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Le financement des entreprises : Rôle des fonds de private-equity dans la recomposition du tissu productif

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Working P aper IMRI

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Le financement des entreprises :

Rôle des fonds de private-equity dans

la recomposition du tissu productif

BEN SLIMANE Sonia IMRI

Université de PARIS DAUPHINE Place du maréchal de Lattre de Tassigny

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Sommaire

1 INTRODUCTION : ...3

2 DEVELOPPEMENT DES PETITES ENTREPRISES INNOVANTES : ETAT DES LIEUX ...5

2.1 ENVIRONNEMENT DES PETITES ENTREPRISES: ENTRE IRRATIONALITE ET CROISSANCE...6

2.2 LES CONTRAINTES DE FINANCEMENT...8

3 ACTIVITE DE PRIVATE EQUITY ET FINANCEMENT DES ENTREPRISES ...11

3.1 LES MODALITES D'INVESTISSEMENT PAR PRIVATE EQUITY...12

3.2 LE CAPITAL INVESTISSEMENT : UNE ACTIVITE DYNAMIQUE MAIS FRAGILE...14

3.3 ROLE DU CAPITAL INVESTISSEUR DANS LA CROISSANCE DE L’ENTREPRISE...17

4 CONCLUSION...21

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1 Introduction :

L’industrie constitue le principal vecteur de croissance de l’économie en termes de création d’emploi et d’augmentation du chiffre d’affaires (CA). Mais face à la montée de la concurrence internationale, les déterminants de la compétitivité se basent de plus en plus sur l’innovation. Parallèlement, les petites entreprises innovantes qui détiennent une part importante du marché semblent contribuer à la croissance économique. L’enjeu du développement de ces entreprises s’avère important et s’inscrit dans une double perspective. La première est liée à la stratégie même de l’entreprise innovante relativement au développement de son activité et sa différenciation par rapport à la concurrence. La deuxième renvoie à la question de recomposition du tissu industriel et ce à travers la dynamique de développement et de renouvellement des activités, que ces entreprises enclenchent.

Dans ce contexte, la question du financement des petites entreprises innovantes au cours de leur processus d’évolution se place au cœur de ce travail en raison des risques et d’incertitude caractérisant leurs activités. La question de financement prête d’autant plus à réflexion et se place ainsi au cœur du sujet, étant donné la stratégie de Lisbonne qui vise à faire de l’Europe en 2010 l’économie la plus innovante du monde. L’activité de private equity (capital investissement) s’est développée depuis les années 90 en Europe. Ces fonds d’investissement proposent un nouveau mode de financement adapté entre autres aux produits et services issus des entreprises innovantes. Dans ce type de financement, les investisseurs assument le risque encouru et s’engagent en qualité d’actionnaires dans le capital de l’entreprise. Au-delà de l’analyse des modes d’implication dans les différents stades de l’entreprise, ces fonds

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constituent un stimulateur de la croissance et un facteur de soutien des activités innovantes. C’est dans ce cadre que s’inscrit le présent travail qui tente de déterminer le rôle des fonds de private equity dans la recomposition du tissu industriel. Les travaux traitant le thème du private équity (Gompers et Lerner, 1998, 2001, Fenn, Liang et Prowse, 1995, …) sont certes limités en termes de mesures et de statistiques des effets économiques de ce type d’activités mais présentent l’avantage de contribuer à enrichir la réflexion à ce sujet. Ainsi, nous proposons dans une première étape de présenter les caractéristiques des petites entreprises innovantes et leur mode de développement. Cette étape nous semble déterminante pour la suite de ce travail dans le sens où elle permettra d’identifier les problèmes qui freinent le développement de ce type d’entreprises, alors que celles-ci contribuent à la croissance d’une économie. La deuxième étape se propose de présenter les fonds de private equity à travers les activités qu’ils financent ainsi que les modalités d’intervention dans la vie des entreprises innovantes. Nous mettons l’accent sur les éléments qui empêchent le développement de certaines activités du capital investissement, censées être les mieux adaptées pour financer les premiers stades de développement des petites entreprises.

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2 Développement des petites entreprises innovantes : Etat des

lieux

Face à la montée de la concurrence internationale, l'innovation constitue une stratégie qui permet d’améliorer la productivité des entreprises et d’assurer un niveau de compétitivité élevé face aux nouveaux impératifs du marché. En effet, la compétitivité d’une économie dépend essentiellement de sa capacité à innover. Cependant, l’Europe n’investit pas suffisamment dans l’innovation. La part des dépenses en R&D dans le PIB en moyenne dans les pays européens est de 2,13% et n’atteint pas les 3% du PIB, visés pour 2010 (OCDE, 2007), alors que les pays présentant un taux de croissance du PIB élevé, sont ceux qui investissent le plus dans les activités de R&D (Battini, 2004). Les mesures préconisées mettent l’accent sur la nécessité d’améliorer la réglementation et de renforcer l’esprit d’entreprise si l’on veut faire de l’Europe en 2010, l’économie, la plus innovante du monde. Pour le cas de la France, le PIB a augmenté de 2%, soit une croissance plus faible que celle de la zone euro (2,7%) (Commission européenne, 2006).

S’inscrivant dans le cadre de l’analyse de la situation de la recherche et de l’innovation en France, plusieurs rapports (OST 2006, Futuris, 2006) soulignent l’insuffisance flagrante du financement de la R&D et suggèrent une implication plus dynamique du financement privé de la R&D ainsi que le soutien des PME innovantes. A ce sujet, une réflexion sur le financement de ces jeunes entreprises est nécessaire à leurs premiers stades de développement. Cette problématique est d’autant plus importante, compte tenu de leurs caractéristiques ainsi que leur contexte d'évolution ayant pour effet de réduire les possibilités de financement. La partie suivante se propose de décrire dans un premier temps, les caractéristiques des entreprises innovantes en mettant l'accent sur leur rôle dans la croissance économique en termes

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d’innovation. La deuxième partie se propose de déterminer l’influence du contexte d’évolution de ce type d’entreprises sur la limitation des canaux de financement.

2.1 Environnement des petites entreprises: Entre irrationalité et croissance

Le développement des petites entreprises innovantes s’inscrit dans un contexte économique où l’innovation constitue une source d’avantage comparatif. L’innovation n’est pas exclusivement technologique, même si bon nombre d’entreprises appartiennent à des secteurs technologiques. Les entreprises concernées sont d'une part les PME qui présentent une intense activité de R&D et d'autre part les PME non technologiques. Les petites entreprises innovantes détiennent une part de marché relativement importante dans leur niche. Leur stratégie se base selon les cas, sur une combinaison produit/marché très spécifique, constituant ainsi une source de différenciation aussi bien technologique que commerciale. En effet, les caractéristiques d'une entreprise innovante ne se résument pas seulement à la maîtrise d'une nouvelle technologie de pointe ou au lancement d'un nouveau produit, elles touchent aussi la manière dont l'organisation fait face à un environnement de plus en plus complexe et la façon dont elle assure la commercialisation de ses produits. La taille et la spécificité des produits ou services que ces entreprises proposent leur procurent d’une part, une certaine flexibilité qui permet une meilleure adaptation et une meilleure réactivité face aux exigences du marché, et d’autre part une meilleure efficacité pour répondre aux besoins. La nature des actifs mobilisés pour le cas des entreprises innovantes est très spécifique. Ces actifs sont souvent intangibles (Noe et Rebello, 1996) et correspondent souvent à des compétences techniques et technologiques difficilement transférables, intégrées dans les compétences humaines.

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Les entreprises sont ainsi considérées comme étant source de créativité, et à l'origine de l'introduction de nouveaux produits et de nouveaux modes d’organisation. Ainsi, une part importante des produits et des services nouveaux naît dans des petites entreprises innovantes desquelles l’économie puise pour assurer sa compétitivité. Parallèlement, le contexte d’évolution des entreprises innovantes peut être dominé par des particularités "irrationnelles" (Bernasconi, Monstet, 2000) pour lesquelles les notions de prévision, d’incertitude et de risque, prennent toute leur importance. L’incertitude renvoie à l'efficacité technologique et économique du projet qui n’est pas une donnée ex-ante. Ce facteur est d’autant plus important lorsqu’il s’agit d’entreprises en phase de création de projet et pour lesquelles il existe une incertitude quant à la validité technique et l’efficacité de la réalisation. Par ailleurs, la rentabilité qui est un élément déterminant pour les bailleurs de fonds, est difficilement prévisible. Elle est liée à l'existence d'une demande suffisante sur le marché permettant d’atteindre les objectifs de rentabilité visés. Cette dimension est d’autant plus importante, vu la réticence des investisseurs face aux projets très risqués même s’ils sont par ailleurs très innovants. Cela veut dire qu’au fur et à mesure que le risque augmente, la rentabilité escomptée par les investisseurs doit être telle qu’ils assument le risque encouru. Et c’est notamment une des raisons pour lesquelles les prêteurs exigent un niveau des garantie élevé pour certains projets.

Ces facteurs peuvent aboutir à des situations d'asymétrie d’information, dans lesquelles des comportements opportunistes peuvent apparaître (Bebczuk, 2003). Ces informations peuvent être liées, soit aux propriétés technologiques des produits ou services et leurs potentialités, soit à leur capacité à répondre à une demande de marché ou encore à leurs potentialités de rendement. L’asymétrie d’information devient d’autant plus importante que l’incertitude sur la rentabilité est élevée et que la

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dimension intangible prédomine le projet. Le risque encouru par les prêteurs justifie les garanties exigées mais réduit les possibilités de financement pour les porteurs de projets. La question du financement devient ainsi centrale dans le processus de développement de l'entreprise innovante.

La partie suivante se propose à travers une analyse des sources de financement classiques des projets innovants, de mettre en évidence les déficits de financement qui limitent le développement des activités des entreprises innovantes.

2.2 Les contraintes de financement

L’intervention des différentes sources de financement pour un projet donné, tels que les banques, les marchés financiers et les autres bailleurs de crédits, dépend essentiellement de la nature du projet, de l’ampleur du risque lié au projet, de la rentabilité espérée et par conséquent des garanties proposées. Paradoxalement, le processus d’évolution d’une entreprise innovante se caractérise par une complexité de facteurs dont l’articulation influence l’évaluation du projet au stade de financement. En effet, les entreprises innovantes sont caractérisées par une notion qui se place au cœur de leur processus d’évolution, à savoir l’incertitude, que les critères classiques d’évaluation financière ne prennent pas en compte (Dert, 1997). L’incertitude renvoie à la probabilité des échecs technique et commercial du projet. Cette notion est d’autant plus importante lorsqu’il n’existe pas de demande pour le produit sur le marché ou lorsque la plus value technologique ou commerciale est difficilement reconnaissable à ce stade. D’autres facteurs non moins importants tels que, la nature des actifs et le risque d’échec caractérisent le contexte d’évolution des entreprises innovantes et favorisent des comportements divergents à savoir prudents de la part des prêteurs et opportunistes de la part des porteurs de projets. D’autre part, les

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garanties proposées sont souvent « prévisionnelles et non réelles » (Duprat, 2006), qui se basent sur le CA et la rentabilité prévisionnels. Cependant, la prise en compte de la notion de risque, remet en cause l’efficacité des critères d’évaluation pour le cas des petites entreprises innovantes (Copeland, Koller et Murrin, 2000). Ce problème est d’autant plus déterminant lorsque l’entreprise ne dispose pas d’historique permettant aux investisseurs d’évaluer son potentiel de développement sur la base des résultats antérieurs, et ce contrairement aux grandes entreprises qui ont moins de difficultés à bénéficier de financements pour de nouveaux projets compte tenu de leurs résultats antérieurs. Cette situation doit être analysée, du coté du prêteur et du dirigeant qui ont chacun des perceptions et des stratégies différentes et souvent antagonistes face à un contexte donné. À ce sujet, le fondement théorique de la relation entrepreneur et prêteur est expliqué par la théorie d’agence qui s’appuie sur la relation « principal-agent ». Elle décrit les relations entre l’actionnaire –principal- qui cherche à maximiser la valeur de la firme et le manager –agent- qui cherche à maximiser le revenu et donc la taille de son entreprise (Hart et Holstrom, 1987). La présence d’une divergence d’intérêts ainsi que la nature intangible des investissements à financer, pourraient déboucher sur des situations d’asymétrie d’information et des comportements « opportunistes ». L’entrepreneur pourrait par exemple cacher certains risques liés au projet en exploitant l’ignorance de l’investisseur sur certains éléments de son projet. Dans ce contexte, les banques se protègent soit en augmentant le coût des emprunts (Julien, 1997) soit en exigeant des garanties difficilement assumées par les entreprises si ce n’est à un coût important compte tenu de l’incertitude et des difficultés d’évaluation à ce stade (Hege 2001, Lev 2001) ou encore en renonçant au projet le plus risqué, même si ce dernier présente des potentialités de croissance importantes. Du côté de l’entreprise innovante, la première

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étape de son existence correspond à la phase où il n'est sujet que d'un projet. Cette phase est particulièrement déterminante dans la vie d'une entreprise non cotée et constitue l’une des principales différences des entreprises candidates à des IPO (Fenn et Liang, 1995). C’est aussi l’étape la plus difficile dans son processus de financement, dans la mesure où l’investissement innovant n’offre aux bailleurs de fonds ni garanties réelles aisément évaluables ni une base d’analyse longitudinale du risque. De ce fait, le recours au financement, par les moyens traditionnels, tels que l’emprunt bancaire par exemple est peu adapté voire incompatible avec les exigences financières des entreprises innovantes. Cette problématique est de plus en plus préoccupante étant donné les effets de la présence d’une proportion importante d’entreprises innovantes sur la croissance d’une économie et sur l’innovation.

Face à l’incompatibilité en matière de financement entre les moyens classiques d’un côté, et les exigences des entreprises innovantes de l’autre côté, l’activité de capital investissement ou private equity -de ses origines américaines de création- semble être mieux adaptée à la logique de développement des entreprises innovantes. La partie suivante se propose à travers la description des modalités d’intervention des fonds de private-equity dans les différents stades de développement des entreprises, de déterminer l’influence du développement de cette activité sur la croissance d’une économie notamment par le soutien des activités innovantes.

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3 Activité de Private Equity et financement des entreprises

La première caractéristique des fonds de private équity par rapport aux autres moyens de financement est la reconnaissance de la spécificité du contexte des projets des petites entreprises innovantes, d’autant plus que la dimension intangible est prédominante. De ce fait, le recours au financement par capital investissement, constitue une alternative plus adaptée pour les entreprises non cotées, que l’endettement bancaire en général plus aléatoire et plus coûteux (Belletante et al, 2001 et Julien, 1997). Mais au-delà de la dimension financière et non pour le moins négligeable, la dimension dynamique de ces fonds, leur procure le statut de vecteurs de croissance et de création de la valeur. En effet, ces fonds permettent en théorie de pallier les difficultés financières en soutenant les petites entreprises à développer leurs stratégies d’innovation.

La partie suivante se propose, dans un premier temps de décrire les différentes modalités d’intervention des fonds de capital investissement dans le financement des entreprises au cours des différents stades d’évolution. Dans un deuxième temps, il s’agit au travers de l’analyse de leur implication dans le financement des entreprises innovantes, d’évaluer les apports tant économiques que sur le plan de l’innovation des fonds de private equity.

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3.1 Les modalités d'investissement par private equity

L’activité de private equity s’est développée en Europe depuis les années 90. Sa présence est jugée importante de par les effets économiques qu’elle engendre et ce bien qu’elle ne se soit pas inscrite dans une logique entrepreneuriale en Europe. En France, le chiffre d’affaires des entreprises accompagnées par des investisseurs en capital a cru entre 2005 et 2006 de plus de 11,1% contre 5,7% pour les entreprises du CAC 40 (AFIC, 2007) alors que le PIB n’augmentait en valeur que de 4,3% sur la même période. Par ailleurs, on compte en France 75 % des entreprises financées par capital investissement de moins de 250 salariés et 60 entreprises de plus de 5000 salariés (AFIC, 2007)1 et une PME de plus de 250 salariés sur quatre compte un

capital investisseur à son capital.

Parallèlement, ces fonds sont censés intervenir en qualité d'actionnaires dans les différents stades de développement des entreprises en prenant des participations dans le capital de petites ou moyennes entreprises généralement non cotées sur une durée moyenne de cinq ans (Banque de France, 2007). L'intervention de ces fonds peut être classée selon quatre segments, à savoir venture capital (capital-risque)2. capital développement, capital transmission(LBO)3 et capital retournement. Les principales spécialisations concernent les opérations de Leveraged buy-outs et de capital risque. Ainsi en France, les investisseurs en Capital Risque soutiennent 1/5ème des participations du Capital Investissement, tandis que le Capital Développement en

1 Enquête réalisée par l'AFIC sur la période sur une base d'échantillon de base de 3575 entreprises représentatives pour l le

stade de développement est renseigné et desquelles est extrait un échantillon de 827 entreprises pour lesquelles les données sont complètes.

2 Le Capital Risque est un sous-ensemble du Private Equity et se réfère aux investissements dans les phases de démarrage, de

développement et d’expansion d'une entreprise

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accompagne près de la moitié. Ce sont également 1/3 des entreprises qui font l’objet d’une opération de Capital Transmission / LBO et 2 % d’entre elles sont en phase de retournement (AFIC, 2007) :

En Europe, un plus grand nombre d’investisseurs européens sont présents sur l’ensemble des segments du capital investissement (Hege et al 2003), avec une dynamique caractérisée par une part importante des opérations de rachat et de transmission. Les stades d’amorçage et de développement ne représentent que 19% des opérations (OCDE, 2004). Ce sont les stades où les entreprises présentent des produits ou des services innovants. Dans les autres stades, notamment les opérations de rachats ou de transmission, il s’agit d’entreprises déjà existantes et matures et pour lesquelles il n’est pas forcément question d’innovation. En revanche, il est question dans ces opérations de réorganisation dans une perspective d’efficacité et de création de valeur.

L’implication plus soutenue de l’activité de capital investissement dans les segments de développement et de transmission ou de rachat au détriment des segments

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d’amorçage s’avère intéressante et fera l’objet de la partie suivante qui s’inscrit dans une optique de contribution à la compréhension des mécanismes inhérents à l’activité.

3.2 Le capital investissement : une activité dynamique mais fragile

La comparaison de l’activité de private equity aux Etats-Unis et en Europe a fait l’objet de plusieurs travaux empiriques et ont débouché sur la mise en évidence de points de différence tant au niveau de l’évolution de l’activité qu’au niveau de son implication dans les projets. À ce sujet, Hege et al (2003) constate une répartition différente des fonds entre les deux pays. Aux Etats-Unis, les dotations sont importantes au début du projet de financement puis diminuent au fur et à mesure que le projet avance et s’inscrit dans une logique entreprenariale. En Europe, la répartition des fonds est beaucoup plus linéaire. Plus spécifiquement, la répartition de l’activité du capital investissement par stade d’évolution des entreprises est différente aux Etats-Unis de l’Europe. Cette différence est liée à l’importance accordée aux investissements d’amorçage et de capital-risque. Selon l’OCDE, le ratio ‘amorçage plus capital risque/PIB’ s’élève à 0,172 % aux Etats-Unis en 2004 alors qu’en France il était de 0,024. Parallèlement, le niveau de collaboration entre les investisseurs est encore très restreint en Europe et le nombre de partenariat reste faible. Hege et al (2003) explique que ce manque de collaboration serait entre autres à l’origine de la supériorité des taux de rendement du capital investissement américain.

En s’intéressant de plus près à l’implication de l’activité de private equity dans la chaîne de financement des entreprises non cotées, nous pouvons les catégoriser en deux ensembles d’opérations. Nous distinguons les opérations de développement et de croissance appelées aussi les opérations de venture capital (amorçage, capital-

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risque, expansion) et les opérations de rachat d’entreprises (LBO) et de transmission. Plusieurs travaux se sont intéressés à identifier les paramètres qui influencent l’implication de l’activité de private equity dans les différents stades de développement des entreprises et la rendent cyclique (Gompers et Lerner, 2001). Cette implication dans les phases d’amorçage et de développement est tributaire d’abord de l’existence d’opportunités sur le marché boursier, c'est-à-dire de la possibilité d’introduction en bourse (IPO) et affecte son efficacité à long terme, puis de l’évolution du contexte technologique dans le sens du soutien des activités innovantes et enfin de l’orientation des marchés financiers vers certains secteurs d’activités. D’autres travaux (Da Rin et al, 2005) mettent l’accent sur l’environnement institutionnel qui ne favorise pas la création et le financement de PME innovantes.

Au niveau des entreprises, l’analyse des caractéristiques dans les différents modes d’intervention de l’activité de private equity permettrait d’identifier les raisons de cette disparité de financement. Nous retrouvons d’abord des investissements d'amorçage, de création. Il s’agit de modes opératoires permettant à l’investisseur de soutenir une innovation et pour lesquels l’entrepreneur manque de ressources financières pour évaluer le potentiel économique de son projet. C’est le cas par exemple des dépenses en recherche et développement, de réalisation de prototype, de financement d’une étude de marché poussée (Fenn et Liang 1995). Le manque d’implication des fonds de capital investissement dans ces phases s’expliquerait par le fait que le contexte même qui régit les entreprises est caractérisé par une telle incertitude sur la validité technique et commerciale du projet que le risque d’échec est important et influe par conséquent sur la décision d’investissement. Pourtant l’implication des fonds de private equity dans les premières phases de l’existence

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d’une entreprise est censée réduire le risque associé au projet puisque les investisseurs en tant qu’actionnaires futurs de l’entreprise, réorganisent les procédures de mise en place du projet et font évoluer la relation avec le dirigeant dans le sens d’une responsabilisation. Quant aux investissements dans les phases de post-création, de développement, il s’agit d’une formule intermédiaire au cours de laquelle l’investisseur accompagne au plus près les évolutions de l’entreprise. Les entreprises disposent déjà d’un produit, d’une technologie ou un service bien définis. Dans ce contexte, le risque n’est plus relatif au produit ou à la technologie, mais concerne le marché. Enfin les investissements de transmission ou de succession qui concernent la transmission des parts de certains actionnaires ayant décidé de céder leurs parts dans l’entreprise.

Dans ce contexte, le risque est lié à l’efficacité organisationnelle pour attribuer une valeur additionnelle à l’entreprise. C’est le cas des LBO (Leverage Buy-Out) pour lesquels les acquéreurs décident de prendre part d’une société pour la redynamiser. Ainsi, en France, l’activité de private equity représente une part de 15% des investissements en 2006. Les opérations de LBO représentent 80% des investissements en volumes avec un taux de progression annuel de 40% sur la période 1996-2006 alors que l’activité de capital-risque ne représente que 5% en volumes (Banque de France, 2007). Cette tendance rejoint une dimension caractéristique de l’investissement en Europe et qui est liée à la prudence dans une optique d’aversion au risque. Ceci se traduit par un investissement plus soutenu dans les stades avancés des cycles d’évolution des entreprises, tels que dans opérations de succession ou de rachat d’entreprises arrivées à maturité et présentant un besoin de réorganisation tant organisationnelles que stratégique, au détriment des opérations de capital risque pour lesquelles il s’agit soit d’un projet ou qu’il existe une incertitude importante quant à

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la validité commerciale du produit. Il n’en reste pas moins à souligner que les problèmes de transmission d’entreprises et de remplacement de dirigeants représentent des opérations fragiles et le private equity contribue souvent à la réussite de ces opérations. La partie suivante se propose d’analyser l’impact du financement par les fonds de private equity sur la croissance économique dans et sur le soutien de l’innovation dans une perspective de recomposition du tissu industriel.

3.3 Rôle du capital investisseur dans la croissance de l’entreprise

Plusieurs travaux se sont intéressés à analyser l’intérêt économique du capital investissement (Kortum et Lerner, 2000, Hellman et Puri, 2000), et ce en dépit du débat qu’elle soulève relativement à leur périmètre d’intervention (OCDE 2004). En effet, le rôle du capital investisseur devient de plus en plus dynamique dans le sens où les investisseurs interviennent dans bien des cas, en proposant différents services qui ne se limitent pas à l’apport de capitaux pour s’étendre aux fonctions managériales, stratégiques et de marketing. Par ailleurs, d’autres rapports mettent l’accent sur le rôle d’aiguillon que jouerait le capital investissement dans l’économie (Banque de France, 2007). A ce sujet, les entreprises françaises qui comptent dans leur actionnariat un investisseur en capital se développent très rapidement. Elles voient leurs effectifs progresser de 6,6% entre 2005 et 2006, un taux de croissance 4 fois supérieur à celui constaté dans les entreprises du secteur concurrentiel qui s’établit à 1,6% (AFIC, 2007).

Cette performance est encore plus significative comparée à celle des salariés employés en France par les entreprises du CAC 40, en baisse de 0,4% sur la même période. Si on s’intéresse de plus près à la contribution du capital investissement au

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développement économique nous constatons que cette activité s’étale à tous les secteurs économiques et les secteurs traditionnels en tête. Une étude est menée par l’AFIC (2005) sur un échantillon de 827 entreprises représentatives en termes de stade de développement et de secteur d’activité montre que les biens et services industriels émargent pour 18%, les services de transport pour 15%, la distribution pour 11%, les logiciels représentent 3% et la biotechnologie 3% également.

L’observation des effets de l’engagement de ces fonds sur les emplois et ce par stade d’intervention, montre que les entreprises en phase de création ont connu une progression des effectifs de 35%. Pour les entreprises en phase de développement, la croissance est de 8%. Les entreprises en transmission ont connu une progression des effectifs de 6,3% (AFIC, 2007). En termes de croissance du CA, les entreprises en phase de création ont connu une augmentation de l'activité de 26,9%. Les entreprises en phase de développement ont connu une croissance de leur activité de 9,9%. Les entreprises en phase de transmission quant à elles, ont connu une croissance de leur activité de 11,6% :

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Par ailleurs, le taux moyen de croissance de l'échantillon est de 11,1% sachant que les entreprises ne figurant pas dans le top des 100 entreprises les plus performantes de l'échantillon, présentent un taux de croissance de 9,7% pour la même période.

Parallèlement, les fonds de capital investissement permettent de dynamiser et d’enrichir le processus de création de valeur et ce par un apport en ressources cognitives (Charreaux, 2003). En effet, ces fonds interviennent dans une double optique. D’abord ils interviennent dans une optique financière qui consiste à apporter un financement supplémentaire aux financements par voie d’endettement pour la création et le développement des entreprises. Cet engagement dure en moyenne cinq ans. Ces fonds accompagnent aussi l’entreprise durant une phase de sa croissance et participent aux décisions stratégiques. La plus-value réalisée lors de sa sortie du capital de l’entreprise peut s’avérer importante d’un point de vue économique et technologique. En effet, l’objectif financier d’augmenter la plus value financière constitue la première motivation de l’investisseur, qui incite la société à valoriser ses compétences et acquérir de la valeur. De ce fait, les investisseurs incitent les entreprises à déposer plus de brevets (Gompers et Lerner, 1998) grâce à leur intervention dans la gestion de l’entreprise et dans son orientation stratégique. Cette différenciation facilite la coopération avec les grandes entreprises qui manquent de flexibilité en raison de leur taille et de la maturité de leurs activités en termes d’innovation. Cette complémentarité assure ainsi la recomposition du tissu industriel. En conclusion l’engagement des fonds de private équity dans le capital des petites entreprises, présente des vertus qu’on pourrait classer à deux niveaux. Au niveau micro-économique, le capital investissement permet non seulement d’accélérer la croissance des PME, en leur permettant non seulement d’accéder à des capitaux mais aussi de bénéficier de l’expérience et du réseau professionnel des associés des fonds

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et d’aligner les intérêts des managers sur ceux des actionnaires. Au niveau macro économique, le capital investissement permet d’accroître la productivité globale de l’économie en allouant les ressources financières aux activités les plus innovantes et plus productives. Il n’en reste pas moins que l’édification d’une industrie du capital investissement français et européen serait souhaitable qui permettrait d’appuyer la dimension entreprenariale notamment dans les premiers stades de développement des entreprises innovantes.

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4 Conclusion

En l’absence d’un cadre clair régissant le financement des entreprises innovantes, les fonds de private equity semblent pallier cette difficulté et soutenir l’activité économique puisqu’ils assurent le lien entre les entreprises innovantes et les grandes entreprises. Néanmoins, les travaux empiriques montrent que les investisseurs ont tendance à privilégier les financements de transmission ou de rachat sources de rentabilité au détriment des stades d’amorçage et de développement et ce en raison d’un blocage relatif à l’aversion au risque. Etant donné les apports du financement du capital investissement tant au niveau macro économique qu’au niveau de l’innovation il serait nécessaire d’établir un cadre cohérent permettant d’encourager ces fonds à investir dans les premiers stades de développement des entreprises innovantes.

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