"REPERES"
COMITÉ
DE
RÉDACTION
Jacques
COLOMB,
Département
"Didactiquesdesdisciplines", INRP
Michel DABENE, Université
deGrenoble111Suzanne DJEBBOUR,
IUFM
deCréteil,
Centre deMelun
Gilbert DUCANCEL, IUFM d'Amiens
Collette
FINET,IUFM d'Amiens
JocelyneFOUQUET,16e
Circonscription
deParisMarie-Madeleine
deGAULMYN, Université
deLyon II
Rosine
LARTIGUE,
IUFM
deCréteil,
CentredeMelun
Maurice
MAS,IUFM
deGrenoble, Centre dePrivasMaryvonne
MASSELOT,Université
de BesançonAlain
NICAISE,
Circonscription
deDoullens
Hélène
ROMIAN, Département "Didactiques
desdisciplines", INRP
(rédactriceenchef)
Catherine
TAUVERON,
IUFM
deClermont-Ferrand
COMITE
DE LECTURE
Suzanne
ALLAIRE, Université
de RennesAlain
BOUCHEZ,Inspection
GénéraledelaFormation
desMaîtres Jean-PaulBRONCKART,
Université
de Genève,SuisseJean-Louis CHISS, ENS deSaint-Cloud
Jacques
DAVID,
IUFM
deVersailles,Centre deCergy
Pontoise FrancetteDELAGE,
IEN,
NantesSimoneDELESALLE,
Université
ParisVIII
Claudine
FABRE,Université
dePoitiers FrédéricFRANÇOIS,Université
ParisVClaudine
GARCIA-DEBANC,
IUFM
deToulouse, CentredeRodezClaudine
GRUWEZ,MAFPEN
deLille
Jean-PierreJAFFRÉ,CNRS
Claude
LELIÈVRE,Université
ParisV
Jean-Baptiste
MARCELLESI,
Université
deRouenMarie-Louise
MOREAU, Université
deMons, Belgique Yves REUTER,Université
deLille III
Bernard
SCHNEUWLY,
Université
de Genève,Suisse JacquesWEISS,IRDP deNeuchâtel,SuisseDirecteur
depublication
:FrancineDUGAST,directeur
del'INRP.
Lesarticles envoyésàlarevue
doivent
êtredactylographiés
etcomporter
10à15pagesde3500signes. Lesarticlesnoninsérés nesontpasretournés.
"REPERES"
COMITÉ
DE
RÉDACTION
Jacques
COLOMB,
Département
"Didactiquesdesdisciplines", INRP
Michel DABENE, Université
deGrenoble111Suzanne DJEBBOUR,
IUFM
deCréteil,
Centre deMelun
Gilbert DUCANCEL, IUFM d'Amiens
Collette
FINET,IUFM d'Amiens
JocelyneFOUQUET,16e
Circonscription
deParisMarie-Madeleine
deGAULMYN, Université
deLyon II
Rosine
LARTIGUE,
IUFM
deCréteil,
CentredeMelun
Maurice
MAS,IUFM
deGrenoble, Centre dePrivasMaryvonne
MASSELOT,Université
de BesançonAlain
NICAISE,
Circonscription
deDoullens
Hélène
ROMIAN, Département "Didactiques
desdisciplines", INRP
(rédactriceenchef)
Catherine
TAUVERON,
IUFM
deClermont-Ferrand
COMITE
DE LECTURE
Suzanne
ALLAIRE, Université
de RennesAlain
BOUCHEZ,Inspection
GénéraledelaFormation
desMaîtres Jean-PaulBRONCKART,
Université
de Genève,SuisseJean-Louis CHISS, ENS deSaint-Cloud
Jacques
DAVID,
IUFM
deVersailles,Centre deCergy
Pontoise FrancetteDELAGE,
IEN,
NantesSimoneDELESALLE,
Université
ParisVIII
Claudine
FABRE,Université
dePoitiers FrédéricFRANÇOIS,Université
ParisVClaudine
GARCIA-DEBANC,
IUFM
deToulouse, CentredeRodezClaudine
GRUWEZ,MAFPEN
deLille
Jean-PierreJAFFRÉ,CNRS
Claude
LELIÈVRE,Université
ParisV
Jean-Baptiste
MARCELLESI,
Université
deRouenMarie-Louise
MOREAU, Université
deMons, Belgique Yves REUTER,Université
deLille III
Bernard
SCHNEUWLY,
Université
de Genève,Suisse JacquesWEISS,IRDP deNeuchâtel,SuisseDirecteur
depublication
:FrancineDUGAST,directeur
del'INRP.
Lesarticles envoyésàlarevue
doivent
êtredactylographiés
etcomporter
10àREPERES N°4
-1991
SAVOIR
ÉCRIRE,
EVALUER,
RÉÉCRIRE
EN
CLASSE
Sommaire
Versunedéglobalisationdel'enseignement
/
apprentissage delaproduction d'écritspar Jean-Pierre JAFFRÉ etHélène ROMIAN 3
COMPOSANTESDELA COMPÉTENCE SCRIPTURALE Unmodèledidactiquedelacompétencescripturale
parMichel DABÈNE 9
Savoir écrire :c'est tout un système ! Essai d'analyse didactique du "savoir écrire"pour l'écoleélémentaire
parMaurice MAS 23
Compétenceorthographiqueet systèmes d'écriture
par Jean-Pierre JAFFRÉ 35
La linguistique génétique:une autreentrée danslaproduction d'écrits
parClaudine FABRE 49
RELATIONS ENTRECOMPOSANTES
Composantes orthographiquesetcomposantes textuelles du savoirécrire (CE1)
par Jean-MichelSANDON etJacquesRILLIARD 59 Stratégiesexpertes decontrôlerédactionnel
et
définitiondubut
par Jean-Yves ROUSSEYetAnniePIOLAT 79
Planification-révision
parDominique GuyBRASSART 93
VARIATIONDESCOMPOSANTES
Discours évaluatifs d'élèves de CE-CM, selon des contextes didactiques différents
parAndré SÉGUY etCatherineTAUVERON 1 1 1
Compétencesderévisionau CE2
et
CM2 selonle typed'erreurset
lenombre delectures
par Véronique HINCKEL 139
Et
pourtant... ils révisent !Effetsdedeux séquences didactiques surig réécriturQcfetsxt&s
parMarie-Claude ROSAT, Joaquim DOLZ, BernardSCHNEUWLY 153 "Relisez-vous 1", dit le maître... Mode de travail des maîtres
et
variationdescompétencesderévisionau CE2parRosineLARTIGUE 171
REPERES N°4
-1991
SAVOIR
ÉCRIRE,
EVALUER,
RÉÉCRIRE
EN
CLASSE
Sommaire
Versunedéglobalisationdel'enseignement
/
apprentissage delaproduction d'écritspar Jean-Pierre JAFFRÉ etHélène ROMIAN 3
COMPOSANTESDELA COMPÉTENCE SCRIPTURALE Unmodèledidactiquedelacompétencescripturale
parMichel DABÈNE 9
Savoir écrire :c'est tout un système ! Essai d'analyse didactique du "savoir écrire"pour l'écoleélémentaire
parMaurice MAS 23
Compétenceorthographiqueet systèmes d'écriture
par Jean-Pierre JAFFRÉ 35
La linguistique génétique:une autreentrée danslaproduction d'écrits
parClaudine FABRE 49
RELATIONS ENTRECOMPOSANTES
Composantes orthographiquesetcomposantes textuelles du savoirécrire (CE1)
par Jean-MichelSANDON etJacquesRILLIARD 59 Stratégiesexpertes decontrôlerédactionnel
et
définitiondubut
par Jean-Yves ROUSSEYetAnniePIOLAT 79
Planification-révision
parDominique GuyBRASSART 93
VARIATIONDESCOMPOSANTES
Discours évaluatifs d'élèves de CE-CM, selon des contextes didactiques différents
parAndré SÉGUY etCatherineTAUVERON 1 1 1
Compétencesderévisionau CE2
et
CM2 selonle typed'erreurset
lenombre delectures
par Véronique HINCKEL 139
Et
pourtant... ils révisent !Effetsdedeux séquences didactiques surig réécriturQcfetsxt&s
parMarie-Claude ROSAT, Joaquim DOLZ, BernardSCHNEUWLY 153 "Relisez-vous 1", dit le maître... Mode de travail des maîtres
et
variationdescompétencesderévisionau CE2©INRP-1991 ISBN:2-7342-0298-2
©INRP-1991 ISBN:2-7342-0298-2
VERS UNE
DEGLOBALISATION
DE
L'ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE
DE
LA
PRODUCTION
D'ÉCRITS
Jean-Pierre JAFFRÉ, CNRS, Hélène ROMIAN, INRP
Peut-on, en l'étatdesconnaissances, avancer versunedéglobalisation dela notion de «savoir écrire» etde l'enseignement / apprentissage de la production d'écritsàl'écoleprimaire?
L'enjeud'une telle questionest crucial. Leréférentieldescompétencesadjoint
à «l'organisation de l'école primaire en cycles pédagogiques» en janvier 1991
(Directiondes Écoles)marqueàla foisunprogrèsetdesincertitudesenlamatière.
La «production d'écrits» réfère désormais à des compétencesde production de
«textesvariés»impliquantlapriseen comptedes«contraintespropresàchaque type d'écrits»,des «caractéristiques desdifférentstypesdetextes».Sil'accent est mis explicitement surles«contraintes orthographiquesetsyntaxiques»,laquestion des contraintestextuelles,discursivesn'est pasposée.Ellen'enestpas moinsprésente,
en filigrane à travers les compétences évoquées : «transformer un récit[...],
compléteruntexte lacunaire[...], reconstituer untexte[...], construire un récitde
fictionetl'écrire[...],réécrire untexteàpartirdesremarquesd'unoude plusieurs lecteurs[...], relater un événement en variant le point de vue[...], rédiger un
résumé[...],préparerunquestionnaire[...], rédiger,defaçon simpleetorganisée,
uncompterendu[...],noterdesinformations[...],structureruntextepar saprésen¬
tation[...].
Cette enumeration, dont nous avons respecté l'ordre, donne la mesure du
problème.
Pourtenter d'apporter desélémentsderéponse,nousavonsquestionné des chercheursensciencesdulangage,endidactique.Nosquestionscentrales étaient
lessuivantes:
- de quels modèles théoriques, de
quelles
descriptions
de la (des) compétence(s)enjeudanslaproductiond'écritsdispose-tonpourdiscrimi¬ ner, identifier, catégoriserles compétences/
les savoir faire, les savoirs mobilisés, induits,construits parlesactivitésd'enseignement/
apprentis¬ sage ?- sil'onconsidère des«composantes» d'une «compétencescripturale», (ou descompétences différenciées, appliquéesàdesactivités,desopérations
de productiond'écrits), quelles relationsentretiennent-elles? selon quels paramètres,didactiquesounon,varient-elles?
Ànoter:l'organisationde notresommaireautourduconcept de «compétence
scripturale» etdeses«composantes» nerelèvepasd'uneoptionthéorique
-
qui appartientànosauteursetànos lecteurs. Ilnous asemblé simplement que,dans l'étatdesconnaissances,ellepermet uncadragesuffisammentouvertpournerien exclure.Bien entendu, nous ne pensons pas avoirfait le tour du problème et des
VERS UNE
DEGLOBALISATION
DE
L'ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE
DE
LA
PRODUCTION
D'ÉCRITS
Jean-Pierre JAFFRÉ, CNRS, Hélène ROMIAN, INRP
Peut-on, en l'étatdesconnaissances, avancer versunedéglobalisation dela notion de «savoir écrire» etde l'enseignement / apprentissage de la production d'écritsàl'écoleprimaire?
L'enjeud'une telle questionest crucial. Leréférentieldescompétencesadjoint
à «l'organisation de l'école primaire en cycles pédagogiques» en janvier 1991
(Directiondes Écoles)marqueàla foisunprogrèsetdesincertitudesenlamatière.
La «production d'écrits» réfère désormais à des compétencesde production de
«textesvariés»impliquantlapriseen comptedes«contraintespropresàchaque type d'écrits»,des «caractéristiques desdifférentstypesdetextes».Sil'accent est mis explicitement surles«contraintes orthographiquesetsyntaxiques»,laquestion des contraintestextuelles,discursivesn'est pasposée.Ellen'enestpas moinsprésente,
en filigrane à travers les compétences évoquées : «transformer un récit[...],
compléteruntexte lacunaire[...], reconstituer untexte[...], construire un récitde
fictionetl'écrire[...],réécrire untexteàpartirdesremarquesd'unoude plusieurs lecteurs[...], relater un événement en variant le point de vue[...], rédiger un
résumé[...],préparerunquestionnaire[...], rédiger,defaçon simpleetorganisée,
uncompterendu[...],noterdesinformations[...],structureruntextepar saprésen¬
tation[...].
Cette enumeration, dont nous avons respecté l'ordre, donne la mesure du
problème.
Pourtenter d'apporter desélémentsderéponse,nousavonsquestionné des chercheursensciencesdulangage,endidactique.Nosquestionscentrales étaient
lessuivantes:
- de quels modèles théoriques, de
quelles
descriptions
de la (des) compétence(s)enjeudanslaproductiond'écritsdispose-tonpourdiscrimi¬ ner, identifier, catégoriserles compétences/
les savoir faire, les savoirs mobilisés, induits,construits parlesactivitésd'enseignement/
apprentis¬ sage ?- sil'onconsidère des«composantes» d'une «compétencescripturale», (ou descompétences différenciées, appliquéesàdesactivités,desopérations
de productiond'écrits), quelles relationsentretiennent-elles? selon quels paramètres,didactiquesounon,varient-elles?
Ànoter:l'organisationde notresommaireautourduconcept de «compétence
scripturale» etdeses«composantes» nerelèvepasd'uneoptionthéorique
-
qui appartientànosauteursetànos lecteurs. Ilnous asemblé simplement que,dans l'étatdesconnaissances,ellepermet uncadragesuffisammentouvertpournerien exclure.REPÈRES N° 4/1991 J.P.JAFFRÉ-H.ROMIAN
Lestrois premiers articles de ce numéro s'efforcent donc de présenter un
panorama aussi complet quepossible descomposantes deceque M. DABÈNE appelle«lacompétence scripturale».Cettecompétencefait référenceà uneconcep¬
tion de l'écritqui nesauraitêtre un calqueplusoumoinspariaitdel'oral.M.DABÈNE faitmêmedeladifférencedenature entreécritetoral laconditionsinequanond'un renouvellementdel'approchedidactiquedel'écrit.Maisqu'est-ceaujustequecette compétence scripturale? «Unensembledesavoirs,desavoir-faireetde représen¬
tations concernantlaspécificitéde l'ordrescripturaletpermettant l'exercice d'une activité langagière (extra)ordinaire»,répond M. DABÈNE,illustrantdu mêmecoup
les différents domaines constitutifs. On pourrait craindre que le mouvement du
balancier n'ait tendanceàradicaliserla spécificité graphique, audétriment d'une complémentarité langagière aveclacompétenceorale. MaisM.DABÈNEsouligne clairement qu'en dépitd'unerelativeautonomisationdusignifiant graphique, «l'ac¬
quisition de lacompétence scripturalenesefart pas audétrimentde l'oralité».Le
décor est doncposé, danstoute sa complexité.
L'article deM.MASaborde,luiaussi,laglobalitédelacompétence scripturale
mais, au-delà,ils'intéresse surtoutàsamiseen oeuvre,endéfinissantun savoir-écrire dont il dégage les sous-domaines, avec un butcette fois plus nettement didactique.Cequi importeà M.MAScesontlesopérationseffectuées parlessujets lorsdelarédaction.Onreconnaîtraicil'influencedumodèledeHayes&Floweravec
lestrois types d'opérations quel'onpourraitdire canoniques (planification, mise en
texte et révision). M. MAS metcependant l'accent sur ledanger qu'il y aurait à
concevoirlesavoir-écrireetlesproblèmesquiendécoulentcommeuneséquence linéairedecompétences,ilinaugureainsi unthèmequisera récurrenttoutaulong du numéro :pour des raisons le plus souvent méthodologiques, lacompétence scripturale est présentée souslaformed'unensembled'opérations distinctes mais ce pointdevuenedoit pasmasquerl'étroiteinterdépendancede cesopérations.A
ce propos,M. MAS parleajustetitre d'une«approchepluridimensionnelledusavoir écrire».
Cetteapproche pluridimensionnelle privilégieuneconvergence dynamique des opérations,y comprisdecellesquiconcernentlamise enforme orthographique.La
notiondesystèmesd'écriturenesauraitparconséquentdemeurerdans lesmarges dusavoir-écrire, commelalittératuretraitantdeces questionsaencoretropsouvent tendance à lefaire. Les options méthodologiques nedevraient pas entretenirla
confusion : lacomposante orthographiquene se réduit pas àdesopérations de
«surface».Enreplaçantladimensionalphabétiquedel'orthographefrançaise dans
un contexte plus large celui de la mixité J.-P. JAFFRÉ montre que la
polyvalence de lacomposante orthographique est tout aussimarquéequecellede
l'ensemble des autres composantesdusavoir-écrire;àcetitre,elledevraitinciterà
poser autrement laquestion de l'interaction entre savoir-orthographier et savoir-écrire. La compétence scripturale passe par la maîtrise d'une enonciation qui
procède par accumulation :le scripteurexpert sait avanttoutsemettredans une
situation énonciative où la dimension «plérémique» de l'écriture les unités significatives devient fondamentale.Mêmesi lescomposantesde lacompétence scripturale neseconfondentpas les unesaveclesautres, elless'associentetse
contraignent mutuellement.
REPÈRES N° 4/1991 J.P.JAFFRÉ-H.ROMIAN
Lestrois premiers articles de ce numéro s'efforcent donc de présenter un
panorama aussi complet quepossible descomposantes deceque M. DABÈNE appelle«lacompétence scripturale».Cettecompétencefait référenceà uneconcep¬
tion de l'écritqui nesauraitêtre un calqueplusoumoinspariaitdel'oral.M.DABÈNE faitmêmedeladifférencedenature entreécritetoral laconditionsinequanond'un renouvellementdel'approchedidactiquedel'écrit.Maisqu'est-ceaujustequecette compétence scripturale? «Unensembledesavoirs,desavoir-faireetde représen¬
tations concernantlaspécificitéde l'ordrescripturaletpermettant l'exercice d'une activité langagière (extra)ordinaire»,répond M. DABÈNE,illustrantdu mêmecoup
les différents domaines constitutifs. On pourrait craindre que le mouvement du
balancier n'ait tendanceàradicaliserla spécificité graphique, audétriment d'une complémentarité langagière aveclacompétenceorale. MaisM.DABÈNEsouligne clairement qu'en dépitd'unerelativeautonomisationdusignifiant graphique, «l'ac¬
quisition de lacompétence scripturalenesefart pas audétrimentde l'oralité».Le
décor est doncposé, danstoute sa complexité.
L'article deM.MASaborde,luiaussi,laglobalitédelacompétence scripturale
mais, au-delà,ils'intéresse surtoutàsamiseen oeuvre,endéfinissantun savoir-écrire dont il dégage les sous-domaines, avec un butcette fois plus nettement didactique.Cequi importeà M.MAScesontlesopérationseffectuées parlessujets lorsdelarédaction.Onreconnaîtraicil'influencedumodèledeHayes&Floweravec
lestrois types d'opérations quel'onpourraitdire canoniques (planification, mise en
texte et révision). M. MAS metcependant l'accent sur ledanger qu'il y aurait à
concevoirlesavoir-écrireetlesproblèmesquiendécoulentcommeuneséquence linéairedecompétences,ilinaugureainsi unthèmequisera récurrenttoutaulong du numéro :pour des raisons le plus souvent méthodologiques, lacompétence scripturale est présentée souslaformed'unensembled'opérations distinctes mais ce pointdevuenedoit pasmasquerl'étroiteinterdépendancede cesopérations.A
ce propos,M. MAS parleajustetitre d'une«approchepluridimensionnelledusavoir écrire».
Cetteapproche pluridimensionnelle privilégieuneconvergence dynamique des opérations,y comprisdecellesquiconcernentlamise enforme orthographique.La
notiondesystèmesd'écriturenesauraitparconséquentdemeurerdans lesmarges dusavoir-écrire, commelalittératuretraitantdeces questionsaencoretropsouvent tendance à lefaire. Les options méthodologiques nedevraient pas entretenirla
confusion : lacomposante orthographiquene se réduit pas àdesopérations de
«surface».Enreplaçantladimensionalphabétiquedel'orthographefrançaise dans
un contexte plus large celui de la mixité J.-P. JAFFRÉ montre que la
polyvalence de lacomposante orthographique est tout aussimarquéequecellede
l'ensemble des autres composantesdusavoir-écrire;àcetitre,elledevraitinciterà
poser autrement laquestion de l'interaction entre savoir-orthographier et savoir-écrire. La compétence scripturale passe par la maîtrise d'une enonciation qui
procède par accumulation :le scripteurexpert sait avanttoutsemettredans une
situation énonciative où la dimension «plérémique» de l'écriture les unités significatives devient fondamentale.Mêmesi lescomposantesde lacompétence scripturale neseconfondentpas les unesaveclesautres, elless'associentetse
Versunedéglobalisationdel'enseignement/apprentissage delaproductiond'écrits Lestrois articles suivantsportentsur lesrelations entrecomposantes.Eneffet,
l'undes enjeux majeursdelarechercheestbien detenterdedémêler l'écheveau des relationscomplexesquisont au coeurdu savoir-écrire. Confirmantunetendance majeuredanscenuméro, C.FABRE proposedesedémarquerd'une conception schématique du savoir-écrire. A uneinterprétationtrop mécanistedu modèle de Hayes&Flower, ellepréfère un retour àdesmicro-analysescapables demontrer comment interagissentlesdifférentes composantesdusavoir-écrire.C.FABREse
réfère ainsi à un courant de la linguistique, représenté essentiellement par les
travauxde l'InstitutdesTexteset ManuscritsModernes (ITEM-CNRS).
Il s'agit en fait de reconstituer la genèse d'un texte à partir des traces manuscrites, danslebut derecenserledébat interne quiprésideàl'écriture.Les
proposdeM.MASanticipentsurcette tendancemais C.FABREyajoute,notamment
à l'intentiondes chercheurs, lavolontéde promouvoir l'étudede microprocessus interdépendants. Elle souligne du même coup lafécondité, dans le contexte de
l'apprentissage,de cetype d'approche, encoretroppeuconnue desdidacticienset où, malgré leurs différences, l'écolieret l'écrivain demeurent fondamentalement associéscomme «êtresde langage».
M. MAS et C. FABRE insistentsur lacoexistence et l'interdépendance des composantes de la compétence scripturale. De leur côté, J.-Y. ROUSSEY & A. PIOLAT,décrivantlesproblèmesrencontréspardesrédacteurspeuexpérimentés, mettentenscène uneforme de hiérarchisation de cesmêmescomposantes, en
indiquantnotamment quelarévisiondépendde laclartédes objectifsassignésau
texte.Pourdévelopper cette compétence, J.-Y. ROUSSEY& A.PIOLAT proposent
de«conformerlesrédacteurspeuexpérimentésauxstratégiesrédactionnelles des experts» et ils insistent tout spécialement sur l'importance de la gestion des ressourcescognitives. Pour eux, lesprogrèsdanslamaîtrisedescomposantesdu
savoir-écriredépendentenfaitdelacapacitédes apprentisàfixerunbutclairàleur texte. Là encore, ils prennent le contre-pied d'une conception linéaire de l'acte d'écritureenledéfinissantplutôtcomme unprocessusquifait alterner l'explicitation d'un objectif un énoncé envisagé dans sa globalité et de sous-processus capablesdeconcrétisercet objectif,deluidonneruneforme tangible.
A proposde la notion derévision,D.BRASSART fait preuvedumêmedésir de
seréféreràunmodèleaussipeulinéairequepossible.Ildistingueainsi«Révision»
et «révision»,cettedernièresesituantenamontdelaprécédenteetaccompagnant
laplanificationdutexte.Cefaisant,D.BRASSARTrépondd'une certaine façon aux critiquesquisont faitesaumodèleprincepsdeHayes&Flower. Ilexpliquequedes versions ultérieuresdecemêmemodèlefont explicitementétat de lacomplémentarité
dessous-processuset notammentde lagestion simultanéedupartiel (partied'un texte)etduglobal(finalité dutexte).L'étudedeD.BRASSARTa enoutrelemérite
demontrerlesproblèmes méthodologiques qui relèventdecegenredeconception. Comment saisir, eneffet, lesmanifestationsd'une révisionétroitement imbriquée
dans la plan ification? Commentdécrire cette«révision invisible»qu'une comparaison entre des productions de CE2 et de CM2 fait pressentir sans permettre une
démonstrationexplicite.
Alaf deleurarticle,J.-Y. ROUSSEY A.PIOLATsouhaitentlepassageà une
Versunedéglobalisationdel'enseignement/apprentissage delaproductiond'écrits Lestrois articles suivantsportentsur lesrelations entrecomposantes.Eneffet,
l'undes enjeux majeursdelarechercheestbien detenterdedémêler l'écheveau des relationscomplexesquisont au coeurdu savoir-écrire. Confirmantunetendance majeuredanscenuméro, C.FABRE proposedesedémarquerd'une conception schématique du savoir-écrire. A uneinterprétationtrop mécanistedu modèle de Hayes&Flower, ellepréfère un retour àdesmicro-analysescapables demontrer comment interagissentlesdifférentes composantesdusavoir-écrire.C.FABREse
réfère ainsi à un courant de la linguistique, représenté essentiellement par les
travauxde l'InstitutdesTexteset ManuscritsModernes (ITEM-CNRS).
Il s'agit en fait de reconstituer la genèse d'un texte à partir des traces manuscrites, danslebut derecenserledébat interne quiprésideàl'écriture.Les
proposdeM.MASanticipentsurcette tendancemais C.FABREyajoute,notamment
à l'intentiondes chercheurs, lavolontéde promouvoir l'étudede microprocessus interdépendants. Elle souligne du même coup lafécondité, dans le contexte de
l'apprentissage,de cetype d'approche, encoretroppeuconnue desdidacticienset où, malgré leurs différences, l'écolieret l'écrivain demeurent fondamentalement associéscomme «êtresde langage».
M. MAS et C. FABRE insistentsur lacoexistence et l'interdépendance des composantes de la compétence scripturale. De leur côté, J.-Y. ROUSSEY & A. PIOLAT,décrivantlesproblèmesrencontréspardesrédacteurspeuexpérimentés, mettentenscène uneforme de hiérarchisation de cesmêmescomposantes, en
indiquantnotamment quelarévisiondépendde laclartédes objectifsassignésau
texte.Pourdévelopper cette compétence, J.-Y. ROUSSEY& A.PIOLAT proposent
de«conformerlesrédacteurspeuexpérimentésauxstratégiesrédactionnelles des experts» et ils insistent tout spécialement sur l'importance de la gestion des ressourcescognitives. Pour eux, lesprogrèsdanslamaîtrisedescomposantesdu
savoir-écriredépendentenfaitdelacapacitédes apprentisàfixerunbutclairàleur texte. Là encore, ils prennent le contre-pied d'une conception linéaire de l'acte d'écritureenledéfinissantplutôtcomme unprocessusquifait alterner l'explicitation d'un objectif un énoncé envisagé dans sa globalité et de sous-processus capablesdeconcrétisercet objectif,deluidonneruneforme tangible.
A proposde la notion derévision,D.BRASSART fait preuvedumêmedésir de
seréféreràunmodèleaussipeulinéairequepossible.Ildistingueainsi«Révision»
et «révision»,cettedernièresesituantenamontdelaprécédenteetaccompagnant
laplanificationdutexte.Cefaisant,D.BRASSARTrépondd'une certaine façon aux critiquesquisont faitesaumodèleprincepsdeHayes&Flower. Ilexpliquequedes versions ultérieuresdecemêmemodèlefont explicitementétat de lacomplémentarité
dessous-processuset notammentde lagestion simultanéedupartiel (partied'un texte)etduglobal(finalité dutexte).L'étudedeD.BRASSARTa enoutrelemérite
demontrerlesproblèmes méthodologiques qui relèventdecegenredeconception. Comment saisir, eneffet, lesmanifestationsd'une révisionétroitement imbriquée
dans la plan ification? Commentdécrire cette«révision invisible»qu'une comparaison entre des productions de CE2 et de CM2 fait pressentir sans permettre une
démonstrationexplicite.
REPÈRES N° 4/1991 J.P.JAFFRÉ- H.ROMIAN
nettementdidactiques. Faisant échoauquestionnement théoriquedeJ.-P.JAFFRÉ,
ils partent du principe que le développement d'une composante particulière est
déterminé par l'ensemble des autres composantes. Ainsi, le développement du
savoir-orthographiqueest,àcertainesconditions, indissociabledecelui du savoir-écrire.Ladimension orthographiquedevientchezeux unecomposanteàpartentière qu'il s'agit de gérer comme telle, non pas en la rejetant hors de la situation de production mais au contraire en l'incluant dans une procédure didactique plus globale.J. RILLIARD & J.-M. SANDON soulignent du même coupl'intérêtd'une situation «écologique»quipermetdemettreenscènel'ensembledesproblèmesdu
savoir-écrire et dépasse l'opposition du «formel» et du «textuel» dont parle C.
FABRE.
Lesquatre articlesconsacrésàlavariationdes composantesde lacompétence scripturale(oudescompétencesde productiond'écrits...) sont centrés surlarévision des écritsoul'un de sesaspects:l'évaluation.Autre dominantedece point, leseffets
desvariables didactiques, thème toutaussinouveauquelarévision des écritsdans
le champ. Deux conjonctions d'autant plus remarquables qu'elles n'étaient pas
préméditées.Ilapparaîtqueladéglobalisationdelaclassique «variable pédagogie»,
lacentrationd'ordre didactique, permettentd'observerleseffetsdifférenciateursde
contenus, destratégies d'enseignement
/
apprentissage explicitement définis. Tel n'estpas,cependant,le proposdeVéronique HINCKEL,quis'intéresse, d'un point de vue psychologiqueal'interactionentrelataille des élémentslinguis¬tiques révisés et le niveau sémantique, structural desopérations effectuées. Le
contrôlede lasituationexpérimentaledanslaquelleelleplacelesenfantsluipermet d'observer la relation entre le fait d'augmenter le nombre des lectures du récit
inducteur, ses effets sur les opérations d'évaluation des erreurs diverses que
comporte celui-ci, et leur correction. Elle constate qu'un nombre plus élevé de
lecturespermetunemeilleureévaluationdeserreurs maisn'apasd'effetssurleur
correction.Iln'yauraitdoncpasderelationnécessaireentrecompétencesévaluatives
etcompétencesderéécriture;cequed'autres recherches,par exemple cellesdu
groupeINRP«Évaluation»évoquéesparAndré SEGUYetCatherineTAUVERON montrent aussi, donnantàpenserque laréécriture devraitdevenirun objetd'en¬
seignementàpartentière.Véronique HINCKEL montreparailleursque lesenfants ontd'autant plusdedifficultésàcorrigerleserreursdurécitinducteur quecelles-ci relèventd'aspects textuelset nond'aspectslocaux;mais en lamatière, lesarticles
suivantspermettentdesedemandersi l'onn'a paslàunartefactde lacentration didactiquetraditionnelle surlemot, laphrase.
À ladifférencede larecherchedeV. HINCKEL, l'expérimentationde
Marie-Claude ROSAT, Joachim DOLZ et Bernard SCHNEUWLY se situe en classe et
procède (comme les deux recherches présentées ensuite) d'une méthodologie contrastive, demanièreàcernerleseffetsde lavariationdidactique.Onprocède donc sur deux typesdetextes(unrécithistorique,untexte explicatif), deuxtypesde
séquences didactiques centrées respectivementsurlescomposantes delasupers¬
tructure textuelle etdesopérationsdecontextualisation,detextualisation,etdeux typesdeclasse (expérimentalesou non).Lesconclusions intéressentfortementla
didactique.Ilapparaîttout d'abordque,comptetenudesituationsoùlefaitderéviser
un écrit a une signification pour les enfants, la détection des problèmes et les
solutionsapportées sontplus efficientes dans lesclasses expérimentalesycompris
REPÈRES N° 4/1991 J.P.JAFFRÉ- H.ROMIAN
nettementdidactiques. Faisant échoauquestionnement théoriquedeJ.-P.JAFFRÉ,
ils partent du principe que le développement d'une composante particulière est
déterminé par l'ensemble des autres composantes. Ainsi, le développement du
savoir-orthographiqueest,àcertainesconditions, indissociabledecelui du savoir-écrire.Ladimension orthographiquedevientchezeux unecomposanteàpartentière qu'il s'agit de gérer comme telle, non pas en la rejetant hors de la situation de production mais au contraire en l'incluant dans une procédure didactique plus globale.J. RILLIARD & J.-M. SANDON soulignent du même coupl'intérêtd'une situation «écologique»quipermetdemettreenscènel'ensembledesproblèmesdu
savoir-écrire et dépasse l'opposition du «formel» et du «textuel» dont parle C.
FABRE.
Lesquatre articlesconsacrésàlavariationdes composantesde lacompétence scripturale(oudescompétencesde productiond'écrits...) sont centrés surlarévision des écritsoul'un de sesaspects:l'évaluation.Autre dominantedece point, leseffets
desvariables didactiques, thème toutaussinouveauquelarévision des écritsdans
le champ. Deux conjonctions d'autant plus remarquables qu'elles n'étaient pas
préméditées.Ilapparaîtqueladéglobalisationdelaclassique «variable pédagogie»,
lacentrationd'ordre didactique, permettentd'observerleseffetsdifférenciateursde
contenus, destratégies d'enseignement
/
apprentissage explicitement définis. Tel n'estpas,cependant,le proposdeVéronique HINCKEL,quis'intéresse, d'un point de vue psychologiqueal'interactionentrelataille des élémentslinguis¬tiques révisés et le niveau sémantique, structural desopérations effectuées. Le
contrôlede lasituationexpérimentaledanslaquelleelleplacelesenfantsluipermet d'observer la relation entre le fait d'augmenter le nombre des lectures du récit
inducteur, ses effets sur les opérations d'évaluation des erreurs diverses que
comporte celui-ci, et leur correction. Elle constate qu'un nombre plus élevé de
lecturespermetunemeilleureévaluationdeserreurs maisn'apasd'effetssurleur
correction.Iln'yauraitdoncpasderelationnécessaireentrecompétencesévaluatives
etcompétencesderéécriture;cequed'autres recherches,par exemple cellesdu
groupeINRP«Évaluation»évoquéesparAndré SEGUYetCatherineTAUVERON montrent aussi, donnantàpenserque laréécriture devraitdevenirun objetd'en¬
seignementàpartentière.Véronique HINCKEL montreparailleursque lesenfants ontd'autant plusdedifficultésàcorrigerleserreursdurécitinducteur quecelles-ci relèventd'aspects textuelset nond'aspectslocaux;mais en lamatière, lesarticles
suivantspermettentdesedemandersi l'onn'a paslàunartefactde lacentration didactiquetraditionnelle surlemot, laphrase.
À ladifférencede larecherchedeV. HINCKEL, l'expérimentationde
Marie-Claude ROSAT, Joachim DOLZ et Bernard SCHNEUWLY se situe en classe et
procède (comme les deux recherches présentées ensuite) d'une méthodologie contrastive, demanièreàcernerleseffetsde lavariationdidactique.Onprocède donc sur deux typesdetextes(unrécithistorique,untexte explicatif), deuxtypesde
séquences didactiques centrées respectivementsurlescomposantes delasupers¬
tructure textuelle etdesopérationsdecontextualisation,detextualisation,etdeux typesdeclasse (expérimentalesou non).Lesconclusions intéressentfortementla
didactique.Ilapparaîttout d'abordque,comptetenudesituationsoùlefaitderéviser
un écrit a une signification pour les enfants, la détection des problèmes et les
Vers unedéglobalisation de l'enseignement/apprentissagedelaproduction d'écrits quantàdesaspectstextuels. Faitnonmoinsimportant:lavariation des séquences
didactiques correspond à une variation signifiante des révisions opérées. Une modalitédedéglobalisationde renseignement/apprentissagepourrait ainsiconsis¬
teràprivilégierletravailsur lesreferents, lastructuretextuelle oul'agencement des
unitéslinguistiques ayant une fonction textuelle.
Pardesvoies différentes, puisqu'ils'agitd'évaluerles effets de recherches-innovationsdeplus grande extensionportantrespectivementsurlaconstructionet
l'utilisationparlesélèvesdes critèresd'uneévaluationformativedes écrits etsurles
résolutionsdeproblèmes d'écriture, d'orthographe, lesarticles d'André SEGUY& CatherineTAUVERON, deRosineLARTIGUEmontrent desfaits de même nature.
Il apparaît notamment que, dans les classes en recherche sur l'évaluation, les
critèresmobilisésparlesélèvessont plus nombreux(etplusencore lorsqu'ils'agit
de l'écrit d'un pair que du leur propre) et concernent aussi bien les aspects interphrastiques, textuels d'un point de vue sémantique, pragmatique, que les
aspects phrastiques envisagés d'un point de vue morphosyntaxique (dominants danslesautresclasses)Lesentretiensavec lesélèvesetleursannotations écrites,
etnotammentlamétalangue utiliséevontdanslemêmesens.
Ilapparaîtégalement queles relectures,particulièrementétudiées par Rosine LARTIGUE
-
nettementplusnombreusesquecellesquisont induites parlasituation expérimentale deVéronique HINCKEL-sont
très diverses (partielles, intégrales, associéesou non à une replanification...). Leurfonction peut d'ailleurs varier :replanification,contrôlede lacohérenced'ensemble,de lacohésion interphrastique
ou de lacorrectionlinguistique, avecdesdominantesliées à lavariationdidactique.
Decefait,l'interprétationdunombredesrelecturess'avèrepolysémique:ellepeut,
selonlescas,traduireuneplusgrande maîtrise, et/oulefaitquel'enfant butesur des problèmes plusoumoinsbiendiagnostiqués dereplanification.
À l'évidence, on ne saurait icigénéraliserquant aux apports respectifs des divers typesderecherchesprésentsdans cenumérode«Repères»àladidactique.
Cequiestsûr,c'est qu'aucun typederecherchesn'estensoinécessaireetsuffisant. Quoiqu'ilensoit, nous avonsprécisémentcherchéladiversité des approches.
Nousespérons avoiresquisséunespaced'interfacenécessaire entrerecher¬
ches en sciences du langage et recherches en didactique, en suscitant les
questionnements. Ainsi,unmodèlethéorique ensociolinguistique interpelle-t-iltout autantlapsycholinguistique, lalinguistiquetextuelle,ladidactique ;et réciproque¬
ment.Ainsiun modèled'analysedidactiquedescompétencesde production écrite d'«apprenants»
-
«non experts»-
parcequ'ilopère dessynthèses entre modèlesissus de champs différents provoque-t-il, enretour, des interpellations croisées. Ainsi les descriptions de la psychologie cognitive, si éloignées sont-elles des problématiques didactiques devraient-elles les aider pourtant à se déglobaliser, celles-cienretour contribuantàposer lacomplexitécommeconstructive des faits langagiers. Ainsi les descriptionsde la linguistique textuelle renvoient-elles à la
nécessitédeprendreencompteaussi lescaractéristiquesdes produitsdel'activité scripturale(etpasseulement lesprocessussous-jacents).
Nous ne pouvons pas, par ailleurs, ne pas souligner des convergences significatives, allant précisément sens d'une complexification des Vers unedéglobalisation de l'enseignement/apprentissagedelaproduction d'écrits quantàdesaspectstextuels. Faitnonmoinsimportant:lavariation des séquences
didactiques correspond à une variation signifiante des révisions opérées. Une modalitédedéglobalisationde renseignement/apprentissagepourrait ainsiconsis¬
teràprivilégierletravailsur lesreferents, lastructuretextuelle oul'agencement des
unitéslinguistiques ayant une fonction textuelle.
Pardesvoies différentes, puisqu'ils'agitd'évaluerles effets de recherches-innovationsdeplus grande extensionportantrespectivementsurlaconstructionet
l'utilisationparlesélèvesdes critèresd'uneévaluationformativedes écrits etsurles
résolutionsdeproblèmes d'écriture, d'orthographe, lesarticles d'André SEGUY& CatherineTAUVERON, deRosineLARTIGUEmontrent desfaits de même nature.
Il apparaît notamment que, dans les classes en recherche sur l'évaluation, les
critèresmobilisésparlesélèvessont plus nombreux(etplusencore lorsqu'ils'agit
de l'écrit d'un pair que du leur propre) et concernent aussi bien les aspects interphrastiques, textuels d'un point de vue sémantique, pragmatique, que les
aspects phrastiques envisagés d'un point de vue morphosyntaxique (dominants danslesautresclasses)Lesentretiensavec lesélèvesetleursannotations écrites,
etnotammentlamétalangue utiliséevontdanslemêmesens.
Ilapparaîtégalement queles relectures,particulièrementétudiées par Rosine LARTIGUE
-
nettementplusnombreusesquecellesquisont induites parlasituation expérimentale deVéronique HINCKEL-sont
très diverses (partielles, intégrales, associéesou non à une replanification...). Leurfonction peut d'ailleurs varier :replanification,contrôlede lacohérenced'ensemble,de lacohésion interphrastique
ou de lacorrectionlinguistique, avecdesdominantesliées à lavariationdidactique.
Decefait,l'interprétationdunombredesrelecturess'avèrepolysémique:ellepeut,
selonlescas,traduireuneplusgrande maîtrise, et/oulefaitquel'enfant butesur des problèmes plusoumoinsbiendiagnostiqués dereplanification.
À l'évidence, on ne saurait icigénéraliserquant aux apports respectifs des divers typesderecherchesprésentsdans cenumérode«Repères»àladidactique.
Cequiestsûr,c'est qu'aucun typederecherchesn'estensoinécessaireetsuffisant. Quoiqu'ilensoit, nous avonsprécisémentcherchéladiversité des approches.
Nousespérons avoiresquisséunespaced'interfacenécessaire entrerecher¬
ches en sciences du langage et recherches en didactique, en suscitant les
questionnements. Ainsi,unmodèlethéorique ensociolinguistique interpelle-t-iltout autantlapsycholinguistique, lalinguistiquetextuelle,ladidactique ;et réciproque¬
ment.Ainsiun modèled'analysedidactiquedescompétencesde production écrite d'«apprenants»
-
«non experts»-
parcequ'ilopère dessynthèses entre modèlesissus de champs différents provoque-t-il, enretour, des interpellations croisées. Ainsi les descriptions de la psychologie cognitive, si éloignées sont-elles des problématiques didactiques devraient-elles les aider pourtant à se déglobaliser, celles-cienretour contribuantàposer lacomplexitécommeconstructive des faits langagiers. Ainsi les descriptionsde la linguistique textuelle renvoient-elles à la
nécessitédeprendreencompteaussi lescaractéristiquesdes produitsdel'activité scripturale(etpasseulement lesprocessussous-jacents).
Nous ne pouvons pas, par ailleurs, ne pas souligner des convergences significatives, allant précisément sens d'une complexification des
REPÈRES N° 4/1991 J.P.JAFFRÉ-H.ROMIAN
les opérations de planification, lesdimensions pragmatiquesde l'activité nesau¬ raient êtreconsidérées commedespréalables à la mise entexte,àlarévisionmais
comme leurdynamique.Untelfaitnepeutmanquerd'avoir des implications fortes surlaconception des situationsdidactiquescomme dessituations expérimentales. Autreconvergence significative:ledésenclavement de l'orthographe. Confinée
leplussouvent danslacatégoriedes marquesdesurface decontraintes syntaxiques, lexicales, elles'intègreici,àpartentière,àuncadre théorique impliquant des aspects linguistiquesettextuels, discursifsanalysésselondespointsde vue morphosyntaxique
etsémantique, pragmatique.
Etnotons enfin "lastbut nottheleast"l'accentmissurlarévisiondesécrits.Sur onzearticles, cinq portentdemanière frontalesurcethème;unarticlel'abordedans
sa seulecomposante evaluative.Nousn'avionsenaucunefaçonincitélesauteurs
àallerdans ce sens.Ilsetrouve doncquepsychologuescognitivistesetdidacticiens seretrouventsurunmêmethème,sinonsurlesmêmeslongueurs d'ondes, etpar descheminements différents. Maisn'est-cepas danslesopérations deréécriture,
leurenseignement
/
apprentissagequesejoue, enfait, l'essentieldu processus d'(denon)appropriationde laproductiond'écrits?Juin1991
REPÈRES N° 4/1991 J.P.JAFFRÉ-H.ROMIAN
les opérations de planification, lesdimensions pragmatiquesde l'activité nesau¬ raient êtreconsidérées commedespréalables à la mise entexte,àlarévisionmais
comme leurdynamique.Untelfaitnepeutmanquerd'avoir des implications fortes surlaconception des situationsdidactiquescomme dessituations expérimentales. Autreconvergence significative:ledésenclavement de l'orthographe. Confinée
leplussouvent danslacatégoriedes marquesdesurface decontraintes syntaxiques, lexicales, elles'intègreici,àpartentière,àuncadre théorique impliquant des aspects linguistiquesettextuels, discursifsanalysésselondespointsde vue morphosyntaxique
etsémantique, pragmatique.
Etnotons enfin "lastbut nottheleast"l'accentmissurlarévisiondesécrits.Sur onzearticles, cinq portentdemanière frontalesurcethème;unarticlel'abordedans
sa seulecomposante evaluative.Nousn'avionsenaucunefaçonincitélesauteurs
àallerdans ce sens.Ilsetrouve doncquepsychologuescognitivistesetdidacticiens seretrouventsurunmêmethème,sinonsurlesmêmeslongueurs d'ondes, etpar descheminements différents. Maisn'est-cepas danslesopérations deréécriture,
leurenseignement
/
apprentissagequesejoue, enfait, l'essentieldu processus d'(denon)appropriationde laproductiond'écrits?UN
MODÈLE
DIDACTIQUE
DE
LA
COMPÉTENCE
SCRIPTURALE
MichelDABÈNE
Centre de Didactique du Français UniversitéStendhal -
GRENOBLE
IIIRésumé:Les hypothèses didactiquesesquisséestrouventleurfondementdansune
approchesocio-pragmatique despratiques scripturales. Lemodèle, non
fini,
decompétencescripturale proposéessaiedeprendreencomptedes aspects souvent négligésde
l'activité
scripturale, dontl'analysedespratiques etdesreprésentations socialessoulignepourtantl'importanceetquiconstituent une composanteessen¬ tielledescontenus d'enseignement/apprentissage.Ces hypothèses, qui sous-tendent un certain nombre d'expériences en cours, concernentessentiellement:
- lesspécificitésdel'ordredu scriptural parrapportàl'ordrede
l'oral,
- l'existenced'uncontinuum scriptural, abolissantlesfrontières, intériorisées par lesenscommun, entre
l'écrit
«ordinaire»etl'écrit
«littéraire»,et organisé,àpartirde
l'invariant
del'écriture,selon diversaxesdevariations.Dans cesperspectives,
l
'entréedansl'écrit
relèved'une véritableacculturationàdesmodesspécifiquesd'interactionsculturellesetsociales.
Un double constat est à l'origine des réflexions qui suivent et des travaux qu'ellesontinspirés :
- d'unepart,lesproblèmesrencontrésdansl'acquisition/apprentissage(1)et
l'utilisation de laforme écrite d'existence de la langue, aussi bien chez l'enfantque chez l'adulte, endépit delagrandeimportance queluiaccorde l'institution scolaire. Cesdifficultés, attestéesnotamment parl'observation desécrits produitspar des non-professionnelsdel'écriture,nerelèventpas,
dans la plupart des cas, de lapathologie, alors que peuvent en relever l'enfant ou l'adulte qui présentent des défauts de parole. On peut donc admettre le postulat d'une différence de nature entre les deux ordres langagiersde l'oral etdel'écrit.
- d'autrepart, larelativeinefficacité,pourunepartcroissantede lapopulation scolaire,desapprochesdidactiquesde l'écrit,renouvelées pourtant grâce, notamment, auxapports de lalinguistiquetextuelle ou de la psychologie cognitive mais qui neparaissent pas encore susceptibles de modifier de façonsignificative niles pratiquesd'enseignement ni lesrelationsdifficiles qu'entretiennent avec l'écrit,dansunesociétécommela nôtre, lesusagers
delalangue.
convient donc, mesemble-t-il,des'interroger d'abord surlesspécificités de
UN
MODÈLE
DIDACTIQUE
DE
LA
COMPÉTENCE
SCRIPTURALE
MichelDABÈNE
Centre de Didactique du Français UniversitéStendhal -
GRENOBLE
IIIRésumé:Les hypothèses didactiquesesquisséestrouventleurfondementdansune
approchesocio-pragmatique despratiques scripturales. Lemodèle, non
fini,
decompétencescripturale proposéessaiedeprendreencomptedes aspects souvent négligésde
l'activité
scripturale, dontl'analysedespratiques etdesreprésentations socialessoulignepourtantl'importanceetquiconstituent une composanteessen¬ tielledescontenus d'enseignement/apprentissage.Ces hypothèses, qui sous-tendent un certain nombre d'expériences en cours, concernentessentiellement:
- lesspécificitésdel'ordredu scriptural parrapportàl'ordrede
l'oral,
- l'existenced'uncontinuum scriptural, abolissantlesfrontières, intériorisées par lesenscommun, entre
l'écrit
«ordinaire»etl'écrit
«littéraire»,et organisé,àpartirde
l'invariant
del'écriture,selon diversaxesdevariations.Dans cesperspectives,
l
'entréedansl'écrit
relèved'une véritableacculturationàdesmodesspécifiquesd'interactionsculturellesetsociales.
Un double constat est à l'origine des réflexions qui suivent et des travaux qu'ellesontinspirés :
- d'unepart,lesproblèmesrencontrésdansl'acquisition/apprentissage(1)et
l'utilisation de laforme écrite d'existence de la langue, aussi bien chez l'enfantque chez l'adulte, endépit delagrandeimportance queluiaccorde l'institution scolaire. Cesdifficultés, attestéesnotamment parl'observation desécrits produitspar des non-professionnelsdel'écriture,nerelèventpas,
dans la plupart des cas, de lapathologie, alors que peuvent en relever l'enfant ou l'adulte qui présentent des défauts de parole. On peut donc admettre le postulat d'une différence de nature entre les deux ordres langagiersde l'oral etdel'écrit.
- d'autrepart, larelativeinefficacité,pourunepartcroissantede lapopulation scolaire,desapprochesdidactiquesde l'écrit,renouvelées pourtant grâce, notamment, auxapports de lalinguistiquetextuelle ou de la psychologie cognitive mais qui neparaissent pas encore susceptibles de modifier de façonsignificative niles pratiquesd'enseignement ni lesrelationsdifficiles qu'entretiennent avec l'écrit,dansunesociétécommela nôtre, lesusagers
delalangue.
REPÈRES N° 4/1991 M.DABÈNE
coquetterieterminologique mais pouréviter lesconnotations normatives quis'atta¬
chentàlanotiond'écrit dansnotretraditionculturelleetpour souligner qu'ilnes'agit pas d'uncodeniseulement d'uncanal maisd'un espace de réalisation langagière. C'estàpartirdecesspécificités qu'onpeuttenterdedéfinirunmodèledidactiquede
compétences qui permettentàl'apprenantde maîtriser lessavoirs,savoir-faireet
représentations nécessairesàl'exercice decette activité langagière particulière.
Dans cette perspective, les composantes de la «compétence scripturale», définie à partir des spécificités de la «matière» à enseigner, constituent autant d'objectifs d'enseignement/apprentissage. C'est cette caractéristique qui permetde lesprésenter commeun modèledidactique. Ilnes'agitplus alors detransposition didactique de «savoirs savants» maisde l'élaborationd'un guidagethéoriséde conduites didactiques.
Quelques remarques complémentaires:onassisteaujourd'huiàuneinflation
certainedela notiondecompétence.Cettenotiona,eneffet,reçu, aucours desdix
dernières annéesetaprès l'abandon progressifdesesrésonances chomskyennes combattues par HYMES(1984),de multiplesexpansionsadjectivales qui soulignent
ladiversitédeschamps explorésaussi biendanslesdomainesde lalinguistique,au
sens large,avecles notionsdecompétence «poétique»,decompétence «rhétori¬
que»,decompétence «narrative»,quedel'interactionnismeavec,aprèslacompé¬
tence de communication de HYMES, les compétences de «conversation», d'«interaction»,de«situation» ;et,plusrécemment,de lalinguistiquetextuelle avec
lacompétence «textuelle»ou lacompétence «discursiveécrite». Cetteévocation
n'est évidemment pas exhaustive, mais elle est suffisante pour montrer leflou conceptuel qui entoure cettenotion.
Aurisqued'accentuerceflou,jeprendraiici lacompétence danslesensbanal d'un ensembledecomposantesdont lamaîtrise permetl'exercice d'une activité,ici
l'activité langagière de productionet de réception d'écrit. Cescomposantes sont
hétérogènes:ellesrenvoienttoutà la fois àdessavoirs,implicitesouexplicites,à
dessavoir-fairepotentielsouactualisés et àdesreprésentations, motivantesou
dissuasives etnesauraient être confonduesaveclesperformancesde l'apprenant, telles qu'elles peuventêtre évaluéesau moyendesexercices scolaires habituels (dictées,rédactions, etc.).
D'autre part, cette compétence concerne l'ordre du scriptural, notion qui
demandeelleaussiàêtreexplicitée:jeleferaiplus loin entermesdespécificités. Disonspourlemoment qu'ils'agitdu niveautrès générald'une réalisation langagière caractérisée par l'existence de signes graphiques représentantlalanguedansnos
systèmesd'écritureet seprêtantàunelecture,constuction- reconstructiondusens,
dans dessituations d'interaction particulières.Encesenslacompétence scripturale estunsous-ensembledelacompétencelangagière,elle-même conçue commeun «dispositifintégrédesavoirs linguistiquesetsociaux» (BOURDIEU, 1977), l'autre sous-ensemble étantlacompétenceorale.
Certains psychologues remettenten cause cette dichotomie entre les deux
ordres de réalisations langagières au profit de la notionde «diversification et de
complexification d'opérationslangagièrespour des situations de communicationde
plusenpluscomplexes» (SCHNEUWLY,1988).Dans uneperspective didactiqueet non entermesde description d'unmodèled'activitésetd'opérations langagières,je préfèredistinguer nettementcesdeux sous-ensembles, mêmesi,par ailleurs, l'idée
10
REPÈRES N° 4/1991 M.DABÈNE
coquetterieterminologique mais pouréviter lesconnotations normatives quis'atta¬
chentàlanotiond'écrit dansnotretraditionculturelleetpour souligner qu'ilnes'agit pas d'uncodeniseulement d'uncanal maisd'un espace de réalisation langagière. C'estàpartirdecesspécificités qu'onpeuttenterdedéfinirunmodèledidactiquede
compétences qui permettentàl'apprenantde maîtriser lessavoirs,savoir-faireet
représentations nécessairesàl'exercice decette activité langagière particulière.
Dans cette perspective, les composantes de la «compétence scripturale», définie à partir des spécificités de la «matière» à enseigner, constituent autant d'objectifs d'enseignement/apprentissage. C'est cette caractéristique qui permetde lesprésenter commeun modèledidactique. Ilnes'agitplus alors detransposition didactique de «savoirs savants» maisde l'élaborationd'un guidagethéoriséde conduites didactiques.
Quelques remarques complémentaires:onassisteaujourd'huiàuneinflation
certainedela notiondecompétence.Cettenotiona,eneffet,reçu, aucours desdix
dernières annéesetaprès l'abandon progressifdesesrésonances chomskyennes combattues par HYMES(1984),de multiplesexpansionsadjectivales qui soulignent
ladiversitédeschamps explorésaussi biendanslesdomainesde lalinguistique,au
sens large,avecles notionsdecompétence «poétique»,decompétence «rhétori¬
que»,decompétence «narrative»,quedel'interactionnismeavec,aprèslacompé¬
tence de communication de HYMES, les compétences de «conversation», d'«interaction»,de«situation» ;et,plusrécemment,de lalinguistiquetextuelle avec
lacompétence «textuelle»ou lacompétence «discursiveécrite». Cetteévocation
n'est évidemment pas exhaustive, mais elle est suffisante pour montrer leflou conceptuel qui entoure cettenotion.
Aurisqued'accentuerceflou,jeprendraiici lacompétence danslesensbanal d'un ensembledecomposantesdont lamaîtrise permetl'exercice d'une activité,ici
l'activité langagière de productionet de réception d'écrit. Cescomposantes sont
hétérogènes:ellesrenvoienttoutà la fois àdessavoirs,implicitesouexplicites,à
dessavoir-fairepotentielsouactualisés et àdesreprésentations, motivantesou
dissuasives etnesauraient être confonduesaveclesperformancesde l'apprenant, telles qu'elles peuventêtre évaluéesau moyendesexercices scolaires habituels (dictées,rédactions, etc.).
D'autre part, cette compétence concerne l'ordre du scriptural, notion qui
demandeelleaussiàêtreexplicitée:jeleferaiplus loin entermesdespécificités. Disonspourlemoment qu'ils'agitdu niveautrès générald'une réalisation langagière caractérisée par l'existence de signes graphiques représentantlalanguedansnos
systèmesd'écritureet seprêtantàunelecture,constuction- reconstructiondusens,
dans dessituations d'interaction particulières.Encesenslacompétence scripturale estunsous-ensembledelacompétencelangagière,elle-même conçue commeun «dispositifintégrédesavoirs linguistiquesetsociaux» (BOURDIEU, 1977), l'autre sous-ensemble étantlacompétenceorale.
Certains psychologues remettenten cause cette dichotomie entre les deux
ordres de réalisations langagières au profit de la notionde «diversification et de
complexification d'opérationslangagièrespour des situations de communicationde
plusenpluscomplexes» (SCHNEUWLY,1988).Dans uneperspective didactiqueet non entermesde description d'unmodèled'activitésetd'opérations langagières,je préfèredistinguer nettementcesdeux sous-ensembles, mêmesi,par ailleurs, l'idée
Unmodèledidactiquede lacompétence scripturale
d'un continuum entre l'oral et le scriptural offre l'avantage de ne pas confondre situations de production et modes langagiers. La principale raison de ce choix didactique est que, précisément, l'institution scolaire entretient une confusion constante,commenousleverronsplus loin,entrecesdeux ordresderéalisationsen
situant,laplupartdutemps,les activitéslangagièresscolaires dansunesorte de«no
language'sland» où seconfondentmodesd'existence delalangueetcanal utilisé. Pour illustrer ces hypothèses de travail, je développerai successivement quelquesréflexions(qu'il mesembleutilederenouvelerdanslamesureoùelles sont peu prisesencompte dans bonnombrede recherches actuelles sur l'écrit) surla
spécificité de l'ordreduscripturalpar rapport àl'ordredel'oral,surlescomposantes de lacompétence requise pourmaîtrisercette spécificité etsur lesaides à l'ap¬ prentissage quiendécoulent.Ilvasansdirequ'ils'agit plus d'hypothèses de travail quede solutionsdéjà éprouvées etvalidées.
LES
SPÉCIFICITÉSDE L'ORDREDUSCRIPTURAL
Quelle quesoit, parailleurs, laconceptionque l'onsefait des relations entre l'oral et l'écrit, il est indispensable, dans l'optique de l'élaboration d'un modèle didactique, de caractériser ces deux «objets» d'enseignement en accentuantau
besoinleursspécificitésetenfaisant l'hypothèsede l'existence de deux ordres de réalisations de l'activité langagière radicalementdistincts. Cette hypothèseva dans
lesensdel'expériencedel'enfantpourquile«passage» àl'écrit représente l'entrée dansunmondelangagierdontl'étrangetéinitialedortêtre préservéesil'onveut qu'en soit saisiel'originalité foncière, l'unedenoshypothèses étant quelabanalisation de l'écritaucours des premiers apprentissagepeutexpliquerlesdysfonctionnements observés ultérieurement dansla production destextes écrits(2).
Cettespécificitépeuts'analyseràdeuxniveaux.
-Au niveau despropriétés intrinsèques:sil'onrenonceà nevoir dans l'écriture
qu'une représentationdelaparole,on mettral'accent surunesériedepropriétés (brièvement évoquéesici) :
-matérielles:tracelisiblesurunsupport,dontlastructureestcomplexe (barres,
ronds, boucles) et multiforme (manuscrit, imprimé, script, cursive, minuscules, majuscules,etc),distincte des signes seulementvisibles, autonome par rapportàla
main qui l'a inscrite et ayant effacé les stades successifsde sa fabrication, elle
entretient des relations variablesetcomplexesavec lessons du langagecomme l'attestentlestâtonnementsmillénaires del'histoiredes écritures.
-linguistiques: l'ordreduscripturalconsacre lasuprématie absoluedusigne verbal graphiqueetimposelaverbalisation,lamise enmots,detout ce qui n'estpasverbal dans l'ordredel'oral:rythmes, intonations,gestualité, proxémie,etc..Cettepropriété
pose de grands problèmes à l'usager de l'écrit qui doit acquérir la capacité à
reconstruire danslasuccessivitélinéairelesrelationsdesimultanéitéet deglobalité quicaractérisent,à l'oral, lacoexistenceduverbaletdunon-verbal,dusegmentaiet dusupra-segmental(PEYTARD, 1968).
Unmodèledidactiquede lacompétence scripturale
d'un continuum entre l'oral et le scriptural offre l'avantage de ne pas confondre situations de production et modes langagiers. La principale raison de ce choix didactique est que, précisément, l'institution scolaire entretient une confusion constante,commenousleverronsplus loin,entrecesdeux ordresderéalisationsen
situant,laplupartdutemps,les activitéslangagièresscolaires dansunesorte de«no
language'sland» où seconfondentmodesd'existence delalangueetcanal utilisé. Pour illustrer ces hypothèses de travail, je développerai successivement quelquesréflexions(qu'il mesembleutilederenouvelerdanslamesureoùelles sont peu prisesencompte dans bonnombrede recherches actuelles sur l'écrit) surla
spécificité de l'ordreduscripturalpar rapport àl'ordredel'oral,surlescomposantes de lacompétence requise pourmaîtrisercette spécificité etsur lesaides à l'ap¬ prentissage quiendécoulent.Ilvasansdirequ'ils'agit plus d'hypothèses de travail quede solutionsdéjà éprouvées etvalidées.
LES
SPÉCIFICITÉSDE L'ORDREDUSCRIPTURAL
Quelle quesoit, parailleurs, laconceptionque l'onsefait des relations entre l'oral et l'écrit, il est indispensable, dans l'optique de l'élaboration d'un modèle didactique, de caractériser ces deux «objets» d'enseignement en accentuantau
besoinleursspécificitésetenfaisant l'hypothèsede l'existence de deux ordres de réalisations de l'activité langagière radicalementdistincts. Cette hypothèseva dans
lesensdel'expériencedel'enfantpourquile«passage» àl'écrit représente l'entrée dansunmondelangagierdontl'étrangetéinitialedortêtre préservéesil'onveut qu'en soit saisiel'originalité foncière, l'unedenoshypothèses étant quelabanalisation de l'écritaucours des premiers apprentissagepeutexpliquerlesdysfonctionnements observés ultérieurement dansla production destextes écrits(2).
Cettespécificitépeuts'analyseràdeuxniveaux.
-Au niveau despropriétés intrinsèques:sil'onrenonceà nevoir dans l'écriture
qu'une représentationdelaparole,on mettral'accent surunesériedepropriétés (brièvement évoquéesici) :
-matérielles:tracelisiblesurunsupport,dontlastructureestcomplexe (barres,
ronds, boucles) et multiforme (manuscrit, imprimé, script, cursive, minuscules, majuscules,etc),distincte des signes seulementvisibles, autonome par rapportàla
main qui l'a inscrite et ayant effacé les stades successifsde sa fabrication, elle
entretient des relations variablesetcomplexesavec lessons du langagecomme l'attestentlestâtonnementsmillénaires del'histoiredes écritures.
-linguistiques: l'ordreduscripturalconsacre lasuprématie absoluedusigne verbal graphiqueetimposelaverbalisation,lamise enmots,detout ce qui n'estpasverbal dans l'ordredel'oral:rythmes, intonations,gestualité, proxémie,etc..Cettepropriété
pose de grands problèmes à l'usager de l'écrit qui doit acquérir la capacité à
reconstruire danslasuccessivitélinéairelesrelationsdesimultanéitéet deglobalité quicaractérisent,à l'oral, lacoexistenceduverbaletdunon-verbal,dusegmentaiet dusupra-segmental(PEYTARD, 1968).
REPÈRES N° 4/1991 M.DABÈNE
-sociologiques et anthropologiques:cettetracequipeutseconserver estle lieu
oùs'inscritla loi,oùsesoulagelamémoire et oùsefixentlesrepèresdansletemps
etdans l'espace. Mais, loinden'être qu'unsimple medium, elle impose aussi des modes spécifiquesd'accèsausavoir.Comme lesouligneGOODY(1979),iln'est pas indifférent depasser delaconnaissancedirecteduterritoireà lalecturede lacarte.
«Onnepeut pasimaginerde roman oudesymphonie dansunesociété sans écriture, quoiqu'on puisse ytrouverdes récitset des orchestres; roman et
symphoniesont des modes d'expression intrinsèquement écrits;les différen¬ ces,danscecas, nerenvoientpasprincipalementàdesproblèmesdepensée
ou de mentalité ... mais à des différences dansla nature mêmedes actes communicatifs» (GOODY,1979,p.72).
Ilesttout aussi significatif, dans l'optiquedidactique, de souligner,toujours avecGOODY, quelareproduction,à l'oral,comporteunepart de recréationetqu'elle efface lasignature individuelle au profitd'une appropriation collective, alors que l'écritsetransmet sans altérationet quec'est toujours lamême histoire qui estlue
par d'innombrables lecteurs. Il n'est pas étonnant alors que dans nos sociétés d'écriture, l'ordre du scriptural soit devenu le lieu du maintien sans risque de la
tradition. Cette propriété pèse lourd sur la sacralisation de l'écrit opérée par l'institution scolaireetsurles représentationsdusenscommun (DABENE, 1987
-BOURGAIN,1988)qui voient dansl'écritlelieudel'existenceintangible delalangue,
delanorme, des modèles, traditionnellement réservé auxclercs, auquell'usager «ordinaire»nepeutaccéder qu'aprèsun longapprentissagedetype initiatique. -psychologiques :lespropriétésduscriptural ne sontpasmoinscomplexes dans
ledomaine de sesrelations aveclescripteur etdesreprésentationsqu'il suscite.Les
enquêtes menées dans cette perspective (DABENE, 1987) font ressortir une
constante : les représentations du senscommun s'organisent le plus souventde
façonconflictuelle entrelepôlepositifet lepôlenégatifdesspécificitésde l'ordredu
scriptural.Parexemple,ducôtépositif,cesontlesvaleurs liéesà lasécuritéqu'offre
unepratiquesolitaire, à l'abrides incursionsde l'autre,autorisant l'erreur qui sera effacée, de même que seront gommés les silences et les tâtonnements d'une élaborationlaborieuse.Mais,danslemêmetemps,ducôté négatif,c'est l'angoisse
liée àl'absence depossibilitéde contrôle de laréception et aujugement socialqui
peutendécouler.
Demême leplaisir d'écriresouvent lié auplaisirde larelation que l'écritrend
possibleestinséparablede lapeurqueprovoquelaprisedeconsciencedela
non-transparencedu langage, aggravéeparl'absencedudestinataire:
«Onnepeutpas écrirecequ'onpense...on pensepasdesmots...c'est dur... essayerd'écrirece qu'onpense.. .disonsqu'on pense pas des phrases... après onselesmet enphrases...peut-êtremais...jesaispas...sionpensevraiment sanss'enrendrecompteetqu'après onveutymettrepar écrit... on peut plus
ontransforme tout»(ouvrier,29 ans) (3),
ainsiquedesrituelssociauxetdesvaleursillocutoiresdel'écriture:
«Quandonveutréclamer ...essayerdepastrop réclamer... passerlapommade ...si on vous réclame des sousetpuisqu'on adéjà payé... fauttournerles
phrases...(id.)
12
REPÈRES N° 4/1991 M.DABÈNE
-sociologiques et anthropologiques:cettetracequipeutseconserver estle lieu
oùs'inscritla loi,oùsesoulagelamémoire et oùsefixentlesrepèresdansletemps
etdans l'espace. Mais, loinden'être qu'unsimple medium, elle impose aussi des modes spécifiquesd'accèsausavoir.Comme lesouligneGOODY(1979),iln'est pas indifférent depasser delaconnaissancedirecteduterritoireà lalecturede lacarte.
«Onnepeut pasimaginerde roman oudesymphonie dansunesociété sans écriture, quoiqu'on puisse ytrouverdes récitset des orchestres; roman et
symphoniesont des modes d'expression intrinsèquement écrits;les différen¬ ces,danscecas, nerenvoientpasprincipalementàdesproblèmesdepensée
ou de mentalité ... mais à des différences dansla nature mêmedes actes communicatifs» (GOODY,1979,p.72).
Ilesttout aussi significatif, dans l'optiquedidactique, de souligner,toujours avecGOODY, quelareproduction,à l'oral,comporteunepart de recréationetqu'elle efface lasignature individuelle au profitd'une appropriation collective, alors que l'écritsetransmet sans altérationet quec'est toujours lamême histoire qui estlue
par d'innombrables lecteurs. Il n'est pas étonnant alors que dans nos sociétés d'écriture, l'ordre du scriptural soit devenu le lieu du maintien sans risque de la
tradition. Cette propriété pèse lourd sur la sacralisation de l'écrit opérée par l'institution scolaireetsurles représentationsdusenscommun (DABENE, 1987
-BOURGAIN,1988)qui voient dansl'écritlelieudel'existenceintangible delalangue,
delanorme, des modèles, traditionnellement réservé auxclercs, auquell'usager «ordinaire»nepeutaccéder qu'aprèsun longapprentissagedetype initiatique. -psychologiques :lespropriétésduscriptural ne sontpasmoinscomplexes dans
ledomaine de sesrelations aveclescripteur etdesreprésentationsqu'il suscite.Les
enquêtes menées dans cette perspective (DABENE, 1987) font ressortir une
constante : les représentations du senscommun s'organisent le plus souventde
façonconflictuelle entrelepôlepositifet lepôlenégatifdesspécificitésde l'ordredu
scriptural.Parexemple,ducôtépositif,cesontlesvaleurs liéesà lasécuritéqu'offre
unepratiquesolitaire, à l'abrides incursionsde l'autre,autorisant l'erreur qui sera effacée, de même que seront gommés les silences et les tâtonnements d'une élaborationlaborieuse.Mais,danslemêmetemps,ducôté négatif,c'est l'angoisse
liée àl'absence depossibilitéde contrôle de laréception et aujugement socialqui
peutendécouler.
Demême leplaisir d'écriresouvent lié auplaisirde larelation que l'écritrend
possibleestinséparablede lapeurqueprovoquelaprisedeconsciencedela
non-transparencedu langage, aggravéeparl'absencedudestinataire:
«Onnepeutpas écrirecequ'onpense...on pensepasdesmots...c'est dur... essayerd'écrirece qu'onpense.. .disonsqu'on pense pas des phrases... après onselesmet enphrases...peut-êtremais...jesaispas...sionpensevraiment sanss'enrendrecompteetqu'après onveutymettrepar écrit... on peut plus
ontransforme tout»(ouvrier,29 ans) (3),
ainsiquedesrituelssociauxetdesvaleursillocutoiresdel'écriture:
«Quandonveutréclamer ...essayerdepastrop réclamer... passerlapommade ...si on vous réclame des sousetpuisqu'on adéjà payé... fauttournerles
phrases...(id.)