusieurs fois par jour

Figure

Figure 1. Modèle développemental de la phobie sociale (Morris, 2001)
Figure 2. Modèle séquentiel du rejet social (Rubin &amp; Mills, 1991)
Figure 3. Modèle séquentiel des causes proximales et des conséquences des relations difficiles avec les pairs (Boivin &amp; Hymel, 1997)

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