LES MEDIAS ET LEUR ROLE DANS L'INFORMATION
ET LA FORMATION SUR LES PROBLEMES
D'ENVI-RONNEMENT : LA SITUATION EN ITALIE
Michela MAYER
CEDE - Centro Europeo dell'Educazione, Frascati, Italie.
MOTS-CLES : MEDIAS - INFORMATION - FORMATION - PROBLEMES D'ENVIRONNEMENT
RESUME: Quelle a été l'influence des médias face à l'éducation à l'environnement en Italie et que pourrait-elle être? Un regard sur le passé et le présent permet d'imaginer le futur. L'Italie n'a pas une grande tradition par rapport à l'éducation aux sciences naturelles ou à l'éducation à l'environnement. Cest une attitudeàla fois culturelle et politique qui ne change que très lentement.
SUMMARY : What has been and what could be the influence of the medias on environmental education in Italy ? A look at the past and the present makes it possible to imagine the future. There is, in Italy, no very significant tradition concerning environmental or natural history education. The attitude toward environmental problems is both cultural and political, andilis slow to change.
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Quelle a été l'influence des médias face à l'éducation à l'environnement en Italie et que pourrait-elle être? Un regard sur le passé et le présent permet d'imaginer le futur. L'Italie n'a pas une grande tradition par rapportà l'éducation aux sciences naturelles ou à l'éducation à l'environnement C'est une attitudeàla fois culturelle et politique qui ne change que très lentement.
Vers les années 1960 dans les écoles ilyavait une très grande confusion en tre les observations de la nature et du milieu social et l'éducation à l'environnement. Ce sont les Associations Naturalistes, comme le WWF ou celles pour la protection de l'héritage artistique et culturel, comme Italia Nostra, qui ont introduit l'idée que, soit pour l'école soit pour le grand public, l'éducation pourrait être non seulement au sujet de l'environnement, ou1!.ll! l'environnement, mais aussil<!l faveur de l'environnement
Les grandes catastrophes écologiques, surtout les événements de Seveso, pendant les années 70 ont alerté l'opinion publique et fait grandir une sensibilité vers les problèmes de l'environnement qui étaient auparavant presque inconnus en Italie. Depuis dix ans, la place que les médias dédient aux problèmes concernant l'environnement a énormément augmenté: maintenant toutes les chaînes de télévision, tous les journaux, ont au minimum un espace hebdomadaire consacréàl'environnement. On a assisté à une floraison de magazines centrés sur l'environnement naturel, ses beautés et ses raretés(AironeetOasis,par exemple, sont bien connus, même en France). L'effet principal, ou parfois la cause, de cet intérêt des médias a été une augmentation de l'implication publique pour l'environnement :
- depuis 1981 a été constitué le Ministère pour la Protection Civile, avec le but d'organiser la prévention et la réponse rapide aux catastrophes naturelles, ou technologiques;
- en 1986 a été créé le Ministère pour l'Environnement;
- plus ou moins en même temps les institutions locales (municipalités, provinces, régions) ont commencé à s'occuper activement de l'information concernant l'environnement, adressée aux citoyens en général mais en particulieràl'école;
- toujours pendant les années 80, une nouvelle et très combative Association, la Lega per l'Ambiente, s'est unie à deux autres plus anciennes en organisant des campagnes d'information et d'action en faveur de l'environnement.
Au moment où l'on parle presque partout d'environnement, les industries privées, les institutions d'état, soit pour la production de l'Energie, soit pour l'Industrie Chimique ou pour les Travaux Publics, prétendent travailler en faveur de l'environnement: spots télévisés, pages de publicité, dépliants, déclarent que tout ce qu'on fait est dans le respect ou en faveur de l'environnement.
Cette plus grande diffusion de la problématique environnementale n'a pas correspondu, jusqu'à maintenant,àun changement de comportements, ni au niveau individuel ni au niveau collectif et institutionnel. D'un côté parce que les informations sont présentées souvent comme "neutres", alors qu'en réalité elles invitent plusà la "contemplation" d'un environnement "lointain et sauvage" qu'à la prise de conscience de la situation actuelle etàla nécessité d'une action rapide. Par ailleurs, parce que la quantité de ces informations, souvent contradictoires, a causé un effet de "saturation", les gens ne sont plus capables de distinguer entre messages publicitaires, messages sensationnels et
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catastrophistes, et messages qui indiquent des possibilités d'évolution sociale compatible avec la conservation de l'environnement naturel. De plus, les débats entre les scientifiques, les différentes positions présentées dans les journaux et à la télé, ont provoqué souvent une perte d'intérêt voire un refus, vu que les gens n'aiment pas l'ambiguïté et l'incertitude et ne sont pas capables d'identifier clairement les systèmes de valeurs qui sont au-dessous de ces contrastes.
Dans cette situation, si l'on veut passer de la quantité d'informationàla formation, etàtravers celaàl'action en faveur de l'environnement, l'utile serait une production de magazines, de vidéos, d'audiovisuels, peut-être moins diffus, mais adressés aux citoyens et aux professionnels comme les enseignants, avec des indications pour l'action et pour l'action pédagogique.
Effectivement la production du matériel pour l'éducationàl'environnement, destinéeàl'école ou aux citoyens, est en augmentation, surtout de la part des Associations et des Institutions locales. Pendant que les Ministères, de l'Education et de l'Environnement, discutent entre eux sur les initiatives à prendre pour l'éducation à l'environnement, les Associations, les Municipalités, les maisons d'édition, proposent des Atlas, des textes, des audiovisuels, et aussi des bandes dessinées, pour passer de l'informationàla formation sur les problèmes de l'Environnement.
Si cette nouvelle production, plus professionnelle et plus engagée, augmente, il sera possible de passer, au moins en Italie, de la quantité à la qualité, et de l'information au changement des habitudes. Autrement, l'information sur l'environnement fera partie de la "chronique" quotidienne, ou deviendra, au maximum, un hobby pour une élite, sans changer les attitudes et sans toucher les systèmes courants de valeurs.