UNE EXPÉRIENCE D'ÉDUCATION
À
LA GESTION DU
MILIEU NATUREL PAR ANIMATION AUDIOVISUELLE
Marta CHIARLE C.N.R.- I.R.P.!. Torino
Marco GIARDINO, Daniela TORT A
Dipartimento di Scienze della Terra - Università di Torino, Italie
MOTS-CLÉS: DOCUMENTATION AUDIOVISUELLE - RECHERCHE SCIENTIFIQUE-ÉDUCATIONÀL'ENVIRONNEMENT
RÉSUMÉ : Les atouts de la documentation et de la communication dans les domaines de la recherche scientifique, en particulier géologique et naturaliste, sont présentés en outils de la didactique dans l'apprentissage scolaire des problèmes de l'environnement, dans le but d'envisager les systèmes de dépendance homme-milieu naturel. Ce projet d'éducation se base sur les technologies audiovisuelles pour la mise en spectacle de la science, tandis qu'ils excitent la curiosité et, donc, l'intérêt des élèves.
SUMMARY : Techniques of the scientific research documentation and communication, with special regard to the geologic and naturalistic field, are presented as instruments for children education on environmental problems. A didactic activity was realized in order ta make children understand the links between human reality and the environment. This educational project was based on audiovisual techniques, which can excite children curiosity, and, so, their interest.
1. INTRODUCTION
Comme la technologie a brisé,à un moment donné de l'histoire humaine, les murs des laboratoires où elle avait été créée pour envahir notre vie, le moment est arrivé pour que la science,à laquelle la compréhension (partielle) du monde naturel et le contrôle de la technologie appartiennent, s'évade des lieux de sa conception pour devenir patrimoine commun de l'humanité. Mais pour que cela se passe, elle nécessite des instruments et des langages nouveaux, complètement à inventer et vérifier. La mise en spectacle est une des ressources disponibles: la possibilité d'y avoir recours devient nécessité si les sujets de la communication sont des jeunes et, encore plus, des enfants. Les enfants, en effet, acquièrent la capacité d'élaboration de concepts abstraits seulement à partir d'un certain âge; en plus, leur capacité de concentration est très limitée et leur attention nécessite donc d'être sans cesse stimulée.Àtravers la mise en spectacle des arguments scientifiques, les enfants reconquièrent l'instrument le plus ancien d'apprentissage: le jeu.
2. LES FONDEMENTS DE L'IDÉE 2.1 Expérience scientifique et imagination
Les réflexions sur les méthodes et les principes de la connaissance scientifique et l'évaluation des expériences pratiques de recherche déjà effectuées par les Auteurs, ont conduit à la détermination de procédés possibles applicables aux activités d'animation pour jeunes et enfants. Des choix attrayants, aussi que incisifs du point de vue éducatif, se rendaient nécessaires. En premier lieu, le type d'approche que le chercheur a envers la situation qu'il veut inspecter a été considéré; il sait qu'il a à faire avec une réalité complexe, donc il essaye de la décomposer dans ses éléments constitutifs; parmi eux il sélectionne les éléments d'intérêt; enfin il analyse les relations réciproques et avec les autres composantes de l'ensemble complexe. Cette procédure analytique est bien différente d'une simple collection de données: elle tient en compte des choix de priorité dans la stratégie de recherche bien précis; en outre, elle prépare le terrain pour la phase déductive, en le rendant plus fertile en fonction du produit du travail de recherche, c'est-à-dire le modèle interprétatif final. Durant l'oeuvre de "production de la connaissance scientifique", comme remarquent Lakatos (1984) et Viard (1990), une grande importance est attribuée au rôle créatif de l'imagination, avec son indispensable contrepartie "destructrice", la raison, qui vérifie la solidité des suppositions sur lesquelles les interprétations se basent.
2.2 Imagination, communication, mise en spectacle
L'imagination peut jouer un rôle important dans la diffusion des arguments scientifiques (Kerlan, 1986). De nombreux experts qui se sont mis à la recherche des méthodes les plus incisives pour la communication et l'enseignement des sciences ont concentré leur attention sur le pouvoir de l'imaginaire scientifique dans la formation de base (Tamburini, 1991). Certaines études signalent en
fait que les nouvelles générations tendentàprivilégier les aspects figurés parmi les modalités de réception des infonnations (Giardino, 1993).
3. LE PROJET
La gestion d'une colonie d'été pour enfants de l'école primaire et secondaire dans la commune de Villarbasse (Torino, Italie) en juin-juillet 1990 a fourni l'opportunité d'expérimenter la manière de mettre en jeu et en spectacle certains arguments scientifiques: les colonies, placées en dehors des lieux physiques et mentaux de l'enseignement traditionnel, sont des occasions privilégiées d'imagination, création et expérimentation de nouveaux parcours.
3.1 But éducatif
Le but éducatif était de développer dans les enfants la conscience de l'interaction directe entre homme et nature et découvrir donc la nécessité d'une vision globale de l'environnement, à la recherche d'un possible équilibre avec lui.
3.2 Contenus
Pour la réalisation du but, trois thèmes principaux ont été spécifiés et abordés séparément (en suivant les fondements détaillés) selon un parcours hebdomadaire pour chacun d'eux: l'homme, la nature, leur rencontre.
Pour rendre plus compréhensible la trace du parcours, chaque thème a été décomposé en sous-thèmes.
L'homme: dans cette première phase, l'attention a été concentrée sur les aspects où les règles humaines sont prépondérantes: les établissements, le tr!IVail, les activités expressives;
la nature: ce thème a été abordé par une approche "stratigraphique" qui permet de déceler, en procédant par "couches" du bas vers le haut, les composantes principales du milieu naturel: la roche,
l'eau, la végétation, les animaux, l'airet le soleil ;
leur rencontre: ce thème a été développé par l'observation des occasions dans lesquelles l'homme s'insère dans la nature et l'analyse des modifications que cette rencontre provoque dans les différentes réalités humaine et naturelle. On a considéré: l'agriculture et l'élevage, l'exploitation des ressources en eau, l'activité minière.
3.3 Choix méthodologiques
Afin d'obtenir une compréhension plus immédiate des contenus, on a abandonné la méthode didactique traditionnelle, tandis que les instruments typiques de l'animation pour enfants ont été considérés (excursions, jeux de groupe, bricolage...) ; des méthodes expressément sélectionnées y ont été intégrées.
Dans le choix des stratégies de travail on a tenu compte du fait que la communication est plus efficace si elle intègre différents langages.
- le langage des mots : en racontant les faits qui appartiennent à l'expérience et à la fantaisie des enfants et des animateurs, l'activité a été préparée et ensuite soumiseà vérification critique et organisation systématique.
- le langage des gestes :à travers le mime, les enfants ont été poussés à la représentation des différents éléments qui composent la nature ou différentes situations de la vie humaine, avec une attention particulière vers les occasions d'interaction des deux réalités. Le but de ce moyen d'expression était celui de développer dans le sujet, ensemble avec la créativité, un plus grand esprit critique, une plus grande sensibilité et connaissance envers l'objet mimé.
- le langage des sons: le son est une des façons les plus caractéristiques de manifestation de toute activité, humaine et naturelle (Geronimi, 1988). En écoutant les différents sons provenant de l'environnement, on a permis aux enfants de découvrir l'utilité de ce puissant moyen pour la compréhension et l'exploration de la réalité.
- le langage des images:à travers des instruments graphiques, photographiques et l'utilisation de matériaux communs, les enfants ont redécouvert les effets chromatiques des objets et les différentes propriétés par rapportà la lumière, et en même temps l'utilisation de ces propriétés comme moyen de représentation de la réalité.
4. EXPÉRIENCES ET LE QUOTIDIEN DEVIENT SPECTACLE
4.1 À la découverte de la couleur
Les couleurs, indépendamment de leur association avec un objet spécifique, sont une expérience visuelle très riche et pleine d'inépuisables découvertes. Les différentes intensités et transparences, les combinaisons, les associations amplifiées par la projection, acquièrent une grande importance et poussentà choix esthétiques de plus en plus soignés.
- les diapositives dessinées: quelques châssis pour diapositive, quelques feutres pour verre et des transparents pour projection ont été suffisants pour que cette expérience devienne immédiatement accessible indépendamment de l'habileté spécifique de chacun. La vitesse de production de ces images, parallèlement avec leur mise en spectacle facile (puisqu'avec la projection on obtient l'agrandissement du petit dessin d'un côté, et une meilleure perception chromatique de l'autre) rendent cette technique très utile à la composition de séquences narratives, pour apprendre à tracer des notes visuelles.
- les objets colorés : quand la découverte de la couleur elle-même et de ses principales caractéristiques a commencé de façon satisfaisante, il est possible d'attirer l'attention sur les objets colorés. Grâce aux objets colorés, la réalité devient spectacle parce que le projecteur la transforme. Dans la fantaisie des enfants, un petit insecte, piégé par hasard dans le châssis de diapositive devient un monstre: l'effet de l'agrandissement et la chaleur produite par l'ampoule font que l'insecte se transforme en acteur qui bouge rapidement sur la scène de la projection. Pour donner aux enfants une dimension amplifiée de la réalité qui nous entoure, un certain nombre de matériaux semi-transparents et minces ont été choisis, insérés dans les châssis à verre et projetés. Les pétales de certaines fleurs
sont très transparents, et ainsi un morceau d'écorce d'orange ou de citron coupée très mince, la peau d'un oignon ou une feuille petite et tendre. Le but de la projection d'objets colorés était de faire comprendreà l'enfant que les matériaux minces ne sont pas tous perméables à la lumière, donc transparents, et projetés ils paraissent noirs; en même temps on a essayé de stimuler l'enfant à la recherche de ces matériaux, qu'il aurait lui-même inséré dans les châssis pour en vérifier la transparence ou l'opacité. La projection de ces objets colorés permet en outre, du point de vue didactique, une observation plus performante de leur structure naturelle, sans faire recours au microscope.
4.2 En voyage vers le monde
La mise en spectacle de la rencontre avec le monde a été obtenue en transformant la classe en un astronef avec à laquelle on pouvait rejoindre les lieux caractéristiques de la connaissance des arguments abordés. Volets fermés, silence à l'entrée, quelques lumières colorées pour mieux définir les limites d'un espace, lequel, vidé des bancs, avait perdu la connotation du lieu traditionnellement didactique ; par terre des tapis pour faire asseoir les enfants, tournés vers un écran, hypothétique hublot vers l'espace; à leurs épaules, la console de l'animateur-capitaine de l'astronef, prêt à faire démarrer l'aventure en diffusant les sons d'une musique du futur et les images d'un vol à destination terre. Et la descente vers notre planète, à travers des images de plus en plus rapprochées, les conduisait là où ils étaient en ce moment, non plus comme simples habitants, mais comme étrangers désireux de découvrir une réalité nouvelle et inconnue.
En vol sur les villes du monde pour en découvrir, avec stupeur, la variété multiforme et les réelles, parfois énormes, dimensions; passer de la réalité à la représentation à travers la vision-comparaison de photos panoramiques et des images correspondantes dessinées par l'homme ; découvrir que, depuis très longtemps, l'homme aime dessiner et projeter ses propres espaces ; essayer nous aussi de projeter et ensuite de réaliser une maison, un village, une ville où les espaces correspondent a nos besoins.
4.3 Du chaos au son : en écoutant la réalité
Pour pouvoir utiliser les sons comme instruments d'investigation, il faut avant tout se rendre compte de leur existence.Àl'intérieur de la "classe des expériences", plusieurs objets sonores sont mis en fonction en même temps: c'est aux enfant de reconnaître parmi le chaos le son demandé, et ensuite le localiser. Comme pour les formes et les couleurs, les sons aussi peuvent être manipulés et mis en spectacle grâceàla technologie. Les enfants sont invitésàproduire des sons, pour acquérir la conscience que chaque son est le produit d'une action bien précise : les sons ainsi produits sont enregistrés, amplifiés et déformés jusqu'à perdre leur connotations originaires. Convenablement modifié, un bruit peut lui aussi devenir musique.
Une fois l'écoute des sons devenue familière, on peut sortir de la classe et explorer le monde avec les oreilles. Un enregistreur permettra de retenir l'expérience sonore: une fois retournés en classe, l'écoute attentive de l'emegistrement pourra parfois mettre en évidence la présence de sons
que le cerveau n'avait pas retenu, etàl'aide des souvenirs et de l'imagination, permettra de recréer dans la fantaisie des enfants le milieu originaire.
BIBLIOG RAPHIE
GERONIMI(M.),Ilbambino traisuoni, Milano: Ed. Ricordi, 1988, 130 p.
GIARDINO(M.), Quelques exemples de communication illustrée des sciences de la terre,Actes des XVèmes Journées Internationales sur /' Éducation Scientifique, 1993.
KERLAN (A.),Les sciences enseignés et la question des représentations, Mémoire de DEA, Université de Besancon, Franche-Comté, 1986.
LAKATOS (1.),Preuves et réfutations, Paris: Hermann, 1984.
TAMBURINI(N.), Divulgazione scientifica multimediale,Atti dei Convegno"ilmuseo spettacolo", Pordenone 31 maggio-1/2 giugno 1991.
VIARD(1.), Le rôle de l'imaginaire dans l'élaboration de la connaissance scientifique. Quelques applications à la didactique, Actes des XIlIèmes Journées Internationales sur l'Éducation Scientifique, 1990.
