• Aucun résultat trouvé

LA RÉCEPTION DE LA COURONNE ET LA LYRE

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "LA RÉCEPTION DE LA COURONNE ET LA LYRE"

Copied!
26
0
0

Texte intégral

(1)

LA RÉCEPTION DE LA COURONNE ET LA LYRE

par Rémy POIGNAULT

(Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand)

Le recueil de traductions de poèmes grecs précédées d’une substantielle préface et, pour chaque auteur, d’une notice de présentation, que Marguerite Yourcenar a publié aux éditions Gallimard en 1979 a trouvé un large écho dans la presse à sa sortie, qui – il faut le dire – tombait en plein dans la campagne menée à Paris pour l’élection de la première femme à l’Académie française, qui eut lieu en février 1980. Nul doute que cette « affaire » justifie au moins tout autant que la poésie grecque l’engouement médiatique pour l’ouvrage. J’ai fondé mon étude sur l’énorme et très utile travail bibliographique réalisé par Françoise Bonali, La réception de l’œuvre de Marguerite Yourcenar. Essai de bibliographie chronologique (1922-1994), Tours, SIEY, 1995 en ajoutant quelques références glanées çà et là, car on sait qu’en matière de bibliographie, plus qu’ailleurs, on ne peut jamais atteindre à la somme quelque minutieusement informé soit-on ; et je ne prétends pas non plus être exhaustif.

Une réception limitée dans le temps

L’ouvrage est signalé dans 24 Heures (Lausanne), Le Journal de Genève, Le Journal de Mons et du Borinage / Le Rappel, et La Presse (Montréal) en Suisse, en Belgique et au Canada, ce qu’explique la francophonie ; mais cette traduction du grec en français donne lieu aussi à un compte rendu dans World Literature Today en 1980, sous la plume de Pierre L. Horn, lui-même universitaire, qui publiera en 1985 un ouvrage intitulé Marguerite Yourcenar chez Twayne Publishers à Boston ; on ne s’étonnera pas de la présence de cette recension dans une revue de langue

(2)

anglaise dont c’est précisément la fonction de s’ouvrir sur la littérature mondiale. En revanche, il pourrait sembler plus étonnant que le quotidien suédois Swenska Dagbladet signale le 9 novembre 1984 l’ouvrage paru en collection de poche ; mais, comme me l’a aimablement indiqué Kajsa Andersson, qui a fait la recherche pour moi et que je tiens à remercier ici, l’article (dû à Gunnel Vallquist, traducteur en 1953 de Mémoires d’Hadrien) est centré sur Nouvelles orientales, à l’occasion de la sortie de sa traduction en suédois par Malou Höjer et Katja Waldén, et la réédition n’est signalée qu’à la fin, en même temps que Les Charités d’Alcippe et Blues et Gospels ; on y indique seulement que l’œuvre « contient les interprétations de Marguerite Yourcenar de la poésie grecque maintenant en livre de poche »1. On notera comme une curiosité que Jacques Chessex, tout en reconnaissant la valeur de La Couronne et la Lyre, où il voit une « méditation esthétique et métaphysique » et « l’œil éternel et quotidien », ne consacre dans sa chronique de 24 heures (Lausanne) que quelques lignes à l’anthologie, préférant s’attarder sur la récente réédition des Nouvelles orientales dans la collection « L’imaginaire ».

Pour la France, outre les quotidiens Le Monde, Le Figaro, La Croix, Le Matin de Paris, France-Soir, La Dépêche (Toulouse), Le Méridional (Marseille), La Nouvelle république du Centre (Tours), L’Écho du Centre (Limoges), les hebdomadaires comme Le Journal du Dimanche, L’Express et même Minute, des bimestriels comme l’organe de la « nouvelle droite » Éléments pour la civilisation européenne, ou des revues spécialisées comme le Bulletin critique du livre français, le Bulletin des Lettres, Esprit, La Quinzaine littéraire, Les Nouvelles Littéraires, Études, mais aussi de moins connues comme L’Officiel des comités d’entreprise (qui en fait son livre du mois). On constate, donc, un très large éventail politique et sociologique allant du Matin de Paris à Minute et de France-Soir à la Quinzaine littéraire. Il faut, bien sûr, établir un lien avec le fait que l’ouvrage a figuré pendant quatorze semaines sur la liste des « best-sellers » en France.

La reprise en 1984 dans la collection de poche « Poésie / Gallimard » fut plus discrète : elle est signalée, comme nous l’avons vu en Suède, et à Lausanne dans 24 Heures, par Jean Pache le 4 janvier 1985 en même

(3)

temps que Fleuve profond, sombre rivière, Blues et Gospels et Les Charités d’Alcippe. En France, Littératures (revue de l’université de Toulouse Le Mirail), L’Information Littéraire s’intéressent à la réédition. C’est l’helléniste Francis Vian qui fait le compte rendu pour cette dernière publication qui avait laissé sous silence la première édition ; sans doute la stature conférée à Yourcenar par son élection à l’Académie française explique-t-elle ce réveil de la docte revue.

C’est, de même, cette multiple présence éditoriale de Yourcenar en poésie qui suscite, en 1985, l’article de Maurice Chavardès dans l’hebdomadaire Témoignage chrétien, article dont la majeure partie porte sur La Couronne et la Lyre, mais où cette concomitance permet de mettre en lumière chez Yourcenar un va-et-vient d’une civilisation à l’autre.

Il est à noter que l’article anonyme de Minute est paru à l’occasion de la mort de Yourcenar, en hommage, et il est curieux qu’on ait choisi d’y privilégier cette œuvre. On peut supposer que si l’extrême droite attache une grande importance à cette œuvre, c’est sans doute qu’il y a là le souvenir d’une utilisation partisane de l’Antiquité faite jadis au service d’une idéologie douteuse ; La Couronne et la Lyre est, au contraire, une invitation au dialogue des cultures et l’on peut redire avec Hadrien : « La Grèce m’avait aidé à évaluer ces éléments, qui n’étaient pas grecs » (MH, OR, p. 459-460).

Il existe aussi des travaux universitaires, où il ne s’agit plus seulement de recension. C’est surtout la question de la traduction qui focalise l’attention. Maurice Lebel dans son article « Marguerite Yourcenar traductrice de la poésie grecque » dans les Études littéraires d’avril 1979, donne une analyse substantielle non pas de La Couronne et la Lyre, recueil qui n’est pas encore paru et dont la publication est seulement annoncée, mais des traductions déjà parues en prépublication en revue et qui devraient se retrouver dans le recueil ; le second volet de cette intéressante étude porte sur la traduction du grec moderne de Cavafy. En 1982, le Bulletin de l’Association Guillaume Budé lui consacre un article intitulé « Avec Marguerite Yourcenar : apprendre à traduire », sous la plume d’Eugène de Saint-Denis, lui-même traducteur des Bucoliques de Virgile aux Belles Lettres. Cette même année paraît aussi dans les Cuadernos de Literatura, en portugais, une étude de Maria Elena da Rocha : « Notas sobra a Arte de traduzir : A proposito de La Couronne et la Lyre de Marguerite Yourcenar ».

(4)

Force est de constater que l’intérêt de la critique pour La Couronne et la Lyre est très limité dans le temps ; rien de plus naturel pour la presse, chargée de s’exprimer sur l’actualité éditoriale, mais c’est plus étrange chez les chercheurs, ce qui s’explique sans doute par la nécessité d’être soi-même apte à traduire le grec ancien pour en parler avec quelque autorité. Il est très significatif d’observer que dans l’index du deuxième volume de Françoise Bonali, Réception de l’œuvre de Marguerite Yourcenar. Essai de bibliographie chronologique (1995-2006), Clermont-Ferrand, SIEY, 2007, on ne trouve plus La Couronne et la Lyre ; on verra toutefois que quelques études spécifiques des plus intéressantes y ont été consacrées.

Ainsi Philippe Brunet a consacré sa communication pour le colloque Marguerite Yourcenar. Écriture, réécriture, traduction que nous avons organisé à Tours en novembre 1997 à « Marguerite Yourcenar traductrice de Sappho », et Maria Orphanidou-Fréris dans son article « Marguerite Yourcenar traductrice du grec » publié dans Desmos, 25, 2007, accorde quelques lignes à La Couronne et la Lyre.

Dans l’article très éclairant de Robert Jouanny sur les rapports de Yourcenar avec l’hellénisme publié dans Marguerite Yourcenar « un certain lundi 8 juin 1903 » en 2004, « Yourcenar, de la Grèce antique à Cavafy », La Couronne et la Lyre n’est mentionnée qu’une fois, en note (n. 21, p. 104), avec la célèbre phrase comparant la fidélité des traductions à celle des femmes. L’article de Gérard Delomez sur « La poésie dans l’œuvre de Marguerite Yourcenar », paru dans le numéro 31 de nord’ (juin 1998) consacré à Yourcenar ne contient que quelques lignes sur La Couronne et la Lyre pour signaler la volonté de traduire les vers par des vers.

On retiendra tout particulièrement la contribution de Sophie Rabau au séminaire GRES sur L’écriture fragmentaire : théories et pratiques : « Entre bris et relique : pour une poétique de la mise en fragment du texte continu ou de la fragmentation selon Marguerite Yourcenar »2, qui est centrée sur La Couronne et la Lyre, dans une perspective tout à fait originale sur laquelle je reviendrai. Je dois à la contribution de May

2 Paru dans L'Écriture fragmentaire, théories et pratiques, Ricard RIPOLL éd., Presses Universitaires de Perpignan, Collection Études, 2002.

(5)

Chehab au colloque de Tokyo d’avoir pris connaissance de ce travail3. Je dois aussi à l’amitié et à la vigilance de Françoise Bonali la communication d’un article de Pascale Alexandre-Bergues, « “La Couronne et la Lyre”. Marguerite Yourcenar et le genre de l’anthologie »4, paru en 2007 et issu d’une collaboration de l’auteur à un colloque organisé à l’université de Paris IV en septembre 2006 sur Les anthologies d’écrivains.

Signalons aussi la contribution, à paraître, de Mireille Brémond au colloque de Tokyo sur Marguerite Yourcenar et la poésie, « Pindare et Yourcenar »5, où sont étudiées la place que la traductrice réserve à Pindare dans l’anthologie et sa méthode de traduction, comparée à celle du traducteur des Belles Lettres, Aimé Puech.

La Couronne et la Lyre est aussi abordé dans des monographies portant sur des sujets plus généraux. Pierre L. Horn dans son livre sur Yourcenar (1985), dans la section « Writings of diverse genres » regroupant Comme l’eau qui coule, le théâtre, la poésie, les traductions et les essais, souligne que le recueil, où est réunie une multitude de sentiments et d’expériences humaines s’adresse à un large public auquel il offre un plaisir esthétique en même temps qu’une incitation à réfléchir sur la vie humaine ; à ces remarques qu’il formulait déjà dans son compte rendu pour le World Literature today (1980), il ajoute un aperçu de la critique afin de contrebalancer l’opinion très négative de George Steiner par celles de Jean Guitton et Jean Pollack [sic], sur lesquelles nous reviendrons. C’est la question de la traduction qui intéresse Florence Dupont dans L’Invention de la littérature (Paris, 1994) ; dans L’Antiquité dans l’œuvre de Marguerite Yourcenar. Littérature, mythe et histoire (Bruxelles, 1995) de Rémy Poignault, qui, malgré son titre, est centré essentiellement sur Feux, Théâtre II et Mémoires d’Hadrien, La Couronne et la Lyre n’apparaît qu’en tant qu’elle rencontre la Sappho de

3 May CHEHAB, « Le coup de dés de Marguerite Yourcenar : la poétique du hasard »,

Marguerite Yourcenar et l’univers poétique, Osamu HAYASHI, Naoko HIRAMATSU et

Rémy POIGNAULT éd., Clermont-Ferrand, SIEY, 2008, p. 380.

4 Pascale ALEXANDRE-BERGUES, « La Couronne et la Lyre. Marguerite Yourcenar et le genre de l’anthologie », Marguerite Yourcenar sulle tracce « des accidents

passagers », Eleonora PINZUTI éd., Roma, Bulzoni editore, « Studi di Filologia e

Letteratura », 31, 2007, p. 261-270. 5 Ibid., p. 145-159.

(6)

Feux, les tragiques grecs sous-jacents à Théâtre II et à Feux, ou qu’elle est constituée à partir des lectures de l’auteur pour l’élaboration de Mémoires d’Hadrien. Achmy Halley consacre 18 pages de sa thèse Marguerite Yourcenar en poésie. Archéologie d’un silence (Amsterdam / New York, 2005, p. 485-502) à La Couronne et la Lyre : il remonte en quelque sorte à la préhistoire de l’ouvrage en s’appuyant sur les « Cahiers-poèmes grecs 1918-1979 » conservés à la Houghton Library de l’université de Harvard, où sont copiés des poèmes, dont on aimerait savoir plus précisément lesquels et dans quelle traduction ; il s’intéresse à la genèse psychologique du projet, montre le rôle de « bouée de sauvetage » de ces traductions pour Yourcenar aux USA, tout en soulignant qu’elle traduit parallèlement des negro-spirituals dont la prosodie est totalement différente. Il replace les traductions du grec ancien de Yourcenar dans la lignée des grandes traductions que Yourcenar mentionne dans sa préface. En se référant à sa correspondance, il suit la publication de ces poèmes en revues, en rappelant que la traductrice a vainement proposé d’en publier un florilège dans Sud, et il met en lumière les intentions de Yourcenar, qui, par exemple, dans une lettre à Claude Gallimard, souligne son originalité par rapport à Robert Brasillach, dont elle juge la traduction mauvaise et ne rendant pas compte d’une civilisation vue au jour le jour. Achmy Halley établit aussi un panorama de la critique de l’ouvrage. Mais si intéressantes que soient ces pages, l’optique choisie porte plus sur ce que Yourcenar dit de son projet, sur ce que les critiques en écrivent et sur l’histoire de la publication que sur l’œuvre elle-même.

Les auteurs

On trouve, outre ceux de journalistes, des comptes rendus dans la presse par des écrivains comme Christine Arnothy, Madeleine Chapsal, Conrad Detrez, Jacques Chessex, Françoise Xenakis6, mais aussi l’écrivain helléniste grand voyageur Jacques Lacarrière, le philosophe Jean Guitton et l’helléniste Jean Bollack ; dans des revues spécialisées

6 Françoise Xenakis reproduit surtout des extraits de la traduction avec quelques mots de présentation, où elle relève que Yourcenar a éprouvé « le besoin de s’effacer, de disparaître devant la pureté, la translucidité des mots ».

(7)

l’ouvrage retient l’attention d’hellénistes comme Victor-Henry Debidour, traducteur d’Aristophane et des tragiques grecs, Francis Vian, traducteur d’Apollonios de Rhodes, de Nonnos de Panopolis et de Quintus de Smyrne, Maurice Lebel, professeur de grec à l’université Laval à Québec et écrivain, de latinistes comme Eugène de Saint-Denis, ou, pour des Actes de colloque l’helléniste Philippe Brunet, traducteur de Sappho, Homère, Hésiode, ou, dans une monographie, la latiniste Florence Dupont. On notera aussi des universitaires spécialistes de littérature française, comme Michel Bressolette, professeur de littérature française à l’université de Toulouse-Le Mirail, spécialiste de Jacques Maritain, de Claudel, sans compter des spécialistes de l’œuvre de Yourcenar comme Denys Magne, Achmy Halley ou Maria Orphanidou-Fréris.

Un accueil en général très bon

Les recensions faites à l’occasion de la parution ou republication de l’ouvrage, qui par nature émettent un jugement de valeur sur l’ouvrage, sont très majoritairement fort élogieuses, avec parfois quelques nuances. On mettra à part le compte rendu de George Steiner, extrêmement négatif, celui de Jean Bollack, où la critique l’emporte, malgré ce qu’on peut lire chez certains auteurs, et celui de Debidour, certes nuancé, mais qui laisse entendre que l’« étonnant “consensus” de vénération » autour de Yourcenar n’est pas dû au seul talent, d’ailleurs grand, de l’écrivain.

Nous ne donnerons que quelques exemples de ces articles laudateurs. Le BCLF (1979) souligne la rare « finesse d’analyse » et « la riche sensibilité qui s’expriment » dans la préface, mais aussi « le charme, la valeur poétique des traductions de Marguerite Yourcenar » et apprécie tout particulièrement que soient sortis de l’oubli bien des textes. La notice de 1985 concernant la réédition, ajoute que l’Antiquité y reçoit une nouvelle vitalité « par la grâce d’une sensibilité poétique moderne » doublée d’une parfaite connaissance des civilisations orientales. Jean Chalon, dans un article qui s’en tient à l’écume des choses, vante la science de l’auteur, ses traductions et la dimension éternelle des paysages et des thèmes grecs ; et il retient une leçon de sagesse, attentif, comme beaucoup d’autres, à l’épitaphe de Méléagre de Gadara7, véritable leçon

(8)

d’humanité et de coexistence pacifique entre des cultures différentes qui devrait être mise en pratique au « Proche-Orient de nos jours ».

Conrad Detrez est attentif à la grande variété des formes littéraires ; il s’interroge sur le choix d’une traduction en vers, mais, sous les nuances, on perçoit que les réserves sont finalement levées : « la rime souvent est heureuse. Elle n’entraîne ni lourdeur ni afféterie. Elle sert plutôt le texte. La Couronne et la Lyre apparaît donc comme une réussite ». Il relève en outre la fréquence de certains thèmes : « la brièveté de la jeunesse, le malheur de vieillir, la beauté des garçons », « amour et désespoir », le pessimisme relatif de la condition humaine, particulièrement chez les tragiques, auquel n’échappent que ceux qui ont choisi « les choses familières » ou la satire.

Dimitri T. Analis met en avant le désir et place l’ouvrage sous le signe de la lumière : « Marguerite Yourcenar a toujours vécu le désir, comme une lumière charnelle essentielle à la vie ». Il voit dans ces poèmes un « credo », « une réponse […] aux vides actuels, compris entre la foi et le scepticisme ». Se demandant si ces poèmes ont pour nous désormais une autre valeur qu’esthétique, il voit un lien entre la littérature antique et l’homme moderne : « C’est la multiplicité, la multidimensionnalité de cette poésie qui la fait correspondre à l’homme contemporain, multiple et fragmenté » : ils vont de la scatologie à l’« air imputrescible » qu’on respire chez Homère. S’il ne dit rien du choix des vers pour la traduction, il indique qu’elle a su « garder la saveur, la fraîcheur du texte original ».

Nous voudrions maintenant aborder différentes questions qui viennent de manière récurrente dans les articles. Tout d’abord, les notices.

Les présentations

On est presque unanimement sensible à la grande qualité des présentations de poètes par la traductrice, où toute érudition lourde est bannie et où est toujours entretenu un dialogue avec les textes (Lacarrière). Jean Guitton trouve ces notices « admirables ». Lucien Guissard, dans un article très pénétrant, accorde une place toute particulière au paratexte : « C’est là une leçon d’histoire littéraire,

(9)

d’histoire humaine ». Jean Bollack remarque que dans ces notices brèves et riches Yourcenar sait donner vie à ce monde et qu’elle risque les rapprochements les plus libres entre les poètes grecs et la pensée orientale, ou entre Médée et la Natacha de Tolstoï. Denys Magne relève la distanciation de ces commentaires et l’absence de complaisance de Yourcenar. Pascale Alexandre-Bergues va jusqu’à affirmer que « [l]es scrupules philologiques et historiques ainsi que la mobilisation d’un savoir objectif apparentent l’anthologie de Marguerite Yourcenar à un ouvrage savant » (op. cit., p. 269), même si la dimension personnelle n’y est pas absente, comme dans le long commentaire consacré aux épigrammes attribuées à Hadrien.

Selon Francis Vian, toutefois, les notices sont pleines de nuances, témoignent d’une « solide information » et donnent un très bon éclairage du contexte dans lequel ces poèmes ont paru ; mais le spécialiste d’Apollonios de Rhodes regrette l’image qui est donnée de ce poète8 et de la poésie hellénistique en général. Jacques Guyaux9, qui trouve néanmoins que c’est « un livre merveilleux », reconnaît qu’« on peut certes en contester certaines appréciations, puisque l’auteur fait de l’histoire et de la critique littéraires, essentiellement personnelles » et il ajoute qu’il n’est pas toujours en accord avec ce qu’elle dit d’Euripide. Jean-Michel Maulpoix, pour sa part, relève l’absence d’analyse érudite et globale des formes de la lyrique grecque. C’est Victor-Henry Debidour qui va le plus loin dans la critique … par recours à l’ellipse : il aurait beaucoup à dire sur ces présentations, mais préfère n’en rien dire.

La question de la traduction est traitée de manière plus riche. La traduction

On apprécie, en général, la qualité des traductions de Yourcenar. André Bourin remarque que Yourcenar a adopté une traduction en vers régulier, ce qui est la forme la plus décriée en France, mais que l’écrivain est parvenue à la beauté. Maria Helena da Rocha Pereira, après avoir

8 Marguerite Yourcenar n’écrit-elle pas « Jason et ses compagnons de bord ne sont guère chez Apollonius que d’insipides et pâles silhouettes, et, […] les voiles du navire Argo ne semblent capter qu’une toute petite brise » (CL, p. 310).

(10)

exposé les principes théoriques de la traduction, étudie les solutions apportées avec bonheur par Yourcenar à ces problèmes. Maria Orphanidou Fréris, tout en rappelant que chez Yourcenar on a affaire à une « écriture-création », souligne qu’elle conserve le sens et les qualités littéraires de l’original. Maurice Lebel est sans réserves : à ses yeux sa traduction de la 14e Olympique de Pindare, poète particulièrement difficile à traduire, supporte bien la comparaison avec celle d’Aimé Puech aux Belles Lettres, et il trouve en outre que Yourcenar excelle tout particulièrement dans le rendu des formes brèves, comme les épigrammes de Callimaque ; s’il fait référence à Racine, c’est dans le cadre de l’éloge pour comparer Yourcenar à ce maître de l’alexandrin10. Eugène de Saint-Denis, qui parle de « chef-d’œuvre », est tout aussi laudatif ; il resitue la question du choix des vers ou de la prose pour traduire des vers dans l’histoire littéraire, passant en revue certaines théories de la traduction depuis le XVIe siècle. Il confronte également les principes de traduction énoncés par Yourcenar dans sa préface avec ses réalisations et il souligne la réussite : ainsi le chant des oiseaux d’Aristophane est rendu excellemment, Yourcenar étant une « musicienne qui, exploitant les données mélodiques de l’original grec, les a renforcées par des rimes et des assonances intérieures à certains vers » ; il cite encore la Magicienne de Théocrite, où Yourcenar voulait rendre « quelque chose de la fougue et du mouvement de l’original »11. Le latiniste qu’est Eugène de Saint-Denis souhaiterait que de tels talents fussent désormais employés à traduire la poésie latine, où le carmen est fondamental. Selon les mots mêmes de Jacques Lacarrière, les traductions sont « claires, sereines et accessibles » ; mais ce n’est pas sans nuances dans le jugement, surtout à propos du choix d’une traduction en vers, qui conduit, selon le même critique à « des réussites exceptionnelles et des équivalences plus discutables » ; si la concision des épigrammes est bien rendue, l’alexandrin convient moins bien à la tragédie. Michel Bressolette pose aussi la question de la spécificité de la prosodie et de la métrique antiques et il se demande s’il est bien judicieux de remplacer la quantité –

10 Paulette GHIRON-BISTAGNE, « Phèdre ou l'amour interdit. Essai sur la signification du motif de Phèdre et son évolution dans l’antiquité classique », Klio,1982, LXIV, p. 42 n. 39, parle de « la belle traduction de Marguerite Yourcenar ».

(11)

essentielle dans la poésie grecque – par la rime. Il y a une monotonie de l’alexandrin qui fait que, par exemple, on n’entend pas la voix de la Cassandre d’Eschyle (référence qu’on retrouve chez Bollack) ; plus que d’une traduction, il s’agit donc d’une adaptation de la métrique grecque à la métrique française et des rythmes grecs à ceux de l’alexandrin ; toutefois il apprécie cette « mélodieuse adaptation » et demande aux « professeurs et étudiants philologues, penchés sur [leurs] traductions scolaires en prose » de ne pas négliger cet ouvrage. Pour Jean-Michel Maulpoix, professeur de littérature française à l’université de Paris X, spécialiste du lyrisme et poète, le choix du vers régulier accroît l’intemporalité des poèmes.

Jean Mambrino, collaborateur de la revue Études, traducteur de poésie anglaise et lui-même poète, trouve qu’opter pour les vers rimés n’est pas judicieux et ne peut qu’aboutir à une adaptation ; ainsi l’excellente traduction des Bucoliques de Virgile par Valéry était, certes, en vers, mais sans les contraintes de la rime ; en outre la traduction de Yourcenar a tendance à estomper la diversité des tons de chaque poète. Victor-Henry Debidour considère aussi que le choix de vers réguliers « entraîne de regrettables servitudes » ; il accuse même Yourcenar de manipulations sur les textes qui l’ont conduite à écarter « les passages sur lesquels elle achoppait », mais il accepte le principe énoncé par la traductrice de faire des « exercices prosodiques ou rythmiques ». Les critiques de Jean Bollack sont plus vives : les vers réguliers excluent la littéralité et même l’exactitude : il arrive ainsi que « la traduction n’a[it] plus grand-chose à voir avec l’original » ; ainsi Cassandre dans l’Agamemnon d’Eschyle – faut-il rappeler que Jean Bollack est spécialiste, entre autres, de cette pièce – perd sa liberté à l’égard de sa mort et le passage est ramené au ton d’une scène d’adieu du théâtre classique, Marguerite Yourcenar ne parvenant pas à rendre les brisures par les brisures. George Steiner, de même, déplore que la férocité de la Cassandre eschyléenne devienne douce comme la lamentation de l’Iphigénie d’Euripide et qu’Archiloque perde son mordant ; L’auteur d’Après Babel va plus loin encore, sans rien dire toutefois du choix des vers : Yourcenar s’en tient au pâle registre mondain du néo-classicisme de la fin du XIXe et du début du XXe siècles, ses modèles étant Renan et Maurice de Guérin ; et, si on se fiait à cette traduction pour retrouver une Grèce authentique, on serait induit en erreur. Il déclare, enfin, préférer l’anthologie d’Abel Bonnard, qu’il

(12)

semble confondre, avec Robert Brasillach12. Denys Magne, en revanche, dans l’organe de la « nouvelle droite » Éléments pour la civilisation européenne, trouve La Couronne et la Lyre « très supérieure » à l’Anthologie de la poésie grecque du rédacteur en chef de Je suis partout : Brasillach, en effet, privilégie les auteurs connus et est moins « historien » que Yourcenar ; il est trop marqué par l’« idéal d’une Grèce familière et humaniste » que lui ont inculquée ses maîtres de la rue d’Ulm ; son vocabulaire, qui certes avait le mérite de trancher sur la sèche platitude des traductions universitaires est daté et maintenant suranné13. Le côté atemporel de la traduction de Yourcenar est ainsi mis à l’actif de La Couronne et la Lyre.

Florence Dupont14, dans son livre, L’invention de la littérature. De l’ivresse grecque au livre latin aborde La Couronne et la Lyre uniquement à partir d’un poème, la chanson de Cléobule, que Dion Chrysostome attribue à Anacréon. L’universitaire y voit non un texte anecdotique, mais ce qu’elle nomme « un tesson linguistique », « l’empreinte fragmentaire de paroles prononcées lors d’un symposion » (p. 37), « l’ouverture rituelle » du banquet, qui « installe » Dionysos, Éros, les Nymphes et Aphrodite (p. 43) et échappe totalement au biographique, ne présentant pas plus de caractère personnel que le flamenco. Dans l’annexe de l’ouvrage (p. 292-295), elle reproduit plusieurs traductions de cette chanson, qui témoignent à peu près toutes, selon elle, d’une grande incompréhension. Parmi celles-ci, Florence Dupont n’hésite pas à dire : « la plus curieuse est sûrement celle de Marguerite Yourcenar » (p. 292). On n’y reconnaît plus l’original : « sans la référence, on pourrait se demander s’il s’agit bien de la chanson à Cléobule », le texte étant « pratiquement réécrit » (p. 293). Si le mot de contresens tant redouté des « faiseurs de versions » n’est pas prononcé, le reproche est bien là : Marguerite Yourcenar « inscrit cette prière dans le temps romanesque et narratif d’une histoire d’amour où le jeune Cléobule

12 Robert BRASILLACH, Anthologie de la poésie grecque, Paris, Delamain et Boutelleau, 1950.

13 André BOURIN compare les deux anthologies en faisant remarquer que si les deux traducteurs ont bon nombre d’auteurs en commun, ils n’en révèlent pas moins leurs préférences.

14 Florence DUPONT, L’invention de la littérature. De l’ivresse grecque au livre latin, Paris, La Découverte, 1994.

(13)

aurait précédemment résisté au chanteur » ; de plus, en faisant de Dionysos un buveur de « moût », qui est du jus de raisin non fermenté, au lieu du « dieu des montagnes sauvages » (p. 293), elle « ruin[e] […] la signification religieuse de la prière ». Plus globalement Florence Dupont reproche à Yourcenar de participer à une tendance générale qui consiste « à recouvrir les textes originels d’une teinture humaniste et moralisante, sentie comme plus universelle ».

D’autres critiques, tout en reconnaissant que l’exactitude n’est pas toujours là, tiennent compte de l’apport de cette traduction. Francis Vian apprécie la versification à la fois exigeante et souple de Yourcenar ; il n’en laisse pas moins apparaître l’idée que les libertés prises sont parfois excessives : « la traduction est souvent elle-même fort libre, plus même que ne l’exigerait le recours au vers ». Il cite plusieurs cas où Yourcenar comble les lacunes et accroît le nombre de vers de l’original : un fragment de Sappho doté de 6 vers supplémentaires, un distique de Solon rendu par 5 alexandrins, la restitution en 20 alexandrins d’un poème d’Alcée qui n’est connu que par un sommaire en prose. Mais le savant sait dépasser le cadre strict de la philologie et reconnaît que l’essentiel est dans ce que l’esprit de la poésie grecque n’est pas trahi ; il cite, en outre, quelques très belles réussites de traduction et considère le recueil comme un modèle à méditer : « Il vaudrait certainement la peine d’étudier en détail l’art de Marguerite Yourcenar et d’en tirer des leçons sur la manière de traduire les poètes ». Le philosophe et académicien Jean Guitton allait dans le même sens : la traduction en vers conduit à s’éloigner de l’original, en cherchant des équivalences, en retranchant, en ajoutant, mais il arrive que la traduction soit supérieure à l’original et il en donne un exemple en comparant un mot à mot de « La Magicienne » de Théocrite avec la traduction de Yourcenar. Il reconnaît toutefois que l’empreinte yourcenarienne est forte et que la diversité des styles des poèmes se trouve souvent diluée, tous les textes finissant par se ressembler, « fondus par l’âme de l’auteur », ce qui suscite « un peu de monotonie ». Voilà posée la question du rapport à l’autre dans la traduction, qui sera souvent reprise dans les études concernant Yourcenar traductrice en général. Philippe Brunet, spécialiste de prosodie et de métrique grecques, relève que Yourcenar utilise peu les octosyllabes, les vers de 14 syllabes ou les vers libres et que rares sont les écarts par rapport au choix de l’alexandrin. Il concède que Yourcenar varie les

(14)

effets à l’intérieur de ce vers et qu’il ne faut pas taxer trop rapidement la traductrice d’uniformité ; il ne s’en dégage pas moins une forte impression d’homogénéité, ces poèmes recevant « une patine commune » : « Le poli est préféré au rugueux ». On a bien là aux yeux de Philippe Brunet un art néo-classique, privilégiant l’équilibre, mais qui n’est froid qu’en apparence. Il décèle une bipolarité dans sa méthode : « S’abandonner à un auteur, et se complaire dans un style racinien, telle semble être la double attitude de la traductrice ». Il rejoint, de fait, Jean Bollack, mais en respectant l’approche de Yourcenar et en distinguant en quelque sorte le néo-classicisme de l’académisme. Il s’intéresse surtout à Sappho et fait écho, en quelque sorte, aux critiques qui reprochent à Yourcenar de ne pas se tenir au courant des recherches philologiques récentes puisqu’il regrette qu’elle ait suivi le texte établi par Edmonds, qui a tendance à combler sans vergogne les lacunes du texte. Il analyse ensuite la traduction par Yourcenar de l’Ode à Aphrodite de Sappho, et celle de « L’égal des dieux », ayant lui-même recueilli dans un ouvrage cent versions de traductions de ce même poème15, et il montre comment Yourcenar contracte la matière et comment elle rend la strophe sapphique par trois alexandrins suivis d’un vers de six syllabes ; il souligne enfin la singularité poétique de Yourcenar qui est l’une des rares traductrices « à choisir encore l’alexandrin, et la seule à prôner le système 12 / 6 » et que « [c]es traductions poétiques […] ne correspondent à rien de leur époque ».

Le choix des textes

On relève souvent parmi les mérites de l’ouvrage qu’il fait découvrir des textes oubliés ou même totalement inconnus, qu’il « donne[e] vie à un lointain passé » et fait « surgir des visages inconnus » (Jean Mambrino). On met aussi l’accent sur la variété de cette poésie (par exemple Henry Bonnier). Ces textes nous intéressent encore parce qu’ils ont une valeur universelle, ou, selon Jacques Lacarrière, qui propose une autre manière de dépasser la querelle des Anciens et des Modernes, parce qu’ils ont été la voix d’une époque.

15 L'Égal des dieux / Sappho ; cent versions d'un poème recueillies par Philippe BRUNET ; préf. de Karen HADDAD-WOTLING, Paris, Éd. Allia, 1998.

(15)

Si l’on est impressionné par le vaste panorama de la poésie grecque qui est ici offert sur une douzaine de siècles, du plus haut archaïsme jusqu’à Byzance, on s’étonne, au gré de ses propres préférences, de certaines lacunes. Des critiques signalent la quasi-absence de la poésie chrétienne : pour Jean Guitton, Yourcenar a beau parler de quelques poètes de l’époque chrétienne, il manque à l’image de la Grèce dans le recueil ce que le christianisme lui a apporté ; il s’étonne aussi de ne pas trouver les Présocratiques, mais il oublie de signaler que 18 pages sont consacrées à Empédocle ; Michel Bressolette, quant à lui, regrette que la poésie chrétienne soit pour ainsi dire laissée pour compte.

Jean Mambrino parle d’« absences géantes » : celle d’Homère et de Pindare (qui a quand même droit à une notice de près de 7 pages et à 7 pages de traductions). Francis Vian remarque que « Homère et Hésiode sont pratiquement exclus », Victor-Henry Debidour déplore la quasi-absence d’Homère, d’Hésiode et des tragiques. Maurice Lebel dans son étude des traductions parues en revue avant la sortie du volume signalait déjà qu’il n’y avait « aucune traduction d’Homère et des grands poètes dramatiques ». S’il en va un peu différemment dans La Couronne et la Lyre, certains critiques jugent leur présence insuffisante. Pour Bollack, que la tragédie et la lyrique chorale soient présentées seulement sous forme de fragments, « les fait entrer […] dans les jardins d’une Alexandrie éternelle », c’est-à-dire en donne une vision esthétique erronée. Se trouve posée la question du fragment : réduire une épopée à quelques bribes, c’est lui enlever toute sa spécificité générique. Le traducteur d’Hésiode et d’Homère qu’est Philippe Brunet s’interroge sur « la présence insignifiante des neuf bribes homériques, et du fragment unique d’Hésiode » (en fait, il y en a deux). Mais ces fragments homériques, insignifiants sans doute au regard d’Homère – si on ose dire –, le sont moins à celui de Yourcenar car ils fonctionnent très nettement en diptyque et révèlent un paysage intérieur yourcenarien, car Homère s’y réduit à la mer et à la mort.

La notion de fragment retient certains critiques : pour Jean-Michel Maulpoix et Jean Mambrino, en traduisant de minces fragments Yourcenar met l’accent sur la précarité de cette littérature. Sophie Rabau, dans sa contribution au séminaire GRES déjà mentionnée, et centrée sur La Couronne et la Lyre, adopte une position tout à fait originale par rapport à ce qui a été dit jusque-là sur le style de Yourcenar dans son

(16)

recueil de traductions. Elle étudie comment Yourcenar, travaillant sur un corpus déjà souvent soumis à la mutilation du fait du temps, opère fréquemment de nouvelles fragmentations, en ne choisissant elle-même que des extraits, que le jeu des points de suspension peut faire confondre avec d’authentiques fragments, ou bien elle condense en 8 vers un poème complet de 20 vers, comme « L’Égal des dieux » ; il lui arrive même de pratiquer la « fragmentation de fragments » de Sappho. Ce « parti pris du fragment » touche aussi la syntaxe grecque, qui se trouve souvent brisée dans la traduction : « Tout se passe comme si les personnages de tragédies et les poètes mimaient à l’avance, par leur style, l’état dans lequel certains de leurs manuscrits vont nous parvenir ». Il y a là comme une « anti-philologie », car là où la philologie essaie de réparer le fragment, ici le texte est détruit : « Marguerite Yourcenar ne va pas du fragment au tout, mais du tout au fragment ». Sophie Rabau à la fois rapproche la méthode de Yourcenar de celle des lettrés de la bibliothèque d’Alexandrie, qui, par leurs choix, ont été les passeurs de la culture grecque, et la situe dans le cadre de la modernité, particulièrement à travers, d’une part, les pratiques de l’intertextualité qui réécrit la tradition en la mettant en éclats et, d’autre part, la technique du collage et la « quête du fragment auquel invite le texte moderne ». La fragmentation est liée au travail herméneutique, car elle n’est pas simple bris du texte, mais « résultat d’une lecture », fruit d’une sélection qui est interprétation. Cette fragmentation, loin d’être iconoclaste, est chez Yourcenar sacralisation puisqu’elle transforme le texte en relique, « dans la logique de cette supériorité du fragment fabriqué sur le tout » ; en même temps, elle offre un regard neuf : « Yourcenar nous permet d’avoir un texte d’Homère, mais nouveau, jamais vu, profondément inédit et pourtant rigoureusement écrit par Homère ».

Pascale Alexandre-Bergues, quant à elle, fait de la notion même d’anthologie l’objet de son étude, comparant La Couronne et la Lyre à l’anthologie de Robert Brasillach ; elle examine les critères de sélection : d’abord la finalité de l’œuvre (« faire sortir la poésie grecque du champ de l’érudition pour la rendre à une culture générale ressentie comme menacée en cette seconde moitié du XXe siècle » (p. 263)), la définition générique empruntée à Aristote puisque le théâtre, contrairement à l’époque moderne, est rangé dans la poésie, la notoriété (contrairement à d’autres critiques, Pascale Alexandre-Bergues, ne relève pas que

(17)

Yourcenar fait sortir de l’oubli des inconnus, elle met surtout en lumière que Yourcenar s’intéresse particulièrement à des textes qui ont eu une postérité) ; si les critères esthétiques sont flous, il en va différemment de la « représentativité », Yourcenar rendant compte de la « diversité sur le plan temporel […], sur le plan géographique et culturel […], sur le plan littéraire, thématique et formel » (p. 265-266). Ensuite, la critique porte son attention au mode d’organisation choisi, l’ordre chronologique, avec une périodisation qui correspond à la « périodisation traditionnelle de l’histoire littéraire » (p. 266) et montre l’intérêt de Yourcenar pour la contextualisation politique et sociale. Sont examinés ensuite son « rapport à l’héritage grec » et son rapport avec « la critique savante des spécialistes et, au-delà, avec l’institution scolaire et universitaire » (p. 268).

Peinture de Marguerite Yourcenar

On voit volontiers dans les choix opérés par l’écrivain parmi les poèmes l’expression de sa personnalité et on dessine volontiers en creux un portrait de Marguerite Yourcenar, ces poèmes appartenant à son univers intérieur et secret (Lacarrière). Jean Guitton se livre à cet exercice, notant qu’à la différence d’un Claudel, elle ne préfère pas, chez les tragiques, Eschyle, mais Euripide, « le plus moderne des anciens » ; et si elle aime Aristophane et Théocrite c’est plus particulièrement parce qu’ils font revivre le petit peuple. Dans le choix des textes, George Steiner voit aussi le reflet des goûts de Yourcenar, ici goûts pour l’élégiaque et le discrètement pathétique. Jean Bollack constate que si on trouve des textes « des plus graves » Yourcenar est fascinée par les situations scabreuses des épigrammes de l’Anthologie Palatine et elle va jusqu’à présenter un Pindare eroticus ! L’Académicienne en vieille dame indigne ?

La critique de la traduction peut aussi être l’occasion d’une pique peu amène sur la personnalité de la traductrice ; ainsi la manière dont Yourcenar rend « les Nymphes aux yeux sombres » (kuanwvpide~) et « Aphrodite l’éclatante »16 (porfurh§) lui vaut cette remarque délicate de la part de Florence Dupont : « Quant aux bras frais des Nymphes et au

(18)

cœur tendre de Cypris, nous laissons le lecteur rêver sur l’imaginaire érotique de cette dame » (op. cit., p. 293).

Le message de la Grèce

Certains critiques sont attentifs à l’image de la Grèce et à son message transparaissant dans l’œuvre qui constitue, selon les mots de Jacques Lacarrière, « une invitation et une initiation au plus beau des voyages ». On y retient le sens de l’humain, l’héroïsme y étant réduit à sa juste mesure, ou encore un message fraternel (Lacarrière). Pour Jean Mambrino, ce livre « respire de bout en bout ce que Ritsos appelle la grécité ». On relève volontiers les thèmes principaux : fragilité du bonheur, fuite du temps, amour, vieillesse, mort, destin (Maurice Lebel). Pour Maria Orphanidou Fréris, c’est surtout « le respect pour […] la femme, la glorification de l’amour, du plaisir et de la beauté physique, la question du divin et l’apologie des petits bonheurs de la vie, la nature et la sagesse empirique, la politique et l’attrait pour la langue et la culture de la Grèce antique »17 ; ces thèmes constituent en même temps un échantillon des goûts de Yourcenar. Pol Vandromme18 y voit « le retour à la source originelle où s’est nourri depuis des siècles le génie de l’humanité supérieure » (sic).

Selon Maurice Chavardès, dans Témoignage chrétien, les sentiments de l’homme ne changent pas et ces poèmes ont une valeur universelle ainsi qu’une postérité dans la poésie moderne ; ce qu’il en retient uniquement c’est l’amour grec et « sa réplique sapphique ». Citant Lacordaire – « Il n’y a qu’un seul amour », il englobe, dans un esprit d’ouverture, toutes les formes d’amour, amour des corps, charité, amour qui relie l’homme à Dieu.

L’image offerte de la Grèce par Yourcenar visiblement est celle qu’attendait André Clavel, qui y voit « sans doute le plus beau moment de notre culture ». Il est très sensible à la diversité des tonalités de la poésie grecque : « patriotisme de l’âge du bronze », « florilège de la chair désirante », « Pindare grandiose et triomphant », « politesses subtiles

17 À titre de comparaison, André Clavel retient la poésie érotique, la femme, la nature, les îles, la mer, les événements familiers, la politique, les guerres, la religion, la mythologie. 18 Je remercie chaleureusement André Tourneux de m’avoir procuré ce texte.

(19)

d’un Solon », etc. ; loin du reproche de monotonie, il note que « [t]ous ces rescapés se suivent sans se ressembler », même si parallèlement – mais sous sa plume il s’agit d’un compliment –« Marguerite Yourcenar y a mis sa patine » et « s’est épanchée dans la poésie grecque comme un soleil empourprant les couleurs anciennes ».

Ce n’est pas une Grèce conventionnelle qui nous est présentée, selon Lucien Guissard : ce n’est pas « l’hellénisme de marbre blanc », mais une Grèce géographiquement diverse et non figée dans le temps et il apprécie tout particulièrement que Yourcenar resitue la littérature grecque dans la littérature mondiale et qu’elle n’hésite pas à établir des rapprochements avec d’autres pensées19. Pour Jacques Folch-Ribas, Marguerite Yourcenar transmet « plus volontiers les sourires, les clins d’œil, les tendresses amusées (non pas mièvres), que les machineries tonitruantes de Lacédémone ou les héroïsmes de Troie ». Pascale Alexandre-Bergues met aussi en lumière que Yourcenar est « soucieuse de rompre avec l’ethnocentrisme culturel qui a longtemps marqué le discours tenu sur l’antiquité grecque » et de « relativiser le fameux “miracle grec” » en « mettant en perspective et en […] replaçant dans un horizon pluriculturel » la poésie grecque (p. 267), en se montrant « attentive aux phénomènes de métissage culturel » (p. 268).

Il se dégage aussi de cette poésie, selon Jacques Lacarrière, une certaine conception des poètes, solidaires des hommes, mais vivant dans un espace qui leur échappe, « porteurs d’un chant majeur qui les relie au monde entier » ; on aura reconnu là une notion yourcenarienne essentielle, l’harmonie par la distance. Denys Magne n’est nullement gêné de ne trouver que quelques fragments d’Homère et d’Hésiode, ce qu’il en retire, c’est qu’ils « affirment, dans la société, le rôle sacré du poète, maître de vérité. Et tous deux servent de matrice à la poésie future ».

Mais il est des sons discordants : Jean Guitton, tout en disant son admiration pour La Couronne et la Lyre, critique la vision qui y est offerte de la Grèce : « je trouve que l’âme grecque est triste même dans ses joies » ; en fait, ce qui manque dans le recueil, aux yeux du philosophe chrétien, c’est ce que le christianisme a donné à la Grèce pour s’accomplir.

(20)

Pour les critiques les plus durs, c’est une image faussée de la Grèce qui nous est présentée. Pour Debidour, Yourcenar éclaire les textes de « sa sensibilité humaniste […], féministe aussi, et pacifiste et végétariste », autant dire qu’elle oriente notre vision en son propre sens. Selon Bollack, sa conception de la Grèce est déformée par le prisme même à travers lequel elle la regarde et nous la restitue, un prisme culturel : son style est celui de Chénier, du Parnasse, de Hugo. Elle perçoit Euripide à travers Racine, et quand elle parle de décadence, elle le fait à l’aide de la bibliothèque de des Esseintes décorée par Gustave Moreau. Son tort est de ne pas avoir tenu compte des mouvements critiques du XXe siècle, argument qu’on retrouve chez Steiner. Bollack dénonce chez Yourcenar « l’appropriation d’un capital culturel » ; ce que d’aucuns nomment l’autorité yourcenarienne aurait comme phagocyté la poésie grecque20. Il résume l’ouvrage en une trinité d’homéotéleutes assassine : « amateurisme, académisme, classicisme ». L’article de Denys Magne semble être destiné à contrecarrer ce type de critiques. Pour lui, « [u]ne des plus belles contributions de Marguerite Yourcenar est de nous faire partager son admiration pour le grand style sévère du VIe et du début du Ve siècles » et on ne peut lui reprocher de nous faire retrouver dans ses traductions le chant de poètes comme Racine ou Valéry, car la culture grecque est indissociable pour nous des intermédiaires par lesquels elle nous parvient. C’est une culture vivante et il est normal que Yourcenar « en bon artisan, transfigure [la poésie grecque] en poésie de langue française ».

Ainsi, même si la réception critique de La Couronne et la Lyre, à part quelques notables exceptions, est assez circonscrite aux contingences éditoriales ou biographiques, elle révèle un fort intérêt pour cette œuvre,

20 La chronique de Madeleine Chapsal, « Yourcenar et la lyre », qui, malgré son titre, ne traite pas du recueil, mais constitue comme une sorte de synthèse quintessenciée des entretiens de Marguerite Yourcenar avec Bernard Pivot, mettant en relief l’anticonformisme de la future académicienne, apporte pour ainsi dire incidemment un élément de réponse, dans le seul point où il est quand même question de La Couronne et

la Lyre : à son interlocuteur qui s’étonne qu’elle préfère se consacrer à traduire les Grecs

plutôt que de se consacrer à sa propre œuvre, Yourcenar répond : « Mais la pensée des autres et la mienne, c’est tout à fait pareil ». La concision de la chronique ne permet pas d’exploiter la remarque, mais un problème essentiel est posé : une conception aussi ouverte du rapport à l’autre va-t-elle plus dans le sens d’une symbiose, d’un effacement ou d’un processus phagocytaire ?

(21)

dans des milieux extrêmement divers, intérêt lié à l’épisode de l’Académie française, certes, mais aussi à une interrogation sur la place de la culture grecque classique dans notre civilisation : Yourcenar paraît donner un nouvel éclat aux souvenirs plus ou moins nets que l’on peut avoir des humanités ; peut-être pourrait-on tenter d’établir un lien analogique entre Yourcenar et l’empereur Hadrien, qui a voulu être lui aussi un passeur de l’hellénisme. On aura remarqué que les critiques souvent se contredisent : beauté vivante / froideur marmoréenne ? méconnaissance de la critique philologique récente / érudition sans faille ? universalisme / sens du particulier ? résurrection du passé / étouffement de celui-ci sous une patine académique ? attention portée au rythme et à la mélodie / monotonie du sempiternel alexandrin ? néo-classicisme / modernisme ? On pourrait continuer la liste. Les questions portent principalement sur la pertinence des choix et sur ce qu’ils révèlent, le sens actuel de l’hellénisme, la valeur de l’information scientifique, la qualité de la traduction. On notera aussi quelques solides travaux universitaires plus récents qui portent sur l’œuvre des interrogations nouvelles, concernant l’esthétique littéraire.

Ces approches si diverses de l’ouvrage et leurs conclusions parfois contradictoires devraient inciter à de nouveaux travaux ; proposons quelques pistes peut-être : une étude systématique de la méthode de traduction de Yourcenar, une comparaison de ses traductions avec d’autres traducteurs, une comparaison avec sa production poétique personnelle de manière à dégager la poétique de Marguerite Yourcenar, une confrontation de ses notices avec ses sources pour définir sa méthode critique, une comparaison systématique avec d’autres anthologies, une lecture transversale de La Couronne et la Lyre à la lumière de l’ensemble de son œuvre… mais c’est là travail de Romain.

(22)

Bibliographie

Anonyme, « YOURCENAR (Marguerite), La Couronne et la Lyre », Bulletin

critique du livre français, n° 408, décembre 1979, p. 1980.

Anonyme, « YOURCENAR (Marguerite), La Couronne et la Lyre », Bulletin

critique du livre français, n° 471, mars 1985, p. 369.

Anonyme, « Marguerite Yourcenar, la poète vagabonde », Minute, n° 1345, 13-19 janvier 13-1988.

Pascale ALEXANDRE-BERGUES, « La Couronne et la Lyre. Marguerite Yourcenar et le genre de l’anthologie », Marguerite Yourcenar sulle tracce

« des accidents passagers », Eleonora PINZUTI éd., Roma, Bulzoni editore,

« Studi di Filologia e Letteratura », 31, 2007, p. 261-270.

Dimitri T. ANALIS, « Yourcenar par-ci, Yourcenar par-là. La poésie grecque comme leçon de vie », Les Nouvelles littéraires, n° 2719, 10-17 janvier 1980, p. 20. Kajsa ANDERSSON, « Sur deux visages de Sappho dans l’œuvre de Marguerite

Yourcenar », Marguerite Yourcenar. La femme, les femmes, une

écriture-femme ?, Manuela LEDESMA PEDRAZ, Rémy POIGNAULT éd.,

Clermont-Ferrand, SIEY, 2005, p. 233-245 [p. 242-245].

Christine ARNOTHY, « Un plaisir partagé », Le Journal du Dimanche, 21 octobre 1979, p. 10.

L. B. [Luc BERNARD], « Un surprenant best-seller », Les Nouvelles littéraires, n° 2719, 10-17 janvier 1980, p. 20.

Jean BOLLACK, « Marguerite Yourcenar, traductrice de la poésie grecque. En beau français», Le Monde des livres, 11 janvier 1980, p. 15, 22.

Henry BONNIER, « Vive la poésie grecque ». La Couronne et la Lyre de Marguerite Yourcenar », Méridional, 21 octobre 1979, p. 11 [paru aussi le même jours dans La Dépêche].

André BOURIN, « Un chant venu d’ailleurs. La Couronne et la Lyre par Marguerite Yourcenar », La Nouvelle République du Centre-Ouest, 7 novembre 1979, p. F.

Mireille BRÉMOND, « Pindare et Yourcenar », Marguerite Yourcenar et

l’univers poétique, Osamu HAYASHI, Naoko HIRAMATSU et Rémy

POIGNAULT éd., Clermont-Ferrand, SIEY, 2008, p. 145-159.

Michel BRESSOLETTE, « Marguerite YOURCENAR, La Couronne et la

Lyre », Littératures (Toulouse-Le Mirail), n° 12, printemps 1985, p. 172-3.

Philippe BRUNET, « Marguerite Yourcenar traductrice de Sappho », Marguerite

Yourcenar. Écriture, réécriture, traduction, Rémy POIGNAULT et

Jean-Pierre CASTELLANI éd., Tours, SIEY, 2000, p. 287-296.

Jean CHALON, « Marguerite Yourcenar traductrice des poètes grecs », Le

(23)

Madeleine CHAPSAL, « Yourcenar et sa lyre », Le Figaro, 10 décembre 1979. Jacques CHARPENTREAU, « Le livre du mois : Marguerite Yourcenar, La

Couronne et la Lyre », L’Officiel des comités d’entreprise, n° 220, janvier

1980, p. 52.

Maurice CHAVARDÈS, « Un seul amour », Témoignage chrétien, 7 janvier 1985, p. 18-19. Jacques CHESSEX, « Avec Marguerite Yourcenar », 24 heures (Lausanne), 1er-2

décembre 1979.

André CLAVEL, « La Couronne et la Lyre de Marguerite Yourcenar. Un livre où l’on flotte, où l’on hume, où l’on caresse : tant mieux si l’on s’y perd ! »,

Le Journal de Genève, 29 décembre 1979.

Maria Helena DA ROCHA PEREIRA, « Notas sobre a arte de traduzir : a propósito de La Couronne et la Lyre de Marguerite Yourcenar », Cuadernos

de Letteratura (Lisboa), n° 11, avril 1982, p. 17-21.

V.-H. D. [Victor-Henry DEBIDOUR], « Marguerite YOURCENAR, La

Couronne et la Lyre », Le Bulletin des Lettres, 15 décembre 1979, p. 392-3.

Gérard DELOMEZ, « La poésie dans l’œuvre de Marguerite Yourcenar »,

nord’, n° 31, juin 1998, p. 9-16.

Conrad DETREZ, « La Couronne et la Lyre, poèmes traduits du grec par Marguerite Yourcenar », Esprit, n. s. III, n° 12, décembre 1979, p. 204-5. Florence DUPONT, L’invention de la littérature. De l’ivresse grecque au texte

latin, Paris, La Découverte, 1998 (1e éd. : 1994), p. 293.

Jacques FOLCH-RIBAS, « Au plaisir de lire : Yourcenar », La Presse (Montréal), 16 février 1980.

Lucien GUISSARD, « Marguerite Yourcenar traductrice et historienne », La

Croix, 13-14 octobre 1979

Jean GUITTON, « Marguerite Yourcenar, traductrice de la poésie grecque. L’admiration de Jean Guitton », Le Monde des livres, 11 janvier 1980, p. 15. Paul GUTH, « Au carmel de l’humanisme », France-Soir, 18 novembre 1979

[non consulté]

Jacques GUYAUX, « Les livres dont on parle. La Couronne et la Lyre de Marguerite Yourcenar », Le Peuple (Charleroi), 94e année, n° 293, 18 décembre 1979, p. 8.

Achmy HALLEY, Marguerite Yourcenar en poésie. Archéologie d’un silence, Amsterdam / New York, Rodopi, 2005, p. 485-502.

Pierre L. HORN, « Marguerite Yourcenar, La Couronne et la Lyre », World

Literature Today, n° 54 / 3, été 1980, p. 472.

Pierre L. HORN, Marguerite Yourcenar, Boston, Twayne Publishers, 1985, p. 90. Robert JOUANNY, « Yourcenar, de la Grèce antique à Cavafy », Marguerite

Yourcenar « un certain lundi 8 juin 1903 », Pierre-Louis FORT éd., Paris,

(24)

Jacques LACARRIÈRE, « Yourcenar : le voyage à Cythère », L’Express, 29 sept.-5 oct. 1979, p. 80-2.

Maurice LEBEL, « Traductrice de la poésie grecque », Études littéraires, vol. 12, n° 1, avril 1979 (Université Laval), p. 65-78.

Denys MAGNE, « Yourcenar la Grecque », Éléments pour la civilisation

européenne, n° 33, février-mars 1980, p. 5-7.

Jean MAMBRINO, « Marguerite YOURCENAR, La Couronne et la Lyre »,

Études, n° 352 / 2, février 1980, p. 265-6.

Jean-Michel MAULPOIX, « Douze siècles de poésie grecque », La Quinzaine

littéraire, n° 313, 16-30 novembre 1979, p. 18.

Maria ORPHANIDOU-FRÉRIS, « Yourcenar traductrice du grec », Le lien /

Desmos, n° 25, 2007, p. 31-34.

Maria ORPHANIDOU-FRÉRIS, « Moderniser la tradition : Marguerite Yourcenar, traductrice des poètes grecs de l’Antiquité », Marguerite

Yourcenar et l’univers poétique, Osamu HAYASHI, Naoko HIRAMATSU et

Rémy POIGNAULT éd., Clermont-Ferrand, SIEY, 2008, p. 161-172.

Jean PACHE, « Entre blues et sonnets. Marguerite Yourcenar », 24 heures (Lausanne), 4 janvier 1985.

Rémy POIGNAULT, L’Antiquité dans l’œuvre de Marguerite Yourcenar.

Littérature, mythe et histoire, Bruxelles, coll. Latomus, 1995, passim.

Sophie RABAU, « Entre bris et relique : pour une poétique de la mise en fragment du texte continu ou de la fragmentation selon Marguerite Yourcenar », L’Écriture fragmentaire, théories et pratiques, Ricard RIPOLL éd., Presses Universitaires de Perpignan, Collection Études, 2002.

Eugène de SAINT-DENIS, « Avec Marguerite Yourcenar : apprendre à traduire », Bulletin de l’Association Guillaume Budé, juin 1982, p. 207-217. Josyane SAVIGNEAU, « Poésie. Trois recueils de Marguerite Yourcenar », Le

Monde, 19 octobre 1984, p. 19.

George STEINER, « The first Académicienne », Times Literary Supplement, n° 4019, 4 avril 1980, p. 391.

Pol VANDROMME, « La Couronne et la Lyre de Marguerite Yourcenar », Le

Journal de Mons et du Borinage, 35e année, n° 274, 24-25 novembre 1979, p. 2. Francis VIAN, « Marguerite YOURCENAR, La Couronne et la Lyre »,

Information littéraire, XXXVIII, 1986, p. 140.

André WURMSER, « Le Couronnement de la lyre. Marguerite Yourcenar poète et critique », L’Écho du Centre, 20 novembre 1979 [non consulté].

Françoise XÉNAKIS, « La Couronne et la Lyre de Marguerite Yourcenar », Le

(25)
(26)

Références

Documents relatifs

A photometric model of dust in the coma taking into account polarization ( Zubko et al., 2017 ) leads to the conclusion that scattering properties of particles in a scale range of a

In the Galaxy, most of the known substructures have been discovered by searching for coherent stellar overdensities in the homogeneous, wide-field photometric catalogue provided by

Comme le mode demandé pour le verbe subordonné peut changer selon le sens dans lequel on emploie un verbe principal ou une expression impersonnelle qui en tient lieu, il est

رﻛﺷ ﺔﻣﻠﻛ : ﻢﯿﺣﺮﻟا ﻦﻤﺣﺮﻟا ﷲ ﻢﺴﺑ ﻦﯿﻤﻟﺎﻌﻟا بر ﺪﻤﺤﻟاو , شﺮﻌﻟا برو ﺢﯿﺴﻔﻟا نﻮﻜﻟا ﺮﯿﺴﻣ اﺪﻤﺣ ،ﻢﯿﻈﻌﻟا ﺎﻨﯿﻠﻋ ﮫﻧﺎﺴﺣإ ةﺮﺜﻛو ﮫﻘﯿﻓﻮﺗ ﻰﻠﻋ هدﺪﻋ ﻞﻘﯾ ﻻ اﺮﻜﺷو هﺪﻣأ

Keywords: Face identification, speaker identification, broadcast videos, conditional random field, face clustering, speaker diarization..

Notre réflexion commencera par le caractère naturel du lien qui lie un langage (verbal, musical, signé) et sa forme écrite puis nous verrons les représentations de nos sondés sur

Puis une agrégation des valeurs du risque potentiel a été réalisée par la méthode des seuils naturels optimisée par Jenks, à l’échelle des bassins versants élémentaires,

Pendant cette période, une sorte de mise au pas idéologique aurait conduit les linguistes est-allemands à promouvoir la variété spécifique parlée et écrite dans l’État