HAL Id: dumas-01734755
https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01734755
Submitted on 15 Mar 2018HAL is a multi-disciplinary open access
archive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.
L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.
L’information dans la fiction, la fiction dans le
documentaire - Le sida vu par l’édition jeunesse
Sylvie Liénard Misiurny
To cite this version:
Sylvie Liénard Misiurny. L’information dans la fiction, la fiction dans le documentaire - Le sida vu par l’édition jeunesse. Sciences de l’information et de la communication. 1997. �dumas-01734755�
Sylvie LIENARD MISIURNY
MEMOIRE DE MAITRISE EN SCIENCES DE L'INFORMATION
ET DE LA DOCUMENTATION
L'information
dans la
fiction,
la
fiction dans le documentaire
Le sida vu par l'éditionjeunesse
sous la direction de :
Monsieur Loock
LILLE 3
UNIVERSITE CHARLES DE GAULLE
UFR IDIST
B.U.C LILLE 3
SOMMAIRE
INTRODUCTION
1
1.PREMIERE PARTIE : CONSTATSUR LAPRODUCTION ACTUELLE DES LIVRES
DOCUMENTAIRES 4
1.1. Commentcaractériser undocumentaire 4
1.1.1. Lesillustrations 4
1.1.2. Lesaspectstextuels 5
1.2.Analysede trois types decollections documentaires: «Passion»,chezGallimard;
«Archimede»,al'Ecoledes loisirs; «Chefs d'oeuvreuniversels»,chezGallimard 10
1.2.1. Passion, Gallimard 10
1.2.2.Archimède, Ecole des loisirs 17
1.2.3. Chefs-d'oeuvreuniversels, Gallimard 26
2.DEUXIEME PARTIE : AUTOUR DU THEME DU SIDA ENLITTERATURE DEJEUNESSE 30
2.1.Descriptiondu corpus 30
2.1.1.Le choix ducorpus 30
2.1.2. Lesromans 31
2.1.3. Les albums 32
2.1.4. Lesbandesdessinées. 33
2.1.5.Lesdocumentaires 34
2.2.Analysedu corpus 36
2.2.1. Commentséduire le lectorat? 36
2.2.2. Les élémentsd'informationsurle sida 54
2.2.3. Sida:la maladiesous unaspectscientifique 62
2.2.4. Sida: rapportsàla société 85
3.TROISIEMEPARTIE: ENQUETE AUPRESDES LECTEURS 97
3 .1. METHODEEMPLOYEE 97
3.2. Connaissancesacqltses avant lectifre du corpus 97
3.2.1. Définitions 98
3.2.2.Les modes detransmission 98
3.2.3. Dépistageetprévention 98
3.2.4.La distinctionentreséropositivitéetsida 98
3.2.5. Lessymptômes 99
3.2.6. Lestraitements 99
3.2.7. Les associations 99
3.2.8. Réactionsface àla maladie 99
3.3. Choixdes livres 100
3.4. Connaissances acquises après lecture du corpus 100
3.4.1. Définitions 101
3.4.2. Lesmodes de transmission 101
3.4.3. Dépistageetprévention 101
3.4.4. Ladistinctionentreséropositivitéetsida 102
3.4.5. Lessymptômes 102
3.4.6. Les traitements. 102
3.4.7. Lesassociations 103
3.4.8. Réactionsface à la maladie 103
Introduction
« Le rapport qu'établit la littérature de jeunesse avec son public est une « communication»
d'une grande complexité
».1
Nombre de romans phares ont eu pour premier soucid'informer
et de transmettre une culture. Le premier ouvrage vraisemblablement écrit pour les enfants
date de 1658 ; il s'agit de Orbis sensualispictus, de Comenius, qui est à la foisun abécédaire,
untraité demorale etun livre d'images. Son titreindique qu'ilveut montrer le monde. Il a par
la suite servi de modèle aux encyclopédies illustrées. Soriano dira des images de ce célèbre dictionnaire qu'elles« restent extrêmement lisibles etfont penser, avecdeux siècles d'avance, à celles de /'Imagier du père Castor
2».
Avecle XVIIIème siècle arrive «letemps des fondateurs». En 1726 paraissent Lesvoyagesde
Gulliver, de Jonathan Swift. Ecrit pour les adultes, ce roman dénonce la politique anglaise de
l'époque. Très vite il estadopté parlesenfants quine semblent retenirque l'aspect merveilleux
de cesmondesdegéants et denains. Il constituepourtantuntémoignageprécis surson temps.
Avec la création d'une librairie pour enfants, en 1745, à Londres, arrive une prise de
conscience et une création spécifiquement destinée aux enfants. Toutefois ceux-ci sont considérés comme ayant une sensibilité à part et les ouvrages édités sont essentiellement moralistes et sentimentaux. Il faut attendre le XIXème siècle, avec l'idéologie romantique, qui
présuppose que l'adulte a quelque chose à apprendre de l'enfant, pour que des romans de moeurs et d'aventures de jeunesse voient le jour. En 1849 paraît David Copperfield, de
Charles Dickens, le premier héros prolétaire enfant. Là encore, il est question de critiquer le
régime politique. En 1868, Lesquatrefillesdudocteur March de LouisaMary Alcott, s'inscrit
dans la veine du « réalisme éducatif» qui tente de développer le sentiment national desjeunes
Américains.3
1
SORIANO Marc, Guide de lalittératuredejeunesse, p. 190.
2
Id. p. 329. 3
En 1864, Pierre-Jules Hetzel crée Lemagasin
d'éducation
etderécréation, un périodique, quicomme son nom
l'indique,
a pour objet d'éduquer et de divertir. Hetzel est éditeur et c'est aussi dans un but commercial qu'il cherche à toucher un nouveau public en vulgarisant la science. Jules Verne écrira pour lui soixante-trois ouvrages que l'on pourrait qualifier deprécurseurs de« fictions documentaires». Dès 1862, «il propose àHetzel de publierle roman
de la science, qui exploite systématiquement sous l'angle romanesque le thème de la
transformationscientifiqueettechnique du mondeetd'écrire lesromansdupossible.
»4
Avec l'emploi de la couleur généralisé au début du XXème siècle, les éditeurs commencent à
toucher un public de masse qui cherche à se divertir. Après 1950, on peut vraiment parler
d'essor du livre documentaire avec la collection «Lajoie de connaître» chez Bourrelier. Dès
1970, se crée une véritable organisation sociale autour du livre de jeunesse avec la fondation
d'unmilieu de spécialistes autourde La joie parles livres. Il estmoins question de simplifierle
monde pour le rendre compréhensible aux enfants et la mièvrerie est pourchassée. Des sujets
jusqu'alors tabous en littérature de jeunessesont enfin traités, comme lamort, la sensualité, les
problèmes familiaux.
Le développement des conquêtes scientifiques et techniques entraîne aussi l'éclosion d'une
littérature d'informationqui, « après bien des tâtonnements, sembletrouver savoie : celle de la
vraie vulgarisation, qui ne méprisepas son destinataire, maisveut mettre à saportée, de façon
claire et intelligible, l'essentiel des faits. [...] «Dans cette prise de conscience de
l'environnement, le roman joue son rôle, en posant les problèmes du monde contemporain auxquels sont affrontés les jeunes.
»5
Petit àpetit, la littérature de jeunesse s'est fait saplace dans les bibliothèques, écoles, collèges,
lycées et même à l'université où elle commenceà être étudiée. Personnellement passionnée, je
me suis interrogée surlie rôle documentaire de cette littératurel en examinant des
ouvrages
qualifiés de documentaires mais aussi des fictions, qui regroupent aussi bien des romans que
des albums.
4
CARADEC, François. Histoire de ta littérature françaiseenFrance. Jules Verne etsa suite,
p.158.
5
Si cette catégorie reste a
priori destinée
à la lecture-plaisir, ne permet-elle pas de faire passerde Tinformation ? Tout romancier ou auteur d'album fait un minimum de recherches
pourj
ancrer sa fiction dans une réalité tangible.
Si les
personnages sont en généralfictifs,
leurs\
actionsse déroulent dansunmonde identifiable. Laviequotidienne, rattachée àune période del'histoire, est décrite au travers de menus détails. Le lecteur peut alors tenir pour vraie toute
nouvelle information. Comme l'a écrit Didier Colin, « à côté des documentaires, il existe dans
la littérature pour la jeunesse de nombreux romanscentrés surla réalité. [...] Il ne faudrait pas croire quelanarration est l'habit, plus ou moins bien taillé, d'une documentation àtransmettre
: c'est plutôt, à mon avis, une autre façon de s'informer. La fiction, en donnant une image du
monde, donne un modèle pour penser ce dernier. La perception du monde par l'enfant et le
pré-adolescent est mise en forme par les romans qu'il lit et qui lui proposent une manière de
saisir l'univers, naturel et social, sous une forme organisée. Cette image du monde, qui
s'élabore dans la fiction, n'est pas coupée de la vie quotidienne, car toute histoire redistribue
les aspects essentiels de l'organisation de la société dont elle est issue. [...] Les auteurs, au
coeur de notre société, sélectionnent des réalités sociales, des réalités politiques, des réalités
géographiques qui leurparaissent significatives.
»6
Il m'a semblé nécessaire d'établir tout d'abord un état des lieux des livres documentaires afin
de percevoir ce qui pouvait, d'un point de vue informationnel les distinguer des fictions. La
production actuelle étanttrop vaste pourréaliserune étude comparative, j'ai réduitmonchamp
d'investigation àunthème précis : le sida. J'ai enfin demandé à de jeunes lecteurs de se prêter
à unelecture du corpus pourdécouvrir si la fonction documentaireavait un rôleplus oumoins
prépondérant selon les catégories d'ouvrages lus. J'espérais par là découvrir si les fictions
pouvaient aussi être considérées comme sources documentaires et permettre l'acquisition de
connaissances, tout engardantla vocation première de distraire.
6
COLIN, Didier. Actes ducolloque du 12 et 13 septembre 1992. Images de la société et modèles sociaux dans le roman pourles 10-13 ans.
1.
Première
partie
:
constat
sur
la
production
actuelle des
livres
documentaires
Ces dix dernières années, le documentaire dejeunesse a subi une formidable expansion. Alors que dans les années 80 la fiction régnait en maître, entrejanvier 1989 et octobre 1990, on ne
dénombrepasmoins de quatre-vingt-quatre nouvellescollections. Pour répondre à la demande du public, le documentaire de jeunesseadû s'adapter et l'ontrouve
actuellement
sur le marchédes livres très éloignés du modèle scolaire, à l'esthétique particulièrement soignée, avec
profusiond'images, de photos et de« gadgets». Le supportn'est parfois plus seulementvisuel
mais aussi tactile. Pour puiser de l'information, le lecteur peut être appelé à participer, à
construire, à manipuler, évolution devenue nécessaire avec l'explosion des CD-Rom en 1995.
L'interactivité est au centredes préoccupations des éditeurs, et commele ditPierre Marchand, directeur de Gallimardjeunesse, l'édition va de plusenplusversles produits hybrides, hybrides
par nature par le mélange du documentaire à la fiction, hybride aussi par les supports, avec la combinaison del'imprimé et del'électronique.
1.1. Comment caractériserun documentaire
1.1.1. Les illustrations
Nécessaires pour accrocher le jeune lecteur, les illustrations doivent jouer sur l'esthétique,
notamment au niveau des couleurs, mais aussi êtredidactiques. Pource faire, ellespeuvent être
accompagnées d'une légende ou d'un texte explicatif. Substituts de la réalité, leur rôle est de
ramenerle réel àune dimensionperceptiblepar l'êtrehumain. Un article paru dans L'école des lettres situe les différents typesd'illustrations surune échelledite « d'iconicité
décroissante7
»,qui part d'images très proches de la réalité (l'image en trois dimensions par exemple), pour
aller versl'abstraction et aboutir àl'image la plus éloignéedu réel : lemot.
Tout enhaut del'échelle, les photos permettent de restituer laréalité, enconservant les formes
et les couleurs. Différents degrés d'abstraction sont cependant possibles selon qu'elles sont en
couleur ou en noir et blanc, dans leur environnement naturel ou détourées. A l'échelon
inférieur, viennent les dessins, souventutiliséspour de jeunes lecteurs, car ilstouchent l'affectif
7
et permettent
de
faire des
grosplans
surdes détails
difficilement
photographiables.
Lesdessins
représentent
unereconstruction
du réel.
Les schémas et cartes, ensuite, font un pas de plus vers l'abstraction. Ils expliquent une
structure ou un fonctionnement parfois
difficiles
à exprimer avec des mots. Ils permettent unecompréhension rapide et globale d'un tout parfois complexe. Tout en bas de l'échelle, on
trouve finalement le mot qui, posé sur une page, est une image et
fait
sensdans
l'esprit
dulecteur.
1.1.2. Les aspects textuels
1.1.2.1.Les outils documentaires
Là encore, ils sont de plusieurs sortes et ne se rencontrent pas tous dans un même
documentaire. Leur emploi simultnané n'équivaut pas à une meilleure qualité : utilisés
conjointement, ils peuvent faire double-emploi. Tous se veulent uneaide àla lecture, un guide
dans l'information.
1.1.2.1.1.Table des matières, sommaire, plan
Ces trois termes sont quasiment synonymes et se trouvent en début ou en fin d'ouvrage. Ils
font apparaître la structure globale du livre, montrent éventuellement la progression de l'information et le découpage en chapitres. Clairs et cohérents, ils offrent aux lecteurs la
possibilité d'aller directementà l'information recherchée. Le sommaire du livre
suivant8
montrequ'ilyastructuration etprogression de l'information.
8
Sommaire
Un virus pas comme les autres Comment se transmet le vih 3 Les maladies opportunistes Bilan et axes de la recherche L'apparition d'une épidémie
Les grandes épidémies (I)
3
Les grandes épidémies(2)
3 Epidémies et santé publique
La dimension sociale de l'épidémie
La société face au sida
Les jeunes face au sida
3 Préventions sur
tous les fronts
3 On affiche le sida Le sida dans le tiers-monde Carte mondiale La médiatisation de la maladie 3 La politique de santé face au sida UNITED NATIONS
WORLD HEALTH ORGANIZATION
3 Ethique et responsabilité
les soignants face au sida
L'accompagnement
Le prix d'un virus
L'art et la maladie
3 Création des
premières associations
La deuxième
vague associative
Pour en finir avec
les idées reçues
Le Patchwork des noms
Cahier pratique
Index
Après une présentation du virus du sida, de ses modes de transmission, de l'évolution de la
1.1.2.1.2.Index
C'est unetablealphabétique de sujets
traités
oude
nomscités
dans unlivre, accompagnée des numéros de pages où l'on peut les retrouver.Comme précédemment,
l'index permet unerecherche ponctuelle. Il peut se révéler
très utile
si l'apport de
motstechniques
est important.Il peut aussi
embrouiller
lelecteur
si les
occurrencesd'un
mot sontsystématiquement citées,
commedansl'exemple
suivant.9
Index
„A ADN, 9, 10, 25 F femmes, 4, 5, 7, 12, 13, préservatif, 21, 22, 23,
Afrique, 4, 5, 13, 14-15, 15, 22, 28, 31 28, 29, 31
28, 30 fœtus, 7 produits sanguins, 7, 12,
anticorps, 10, 18, 19 France, 4, 5, 12, 13, 18 13, 15, 31
AZT, 24, 25 propagation du sida, 4,6,
H hémophiles, 7, 8, 12, 13 7, 12-13, 14, 15, 20,
B bisexuels, 13, 31 hétérosexuels, 7,15,21, 21, 22, 23, 24, 31
Brésil,5 22, 23 prostituées, 14, 21
Hollande, 13
C campagnes d'informa¬ hommes,4,5,12,13,15, R rapportssexuels, 12, 13,
tion,22, 23, 28 22, 31 15, 19, 21, 22, 29, 31
casdesida, 4,5,6,8,12, homosexuels, 7, 8, 13, recherche, 8-9, 10-11,
14, 15, 23, 30 17, 20-23, 29, 31 24-25, 31
cellules, 9, 10, 11,25 hôpitaux, 27, 28, 29 remède, 4, 18, 24, 31 comportement sexuel, Royaume-Uni, 4, 12, 13,
13, 19, 20-23, 31 1 infections, 8, 10, 14, 16, 18, 22, 28, 30, 31
conseillers, 19 17, 28
contact sexuel, 4, 7, 12, infirmières, 13, 28, 29 S sang,4, 7,12,13,15, 18,
13, 15, 19, 21, 31 ,21, 31
contagion, 4, 6, 7,12,13, K Kaposi, sarcome de, 8, séropositif, 6, 18
14, 15, 18, 19, 21,22, 17 symptômes,4,6, 10, 14,
23, 28, 29, 31 16-17, 19, 21, 26, 30
M malades,4, 5, 6, 13, 16, système immunitaire, 6,
D dépistage, 4, 5, 7, 8, 18, 17, 24, 26, 27, 28 10
19^21, 26 médicaments, 7, 12, 13,
docteurs, 8, 9,13,19,28 24, 31 T tests, 4, 14, 18, 19, 21
donneurs de sang,12,13 mères, 7, 12, 15, 28 traitement du sida, 19,
drogués, 8, 12, 13, 21, morts, 4, 5, 24, 26, 27, 24, 26, 27, 28, 31
22, 23, 28 28, 30 transfusions sanguines,
12, 13, 15
E enfants,4, 7, 12, 13, 14, P pneumonie à
pneumo-15, 16, 26, 27, 28 cystis, 8, 17 V vaccin, 24, 31
États-Unis, 4, 6, 8, 12, porteurs de virus, 6, 7, virus du sida, 8-11, 24, 14, 15, 18, 20, 23,24, 12, 13, 14, 15, 17, 18, 25 (et tout le livre);
28, 30 19,21,27,30 ■
HIV, 9, 10, 18, 25, 28, Europe, 5, 6, 13, 14, 15, précautions, 4, 13, 21,
-30
30 22, 23, 28, 31 HTLV et LAV, 9
« HIV » renvoie à six pages différentes dans l'ouvrage. Seule la page 10 permet de
comprendre lemot. Ailleurs, cesont lesapparitions du terme quisont comptabilisées.
9
1.1.2.1.3.Glossaire
Pour des raisons de lisibilité, tous les motsporteurs d'information ne peuvent être directement
expliqués dans letexte. Leglossairepeut alors prendre le relaiset proposer desdéfinitions sous
forme de liste alphabétique. Le lecteur n'est pas tenu, si son besoin de savoir est essentiel, de consulter un dictionnaire indépendant. Le glossaire pris en
exemple,10
quoique très court, donne une définition de tous les termes techniques indispensables à la compréhension. Ilcorrespond au degré de difficulté del'album.
Glossaire
Sida: Maladie grave dont le nom est formé des premières lettres de
Syndrome d'ImmunoDéficience Acquise.
Sang: Ilestlancéparlecœurdanstoutle corps. Iltransportel'oxygène
et la nourriture dont le corps a besoin.
VIH: C'est le virus de l'immunodéficience humaine
qui provoque le sida.
»yv- . AA r1
,
V&tïyïjt
^ '
Syndrome: Ensemble des symptômes (signes caractéristiques)
d'une maladie.
Système immunitaire: C'est l'armée de l'organisme, chargée de le
défendre contre les agresseurs extérieurs et intérieurs. Il est constitué
notamment des cellules sanguines.
Virus: C'estunesorte degermequi peutêtre transportéparl'airoupar le sang. Il détruit des cellules du système immunitaire.
10
1.1.2.1.4.Bibliographie
Intéressantepour aller plus loin dans l'étude d'un sujet, la bibliographie offre enquelque sorte uneinformation virtuelle. Encore faut-ilqu'elle soit en adéquation avec le niveau de lecture du livre. Cellequi est choisie
ici11
sembledifficiled'accès àde jeunes lecteurs pourtantvisés.1^' Bibliographie (hirtofÉi Polit LES COMBATTANTS DUSIDA Journaux, revues,articles Anrs
Les jeunesfoceousidc: de lo rechercheà l'action. collection«sciences
socialesetsida».
réédition 1994.
Cinqannéesd'octMté
etperspectives.
ANRS,1989-1993.
Les recherchessoutenues.
ANRS. 1989-1993.
•EFRANÇAISE
Ahcat
L'intervention
éàakjxe-ousida1991-^3^^1
Répertoiredes essais thérapeutiques.2e édtion,
1994.
Infection parleV1Hetsida, ,
1994.
Le couloir
Unemfaiiueietupay»dusda
Autremwt L'Hommecontaminé,
latourmentedu sida YvesSouteyrand
«le pnxd'un virus». Pans, éditions Autrement, 1994.
CentredoNations
unies pour lesdroits de
l'homme/OMS Lesidaetles droitsde
l'homme,Genève, juillet
1989. CoéditionouJournal duSidaet de Transcpuftase n°67spécialYokohama. FondationdeFrance Adolescence, mai1993. La Documentation française. n°spécial194-195.
«Regardssurl'actualité».
novembre1993.
LeJournalduSida mensueln"29. n" 41,
n°64-65:La femme et
l'enfant faceauVIH. Numéro horssérie:
L'épreuve des vérités. MédecinesetSociétés n"l.mars!990 -F.Hériber-Augé«Sida, ledéfianthropologique». Scienceset vie n"179,juin1992. Transcmtase ; mensuel,n* 17spécial
Berlin, n* 22: Lesusagers
-dedrogueNumérohors
&rie:Analysedurapport
Montagnier. ' livres ActUp-Paw». Le sidacombien ^^ dedivisions?.Pans^ t,--C Dagomo,1994. ,• "
Aides,Drottet sda. '
Guidejuridique
2eéditionmars1994.
F.baranne,
Le couloir,uneinfirmièreou
paysdu sida<Témoins»,
Paris.Gallimard. 1994.
g.Barbedette,
Mémoires d'unjeune
hommedevenuvieux.Paris,
Gallimard,1993.
m.Barzach,
Le paraventdeségoismes, Pans.OdileJacob.1989.
C.Bourdin,
LeFît
Pans. LaDifférence1994.
lChevalier,
Classeslaborieuseset
classesdangereuses.Paris. HachettePlund. 1984.
D.Defoe,
Journal del'année
delo peste trad.F. Ledoux Pans. Gallimard, 1981 J. Deluheau, lo peur enOccidentParis. Fayard.1978. m. D.Grmek,
H/stoire du sida
«Médecineetsociété»,
Pans.Payot 1989.réédité
en1990. J. Dormont, Pnseencharge des
personnesatteintesparle
WHParis.Flammarion,
1993. •r^.rrv;} A.-E.Dreulhe, v.r'
Corpsocorps,journal de
sida,Paris, Gallimard,
1987. . :
é.Favereau, _ »
Chambresouvertes,
quatre-vingt-dix jours avec cinqmolodes du sida
Paris, Balland,1988. *: '
m.Foucault,_
Naissance detadwque:
unearchéologie duregard
,
mécfcûLPans, PUF.i983.
P.-M.GHARD,C KAU C PlALOUX.Â.-G.SNMOT^ Sda Pans.Dom,1994. Jm CGot <" *
RapportsurleSida
Pans.Flammarion,1989.
H, Guibert. Àrami qui nem'a -, '
passauvé lavie
Pans.Gallimard1990. LeProtocoleoxnpassionneL Paris.Gallimard.1991. Cytomégalowus. joumol(fbaspitûlrsaoon, 1 Paris, LeSeuil1991 E.HASCH, AidesSolidoires. Pans. LesÉditionsduCerf
1991.
Responsabilités humoines
pourtempsde sida.
Paris. LesEmpêcheurs de
penser enrond. 1994.
-MagicJohnson L'Amoursansrisque : ce qie
vouspouvezfairepour .
éviter lesida. trad. R. Deverre,Paris.Éditions
J'ailu1991
J. Mann, D.J. M.Tarantcxa
&T.W. nettbt,
Aidsrtheworfds,
thegfobofAids pohcycoalition,
Cambndge,Harvard
UniversrtyPness. 1992
C. Martet,
LesCombattants du sida
Paris. Flammanon.1993. L Montagnier, Lesidaetlasociété française:décembre1992 rapportauPremier :.-mnstre. Paris, Ladocumentation*/ française,1994, lhontagnœr, W.ROZWBALW, J.-C. Glucxman, ,-v-v:
SdoetinfectionparleWK
Paris Flammarion,1989.
B. Paxlaro, ' ■
L'épidémiecornetsd'un
sociotogue,«Au Vif»,
ParisStock.1994. '
M.Pouah, 3^
Une identitébkssée: ''-&J
études desoooiogieet >V;r"
dîistDireMéttilif1991g
11
1.2.
Analyse de
trois
typesde
collections documentaires
: «Passion »,chez Gallimard; «Archimède », à l'Ecole des loisirs ; «r Chefs
d'oeuvre universels», chezGallimard
Les trois collections étudiées ci-après sont très différentes par la forme, même si elles se
veulent toutes documentaires. La première a tout du documentaire classique, tel qu'il a été
défini précédemment. La deuxième se présente sous forme de fictions, tout en étant classée
dans les collections documentaires. La troisième reprend de grands classiques internationaux en les complétant d'une documentation, de sorte à leur « restituer leur valeur de reportage»,
ainsi quele présente la plaquette publicitaire.
1.2.1. Passion, Gallimard
Lasérie«Passion» chez Gallimard, sedécline en quatre collections : Passion des arts, Passion
des sciences, Passion de l'histoire, Passion de la vie, chacune étant plus ou moins alimentée. On dénombre un seul titre pour «Passion de la vie » et seize pour «Passion des sciences».
Les sujets abordés, comme l'indique le nom de la collection, sont variés. L'éditeur est sûr de
toucher un vaste public de collégiens grâce à cette diversité. En outre, les stratégies de
séductions sont importantes car un lectorat d'adolescents doit sans cesse être sollicité. Elles
sont essentiellement liées àl'utilisationmassivede l'image, mais aussi à la possibilité de lecture
«hypertextuelle». Proches del'univers télévisuel, lecontrat de lectureest alors moinsexigeant quedans les fictions.
1.2.1.1.Aspectsscripto-visuels
La maquette est similaire d'un livre à l'autre. Le livre est organisé en doubles pages avec
priorité à l'image.
Certainesphotos semblentpar leur démesure surgir hors de lapage carles échelles nesont pas
respectées Un échiquier paraît plus grand qu'une toile de peintre aux dimensions pourtant
supérieures.12
Le lecteurestalors appelé à s'interroger12
QUE
PERSPECT1
Science
des'Anciëns,
el
connue
.
Dans
le
domaine
de
l'art,
la
souvent
perspective
-
linéaire
un
appelée
»
est
«
ou
»
«artificielle
—
de
de
l'espace
à
trois
représentation
système
Elle
dimensions
de
nombreux
a
plan.
sur
un
la
façon
dont
points
communs
avec
l'espace
les
percevons
et
nous-mêmes
objets
Toutefois,
la
trouvent
aquis'y
comme
'linéaire
basée
perspective
est
mathématiquement
sur
un
point
de
et
vue
unique
fixe,
ne
elle
du
de
la
être
approximation
qu'une
complexité
peutfonctionnement
la
de
En
science,
perspective
notre
que
tant
œil.
la
de
(l'étude
lois
des
des
l'optique
de
branches
une
estvision),
Rome
à
Grèce
la
dans
florissante
discipline
ancienne,
uneet
Âge.
durant
le
Moyen
Un
:
objectif
la
précision
Pendant
des
les
siècles,
artistes
les
ontmultiplié
expénences
pour
la
la
crédibilité
et
précision
améliorer
deleurs
le
perspectives,
comme
la
montregravure
ci-dessus
Diagramme
2
Plandel'image
Imageprojetée
Le
rôle
de
l'œil
de
la
Lathéorie
perspective
est
d'un
fondéela
sur
perception
La
lumière,
œil.
seul
par
objetun
par
une
surface,
atteint
refléchie
l'œildes
rectilignes.
par
rayons
Lesrayons
«
extrêmes
»
les
limites
(taille
définissent
et
les
forme)
la
de
rayons
surface,
donnent
la
couleur
et
médians
en
Pour briser lamonotonie, l'iconographieest cadrée, ou détourée ou semi-cadrée. On remarque aussi que certains élémentssortent du cadrage imposéou dufiletencontour depage et cassent le rythme en acquérant une certaine dynamique. Un G.I. sort littéralement de son terrain d'entraînement ou plus loin un char d'assaut semble être trop imposant pour tenir dans son
cadre.13
Entrainementdes G.I.'s Pourquelessoldatsaméricains
puissentdisposerdeterrains
d'entraînementdes
secteurs entiersde1
lacampagne
anglaiseontété
purementet
simplement réquisitionnés.
Ici, des fantassins améncains apprennent
le combat àmains
nues.
aetreremorque
itraversta Hanche. Une fois
le caisson arrivéenposition,
on ouvrelesvannes,l'eau
s'engouffre à l'intérieur,
etle mastodontesepose sur
le fond. Chacunmesure20m
dehaut, 70mdelong,etpèse plusde 6000tonnes. Lespremiersélémentssont
misenplace dans les heures
quisuiventleJour J.
Ecoutilkde tourelle
Le Mark VPanther
C'estsansdoutelemeilleurchar
d'assautdetoutesles arméesen
conflit;avec sasilhouette basse
etsagrande vitesse d'évolution,
c'estune amieformidable
qui.en1944, prend la
relève desanciens
Ma* IV.
LeTigreMark II LeTigreMark I)estle char
d'assaut lepiuspuissant mis
aupoint pendantlaguerreet
le modèie Ma* Il fut dessiné par
Ferdinand Porsche, quidevint
plus tard célèbreenconstruisant
desvoituresdesport.Son
blindageavantestde 100mm
etde80mm surles côtés.
Cependant,sonpoidstotalen
charge de près de 60tonnes nuit
àsamaniabilité. LeTigre
estpropulsépar
unmoteur
Maybach
de700CV.
conçuà l'onginepouréquiperles
dingeables.etilestdoté d'un
canonde88mm.Commandé
par unchef de charaguem. un
Tigrepeutvenir à bout d'une
section de Sherman insuffisamment blindés.
13
^es photographies détourées donnent un saisissant effet de relief. Par suppression du fond de
:oile, les hommes de La parabole des aveugles, tableau de Pieter Bruegel l'Ancien se
retrouvententrain de sepromener sur lapagedu livre.
14(Voir
pagesuivante).
Dans ces exemples, on noteune alternance de noiret blanc et de couleur, donnant la sensation
d'un passé lointain et des technologies nouvelles. Cette technique permet d'envisager la
collection sous unangle historique.
Le texte n'est pas continu. Il est réparti entre texte principal, sous-texte et légendes d'illustrations très fournies. Chaque niveau de texte est signalé par une fonte de taille
différente, plus ou moins grande, suivant l'importance du texte. Lestitres de chapitres sont en
capitales d'imprimerie et engras, en haut de lapagede gauche, au-dessus du texte principal, là où se porte automatiquement le regard. Lestextes sont enhabillageautourdesillustrations. L'ordre de la lecture n'est pas dirigé ; l'oeil peut se promener. On laisseune grande liberté de
navigationau lecteur.
14
EINDRE
UN
ÉVÉNEMENT
LERÉALISME
Comment
peut-on
donner
àvoir
et àcomprendre
ledéroulement
d'un
récit
dans
une
seule
etmême
image
!Jadis,
laplupart
des
artistes
résolurent
ceproblème
enreprésentant
unmoment
crucial
del'histoire,
enespérant
que
lepublic
serait
capable
d'en
rétablir
l'intégralité,
d'imaginer
lesépisodes
antérieurs
oupostérieurs.
Lesactions,
lesgestes,
lesexpressions
des
personnages,
leurs
positions
dans
latoile,
leurs
relations
entre
eux
etavec
ledécor
de lascène,
étaient
des
clés
quifacilitaient
la «lecture
».Parabole
flamande
LeFlamand
Pieter
Bruegel
l'Ancien
(vers
1525/1530-1569)
relate
unmoment
trèscourt
d'une
histoire
mais
laisse
entendre
ce qui va sepasser
par lasuite.
Cetableau
illustre
uneparabole
del'Évangile
selon
saint
Matthieu:
« Si unaveugle
conduit
d'autres
aveugles,
ilstomberont
tous
dans
lefossé
».Bruegel
montre
cinq
non-voyants
quiavancent
entrébuchant,
lepremier
qui lesguidait
étant
déjà
tombé.
Lacomposition
nelaisse
aucun
doute
: lesautres
vont
s'écrouler
sur lui. Leshommes,
setenant
parl'épaule,
suivent
uneoblique
accentuée,
inclinée
degauche
àdroite.
Tout
concourt
àmatérialiser
l'instant
quiprécède
lachute
générale.
Lascène
estrendue
plusémouvante
encore
par lechoix
d'un
angle
de vue enlégère
contre-plongée.
LaParabole
desaveugles
Pieter
Bruegel
l'Ancien,
détrempe
sur toile. 86 x 154 cm. 1568 Cetteparabole
mettait
en gardecontre
les fauxguides.
Dans IEvangile,
leChrist
visait lesPharisiens
qu'ilaccusait
d'hypocnsie.
Bruegel
transmet
unmessage
similaire
Au xvi®siècle,
différents
groupes
religieux
sedressèrent
contre
l'Église
catholique,
et lecemtre
réalisa
cetteœuvre
enmanière
davertissement
contre
lesnouvelles
doctrines
hérétioues.
leshommes
passent
enchancelant
loin del'église,
oublieux
de l'aide qu ellepourrait
leurapporter
: ilssymbolisent
l'aveuglement
du genrehumain.
Gros
plan
sur lespersonnages
Lafaculté
dobservation
deBruegel
estexceptionnelle.
Il aexecute
cesportraits
avec unréalisme
quitraduit
parfaitement
ce que doit être lamisère
d'hommes
contraints
poursurvivre
de se fier àd'autres
sens que la vue,comme
fouie, letoucher
etl'odorat.
Malgré
cela, le trait del'artiste
révèle
une part decancature
qui rend leurmésaventure
aussicomique
quetragique.
Détresse
Chaque
détail,
observé
avecacuité,
fait leréalisme
de cettepeinture.
L'homme
auxorbrtes
creuses
setourne
vers nouscomme
pourappeler
ausecours.
NOUS
OUVRE
LES
YEUX
_ Cethomme
fort appel à toute saperception
auditive
pourcomprendre
ce qui se /Bruegel
étudia
lesdéférentes
formes
de céaté et entroduis/t
lesstigmates
enpeinture
:glaucome,
cataracte,
énudéabon.
Leshommes
sont rriiés par leurs bras et par desbâtons.
Celui-ci
souligne
fadiagonale
de hcomposition
etannonce
la chute _ La cope quionduk
ajoute
aumouvement
Unecolomto
d'aveugles
L'artiste
est fidèle à laparabole
duChnst
enreprésentant
desaveugles
qui sesuivent
Lespersonnages
sontétudiés
avecbeaucoup
definesse.
Lepremier
a dé|àbasculé
dans leruisseau,
ledeuxième
trébuche
sur lui. letroisième
n'est pas loin deperdre
sonéquilibre
et lequatnéme
hésite,
enalerte,
sentant
ledanger
Lecinquième
ne se rend de nen ;quant
ausixième,
iltrottine
dans une béateignorance,
et sonexpression
montre
que l'on aaffaire
à unimbécile
heureux.
L'écart
quisépare
en deux legroupe
estcomme
unerespiration
dansl'image
etsemble
retarder
la chuteinexorable
deshommes
encore
debout.
C'est le choix d'unecomposition
oblique
qui laissedeviner
la suite desévénements.
^ £/iéquilibre
sur lapointe
des pieds, cetaveugle
est sur le point dechuter.
Cethomme
a déjà perdul'équilibre
et vatomber
dons leruisseou.
Composition
ondiagonale
Lesaveugles
progressent
sur unchemin
de terTesurplombant
deuq^ossés.
Leurmarche
de deuxparallèles
obliques
quitraversent
la toile. La lignesupéneure
suit celle qui estformée
par les bras desaveugles
et lebâton
qui relie ledeuxième
inférieure
longe les pieds,indiquant
que la chute estinévitable.
Lesbâtons
sontautant
deséléments
rythmiques
de lacomposition
que desobjets
indispensables
tâtonnante
estinscrite
àl'intérieur
«autroisième
personnage.
L'oblique
auxaveugles
qui sedéplacent.
1.2.1.2.Aspectstextuels
Tous les sujetsvoisins du thème dont le volume fait l'objet, sont abordés et présentés dans un
sommaire. On trouve en général une approche historique et sociale en plus de l'aspect
scientifique. Chaque partieest traitéesur unedoublepage.
Plusieurs démarches sont utilisées quant à l'explication des mots scientifiques. Il s'agit là de la fonction métalinguistique qui vise àrendre clairun message, àexpliquer le code employé.
On peut trouver une définition avant le défini ; le mot difficile vient après qu'on ait compris. Parexemple,
Lorsque la lumièrepassed'un milieuàunautre, elle estdéviéeou
réfractée.15
Inversement, letermedéfini peut êtreplacéenpremier. Ainsi,
Dans le domaine de l'art, la perspective - souvent appelée «artificielle» ou
« linéaire »- est un système de représentation de l'espace à trois dimensions sur un
plan.
»'6
Les auteurs supposent alors que le lecteur a unepré-représentation de cedont on parle, si tel
n'est pas lecas, ces reformulations apriori identifiantes peuvent resterobscures.
Dans tous les cas, le mot difficile peut être signalé par des guillemets ou des italiques, des
phrases incises ou des parenthèses..
Lafonction conative estégalement miseen oeuvre. Lelecteurpeutêtrepris directement à parti
parl'utilisation depronomspersonnelsou l'emploi del'impératif:
Imaginezqu'un matinlesoleilne se lève
pas.17
Quelques adjectifs, adverbes ou marqueurstemporelsprouvent que l'onest dans le domaine de
la vulgarisation scientifique. Onse rapproche d'une structurenarrative :
Jadis laplupart des
artistes...16
L 'efficacité destraitementsa considérablement augmenté...
Enfin, l'épidémie de sidaadéclenché une extraordinaire
mobilisation...19
Ontrouvedesformules quiont effet d'autorité grâce à l'utilisation du présent. C'est significatif d'un mode d'énonciation plusdidactique quescientifique. Le savoir est présenté comme étant
là, sans préciserson origine. Le lecteur doit sefier à la parole del'auteur :
15
BURNIE, David. La lumière. (Passion des sciences ; 2). p. 14.
16
COLE, Alison. Laperspective. (Passion desarts ; 6) p. 6.
17
KEMP, Anthony. Le débarquement. (Passion de l'histoire ; 1)
18
Cf. note 17, p. 38 19
Le sida est l'étape ultime
de l'infection
parle VLH. [...].
cettemaladie
n'est pascontagieusemais
elle
esttransmissible...20
Est-cepreuve d'un
documentaire scientifique ?
1.2.1.3.Conclusion surla collection
Le texte est descriptif et didactique. Il s'adresse à
des lecteurs qui
ontbesoin
ouenvie de
construire une connaissance dans un domaine qui n'est pas le leur, en leur permettant de commencer leur lecturen'importe où. Toutefois, leur connaissancene sera pas
exhaustive.
Une analyse parue dans L'école des lettres n°12-13 de juin 1994, s'interroge quant àl'appellation de livres pources collections. Malgré une profusion à outrance d'informations et
d'illustrations, les auteurs de cet article voient plutôt « une suite de brèves illustrées où la
lecture saute, se disperse, rebondit, d'autant plusquela miseen pages est
touffue, confuse.
[...]la teinture, le vernis, la segmentation, qui nous sont offerts par ces recueils n'ont rien d'une
histoire, ne mettent en scène aucune pensée active, dispensent même de penser tellement leur
manière d'assenerne nous laissequ'uneissue : admettre.
»21
20
Le sida :connaître, agir, comprendre. (Passion de la vie ; 1) p. 8 21
BRAECKMAN, Carole, LOOSFELT, Marie-Claude. Les documentaires scientifiques pour
1.2.2. Archimède, Ecole desloisirs
La collection Archimède de l'Ecole des loisirs peut faire penser à première vue au théorème d'Archimède et l'on s'attend à trouver une collection documentaire orientée vers les sciences
physiques.
Les thèmesmajoritairement abordés sontenfait :
• lesanimaux (avecunelarge placeaccordée
auxdinosaures età la reproduction animale).
• la
botanique.
• lavie à la campagne.
• l'eau (mers, étangs, rivières). Mais, ainsi
que le dit Marcus Osterwalder, directeur de la
collection,22c'est
surtoutcequeluiproposentlesauteurs.Pourl'analyse decette collection, douze
ouvrages23ont
étéutilisés.La collection n'a de normes imposées ni pourle format ni pour la maquette. Chaque livre est
différent, que ce soit par sa taille ou par sa mise en page. Seul le titre apparaît toujours en
évidence sur la couverture ; il est privilégié par rapport au nom de l'auteur. L'illustration de
couverture esttoujours en étroite liaisonavec lesujet du livre.
Le public visé est très large. Certains livres s'adressent à des enfants de 18 mois (Petit chaton
a des
ennuis24)
; d'autres peuvent êtrelus par des enfants de 13 à 14 ans (L'arbre àchewing-gum2i),
mais cetteinformation nefigurepas surlelivre etc'est à l'utilisateur d'en décider. Une large place est accordée auxauteurs étrangers, notamment américains etjaponais. Ces derniers correspondent à l'esprit de l'Ecole des loisirs.22
Les propos de Marcus Osterwalder cités au cours de cetteanalyse ont été recueillis lors du salon de Montreuil 96, puisadaptés.
23
Cf. bibliographie
24
KANAO, Keiko. Petit chaton a des ennuis.
25
Comme l'affirme le slogan de la collection, « Avec une
histoire, je
comprends ! », Archimède collection accorde la primauté au récit. Ce principe n'est pas nouveau en vulgarisationscientifique. Daniel Raichvarg, danssestravauxsurla
littérature scientifique
au XIXème siècle,remarque que certains sont « de véritables récits scientifiques. [...] Ces récits prennent deux
formes différentes, les auteurs exploitent tout d'abord, le roman d'exploration, le voyage [...] Ils selivrent alors à la recherche d'unjeu surl'événement quitentela difficile articulation dela
description et de l'explication scientifiques dans un fond qui,
lui,
est narratif.»26
YvesJeanneret souligne que « Raconter une histoire est, comme dans le roman ou comme dans
l'article de presse, un ressort classique de l'intérêt. [...] Le narratif est alors le support de
l'explicatif.
»27
Dans le catalogue annuel de la collection, j'ai relevé certaines phrases justifiant l'appellation
de documentaire :
Petitchatonadesennuis28 : «Encoreundocumentaireoriginal. »
Le nid dans la botte29 : « Les nombreux gros plans[...]attirent l'attention sur ce vrai documentaire. »
Le castorde l'étang bleu
30:
«Un bel album documentaire... »Le dernier dinosaure 31. « Un professeur d'anatomie de l'université de Chicago a vérifié les
données scientifiques de cerécit imaginaire. »
Dinosaure d'un
jour32
: « [...]cette relative imprécision est due à l'honnête modestiescientifique des auteurs. »
26
RAICHVARG Daniel, La bibliothèque des merveilles : l'explosion de la littérature scientifique
pour lajeunesse dans la deuxième moitié du XIXe siècle, Revue des sciences humaines,
janvier-mars 1992, n°225.
27
JEANNERET, Yves. Ecrire ta science: formes et enjeux de ta vulgarisation.
28
KANAO, Keiko. Petit chatona des ennuis.
29
YOKOUCHI, Jo. Le nid dans la botte.
30
GEORGE, William T, BARRETT GEORGE Lindsay. Lecastordel'étang bleu.
31
MURPHY, Jim. Le dernier dinosaure.
32
Les auteurs ne sont pas présentés saufpour
légitimer l'aspect
documentaire de la collection.C'est le cas par exemple de
Cygnes/3
où l'auteurlui-même
nous explique satechnique
d'observation des animaux; ilenprofitepoursignaler qu'il
alui-même
pris les photos illustrant son livre, ce qui affirme-t-il, relève d'une grande patience et d'une grandeconnaissance
del'espèceanimale.
Surles 12 livresretenuspourcette analyse :
- Le
nom de la collection, qui pourrait indiquer qu'il s'agit
d'un
ouvrage documentaire,n'apparaîtque deux foissurlacouverture.
Seules 3 quatrièmes decouverturecomportentunpetitrésumé.
- 6 titres
peuvent laisser penser qu'il s'agit d'un ouvrage documentaire. Les autres évoquent davantageunefiction, trèssouventleconte.
- 5 ont subi
unerelecture scientifique, attestent donc dela véracité de leurcontenu.
- 2
contiennentune préface.
- 5 sont suivis de notes
ou commentaires explicatifs.
- 2
comportentunindexou un lexique.
La collectionjoue à brouiller les repères. Ce ne sont ni des fictions ni des documentaires mais
le récit etles outils documentairesservent àfairepasserl'information.
Le tableau de la page suivante permet de rattacher ces différents critères au document auquel ils se rapportent et d'avoir ainsi une vue d'ensemble. Il apparaît que peu d'ouvrages regroupent des éléments deparatexte permettant de les classer dansune série documentaire.
33
Paratexte
Collection
4ème
de
couverture
TitreRelecture
scientifique
Préface
Notes
ou
commentaires
explicatifs
Lexique
ou
index
Yéti L
à
'arbre
chewing-gum
X X
Le
castor
de
l'étang
bleu
Hôtel
cactus
X
Cygnes
X X X X X Iltrès,
très
ya
longtemps
X X X X XPetit
chaton
a
des
ennuis
Dinosaure
d'un
jour
X X X L
'appel
des
loups
X X X Ledernier
dinosaure
X X X Lesanimaux
des
mers
profondes
X X Le
nid
dans
la
botte
X1.2.2.1.Lesaspects
scripto-visuels
Comme il adéjàété signalé, lacollection n'apas de format particulier. Onpeut toutefois noter
queleslivres destinés auxplus jeunessontpluspetitspourplus demaniabilité.
En ce qui concerne la mise en page, tous les documents sont illustrés, 10 par des dessins et 2
par des photos (L'arbre à
chewing-gum34)
et(Cygnes35).
Les photos confèrent un aspect plusdocumentaire ; lejeune enfant sera sansdoute moins attiré que par des dessins qui ont un rôle
affectif. Partouton trouvede lacouleur.
Un seul livre, Les animaux des mers
profondes,36
contient des illustrations légendées ; ontrouve là un vocabulaire spécifique. On a aussi des indications sur la taille de chaque poisson
ouanimal marin.
Dans Le nid dans la
botte,3
on trouve un schéma explicatif pages 22-23, pour décrire lacroissance desoisillons.
Dans tous les ouvrages, letexte est bien distinct de l'image ; il apparaît soit en surimpression
sur l'illustration, dans un cadre de couleur, soit sous l'illustration, maistoujours de façon très
aérée, même s'il est en continu. Les caractères sont en général assez grands, ce qui laisse
deviner une volonté de l'éditeur de ne pas rebuter le lecteur par un texte d'aspect général
touffu.
On noteaussi l'unitéde doublepage qui donneune impression de continuité dans le document.
L'ordre de la lectureestdonc dirigé ; il n'ya pas possibilité de naviguer dans le textece qui est
logique puisqu'il s'agit toujours d'histoires. L'observation d'enfants lecteurs en BCD permet d'étayerceconstat.
34
GARAY, Uuis. L'arbre à chewing-gum.
35
HENRY, Philippe. Cygnes..
36
TOMITA, Momoaki. Les animaux desmersprofondes.
37
Il faut signaler que pour deux des textes
du
corpus{Petit chaton
ades
ennuis38)
et {Lesanimauxdesmers
profondes39),
la lecture se faitverticalement,
c'est àdire
du haut au bas dela page et non de la page de gauche à
la
pagede
droite,
comme nous en avonsl'habitude.
Cette miseen page est àmettre en liaison avecle sujet
des documents.
LetextePetit chaton
adesennuis40parle d'un chatonjuché dansunarbre et
incapable de
redescendre seul
;la hauteur
de l'arbre est accentuée par cette mise en page. Dans le texte Les animaux
des
mersprofondes,41
la profondeur est suggérée par la lectureverticale ; enoutre,plus
ons'éloigne
dela surfacedelamer, plus lacouleur du fond dela page
s'obscurcit,
passant d'un bleu clair à unbleu presquenoir.
1.2.2.2.Les aspectstextuels
D'une manière générale, il semble que les ouvrages de la collection partent de l'histoire d'un
individu sur laquelle viendront se greffer des informations. On présente au lecteur un
personnage central - castor, loup, dinosaure, couple de cygnes, couple de moineaux, cactus,
arbre à chewing-gum - avec lequel il va se familiariser, auquel il aura le temps de s'attacher.
Toutesleshistoires suivent le personnage àunmoment de savie, unjour, unenuit, une saison,
une année ou unevie. Toutes les étapes de la vie sont abordées en quelquespages : recherche
de nourriture, survie, environnement, reproduction, naissance, mort. L'enfant trouve une
correspondance avec sa proprevie defamille, dans sespropres problèmes tels quela fatigue, la
peur, le sommeil Reste pour lui à établir le parallèle avec tous les membres de l'espèce dont
parle le livre, àpasser du particulieraugénéral. Dans Hôtel
cactus,42
cepassage est proposé aulecteur. Le cactus qui était seul tout au long de l'histoire est entouré d'une forêt de cactus en
dernière page. Il n'est donc pas unique ; ce qui est valable pour lui l'est aussi pour tous les
autres. Cette chronologie dans l'histoire oblige le lecteur àune lecture linéaire.
38
KANAO, Keiko. Petit chatona des ennuis.
39
TOMITA, Momoaki. Les animaux desmersprofondes.
40
KANAO, Keiko. Petit chatona des ennuis.
41
TOMITA, Momoaki. Les animaux desmers profondes
42