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L'insatisfaction corporelle selon une approche de santé globale

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Academic year: 2021

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L’insatisfaction corporelle selon une approche de santé globale

Mémoire doctoral

Sara Tremblay

Doctorat en psychologie Docteur en psychologie (D. Psy.)

Québec, Canada

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L’insatisfaction corporelle selon une approche de santé globale

Mémoire doctoral

Sara Tremblay

Sous la direction de :

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Résumé

L’insatisfaction corporelle est une problématique complexe qui influence grandement la qualité de vie de nombreux individus. L’approche de santé globale Health At Every Size (HAES) encourage la diversité dans les tailles corporelles et mise sur l’acceptation de soi. Les interventions issues du HAES font la promotion de la santé globale en ciblant des variables alimentaires et psychologiques. Au Québec, le programme « Choisir de Maigrir ? » (CdM ?) s’adresse à des femmes préoccupées par leur poids et leur apparence corporelle et met l’accent sur un corps en santé et une vie équilibrée. Le présent mémoire doctoral a pour objectif d’approfondir les connaissances scientifiques sur l’insatisfaction corporelle suite à une intervention basée sur l’approche HAES. Les résultats démontrent une amélioration significative de l’insatisfaction corporelle des 216 participantes suite au programme de même qu’un maintien des améliorations un an suivant la fin du programme. Chez les 110 femmes du groupe contrôle, une amélioration significative de l’insatisfaction corporelle est aussi notée entre le début du programme et un an suivant sa fin. Les résultats indiquent aussi que les femmes qui améliorent le plus leur insatisfaction corporelle sont celles qui démontrent une plus grande diminution de la restriction alimentaire, des symptômes dépressifs et de l’indice de masse corporelle, ainsi qu’une augmentation de l’alimentation intuitive. Puisque plusieurs de ces variables sont directement ciblées par l’intervention CdM?, les femmes qui améliorent le plus leur image corporelle pourraient aussi être celles qui bénéficient le plus du programme. La recherche sur l’insatisfaction corporelle doit être poursuivie notamment pour mieux comprendre les mécanismes sous-jacents au maintien de l’amélioration de l’insatisfaction

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Table des matières

Résumé ... iii

Table des matières………...iv

Liste des tableaux………. v

Liste des figures………vi

INTRODUCTION GÉNÉRALE ... 1

L’insatisfaction corporelle, un portrait général ... 1

Définitions ... 2

Prévalence et portrait actuel ... 2

Conséquences associées à l’insatisfaction corporelle ... 3

Facteurs associés à l’insatisfaction corporelle ... 4

Interventions et traitements liés à l’insatisfaction corporelle ... 7

OBJECTIFS ET HYPOTHÈSES ... 12

MÉTHODOLOGIE ... 14

Participants et critères de sélection ... 14

Procédure ... 14

Instruments de mesure ... 16

Analyses statistiques ... 18

RÉSULTATS ... 21

Effet de l’intervention sur l’insatisfaction corporelle ... 21

Identification de variables qui modèrent l’effet de l’intervention sur l’insatisfaction corporelle ... 22

Comparaison des femmes selon l’amélioration de l’insatisfaction corporelle ... 23

CONCLUSION GÉNÉRALE ... 25 Forces et limites ... 31 Perspectives futures ... 32 Références ... 34 Tableaux ... 41 Figures ... 42

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Liste des tableaux

Tableau 1. Scores moyens et écart-types pour le score total au Body Esteem Scale………...41 Tableau 2. Scores moyens et écart-types pour le score total au Body Esteem Scale en fonction de la restriction alimentaire ……….41

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Liste des figures

Figure 1. Niveaux de restriction alimentaire. Interaction groupe x temps (modèle mixte)………...42 Figure 2. Niveaux de symptômes dépressifs. Interaction groupe x temps (modèle mixte)...42

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Remerciements

La réalisation de ce projet est le reflet d’un moment déterminant dans ma vie professionnelle et personnelle et n’aurait pas été possible sans la présence déterminante de plusieurs personnes qui me sont chères. Je tiens donc à les remercier du plus profond de mon cœur pour leur contribution significative dans l’aboutissement de ce mémoire doctoral.

Je tiens d’abord à remercier les deux Catherine de ma vie, dieu sait à quel point il était mêlant pour mon entourage de savoir de qui je parlais. Premièrement, je remercie l’univers d’avoir placé Catherine Gagnon sur mon chemin, sans qui je n’aurais pas pu intégrer l’équipe du laboratoire des troubles alimentaires. Catherine, merci pour ta gentillesse, ta bienveillance et ta confiance en moi. Tu as toujours su me faire sentir que je ne te dérangeais pour rien au monde, peu importe à quel point tu étais occupée. Tu as vu le bon en moi et sans toi, je n’aurais pas pu connaître mes confrères et consœurs/amies, et travailler avec Catherine Bégin, ma directrice de mémoire doctoral. Deuxièmement, je tiens à remercier cette dernière pour son accueil, sa patience et son souci du moindre détail, ce qui a rendu ce projet au meilleur de son potentiel. Je suis très fière d’avoir été « dirigée » par toi. Catherine, merci de m’avoir appris à avoir plus de structure dans mes idées et d’avoir maximiser mon côté perfectionniste pendant ce projet. J’ai apprécié nos moments de « rush » durant lesquels je sentais ton support, ta bienveillance et ta réassurance. Merci de m’avoir fait confiance. J’ai beaucoup appris de toi, autant en clinique qu’en recherche, et je t’en remercie profondément.

J’en profite également pour remercier Marilou Côté pour son accompagnement tout au long du projet, particulièrement durant mon passage corsé à travers les statistiques, un univers peu connu avant mon doctorat et duquel j’ai énormément appris. Marilou, merci de m’avoir vulgarisé le tout, d’être demeurée à mes côtés autant physiquement que virtuellement à toute heure du

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jour. Je retire une grande satisfaction personnelle de tout ce que tu m’as appris. Un énorme merci pour tes conseils pendant mes pratiques de séminaire.

Je remercie également Élise Carbonneau, sans qui « mes stats » auraient été beaucoup plus compliquées à réaliser et encore plus à comprendre ! Élise, merci pour ta compétence, ta rapidité et ta précision. Ton aide me fut extrêmement précieuse.

J’en profite pour remercier Stéphane Sabourin pour ses commentaires judicieux et très aidants lors de mes séminaires. Monsieur Sabourin, vous êtes une belle inspiration pour moi, tant au niveau de la recherche qu’au niveau clinique. Votre attitude et votre disponibilité m’ont toujours fait sentir considérée et importante.

Au yoga, à son enseignement, et à toutes les belles personnes qui ont croisé mon chemin et qui sont devenus des amis, il n’y a pas de mots pour dire à quel point je vous en suis reconnaissante. Même dans des moments où je ne pensais pas être capable de pratiquer ou d’enseigner une classe, le yoga et la synergie de tous les yogis présents ont toujours su me ramener à l’essentiel et à m’arrêter dans le temps. Un grand et gros merci à Andy qui a toujours cru en moi, qui m’a permis de me développer et de m’épanouir en tant que professeure, mais aussi en tant que personne puisque le yoga m’a permis de me ramener à mon essence tout en calmant les fluctuations de mon esprit, qui, disons-le, ont été très présentes au cours du doctorat ! Merci pour ta musique, ton calme, ta structure, et tes cours qui sont toujours de beaux voyages. Merci pour ta compréhension, ta bienveillance, ton humour. Merci de faire partie de ma vie et de me faire confiance. Tu es vraiment une belle personne.

À ma pépite d’or, Annie, qui a complètement changé le cours de mes années doctorales. Ta connaissance demeure un trésor que je chérirai toute ma vie. Tu as toujours su trouver les bons mots, posés et justes, beaux temps,

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mauvais temps. Que j’aime être en ta compagnie, à se raconter nos 1001 vies avant notre rencontre ! Du P1 à maintenant, comme notre relation a joliment évolué ! Merci de toujours avoir vu le bon en moi, et de m’avoir challengé dans des moments plus mouvementés. Merci d’avoir rêvé avec moi en parlant (et plus…!) de voyages et de yoga. Merci infiniment pour ta bonté, ta générosité et ta gentillesse.

À ma pierre précieuse Noémie, merci de ton immense support, d’avoir cru en moi et de m’avoir donné les encouragements nécessaires tout au long de ce parcours. Je me souviens de notre première discussion à ce sujet, tout juste avant de commencer ce long périple. À ma partenaire de voyage, mon petit ange gardien qui me fait tant rire et qui est toujours près de moi malgré les 250 km qui nous séparent, merci du fond du cœur!

Un merci incommensurable à ma famille adorée, ma mère Linda, mon père Jean et ma sœur Marilou. Même si je n’étais pas toujours évidente à suivre, vous avez toujours su vous montrer intéressés à ce que je faisais, et votre façon de me supporter est encore à ce jour tellement appréciée. Merci à ma mère pour ses petits plats concoctés avec amour lors de moments de « rush », et son aide précieuse lorsque je ne voyais plus l’autre bout du rouleau, peu importe ce en quoi ça consistait. Merci à mon père pour son ardeur au travail, son cœur sur la main et son sens de l’humour. Ta générosité et ton amour ont amoindri mes inquiétudes et m’ont permis d’être plus paisible et « présente » au quotidien. Papa et maman, vous avez su alléger mes soucis pendant une grande épreuve de ma vie et m’avez permis, à votre façon, de m’auto-actualiser dans une profession que je chéris, et de façon encore plus importante, de me découvrir en tant que personne.

À ma sœur Marilou, je te remercie pour qui tu es : bienveillante, généreuse, douce, drôle et j’en passe ! Tu m’as beaucoup inspirée durant ce projet, mes réflexions menant souvent vers toi et, si je peux me le permettre, à tes éternelles insatisfactions corporelles malgré le fait que tu es parfaite. Marilou, ma sœur d’amour, je te dédie ce mémoire doctoral. Tu es une personne magnifique.

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Finalement, je termine mes remerciements avec la personne qui m’endure au quotidien, mon doux Dominique, sans qui je n’aurais sincèrement pas su cultiver une attitude zen et une façon de jongler avec les aléas de la vie et qui amène beaucoup de légèreté dans ma vie de tous les jours. Merci mon amour de m’avoir fait autant rire pendant ces années éprouvantes et de me donner des ailes à chaque jour. Merci pour chaque journée partagée à tes côtés, je souhaite que ces voyages se poursuivent jusqu’à l’infini. Tu es tout simplement extraordinaire et parfait à mes yeux. Je te félicite également d’avoir mis à terme ce projet de mémoire doctoral car tu es la personne qui a, disons-le, le plus « écopée » pendant les moments plus stressants ;-). Je t’aime de tout mon être.

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INTRODUCTION GÉNÉRALE L’insatisfaction corporelle, un portrait général

La recherche scientifique portant sur l’image corporelle a connu une recrudescence dans les deux dernières décennies. Particulièrement, l’exploration de l’image corporelle et de sa valence négative, l’insatisfaction corporelle, s’est élargie à une grande variété de contextes et de populations (Cash & Smolak, 2011). Bien que la pression de minceur véhiculée par les médias de masse semble toujours présente, depuis quelques années, un changement de paradigme au niveau de la conceptualisation d’un corps sain est observé dans la littérature, embrassant dorénavant l’existence d’une diversité naturelle dans les formes et tailles corporelles (Robison, Putnam, & McKibbin, 2007). Malgré cela, l’approche qui mise sur la perte de poids en tant que principal responsable de changements de l’image corporelle est toujours préconisée (Bacon, 2010; Neumark-Sztainer, 2009). Actuellement, deux courants d’intervention s’adressent de près ou de loin à l’insatisfaction corporelle. Les approches traditionnelles ciblent la perte de poids, de laquelle peut découler une amélioration de l’insatisfaction corporelle (Sarwer, Dilks, & Spitzer, 2011), tandis que les approches de santé globale s’attardent plutôt à d’autres cibles de traitement comme l’acceptation de soi, incluant l’acceptation de son corps tel qu’il est (Bacon & Aphramor, 2011). Les interventions issues de ce paradigme favorisent une meilleure compréhension des facteurs impliqués dans l’insatisfaction corporelle, surtout dans un contexte où celle-ci demeure stable dans le temps si non-adressée et influence grandement la qualité de vie globale et le fonctionnement psychologique des individus qui en souffrent (Cash, Melnyk, & Hrabosky, 2004; Lewis-Smith, Diedrichs, Rumsey, & Harcourt, 2016). Le but du présent mémoire doctoral est de s’intéresser aux changements d’insatisfaction corporelle et aux facteurs y étant associés dans le cadre d’une intervention inspirée d’une approche de santé globale.

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Définitions

L’image corporelle est un construit complexe qui englobe les perceptions et les attitudes qu’a un individu envers son corps, plus particulièrement envers son apparence physique (Cash & Pruzinsky, 2002; Thompson, Heinberg, Altabe, & Tantleff-Dunn, 1999). La composante perceptuelle de l’image corporelle consiste en la représentation mentale que la personne se fait de son propre corps et elle est exprimée par la différence entre la silhouette réelle de cette personne et celle désirée. Cette composante comporte souvent des inexactitudes, la perception de la silhouette réelle étant généralement surestimée (Thompson et al., 1999). Les composantes attitudinales, quant à elles, réfèrent aux pensées, croyances, sentiments et comportements d’un individu à l’égard de son corps. Elles incluent l’évaluation (degré de satisfaction/insatisfaction vis-à-vis son apparence jumelé aux croyances qui en découlent), l’investissement (représentations de soi liées à l’apparence et l’importance des idéaux liés à l’apparence internalisée) et l’affect (émotions liées à l’image corporelle dans des situations spécifiques; Cash, Thériault, & Annis, 2004; Fiske, Fallon, Blissmer, & Redding, 2014). Bien qu’aucun instrument d’évaluation ne semble actuellement en mesure de distinguer clairement ces trois construits à lui seul, l’analyse de plusieurs mesures comme le dessin de silhouettes ou encore les questionnaires auto-rapportés permettent de quantifier les composantes attitudinales de l’insatisfaction corporelle. D’ailleurs, l’instrument le plus utilisé en lien avec l’insatisfaction corporelle est le Body Esteem Scale for Adults and Adolescents (BES, Mendelson, Mendelson, & White, 2001), qui, dans sa version originale, est un questionnaire auto-rapporté de 30 items évaluant l’image corporelle à l’aide de trois sous-échelles (apparence, poids et attribution).

Prévalence et portrait actuel

La problématique que représente l’insatisfaction corporelle est complexe, ce qui explique l’abondance de littérature à ce sujet. Il n’est donc pas surprenant de constater qu’à ce jour, des taux de prévalence très variés ont été répertoriés en

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matière d’insatisfaction corporelle. Une revue de littérature récente incluant différentes études américaines montrent la présence de taux de prévalence d’insatisfaction corporelle s’échelonnant de 11% à 72% chez les femmes adultes et de 8% à 61% chez les hommes (Fiske et al., 2014). Des taux aussi élevés font en sorte que plusieurs auteurs parlent maintenant d’insatisfaction corporelle et de « mécontentement normatif » de façon interchangeable (McLaren & Kuh, 2004a; Pearson, Follette, & Hayes, 2012).

Cette grande variabilité quant aux taux de prévalence de l’insatisfaction corporelle pourrait provenir de certaines limites méthodologiques, notamment du manque de cohérence dans l’opérationnalisation du construit et de l’usage de différents instruments de mesure pour évaluer ce dernier (Fiske et al., 2014). Elle pourrait aussi s’expliquer par l’hétérogénéité des populations étudiées. En effet, il appert que certains sous-groupes basés sur le genre, la catégorie de poids et la présence de troubles alimentaires sont plus à risque d’être insatisfaits de leur corps.

Conséquences associées à l’insatisfaction corporelle

Comme l’insatisfaction corporelle est reliée fortement à l’intention de perdre du poids chez les femmes, il n’est pas surprenant qu’elle soit associée à l’augmentation de comportements liés à l’adoption de régimes et de diètes restrictives ainsi qu’à des tentatives de contrôle de poids. Ces dernières résultent la plupart du temps en un cycle répétitif de pertes suivies de regain de poids, plus communément appelé « effet yoyo » (Marshall, Lengyel, & Utioh, 2012). En effet, le fait de suivre un régime ou de se restreindre au niveau calorique avec l’intention de perdre du poids génère un sentiment de privation qui peut résulter plus souvent qu’autrement en des périodes de désinhibition alimentaire (Humphrey, Clifford, & Neyman-Morris, 2015). Ces cycles de restriction et de désinhibition conduisent souvent à une prise de poids au long cours et placent les femmes à risque de se sentir une fois de plus en échec et ainsi devenir encore plus insatisfaites de leur

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image corporelle (Clifford et al., 2015; Puhl & Brownell, 2001; Wing et al., 2008). D’ailleurs, l’insatisfaction corporelle est également associée au développement de symptômes liés aux troubles des conduites alimentaires et ce serait l’adoption d’une diète qui jouerait le rôle de médiateur dans cette relation (Lewis-Smith et al., 2016; Stice & Shaw, 2002; Tylka, 2004).

L’insatisfaction corporelle est non seulement liée à des comportements et attitudes alimentaires dysfonctionnels, mais également à un bien-être psychologique et une qualité de vie moindres (Cash, Winstead, & Janda, 1986; McLaren, Hardy, & Kuh, 2003; Reboussin et al., 2000). Plus spécifiquement, l’insatisfaction corporelle est associée à des affects négatifs tels que des sentiments de frustration et de honte, des symptômes dépressifs (Reboussin et al., 2000), une diminution de l’intérêt et de la satisfaction sexuels (Fooken, 1994), ainsi qu’à une moins grande satisfaction conjugale (Friedman, Dixon, Brownell, Whisman, & Wilfley, 1999). L’insatisfaction corporelle est également liée à une faible motivation à s’engager dans une activité physique notamment en raison du fait que les femmes n’aiment pas voir leur corps bouger ou encore parce qu’elles se comparent à d’autres femmes plus minces (Ransdell, Wells, Manore, Swan, & Corbin, 1998).

Facteurs associés à l’insatisfaction corporelle

Slevec et Tiggemann (2011) ont effectué une recension des écrits sur les prédicteurs de l’insatisfaction corporelle et des troubles alimentaires, deux variables grandement inter-reliées, auprès des femmes d’âge moyen. Selon ces auteurs, l’insatisfaction corporelle est influencée par des facteurs biologiques, psychologiques et socioculturels.

D’abord, parmi les facteurs de risque, notons celui d’être une femme (Green & Pritchard, 2003; Vartanian, Giant, & Passino, 2001; Slevec & Tiggemann, 2011). Les études font clairement la démonstration que les femmes rapportent davantage d’insatisfaction corporelle que les hommes (Fiske et al., 2014). Celles-ci sont plus

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susceptibles de se percevoir comme étant trop grosses (45%) comparativement aux hommes (25%; Wardle, Hasse, & Steptoe, 2006). En effet, environ une femme sur deux, comparativement à un homme sur trois, exprime le désir de perdre du poids et ce, peu importe leur âge (Ledoux & Rivard, 1998). Également, un pourcentage plus élevé de femmes tentent activement de perdre du poids comparativement aux hommes (51% versus 21%, respectivement; Wardle et al., 2006). D’ailleurs, il semble que dans les pays développés, la majorité des femmes expérimentent de l’insatisfaction corporelle à un moment ou à un autre de leur vie (Coker & Abraham, 2014), et qu’en Amérique du Nord, une femme sur deux éprouve de l’insatisfaction corporelle à un certain degré (Olmsted & McFarlane, 2004).

Un autre facteur de risque, probablement le plus étudié en lien avec l’insatisfaction corporelle pour toutes les strates d’âge, est l’indice de masse corporelle (IMC) (Slevec & Tiggemann, 2011). L’IMC est un rapport chiffré entre le poids et la taille d’une personne (IMC = kg/m2) qui permet de catégoriser le poids des individus afin de déterminer le risque de développer des maladies qui y sont associées (Santé Canada, 2003). L’insatisfaction corporelle serait plus importante à mesure que l’IMC augmente (McLaren & Kuh, 2004a). Les femmes ayant un surplus de poids ou étant obèses seraient davantage insatisfaites de leur corps comparativement aux femmes en sous-poids ou ayant un poids santé (Fiske et al., 2014; McLaren & Kuh, 2004a; Slevec & Tiggemann, 2011). Alors que 47% des femmes ayant un poids santé souhaitent perdre du poids, ce taux grimpe à 79% chez les femmes aux prises avec un surplus de poids. Chez les femmes souffrant d’obésité, des taux plus importants variant entre 89% et 93% sont observés (Ledoux & Rivard, 1998).

D’un point de vue social, les médias exposent les femmes à des modèles de minceur pratiquement inatteignables, où beauté rime avec minceur (Thompson & Heinberg, 1999). La promotion de l’idéal de minceur contribue fortement à l’internalisation de la minceur, qui réfère au degré auquel un individu accepte cognitivement les idéaux de beauté socialement définis et y adhère (Thompson et

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al., 1999). L’internalisation de la minceur est un facteur qui a maintes fois été associé à une image corporelle négative chez les femmes (Cafri, Yamamiya, Brannick, & Thompson, 2005; Stice, 2001; 2002; Slevec & Tiggemann, 2011 ; Vartanian, 2009). En effet, l’internalisation de l’idéal de minceur augmente le risque d’éprouver de l’insatisfaction corporelle vu la quasi-impossibilité pour la majorité des femmes d’atteindre les standards de minceur véhiculés par les médias (Slevec & Tiggemann, 2011; Vartanian & Dey, 2013). En outre, la famille et les pairs influencent aussi la définition que peuvent se faire les femmes à l’égard du corps parfait (Green & Pritchard, 2003; Stice, 1994; van den Berg et al., 2007). Par exemple, la pression qu’exerce des membres de la famille ou des pairs à suivre un régime ou à perdre du poids a été associée à des taux d’insatisfaction corporelle et de troubles alimentaires élevés (Midlarsky & Nitzburg, 2008). De plus, les moqueries et taquineries liées au poids, de même qu’un passé d’abus sexuels et physiques seraient associés à l’insatisfaction corporelle chez les femmes (Wardle et al., 2006; Slevec & Tiggemann, 2011).

Au niveau sociodémographique, les femmes caucasiennes rapportent plus d’insatisfaction corporelle que les femmes hispaniques, noires et afro-américaines (Fiske et al., 2014; Grabe & Hyde, 2006). Les femmes ayant un profil socioéconomique favorable présentent plus d’insatisfaction corporelle que celles qui sont socio-économiquement désavantagées, et ce, même en contrôlant pour l’IMC (McLaren & Kuh, 2004b). Dans leur étude longitudinale, McLaren et Kuh (2004b) observent que les femmes qui, à l’âge de 26 ans, n’avaient pas fait d’études universitaires se sentaient mieux par rapport à leur poids et apparence à l’âge de 54 ans que les femmes ayant fait des études universitaires. Il en serait ainsi possiblement parce que les femmes éduquées seraient plus exposées aux messages éducatifs liés à la santé et les endosseraient davantage, lesquels peuvent favoriser l’insatisfaction corporelle en faisant la promotion d’un corps de rêve et le régime idéal qui l’accompagne (McLaren & Kuh, 2004b).

Plusieurs autres facteurs, dont une faible estime de soi et la présence d’affects négatifs semblent liés à l’insatisfaction corporelle (Slevec & Tiggemann,

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2011). Certains auteurs voient ces facteurs en amont, et d’autres, en aval à l’insatisfaction corporelle. Bien qu’il s’agisse fort possiblement d’une relation bidirectionnelle, la grande majorité des études recensées jusqu’à maintenant ont étudié l’ensemble de ces facteurs à l’aide de protocoles transversaux, rendant donc impossible la tâche d’inférer une causalité quelconque. Les conclusions demeurent donc nuancées et mettent en évidence le besoin de réaliser des études longitudinales afin de mieux comprendre la temporalité de la relation.

Interventions et traitements liés à l’insatisfaction corporelle

Actuellement, il existe différents types d’interventions permettant de traiter directement ou indirectement l’insatisfaction corporelle particulièrement chez les femmes en surpoids et obèses. Les programmes dits « traditionnels » ont pour principale cible de traitement la perte de poids. L’amélioration de l’insatisfaction corporelle est vue comme un bénéfice secondaire à la perte de poids. Plus

récemment, certains de ces programmes incorporent des composantes telles que l’insatisfaction corporelle dans le traitement (Carels et al., 2014). Finalement, il existe des programmes « non-traditionnels » qui sont axés sur l’image corporelle et qui visent la santé globale sans nécessairement avoir pour objectif la perte de poids (Latner & Wilson, 2011; Lewis-Smith et al., 2016).

Les programmes traditionnels de perte de poids ciblent la restriction alimentaire jumelée à la prescription d’activités physiques et l’auto-surveillance, sans particulièrement mettre l’emphase sur l’amélioration de l’image corporelle (Wing & Polley, 2001). L’efficacité des traitements traditionnels est donc évaluée principalement selon le poids perdu et son maintien dans le temps. Certaines études réalisées sur ce type d’approche ont démontré qu’une amélioration de l’insatisfaction corporelle pouvait suivre la perte de poids. En effet, bien que l’insatisfaction corporelle ne soit pas une cible principale de traitement des programmes traditionnels, il a été montré que la satisfaction corporelle augmente lorsque le poids diminue et ce, même si la perte de poids est modeste (Sarwer et

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al., 2011). L’étude de Foster, Wadden et Vogt (1997) démontre une amélioration de l’insatisfaction corporelle suivant une grande perte de poids chez une population de 59 femmes obèses adhérant à un programme de perte de poids s’échelonnant sur 48 semaines. Les auteurs ont observé que les femmes perdaient en moyenne 42 livres pendant la première moitié du traitement, et qu’elles rapportaient également une amélioration significative de leur image corporelle lors de cette même période. Or, pendant la deuxième portion du programme, ces femmes ont repris en moyenne 6.6 livres, un changement associé à une détérioration de l’image corporelle légère mais tout de même significative (Foster et al., 1997). Effectivement, la plupart des individus qui réussissent à perdre du poids via la restriction alimentaire connaissent généralement une amélioration de leur image corporelle, mais cette perte de poids est fréquemment suivie de regains de poids dans les semaines ou mois subséquents (effet yoyo) et l’insatisfaction corporelle tend alors à augmenter (Cooper et al., 2010; Flegal, Caroll, Ogden & Johnson, 2002; Garner & Wooley, 1991; Mann et al., 2007). Ainsi, les études qui se sont penchées sur l’impact des traitements d’approche traditionnelle ont pu constater une relation directe entre la perte de poids et l’amélioration de l’insatisfaction corporelle, celle-ci étant toutefois contrecarrée par un regain de poids au long cours (Bacon & Aphramor, 2011).

En raison de la fragilité du maintien de la perte de poids et des effets délétères qu’entraînent le cycle perpétuel de perte et de regain de poids et des impacts sur l’insatisfaction corporelle, certains chercheurs se sont intéressés à des approches alternatives visant la santé globale des individus, dans lesquelles la perte de poids ne constitue pas l’objectif principal (Marshall et al., 2012). En ce sens, le mouvement HAES, ayant émergé en 1970, questionne justement l’utilité de promouvoir uniquement la perte de poids et propose plutôt que les traitements offerts aux individus en surplus de poids ciblent l’amélioration de la santé globale par l’adoption de saines habitudes de vie en incluant des indicateurs psychologiques tels que l’estime de soi, la régulation émotionnelle et l’insatisfaction corporelle (King, 2007; Bacon & Aphramor, 2011; Robison, 1999; Robison et al., 2007). Ce paradigme vise à atténuer l’anxiété, la honte et la

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préoccupation à l’égard de la nourriture et encourage les femmes préoccupées par leur poids à être à l’écoute de leurs propres signaux de faim et de satiété ainsi qu’à vivre une relation plus saine et harmonieuse avec la nourriture (Robison, 1999). L’efficacité d’un traitement issu de l’approche HAES n’est donc pas évaluée en fonction de la perte de poids, mais plutôt par la présence d’une diminution de la restriction alimentaire et de la régulation externe des signaux de faim et de satiété, l’amélioration des mesures de santé physique et psychologique, et l’augmentation de la satisfaction corporelle (Bacon et al., 2002; Bacon & Aphramor, 2011). Selon cette approche, un poids santé ou approprié n’est donc pas déterminé par l’IMC, mais bien par le poids auquel une personne atteint une qualité de vie et un bien-être lui permettant de maintenir de saines habitudes de vie (Robison, 1999). Par ailleurs, quelques études ont documenté une réduction du poids corporel suite à un programme HAES, bien que la perte de poids n’en soit pas un objectif principal (Bacon et al., 2002; Ciliska, 1998; Gagnon-Girouard et al., 2010).

Au cours des 15 dernières années, certaines études ont examiné les effets des programmes HAES, notamment celle de Bacon et ses collègues (2002). Ces auteurs ont comparé les effets des programmes HAES à ceux d’un programme de perte de poids d’approche cognitive-comportementale auprès de 78 participantes qui ont été séparées en deux groupes égaux et assignées aléatoirement à l’une des deux conditions. Le programme de perte de poids ciblait les comportements et attitudes alimentaires, la nutrition, le support social et l’exercice. Entre autres, les femmes devaient restreindre modérément leur apport en gras et en énergie et étaient encouragées à adhérer à leur régime à l’aide d’un journal alimentaire et à surveiller leur poids hebdomadairement. Le programme HAES ciblait l’acceptation de son corps, les comportements alimentaires, l’activité de façon générale, la nutrition et le support social. Les femmes apprenaient à vivre leur vie pleinement peu importe leur poids, à réguler leurs signaux de faim et de satiété puis à identifier et transformer leurs propres obstacles en une vie plus active. Les auteurs ont observé qu’un an après la fin de l’étude, alors que le groupe de perte de poids avait expérimenté une augmentation du niveau de restriction cognitive et un plus haut taux d’attrition (41%), les participantes du programme HAES avaient

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expérimenté une diminution de leur niveau de restriction cognitive et un taux d’attrition beaucoup plus faible (8%). Un détail intéressant à soulever est que même si seul le groupe de participantes appartenant au programme de perte de poids avait perdu du poids de façon significative, une amélioration de l’estime corporelle a été dénotée chez les deux groupes. Qui plus est, cette amélioration était significativement plus grande chez les participantes de l’intervention HAES comparativement à celles du groupe de perte de poids. L’aspect novateur de l’étude de Bacon et ses collègues (2002) réside dans la démonstration qu’une amélioration de l’insatisfaction corporelle peut se réaliser en l’absence de perte de poids et donc, que l’insatisfaction corporelle et le poids ne sont peut-être pas aussi intrinsèquement reliés que ce que pouvait laisser croire les études traditionnelles sur la perte de poids. D’ailleurs, Heinberg et ses collaborateurs (2001) proposent de cibler directement l’insatisfaction corporelle afin d’enclencher des changements sains dans les habitudes de vie des gens qui en souffrent. Selon ces auteurs, la présence d’insatisfaction corporelle à des niveaux légers à modérés pourrait être bénéfique pour motiver les individus en surpoids à se mettre en action et même, encourager ceux de poids normal à conserver leurs saines habitudes de vie. Cette position théorique sur le rôle clé de l’insatisfaction corporelle rejoint la philosophie du HAES qui conceptualise l’insatisfaction corporelle comme une composante centrale de ses programmes (Sarwer et al., 2005).

Au Québec, le programme «Choisir de Maigrir?» (CdM?), qui a été développé en 1982 en collaboration avec le CLSC de Rosemont, est issu du paradigme HAES. Ce programme s’adresse spécifiquement aux femmes insatisfaites de leur corps et préoccupées par leur apparence corporelle. Il aborde les problèmes de poids et d’image corporelle selon les dimensions biologiques, psychologiques et socioculturelles, et vise à favoriser, chez les femmes préoccupées par leur poids, les connaissances nécessaires permettant de développer un esprit critique face à tout ce qui est proposé par l’industrie alimentaire et les médias, pour ainsi favoriser un sentiment d’empowerment dans leur vie. Basé sur une vision globale de la santé, les tenants de ce programme tentent d’amener les participantes à mettre l’accent sur un corps en santé et une

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vie équilibrée plutôt que sur le poids et l’apparence (Mongeau, 2003). D’ailleurs, depuis quelques années, une équipe de chercheurs québécois s’intéresse à l’étude des effets du programme CdM? sur diverses variables (Carbonneau et al., 2016; Gagnon-Girouard et al., 2010; Leblanc et al., 2012; Provencher et al., 2007; 2009). Des effets bénéfiques du programme ont été notés non seulement sur le poids, mais aussi sur diverses variables alimentaires et psychologiques, notamment sur la restriction alimentaire, l’alimentation intuitive, les symptômes dépressifs et l’insatisfaction corporelle.

En somme, bien que les études s’étant intéressées aux effets des traitements traditionnels de gestion de poids ont démontré que l’amélioration de l’image corporelle est fortement associée à la perte de poids, celles ayant étudié les effets d’une approche de santé globale suggèrent plutôt que l’insatisfaction corporelle puisse s’améliorer indépendamment du poids. Toutefois, jusqu’à maintenant, il semble qu’aucune étude n’ait examiné les facteurs associés à l’amélioration de l’image corporelle et à son maintien dans le cadre d’une intervention HAES. En effet, les variables présentes avant même l’intervention et qui sont impliquées dans le changement d’image corporelle sont encore à ce jour méconnues. Puisque l’insatisfaction corporelle chez les femmes est une problématique qui demeure relativement stable dans le temps, la présence d’une intervention est nécessaire à l’observation de possibles variations dans le niveau d’insatisfaction corporelle. C’est pourquoi l’insatisfaction corporelle de femmes présentant un surplus de poids ou de l’obésité fut examinée dans le cadre de leur participation au programme CdM?. Le présent projet de mémoire doctoral propose donc d’approfondir les connaissances scientifiques sur l’insatisfaction corporelle suite à une intervention HAES afin d’en observer les variations et les liens avec d’autres variables.

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OBJECTIFS ET HYPOTHÈSES

Le premier objectif vise à comparer l’insatisfaction corporelle des femmes ayant participé au programme CdM? à celle de femmes du groupe contrôle et ce, au début, à la fin du programme CdM?, et 12 mois suivant la fin du programme. Le groupe contrôle consistera en des femmes possédant les mêmes caractéristiques que celles du groupe expérimental mais n’ayant pas participé au programme (liste d’attente) dans le but de s’assurer que les effets observés ne sont pas attribuables au temps. Le premier objectif vise également à identifier, parmi les caractéristiques initiales des participantes, soit les niveaux de restriction alimentaire, d’alimentation intuitive, de symptômes dépressifs et l’IMC, celles qui pourraient agir comme modérateurs de l’effet de l’intervention sur l’évolution de l’insatisfaction corporelle dans le temps.

Le deuxième objectif vise à comparer, parmi les femmes ayant participé au programme CdM?, celles qui s’améliorent le plus à celles qui s’améliorent le moins sur l’insatisfaction corporelle suite à l’intervention. Ces femmes seront comparées sur les changements rapportés sur les autres variables à l’étude, soient les comportements alimentaires, les symptômes dépressifs ainsi que l’IMC.

En ce qui a trait au premier objectif, il est d’abord attendu qu’une diminution du score d’insatisfaction corporelle des participantes soit observée suite à leur participation au programme CdM? (14 semaines), et que ce changement se maintienne à long terme (un an suivant la fin de l’intervention). Il est aussi attendu que l’évolution de l’insatisfaction corporelle de ces participantes soit significativement différente de celle du groupe contrôle. De plus, compte tenu que l’insatisfaction corporelle est positivement associée au développement de comportements alimentaires dysfonctionnels tels que la restriction alimentaire et à un bien-être psychologique moindre (présence d’affects positifs et négatifs, dépression) (Stice, 2002; Reboussin et al., 2002). il est attendu que des niveaux initiaux plus élevés de restriction alimentaire et de symptômes dépressifs ainsi que le fait d’avoir un IMC plus élevé soient associés à une moins grande amélioration

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de l’insatisfaction corporelle chez les femmes participant au programme CdM?. En effet, À l’inverse, il est attendu que des niveaux initiaux plus élevés d’alimentation intuitive soient associés à une plus grande amélioration de l’insatisfaction corporelle.

En ce qui concerne le second objectif, il est attendu que chez les femmes qui s’améliorent davantage sur l’insatisfaction corporelle, une amélioration soit également dénotée sur les variables clés du programme CdM?, soit la restriction alimentaire, l’alimentation intuitive et les symptômes dépressifs. Plus spécifiquement, chez les femmes s’étant le plus améliorées sur l’insatisfaction corporelle, il est attendu qu’elles rapportent une diminution significativement plus grande de leurs niveaux de restriction alimentaire et de symptômes dépressifs et une augmentation significativement plus grande de leur niveau d’alimentation intuitive comparativement aux femmes s’étant le moins améliorées sur l’insatisfaction corporelle. Toutefois, il est attendu que les deux groupes de femmes ne se distinguent pas quant au changement d’IMC.

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MÉTHODOLOGIE Participants et critères de sélection

L’échantillon à l’étude est constitué d’un groupe expérimental composé de 216 femmes qui ont participé au programme CdM? offert dans 21 Centres de Santé et de Services Sociaux (CSSS) ainsi que d’un groupe contrôle de 110 femmes en attente de recevoir le programme. Dans le but de maximiser la validité externe des résultats, toutes les femmes âgées de 18 ans et plus qui recherchaient de l’aide pour des problèmes reliés au poids pouvaient être référées au programme CdM? de leur CSSS. Étant donné que ces femmes avaient initié elles-mêmes une demande d’aide plutôt que de simplement répondre à une annonce de recrutement, aucun critère d’exclusion n’a été utilisé lors du recrutement des femmes en CSSS.

Procédure

La présente étude repose sur un devis longitudinal dans lequel les participantes ont été évaluées à trois reprises au cours de leur participation au programme CdM?, soit avant le début du programme (T1), immédiatement après la fin du programme, soit 14 semaines plus tard (T2), et un an suivant la fin du programme (T3). En ce qui concerne les femmes du groupe ayant reçu l’intervention, les intervenants leur ont remis une batterie de questionnaires lors de la première rencontre du programme CdM? (T1), de même qu’à l’avant-dernière séance (13ième semaine; T2) afin que les participantes rapportent les

questionnaires complétés à la rencontre suivante. Un an après la fin du programme CdM? (T3), les mêmes questionnaires ont été envoyés par la poste aux femmes, accompagnés d’une enveloppe pré-affranchie. Afin de maximiser les taux de réponse, les participantes ont aussi été contactées par téléphone afin de vérifier si leur adresse postale était toujours la même et pour s’assurer de leur désir de participer au dernier temps de mesure. Pour ce qui est des femmes du groupe contrôle, la même batterie de questionnaire a été envoyé par la poste par un des membres de l’équipe de recherche et ce, aux mêmes temps de mesure que

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le groupe ayant reçu l’intervention (soit au début du programme, 14 semaines et 12 mois plus tard). Les femmes du groupe contrôle ont participé au programme CdM? à partir du dernier temps de mesure (T3). Aucune donnée n’a été recueillie de façon directe auprès du groupe contrôle (poids et taille).

Tel que décrit précédemment, les femmes qui faisaient partie du groupe expérimental recevaient le programme CdM?, inspiré du paradigme HAES s’adressant aux femmes préoccupées par leur poids, souffrant d’un surplus de poids ou d’obésité. Ce programme était offert gratuitement aux femmes désirant améliorer leur relation avec leur corps et la nourriture. L’emphase était mise sur l’adoption d’un mode de vie sain en promouvant les changements comportementaux sur l’alimentation et l’activité physique, avec un focus sur l’acceptation de son corps et l’alimentation intuitive. Ce programme se présente sous la forme d’une intervention de groupe qui comptait généralement 14 femmes par groupe. Les rencontres s’échelonnaient sur 14 semaines, soit 13 rencontres hebdomadaires de trois heures chacune et une rencontre intensive d’une journée (pour une durée totale de 45 heures), le tout animé par deux intervenants, généralement un(e) nutritionniste et un(e) intervenant(e) psychosocial(e). Un(e) spécialiste de l’activité physique était également présent pour l’une des 14 rencontres. Les thèmes abordés incluaient notamment le plaisir associé au fait d’être active et de s’alimenter sainement, l’identification des signaux internes de faim et de satiété, l’influence des émotions sur les comportements alimentaires et l’acceptation de son image corporelle. Les rencontres visaient aussi à mettre en pratique les prises de conscience réalisées à partir d’activités variées, comme l’auto-observation, le partage, la discussion, la lecture ainsi que des exercices pratiques. À la fin de l’intervention, les participantes étaient invitées à élaborer un plan d’action avec des objectifs personnels quant à différentes sphères abordées dans le cadre du programme (alimentation, bien-être et activité physique), mais également quant à d’autres aspects touchant leur santé dans une perspective plus globale, par exemple, l’affirmation de soi ou l’amélioration des relations interpersonnelles (Mongeau, 2003).

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Instruments de mesure

Informations sociodémographiques. Les données sociodémographiques ont été recueillies à l’aide d’un questionnaire maison. L’âge, la langue maternelle, l’état civil, le nombre d’enfants et leur âge, le niveau de scolarité, l’occupation, le type de travail, le revenu, le milieu de vie et l’état de santé ainsi que d’autres informations concernant les aspects médicaux, les habitudes alimentaires et les habitudes de vie ont été obtenus.

Indice de masse corporelle. Les mesures anthropométriques (poids et taille) ont été auto-rapportées par les femmes participant au programme et celles du groupe contrôle. C’est à partir des données anthropométriques que nous avons pu mesurer l’indice de masse corporelle des participantes soit le rapport entre le poids en kg par le carré de la taille en mètre (IMC : kg/m2). Les participantes qui

étaient en surpoids ou obèses avaient donc un IMC égal ou haut-delà de 25 kg/m2

(Santé Canada, 2003).

Image corporelle. Le Body Esteem Scale for Adult and Adolescents (BES; Mendelson et al., 2001) est un questionnaire de 23 items mesurés sur une échelle Likert allant de un « jamais » à cinq « tout le temps », un score plus élevé indiquant une meilleure estime corporelle. Le questionnaire comporte trois sous-échelles, soit l’image corporelle reliée à l’apparence (sentiments généraux envers l’apparence corporelle; dix items), l’image corporelle reliée au poids (satisfaction ou insatisfaction envers son poids; huit items), ainsi que l’image corporelle reliée à l’attribution (perception de ce que pensent les autres de son propre corps et de son apparence; cinq items). Il s’agit d’une échelle qui fut validée en français auprès d’une population d’adolescentes et de jeunes femmes (Rousseau, Valls, & Chabrol, 2015). Chaque sous-échelle présente un bon ou un très bon coefficient de consistance interne, soient de 0.92 (« apparence »), 0.94 (« poids »), et 0.81 (« attribution ») (Mendelson et al., 2001). La fidélité test-retest pour chacune des échelles sur une période de trois mois est respectivement de 0.89, 0.83 et 0.92

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(Mendelson et al., 2001). Dans la présente étude, les coefficients internes sont de 0.95, 0.92 et 0.88. Pour le présent projet de mémoire doctoral, seules les sous-échelles reliées à l’apparence et au poids sont utilisées puisque celles-ci s’apparentent davantage au construit d’insatisfaction corporelle.

Restriction alimentaire. La Restraint Scale (RS; Herman & Mack, 1975) est un questionnaire de 10 items de formats variés qui comporte deux sous-échelles, soit la préoccupation face au poids par l’entremise de régimes et d’alimentation contrôlée ainsi que l’historique des fluctuations du poids (Heatherton, Herman, Polivy, King, & McGree, 1988). Le seuil clinique de cette échelle a été établi à 15 (Herman & Mack, 1975). Des coefficients très variables sont rapportés dans la littérature. Dans son étude, Ruderman (1983) a obtenu un coefficient de consistance interne de 0.51 chez une population obèse et de 0.86 auprès de personnes de poids normal. Dans leur étude, van Strien et ses collègues (2007) ont obtenu un coefficient de consistance interne de 0.73 chez une population obèse et de 0.84 auprès de personnes de poids normal. Dans la présente étude, un coefficient interne de 0.85 est obtenu.

Alimentation intuitive. La Intuitive Eating Scale (IES; Tylka, 2006) est un questionnaire de 21 items qui contient trois sous-échelles qui permettent de mesurer les différentes dimensions de l’alimentation intuitive, soient la permission inconditionnelle de manger quand la faim ou un désir de manger se présentent (neuf items), le fait de manger en réponse à des raisons physiologiques plutôt qu’émotionnelles (six items) et la confiance en ses propres signaux internes de faim et de satiété pour déterminer comment et quand s’alimenter (six items). Les items se mesurent par une échelle de Likert allant de un « totalement en désaccord » à cinq « totalement en accord». Un score plus élevé indique un niveau d’alimentation intuitive plus élevé. Par rapport au seul clinique de cette échelle, un item correspondant à trois, quatre ou cinq sur l’échelle de Likert indique un niveau d’alimentation intuitive plus élevé (Tylka, 2006). L’indice de consistance interne rapporté quant au score total est de 0.85, alors qu’il varie de 0.72 à 0.87 pour les différentes sous-échelles. La fidélité test-retest sur une période de trois

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semaines est de 0.90 pour le score total et de 0.88, 0.88 et 0.74 pour les différentes sous-échelles (Tylka, 2006; Tylka & Kroon Van Diest, 2013; Van Dyke & Drinkwater, 2013). L’indice de consistance interne de la présente étude quant au score total est de 0.92 et il est de 0.86, 0.93 et 0.89 pour les différentes sous-échelles.

Dépression. Le Beck Depression Inventory-II (BDI-II; Beck, Steer, & Brown, 1996) est un questionnaire de 21 items qui mesure l’intensité des symptômes dépressifs. Chaque question comprend quatre choix de réponses représentant un niveau croissant de sévérité pour un symptôme dépressif donné. Ainsi un score plus élevé signifie une plus grande intensité de symptômes dépressifs. Diverses façons de catégoriser les scores de dépression existent. Pour le présent projet, les catégories suivantes furent utilisées : symptômes dépressifs faibles <= 19, symptômes dépressifs moyens = 20-28 et symptômes dépressifs élevés >= 29 (Beck et al., 1996). Les indices de consistance interne rapportés dans le manuel du BDI-II correspondent à un niveau alpha de 0.92 et 0.93 (selon les populations à l’étude) (Beck et al., 1996). Concernant la fidélité test-restest du BDI-II, le manuel rapporte un coefficient de 0.93 entre deux temps de mesure (Beck et al., 1996). Quant à la présente étude, l’indice de consistance interne est de 0.95.

Analyses statistiques

Les analyses statistiques ont été effectuées à l’aide des logiciels statistiques SPSS (version 23.0) et SAS (version 9.4). Des analyses descriptives ont d’abord été réalisées dans le but de décrire l’échantillon sur chacune des variables à l’étude, comme la distribution de fréquences, les indices de tendance centrale (moyennes) et de dispersion (écart-types). Un niveau alpha de 0.05 a été utilisé pour l’ensemble des analyses. De plus, la distribution des variables a été vérifiée et les données aberrantes univariées et multivariées ont été retirées. Les transformations appropriées ont été effectuées sur les niveaux de signification (ajustements Tukey-Kramer et Bonferroni dans le logiciel SAS). Les tailles d’effet (d de Cohen) ont également été calculées et interprétées en tenant compte des

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barêmes appropriés : un effet de petite taille étant autour de 0.20, un effet de taille moyenne étant autour de 0.50 et un effet de grande taille, autour de 0.80 et plus (Cohen, 1988).

En ce qui concerne l’objectif 1, une procédure mixte (Proc-Mixed) a été effectuée afin de vérifier si l’insatisfaction corporelle (échelles liées au poids et à l’apparence) variait significativement dans le temps soit avant le programme (T1), après le programme (T2), et 12 mois suivant sa fin (T3) en fonction du groupe auquel les participantes ont été assignées (expérimental vs contrôle). Dans le cas d’une interaction groupe x temps significative, cela signifierait que l’évolution de l’insatisfaction corporelle dans le temps diffèrerait en fonction du groupe d’appartenance (expérimental ou contrôle).

De plus, afin de caractériser les variables initiales qui pourraient modérer le changement d’insatisfaction corporelle, un Proc-Mixed (variables modératrices à 2 niveaux ou plus) x temps (3 niveaux) fut utilisé. Seul le groupe de femmes recevant l’intervention a été inclus dans l’analyse. Des niveaux ont donc été créés pour chaque variable modératrice en lien avec les points de rupture documentés dans la littérature (voir section Instruments de mesure), soit pour la restriction (non-restreintes <15/ restreintes >=15), l’alimentation intuitive (moins intuitive <3/ plus intuitive >=3)), les symptômes dépressifs (symptômes dépressifs faibles <=19/symptômes dépressifs moyens = 20-28/symptômes dépressifs élevés >=29) et l’IMC (surpoids >=25 et <30/ obésité >=30). Le Proc-Mixed a permis de vérifier l’effet de l’intervention sur le changement d’insatisfaction corporelle aux trois temps de mesure, tout en tenant compte des caractéristiques initiales (rapportées au T1) des participantes. Les effets du groupe et du temps ainsi que l’effet d’interaction (groupe x temps) ont été testés. Une interaction significative indiquerait que le changement d’insatisfaction corporelle dans le temps varie en fonction du groupe, c’est-à-dire selon les niveaux de modérateurs.

En ce qui concerne le deuxième objectif, afin d’identifier les variables qui sont liées à une amélioration de l’insatisfaction corporelle, deux groupes furent

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créés au sein du groupe expérimental. Le premier groupe est constitué du 25% des femmes qui se sont le plus améliorées au niveau de l’insatisfaction corporelle suite à l’intervention (4e quartile = 43 et 49 participantes pour l’échelle liée à l’apparence et au poids respectivement), et le deuxième groupe du 50% des femmes qui se sont moins améliorées (1er et 2e quartiles = 86 et 77 participantes pour l’échelle liée à l’apparence et au poids respectivement). Le troisième quartile (21 et 27 participantes pour l’échelle liée à l’apparence et au poids respectivement) fut exclu des analyses. Des scores de changement (deltas) ont ensuite été créés pour les variables de restriction alimentaire, d’alimentation intuitive, de symptômes dépressifs et d’IMC en soustrayant les données récoltées au T1 de celles récoltées au T2. Puis, des analyses de variances multivariées (MANOVAs) ont été effectuées afin de comparer les deux groupes de femmes (celles s’étant le plus améliorées sur l’insatisfaction corporelle et celles s’étant le moins améliorées) sur les deltas changement de ces variables.

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RÉSULTATS

Effet de l’intervention sur l’insatisfaction corporelle

Les résultats de l’analyse Proc-Mixed comparant les femmes participant au programme à celles sur la liste d’attente indiquent la présence d’une différence significative suite à l’intervention entre les deux groupes sur l’insatisfaction corporelle reliée au poids et à l’apparence.

Dans un premier temps, l’analyse Proc-Mixed effectuée sur l’insatisfaction corporelle liée au poids a révélé une interaction groupe x temps significative (F(2, 477) = 12.46; p < 0.0001; d de Cohen = 0.45). L’analyse des effets simples révèle que les femmes du groupe HAES se sont améliorées de façon significative sur leur score total au BES-Poids entre le T1 et le T2 (p < 0.0001) et entre le T1 et le T3 (p < 0.0001). De leur côté, les femmes du groupe contrôle se sont significativement améliorées du T2 au T3 (p = 0.0132) et du T1 au T3 (p = 0.0004), ce qui veut dire qu’elles ont expérimenté une amélioration de leur insatisfaction corporelle de façon plus graduelle et tardive que les femmes du programme CdM?. Au T2, les femmes du groupe HAES ont expérimenté une amélioration significativement plus grande dans leur score total au BES-Poids que les femmes du groupe contrôle. Une taille d’effet moyenne est d’ailleurs notée entre les deux groupes.

Une interaction groupe x temps significative fut également observée pour l’estime corporelle liée à l’apparence (F(2, 474) = 12.37; p < 0.0001; d de Cohen = 0.39). Bien que les femmes du groupe HAES et celles du groupe contrôle se soient améliorées de façon significative sur leur score total au BES-Apparence entre le T1 et le T2 (p < 0.0001; p = 0.0334) et entre le T1 et le T3 (p < 0.0001; p = 0.0020), les femmes du groupe HAES ont expérimenté une amélioration significativement plus grande dans leur score total au BES-Apparence que les femmes du groupe contrôle au T2. Les femmes du programme CdM? ont vécu une amélioration suite à l’intervention qui correspond à plus du double de celle vécue

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par les femmes du groupe contrôle (37% vs 16%). Une taille d’effet qui se rapproche d’une taille d’effet moyenne est d’ailleurs notée entre les deux groupes. Pour les femmes des deux groupes, il n’y a pas de changement significatif entre le T2 et T3. Aucune différence significative entre les groupes ne fut observée au T1 et au T3. Les moyennes et écarts-types sont présentés dans le Tableau 1.

Identification de variables qui modèrent l’effet de l’intervention sur l’insatisfaction corporelle

Pour ce qui est de la restriction, une interaction groupe (niveau de restriction) x temps significative fut observée pour le score total au BES-Poids (F(2, 272) = 3.99; p = 0.0197; voir figure 1). Plus spécifiquement, les femmes non-restreintes initialement affichaient un score total au BES-Poids au T2 (M = 1.62 ± 0.70) et au T3 (M= 1.56 ± 0.68) qui était significativement plus élevé qu’au T1 (M = 0.96 ± 0.61; ps < 0.0001), ce qui veut dire qu’une amélioration de l’insatisfaction corporelle s’est produite suite à l’intervention. Le même patron fut observé chez les femmes restreintes, leur score total au BES-Poids au T2 (M = 1.07 ± 0.69) et au T3 (M = 1.02 ± 0.72; p < 0.0001) étant significativement plus élevé qu’au T1 (M = 0.69 ± 0.59; p < 0.0001). Toutefois, les femmes non-restreintes se distinguaient des femmes restreintes par la présence de scores plus élevés au BES-Poids, et ce, au T2 (M = 1.62 ± 0.70 et M = 1.07 ± 0.69, respectivement; p = 0.0014; d de Cohen = 0.79) et au T3 (M = 1.56 ± 0.68 et M = 1.02 ± 0.72; p = 0.0004; d de Cohen = 0.77), et ce, même si les deux groupes de femmes ne se distinguaient pas initialement. De grandes tailles d’effet sont observées (d de Cohen au T2 = 0.77 et au T3 = 0.79), ce qui appuie la différence dans l’amélioration de l’insatisfaction corporelle entre les deux groupes. En ce qui a trait au BES-Apparence, aucune interaction groupe x temps ne fut observée (F(2, 274) = 0.33; p = 0.7168) en fonction de la restriction. Les moyennes et écarts-types sont présentés dans le Tableau 2. En ce qui a trait à l’alimentation intuitive, aucune interaction groupe x temps significative n’est observée pour le score total au BES-Poids (F(2,272) = 2.29; p = 0.1028) et au BES-Apparence (F(2,274) = 0.70; p = 0.4990). De même,

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aucune interaction groupe x temps significative n’est observée pour le score total au BES-Poids (F(2, 272) = 2.38; p = 0.0943) et au BES-Apparence (F(2, 274) = 2.45; p = 0.0880) selon les niveaux de symptômes dépressifs. Finalement, aucune interaction groupe x temps significative ne fut observée pour le score total au BES-Poids (F(2,263) = 0.05; p = 0.9511) et au BES-Apparence (F(2,265) = 0.66; p = 0.5196) selon le groupe d’appartenance d’IMC.

Comparaison des femmes selon l’amélioration de l’insatisfaction corporelle Afin de répondre à l’objectif 2, une MANOVA a été effectuée dans le but de comparer les femmes s’étant le plus améliorées sur leur score total au BES-Apparence à celles s’étant le moins améliorées et ce, sur le changement de restriction alimentaire, d’alimentation intuitive, de symptômes dépressifs et d’IMC entre la fin et le début du programme. Une interaction significative groupe x temps est notée (F(4, 122) = 7.4; p < 0.001). Pour l’ensemble des variables entrées dans le modèle, une différence significative est observée entre les deux groupes. Plus spécifiquement, comparativement aux femmes s’étant moins améliorées au BES-Apparence, les femmes qui se sont plus améliorées affichent des changements de scores significativement plus élevés sur la restriction (M = -0.76 ± 2.76 et M = -2.79 ± 4.27, respectivement; p = 0.002), l’alimentation intuitive (M = 0.35 ± 0.49 et M = 0.72 ± 0.63, respectivement; p < 0.001), les symptômes dépressifs (M = -3.58 ± 8.35 et M = -9.67 ± 11.49, respectivement; p = 0.001) et l’IMC (M = -0.31 ± 0.98 et M = -0.85 ± 1,07, respectivement; p = 0.005). Plus spécifiquement, il semble que les femmes qui se sont le plus améliorées sur l’insatisfaction corporelle sont aussi celles qui ont vécu des changements positifs plus significatifs sur leurs niveaux de restriction alimentaire, d’alimentation intuitive et de symptômes dépressifs et leur IMC.

En ce qui concerne les résultats de la MANOVA liés au score total au BES-Poids, une interaction significative groupe x temps est notée (F(4, 120) = 10.54; p < 0.001). Une différence significative est observée entre les groupes sur la

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restriction, l’alimentation intuitive et l’IMC. Plus spécifiquement, comparativement aux femmes s’étant moins améliorées au BES-Poids, les femmes qui se sont le plus améliorées affichent des changements de scores significativement plus élevés sur la restriction alimentaire (M = -0.66 ± 2.52 et M = -2.73 ± 4.25, respectivement; p = 0.001), l’alimentation intuitive (M = 0.32 ± 0.52 et M = 0.65 ± 0.63, respectivement; p = 0.002) et l’IMC (M = -0.15 ± 0.84 et M = -1.03 ± 1.16, respectivement; p < 0.001). Aucune différence n’est notée en ce qui a trait aux symptômes dépressifs.

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CONCLUSION GÉNÉRALE

Le premier objectif de cette étude était de mesurer le changement d’insatisfaction corporelle des femmes entre le début, la fin et 12 mois suivant leur participation au programme CdM?. Par la suite, nous proposions d'identifier, parmi les variables initiales (restriction alimentaire, alimentation intuitive, symptômes dépressifs et IMC), celles susceptibles de modérer les effets de l’intervention sur l’insatisfaction corporelle chez les participantes. Les résultats démontrent que les femmes participant au programme CdM? ont expérimenté une amélioration de leur insatisfaction corporelle liée au poids et à l’apparence immédiatement suite à l’intervention et que cette amélioration s’est maintenue un an suivant leur participation, ce qui confirme notre hypothèse. Plus spécifiquement, immédiatement après l’intervention, les femmes du programme CdM? présentent une amélioration de leur insatisfaction corporelle liée au poids qui correspond à plus de deux fois et demi celle des femmes du groupe contrôle et une amélioration de l’insatisfaction corporelle liée l’apparence qui correspond à plus de deux fois celle des femmes du groupe contrôle.

Tout indique que l’intervention HAES a été fructueuse dans l’amélioration de l’insatisfaction corporelle de ces femmes, ce qui est cohérent avec les résultats des études de Bacon et ses collègues (2002) et de Ciliska (1998) qui démontraient une amélioration significative de l’insatisfaction corporelle suite à une intervention qui n’était pas axée sur la perte de poids. Dans leur recension des écrits, Lewis-Smith et ses collègues (2016) réfèrent à trois interventions qui ont mené à une amélioration de l’insatisfaction corporelle des femmes suite à leur participation. Bien que ces interventions n’étaient pas de type HAES, l’une d’entre elles, par exemple, ciblait certaines composantes communes au programme CdM? telles que l’acceptation de soi et de son corps et l’exploration de l’activité physique et du mouvement en lien avec l’image corporelle (McLean, Paxton, & Wertheim, 2011). Le fait que l’amélioration de l’insatisfaction corporelle des femmes du programme CdM? soit deux fois plus importante que celle des femmes du groupe contrôle suite à leur participation au programme démontre l’effet considérable de

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l’intervention sur l’insatisfaction corporelle de ces femmes. Ces proportions confirment également que le programme CdM? qui découle du paradigme HAES réussit à bien cibler l’insatisfaction corporelle, une variable-clé du programme. Malgré cela, il importe tout de même de mentionner que les femmes du groupe contrôle se sont aussi améliorées significativement sur l’image corporelle liée au poids et à l’apparence entre le début et le suivi 12 mois post-intervention. Il est possible que le simple fait de remplir la batterie de questionnaires puisse avoir sensibilisé ces femmes sur leur insatisfaction corporelle et les ait incitées à chercher de l’aide. En effet, en attente de participer au programme CdM?, certaines femmes du groupe contrôle ont pu aller chercher du support ou une aide extérieure afin d’améliorer leur situation faisant en sorte que ces dernières voient leur niveau d’insatisfaction corporelle diminué. D’ailleurs, il importe de mentionner qu’au suivi 12 mois post-intervention, les femmes participant au programme et celles appartenant au groupe contrôle ne se distinguaient plus sur leur niveau d’insatisfaction corporelle. En examinant les résultats de plus près, les femmes du groupe expérimental ont même vécu une augmentation de leur insatisfaction corporelle (bien que non-significative) après leur participation au programme. Ainsi, bien que l’intervention ait eu un effet positif, l’absence d’intervention mène à une diminution du score d’image corporelle reliée au poids et à l’apparence. Il est ainsi possible de croire que si l’intervention avait été étendue sur une plus longue durée que les 14 semaines du programme CdM?, l’amélioration de l’insatisfaction corporelle des femmes participant au programme aurait pu se maintenir et aurait même pu augmenter du T2 au T3. Comme déjà mentionné, l’image corporelle est un construit qui demeure assez stable dans le temps (Cash et al., 2004; Lewis-Smith et al., 2016). Il se peut donc qu’une plus longue période d’intervention soit nécessaire pour permettre aux femmes d’intégrer et consolider les changements au niveau de leur estime corporelle vécus au cours du programme, menant possiblement à des changements plus en profondeur qui se maintiennent à long terme.

Figure

Tableau 1. Scores moyens et écart-types pour le score total au Body Esteem Scale
Figure 1. Niveaux de restriction alimentaire. Interaction groupe x temps (modèle mixte):

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