KARINE LAPOINTE
3F
a 0.5
UL
L 315a.
LA RELATION ENTRE LA FAIBLE ESTIME DE SOI SOCIALE ET LA
PHOBIE SOCIALE
Mémoire
présenté
à la Faculté des études supérieures
de !’Université Laval
pour l’obtention
du grade de maître en psychologie (M.Ps.)
École de Psychologie
FACULTÉ DES SCIENCES SOCIALES
UNIVERSITÉ LAVAL
Décembre 2000
RÉSUMÉ
Ce mémoire a pour objectif principal d’examiner l’incidence de la phobie sociale chez les
sujets qui présentent une estime de soi sociale faible et de la comparer aux sujets qui
présentent une estime de soi sociale élevée. Pour examiner cette question, 20 participants
ayant obtenu un score faible à l’Inventaire d’estime de soi sociale et 20 participants ayant
obtenu un score élevé à ce même questionnaire font l’objet d’une entrevue clinique structurée
pour le DSM-IV (Structured Clinical Interwiew for DSM-IV) afin de déterminer ceux qui
remplissent les critères diagnostiques de la phobie sociale. Les résultats démontrent que
presque la totalité des sujets qui présentent une estime de soi sociale faible répondent aux
critères diagnostiques de la phobie sociale. Au contraire, aucun des sujets qui présentent une
estime de soi sociale élevée ne répond aux critères diagnostiques de cette psychopathologie.
Également, une analyse discriminante permet de démontrer que l’Inventaire d’estime de soi
sociale permet de classer correctement 97.4% des sujets avec une sensibilité de 100% et une
spécificité de 95.2%. Ces résultats permettent d’établir un lien entre l’estime de soi sociale et
la phobie sociale et démontrent que l’Inventaire d’estime de soi sociale pourrait être utilisé
comme outil efficace de dépistage de la phobie sociale dans la population générale.
Janel G. Gauthier, Ph.D
Directeur de recherche
Karine Lapointe
AVANT-PROPOS
L’accomplissement de ce mémoire signifie beaucoup pour moi. C’est le
commencement d’une nouvelle étape de vie et le couronnement de plusieurs années d’efforts.
Je tiens à remercier ceux et celles qui m’ont aidée à atteindre cet objectif.
Je tiens d’abord à remercier mon directeur de recherche, Dr. Janel Gauthier pour
m’avoir guidée à travers l’élaboration et la réalisation de ce mémoire et pour sa grande
disponibilité. En travaillant à ses côtés, j’ai pu développer des connaissances et des aptitudes
essentielles à ma formation et à ma carrière.
Je souhaite aussi m’adresser à tous les participants de cette étude pour leur témoigner
ma gratitude et pour les remercier de leur participation sans laquelle ce mémoire n’aurait
probablement jamais vu le jour. Merci beaucoup!
Je tiens également à remercier Marie-Eve Monfette pour ses précieux conseils au
commencement de mon mémoire et pour le temps consacré à m’aider. Merci également à
Hans !vers pour tout le temps accordé sans lequel je serais encore dans l’analyse statistique de
mon mémoire.
Je tiens à accorder un merci tout spécial à Stéphanie Poulin pour ton soutien, tes
encouragements, tes conseils, ton humour, les nombreuses bouffes partagées au restaurant, les
multiples périodes de «débreffing», bref ta présence au cours de ces cinq dernières années.
Sans toi, jene suis pas sûre que j’aurais tenu le coup en conservant ma santé mentale! ! ! !
J’aimerais enfin dire un grand merci à tous les membres de ma famille qui ont toujours
été derrière moi et qui ont montré un très grand intérêt pour mes réalisations depuis le début de
mes études. Toute ma gratitude envers mes parents qui ont grandement facilité mon climat
d’étude; sans votre support et votre amour je ne serais pas rendu à cette étape importante de
ma vie aujourd’hui. Merci infiniment! ! ! Merci à Julie, ma sœur, de toujours être là pour moi,
tout simplement.
Ill
Merci à vous tous encore une fois! Je partage ma joie avec vous aujourd’hui.
Karine Lapointe
Québec, 23 août 2000
IV
TABLE DES MATIÈRES
Pages
RÉSUMÉ ... i
AVANT-PROPOS ... ii
TABLE DES MATIÈRES ... iv
INTRODUCTION GÉNÉRALE ... vi
ARTICLE ... 1
Résumé ... 2
Introduction ... 3
Hypothèses ... 6
Méthode ... 6
Participants ... 6
Instruments de mesure ... 7
Instrument de diagnostic ... 8
Procédure ... 9
Résultats ... 10
Discussion ... 12
Références ... 15
Note des auteurs ... 18
Tableau 1
19
Tableau 2
20
CONCLUSION GÉNÉRALE ... 21
22
V
ANNEXE A : Inventaire d’estime de soi sociale ... 25
ANNEXE B : Inventaire d’anxiété et d’évitement social ... 28
ANNEXE C : Échelle de peur du jugement négatif d’autrui ... 31
ANNEXE D : Questionnaire maison de la phobie sociale ... 33
VI
INTRODUCTION GÉNÉRALE
La phobie sociale est une maladie mentale très répandue qui génère plusieurs
répercussions négatives dans la vie des personnes qui en sont atteintes. Ainsi, elle interfère
grandement avec le fonctionnement occupationnel et les activités sociales quotidiennes (Lewis
& Judd, 1994). De tous les troubles mentaux, la phobie sociale est généralement la maladie
qui débute le plus tôt dans la vie d’un individu. En effet, la tranche d’âges ayant le plus haut
taux de probabilité de voir apparaître les premiers symptômes de la phobie sociale se situe
entre cinq et neuf ans. L’évolution clinique de la phobie sociale démontre qu’elle constitue
une maladie chronique qui subsiste souvent toute une vie (Lewis& Judd, 1994).
La phobie sociale est caractérisée par une peur intense, irrationnelle et persistante
d’être évalué ou scruté par les autres, où le patient anticipe !’humiliation ou la peur de paraître
ridicule (Beidel & Turner, 1998; Nichols, 1974). Les situations spécifiques craintes et évitées
par le phobique social sont entre autres : la peur de manger et de parler en public, l’incapacité
à utiliser les toilettes publiques, la peur d’écrire en présence d’autrui et la peur de dire des
choses stupides (Lewis & Judd, 1994). Le diagnostic de la phobie sociale requiert aussi la
manifestation d’une anxiété immédiate et une réponse de peur aux situations phobiques à
chaque fois que le patient y est exposé. Les symptômes somatiques les plus souvent observés
dans la réponse anxieuse sont : palpitations, tremblements, transpiration, sueurs froides, gorge
sèche, mains moites, maux de tête et nausées (Lewis & Judd, 1994; Heimberg, Liebowitz,
Hope & Schneier, 1995). De plus, la présence constante de comportements d’évitement
interfère avec l’occupation sociale malgré le fait que le patient reconnaît que la peur est
excessive et exagérée (American Psychiatrie Association [APA],1994; Lewis & Judd, 1994;
Heimberg & al.,1995; Turner & al, 1986).
Au niveau diagnostic, le Diagnostic Statistical Manual (DSM-IV) (APA, 1994) établit
une spécification supplémentaire à la phobie sociale soit : le type généralisé. Cette
spécification est utilisée lorsque le patient craint la plupart des interactions sociales ou
situations de performance où l’évaluation par autrui est possible. Les patients qui craignent
Vil
des situations uniques de performance ou seulement quelques situations sociales constituent
un groupe hétérogène.
Par ailleurs, les termes «anxiété sociale» et «phobie sociale» sont souvent confondus
dans la littérature actuelle. Cependant, il existe une différence quantitative entre ces deux
thèmes. Pour parler de phobie sociale, l’anxiété vécue en situation sociale doit atteindre un
niveau assez élevé pour empêcher l’individu de fonctionner de façon adéquate. Toutefois, il
arrive que l’anxiété sociale prend des proportions importantes au point de dégénérer en phobie
sociale.
Depuis quelques années, des études confirment l’existence d’une corrélation négative
significative entre les mesures d’anxiété sociale et les mesures de l’estime de soi ainsi que les
mesures obtenues à l’Inventaire d’anxiété et d’évitement social (Clark & Arkowitz, 1975;
Leary, 1983; Leary & Kowalski, 1995; McCroskey, 1977; Zimbardo, 1977). Ces études
indiquent que les individus qui présentent une faible estime de soi sont plus susceptibles de
vivre de l’anxiété sociale. Bien que la littérature ait établi un lien entre l’anxiété sociale et
l’estime de soi, il y a très peu d’informations sur un lien possible entre la phobie sociale et
l’estime de soi sociale. Une meilleure connaissance de ce lien permettrait de voir si une
mesure de l’estime de soi sociale aurait le potentiel d’aider au dépistage des gens à risque de
développer une phobie sociale.
L’estime et la vision que les gens ont d’eux-mêmes sont affectées par la manière dont
ils croient être perçus et évalués par les autres (Leary & Kowalski, 1995). Puisque les
personnes qui présentent une estime de soi faible supposent que les autres les regardent moins
favorablement, elle sont motivées à contrôler leurs impressions et par le fait même plus
susceptibles de vivre de l’anxiété sociale. Une faible estime de soi peut donner lieu à l’anxiété
sociale si un individu anticipe que les autres vont l’évaluer négativement dans une situation
donnée (Campbell, 1984; Coopersmith, 1967).
Parallèlement, la peur du jugement négatif d’autrui a retenu !’attention de certains
chercheurs. Nichols (1974) constate que les individus qui présentent un niveau élevé
VIH
d’anxiété sociale rapportent craindre d’être désapprouvés et critiqués par autrui. Des
corrélations variant de modérées à élevées ont été observées entre les résultats obtenus à
l’Échelle de peur du jugement négatif d’autrui (Watson & Friend, 1969) et ceux obtenus à
l’Inventaire d’anxiété et d’évitement social (Leary, 1980; Watson & Friend, 1969).
L’objectif de ce mémoire est d’améliorer nos connaissances sur la psychopathologie
que représente la phobie sociale et amener des informations utiles au niveau du dépistage
diagnostic et du traitement. Le cœur de ce mémoire contient un article scientifique décrivant
une étude qui avait pour objet d’établir un lien entre l’estime de soi sociale et la phobie
sociale. En premier lieu, 343 participants répondent à l’Inventaire d’estime de soi sociale.
Les 20 participants qui ont obtenu les scores les plus faibles et les 20 participants qui ont
obtenu les scores les plus élevés à ce questionnaire procèdent à une entrevue diagnostique
basée sur le Structured Clinical Interview for DSM-IV (Spitzer, William & Gibbon, 1995) afin
d’identifier ceux qui répondent aux critères diagnostiques de la phobie sociale. Les
participants complètent également l’Échelle de peur du jugement négatif d’autrui et
l’Inventaire d’anxiété et d’évitement social. Des comparaisons inter-groupes et des analyses
discriminantes sont effectuées.
Phobie sociale et estime de soi 1
Entête : PHOBIE SOCIALE ET ESTIME DE SOI
La relation entre la faible estime de soi sociale et la phobie sociale
Karine Lapointe et Janel G. Gauthier
École de psychologie
Phobie sociale et estime de soi 2
Résumé
Ce mémoire a pour objectif principal d’examiner l’incidence de la phobie sociale chez les sujets
qui présentent une estime de soi sociale faible et de la comparer aux sujets qui présentent une
estime de soi sociale élevée. Pour examiner cette question, 20 participants ayant obtenu un score
faible à l’Inventaire d’estime de soi sociale et 20 participants ayant obtenu un score élevé à ce
même questionnaire font l’objet d’une entrevue clinique structurée pour le DSM-IV (Structured
Clinical Interwiew for DSM-IV) afin de déterminer ceux qui remplissent les critères
diagnostiques de la phobie sociale. Les résultats démontrent que presque la totalité des sujets qui
présentent une estime de soi sociale faible répondent aux critères diagnostiques de la phobie
sociale. Au contraire, aucun des sujets qui présentent une estime de soi sociale élevée ne répond
aux critères diagnostiques de cette psychopathologie. Également, une analyse discriminante
permet de démontrer que l’Inventaire d’estime de soi sociale permet de classer correctement
97.4% des sujets avec une sensibilité de 100% et une spécificité de 95.2%. Ces résultats
permettent d’établir un lien entre l’estime de soi sociale et la phobie sociale et démontrent que
l’Inventaire d’estime de soi sociale pourrait être utilisé comme outil efficace de dépistage de la
phobie sociale dans la population générale.
Phobie sociale et estime de soi 3
La relation entre la faible estime de soi sociale et la phobie sociale
L’anxiété sociale est par définition l’anxiété reliée aux situations sociales (Trower &
Gilbert, 1989). Elle est décrite subjectivement comme un sentiment de tension et d’agitation.
Dans certains cas, l’anxiété vécue atteint un niveau particulièrement élevé et interfère grandement
avec le fonctionnement de la personne dans plusieurs sphères de sa vie. On doit alors considérer
le diagnostic de phobie sociale (Leary & Kowalski, 1995). Contrairement à l’anxiété sociale, la
phobie sociale est un trouble anxieux avec des critères diagnostiques bien définis (DSM IV,
1994). Par contre, il ne semble pas y avoir une différence qualitative, mais quantitative entre
l’anxiété sociale et la phobie sociale (Scholinger & Emmeldamp, 1990). Aux États-Unis, environ
un client sur dix qui consultent pour un problème d’anxiété souffre de phobie sociale. Malgré sa
prévalence élevée (soit entre 3% et 13% à vie), cette maladie fait partie des troubles anxieux les
moins étudiés (Lewis & Judd, 1994).
La phobie sociale est caractérisée par une peur intense, irrationnelle et persistante d’être
évalué ou scruté par les autres, où le patient anticipe !’humiliation ou la peur de paraître ridicule
(Beidel & Turner, 1998; Nichols, 1974).
L’anxiété vécue en situation sociale et le manque d’estime de soi sont des plaintes
fréquentes chez les individus qui se présentent en psychothérapie. Ces deux phénomènes
semblent liés : plusieurs études démontrent que l’estime de soi est corrélée négativement avec les
mesures de l’anxiété sociale établies à l’aide de questionnaires tel que l’Inventaire d’anxiété et
d’évitement social ( Clark & Arkowitz, 1975; McCroskey, 1977; Ziller & al., 1969). Le lien
entre l’anxiété sociale et l’estime de soi a été soulevé par plusieurs auteurs (Leary, 1983;
Zimbardo, 1977; Leary & Kowalski, 1995) et ceci depuis plusieurs années. Par exemple, en
1967, Coopersmith remarque que le concept d’estime de soi et le concept d’anxiété sociale sont
étroitement reliés et que l’estime de soi présente une corrélation plus élevée avec l’anxiété sociale
que la plupart des autres dimensions étudiées auparavant. Une étude de Leavy (1980) démontre
que les individus ayant une estime de soi faible présentent significativement plus d’anxiété lors
d’interactions en laboratoire comparativement à ceux présentant une estime de soi élevée.
Également, McCroskey (1977) observe une corrélation significative entre l’estime de soi faible et
l’anxiété dans les communications orales.
Phobie sociale et estime de soi 4
Ainsi, les personnes qui présentent une estime de soi faible sont plus susceptibles de faire
Γexpérience de l’anxiété sociale que les personnes qui présentent une estime de soi élevée. Une
faible estime de soi est associée à : un manque de confiance en soi, une crainte d’exprimer des
idées non communes, une difficulté à exprimer de la colère ou à attirer !’attention, une préférence
pour la solitude et une tendance à se maintenir dans l’ombre des groupes sociaux ( Mossman &
Ziller, 1968; Coopersmith, 1967 ; Campbell, 1984). Ces caractéristiques ont pour effet de limiter
largement les échanges sociaux. Une estime de soi élevée est reliée à la probabilité accrue
d’assumer un rôle actif dans les groupes sociaux, d’être heureux et plus efficace à rencontrer les
demandes de !’environnement (Coopersmith, 1967; Campbell, 1984; Ziller, 1969).
L’estime et la vision que les gens ont d’eux-mêmes sont affectées par la manière dont ils
croient être perçus et évalués par les autres (Leary & Kowalski, 1995). En 1974, Nichols
démontre un lien entre la peur d’être critiqué et désapprouvé par autrui et l’anxiété sociale. Les
résultats obtenus à l’Échelle de peur du jugement négatif d’autrui et à l’Inventaire d’anxiété et
d’évitement social indiquent des corrélations modérées à élevées entre ces deux concepts (Leary,
1980 ; Watson & Friend, 1969).
Par ailleurs, plusieurs données statistiques et sociales démontrent l’importance des
aspects négatifs qu’engendrent une faible estime de soi et la phobie sociale chez les sujets
concernés (Lewis & Judd, 1994 ; Beidel & Turner, 1998; Kushner, Sher & Beitman, 1990;
Leary, 1983). Ainsi, ces troubles sont souvent accompagnés de d’autres troubles mentaux, de
dépression majeure et d’abus de substance. Aussi, Judd & Lewis (1994) rapportent que les
personnes atteintes de phobie sociale présentent souvent un statut socio-économique inférieur à la
moyenne et des problèmes sérieux au niveau des relations interpersonnelles. Ceci a pour effet de
perturber grandement les relations amoureuses et la capacité d’exécuter ou de conserver un
travail. Des coûts importants sont associés à l’absentéisme au travail ou à l’incapacité de
travailler. Il est donc impératif d’élargir nos connaissances sur cette problématique largement
répandue.
La plupart des études concernant l’estime de soi se sont appuyées sur une mesure d’estime
de soi globale et non sur une mesure d’estime de soi plus spécifique comme l’estime de soi
sociale. En 1974, un modèle multidimensionnel de l’estime de soi établit que des facettes
particulières de l’estime de soi sont de meilleurs prédicteurs du fonctionnement dans certains
domaines que l’estime de soi globale (Wylie, 1974). Ainsi, une mesure d’estime de soi plus
Phobie sociale et estime de soi 5
spécifique, soit l’estime de soi sociale, représente une mesure plus précise dans l’étude de la
phobie sociale (Oubrayrie & al.,1991). Marchand, Goupil, Trudel & Bélanger (1995) dans une
étude récente indiquent la présence d’une corrélation négative entre le niveau de peur et
d’anxiété et l’estime de soi sociale. Les résultats indiquent que les patients présentant le trouble
panique avec agoraphobie (TPA) ont une estime de soi sociale significativement plus faible que
les patients du groupe contrôle. Les auteurs mettent en évidence qu’il pourrait y avoir un lien
entre la présence du TPA et une faible estime de soi sociale. Toutefois, très peu d’études ont
tenté d’établir un lien entre l’estime de soi sociale et les autres troubles anxieux. L’ensemble des
recherches nous suggère qu’il puisse y avoir un lien entre une faible estime de soi sociale et la
phobie sociale (Leary & Kowalski, 1995 ; Mecca, Smelser, Vasconcellos, 1989 ; Heimberg,
Liebowitz, Hope & Schnei er, 1995 ;).
Turcotte (1998), dans une étude portant sur l’anxiété sociale, l’estime de soi sociale, les
croyances irrationnelles et la perception de l’efficacité personnelle établissent une corrélation
significative entre l’estime de soi sociale et la phobie sociale. Les participants sont divisés en
trois groupes. Dans un premier groupe, les participants ont reçu le diagnostic de phobie sociale,
dans un deuxième groupe, les participants ont reçu le diagnostic de trouble panique et dans un
troisième groupe, les participants n’ont reçu aucun diagnostic sur l’axe I. Les participants qui
appartiennent au groupe «phobie sociale» ont un score moyen à l’Inventaire d’estime de soi
sociale significativement plus faible que les participants du groupe «trouble panique». Les
participants du groupe «phobie sociale» ont également obtenu un score moyen significativement
plus faible que les participants du groupe «sans diagnostic sur Taxe I». Les résultats démontrent
que les participants qui présentent un diagnostic principal de phobie sociale ont une estime de soi
sociale significativement plus faible que les participants qui appartiennent à l’un ou l’autre des
deux autres groupes de l’étude.
À la lumière des études effectuées, il apparaît que très peu de recherches ont porté sur la
relation entre une faible estime de soi sociale et la présence d’un diagnostic de phobie sociale.
Cette observation met en évidence une lacune importante dans les connaissances actuelles sur la
phobie sociale. La présente étude à deux objectifs. En premier lieu, l’étude a pour objectif
d’examiner l’incidence de la phobie sociale chez les individus qui présentent une faible estime de
soi sociale et de la comparer à celle observée chez les individus qui présentent une estime de soi
sociale élevée. En deuxième lieu, la présente étude tente de déterminer le potentiel de
Phobie sociale et estime de soi 6
!,Inventaire d’estime de soi sociale à identifier les gens qui ont une phobie sociale. Les résultats
de cette étude vont permettre de mieux cerner le mécanisme de cette psychopathologie et ainsi
de déterminer s’il y a lieu de mettre plus d’emphase sur l’estime de soi sociale dans le diagnostic
et le traitement de la phobie sociale.
Les hypothèses de cette recherche sont les suivantes :
a) L’incidence d'un diagnostic principal de phobie sociale sera significativement plus
grande chez les sujets ayant obtenu un score faible à l’Inventaire d’estime de soi
sociale comparativement aux sujets ayant obtenu un score élevé à ce même
questionnaire.
b) L’Inventaire d’estime de soi sociale pourra identifier les sujets souffrant de phobie
sociale avec un niveau de précision psychométriquement acceptable (i.e. sensibilité et
spécificité égales ou supérieures à 80%).
Si la première hypothèse est confirmée, ceci signifie que l’estime de soi sociale présente
un lien avec la phobie sociale.
Si la deuxième hypothèse est confirmée, ceci signifie que l’Inventaire d’estime de soi
sociale constitue un outil efficace pour distinguer les individus souffrant de phobie sociale des
individus non phobiques.
Si les deux hypothèses sont confirmées, ceci signifie que l’Inventaire d’estime de soi
sociale pourrait s’avérer un outil utile pour dépister les individus en proie à la phobie sociale ou à
risque de développer un tel problème.
Méthode
Participants
Le recrutement des participants est effectué à !’université Laval et au collège de Sainte-
Foy à l’intérieur de différents cours après entente avec les professeurs. Les détails de l’étude sont
expliqués aux participants dans chacun des cours. Ceux-ci sont avisés qu’ils peuvent quitter la
classe s’ils ne désirent pas répondre au questionnaire. Les participants qui choisissent de rester
doivent répondre à un questionnaire portant sur l’estime de soi sociale d’une durée d’environ 15
minutes. Au total, 343 participants complètent le questionnaire portant sur l’estime de soi
Phobie sociale et estime de soi 7
universitaires et collégiaux (50 hommes et 293 femmes). L’âge moyen du groupe est de 20 ans
(étendu = 18 à 44 ans, médiane =19 ans). Les participants proviennent de diverses disciplines :
Enseignement primaire préscolaire (35.7%), Sciences humaines et Sciences nature (24.9%),
Sciences sociales (13.5%), Soins infirmiers (9%), Services de garde (6.4%), Technique en service
social (6.1%), Lettres et art (2.9%), Informatique (0.9%) et Foresterie (0.6%). Aussi, 95.3% des
participants sont célibataires (conjoints de fait = 2.4%, divorcés = .06%, mariés = 1.8%) et 97.7%
sont de nationalité canadienne (autres = 2.3%). Prenant en considération que l’incidence à vie de
la phobie sociale dans la population varie de 3% à 13%, le nombre de participants recrutés
permettrait de croire que le nombre de participants souffrant de phobie sociale dans le groupe
serait suffisamment grand pour permettre une comparaison de la fréquence du diagnostic selon
les scores à l’Inventaire d’estime de soi sociale.
Plus tard, après avoir examiné les scores obtenus par les participants au questionnaire, les
20 participants avec les scores les plus élevés et les 20 participants avec les scores les plus bas à
l’Inventaire d’estime de soi sociale sont contactés par téléphone pour prendre part à des entrevues
diagnostiques. Le groupe des 20 participants avec les scores les plus élevés au questionnaire est
composé de 17 femmes et de 3 hommes et présente un âge moyen de 20.8 ans (étendu = 18 à 40
ans). Les participants à l'intérieur de ce groupe sont tous de nationalité canadienne et 95% sont
célibataires (mariés = 5%). Ils s'inscrivent à l'intérieur des disciplines suivantes: Enseignement
primaire préscolaire (40%), Sciences humaines (30%), Soins infirmiers (5%), Littérature (5%),
Foresterie (5%), Anthropologie (5%), Travail social (5%) et Sciences pures (5%). Le groupe des
20 participants avec les scores les plus faibles au questionnaire est composé de 16 femmes et de 4
hommes et présente un âge moyen de 20.4 ans (étendu = 18 à 37 ans). Les participants à
l'intérieur de ce groupe sont tous de nationalité canadienne et 95% sont célibataire (conjoint de
fait = 5%). Ils s'inscrivent à l'intérieur des disciplines suivantes: Enseignement primaire
préscolaire (35%), Sciences humaines (20%), Anthropologie (10%), Histoire (5%), Informatique
(5%), Service de garde (5%), Soins infirmiers (10%), Sociologie (5%) et Arts (5%).
Instruments de mesure
Un questionnaire mesurant l’estime de soi sociale est administré à tous les participants.
Aussi, l’Inventaire d’anxiété et d’évitement social et l’Échelle de peur du jugement négatif
Phobie sociale et estime de soi 8
d’autrui sont administrés à 40 participants sélectionnés en fonction de leur score au premier
questionnaire afin de confirmer le degré d’anxiété sociale et la crainte d’être évalué.
L’Inventaire d’estime de soi sociale. Cet inventaire est celui de Lawson, Marshall, &
McGrath, (1979). Il contient 30 énoncés auxquels les participants doivent répondre à l’aide
d’une échelle de type Likert, en six points, de 1 «complètement différent de moi » à 6
«exactement comme moi ». La moitié des énoncés se présente sous forme d’affirmations
positives et l’autre moitié sous forme d’affirmations négatives. Cet inventaire a été traduit et
adapté à la population canadienne-française par Gauthier, Samson, Turbide & Lawson (1980).
Les analyses psychométriques de la version française ont permis d’établir que la consistance
interne du questionnaire est grande (alpha = .93) et que la fidélité test-retest mesurée avec un
délai de cinq semaines est élevée (r = .95 ; p< .001).
L’Inventaire d’anxiété et d’évitement social. Il s’agit de l’inventaire de Watson & Friend,
(1969). Il permet d’évaluer le niveau d’anxiété et d’évitement associé aux interactions sociales.
Il comporte 28 énoncés auxquels les participants sont invités à répondre par «vrai » ou «faux ».
Il possède une consistance interne adéquate (Kuder-Richardson 20 = .94) (Watson & Friend,
1969). Cet inventaire a été traduit en français (Prévost, Kéroack, & Boisvert, 1987) et révisé
(Marier & Boisvert, 1994).
L’Échelle de peur du jugement négatif d’autrui. Il s’agit de la version abrégée de Leary
(1983). Cette échelle permet d’évaluer la crainte d’être jugé négativement par les autres. Elle
contient 12 énoncés auxquels les participants doivent répondre à l’aide d’une échelle de type
Likert, en cinq points, de 1 «ne me décrit pas du tout» à 5 «me décrit extrêmement bien». La
version abrégée de l’Échelle de peur du jugement négatif d’autrui présente une corrélation élevée
avec la version originale de l’échelle (r = .96) (Elting & Hope, 1995).
Instrument de diagnostic
Les entrevues diagnostiques sont effectuées par trois évaluateurs indépendants. Ce sont
des étudiants à la maîtrise ou au doctorat en psychologie. Les étudiants à la maîtrise sont
préalablement formés par une étudiante au doctorat. La formation consiste d’abord à
!’observation de deux entrevues exécutées par l’étudiante au doctorat. Ensuite chacun des
étudiants à la maîtrise procède à deux entrevues diagnostiques sous observation. Le niveau
d’accord inter-juges entre chacun des deux étudiants à la maîtrise et l’étudiante au doctorat est de
Phobie sociale et estime de soi 9
100%. Le niveau d’accord inter-juge entre les deux étudiantes à la maîtrise est également de
100%. Les étudiants à la maîtrise consultent régulièrement l’étudiante au doctorat pour
vérification du diagnostic de certains sujets.
Les entrevues diagnostiques sont réalisées à l’aide de la version française du Structured
Clinical Interview for DSM-IV (SCID-IV) (Spitzer, William & Gilbon, 1995). Elles abordent
toutes les grandes sections du Structured Clinical Interview for DSM-VI afin d’évaluer
l’importance des différentes co-morbidités. Pour faciliter la détection de la présence de la phobie
sociale, l’entrevue est également faite à l’aide d’un questionnaire «maison» construit à partir de la
littérature scientifique et des critères diagnostiques du DSM-IV pour cette pathologie. Il
s’agissait de questions complémentaires à celles déjà contenues dans le SCID- IV.
Procédure
Trois cent quarante trois participants prennent 15 minutes pour compléter l’Inventaire
d’estime de soi sociale et une brève fiche d’identification après avoir pris connaissance et signé le
formulaire de consentement approuvé par le Comité de déontologie de l’École de psychologie de
l’université Laval. Quarante participants sont sélectionnés en fonction de leurs scores à
l’Inventaire d’estime de soi sociale pour former deux groupes. Il s’agit des 20 sujets avec les
scores les plus faibles au questionnaire (le groupe ESS-) et les 20 sujets avec les scores les plus
élevés à ce même questionnaire (le groupe ESS+). Les participants sélectionnés sont contactés
par téléphone dans le but de leur proposer un rendez-vous pour l’entrevue diagnostique. Une
seule participante ayant obtenu un score faible au questionnaire refuse de prendre part à
l’entrevue. Elle est remplacée par une autre participante ayant obtenu le score suivant le plus
faible au questionnaire. Les 40 participants prennent part à une entrevue d’une durée
approximative d’une heure dans le but de déterminer s’ils répondent ou non aux critères
diagnostiques de la phobie sociale ou autres troubles mentaux. Toutes les entrevues sont
enregistrées sur cassettes afin de permettre une écoute ultérieure au besoin. Un deuxième
formulaire de consentement est présenté à cet effet au commencement de l’entrevue.
Suite à l’entrevue diagnostique réalisée avec le Structured Clinical Interview for DSM-IV,
les participants sont amenés à décrire de façon plus spécifique les situations phobogènes qui les
concernent et à attribuer des pourcentages subjectifs sur !’interference de l’anxiété sociale dans
différentes sphères de leur vie. Aussi, les participants sont également invités à décrire en
Phobie sociale et estime de soi 10
pourcentage la fréquence, Γintensité et l’évitement reliés à 26 situations anxiogènes craintes et
évitées par les phobiques sociaux. Une feuille est remise aux participants afin de leur servir de
guide dans le choix de leur pourcentage pour les trois énoncés. Les trois énoncés sont : «Quel est
la fréquence à laquelle tu es anxieux lorsque tu es confronté à ces situations»; «Jusqu’à quel point
tu te sens anxieux dans ces situations»; et «Quelle est la probabilité que tu évites cette situation».
En dernier lieu, les 40 participants doivent remplir l’Inventaire d’anxiété et d’évitement social et
l’Échelle de peur du jugement négatif d’autrui.
Tous les participants se voient offrir la possibilité d’être référés au service de consultation
de l’École de psychologie pour un suivi s’ils le désirent.
Résultats
Un sujet obtient un score «extrême» (i.e., un score étant deux écarts-type inférieur à la
moyenne) à deux des trois questionnaires administrés, soit l’Inventaire d’estime de soi sociale et
l’Inventaire d’anxiété et d’évitement social. Ces scores inattendus s’expliquent par le fait que le
sujet présente un autre trouble anxieux et répond aux critères diagnostiques de la dépression
majeure. Les données de ce sujet sont rejetées pour éviter d’introduire un biais dans les analyses.
Par conséquent, les analyses statistiques sont réalisées avec les données de 39 sujets.
Comparaison inter-groupes
Le test t est utilisé pour comparer les scores obtenus par les deux groupes de participants à
l’Inventaire d’estime de soi sociale, l’Inventaire d’anxiété et d’évitement social et l’Échelle de
peur du jugement négatif d’autrui. Le test du Chi-Carré est utilisé pour tester la différence entre
les deux groupes dans la fréquence du diagnostic de la phobie sociale.
Inventaire d’estime de soi sociale. La moyenne des scores obtenus à ce questionnaire
pour le groupe ESS- est de 94.16 (ET = 8.91). La moyenne obtenue à ce même questionnaire
pour le groupe ESS+ est de 167.10 (ET = 2.75) (voir Tableau 1). La comparaison entre les deux
groupes indique que la différence est significative [t(37) = 34.91 , p < .0001] .
11 Phobie sociale et estime de soi
Inventaire d’anxiété et d’évitement social. La moyenne des scores obtenus à ce
questionnaire pour le groupe ESS- est de 13.58 (ET = 6.41). La moyenne obtenue à ce même
questionnaire pour le groupe ESS+ est de 0.65 (ET = 1.09) (voir Tableaul). La comparaison
entre les deux groupes indique que la différence est significative [t(37) = -8.90, p < .0001] .
Échelle de peur du jugement négatif d’autrui. La moyenne des scores obtenus à ce
questionnaire pour le groupe des ESS- est de 42.57 (ET = 5.48). La moyenne obtenue à ce même
questionnaire pour le groupe des ESS+ est de 29.75 (ET = 8.63) (voir Tableau 1). La
comparaison entre les deux groupes indique que la différence est significative [t(37) = -5.51, p <
.
0001
] .Insérer Tableau 1 ici
Structured Clinical Inteview for DSM-IV- Un examen des données de T entrevue
diagnostique révèle que 18 participants sur 19 rencontrent les critères diagnostiques de phobie
sociale dans le groupe ESS- et qu’aucun participant ne rencontre ces critères dans le groupe
ESS+. La différence entre les deux groupes est significative
(X2(l) =35.19, p < .0001). Le
coefficient de contingence est à 0.69.
Analyses discriminantes
Un score permettant d’établir une coupure entre la population fonctionnelle ou normale
(i.e. les sujets non phobiques) et la population dysfonctionelle (i.e. les sujets avec une phobie
sociale) est calculé pour chacun des 3 questionnaires à l’aide de la formule suivante : C=
(SD0.M1) + (SD1.M0) / (SDO + SD1). Ensuite, dans le but de tester la sensibilité et la spécificité
de chacun des questionnaires à discriminer correctement les sujets qui ont reçu le diagnostic de
phobie sociale à !’administration du SCED-IV, les scores de coupure (cut-off scores) sont utilisés
pour classer les sujets en deux catégories : ceux qui ont reçu un diagnostic de phobie sociale et
ceux qui n’ont reçu aucun diagnostic.
Phobie sociale et estime de soi 12
Inventaire d’estime de soi sociale. Le point de coupure est établi à 121 pour ce test.
L’analyse des résultats avec le point de coupure démontre que l’Inventaire d’estime de soi sociale
permet de classer correctement 97.4% des sujets soit 38 sujets sur 39. Il possède une sensibilité
de 100% (soit de 18 sujets sur 18) et une spécificité de 95.2% (soit de 20 sujets sur 21) . Le
kappa est de 0.95.
Inventaire d’anxiété et d’évitement social. Le point de coupure est établi à 4 pour ce test.
L’analyse des résultats avec le point de coupure pour l’Inventaire d’anxiété et d’évitement social
démontre que ce test permet de classer correctement 92.3% des sujets soit 36 sujets sur 39. Il
possède une sensibilité de 94.4% (soit de 17 sujets sur 18) et une spécificité de 90.5% (soit de 19
sujets sur 21). Le kappa est de 0.85.
Échelle de peur du jugement négatif d’autrui. Le point de coupure est établi à 38 pour ce
test. L’analyse des résultats avec le point de coupure pour l’Échelle de peur du jugement négatif
d’autrui démontre que ce test permet de classer 76.9% des sujets correctement soit 30 sujets sur
39. Il possède une sensibilité de 72.2% (soit 13 sujets sur 18) et une spécificité de 81% (soit 17
sujets sur 21). Le kappa est de 0.53.
Insérer Tableau 2 ici
Discussion
La présente étude avait pour principal objectif d’évaluer la relation entre l’estime de soi
sociale et la phobie sociale. Cet objectif a été atteint en examinant l’incidence de la phobie
sociale chez les sujets qui présentent une faible estime de soi sociale comparativement aux sujets
qui présentent une estime de soi sociale élevée. L’hypothèse propre à cette étude a est confirmée.
En effet, les résultats indiquent clairement que l’incidence de la phobie sociale chez les individus
qui présentent une faible estime de soi sociale est significativement plus grande que chez les
individus qui présentent une estime de soi sociale élevée. Les résultats suggèrent donc que les
participants ayant un diagnostic principal de phobie sociale ont une estime de soi sociale
Phobie sociale et estime de soi 13
significativement plus faible que les participants qui ne répondent pas aux critères diagnostiques
de cette psychopathologie.
De plus, les résultats démontrent que les participants du groupe ESS- et les participants
du groupe ESS+ se différencient significativement au niveau de l’anxiété et de l’évitement social
et de la peur du jugement négatif d’autrui deux composantes souvent associées à une faible
estime de soi et à l'anxiété sociale.
Également, les résultats obtenus corroborent ceux des recherches précédentes sur la
phobie sociale. En effet, plusieurs études rapportent une corrélation significative entre les
mesures de l’estime de soi sociale et les mesures de l’anxiété sociale (Leary, 1983; Clark &
Arkowitz, 1975; Leary & Kowalski, 1995; McCroskey, 1977; Zimbardo, 1977). Ainsi,
Coopersmith (1967), démontre un lien étroit entre l'estime de soi et l'anxiété sociale. Leary
(1980), établit que les individus qui présentent une faible estime de soi présentent un niveau
d'anxiété plus élevé. De plus, dans l’étude de Turcotte (1998), le groupe des phobiques sociaux
a obtenu un score significativement inférieur à l’Inventaire d’estime de soi sociale
comparativement au groupe présentant un diagnostic de trouble panique et au groupe contrôle.
D'autre part, les résultats obtenus à l’aide du calcul du point de coupure suggèrent que
l’Inventaire d’estime de soi sociale pourrait être un instrument de dépistage de la phobie sociale
fort intéressant. En effet, les résultats démontrent une sensibilité de 100% au diagnostic de la
phobie sociale établit préalablement avec le SCfD-IV ce qui est non négligeable. L’Inventaire
d’estime de soi sociale est facile et relativement court à utiliser. Ceci en fait un instrument
simple et rapide à administrer. L’inventaire mesurant l’estime de soi sociale est l'instrument de
mesure qui est préférable de choisir afin de discriminer les deux groupes de participants
(phobiques sociaux et non phobiques).
Par ailleurs, si l'on considère la prévalence à vie de la phobie sociale et les dysfonctions
que cette psychopathologie occasionne sur la vie des sujets atteints; !'utilisation d'un outil de
dépistage efficace à un niveau précoce est d'une très grande importance. En effet, l'âge moyen de
l'apparition de la phobie sociale se situe entre 11 et 15 ans et les personnes atteintes prennent
souvent plusieurs années avant de consulter pour un traitement (Heimberg & al., 1995). Les
difficultés occasionnées par cette psychopathologie sont nombreuses: co-morbidité importante
avec l'abus d'alcool et autres substances, signes évidents de dépression dans 50% des cas, risques
de tentatives de suicide 16 fois plus élevés que dans la population générale, difficultés à
Phobie sociale et estime de soi 14
compléter la scolarité de niveau secondaire, statut socio-économique souvent inférieur à la
moyenne, co-morbidité de l'ordre de un tiers avec les autres maladies mentales, statut civil de
célibataire dans 50% des cas et interférence de l'ordre de 90% avec le travail (Heimberg & al.,
1995; Leary & Kowalski, 1995). Le dépistage précoce permettrait de prévenir la dégradation des
conditions de vie des personnes atteintes et de leur entourage en permettant la prise en charge tôt
dans le développement de la psychopathologie. L'Inventaire d'estime de soi sociale pourrait
constituer un outil simple et efficace qui pourrait être utilisé pour dépister et prendre en charge
rapidement.
D’autre part, les résultats de cette étude proposent que l’estime de soi sociale pourrait être
une composante majeure dans l’élaboration de futurs traitements concernant la phobie sociale et
l’anxiété sociale. Ainsi, les résultats obtenus supposent que !’augmentation ou le développement
de l’estime de soi sociale contribuerait à diminuer l’anxiété sociale ou à réduire l’intensité des
symptômes attribuables à la phobie sociale.
La présente étude comporte toutefois des limites méthodologiques. En effet, les sujets
sélectionnés appartiennent à deux groupes extrêmes soit des sujets ayant obtenu des scores
supérieurs à la moyenne et des sujets ayant obtenu des scores inférieurs à la moyenne. Il
faudrait reproduire l’étude en ajoutant un groupe de sujets ayant obtenu un score moyen à
l’Inventaire d’estime de soi sociale. Aussi, répéter l’étude avec des individus présentant d’autres
catégories de psychopathologies que les troubles anxieux permettrait d’apporter un savoir
intéressant en ce qui concerne la relation entre l’estime de soi sociale et les autres troubles de
santé mentale. De plus, une étude de traitement visant !’augmentation de l’estime de soi sociale
chez les phobiques sociaux gagnerait à être effectuée.
Les résultats de cette étude pourront avoir des répercussions importantes tant au niveau du
dépistage diagnostic qu’au niveau du traitement de la phobie sociale. Ainsi, ils ont permis de
démontrer que l’Inventaire d’estime de soi sociale pourrait devenir un outil de dépistage très
appréciable et facile à utiliser. L'importance de considérer l'estime de soi sociale dans
l’élaboration de futurs traitements de la phobie sociale à également été démontré.
Phobie sociale et estime de soi 15
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Phobie sociale et estime de soi 18
Note des auteurs
Le premier auteur voudrait remercier les examinateurs de ce mémoire, Jean-Marie
Boisvert, Ph.D. et Marguerite Lavallée, Ph.D., pour leurs commentaires.
Toute correspondance concernant cet article doivent être adressées au Dr. Janel G.
Gauthier, Pavillon Félix-Antoine-Savard, École de Psychologie, Université Laval, Sainte-Foy,
Québec, Canada, G1K 7P4. E-mail : janel.gauthier@psy.ulaval.ca
Phobie sociale et estime de soi 19
Tableau 1
Moyenne et écart type des scores obtenus par le groupe de participants à faible estime de soi
sociale et le groupe de participants à forte estime de soi sociale à T Inventaire d’estime de soi
sociale (IES S), à T Inventaire d’anxiété et d’évitement social (IAES) et à T Échelle de peur du
jugement négatif d’autrui (EPJNA).
IES S
IAES
EPJNA
Groupes
M
SD
M
SD
M
SD
Forte estime de soi sociale
167.1
2.75
.65
1.09
29.75
8.63
Phobie sociale et estime de soi 20
Tableau 2
Nombre de participants sans diagnostic de trouble mental et avec diagnostic de phobie sociale selon les résultats de l’entrevue clinique
structurée pour le DSM-IV 1SCID-IV1 et classement de ces participants à partir des scores de coupure pour T Inventaire d’estime de soi
sociale (IESSI. !,Inventaire d’anxiété et d’évitement sociale (IAES) et L’Échelle de peur du jugement négatif d’autrui (EPJNA).
IES S
(Score de coupure de 121)
IRAS
(Score de coupure de 4)
EPJNA
(Score de coupure de 38)
SCID-IV
Non
phobiques
Phobiques
sociaux
Non
phobiques
Phobiques
sociaux
Non
phobiques
Phobiques
sociaux
Aucun
diagnostic
21
20
1
19
2
17
4
Phobie sociale
18
0
18
1
17
5
13
21
CONCLUSION GÉNÉRALE
Ce mémoire avait comme objectifs principaux d’établir un lien entre la phobie sociale et
l’estime de soi sociale et d’examiner le potentiel de l’Inventaire d’estime de soi sociale à
identifier les sujets souffrant de phobie sociale. L’incidence de la phobie sociale chez les
personnes présentant une estime de soi sociale faible et chez les personnes présentant une estime
de soi sociale élevée a été comparée. La sensibilité et la spécificité de l’Inventaire d’estime de soi
sociale à la phobie sociale ont été examinées.
Les résultats de la présente étude ont permis d’établir que la faible estime de soi sociale
est associée à une incidence très élevée de la phobie sociale dans la population générale.
Également, les résultats obtenus vont dans le même sens que la littérature scientifique et
confirment la présence d’un lien étroit entre la phobie sociale et l’estime de soi sociale. Aussi,
les résultats soulignent le potentiel clinique de l’Inventaire d’estime de soi sociale comme outil
de dépistage des individus souffrant de phobie sociale dans la population générale. En effet,
l’Inventaire d’estime de soi sociale présente une sensibilité de 100% au diagnostic de la phobie
sociale établit par une entrevue structurée pour DSM-IV (Structured Clinical Interview for DSM-
IV).
Par ailleurs, des recherches futures impliquant une étude de traitement serait d’un grand
intérêt afin d’examiner la nature de la relation entre l’estime de soi sociale et la phobie sociale.
De plus, des études utilisant un plus grand échantillon de participants avec une plus grande
étendue des scores à l’Inventaire d’estime de soi sociale seront nécessaires avant de recommander
l’usage de ce test pour le dépistage de la phobie sociale.
Les résultats de ce mémoire soulignent donc l’importance de considérer l’estime de soi
sociale dans la compréhension et le traitement de la phobie sociale. Cette étude apporte
également une contribution importante au niveau diagnostic, dépistage et traitement de la phobie
sociale.
22
BIBLIOGRAPHIE
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ANNEXE A
26
INVENTAIRE DE L’ESTIME DE SOI SOCIAL (Lawson, Marshall, McGrath, 1977)
NOM: ______________________________________________ DATE: ______________________
S.V.P., placer, pour chacune des phrases ci-dessous, un chiffre dans l'espace approprié selon l'échelle suivante :
Complètement 123456 Exactement
différent de moi comme moi
Par exemple, si vous pensez qu'une phrase vous décrit exactement, vous devriez placer "6" vis-à-vis cette phrase. Si la phrase est complètement le contraire de vous, alors vous devriez placer "1" a coté de celle-ci. Les nombres de "2" à "5" représentent des degrés variés du concept "comme moi". Vous êtes priés de choisir le chiffre qui décrit de façon appropriée votre similarité à la position exprimée dans la phrase.
1. J'ai de la difficulté à parler à des étrangers. 2. Je manque de confiance en moi avec les gens. 3. Je fonctionne bien socialement.
4. Je me sens en confiance dans les situations sociales. 5. Il est facile de m'aimer.
6. Je m'entends bien avec les autres personnes. 7. Je me fais des ami(e)s facilement.
8. Je suis gai(e) et plein(e) d'humour dans les situations sociales. 9. Quand je suis avec d'autres personnes, je perds confiance en moi. 10. Je trouve,qu'il est difficile de me faire des ami(e)s.
27
Complètement 123456 Exactement
différent de moi comme moi
12. J'entretiens raisonnablement bien la conversation. 13. Je suis populaire chez les gens de mon âge.
14. J'ai peur des grosses réceptions (party).
15. J'ai vraiment du plaisir à assumer des rôles sociaux.
16. Habituellement je dis ce qu'il ne faut pas quand je parle avec les gens. 17. Je me sens sûr(e) de moi aux réceptions (party).
18. Habituellement je suis incapable de trouver quelque chose d'intéressant à dire aux gens.
19. Je suis ennuyant(e) pour la plupart des gens. 20. Les gens ne me trouvent pas intéressant(e).
21. Je suis nerveux(se) avec des gens qui ne sont pas des ami(e)s intimes. 22. J'ai passablement de facilité a rendre les gens à l'aise avec moi. 23. Je suis plus génë(e) que la plupart des gens.
24. Je suis une personne amicale.
25. Je peux facilement soutenir l'intérêt des gens. 26. Je n'ai pas beaucoup de "personnalité".
27. Les gens apprécient beaucoup ma compagnie.
28. Je suis passablement satisfait(e) de moi comme personne.
29. Je suis passablement maladroit(e) dans les situations sociales. 30. Je ne me sens pas à l'aise avec les autres personnes.
28
ANNEXEE
29
Nom:___________________________________
Date: ___________________________________
AES
Répondez par vrai (V) ou faux (F) à chacune des phrases suivantes.
Encerclez la réponse qui vous décrit le mieux.
V
F
1. Je me sens bien même dans des rencontres dont
je n'ai pas l'habitude.
V
F
2. J'essaie d'éviter les situations qui m'obligent à
être très sociable.
V
F
3. Je me détends facilement en présence des gens
que je ne connais pas.
V
F
4. Je ne désire pas particulièrement éviter les gens.
V
F
5. Les rencontres sociales me dérangent souvent.
V
F
6. Je me sens habituellement calme et confiant/e
dans des rencontres sociales.
V
F
7. Je suis habituellement à l'aise de parler à une
personne de l'autre sexe.
V
F
8. J'essaie d'éviter de parler aux gens que je ne
connais pas bien.
V
F
9. Si j'ai la chance de rencontrer de nouvelles
personnes, j'en profite.
V
F
10. Je me sens souvent nerveux/nerveuse ou tendu/e
lorsque je me retrouve dans un groupe où il y a
des gens des deux sexes.
V
F
11. Je suis habituellement nerveux/nerveuse avec
les gens que je connais peu.
V
F
12. Je me sens ordinairement détendu/e quand je
suis avec un groupe de personnes.
V
F
13. Je veux souvent fuir les gens.
V
F
14. D'habitude, je me sens mal à l'aise dans un groupe
30