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Qualité nutritionnelle de l'offre alimentaire : quel est le portrait des aliments qui ciblent les enfants?

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Academic year: 2021

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Qualité nutritionnelle de l'offre alimentaire : Quel est le

portrait des aliments qui ciblent les enfants?

Mémoire

Joséane Gilbert-Moreau

Maîtrise en nutrition - avec mémoire

Maître ès sciences (M. Sc.)

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Résumé

Les recherches démontrent que l’environnement alimentaire dans lequel un individu évolue exerce une influence sur ses choix alimentaires. L’exposition à une offre alimentaire de meilleure qualité, composante de l’environnement alimentaire, est ainsi plus favorable à l’adoption de saines habitudes alimentaires. Davantage influencés par leur environnement, les enfants représentent une population vulnérable à laquelle il est intéressant de s’attarder. Plusieurs études se sont penchées sur la qualité nutritionnelle de produits alimentaires étant destinés aux enfants en raison de leur marketing, observant que la majorité de ces aliments et boissons étaient de faible qualité nutritionnelle. Dans l’optique de connaître la qualité nutritionnelle de l’offre alimentaire au Québec en ayant comme public cible d’intérêt les enfants, la composition nutritionnelle de trois catégories d’aliments portant majoritairement du marketing destiné aux enfants (i.e., céréales à déjeuner, barres granola et yogourts et desserts laitiers) a été analysée à l’aide de données issues des études sectorielles de l’Observatoire de la qualité de l’offre alimentaire. Ce mémoire illustre l’importance de s’intéresser au marketing alimentaire ciblant les enfants afin d’en diminuer les impacts négatifs sur cette population. Les résultats de cette étude ont permis de mettre en lumière que des améliorations sont nécessaires, particulièrement pour la teneur en sucres libres ainsi que la qualité nutritionnelle générale des céréales à déjeuner ciblant les enfants. Ces résultats permettent donc d’établir un portrait de la qualité nutritionnelle de certains produits alimentaires destinés aux enfants dans l’offre alimentaire actuelle au Québec et ainsi appuyer les réflexions en ce qui concerne l’amélioration de l’encadrement du marketing alimentaire à l’égard de cette population vulnérable.

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Abstract

Studies show that the food environment in which an individual lives influences their food choices. Exposure to a food supply of better quality, a component of the food environment, is therefore more favorable to the adoption of healthy eating habits. Highly influenced by their environment, children represent a vulnerable population that is worth focusing on. Several studies have looked at the nutritional quality of food products targeted to children due to their marketing, observing that most of these foods and beverages were of poor nutritional quality. With the purpose of characterizing the nutritional quality of the food supply in Quebec by considering children as a target audience of interest, the nutritional composition of three food categories showing high proportions of marketing intended to children (i.e., breakfast cereals, granola bars and yoghurts and dairy desserts) was analyzed using data from sectoral studies of the Food Quality Observatory. This manuscript illustrates the importance of being interested in food marketing to children in order to reduce its negative impacts on this population. Results of the study showed that improvements are needed, particularly in the amount of free sugars as well as the overall nutritional quality of child-targeted breakfast cereals. These results make it possible to get an overview of the nutritional quality of some food products targeted to children in the current food supply in Quebec and thus support reflections on improving the regulation of food marketing with regard to this vulnerable population.

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Table des matières

Résumé ... ii

Abstract ... iii

Table des matières ... iv

Liste des figures ... vi

Liste des tableaux ... vii

Liste des abréviations et des sigles ... viii

Avant-propos ... ix

Introduction ... 1

Chapitre 1 : Problématique ... 3

1.1 L’alimentation et la santé ... 3

1.1.1 Lien entre l’alimentation et la santé ... 3

1.1.1.1 Impact sur la santé des différents types de sucres ... 4

1.1.2 Portrait des apports alimentaires des Québécois ... 6

1.2 Environnement alimentaire ... 8

1.2.1 Portrait de l’environnement alimentaire ... 8

1.2.2 Qualité nutritionnelle de l’offre alimentaire ... 9

1.2.3 Observatoire de la qualité de l’offre alimentaire ... 11

1.3 Marketing alimentaire aux enfants ... 13

1.3.1 Omniprésence du marketing alimentaire aux enfants... 13

1.3.2 Influence sur les enfants ... 16

1.3.3 Qualité nutritionnelle des aliments ciblant les enfants ... 18

1.4 Réglementations concernant le marketing alimentaire aux enfants ... 20

1.4.1 Contexte canadien... 20

1.4.1.1 Contexte québécois ... 21

1.4.2 Réglementations à l’international ... 23

Chapitre 2 : Objectifs et hypothèse de recherche ... 24

2.1 Mise en contexte ... 24

2.2 Objectifs de l’étude ... 25

2.3 Hypothèse de recherche ... 25

Chapitre 3 : [Valeur nutritive des produits alimentaires destinés aux enfants : Résultats de l’Observatoire de la qualité de l’offre alimentaire] ... 26

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3.1 Résumé ... 28 3.2 Abstract ... 29 3.3 Introduction ... 30 3.4 Methods ... 31 3.5 Results ... 34 3.6 Discussion ... 35 3.7 References ... 38 3.8 Tables ... 42 3.9 Supplementary material ... 46 Conclusion générale ... 47 Bibliographie ... 52

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Liste des figures

Chapitre 1

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Liste des tableaux

Chapitre 3

Table 1: Calculation of free sugars content for RTE breakfast cereals, granola bars and yoghurts and dairy desserts ... 42 Table 2: Nutritional composition of RTE breakfast cereals, granola bars and yoghurts and dairy desserts, per reference serving... 44 Table 3: Nutritional composition of granola bars and yoghurts and dairy desserts, per 100 g ... 45 Table 4: Nutritional composition of child-targeted products according to food category, per reference serving... 45 Table S1: Nutritional composition of child-targeted products according to food category, per 100 g ... 46 Table S2: Number of products without free sugar according to targeted consumer and food category ... 46

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Liste des abréviations et des sigles

AMT : Apport maximal tolérable

ESCC : Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes GAC : Guide alimentaire canadien

INAF : Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels NUTRISS : Centre Nutrition, santé et société

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Avant-propos

Mon projet de maîtrise a été possible dans le contexte des travaux de l’Observatoire de la qualité de l’offre alimentaire. Avant même de commencer ma maîtrise, j’ai eu la chance de travailler sur les travaux de l’Observatoire en étant auxiliaire de recherche pour ce projet lors du dernier été de mes études au 1er cycle. Ma participation dans ce grand projet d’envergure m’a permis de développer de nombreuses compétences qui me seront essentielles tout au long de ma carrière en tant que nutritionniste. Ce mémoire est le fruit de tout le travail que j’ai réalisé au long de cette merveilleuse aventure qu’est la maîtrise. Malgré le fait que mon projet de maîtrise s’intègre dans le cadre de travaux d’envergure, j’ai eu la chance de réaliser toutes les étapes de celui-ci par ma participation à la collecte de données jusqu’à la réalisation de l’entièreté des analyses statistiques. Ce projet a mené à la rédaction d’un article dont je suis la première auteure, intégré dans ce présent mémoire, ayant été soumis le 1er décembre 2020 à la revue scientifique Public Health Nutrition. Je tiens à remercier l’ensemble des coauteurs pour leur collaboration tout au long de mon projet ainsi que pour leur révision de l’article : Sonia Pomerleau, Julie Perron, Pierre Gagnon, Marie-Ève Labonté et Véronique Provencher.

Ce mémoire représente l’ensemble d’un grand travail n’ayant pas pu être possible sans la présence et le soutien d’une équipe extraordinaire. Je n’aurais pas eu le même parcours aux études supérieures sans ma directrice de recherche, Véronique Provencher. Lorsque j’ai décidé d’entamer ma maîtrise en nutrition, il était certain que celle-ci se déroulerait avec elle. Je la remercie pour son grand soutien, son écoute et sa confiance. Un grand merci à Marie-Ève Labonté, ma codirectrice de recherche, pour son expertise et sa disponibilité à m’aider malgré son départ en congé de maternité. Ensuite, je remercie Sonia Pomerleau, professionnelle de recherche, qui a toujours réponse à tout. Sonia est une personne très positive dont l’aide et la présence ont été indispensables dans la réalisation de mon projet. Je tiens aussi à remercier Julie Perron, professionnelle de recherche, pour sa douceur. C’est un réel plaisir d’avoir pu travailler avec elle. Je remercie également Pierre Gagnon, statisticien, qui a été indispensable dans la réalisation de mes analyses statistiques. De plus,

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un merci particulier aux étudiantes (Gabrielle Plamondon, Émilie Bernier et Raphaëlle Jacob) ayant participé aux études sectorielles incluses dans ce projet de même que toutes les personnes impliquées de près ou de loin au niveau de l’Observatoire de la qualité de l’offre alimentaire. Je remercie également le Centre Nutrition, santé et société (NUTRISS) pour la bourse d’études à la maîtrise.

Je désire aussi prendre le temps de remercier toute la grande famille de l’INAF. Ma maîtrise fut un réel plaisir grâce à toutes les personnes que j’ai pu y côtoyer. Je ne crois pas qu’il existe un autre endroit où l’ambiance peut être aussi exceptionnelle. J’en garde de précieux souvenirs et de grands liens d’amitié.

Finalement, je remercie mon conjoint, mes parents, mon frère, ma sœur ainsi que leurs conjoints et leurs petits trésors. Vous êtes ce que j’ai de plus précieux dans la vie. Merci pour tous vos encouragements tout au long de cette belle aventure. Aucun mot n’est assez fort pour décrire l’importance de votre soutien.

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Introduction

Les maladies chroniques sont des problèmes de santé de plus en plus répandus dont les impacts sur la vie des individus qui en souffrent sont grands. Elles ont des effets négatifs sur la qualité de vie en plus d’avoir un effet au niveau sociétal en étant un fardeau financier pour les soins de santé (Le commissaire à la santé et au bien-être, 2010). Ce ne sont pas seulement les adultes qui sont concernés par cette problématique, mais aussi les enfants. L’obésité infantile a grandement augmenté dans les dernières décennies, les taux d’obésité des enfants étant presque trois fois plus élevés au Canada qu’il y a 30 ans, les rendant davantage à risque de plusieurs problèmes de santé, dont les maladies chroniques (Gouvernement du Canada, 2019e). L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) considère l’obésité infantile comme l’un des plus grands défis pour la santé publique au 21e siècle

(Organisation mondiale de la Santé, 2020).

Bien que plusieurs facteurs de risque des maladies chroniques soient non modifiables, tels que l’âge ou le sexe, d’autres se trouvent à être modifiables (Agence de la santé publique du Canada, 2015). Les habitudes de vie ont une influence sur l’apparition de ces maladies : le tabagisme, l’alimentation ainsi que l’activité physique étant trois facteurs d’un grand intérêt (Le commissaire à la santé et au bien-être, 2010). L’alimentation malsaine fait partie des facteurs de risque comportementaux du développement des maladies chroniques et il s’agit d’un facteur qui est modifiable (Agence de la santé publique du Canada, 2015). Un régime alimentaire non adéquat, constitué d’aliments riches en énergie, lipides et sucres, fait partie des principales causes de l’augmentation de l’obésité infantile (Organisation mondiale de la Santé, 2020).

L’alimentation s’avère donc un aspect primordial à considérer dans les stratégies en contexte de prévalence élevée de maladies chroniques. En lien avec la hausse des taux d’obésité infantile dans le monde, les enfants représentent une population particulièrement d’intérêt. Il est important que les enfants acquièrent de saines habitudes de vie dès le plus

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jeune âge afin de les protéger des problématiques de santé à court, moyen et long terme qui pourraient être évitées en agissant sur leur alimentation. Plusieurs facteurs influencent la consommation alimentaire. Ces facteurs peuvent être des déterminants individuels ou environnementaux (Raine, 2005). Les préférences alimentaires ainsi que les connaissances en nutrition sont des exemples de déterminants individuels alors que l’environnement familial, la disponibilité et l’accessibilité des aliments sont plutôt des déterminants environnementaux (Raine, 2005).

Dans ce contexte, l’évaluation de la qualité nutritionnelle des produits alimentaires qui ciblent les enfants prend toute son importance. L’offre alimentaire se trouve à être un déterminant environnemental des choix alimentaires. Une offre alimentaire de bonne qualité nutritionnelle est nécessaire afin de permettre l’atteinte d’une saine alimentation chez cette population d’intérêt. Dans l’offre alimentaire actuelle, plusieurs produits alimentaires ciblent spécifiquement les enfants en raison du marketing utilisé à leur égard. Les enfants sont vulnérables face à ce marketing n’ayant pas encore acquis les aptitudes cognitives pour comprendre la nature persuasive de celui-ci. Il s’avère alors important d’évaluer ces produits afin d’établir le portrait de la qualité des aliments et boissons étant destinés aux enfants pour ainsi déterminer où il faut agir pour assurer une amélioration.

Ce présent mémoire traite donc de la caractérisation de la qualité nutritionnelle de l’offre alimentaire québécoise en s’intéressant spécifiquement aux produits alimentaires ciblant les enfants. Le premier chapitre aborde la problématique du projet de recherche en présentant l’état actuel de la littérature sur le sujet divisé en quatre sections, soit l’alimentation et la santé, l’environnement alimentaire, le marketing alimentaire aux enfants ainsi que les réglementations concernant le marketing alimentaire aux enfants. Le deuxième chapitre met l’étude en contexte et présente les objectifs ainsi que l’hypothèse de recherche. Le troisième chapitre présente l’article scientifique en anglais, celui-ci ayant été soumis pour publication dans la revue scientifique Public Health Nutrition. Finalement, une conclusion générale permet une discussion sur le projet de recherche offrant des perspectives futures.

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Chapitre 1 : Problématique

1.1 L’alimentation et la santé

1.1.1 Lien entre l’alimentation et la santé

Le lien entre l’alimentation et la santé est étudié depuis très longtemps. À cet égard, les maladies chroniques sont définies par l’OMS comme étant « des affections de longue durée qui en règle générale, évoluent lentement » et il s’agit de la première cause de mortalité mondiale (Organisation mondiale de la Santé). Au Canada, 65 % des décès sont attribuables aux maladies chroniques, comprenant les maladies cardiovasculaires, le cancer, les maladies respiratoires chroniques et le diabète (Government of Canada, 2017). Plusieurs études ont démontré des associations entre de mauvaises habitudes alimentaires et certaines maladies chroniques (Micha et al., 2017; Willett & Stampfer, 2013). L’alimentation se trouve à être un des facteurs de risque des maladies chroniques qui est modifiable, d’où l’importance de s’y intéresser afin de travailler à améliorer l’alimentation des individus et des populations pour ainsi diminuer leur risque. L’amélioration de la qualité de l’alimentation diminue les risques de mortalité de toutes causes (Sotos-Prieto et al., 2017; Wirt & Collins, 2009). Lorsque l’on s’intéresse à la qualité de l’alimentation, le sucre, le sodium ainsi que les gras saturés s’avèrent à être des nutriments d’intérêt. Une consommation excessive en sodium est associée à une pression artérielle élevée et augmente le risque de maladies cardiovasculaires (He, Li, & Macgregor, 2013). Une consommation élevée en gras saturés peut aussi augmenter le risque de maladies cardiovasculaires (Hooper et al., 2020). Quant au sucre, une consommation élevée est associée à une balance énergétique positive, au gain de poids, au diabète ainsi qu’à la carie dentaire (Mela & Woolner, 2018). Cependant, il est important de noter que les différents types de sucres ont des effets distincts sur la santé. La prochaine section présentera les différents types de sucres présents dans l’alimentation ainsi que leurs effets respectifs sur la santé.

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1.1.1.1 Impact sur la santé des différents types de sucres

Il existe différents types de sucres, tous regroupés sous le terme « sucres totaux ». Leur distinction est d’une importance capitale lorsque l’on s’intéresse à la santé, puisque la compréhension des différents effets de chacun d’eux permet de savoir où intervenir. Le terme « sucres totaux » englobe trois types de sucres, soit les sucres naturellement présents, les sucres ajoutés ainsi que les sucres libres. La figure 1 permet d’illustrer la classification de chacun de ces sucres afin de mieux la comprendre et le paragraphe suivant définit chacun d’eux.

Figure 1: La nomenclature pour le sucre dans l’alimentation

(Figure adaptée de Plamondon, L. & Paquette, M.-C. (2017). La consommation de sucre et

la santé – fiche thématique. Québec: Institut national de santé publique du Québec)

Les sucres naturellement présents sont ceux que l’on retrouve dans les aliments à l’état naturel. Il s’agit de sucres contenus dans les produits laitiers (lactose) ainsi que dans les fruits et légumes non transformés (fructose, glucose et saccharose). Les sucres ajoutés sont

Sucres totaux

Sucres ajoutés

(par le fabricant,

cuisiner ou

consommateur)

Sucres

naturellement

présents

Jus de fruits

Sucres

libres

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tous les sucres qui sont ajoutés dans les aliments et boissons. Finalement, les sucres libres sont quant à eux définis par l’OMS comme étant : « les monosaccharides et les disaccharides ajoutés aux aliments et aux boissons par le fabricant, le cuisinier ou le consommateur, ainsi que les sucres naturellement présents dans le miel, les sirops, les jus de fruits et les jus de fruits à base de concentré » (World Health Organization, 2015). Les sucres ajoutés font ainsi partie des sucres libres. Les sucres libres se différencient des sucres ajoutés par le fait que les jus de fruits sont également inclus sous cette terminologie (Mela & Woolner, 2018).

La consommation de certains aliments étant des sources de sucres, tel que les fruits et légumes ainsi que les produits laitiers, qui contiennent des sucres naturellement présents, est encouragée puisque celle-ci est connue pour ses effets positifs sur la santé. La consommation de fruits et légumes est associée à un risque diminué de maladies cardiovasculaires, de cancer et de mortalité (Aune et al., 2017). Des effets neutres ou bénéfiques ont été observés dans de nombreuses revues systématiques analysant les associations entre la consommation de produits laitiers, ou de fruits et de légumes, et le risque de gain de poids ou de diabète de type 2 (Abargouei, Janghorbani, Salehi-Marzijarani, & Esmaillzadeh, 2012; Aune, Norat, Romundstad, & Vatten, 2013; Carter, Gray, Troughton, Khunti, & Davies, 2010; Dougkas, Reynolds, Givens, Elwood, & Minihane, 2011; Hebden et al., 2017; Schwingshackl et al., 2015; Schwingshackl et al., 2017).

Le constat n’est pas le même pour les aliments et boissons étant des sources de sucres ajoutés et/ou de sucres libres. Ces sources de sucre sont plutôt associées à des effets nuisibles sur la santé. La consommation de sucres ajoutés est associée négativement à la qualité de l’alimentation (Louie & Tapsell, 2015). Cette association négative entre la consommation de sucre et la qualité de l’alimentation est davantage présente lorsque l’on s’intéresse aux sucres ajoutés comparativement aux sucres totaux (Louie & Tapsell, 2015). De plus, la relation entre le gain de poids, une balance énergétique positive, le diabète de

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type 2 et la consommation de sucre est plus forte avec les sucres ajoutés et libres qu’avec les sucres totaux (Mela & Woolner, 2018). Les différents types de sucres n’étant pas distinguables chimiquement, puisqu’il s’agit de la même molécule, ces effets divergents s’expliquent par la matrice dans laquelle se retrouvent ceux-ci (Mela & Woolner, 2018). Le terme « sucres libres » s’avère à être le plus intéressant à cibler en lien avec la santé comparativement à « sucres ajoutés » et « sucres totaux » (Mela & Woolner, 2018), puisque ce terme inclut tous les sucres ajoutés, mais aussi les sucres contenus dans les jus de fruits qui sont connus pour avoir des effets nuisibles sur la santé comparativement aux fruits entiers. En effet, la consommation de jus de fruits a été associée à un risque plus élevé de balance énergétique positive (Hebden et al., 2017; Heyman & Abrams, 2017), de gain de poids (Auerbach, Dibey, Vallila-Buchman, Kratz, & Krieger, 2018; Hebden et al., 2017) et de caries dentaires (Auerbach et al., 2018; Heyman & Abrams, 2017). Le terme « sucres libres » permet donc d’englober tous les sucres pouvant avoir des effets néfastes sur la santé.

Bref, les différents types de sucres ont des effets divergents sur la santé, d’où l’importance de bien les distinguer. Cependant, trouver l’information sur chacun d’eux n’est pas simple. En effet, au Canada, il n’est pas possible pour les consommateurs de faire la distinction de ces différents types de sucres pour un produit alimentaire, le tableau de la valeur nutritive présentant seulement l’information sur la quantité de sucres totaux (Gouvernement du Canada, 2019g). À ce jour, il y a peu d’études qui différencient les différents types de sucres, ce qui représente une lacune dans la littérature.

1.1.2 Portrait des apports alimentaires des Québécois

Au Canada, les Enquêtes sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) permettent d’obtenir différentes informations en lien avec la santé des Canadiens pour les dix provinces ainsi que les trois territoires (Statistique Canada, 2020). La nutrition ne faisant pas partie de la composante annuelle de ces enquêtes, les deux dernières enquêtes

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fournissant des données sur cette thématique ont eu lieu en 2004 ainsi qu’en 2015. Ce sont donc les données de consommation recueillies lors de l’ESCC 2015 – Nutrition qui sont les plus récentes à ce jour. Celles-ci ont permis de mettre en lumière le fait qu’au Québec, chez les personnes de 1 an et plus, les apports en sucre ainsi qu’en sodium sont élevés (Plante, Rochette, & Blanchette, 2019). L’apport moyen quotidien en sucre de la population québécoise est de 100 g alors que celui en sodium se situe à 2901 mg (Plante et al., 2019). Comparativement à l’apport en sucre des adultes, qui est de 95 g/j, celui des enfants (1-18 ans) est significativement plus élevé en étant de 119 g/j (Plante et al., 2019). L’apport en sucre des enfants représente plus du quart (26 %) de leur apport énergétique total et ce sont les garçons de 14 à 18 ans qui ont les apports les plus élevés avec 152 g/j (Plante et al., 2019). Afin de faciliter la compréhension de ce que peut représenter cette consommation, l’apport moyen en sucre des jeunes de 119 g/j équivaut à environ 28 cuillères à thé de sucre (Gouvernement du Canada). Il est important de noter que les apports en sucre recueillis lors de l’ESCC de 2015 se trouvent à représenter les apports en sucres totaux étant donné que, tel que mentionné précédemment, la quantité de sucres libres n’est pas une information qui est disponible sur le tableau de la valeur nutritive des produits alimentaires au Canada (Gouvernement du Canada, 2019g) ni dans les bases de données telles que le Fichier canadien sur les éléments nutritifs.

Ces apports en sucre et en sodium des Québécois dépassent les recommandations. Pour le sodium, les apports maximaux tolérables (AMT) se situent entre 1500 mg et 2300 mg par jour dépendamment de l’âge (Institute Of Medicine, 2005). Du côté du sucre, il n’y a pas d’AMT établi au Canada, mais l’OMS recommande de réduire au minimum la consommation en sucre, plus précisément que les apports en sucres libres soient inférieurs à 10 % de l’apport énergétique total tant chez l’adulte que chez les enfants (World Health Organization, 2015). Le nouveau Guide alimentaire canadien (GAC) publié en 2019, dans ses recommandations à l’intention des consommateurs, mentionne « Limitez la consommation d’aliments élevés en sodium, en sucres et en gras saturés » (Gouvernement du Canada, 2019a). C’est dans les Lignes directrices canadiennes en matière

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politiques, que le Canada émet une recommandation quantifiable pour les sucres et il s’agit de la même recommandation que l’OMS, soit que l’apport en sucres libres doit être de moins de 10 % de l’apport énergétique total (Gouvernement du Canada, 2019d). Les apports en sucres recueillis lors de l’ESCC étant les apports en sucres totaux, une étude (Moubarac & Batal, 2016; Plamondon & Paquette, 2017) s’est intéressée à identifier le pourcentage de l’énergie totale représenté par les sucres libres dans l’alimentation des Québécois en utilisant une base de données de l’Université de Toronto comportant la teneur en sucres libres des aliments. L’apport calorique moyen provenant des sucres libres, en 2004, était de 15,5 % chez les 2 à 8 ans, 16,7 % chez les 9 à 13 ans ainsi que de 17,1 % chez les 14 à 18 ans. À titre comparatif, celui des adultes était de 13,8 %, soit inférieur à toutes les catégories d’âge en dessous de 18 ans. Une autre étude plus récente (Bergeron et al., 2019) a documenté les apports en sucres chez les 18 à 65 ans et a démontré que l’apport en sucres libres des adultes québécois représentait en moyenne 11,7 % de l’apport énergétique quotidien. Peu importe le groupe d’âge, il est possible de constater que l’apport en sucres libres des Québécois dépasse la recommandation de 10 % de l’OMS et que les enfants ont des apports plus élevés que les adultes.

1.2 Environnement alimentaire

1.2.1 Portrait de l’environnement alimentaire

Malgré les recommandations nutritionnelles existantes et les nombreux efforts déployés afin d’améliorer les habitudes alimentaires de la population, force est de constater que ce ne sont pas tous les individus qui réussissent à atteindre celles-ci, leurs choix alimentaires n’étant pas toujours en accord avec les recommandations. Les choix alimentaires sont réalisés par les individus, mais il est important de comprendre que ceux-ci peuvent être modulés par l’environnement alimentaire qui les entoure. En effet, depuis quelques années, plusieurs recherches s’intéressent aux environnements alimentaires et démontrent que l’environnement dans lequel un individu évolue exerce une influence sur ses choix alimentaires (Ni Mhurchu et al., 2013; Sallis & Glanz, 2009), donc sur ce qui sera

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consommé par celui-ci. Le Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec définit l’environnement alimentaire comme « l’ensemble des conditions dans lesquelles une personne a accès aux aliments, les achète et les consomme » (Ministère de la Santé et des Services sociaux, 2010). L’environnement alimentaire est complexe et comprend de nombreuses composantes. Afin de parvenir à aider les individus à améliorer leurs habitudes alimentaires, l’environnement alimentaire doit être favorable. Mais qu’est-il entendu par un environnement alimentaire qui est favorable à la santé ? Swinburn et collaborateurs définissent les environnements alimentaires sains comme étant des « environnements dans lesquels les aliments, les boissons et les repas, qui contribuent à un régime alimentaire de la population étant conforme aux directives nutritionnelles nationales, sont largement disponibles, ont des prix abordables et sont largement promus » (traduction libre de (Swinburn et al., 2013), p.2).

Sachant qu’un individu fait de nombreux choix alimentaires chaque jour et que ceux-ci sont influencés par l’environnement alimentaire dans lequel il gravite, le fait de s’y intéresser davantage et de travailler à améliorer celui-ci, afin de rendre les choix sains plus faciles et les choix moins sains plus difficiles, prend tout son sens.

1.2.2 Qualité nutritionnelle de l’offre alimentaire

L’offre alimentaire est une dimension très importante de l’environnement alimentaire. Celle-ci fait référence à tous les aliments et boissons, soit tout ce qui peut être consommé et offert dans divers lieux. L’offre alimentaire a subi énormément de changements dans les dernières décennies. Il y a une surabondance d’aliments disponibles partout et en tout temps, d’où le fait que l’environnement actuel est qualifié d’obésogène (Ministère de la Santé et des Services sociaux, 2012). Un environnement obésogène est un environnement où plusieurs facteurs empêchent ou rendent plus difficile l’adoption de saines habitudes alimentaires et d’un mode de vie actif (Ministère de la Santé et des Services sociaux, 2012; Swinburn, Egger, & Raza, 1999). De nombreux produits alimentaires transformés ont vu le

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jour et prennent de plus en plus de place dans l’offre alimentaire actuelle au détriment des produits frais. Ce changement est associé à une augmentation de la densité énergétique des aliments offerts. Il est important de savoir qu’il n’y a pas de définition universelle de ce qu’est un produit alimentaire transformé. Il existe tout de même le système de classification NOVA qui divise les aliments en quatre groupes selon leur degré de transformation : aliments frais ou minimalement transformés (groupe 1), ingrédients culinaires transformés (groupe 2), aliments transformés (groupe 3) et aliments ultra-transformés (groupe 4). Les aliments transformés sont définis comme étant « des produits relativement simples, fabriqués avec les aliments du groupe 1 auxquels on ajoute du sucre, de l'huile, du sel ou une autre substance appartenant au groupe 2 » (Moubarac & Batal, 2016). Les aliments ultra-transformés sont quant à eux « des formulations industrielles composées de nombreuses substances extraites ou dérivées des aliments. Mis à part les sucres, les sels, les huiles et les gras, les ingrédients des aliments ultra-transformés incluent des substances qui ne sont pas utilisées dans les préparations culinaires » (Moubarac & Batal, 2016). Cependant, cette classification ne fait pas l’unanimité, celle-ci se trouvant à être critiquée dans la littérature (Gibney, Forde, Mullally, & Gibney, 2017). Du côté du nouveau GAC, la terminologie utilisée est plutôt « aliments hautement transformés », ces derniers étant définis de la façon suivante : « Les aliments hautement transformés regroupent les boissons et les aliments transformés ou préparés qui constituent un apport excessif en sodium, en sucres ou en gras saturés dans le régime alimentaire des Canadiens » (Gouvernement du Canada, 2019c).

Les aliments ultra-transformés contiennent généralement une grande quantité de sucre, de sel et de gras (Plamondon, Durette, & Paquette, 2019). La ligne directrice numéro deux des

Lignes directrices canadiennes en matière d’alimentation du GAC va dans ce sens et

affirme que « Les aliments et boissons transformés ou préparés qui contribuent à une consommation excessive de sodium, de sucres libres ou de lipides saturés nuisent à la saine alimentation » (Gouvernement du Canada, 2019d). Comparativement aux autres aliments, les aliments transformés et ultra-transformés disponibles dans l’offre alimentaire pourraient être de moins bonne qualité nutritionnelle globale et contenir davantage de sodium, de gras

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saturés et de sucres libres. Ce sont les trois quarts des sucres libres consommés par la population québécoise qui proviennent des aliments ultra-transformés et la consommation en aliments ultra-transformés est significativement supérieure chez les enfants en comparaison aux adultes de 19 ans et plus (Moubarac & Batal, 2016). Une consommation d’aliments transformés étant reliée à une alimentation de moins bonne qualité, un réel intérêt s’est développé envers la caractérisation de l’offre alimentaire. Les travaux de l’équipe d’INFORMAS, un réseau international d’organisations et de chercheurs qui vise à soutenir les secteurs public et privé dans l’atteinte d’environnements favorables à la santé, s’intéressent à l’évaluation de la qualité de l’offre alimentaire afin d’aider les gouvernements ainsi que l’industrie à trouver des solutions à une consommation d’aliments étant associée aux maladies chroniques (Neal et al., 2013). Leur approche de surveillance de l’offre alimentaire comprend les composantes suivantes : l’analyse du contexte actuel (politiques et actions existantes ayant une influence sur l’offre alimentaire), la détermination des principales sources d’où proviennent les aliments consommés par la population (écoles, supermarchés, restaurants, aliments maison, etc.), la collecte et l’analyse de données sur les aliments (selon les informations recueillies aux deux étapes précédentes) ainsi que, si possible, la validation de l’information nutritionnelle colligée sur les tableaux nutritionnels des produits alimentaires par l’analyse chimique directe d’un échantillon de produits. Cette méthode est appliquée de la même façon dans différents pays et à différents moments, ce qui permet les comparaisons. La caractérisation de l’offre alimentaire est une étape nécessaire afin de pouvoir travailler à son amélioration. L’Observatoire de la qualité de l’offre alimentaire s’intéresse ainsi à cette composante très importante de l’environnement alimentaire qu’est l’offre alimentaire et sera décrit dans la section qui suit.

1.2.3 Observatoire de la qualité de l’offre alimentaire

L’Observatoire de la qualité de l’offre alimentaire (ci-après nommé Observatoire), entité membre de l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels, a été créé en 2016 (https://offrealimentaire.ca). Sa mission est de « suivre l’évolution de l’offre alimentaire

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[québécoise] afin de contribuer à l’effort collectif visant à améliorer sa qualité et son accessibilité » (Observatoire de la qualité de l'offre alimentaire - INAF, 2019). Les travaux de recherche d’envergure menés par l’Observatoire s’inscrivent dans le contexte du plan d'action de la Politique gouvernementale de prévention en santé (2017-2021) du Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec. Plus spécifiquement, les travaux sont en appui à la mesure 3.2 étant d’« améliorer la qualité nutritive des aliments au Québec » ayant comme objectif (3.1) d’« améliorer l’accès à une saine alimentation » et faisant partie de l’orientation 3 du plan d’action, soit l’« amélioration des conditions de vie qui favorisent la santé » (Ministère de la Santé et des Services sociaux, 2018).

Plusieurs études sectorielles, qui analysent la qualité nutritionnelle de catégories d’aliments jugées prioritaires, sont réalisées afin de caractériser l’offre alimentaire actuelle et suivre celle-ci dans le temps. Pour ce faire, les différents produits alimentaires appartenant aux catégories ciblées ont été collectés dans les commerces d’alimentation tels que des épiceries appartenant à chacune des différentes bannières (IGA, Metro, Super C, Maxi, Provigo et Avril Supermarché Santé) ainsi que des magasins à grande surface (Wal-Mart et Costco). Les critères établis par le comité scientifique de l’Observatoire et ayant permis de prioriser les catégories d’aliments à étudier sont les suivants : impact sur la santé, avoir un taux de pénétration élevé dans l’ensemble des ménages, démontrer une large étendue de la variabilité de la valeur nutritive au sein de la catégorie ainsi qu’avoir un potentiel d’amélioration de la qualité nutritionnelle (Pomerleau, Perron, Gagnon, & Provencher, 2020). La mise en place de ces critères a été nécessaire afin d’assurer que les catégories de produits alimentaires étudiées soient d’une utilité sociale.

De 2016 à aujourd’hui, ce sont les céréales à déjeuner, les pains tranchés, les viandes transformées tranchées, les soupes prêtes-à-servir, les barres granola, les repas surgelés, les sauces pour pâtes, les yogourts et desserts laitiers, les biscuits et galettes ainsi que les saucisses qui ont été analysés. Trois autres catégories, soit les craquelins, les grignotines et les pizzas préparées sont présentement en processus d’analyse par l’équipe de

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l’Observatoire. Une dernière catégorie, soit les produits de fromage, fera aussi partie des catégories d’aliments étudiées. Il s’agit de toute l’information disponible sur l’emballage de chacun des produits alimentaires de chacune des catégories d’aliments qui est recueillie, ce qui permet d’avoir non seulement les informations nutritionnelles du tableau de la valeur nutritive qui sont nécessaires à l’analyse de la qualité nutritionnelle, mais aussi l’information sur les allégations nutritionnelles, la liste des ingrédients ainsi que la clientèle cible en lien avec la présence de marketing sur l’emballage.

La mise en place de cet Observatoire permet donc de générer les connaissances nécessaires afin d’avoir une vision globale du portrait de l’offre alimentaire au Québec et des enjeux qui l’entourent. Ces travaux de l’Observatoire permettront de contribuer à l’amélioration de la qualité nutritionnelle des aliments disponibles au Québec.

1.3 Marketing alimentaire aux enfants

1.3.1 Omniprésence du marketing alimentaire aux enfants

Le marketing alimentaire est un autre élément important de l’environnement alimentaire. Il n’est pas nécessaire de chercher longtemps pour faire face à du marketing alimentaire qui est destiné aux enfants. L’augmentation de l’obésité infantile dans le monde (World Health Organization, 2019) a fait grandir les préoccupations envers celui-ci. La publicité, composante du marketing, se définit comme étant une « activité ayant pour but de faire connaître une marque, d’inciter le public à acheter un produit, à utiliser tel service, etc. » (Dictionnaire de Français Larousse). Dans le domaine de l’alimentation, celle-ci incite donc à l’achat d’un produit alimentaire précis parmi un large éventail d’autres options. Au Québec, la Coalition québécoise sur la problématique du poids (Coalition Poids) a réalisé, en 2018-2019, sur une période de six mois, un portrait de la publicité alimentaire destinée aux enfants dans les commerces de détail alimentaire, les restaurants rapides et familiaux ainsi que dans les lieux et les événements familiaux. Une forte présence de marketing

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alimentaire a été observée dans ces lieux. Il s’agit d’un total de 469 emballages de produits alimentaires ciblant les enfants qui a été recensé dans les commerces de détail alimentaire (Coalition québécoise sur la problématique du poids, 2019e), comprenant les épiceries, les grandes chaînes de dépanneurs, les magasins de grandes surfaces tels que Wal-Mart et Dollarama ainsi que les pharmacies (Coalition québécoise sur la problématique du poids, 2019a). En plus des emballages des produits alimentaires portant du marketing ciblant les enfants, ces commerces de détail alimentaire comportaient aussi de nombreux présentoirs, de plusieurs types, conçus pour attirer l’attention des enfants (Coalition québécoise sur la problématique du poids, 2019e). Pour ce qui est des restaurants rapides et familiaux, la publicité alimentaire aux enfants s’y retrouvait par le biais de l’apparence des menus, des jouets inclus avec les repas, de l’emballage des repas, des promotions à l’intérieur des restaurants (affiches, décor, présentoirs, salles de jeux, etc.) ainsi que par l’utilisation de personnages de marques et de logos (Coalition québécoise sur la problématique du poids, 2019c). Les lieux et événements familiaux au Québec ne faisaient pas exception à la règle. Des publicités destinées aux enfants ont été retrouvées dans les fêtes familiales, les centres d’amusement ainsi que dans les cinémas (Coalition québécoise sur la problématique du poids, 2019b). Les enfants sont bombardés de publicités d’aliments et de boissons, peu importe l’endroit où ils se trouvent.

La télévision ainsi que les réseaux sociaux sont aussi des modes de communication largement utilisés afin de diffuser des publicités alimentaires pour attirer l’attention des enfants. Une étude canadienne a montré que les trois quarts des enfants du Canada sont exposés à des publicités d’aliments lorsqu’ils naviguent sur leurs applications de médias sociaux préférés, incluant Facebook, Instagram, Snapchat, Twitter et Youtube (M. Potvin Kent, Pauze, Roy, de Billy, & Czoli, 2019). La télévision est quant à elle aussi énormément utilisée dans plusieurs pays pour diffuser de la publicité d’aliments et de boissons ciblant les enfants (Kelly et al., 2010; Kelly et al., 2019). Au Canada, excepté dans la province de Québec dont la position sera décrite dans la section 1.4.1.1, il s’agit d’environ 11 annonces d’aliments et/ou de boissons qui sont vues par les enfants toutes les heures, par poste télévisé (Kelly et al., 2019). Ces annonces portent en très grande majorité sur des aliments

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et boissons de faible qualité nutritionnelle, les céréales à déjeuner étant la catégorie d’aliments la plus fréquente (Kelly et al., 2019). Le marketing alimentaire ciblant les enfants par le biais de publicités télévisées est largement étudié, on retrouve donc actuellement dans la littérature un grand nombre d’études sur ce sujet ayant été réalisées dans plusieurs pays.

Bien que la télévision soit le mode de communication le plus étudié dans la littérature en lien avec le marketing alimentaire aux enfants, il faut savoir que plusieurs stratégies diverses sont utilisées pour arriver à rejoindre les enfants. Parmi celles-ci, l’une des plus populaires se trouve à être l’utilisation de personnages sur l’emballage des produits alimentaires (Elliott, 2019; Garcia, Morillo-Santander, Parrett, & Mutoro, 2019; Gimenez, Saldamando, Curutchet, & Ares, 2017; Hebden, King, Kelly, Chapman, & Innes-Hughes, 2011; Mehta et al., 2012). Cependant, lorsque l’on s'intéresse aux emballages des produits alimentaires étant destinés aux enfants, il est possible d’observer que ce n’est pas toujours qu’une seule stratégie qui est utilisée sur ceux-ci. En effet, il n’est pas rare de voir que plusieurs stratégies sont utilisées simultanément afin de capter leur attention. En moyenne, il s’agit d’environ trois à six techniques de marketing différentes qui sont utilisées sur l’emballage d’un seul produit alimentaire ciblant les enfants (Coalition québécoise sur la problématique du poids, 2019d; Mehta et al., 2012). Parmi celles-ci, on compte la présence de personnages divers, l’utilisation de couleurs vives, la présence d’écritures enfantines, une forme particulière de l’emballage, de la fantaisie/magie, une référence à la boîte à lunch et/ou une référence au jeu (Coalition québécoise sur la problématique du poids, 2019e; Mehta et al., 2012). Le marketing alimentaire destiné aux enfants via l’emballage des produits est une technique puissante de plus en plus utilisée qui mérite une grande attention. Au Canada, le nombre de produits alimentaires portant du marketing destiné aux enfants sur leur emballage a augmenté de 2009 à 2017 (Elliott, 2019). Il est possible de trouver dans la littérature de plus en plus d’études s’intéressant à cette stratégie de marketing alimentaire utilisée à l’intention des enfants.

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1.3.2 Influence sur les enfants

Tel que mentionné précédemment, la publicité alimentaire incite à l’achat d’un produit alimentaire précis parmi un grand éventail d’options. Il est intéressant de noter qu’un produit alimentaire qui vise les enfants possède une double cible puisque ce sont les parents qui effectuent majoritairement les achats alimentaires. Un aliment ou une boisson qui affiche un marketing spécifique qui est intéressant aux yeux d'un enfant, par la présence de super-héros connus, couleurs attrayantes, bonhommes animés, acteurs d’un film populaire, personnalités connues ou de jeux par exemple (Chapman, Nicholas, Banovic, & Supramaniam, 2006; Elliott, 2008; Lythgoe, Roberts, Madden, & Rennie, 2013; Schwartz, Vartanian, Wharton, & Brownell, 2008), pourra aussi influencer le choix des parents puisque l'enfant le demandera (Cairns, Angus, Hastings, & Caraher, 2013). Ainsi, peu importe les caractéristiques publicitaires d'un produit alimentaire qui amènent les enfants et/ou les parents à le choisir pour leur enfant, l'influence que ce produit possède en raison de son marketing pourrait faire en sorte qu'il serait davantage consommé. Les enfants ont un pouvoir d’achat et sont des consommateurs à long terme, en étant les consommateurs du futur, faisant d’eux une très bonne cible.

Lorsque l’on s’intéresse au marketing alimentaire, les enfants se trouvent à être une population très importante à considérer en étant particulièrement vulnérables face à celui-ci. En effet, les enfants ne sont pas conscients des effets que le marketing peut avoir sur eux et des intentions de ventes qui se cachent nécessairement derrière chaque publicité (Graff, Kunkel, & Mermin, 2012; Wright, Friestad, & Boush, 2005). Leur développement cognitif ne leur permet pas de reconnaître l’intention commerciale d’une publicité avant l’âge d’environ 8 ans et ils ne sont pas en mesure de comprendre l’intention et les techniques persuasives des publicités avant l’âge d’environ 12 ans (Graff et al., 2012). Les enfants ne sont pas sceptiques à l’égard des affirmations véhiculées par un message jusqu’à l’âge d’environ 11 à 12 ans (Mills & Keil, 2005). Jusqu’à 12 ans, ils tendent donc à accepter les messages publicitaires sans jugement critique.

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Les nombreux impacts négatifs sur les enfants du marketing alimentaire les ciblant font de celui-ci un enjeu préoccupant. Le fait qu’un produit alimentaire affiche du marketing destiné aux enfants sur son emballage a un impact sur les préférences de ceux-ci (Sadeghirad, Duhaney, Motaghipisheh, Campbell, & Johnston, 2016; Smith, Kelly, Yeatman, & Boyland, 2019). En effet, les enfants rapportent aimer davantage un aliment dont l’emballage affiche du marketing les ciblant comparativement à un autre produit alimentaire dont l’emballage ne comporte pas de publicité leur étant destiné, même s’il s’agit exactement du même aliment à l’intérieur des deux emballages (Lapierre, Vaala, & Linebarger, 2011). Le simple fait d’avoir un logo connu par l’enfant sur l’emballage d’aliments influence ses préférences (Robinson, Borzekowski, Matheson, & Kraemer, 2007). Avant même d’avoir une influence sur leurs préférences pour un aliment, le marketing alimentaire a un impact sur les choix alimentaires que feront les enfants. Un enfant a plus de probabilité de choisir un produit alimentaire ayant un emballage qui le cible comparativement à un produit similaire qui n’affiche pas de marketing le ciblant (McGale, Halford, Harrold, & Boyland, 2016). Dans le contexte où les achats alimentaires ne sont pas réalisés par les enfants, mais bien par leurs parents, le marketing alimentaire peut influencer directement les demandes d’achats faites aux parents (Cairns et al., 2013). Le marketing alimentaire aux enfants a aussi un impact sur leur consommation alimentaire en ayant pour effet d’augmenter leur consommation d’aliments et de boissons portant du marketing les ciblant (Smith et al., 2019) et en augmentant significativement leurs apports alimentaires (Sadeghirad et al., 2016). Considérant les effets du marketing alimentaire à l’intention des enfants sur leurs choix alimentaires, leurs préférences, leurs demandes d’achats ainsi que leur consommation alimentaire, il apparaît crucial d’analyser la qualité nutritionnelle des aliments qui affichent du marketing qui les cible. La section suivante s’y intéresse en faisant un portrait des informations disponibles à ce sujet dans la littérature actuelle.

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1.3.3 Qualité nutritionnelle des aliments ciblant les enfants

Plusieurs études se sont intéressées à la qualité nutritionnelle des produits alimentaires étant destinés aux enfants en raison de leur marketing. Celles-ci ont permis de mettre en lumière le fait que les aliments et boissons ciblant les enfants sont de qualité nutritionnelle moindre (Hebden et al., 2011; Lavrisa & Pravst, 2019) en étant majoritairement des produits riches en sucres, sodium et/ou lipides (Gimenez et al., 2017; Lapierre, Brown, Houtzer, & Thomas, 2017; Mehta et al., 2012). Au Québec, dans son portrait sur la publicité alimentaire aux enfants, la Coalition Poids a dévoilé que 90 % des produits ayant été recensés se trouvaient à être des produits alimentaires riches en sucre, sel ou en gras (Coalition québécoise sur la problématique du poids, 2019d), l’analyse de la valeur nutritive ayant été basée sur le pourcentage de valeur quotidienne de ces nutriments (Coalition québécoise sur la problématique du poids, 2019a). Peu d’aliments et de boissons de bonne qualité nutritionnelle comprenaient de la publicité ciblant les enfants, seulement 16 laits nature, 21 fruits et légumes frais ainsi que huit yogourts ayant été inventoriés (Coalition québécoise sur la problématique du poids, 2019e). Les collations (incluant les grignotines, barres et biscuits), les céréales à déjeuner, les produits laitiers, les boissons sucrées ainsi que les desserts glacés se trouvent à être les catégories d’aliments les plus publicisés aux enfants dans les commerces de détail alimentaire au Québec (Coalition québécoise sur la problématique du poids, 2019e). Les fruits et légumes représentent quant à eux majoritairement la catégorie d’aliments avec le moins de marketing ciblant les enfants (Elliott, 2008; Lavrisa & Pravst, 2019; Luisa Machado, Mello Rodrigues, Bagolin do Nascimento, Dean, & Medeiros Rataichesck Fiates, 2019). Il est à noter que ceci peut peut-être s’expliquer par le fait que les fruits et légumes sont souvent moins emballés que d’autres aliments.

Les études portant sur la composition nutritionnelle des produits alimentaires destinés aux enfants présentes dans la littérature actuelle permettent donc de mettre en lumière le fait que le marketing alimentaire ciblant les enfants fait majoritairement la promotion d’aliments et de boissons de faible qualité nutritionnelle. La réduction de la teneur en

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sucres, sodium et gras des produits alimentaires transformés ainsi que de faire du marketing destiné aux enfants de façon responsable font partie des solutions pouvant réduire l’obésité infantile (World Health Organization, 2019). Il est important de soulever que dans les différentes études analysant la qualité nutritionnelle d’aliments et de boissons étant destinés aux enfants en raison de leur marketing, l’évaluation de la quantité de sucre se fait par la quantité de sucres totaux. Très peu d’études font la distinction des différents types de sucres malgré leurs différents effets sur la santé.

La méthode utilisée dans les différentes études afin d’évaluer la qualité nutritionnelle des produits alimentaires ciblant les enfants est majoritairement une comparaison de ces produits aux produits destinés à la population générale (sans publicité ciblant les enfants). Lorsqu’ils sont comparés aux produits pour la population générale, ceux destinés aux enfants en raison de leur marketing les ciblant s’avèrent généralement à être de valeur nutritive plus faible (Lythgoe et al., 2013; Monique Potvin Kent, Cameron, & Philippe, 2017; Schwartz et al., 2008). La qualité nutritionnelle des céréales à déjeuner destinées aux enfants est largement étudiée comparativement aux autres catégories de produits alimentaires. Pourtant, au Québec, tel que mentionné précédemment, les céréales à déjeuner ne se trouvent pas à être la seule catégorie d’aliments faisant la cible de marketing à l’intention des enfants (Coalition québécoise sur la problématique du poids, 2019e). Les barres et les produits laitiers font partie des catégories d’aliments les plus publicisées aux enfants (Coalition québécoise sur la problématique du poids, 2019e) et se trouvent à être des aliments étant consommés régulièrement par les enfants. En effet, les barres granola ainsi que les produits laitiers sont des aliments se retrouvant souvent dans les boîtes à lunch des enfants (Evans, Greenwood, Thomas, & Cade, 2010; Rockell, Parnell, Wilson, Skidmore, & Regan, 2011). Cependant, peu d’études se sont consacrées à l’analyse de la qualité nutritionnelle de ces deux catégories d’aliments en lien avec le marketing alimentaire aux enfants. De plus, dans la littérature, très peu d’études ont été réalisées en comparant les produits alimentaires destinés aux enfants entre eux. Les catégories sont plutôt analysées de façon isolée en comparant les produits portant du marketing pour enfants à ceux qui n’en affichent pas, à l’intérieur d’une même catégorie d’aliments.

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1.4 Réglementations concernant le marketing alimentaire aux enfants

1.4.1 Contexte canadien

En 2016, le gouvernement fédéral canadien a lancé la Stratégie en matière de saine alimentation visant à améliorer l’environnement alimentaire au Canada. Une des intentions de cette stratégie est de protéger les populations vulnérables en travaillant notamment sur la restriction de la publicité des boissons et des aliments malsains visant les enfants (Gouvernement du Canada, 2019f). Un projet de loi modifiant la Loi sur les aliments et

drogues a été présenté devant le Sénat en 2016, soit le projet de Loi sur la protection de la santé des enfants (Projet de loi S-228) afin d’interdire la publicité d’aliments et de boissons

ciblant les enfants (Parlement du Canada, 2019). Pour arriver à définir quels sont les aliments et boissons malsains, ce que signifie la publicité destinée aux enfants et quels techniques/modes de communication devraient être restreints ou non et ainsi orienter le développement de règlements, une consultation auprès du public, des organisations de la santé, de l’industrie et d’autres intervenants ayant de l’intérêt envers le sujet a été réalisée à l’été 2017 (Santé Canada, 2017). Les participants à cette consultation étaient appelés à fournir leur avis sur l’approche proposée par Santé Canada comprenant entre autres le fait d’orienter la définition d’aliments et boissons malsains sur le sodium, le sucre et les lipides saturés, en fonction de leur teneur. Il faut savoir qu’à ce jour, le Projet de loi S-228 n’a toujours pas été adopté. En effet, cette loi n’a pas reçu l’approbation finale avant le déclenchement des élections ayant eu lieu en 2019, elle n’a donc pas pu être adoptée et devra être présentée à nouveau. L’adoption de ce projet de loi représenterait un énorme avancement en ce qui concerne les efforts visant à protéger les enfants des impacts négatifs du marketing alimentaire.

Malgré qu’il n’y ait pas de loi au Canada qui interdit la publicité d’aliments et de boissons auprès des enfants, il existe tout de même l’Initiative canadienne pour la publicité sur les aliments et les boissons destinés aux enfants, ayant été créée en 2007. Il s’agit d’une initiative volontaire d’entreprises canadiennes de l’industrie des aliments et des boissons

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dont l’engagement est le suivant : « Les entreprises qui participent à l’Initiative s’engagent à centrer leur publicité et leur marketing destinés aux enfants sur des aliments et des boissons qui sont conformes aux principes d’une bonne nutrition, y compris des produits à teneur réduite en calories, en matières grasses, en sel et en sucres ajoutés, et des produits plus nutritifs qui sont importants pour la santé publique » (Initiative Canadienne pour la publicité sur les aliments et les boissons destinés aux enfants, 2017). Pour déterminer quels produits alimentaires peuvent être publicisés aux enfants, des critères nutritionnels par catégories d’aliments (huit) ont été établis et les composants ciblés ne devant pas dépasser certaines limites sont les calories, les gras saturés, le sodium ainsi que les sucres totaux (Les normes canadiennes de la publicité, 2014). Par exemple, pour la catégorie « yogourts et produits de type yogourt », pour une portion de 175 g, la quantité de calories doit être inférieure ou égale à 175 kcal, à 2 g pour les gras saturés, à 140 mg pour le sodium et à 24 g pour les sucres totaux. À ce jour, c’est un total de 16 entreprises qui y participe (Normes de la publicité, 2020).

Il est donc possible de constater qu’au Canada, au niveau fédéral, il n’existe aucune réglementation obligatoire en lien avec la publicité d’aliments et de boissons de faible qualité nutritionnelle étant destinée aux enfants. Cependant, cela n’est pas le cas pour la province de Québec. En effet, la publicité destinée aux enfants est interdite au Québec, ce qui sera détaillé dans la sous-section suivante.

1.4.1.1 Contexte québécois

Le Québec est depuis longtemps un grand exemple à l’international en ce qui concerne le contrôle de la publicité destinée aux enfants. Au Québec, la publicité destinée aux enfants âgés de moins de treize ans est encadrée depuis 1980. En effet, la Loi sur la protection du

consommateur contient l’article 248 stipulant que « Sous réserve de ce qui est prévu par

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moins de treize ans » (Gouvernement du Québec, 2020). L’article 249 permet de préciser qu’est-ce qui est entendu par destiné aux enfants âgés de moins de treize ans :

249. Pour déterminer si un message publicitaire est ou non destiné à des personnes de moins de treize ans, on doit tenir compte du contexte de sa présentation et notamment :

a) de la nature et de la destination du bien annoncé; b) de la manière de présenter ce message publicitaire; c) du moment où de l’endroit où il apparaît.

Le fait qu’un tel message publicitaire soit contenu dans un imprimé destiné à des personnes de treize ans et plus ou destiné à la fois à des personnes de moins de treize ans et à des personnes de treize ans et plus ou qu’il soit diffusé lors d’une période d’écoute destinée à des personnes de treize ans et plus ou destinée à la fois à des personnes de moins de treize ans et à des personnes de treize ans et plus ne fait pas présumer qu’il n’est pas destiné à des personnes de moins de treize ans. (Gouvernement du Québec, 2020)

La réglementation en place au Québec ne vise pas spécifiquement le marketing alimentaire aux enfants, mais toute publicité ciblant les enfants de moins de treize ans étant interdite, la publicité des aliments et boissons en est partie intégrante. Cependant, il est important de comprendre que la publicité alimentaire évolue continuellement, de plus en plus présente sur le Web par exemple, et que la loi comporte certaines exceptions, ne protégeant donc pas totalement les enfants québécois contre une exposition à certaines publicités d’aliments et de boissons les ciblant. Les trois exceptions prévues dans le Règlement d’application de la

Loi sur la protection du consommateur sont :

1 - Publicité dans un magazine pour enfants 2 - Publicité annonçant un spectacle pour enfants 3 - Vitrine, étalage, contenant, emballage et étiquette (Office de la protection du consommateur, 2012).

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Ainsi, ces exemptions font en sorte qu’il est toujours possible de faire de la publicité destinée aux enfants. Il est possible de constater que l’utilisation des emballages des produits alimentaires, une technique largement utilisée afin de capter l’attention des enfants, se trouve dans les exceptions de la loi québécoise. L’industrie alimentaire arrive alors à contourner la loi et à continuer de cibler les enfants par le biais de ces exceptions. Le marketing alimentaire demeure donc un enjeu préoccupant au Québec, malgré l’existence de la loi.

1.4.2 Réglementations à l’international

C’est en 2010 que l’OMS a fait un appel à l’action afin de réduire l’impact du marketing des aliments et boissons destinés aux enfants (Organisation mondiale de la Santé, 2010). Il est donc intéressant d’observer ce qui est fait au niveau international à ce sujet. La publicité alimentaire destinée aux enfants est encadrée, ou non, de différentes façons dans plusieurs pays du monde. Les restrictions obligatoires en lien avec le marketing d’aliments et de boissons destinés aux enfants s’appliquent en majorité seulement à la télévision. Autrement, il s’agit de mesures volontaires de l’industrie alimentaire. De nombreux pays, par exemple le Chili, la Corée du Sud, l’Iran, l’Irlande, le Mexique, la Norvège, le Royaume-Uni et la Suède restreignent les annonces publicisées d’aliments et de boissons malsains destinés aux enfants à la télévision (Obesity Policy Coalition, 2018; World Cancer Research Fund International - NOURISH FRAMEWORK, 2018). Dans d’autres pays, tels que l’Australie, le Danemark, l’Espagne et la Nouvelle-Zélande, il s’agit d’une restriction volontaire (Obesity Policy Coalition, 2018; World Cancer Research Fund International - NOURISH FRAMEWORK, 2018). Les restrictions au niveau mondial en lien avec le marketing alimentaire aux enfants relèvent majoritairement d’initiatives de l’industrie, ayant été reconnues comme étant moins efficaces (Boyland & Harris, 2017; Galbraith-Emami & Lobstein, 2013). À ce jour, le Québec demeure donc, au niveau mondial, l’endroit où la publicité destinée aux enfants est la plus restreinte.

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Chapitre 2 : Objectifs et hypothèse de recherche

2.1 Mise en contexte

La présente étude prend place dans le contexte des travaux de l’Observatoire, visant à contribuer à l’amélioration de l’offre alimentaire au Québec. L’offre alimentaire est une composante très importante de l’environnement alimentaire, celui-ci ayant été démontré comme ayant une influence sur les choix alimentaires des individus. Lorsque l’on s’intéresse à l’amélioration de l’offre alimentaire, les enfants se trouvent à être une population d’intérêt. En effet, ceux-ci représentent une population vulnérable et l’acquisition de saines habitudes alimentaires dès le plus jeune âge est très importante. L’offre alimentaire actuelle est caractérisée par de nombreux produits alimentaires ciblant les enfants. Le marketing alimentaire aux enfants est préoccupant puisqu’il se trouve majoritairement sur des produits alimentaires de faible qualité nutritionnelle étant riches en sucres, sodium et/ou gras saturés. Lors du début de la présente étude, l’Observatoire avait terminé les études sectorielles pour les céréales à déjeuner, les pains tranchés, les viandes transformées tranchées, les soupes prêtes-à-servir, les barres granola, les repas surgelés ainsi que pour les sauces pour pâtes. De plus, la collecte pour les yogourts et desserts laitiers était sur le point de commencer. Ayant comme cible le marketing alimentaire aux enfants, notre choix s’est arrêté sur les trois catégories suivantes : céréales à déjeuner, barres granola ainsi que yogourts et desserts laitiers. Il s’agit de catégories d’aliments faisant la cible de marketing alimentaire aux enfants qui sont des sources potentielles de sucres libres et qui sont fréquemment consommées par les enfants. La revue de la littérature sur le marketing alimentaire aux enfants a permis de mettre en lumière que la majorité des études portaient sur les céréales à déjeuner, que les produits alimentaires pour enfants étaient majoritairement comparés à ceux de la même catégorie d’aliments n’en portant pas et que la quantité de sucres analysée était la teneur en sucres totaux, les sucres n’étant donc pas différenciés selon les différents types. Ces principaux constats ont donc permis de déterminer les objectifs de cette étude, présentés dans la prochaine section.

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2.2 Objectifs de l’étude

L’objectif principal de cette présente étude était de caractériser la qualité nutritionnelle de produits alimentaires étant destinés aux enfants (i.e. céréales à déjeuner, barres granola ainsi que yogourts et desserts laitiers tel que mentionné précédemment) dans l’offre alimentaire québécoise. Pour y arriver, les objectifs spécifiques étaient les suivants :

1. Calculer la teneur en sucres libres des produits alimentaires;

2. Comparer la composition nutritionnelle, incluant la teneur en sucres libres, de produits alimentaires destinés aux enfants et de produits alimentaires destinés à la population générale;

3. Comparer la composition nutritionnelle, incluant la teneur en sucres libres, de produits destinés aux enfants entre les catégories d’aliments ciblées.

2.3 Hypothèse de recherche

L’hypothèse de recherche générale émise dans le cadre de cette étude est que la composition nutritionnelle des produits alimentaires destinés aux enfants est différente de ceux destinés à la population générale avec une plus faible qualité nutritionnelle, s’expliquant majoritairement par une teneur plus élevée en sucres libres. Pour le troisième objectif, aucune hypothèse spécifique n’a été formulée, puisqu’à notre connaissance, il n’y a aucune étude comparant les produits alimentaires destinés aux enfants entre catégories d’aliments.

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Chapitre 3 : [Valeur nutritive des produits alimentaires destinés aux

enfants : Résultats de l’Observatoire de la qualité de l’offre alimentaire]

Title: Nutritional value of child-targeted food products: Results from the Food Quality Observatory

Joséane Gilbert-Moreau1,2, Sonia Pomerleau1, Julie Perron1, Pierre Gagnon1, Marie-Ève

Labonté1,2 and Véronique Provencher1,2

1 Centre Nutrition, Santé et Société (NUTRISS), Institute of Nutrition and Functional Food

(INAF), Québec, Canada

2 École de Nutrition, Université Laval, Québec, Canada

Corresponding author: Véronique Provencher

Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF), Université Laval 2440, boulevard Hochelaga, Québec, Québec (Canada), G1V 0A6,

Email: veronique.provencher@fsaa.ulaval.ca

Telephone: 418.656.2131 p.404607

Short title: Nutritional value of child-targeted foods

No disclosure.

Acknowledgements: The authors are grateful to Raphaëlle Jacob, Gabrielle Plamondon, and Émilie Bernier for their involvement in data collection and classification, as well as to Laurélie Trudel and the Observatory’s Scientific Committee and Board of Directors for their support.

Figure

Figure 1: La nomenclature pour le sucre dans l’alimentation
Table 2: Nutritional composition of RTE breakfast cereals, granola bars and yoghurts and dairy desserts, per reference  serving     Categories  Targeted  consumers  Weight  (g)  Energy  (kcal)  Lipids  (g)  Saturated fats (g)  Carbohydrates (g)  Total  sug
Table 3: Nutritional composition of granola bars and yoghurts and dairy desserts, per 100 g   Categories  Targeted  consumers  Energy  (kcal)  Lipids  (g)  Saturated fats (g)  Carbohydrates (g)  Total  sugars (g)  Free  sugars (g)  Fibers (g)  Proteins (g)
Table S1: Nutritional composition of child-targeted products according to food category, per 100 g

Références

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