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FACULTE DE MEDECINE
ms
THESE PRESENTEEA L'ECOLE DES GRADUES
DE L 'UNIVERSITE LAVAL
POUR L 'OBTENTION
DU GRADE DE PHILOSOPHIAE DOCTOR (Ph.D.)
PAR
MICHEL COUILLARD
MAITRE ES SCIENCES
DE L'UNIVERSITE LAVAL
RECHERCHE D'UNI ROLE PHYSIOLOGIQUE ESSENTIEL POUR LA BETA-
LACTAHASE ET CARACTERISATION D'UNE ACTIVITE BETA-LACTAHASE
DANS LES CELLULES DE FOIE DE RAT
AVANT- PROPOS
A l'automne 19 8 0, Robert De 1 age, alors étudiant gra dué à la maîtrise en microbiologie médicale, soulignait la
ressemblance entre la structure de base des céphalosporines et
la molécule de nicotinamide adénine dinucléotide. Il s'inter
rogeait sur la possibilité que cette dernière puisse être un
substrat des 6-1actamases. Claude Asselin pour sa part complé
tait sa thèse de maîtrise qui portait sur l'influence de fac
teurs physico-chimiques sur la synthèse de deux g-lactamases
dans une souche d'Enterobacter. A cette époque, Claude Morin
et moi-même étions en quête d'un sujet de thèse qui puisse combler nos aspirations et compétences en matière de recherche.
Les discussions que nous avons eues à l'époque avec Robert Del age et Claude Asselin allaient nous motiver à proposer un
projet de recherche. Celui-ci visait à déterminer le rôle physiologique essentiel des g-lactamases. Les hypothèses de
départ étaient tributaires de sept années de travaux qui eurent lieu dans ce laboratoire sous la direction des professeurs
Roger Guay, Robert Letarte et Jean-Claude Pechère.
La présente thèse de doctorat comporte une revue de la littérature ainsi que quatre chapitres de résultats expéri
mentaux. Les deux premiers constituent l'aboutissement de travaux exécutés conjointement avec mon collègue et ami Claude
Morin. Au début de 1982, il fut décidé que mon travail se
concentrerait sur la mise en évidence et la caractérisation d'une B-lactamase eucaryote. Les deux derniers chapitres abor
dent ces sujets.
La réalisation du projet de recherche et la prépara tion de cette thèse n'auraient pas été possibles sans la colla
Ill
De veux d'abord souligner la contribution de mon
directeur de thèse, le docteur Dean-Claude Pechère, de mon co
directeur, le docteur Roger G u a y, ainsi que des professeurs
Gilles Richer et Robert Letarte. De désire les remercier pour
m'avoir fourni un encadrement scientifique et des facilités
matériel les. Leurs conseils et leurs encouragements à des
moments parfois difficiles m'ont été précieux. De leur exprime
toute ma gratitude.
D'autres professeurs du Département de microbiologie
ont contribué à ma formation et m'ont fourni une aide à l'une ou l'autre des étapes expérimentales de cette thèse. De veux
remercier les professeurs Hans W. Ackermann, Michel G. Berge
ron, Dean R. Do1 y et Roger Lévesque.
Des professeurs d'autres départements de l'Université
Laval ont également joué un rôle dans la réalisation de ce
projet de recherche en me fournissant une aide technique et
matériel le, ou en me prodiguant des conseils. C'est le cas de Luc Bélanger, Claude Gagnon, Seymour Heisler, Dacques Huot,
Marcel Lalanne, Denis Mayrand, M.R.V. Murthy, Michel P a g é,
Robert Tanguay et Doan Willemot.
De suis également redevable aux nombreux collègues
étudiants et assistants de recherche qui m'ont fourni une aide
indispensable à certaines étapes expérimentales. De désire
souligner plus particulièrement la collaboration de Dean Berge
ron, Maurice Boissinot, Corinne Marlot, Marc Martin, Mario
Martin, Claude Morin, Darnel Rafrafi, Daniel le Ramsay, Docelyne
Tardif et Nancy Watt.
Enfin, je veux adresser mes remerciements au person
nel de la Faculté de médecine, dont Betty Boulet, Docelyne
Gagnon, Francine Garneau, Louiselle Garon, Dean-Marc Dacques,
Brigitte Roy et Amédée Tremblay du Département de microbiolo gie, Françoise Boisvert du Laboratoire de virologie et Pierre
IV
3'adresse mes remerciements à Gilles Mongrain qui a
préparé les photographies ainsi qu'à Nicole Cauchon et Maurice
Poulin qui ont réalisé les graphiques. 3 e veux souligner le
travail remarquable de Diane Huot Blais qui a collaboré à la
réalisation de ce document et qui a eu la patience de dactylo graphier le manuscrit.
Ces études de doctorat n'auraient pas été réalisées
sans la contribution financière du Fonds de la recherche en
santé du Québec qui m'a attribué une bourse de stagiaire de
recherche pendant la période 1980-1983, de même que du Fonds de
soutien du revenu des étudiants au doctorat de l'Université
Laval. Par 1 'intermédiaire de ces programmes, ce sont les contribuables du Québec qui m'ont accordé ce support et je leur
RESUME
Cette étude a eu pour but d'élucider le rôle physio logique de l'enzyme 6-lactamase. Nous avons postulé que la 8 -
lactamase n'est pas exclusivement de nature bactérienne, qu'elle est reliée à une fonction physiologique importante et
que cette fonction peut se retrouver chez les mammifères.
Nous avons d'abord entrepris de vérifier le concept
d'universalité des g-lactamases. Des méthodes sensibles de
détection ont été appliquées afin de mesurer la capacité de
souches bactériennes, dites g-1actamases-négatives, de synthé tiser cette enzyme. La présence de 8-1actamase a semblé être
une caractéristique commune aux bactéries grain-négatives. Une
souche de Mycoplasma pneumoniae n'a montré aucune activité de
ce type. Chez les micro-organismes à Gram positif, les actino mycètes Bifidobacterium et Propionibacterium ont montré une
faible activité 6-lactamase. Deux Peptococcus anaerobius et un
Peptostreptococcus productus n'ont pas révélé d'activité 8- lactamase décelable. Ces deux espèces sont des bactéries anaé
robies strictes. Cette observation suggère que la 6-1actamase
peut jouer un rôle dans le métabolisme aérobie des cellules
productrices.
Nous avons ensuite réalisé des expériences métaboli
ques avec des souches d'entérobactéries afin de vérifier si la synthèse de B-lactamase est accrue en aérobiose. Nous avons
mesuré l'effet de l'oxygène sur la synthèse de B-lactamases
inductibles et constitutives, en présence ou non de cyanure de
potassium. De plus, l'influence de la pénicilline, de la
source d'énergie et de la composition du milieu de culture sur
le taux de synthèse de B-lactamase fut évaluée en présence et
en absence d'oxygène. L'aérobiose ainsi que le milieu minimal
VI
ont augmenté les niveaux des B-lactamases d'Enterobacter et de
Citrobacter. Le cyanure de potassium a freiné l'effet induc
teur de 1'oxygène en aérobiose. Ce résultat semble suggérer
que la synthèse de g-lactamase dépend davantage du fonctionne
ment normal de la chaîne des transporteurs d'électrons que de
l'influence directe de l'oxygène à d'autres niveaux métaboli
ques. Nous avons justifié la nécessité de réaliser ce type
d'expériences avec des souches microbiennes génétiquement défi nies.
A la suite de ces observations, nous avons dirigé nos efforts vers la mise en évidence et la caractérisation d'une
activité g-lactamase dans des cellules de mammifères. Les
méthodes d'études ont été basées sur 1 'interaction des pro
téines de rat avec une gamme d'antibiotiques appartenant aux
principaux groupes de 6-1actamines. Les résultats ont indiqué
que le surnageant 100,000 g d'un homogénat de foie de rat peut
dégrader les g-1actamines. L'activité a été jugée complexe.
L'inactivation de deux céphalosporines chromogéniques, le PADAC (pyridinium-2-azo-p-diméthy 1-ani 1ine chromophore) et la nitro-
céfine, a semblé reposer sur deux mécanismes différents. Les
caractéristiques spectrophotométriques de ces deux substrats et
de leurs produits de dégradation ont rappelé une activité de
type g-lactamase. Nous avons déterminé l'absence de relation
avec d'autres protéines capables de réagir sur les g-lactamines
comme la peptidase rénale, l'albumine et l'acylase.
La présence d'une g-lactamase dans les cellules de
foie de rat pourrait contribuer à élucider son rôle physiologi
que essentiel. Dans cette perspective, nous avons entrepris de
purifier l'activité g-lactamase des cellules de foie de rat. Les tentatives entreprises afin d'isoler la protéine
responsable de l'hydrolyse du PADAC ont échoué. Chaque étape de purification a été caractérisée par une faible récupération
de l'activité enzymatique et, par conséquent, une perte d'acti vité spécifique. Nous avons d'abord attribué ce résultat à
condi-VII
tions optimales pour stabiliser cette protéine a permis de
déterminer qu'elle nécessite la présence d'un cofacteur, le NADPH. Elle possède un poids moléculaire voisin de 25,000 et
un point isoélectrique d'environ 7.7. Elle a réagi aussi avec
quelques pénames et céphèmes. La protéine qui a dégradé la
nitrocéfine possède un poids moléculaire inférieur à celle qui
a hydro lysé le PADAC et un point isoélectrique près de 5.4. Elle a réagi avec un pénème et un monobactame. Ces propriétés
n'écartent pas la possibilité qu'il s'agit de g-lactamases.
Cependant, l'appartenance définitive de ces protéines à la
famille des 6-lactamases devra attendre leur purification com plète.
TABLE DES MATIERES
PAGE
AVANT-PROPOS ...
IIRESUME ...
VTABLE DES MATIERES ...
VIIILISTE DES TABLEAUX ...
XVLISTE DES FIGURES ...
XVIICHAPITRE I - REVUE DE LA LITTERATURE
1
1.
INTRODUCTION ... 2
2.
LES BETA-LACTAMINES ... 4
2.1. Diversité ... 4 2.2. Structure et classification ... 7 2.2.1. Les pénicillines ... 7 2.2.2. Les céphalosporines ... 11 2.2.3. L'acide clavulanique ... 112.2.4. Les carbapé nèmes ... 12
2.2.5. Les g-lactamines monocycliques ... 12
2.3. Mode d'action ... 13
3.
LA RESISTANCE BACTERIENNE AUX BETA-LACTAMINES .
16
3.1. Structure de la paroi ... 163.1.1. Bactéries gram-né gatives ... 16
3.1.2. Bactéries gram-positives ... 18
3.2.
Aspects génétiques ... 18 3.3. Mécanismes de résistance ... 20 3.3.1. Barrière de perméabilité ... 203.3.2.
Modification de la cible ... 20 3.3.3. Tolérance ... 21 3.3.4. Résistance enzymatique ... 21 3.3.4.1. Les 6-lactamases ... 21 3.3.4.2. Les estérases ... 23VIII
IX
3.3.4.3. Les acylases ... 24 3.3.5. Conclusion ... 254.
LES BETA-LACTAMASES
... 26 4.1. Définition ... 26 4.2. Mécanisme d'action ... 26 4.3. Propriétés générales ... 274.4. Rôle dans la résistance ... 28
4.5. Classification ... 30
5.
LE ROLE PHYSIOLOGIQUE DES BETA-LACTAMASES
... 375.1. Introduction ... 37
5.2. Les B-lactamases jouent un rôle comme agents détoxiquants ... 38
5.3. Les g-lactamases jouent un rôle dans le métabo lisme de la paroi ... 40
5.4. Evidences suggérant un rôle des B-lactamases dans d'autres fonctions métaboliques ... 44
5.5. Origine des B-lactamases ... 46
5.5.1. Ressemblance avec les PB P ... 46
5.5.2. Ressemblance avec les protéases ... 49
5.5.3. Modèle évolutif des B-lactamases ... 50
6.
LES CELLULES DE MAMMIFERES POSSEDENT-ELLES UNE
BETA-LACTAMASE?
... 536.1. Dégradation non-enzymatique ... 54
6.1.1. Réactions nucléophiles ... 54
6.1.2. Réactions électrophiles ... 55
6.1.3. Conséquences biologiques ... 55
6.2. Liaison avec des protéines ... 56
6.2.1. Albumine ... 56
6.2.2. Ligandine ... 56
6.2.3. Autres protéines ... 57
6.3. Biotransformation des B-lactamines ... 58
6.3.1. Dans le sérum ... 58
6.3.2. Dans le foie ... 59
6.3.3. Dans d'autres sites de biotransformation ... 60
6.4. Dégradation enzymatique ... 60
6.4.1. Les B-lactamases ... 61
X
6.4.3.
Les estérases ... 64
6.4.4.
La peptidase rénale
... 64
7.
MOTIFS ET OBJECTIFS DE
CE TRAVAIL ... 67
CHAPITRE II - UNIVERSALITE DES BETA-LACTAMASES
69
1.
INTRODUCTION ... 70
2.
MATERIEL ET METHODES ... 72
2.1. Souches bactériennes ... 72
2.2. Détermination de la concentration minimale in hibitrice 72
2.3. Culture des bactéries et préparation de 1 1 ex trait brut 72
2.3.1. Entérobactéries ... 72
2.3.2. Autres bactéries ... 73
2.4. Détermination de 11 activité enzymatique ... 74
2.4.1. Hydrolyse de la nitrocé fine ... 74
2.4.2. Méthode microbiologique de diffusion simple ... 74
2.4.3. Méthode microbiologique d'hydrolyse périphéri que 75
3.
RESULTATS ... 76
3.1. Les entérobactéries ... 76
3.2. Les cocci gram-positifs ... 79
3.3. Les actinomycètes ... 79 3.4. Le mycoplasme ... 79
4.
DISCUSSION ... 81
4.1. Méthodes d'études ... 81 4.2. Souches bactériennes ... 83 4.3. Universalité ... 86CHAPITRE III - ROLE DE L'OXYGENE SUR LA SYNTHESE
DES
BETA-LACTAMASES
88
1.
INTRODUCTION ... 89
XI
2.
MATERIEL ET METHODES
... 912.1. Souches bactériennes ... 91
2.2. Caractéristiques morphologiques et biochimiques des souches étudiées ... 91
2.3. Composition des milieux de culture ... 91
2.4. Culture des bactéries ... 92
2.5. Préparation des extraits bruts ... 92
2.6. Détermination de l'activité enzymatique ... 92
2.7. Essais avec malate et fumarate ... 93
3.
RESULTATS ... 94
3.1. Expériences préliminaires ... 94
3.2. Influence des paramètres physico-chimiques sur la synthèse de B-lactamase ... 94
3.3. Essai de 1'activité fumarase ... 95
4.
DISCUSSION ... 98
4.1. Expériences préliminaires ... 98
4.2. Influence des paramètres physico-chimiques .... 4.3. Activité fumarase ... 100
4.4. Conclusions ... 101
CHAPITRE IV - INTERACTION DE PROTEINES SOLUBLES DU FOIE
DE RAT AVEC LES BETA-LACTAMINES
104 1 2
1.INTRODUCTION
... 1052.
MATERIEL ET METHODES
... 1072.1. Antibiotiques et autres produits chimiques .... 107
2.2. Animaux ... 107
2.3. Préparation des organes ... 108
2.4. Préparation du foie de rat ... 108
2.5. Localisation de la fraction la plus active de 1 1 homogénat ... 109
2.6. Préparation des extraits enzymatiques ... 109
2.7. Chromatographie ... 109
2.8. Détection de l'activité enzymatique ... 111
2.9. Essais de 1 ' activité enzymatique ... 111
XII
2.11. Méthode iodomé trique ... 113
2.12. Essais immunologiques ... 113
3.
RESULTATS ... 114
3.1. Détection d'une activité hydrolytique dans différents organes du rat ... 114
3.2. Localisation de la fraction la plus active du foie de rat ... 114
3.3. Modification de céphalosporines chromogéniques 117 3.4. Essais biologiques ... 117
3.5. Recherche d'une B-lactamase par la méthode iodométrique ... 120
3.6. Essais de compétition ... 120
3.7. Mesure de 1'inhibition par la céfotaxime ... 126
3.8. Détection de la peptidase rénale ... 126
3.9. Effet de 1 ' albumine ... 128
4.
DISCUSSION ... 133
CHAPITRE V - CARACTERISATION DE L'ACTIVITE
BETA-LACTAMA-SE DES CELLULES DE
FOIE DE RAT
140 1 2
1.
INTRODUCTION ... 141
2.
MATERIEL ET METHODES ... 142
2.1. Produits chimiques et antibiotiques ... 142
2.2. Préparation de 1'extrait enzymatique de foie .. 143
2.3. Purification de 1'activité de type B -lactamase 143 2.3.1. Précipitation avec le sulfate d'ammonium ... 143
2.3.2. Chromatographie d'affinité ... 143
2.3.2.1. Préparation de la colonne ... 143
2.3.2.2. Déroulement de la chromatographie ... 144
2.3.3. Chromatographie échangeuse d'ions ... 145
2.3.4. Filtration sur gel ... 145
2.3.5. Ultrafiltration ... 146
2.4. Essai de 1'activité de type B-lactamase ... 146
2.5. Essai des protéases dans l'extrait brut ... 147
2.6. Electrofocalisation ... 147
XIII
2.6.2. Electrofocalisation en gradient de sucrose .... 148
2.6.2.1. Bande large de pH ... 148
2.6.2.2. Bande étroite de pH ... 149
2.7. Electrophorèse en gel de polyacrylamide ... 149
2.8. Estimation du poids moléculaire ... 149
2.9. Détermination des protéines ... 150
3. RESULTATS ... 151
3.1. Purification de l'activité de type 6-lactamase 151 3.1.1. Précipitation avec le sulfate d'ammonium ... 151
3.1.2. Chromatographie d'affinité ... 151
3.1.3. Chromatographie échangeuse d'ions ... 153
3.1.4. filtration sur gel ... 153
3.2. Détermination des conditions de stabilisation enzymatique ... 156
3.2.1. Effet du tampon et de la force ionique ... 158
3.2.1.1. Influence de la nature et de la composition des tampons ... 158
3.2.1.2. Influence des ions sodique et potassique dans la composition du tampon phosphate ... 158
3.2.1.3. Influence du NaCl ... 161
3.2.2. Effet du pH ... 161
3.2.2.1. Gamme large ... 161
3.2.2.2. Gamme étroite ... 165
3.2.3. Effet de la température ... 165
3.2.3.1. Effet de la température sur la cinétique de la réaction ... 165
3.2.3.2. Effet de la température sur la stabilité enzy matique ... 165
3.2.4. Effet du sucrose et du glycérol ... 168
3.2.4.1. Effet du sucrose ... 168
3.2.4.2. Effet du glycérol ... 170
3.2.5. Effets d'agents oxydants et réducteurs ... 170
3.2.5.1. Effet de l'oxygène ... 170
3.2.5.2. Effet du pCMB ... 170
3.2.5.3. Effet d'agents réducteurs ...
173
XIV
3.2.6.1. Détermination de 11 activité protéolytique de
1 1 extrait de foie ... 173
3.2.6.2. Influence des inhibiteurs de protéases ... 173
3.2.7. Effet des ions et de 1 1 ED T A ... 177
3.2.7.1. Influence des ions ... 177
3.2.7.2. Influence de 1 'EDTA ... 177
3.2.8. Effet de molécules organiques ... 177
3.2.8.1. Influence de 1 1 ATR et de 5 coenzymes ... 177
3.2.8.2. Dé termination des concentrations optimales de NAD et de
NADP
... 1903.2.8.3. Influence comparative du NAD, NADH, NADP et N ADP H ... 193
3.3. Dé termination des caractéristiques.physico-chi miques . 193 3.3.1. Poids moléculaires ... 193
3.3.2. Electrofocalisation ... 197
3.3.2.1. Electrofocalisation en gel de polyacrylamide .. 197
3.3.2.2. Electrofocalisation en gradient de sucrose .... 197
4.
DISCUSSION
... 200CHAPITRE
VI
-CONCLUSION
205BIBLIOGRAPHIE ... 211
LISTE DES TABLEAUX
CHAPITRE 1
Tableau 1. Les g-lactamases des bactéries à Gram posi
tif (actinomycètes exceptés) ... 31
Tableau 2. Les g-lactamases des actinomycètes ... 33
Tableau 3. Les g - lactamases des bactéries à Gram néga
tif ... 34
Tableau 4. La classification d1 Ambler ... 36
Tableau 5. Substrats et inhibiteurs de B-lactamases
qui ne possèdent pas l'anneau 6-lactame ... 45
Tableau 6. Activité g-lactamase de PBP ... 47
Tableau 7. Dégradation de pénicillines par une
activi-de type g-lactamase ... 62
Tableau 8. Principales propriétés des peptidases réna
les ... 66
CHAPITRE II
Tableau 9. Activité g-lactamase des anaérobies, des
actinomycètes, du mycoplasme et des entéro
bactéries étudiées ... 77
Tableau 10. Détermination des concentrations minimales
inhibitrices ... 78
Tableau 11. Activité g-lactamase de Bifidobacterium et de Propionibacterium détectée par la mé
thode biologique ... 80
XVI
CHAPITRE III
Tableau 12. Effet de 11 oxygène, de 1 1 induction et de la
composition du milieu de culture sur la
synthèse de B-lactamase ... 96
Tableau 13. Effet du KCN sur la synthèse de 6-lactamase en milieu minimal ... 97
CHAPITRE IV
Tableau 14. Détermination d'une activité hydrolytique envers les céphalosporines chromogéniques (PADAC et nitrocéfine) dans différents organes du rat ... 115Tableau 15. Activité d'échantillons de surnageants de foie et d'acylase commerciale envers les céphalosporines chromogéniques PADAC et nitrocéfine ... 118
Tableau 16. Activité du surnageant de foie envers 9 (3- 1actamines évaluée par deux méthodes micro biologiques ... 121
Tableau 17. Résultats de la méthode iodomé trique ... 122
Tableau 18A. Résultats des essais de compétition ... 124
Tableau 18 B. Résultats des essais de compétition ... 125
Tableau 19. Activité de 1'extrait brut et du sérum de rat envers les céphalosporines chromogéni ques ... 129
CHAPITRE X
Tableau 20. Purification de 1'activité de type B-lac tamase par filtration sur gel de Séphacryl 5-200 ... 154LISTE DES FIGURES
CHAPITRE 1
Figure 1. L1 évolution des g-lactamines ... 6
Figure 2. g-lactamines dont le cycle azétidinone est
accolé à un pentacycle ... 8
Figure 3. g-lactamines dont le cycle azétidinone est
accolé à un hexacycle insaturé ... .. 9
Figure 4. g-lactamines monocycliques ... 10
Figure 3. Structure de la paroi bactérienne ... 17
Figure 6. Les enzymes hydrolytiques des g-lactamines 22
Figure 7. Modèles évolutifs des g-lactamases ... 51
CHAPITRE IV
Figure 8. Procédure expérimentale utilisée pour frac
tionner l'homogénat de foie ... 110
Figure 9. Localisation de l'activité hydrolytique de
l'homogénat de foie envers le PADAC ... 116
Figure 10. Analyse spectrophotométrique des céphalos
porines chromogéniques et de leur produit
d ' hydrolyse ... 119
Figure 11. Droites de Lineweaver-Burk représentant
1'inhibition de l'extrait de foie par la
céfotaxime ... 127 Figure 12. Détermination spectrophotométrique de 1 ' ac
tivité avec un sérum de chèvre normal et un
sérum de chèvre anti-albumine de rat sur
1'activité enzymatique de l'extrait de foie
de rat ... 130
Figure 13. Immunodiffusion sur lame ... 132
XVIII
CHAPITRE V.
Figure 14. Pourcentage cumulatif de protéines totales
précipitées et d'unités de 8-lactamases
précipitées en fonction du pourcentage de
saturation en sulfate d1 ammonium ... 152
Figure 15. Modèle d'élution de 11 extrait brut de foie
sur colonne de Séphacryl 5-200 ... 155
Figure 16. Electrophorèse analytique de la filtration
sur Séphacryl 5-200 ... 157 Figure 17. Influence de la nature et de la composition
des tampons en fonction du temps et de la
concentration en Na Cl ... 159
Figure 18. Influence du phosphate monosodique et mono
potassique en fonction du temps et de la
concentration en N a C 1 ... .. 160
Figure 19. Influence de la concentration en N a C1 en
fonction du temps ... 162
Figure 20. Influence du pH sur l'activité enzymatique
restante après différents temps d'incuba
tion à 5 0 C... 163
Figure 21. Activité enzymatique en fonction du p H
(gamme large) ... 164
Figure 22. Activité enzymatique en fonction du p H
(gamme étroite) ... 166
Figure 23. Effet de la température sur l'activité de
l'enzyme hépatique ... 167
Figure 24. Effet de la température sur la stabilité de
1'activité enzymatique du foie en fonction
du temps ... 169
Figure 25. Influence du glycérol sur la stabilité de
l'enzyme hépatique ... .. 171
Figure 26. Effet comparatif de l'azote et de l'oxygène sur la stabilité de l'activité enzymatique
XIX
Figure 27. Influence du 2-mercaptoéthanol, du dithio-
thréitol et du pCMB sur 1 ' activité de 1 1
en-Figure CM CO
zyme du foie en fonction du temps ... Détermination de l'activité protéolytique
174
Figure 29 .
de l'extrait de foie ...
Influence de 1'aprotinine et de la
leupep-175
Figure 30.
tine sur l'activité de l'enzyme de foie en
fonction du temps ...
Influence de l'ion magnésium sur 1'activité
176
Figure 31 .
de 1'enzyme de foie en fonction du temps ..
Influence de l'ion manganèse sur 1'activité
178
Figure 32.
de l'enzyme de foie en fonction du temps ..
Influence de l'ion potassium sur l'activité
179
Figure 33.
de l'enzyme de foie en fonction du temps ..
Influence de l'ion calcium sur 1'activité
180
Figure 34 .
de l'enzyme de foie en fonction du temps ..
Influence de l'ion molybdène sur 1’activité
181
Figure 33.
de l'enzyme de foie en fonction du temps ..
Influence de l'ion cobalt sur l'activité de
182
Figure 36 .
l'enzyme de foie en fonction du temps ...
Influence de l'ion zinc sur 1'activité de
183
Figure 37.
1'enzyme de foie en fonction du temps ...
Influence de l'ion fer sur l'activité de
184
Figure 38.
l'enzyme de foie en fonction du temps ...
Influence de l'ion cuivre sur l'activité de
185
Figure 39.
l'enzyme de foie en fonction du temps ...
Influence de 1 ' EDTA sur 1'activité de
l'en-186
Figure 40 .
zyme de foie en fonction du temps ...
Influence des cofacteurs cocarboxylase et
187
Figure 41 .
codécarboxylase ainsi que de l'ATP sur
1'activité de l'enzyme de foie ...
Influence des cofacteurs NAD, NADP et F AD
188
Figure 42 .
sur l'activité de l'enzyme de foie en fonc
tion du temps ...
Détermination de la concentration optimale
189
Figure 43. Dé termination de la concentration optimale
de NAD pour stabiliser 11 enzyme de foie ... 192
Figure 44. Influence des cofacteurs N AD et NADP, N ADH
et NADR H sur 11 activité de l'enzyme de foie
en fonction du temps ... 194
Figure 45. Estimation du poids moléculaire de l'enzyme
hépatique qui dégrade le PADAC en HPLC sur
gel T S K G3000SW ... 195
Figure 46. Filtration de l'extrait brut de foie sur
gel de Séphacryl 5 -20 0 ... 196
Figure 47. Electrofocalisation de l'extrait brut de
foie en gel de polyacrylamide ... 198
Figure 48. Electrofocalisation en gradient de sucrose
d'un extrait de foie filtré sur Séphacryl
CHAPITRE I
2
1. INTRODUCTION
Parmi les développements les plus remarquables en science contemporaine, l'application clinique des antibiotiques
du groupe des B-lactamines apparaît comme un événement mar quant. La découverte de la pénicilline par Fleming (112), puis
les travaux menés à Oxford par Florey, Chain, Abraham et leurs collaborateurs ( 4., 6 8), ont conduit à l'utilisation de ce
composé à des fins thérapeutiques au cours de la seconde guerre
mondiale. L'effort de développement sans précédent qui a été
entrepris à cette époque a permis une production sur grande
échelle de la pénicilline. Les résultats encourageants obtenus c1 iniquement avec la pénicilline ont stimulé la recherche d'au
tres antibiotiques.
Quelques décennies plus tard, on peut évaluer l'im
pact de cette découverte en réalisant ce qu'elle représente
pour la société d'aujourd'hui. D'un point de vue économique,
l'industrie pharmaceutique emploie des dizaines de milliers de
personnes et réalise un chiffre d'affaire dépassant le milliard de dollars (192). D'ailleurs, les agents antimicrobiens cons
tituent un des groupes de médicaments le plus utilisé en méde
cine aujourd'hui.
Au niveau scientifique, l'étude des antibiotiques a permis d'acquérir des connaissances considérables en chimie (363) et en physiologie bactérienne (314). L'étude des mécanis
mes de résistance des bactéries aux antibiotiques a contribué à
paver la voie à des techniques nouvelles en génétique molécu
laire en plus d'intensifier les recherches quant au développe
ment de nouveaux antibiotiques mieux conçus pour contrer les
moyens de défense des micro-organismes.
Cette découverte a eu un impact incommensurable pour
la société lorsque l'on considère les millions d'individus dont
la vie a été sauvée, ou qui se sont vus épargnés de longues
l'infection. Les antibiotiques ont également permis de raccour cir ou d'éliminer le séjour à l'hôpital. En somme, l'avènement
de l'antib,iothérapie a contribué à l'amélioration des condi
tions de vie ainsi qu'à l'augmentation de l'espérance de vie (314) .
4
2. LES BETA-LACTAMINES
2.1. Diversité
Les 3-lactamines constituent une des plus anciennes,
la plus importante et la mieux étudiée des classes d'antibioti ques (1_7_). Elles sont uniques parmi les agents antimicrobiens
pour leur activité hautement sélective contre les cellules bactériennes, leur spectre d'activité et leur faible toxicité pour l'homme et l'animal (3_3, 288).
Les (3-lactamines sont des molécules qui réagissent avec deux catégories principales d'enzymes bactériennes (59).
Les premières, certaines des enzymes de la paroi cellulaire,
sont inactivées par les 3-lactamines et représentent les cibles
létales de ces composés. Au contraire les secondes, appelées
3-lactamases, inactivent les 3-lactamines et jouent un rôle
dans la protection de la cellule contre l'attaque des 3-lacta
mines. Nous étudierons ces deux types d'enzymes un peu plus loin .
Le dépistage de micro-organismes producteurs d'anti
biotiques a été la pierre angulaire des programmes de recherche de l'industrie pharmaceutique (405). La grande majorité de ces
études a porté sur des champignons et des actinomycètes capa
bles de produire des substances naturelles avec des structures
chimiques parfois très divergentes. Ces travaux ont permis d'acquérir une bonne connaissance des processus métaboliques menant à leur synthèse biologique (149, 387 ). Par ailleurs,
depuis les premières recherches sur la pénicilline, on a cons
tamment tenté d'accroître la productivité des fermentations d'antibiotiques (218) en utilisant le plus souvent des appro
ches génétiques pour améliorer les souches productrices (15).
Ousqu'à 1970, seulement deux groupes de 3-lactamines
étaient connus: les pénicillines et les céphalosporines. Pen
5
et céphalosporines, une variété de composés produits par des actinomycètes ont été découverts dont les cépham yci nés, l'acide
c1 avu1 aniqbe et la thiénamycine. Toutes ces substances portent un cycle g-lactame et des analogues ont été développés pour
donner une variété de substances antibactériennes avec des propriétés thérapeutiques intéressantes (109). Plus récemment,
on a isolé des molécules possédant un anneau g-lactame chez des bactéries (154, 271, 365, 405).
La synthèse de nouvelles (3-lactamines a soulevé un intérêt considérable, particulièrement ces dernières années, et
plusieurs méthodes synthétiques ont été employées afin d'obte
nir des molécules qui n' auraient pu être isolées par fermenta tion (151, 340, 418). D'autre part, les découvertes de g-
1actamines non-classiques comme la thiénamycine et la nocardi- cine ont constitué autant de stimuli auprès des chimistes pour
qu'ils synthétisent de nouveaux analogues de composés à cycle g-lactame que l'on n'a pas retrouvés en nature ( 2_4, 6_1, 324,
420). L'importance croissante et la distribution des bactéries
résistantes ont accéléré les recherches afin de découvrir des antibiotiques plus efficaces (279, 297, 329). Ainsi la struc
ture des nouvelles g-1actamines n'a plus, dans certains cas,
beaucoup de ressemblance avec la molécule de Florey et Chain. Alors que les premières pénicillines étaient utilisées pour
leur pouvoir bactéricide, les molécules brevetées récemment ont
la même capacité, mais ont d'abord été conçues afin d'être insensibles à l'action des g-lactamases (88, 109). D'autres
molécules, appelées "inhibiteurs" ont pour rôle premier de
bloquer l'activité de ces enzymes (7)9, 8_0, 413); l'inhibiteur,
utilisé en conjonction avec une g-laetamine pourtant sensible à
l'action de la g-lactamase, permet de réaliser un traitement adéquat (47 , 269 , 292) .
Le résultat de tous ces efforts constitue un vaste
ensemble d'antibiotiques dont chaque branche se distingue par
sa pharmacodynamie, par son spectre d'activité, ainsi que par sa résistance aux g-lactamases (figure 1).
1985 1980 1975 1970 1965 1960 1955 1950 1945 y-TALWPI CILLI NE ■BACAMP1C1LLINE CARIIBACILLINE •SULBÉNICILLINE SÇT1CARC1LLINE-' FLUCLOXACILLINE ■CYCLOCILLINE rPIVAMPlCILLINE AZI DOC ILLINE r AM0XYC1LLINE
CLOXACILLIIt V. —OXAC1LL1NE V\ -NAFCILLIIC \ NtMÉTVIICILLINE PHÉNÉTHICILLINE PÉNICILLINE V PÉNICILLINE 6 Penifii 11 h un chryvoqenum CEFTRIAXONE - CÉFOPÉRAZONE -CÉFOTAX1ME - CÉFADROXIL- CÉFACLOR- CÉFAMANDOLE- CÉPHAPIRINE - CÉFAZOLINE--ŒFFÉTAZOLE -CÉFODIZIME - CEFTAZIDIME -CEFSULODINE - CÉFOTI AM - CÉFUROXIME -CÉPERADINE - CÉPHACÉTRILE CÉPHALEXINE CÉPHALORIDINE-•CÉPHALOTHINE 7-ACA CÉPHALOSPORINE C Cepha lor.porium CHLOROCARD1CINE NOCARD1CINE Bactéries
Figure 1. L'évolution des (3-1 actamines (figure
adaptée de G.N. R0LINS0N, référence 305).
7
2.2. Structure et classification
Les B-lactamines ont toutes en commun un hétérocycle
azétidinone qui comprend une fonction lac tame (amide intra-
cyclique). Ce cycle peut être accolé à d'autres cycles et
porter une variété de radicaux. Des nomenclatures ont été
proposées afin de classer les B-lactamines utilisées c1 inique ment ou présentement à l'étude ( 4^9, 3_S_). Les figures 2,3 et 4
illustrent les molécules caractéristiques de cette famille
d'antibiotiques. Les paragraphes suivants ont pour but de
mettre en évidence les principaux groupes de B-lactamines et
quelques membres représentatifs. Le lecteur peut consulter des volumes spécialisés (9_7, 2 3 6 , 237 , 238 , 320) s'il désire des
informations plus complètes sur le sujet.
2
.2
.1
. keiL n.iç.i 1.1 i.n e.s_Le groupe des pénicillines a été étudié intensivement (336, 339). La molécule de pénicilline est un produit de
condensation de la L-cystéine, de la D-valine et d'une chaîne
latérale acyle. Les résidus des deux acides aminés constituent
le noyau de toutes les pénicillines, l'acide 6-aminopénicilla- nique (6-A PA). Sa structure de base est constituée d'un double
anneau azétidinone-thiazo1idine (figure 2-A). Le 6-APA est le
point de départ pour la synthèse de la plupart des pénicillines (305). Les différences dans les propriétés biologiques et
pharmacologiques des diverses pénicillines sont principalement
tributaires de la chaîne latérale en position 6. Celle-ci peut par exemple rendre la pénicilline résistante à la dégradation
par une B-lactamase, tolérante à l'acidité gastrique ou capable
de pénétrer l'enveloppe externe des bactéries à Gram négatif (33, 38). Théoriquement, n'importe quelle chaîne peut être
liée par des moyens chimiques avec le noyau 6-APA pour former une nouvelle pénicilline (336).
8
PÉNICILLINES Pénici 11 i ne G Méthicilli ne Ampicilline Cloxaci11ine Méci11inamCOOH
Péname
Acide 6-amino-pënicillaniqueCOOH
TémocillineCOOH
Sch 29482COOH
Pénème
Acide clavulaniqueCOOH
Clavame ou oxapéname
Peu de molécules de ce type ont été décri tesClavème ou oxapénème
Peu de molécules de ce type ont été décri tesCarbapéname
SCH=CHNH-R
R,-OCH
Acide olivanique EpithiénamycineCOOH
Carbapénème
CH 3 CH
Thiénamycine ImipénèmeCOOH
Figure 2. (3-lactamines dont le cycle azétidinone
est accolé à un pentacycle.
9
CÉPHALOSPORINES Acide 7-amino- céphalosporaniqueCOOH
Céphème
RrCHCONH
Céfamandole CefsulodineCOOH
R.-CONH
a non-substituées Cëphalothine CëfotiamCOOH
et aminées Groupe 3 deCOOH
RrC-CONH
Ceftazidime Cëfotaxime CeftriaxoneCOOH
CÉPHAMYCINES
R,- CONH
Cëphamycine C Céfoxitine CefmëtazoleCH,-R
COOH
,CHÇONH
COOH
Oxacéphème
MoxalactamCOOH
Peu de molécules de ce type ont été décritesCarbacéphème
Figure 3.
6-1actaminés dont le cycle azëtidinone
est accolé à un hexacycle insaturé.
10
3 4Azétidlne-2-one
NH2
HOOC-CHCH
COOH
NOCARDICINES Nocardicine ARrNH.
OH
O-R,
MONOPHOSPHAMESRrNH,
conhso2-
r3
MONOCARBAMES MONOSULFACTAMESNH2
nso3
h ch3
ccoohCH,
ch3
CH,CONHCHCONH-
r
H
j—N \ so3
h MONOBACTAMES Acide 3-amino- bactamique Azthréonam Suifazécine11
2.2.2. _Lej3 céjghjîlosjsoj?ijies
De nombreuses molécules appartiennent à cette famille des g-1actamines (262, 384). Les céphalosporines sont le pro
duit d'une condensation oxydative d'acétate, de L-cystéine, de
D-valine et d'acide a-aminoadipique. Leur noyau, composé de
l'anneau à fonction g-lactame fusionné avec un anneau dihydro- thiazine, s'appelle l'acide 7-aminocépha 1osporanique (7 -A CA) (figure 3-A). En général , des substitutions et des modifica
tions en position 7 altèrent l'activité antimicrobienne et le spectre d'activité, alors que des modifications en position 3
résultent d'abord en un changement des propriétés pharmacociné tiques et métaboliques (384).
Contrairement aux plus anciennes céphalosporines,
comme la majorité des céphèmes, les nouvelles molécules ont un
spectre d'activité élargi. Les propriétés de certains de ces
antibiotiques comme la ceftazidime, la ceftriaxone et la moxa-
lactame, leur permettent d'atteindre une proportion importante
de la flore y compris, bien sûr, les micro-organismes patho gènes résistants aux molécules plus anciennes (34).
2.2.3. k'.âc_i.de. c:lavjjl_an_iq_ue_
L'acide clavulanique a été découverte alors que l'on étudiait les produits de fermentation d'actinomycètes (290).
La structure chimique de ce composé ressemble à celle d'un
péname, à la différence qu'un atome d'oxygène remplace l'atome
de soufre sur l'anneau thiazolidine d'où le nom d'oxapéname (figure 2-C). L'acide clavulanique ne possède qu'une faible
activité antibactérienne, mais il peut être un puissant inhibi teur des g-1actamases (2 91, 416).
12
2.2.4. Les. ç.aj^fcmpj|nènms_
On compte plus d'une trentaine de molécules qui ap partiennent à cette branche. Elles possèdent toutes un penta- cycle insaturé avec un carbone en position 1 (figure 2- D ) . On
peut les diviser en quatre groupes selon la nature chimique de
leur chaîne latérale en position 6: isopropy1 e, isopropy1idène,
éthyle et thiénamycine. La thiénamycine fut le premier repré
sentant des carbapénèmes. Cette substance n'était pas adéquate
cliniquement à cause de son instabilité en solution concentrée
et à l'état solide. La synthèse du dérivé amidine, la N - formimidoy1 -thiénamycine (imipénème) a permis l'utilisation à
des fins thérapeutiques d'un composé plus stable et avec des propriétés antibactériennes supérieures à la thiénamycine (171). On retrouve également dans cette branche les acides
olivaniques, chez lesquels on a mis en évidence des propriétés inhibitrices des g -1ac tamases (80).
2.2.5. J.ejs J3-^la_ctjJmjinjis_moinocj£C_l i_gues_
Les g-lactamines monocycliques, aussi appelées mono- lactames (_5J5) comprennent les nocardicines, les monophosphames,
les monocarbames, les monosu 1factames et les monobactames (fi
gure 4). La première molécule à appartenir à cette branche fut
la nocardicine A (12). Par ailleurs, les monobactames, pro
duits par des bactéries saprophytes (154, 365) et des actinomy cètes (254), représentent un développement récent dans le champ
de recherche des nouvelles g-lactamines. Contrairement aux
pénicillines et aux céphalosporines, les monobactames naturels
possèdent une faible activité antibactérienne. On a ainsi dû
procéder à des modifications chimiques de leur structure afin d'améliorer leur potentiel antibactérien (3_8, 71).
13
2.3. Mode d'action
L'étude des mécanismes d'action des 6-lactamines est
un vaste champ de recherches que nous tenterons de résumer
brièvement. Des revues détaillées sur le sujet ont été pu bliées récemment (288, 357, 400).
Les g-lactamines exercent leur action antibactérienne en interférant dans les stades finaux de la biosynthèse du
peptidog 1 ycan. Le peptidog1ycan est une molécule en forme de filet (288) et un constituant important de la paroi cellulaire de la plupart des bactéries (l_8_, 33). Il fournit une rigidité
à la paroi tout en protégeant le micro-organisme contre les
hautes pressions osmotiques à 1'intérieur de la cellule. Toute
interférence avec la synthèse ou l'hydrolyse du peptidog1ycan
conduit à la formation d'un réseau fragile qui échoue à fournir le support nécessaire à la cellule (288).
Chez toutes les bactéries, à l'exception des myco plasmes (217b), on retrouve sur la membrane cytoplasmique un
ensemble de 3 à 10 protéines différentes, de poids moléculaire
variant de 30,000 à 100,000. Ces protéines lient la péni cilline de façon covalente (380). Quelques auteurs franco phones les appellent PLP (protéines liant les pénicillines)
mais elles sont mieux connues sous le nom de PBP (penicillin binding proteins).
Elles peuvent être séparées par électrophorèse et détectées par des techniques autoradiographiques (356). Les
PBP sont impliquées dans la synthèse du peptidoglycan, la régulation de la croissance cellulaire et la division cellu laire (410). Elles catalysent principalement des réactions de
transglycosylation et de transpeptidation (7_) avec les enzymes
D-carboxypeptida ses et transpeptidases. On a même identifié des PBP qui pourraient jouer un rôle bifonctionnel (193, 241).
Les PBP constituent la cible des effets des B-lactamines qui
11u-14
1 ai re (incluant des altérations morphologiques comme la produc
tion de formes rondes ou de filaments (219)) à la mort et la
lyse de la cellule bactérienne (245). L'effet létal ou lytique
est une conséquence secondaire de l'inhibition de l'assemblage
de la paroi cellulaire et il implique un groupe de protéines appelées autolysines (347).
Le mécanisme d'action des g-lactamines implique l'a cylation d'un résidu sérine du site actif des peptidases (117 )
pour former un intermédiaire enzyme-antibiotique relativement
stable, et qui empêche l'accès du substrat naturel au site actif (407). Tipper et Strominger (378) ont suggéré que la
pénicilline serait un analogue de structure du substrat des
transpeptidases et des carboxypeptidases, le dipeptide D -
a 1 any 1-D-a 1 an i ne. La comparaison des modèles moléculaires
tridimensionnels de la pénicilline et du constituant dipeptidi-
que du peptidoglycan a montré des similitudes significatives entre les deux (401). Bien que l'hypothèse précédente ait été
vérifiée pour les D-carboxypeptidases de faible poids molécu laire, on n'a pas encore prouvé sa validité pour les P B P à poids moléculaire élevé qui sont les cibles létales de la pénicilline (357).
Des études de la conformation spatiale des atomes ont
démontré que le lien g - 1ac tame des pénicillines et des céphalo
sporines doit être intact pour manifester une activité antibac térienne (288). La découverte récente des g-lactamines monocy
cliques a permis de confirmer l'affirmation précédente et
d'infirmer le pré requis qu'une structure bicyclique est essen tielle pour obtenir une activité biologique (3JL, _LL> 122, 407 ).
L'activité d'une B-laetamine particulière pour chaque P B P dépend de sa taille, de la distribution spatiale des atomes qui
la constituent, ainsi que de la charge des chaînes latérales sur le noyau g -lactame (277).
On a entrepris récemment des études crystallographi-
15
(57., 69., 99., 239) , des B- lactamines (288) et des PBP (178).
Les connaissances acquises dans ce domaine permettront de des siner de nouveaux antibiotiques qui pourront inactiver des PBP
essentielles sans être reconnus et détruits par les B-lacta mases ( TjS ).
16
3. LA RESISTANCE BACTERIENNE AUX BETA-LACT AM I NE5
Dans les dernières décennies, les multiples efforts déployés pour combattre les bactéries pathogènes ont permis au
corps médical de compter sur une variété d'antibiotiques pour
traiter les infections. Néanmoins, l'incidence des micro
organismes résistants n'a cessé de croître depuis l'avènement des antibiotiques (92). On a notamment impliqué l'usage répan
du et parfois irrationnel des antibiotiques pour expliquer l'augmentation des bactéries résistantes (200, 203, 297).
D'une façon générale, un antibiotique doit, pour être
efficace, agir sur une ou plusieurs cibles dans la cellule
bactérienne, atteindre des cibles en concentration suffisante
et éviter l'inactivation due à des substances produites par la cellule (296). Pour affecter les bactéries, les 3-1 actamines
doivent traverser les enveloppes externes à la surface de la
cellule, doivent posséder une affinité pour les protéines im pliquées dans la synthèse de la paroi cellulaire et enfin, éviter la destruction par les B-lactamases (243).
3.1. Structure de 1 a paroi
Afin de mieux comprendre les mécanismes responsables
de la résistance bactérienne aux g-lactamines, il apparaît
important de décrire succintement la structure de la paroi
cellulaire bactérienne.
3.1.1. j3 ajc tj| r^Leja Çjr a/n^n^gja M ve^s_
Chez les bactéries à Gram négatif, la paroi est composée de plusieurs couches superposées (figure 5-A). Un
antibiotique doit d'abord traverser la membrane externe compo
sée de lipoprotéines, de lipopolysaccharides, de phospholipides
et de protéines. La membrane externe peut être considérée comme une double couche hydrophobe parsemée de canaux (porines)
17
A- Bactéries gram-négatives
MEMBRANE EXTERNE ESPACE PÉRIPLASMIQUE hEMBRANE CYTOPLASMIQUEm ? ? fi ? «
PROTÉINE PORINE PHOSPHOLIPIDS LIPOPOLYSACCHARIDE LIPOPROTÉINE PEPTIDOGLYCAN BÊTA-LACTAMASE PBP PROTÉINE DE TRANSPORTB- Bactéries gram-positives
CAPSULE PEPTIDOGLYCAN MEMBRANE CYTOPLASMIQUEmnRRmmmfljam—
6
6 U ü> & b
otf o o o o o o olf o 0 <>
BÊTA-LACTAMASE
HYDRATE DE CARBONE
PROTÉINE
PHOSPHOLIPIDS
PROTÉINE
18
et de polysaccharides hydrophiles. La double couche est ancrée
à des points spécifiques au peptidoglycan sous-jacent. Une molécule d'antibiotique, ou toute autre molécule n'utilisant
pas un système de transport spécifique, est forcée d'ouvrir une brèche dans cette barrière pour atteindre sa cible. Deux voies
sont possibles. La première est hydrophile: on pense que la majorité des g-lactamines empruntent les porines constituées
d'un canal rempli d'eau et qui donne accès à l'espace périplas- mique (253, 325, 426). La seconde, utilisée par des antibioti
ques hydrophobes, emprunte la double couche de phospholipides hydrophobes. On a démontré que certaines pénicillines, dont
l'ampicilline, préfèrent cette route (420, 421). Les deux
voies présentent cependant des contraintes à la perméabilité
des molécules. Des facteurs comme la taille et la conformation
des molécules d'antibiotiques, ou la distribution des charges
sur les couches externes de la membrane, peuvent limiter l'accès à une quantité suffisante d'antibiotique vers les
cibles (126, 148, 253). Dans l'espace périplasmique, on
retrouve les protéines cibles (PBP) et les g-lactamases. Ces
dernières peuvent inactiver les g-lactamines qui sont parvenues dans l'espace périplasmique, avant même qu'elles ne puissent se
fixer sur les PB P.
3.1.2. B.a.£tj|r-!e_s Hra.m^po^s_i t_ivj3S
Le problème de perméabilité est presqu'inexistant
chez les bactéries à Gram positif, puisqu'il n'y a pas de membrane externe (figure 5-B). La couche de peptidoglycan est
cependant plus épaisse, mais elle n'empêche pas la diffusion de l'antibiotique vers les protéines cibles sur la membrane cyto plasmique (300). La g-lactamase peut quitter la cellule et
détruire l'antibiotique dans le milieu extracellulaire.
3.2. Aspects génétiques
D'un point de vue strictement génétique, les mécanis
résistance naturelle, aussi appelée résistance intrinsèque, est
commune à une majorité de souches d'un même groupe de bactéries (125, 300). Par exemple, la résistance naturelle des bactéries
à Gram négatif est due à la présence d'une g-lactamase, mais
surtout à la structure relativement imperméable de leur paroi
cellulaire qui ralentit la diffusion des molécules d'antibioti ques vers leurs cibles (300). C'est le cas notamment de Pseu
domonas aeruginosa chez qui la faible pénétration à travers la
membrane externe le rend hautement résistant à la plupart des g-lactamines (11, 126, 196). On a également invoqué chez cette
espèce une faible affinité de PBP pour les g-lactamines (304)
quoique d'autres travaux soutiennent le contraire (357, 428).
Au contraire, chez les micro-organismes gram-positifs, les g -
1actamines n'ont généralement qu'à traverser la couche du pep tidoglycan pour atteindre les PBP. Cette couche ne semble pas
barrer l'accès à des molécules de la taille des antibiotiques, à moins qu'il n'y ait du matériel capsulaire (glycocalyx) (277)
qui de toute façon n'influencerait que marginalement leur dif
fusion. Baci1 lus meqaterium échappe cependant à la règle (70).
Néanmoins, la présence d'une g-lactamase chez les Staphylococ cus (203) ou le manque d'affinité des PBP pour les g-lacta
mines chez les entérocoques (114, 412) constituent des exemples
de résistance naturelle des bactéries gram-positives.
La résistance acquise est une conséquence de la sé lection sous la pression des antibiotiques. Une bactérie peut
acquérir une résistance par mutation qui affectera par exemple un facteur intrinsèque (35, 106). On verra plus loin que
plusieurs mécanismes de résistance sont tributaires des muta
tions. L'acquisition par une bactérie d'une information géné
tique nouvelle sous forme de plasmides de résistance constitue de loin le facteur primordial (245). Les plasmides sont pré
sents chez presque toutes les espèces de bactéries et sont largement distribués dans la nature (246). La résistance p 1 as-
mi d i q u e peut s'illustrer par la synthèse d'une g-lactamase ( 301), quoiqu'elle puisse également entraîner une modifie
20
3.3. Mécanismes de résistance
La résistance des bactéries aux g-lactamines est connue depuis 1940 ( 3_) • Cependant, la découverte de bactéries
porteuses de résistances multiples au Japon à la fin des années cinquante (393) a pour ainsi dire ouvert la voie à l'étude des
mécanismes de résistance. Les facteurs qui déterminent la
résistance des bactéries sont multiples, si bien que l'on
reconnaît aujourd'hui quatre mécanismes distincts de résistance bactérienne aux g-1actamines (125).
3.3.1. B.aJLriè.re_de per_mj|ajDi_li_té_
On a vu auparavant que cette barrière peut prévenir
l'accès d'une quantité suffisante d'antibiotique vers les PB P. Des souches mutantes déficientes en porines (158, 159, 228) ou
dont le contenu en lipides de la paroi est modifié (205, 326)
atteignent des niveaux de résistance accrus.
3.3.2. üojliJLi-CaJLio.ns. de_lji ç.i.ble.
Ce mécanisme de résistance implique généralement une
réduction de l'affinité des molécules cibles pour l'antibioti
que. On peut mentionner à titre d'exemple les souches de
Staphylococcus aureus où la méthicilline peut induire la syn thèse d'une P B P supplémentaire qui possède peu d'affinité pour
les 6-lactamines et qui rend les cellules résistantes à ces antibiotiques ( 313, 3 8 5 b). Des altérations de P B P ont été
observées tant pour les bactéries à Gram positif (121, 243,
411) que pour les bactéries à Gram négatif (_8_9_, 228, 355).
L'émergence de ce type de résistance chez des souches cliniques qui sécrètent peu ou pas de g-lactamase illustre bien la facul
té d'adaptation des bactéries et il pourrait bien être une cause commune de résistance dans le futur (357).
21
3.3.3. To_léra_nce^
Parmi les propriétés remarquables des g-lactamines,
le pouvoir bactéricide est l'une des plus importants. Des
concentrations voisines de g-lactamines permettent d'inhiber la croissance d'une bactérie ou de la tuer in vitro (179). Les
auto lysines du peptidog1ycan agissent comme médiatrices de la mort cellulaire après exposition aux g-lactamines (379). Les
bactéries dont la fonction autolytique est déficiente demeurent
sensibles à l'antibiotique, mais peuvent néanmoins survivre en sa présence. Tomasz et ses collègues ont appelé ce phénomène tolérance (381).
Par définition, une souche tolérante montre une di
vergence entre l'activité inhibitrice et l'activité bactéricide
de l'antibiotique, de telle sorte que la concentration minimale bactéricide (CMB) divisée par la concentration minimale inhibi
trice ( C M I ) est plus grande ou égale à 32 (247, 313). Cepen dant, dans une publication récente sur le sujet (277), on
reconnaît que cette définition ne fait pas 1 'unanimité et que le rapport CMB/CMI peut varier de 8 à plus de 64. La tolérance
se manifeste de plus en plus fréquemment en clinique, particu
lièrement chez des bactéries à Gram positif dont les staphylo coques (313) et les streptocoques (134, 179). Elle s'illustre
par des infections prolongées lorsqu'une thérapie à dose nor male, mais trop faible, est utilisée (213).
3.3.4. üé_si.st _ance_ejnzxroa.t i.qHe_
Trois catégories d'enzymes bactériennes peuvent réa
gir avec les g-lactamines avant qu'elles puissent accéder aux protéines cibles.
3.3.4.1. Les g-lactamases
Elles catalysent l'hydrolyse du lien g-lacta me des pénicillines et des céphalosporines (figure 6). Cette réaction
22
Céphalosporines
O 11COOH
ACYLASE
ESTERASE
B-LACTAMASE
COOH
R-C-NH
OPénicillines
23
irréversible détruit le site de l'activité antibactérienne.
Ainsi jouent-elles un rôle très important dans la résistance clinique aux antibiotiques (267, 301, 367). Nous les étudie
rons plus en détail au point 4. Il est cependant opportun de
mentionner qu'en plus de leur fonction hydrolytique, des au
teurs ont postulé que les g - 1ac tamases peuvent bloquer l'accès
des R BP à certaines g-1actamines par un mécanisme appelé bar rière non-hydrolytique (367) ou "trapping" (374). Ce type de
résistance affecterait principalement les céphalosporines stables aux g-lactamases ( .5 _3 , 270 , 2 80 , 3_21_, 323 ) . On
l'observe particulièrement chez les bactéries à Gram négatif qui possèdent une g -1actamase inductible (12 8, 129). Celle-ci
est déréprimée de façon stable par mutation ou de façon réver sible par l'antibiotique qui agit comme un inducteur (130, 204,
321). La résistance aux nouvelles céphalosporines serait ainsi
causée par une production accrue de g - lactamases qui vont lier les molécules d'antibiotiques en un complexe stable (270). En
condition d'excès d'enzymes, il serait peu probable que l'anti biotique puisse atteindre les P BP en quantité suffisante (322).
Vu et Nikaido (393) ont récemment mis en doute la théorie du
"trapping". D'après eux, la résistance des bactéries aux 6 -
lactamines à spectre large s'expliquerait davantage par un mécanisme hydrolytique: la g -1ac t amase qu'ils ont étudiée peut
inactiver, quoique lentement, les molécules d'antibiotiques
ayant franchi la barrière de perméabilité.
3.3.4.2. Les estérases
Les estérases (364), aussi appelées acylesté rases
(2 33), acéty1 esté rases (2 67) ou hydrolases d'ester carbox y 1i-
ques (84), hydro 1ysent le groupement acétoxyméthyle en position
3 de l'anneau dihydrothiazine de certaines céphalosporines comme la céphalosporine C (37) (figure 6). Une fois transformé
en désacéty1-cépha1osporine, l'antibiotique possède une activi té antibactérienne réduite (364). Les estérases sont largement
distribuées dans la nature (387). Elles ont été isolées chez des bactéries (1^, 3J7 , 2 3 3), des actinomycètes ( 9_8_) et des
24
champignons (260). Ces enzymes ne constituent pas un facteur
important dans la résistance aux g-lactamines des bactéries pathogènes (267).
3.3.4.3. Les acylases
Cette classe d'enzymes a été particulièrement bien étudiée à cause du rôle qu'elle joue dans la fabrication de 6 - lactamines semisynthétiques (212, 388). Les acylases sont
connues sous une variété d'appellations: pénicilline amidase,
pénamidase, pénicilline G acylase, "penicillin splitting and
synthesizing enzyme" , acy11ransférase , pénicilline déacylase, pénicilline acylase, pénicilline G amidohydro1ase (138); amido-
hydrolase (296); amidase (364). Elles ont la propriété de
rompre par hydrolyse le lien peptidique par lequel le groupe ment latéral acy1e en position 6 de la molécule de pénicilline est relié au noyau 6-APA (figure 6). Pour les céphalosporines,
l'enzyme agit en position 7. Dans un cas ou dans l'autre,
1 ' acy1ase réduit l'activité biologique de l'antibiotique sans complètement l'inactiver (9_i, 10 3, 137, 296). Dans certaines
conditions, l'action de l'enzyme est réversible (387).
Les micro-organismes capables de synthétiser une acy
lase sont nombreux et se distribuent tant chez les bactéries et les actinomycètes, que chez les levures et moisissures (387).
Une des premières classifications considérait les acylases fongiques (type I) et les acylases bactériennes (type II)
séparément (138). Aujourd'hui, on distingue les acylases selon
leur origine et la spécificité de leur(s) substrat(s): les
pénicillines acylases microbiennes (3 types), les céphalospo
rines acylases microbiennes et les pénicillines acylases non- microbiennes (389).
Les propriétés biochimiques particulières des acy lases, comme une faible affinité pour leurs substrats, une
activité optimale à pH alcalin et un pouvoir antibactérien du
25
de ces enzymes dans la résistance bactérienne (138, 267, 296).
3.3.5. Conclusion
En résumé, 1'émergence de la résistance aux g-lacta-
mines a considérablement réduit la valeur d'antibiotiques qui
étaient auparavant efficaces contre des espèces comme Entero- bacter, Serratia, Citrobacter, Pseudomonas ou Staphylococcus.
Ces micro-organismes comme d'autres, réussissent à tenir en
échec les moyens entrepris pour les contrôler afin d'assurer leur survivance. Il est possible que des mécanismes d'adapta
tion encore inconnus puissent apparaître dans l'avenir en ré ponse à l'introduction de nouvelles molécules (187).
26
4. LES BETA-LACTAMASES
4.1. Définition
Ainsi que nous l'avons vu précédemment, les B -lacta mase s [pénicilline (céphalosporine) g - 1actame amidohydrolases,
EC 3.5.2.6 3 hydrolysent le lien g- lactame des pénicillines et
des céphalosporines susceptibles pour donner un produit biolo giquement inactif (figure 6). Les produits d'hydrolyse des
pénicillines, les pénici11oates, sont stables et peuvent être facilement détectés (364, 361), Puisqu'ils portent un groupe
ment acide de plus que la molécule mère, on les retrouve par fois sous l'appellation d'acides pénicil lo'iques. Par contre,
les cépha1osporoates issus de l'hydrolyse des céphalosporines sont des intermédiaires instables (142). Ils subissent par
conséquent d'autres étapes de dégradation en fonction de la nature du radical chimique en position 3 (249). Il est par
conséquent difficile de les détecter. Quant aux autres molé cules qui contiennent un anneau g -1actame (comme les céphamy-
cines, les clavames, les oxacéphèmes, les carbapénèmes et les monobactames), la plupart sont considérés comme des substrats
potentiels pour les g-lactamases. En outre, certaines de ces
nouvelles molécules semblent être hydro 1ysées par une variété de g-lactamases (225), mais l'identification des produits d'hy
drolyse n'a pas encore été réalisée (366).
4.2. Mécanisme d'action
A l'aide de dérivés halogénés de la pénicilline comme
l'acide 6-g-bromopénicillanique, on a démontré qu'une sérine était responsable de l'attaque du cycle g-lactame ((7(7, 186).
Cette attaque provoque l'ouverture de l'anneau pour former une acy1-enzyme. Chimiquement, 1'acy1-enzyme est dérivée du grou pement a-carboxyle de l'acide pénicilloïque et du groupement
hydroxyle de la sérine. C'est l'hydrolyse de l'ester de sérine
et non l'ouverture du cycle g-lactame qui constituerait l'étape limitative de la réaction (18 5). En outre, malgré leur re 1 a
27
t i v e spécificité envers des composés à cycle g-lactame, les
g-lactamases possèdent un site actif assez souple leur permet
tant de s'adapter à une vaste gamme de substrats (5_9, 12).
Les B-lactamases de Staphylococcus aureus (6_4) , de Bacillus cereus type I (186) et TEM (110 ) possèdent toutes un
site actif où la sérine joue un rôle prédominant. Par exemple,
la substitution de la sérine du site actif par la thréonine rend l'enzyme TEM totalement inactive ( 90). Ces B-lactamases
montrent aussi une homologie de la séquence des acides aminés (_8). Par ailleurs, on a isolé des acy 1-enzymes chez Enterobac-
ter c 1 oacae P99 (4_0, 168), Pseudomonas aeruginosa et Escheri
chia coli K12 (184, 186). La séquence peptidique de ces B-
lactamases chromosomiques est voisine mais elle diffère consi dérablement des trois premières (4JD, 185). S'il semble que les
g-lactamases soient toutes des sérine-enzymes, la B-lactamase
II de Bacillus cereus échappe néanmoins à la règle. En plus, elle diffère des autres par un besoin d'ion Zn++ et par une
absence d'homologie de la séquence d'ADN (144).
4.3. Propriétés générales
Les B-lactamases sont présentes dans une grande di
versité de familles et d'espèces microbiennes, notamment chez les bactéries à Gram positif (_5, ^2, 101), les bactéries à Gram négatif (119, 369), les actinomycètes (100, 267, 394), les
mycobactéries (176), les levures (227) et les cyanobactéries (201). Elles possèdent des poids moléculaires variant de
12,000 (223) à 186,000 (391). En dépit de leur spécificité
pour les composés à cycle B-lactame, les profils d'activité mesurés sur les pénicillines et les céphalosporines montrent
une certaine diversité. Les profils enzymatiques varient de la "pénici11inase" à la "cépha1osporinase", avec toute une gamme d'intermédiaires (301).
L'information génétique peut être portée par le chro mosome, par un plasmide ou un transposon (225). La synthèse de
28
la protéine est généralement constitutive pour les g-lactamases
plasmidiques et peut être inductible pour plusieurs g-lacta mases chromosomiques (301, 367). Les études des mécanismes
génétiques de régulation de la synthèse ont porté surtout sur les espèces Staphy1ococcus aureus, Bacillus cereus, Bacillus 1 ichenif ormis (133) et chez les entérobactéries, sur Escheri chia coli (161), Enterobacter cloacae (129) et Citrobacter
freundii (328, 422 ). Depuis les travaux d'Ambler ( 9_) sur la
séquence en acides aminés des g-lactamases, on a récolté de
nombreuses informations sur la structure du gène actif, 11 homo logie des séquences et la nature de la séquence "signal". La présence de celle-ci, aussi appelée peptide de tête, a été
remarquée chez toutes les g-lactamases étudiées jusqu'à présent (230). De nature hydrophobique et comportant environ 25 acides aminés (16), elle facilite l'exportation de la protéine vers la
membrane (93). La séquence est coupée avant ou juste après le
passage de la protéine à travers la membrane (215). La g -
lactamase est une enzyme périp 1 asmique chez les bactéries grain-
négatives. Quant aux micro-organismes gram-positifs, on peut retrouver une forme de g-lactamase hydrophobe liée à la mem
brane ainsi qu'une exoenzyme hydrosoluble, toutes les deux produites par le même gène (250).
4.4. Rôle dans 1a résistance
Le rôle des g-lactamases dans la résistance des bac
téries pathogènes aux g-1actamines est un sujet très controver
sé et qui doit être réévalué très souvent à cause de l'évolu
tion rapide des connaissances. Par ailleurs, l'activité d'une
g-laetamine particulière sur une souche bactérienne donnée est
souvent le résultat d'une combinaison complexe de facteurs (voir point 3) dans lesquels la g-lactamase peut jouer une
variété de rôles (225, 298). Sabath (315) a proposé une vision
simplifiée de ce sujet; un micro-organisme produit une g- lactamase qui inactive l'antibiotique avant que l'antibiotique n'ait causé des changements irréversibles dans la cellule bac