• Aucun résultat trouvé

1968, théorie et praxis de "Tel quel" dans "Logiques" et "Nombres" de Sollers

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "1968, théorie et praxis de "Tel quel" dans "Logiques" et "Nombres" de Sollers"

Copied!
189
0
0

Texte intégral

(1)

·C

·C

" " " o .'t' , .'

1968: Théorie et praxis de "Te! Q;1el" dans "l.ogigues" et "Nombres" de Sollers.

par

Marie Gagné

A thesis submitted ta the

Faculty pf Graduate Studies and Research' in-partial fulfillment o~ the ~equirements

for the degree of Master of Arts

..

'

..

Department of French Language and Literattire ,McGill University, Montreal

March 19'86

.

-t -t

*

-.'

,

-

..

(2)

1-... \

l

t\ • ".

.

.

.

, ., .' ,<>'

..

-\ ..,. . '

Je tiens

à

exprimer mg gratitude , à l'Université McGill pour le poste d' adj'oipte d' enseigoement offert au oCOMS de' l'année de

,

. l'édaction. de ce mémoire. ~ ~ tieIlj3 aussi à remercier chacun des . professeurs

etui

m"ont enseigné au cours de .. mon année de scolarité et dont les conseils ont été

uti~es,

de près ou de loin, aU'huccès de ce projet: ~essieùrs Giuseppe Di Stefano, Jean-Pierré Duquette et Jean-Claude Morisot. Je remercié de façon ~ticuliàre Mesdames

1-· , •

M.-Pierrette MalcuZytl13ld et Gullian Belli-Bivar qui, par la super-vision de "travaux dirigés,r, lés conseils et critiqu~s et surtout

les encouragement~ sincères et le rapport amical, m'ont'aidée à

structurer ce projet. Enfin, Je remercié monsieur Marc Angenot d'avoir accepté d~ di~iger cette thèse et d'a~oir aidé à sa

réali-:,.

sàtion ~ de précieu~es critiques qui ont fait évoluer ma rigue~

d'analyse. ".

-,

.

-,

'

..

\ o. \ D / '

.

'c'

••

\

(3)

.

,.

..

'I~' 'T'" ~ , ,

-

.

.'

.

.

.

r---~--~~---~~~--~~---~---~

.

J • '1

..

...:: '*" ... ' i i

,.

.J • -0' , ",..

.

\, "

..

.

RFSpMÉ

,

, J,. (!<

-.

'

. ,Dans:.dette étude à clIT.actère synchronique, nous nous proposons

d'~Y~i~ la~~marche

tel

que~ienn~ s~isie

au

mom~nt.1968

de

so~

évoluti~n; moment qui ne peut se révéler dans ses impli~ations

d~te~~tes que

'Par

la mise en relation de Logiguès et Nombres

'de, Phnlp~ Soller~ avec Théorie d'ensemble' du groupe "Tel Que~":

~ou~ ~nte~ons une~yse-historique

du

rése~u int~rtextuel

( phlloJ,.ogie!. "Poétiqué", esthétique)'de ce ino~ent 1968 d~

ie.

• p

troisième phlÎse. idéologique de ":rel ~el" (1966-70), en tenant compte

-,;-du

~ouvemént'social d~

Mai 1968.

Nou~

serons

c~nduit

à définir ce

moment'par l'étude des rapports théorie/critique, théorie/esthétique, ,

.

théorie/fiction et écriture/révolution. " ,

--. " '"

.

/

Notre analyse du roman Nombres traitera -~rincfpalement de~

problèmes de na~ratologie et de production romanesque, du rapport .

entre. l'émergence de ce roman,.d'~e pr~~iq~e théorique'en France ... .

,à partir de 1965 et le mouvemènt ~.e .Mai :1968.

.

.

..

.

, ,

..

~~

..

.

\

.--1

.

/ / /

/

• , , /

"

/

.

,

.

'

1.

"

"

J

...

.,'

)

.

.

,

"

.

r~ ,

(4)

r

\

'\ ....

.

' :,

.

,l "t. J t, '

..

iii. ' •

..

ABSTRACT

",

.' "

.

"In this synchronie analysis, we focus on the evolutioK of

"Tel. Quel" around 1968, a sPecifie Point in

i

ts 'intellectual

development which can only he fully understood through the joint'

con~ideratio? of Logiques and Nombres by Soller~ ~d Théorie

d r ensemble published by j'Tel Quel".. We emphasize the historical

backgrourtd and ;the intertextual context (phiiology/"poetics",

.

,

~ aesthetics) of 1968, known as the third ideological phase. of

'''Tèl Quel" ( 1966-70'), taking,.into consideration the rela tion'shi p

between this specific group

artq'

the social movement of, May

1968.

To facilitate this study, we aim a~defining specifie r&lations

sucn as theory/c~iticism~ theory/aestheties, theory/fiction an~ .

writing/revolution.

-

..

~ "

The analysis of Nombre~ emphasizes problems of ~ratology

,

\

ap.d those generated by the novelis~.iG literature in generaî. The

specifie ~lysis is eORducted t~ough the establishment of~relations

, ...

.

..

. between the emergenee of .tKis novel ,and that of a genuine theoretical

• apRroaeh in France starting in 1965 and eovering the j>êriod of

May 1968. Ir

.

,

..

• /

\.

'-1 • . -''''~ / , , ~I

(5)

"

c.

\

(

, ., -1

c

,

" ,

~,

15 11 .. TABLE DES MATIERES

' 1

~ ..

.

,

, . ,

AVANT PROPOS •• efl' . . . ~ ... . el • • • • • • • • • • • • ~ii ~

\ "

' , ,

NOTE LIMINAIRE. • .••••.••.••••••••••• --; •••••••• ''- ••••••• , , t,- •••• V1:L1.

, INTRODUCTION ••• \\ •••••••••••••••••••• ' ••• " •••••••••••••••••••• 2

SITUATION: Vers la conjoncture française 1965-70 et le

~ ,

mou...fement de Mail

,

68: Engagement politique de "Tel Quel"?'

,

IerepARTIE: THÉÛRIE ET PRATIQUE THÉÛRIQUE ••••••••••••••••••• 17

. A- LA GRILbE D' .wALYSE LITTÉRAIRE. TEL QUELIENNE:.

fil ' . . ... , '~... J

.,' PRESUPPOSE t TOPOS ET IDEOLOGNV1J!;. ' ••• , .' •••••• ',' •••••••••••• 19

... ...

. 1- ,LES.. BASES EPISTEMOLOGIQUES ... ~ ••••••••••••• ; ••••• 21

a) L'inf'luence d'Althusser ••••••••••• : •••••• : •••••••••• 21

1

b) Fondement du choix des étude} tel gueliennes ••••••• ô25 \

~

2- "TEL QUEL"

:m

LA

THIDRIE DERRIDIEtOOfDE L'ÉCRITURE ... 27

ac::: ~~ . '

a) Quelgues t~èses derridiennes ••••••••••• ~ •••••••••••• 21.,

b) Logocentrisme et fétichisme der l'échange de sens •••.• 31 "

!

3- L' INli'LJJENC~ DE KRISTEV A ... ,. ••••••••••••••••• 34

a)

~~~~~~~~~~~~~~~-~~t~~ Production de se~s= Productivité pré-sens ••••••••••• 34 .

,.~ b) Intertextuali té et inter-textuali té: idéologème •• • •••

37,

,

\

,

i) Intertextualité et ptocessus écriture/lecture •• 37 1

ii) Théorie/éritique:-

un

exemple de pratique Il de . - \

, , ' > , , A I -d'analyse ·textuelle,Lautreamont ••••••••• ·• <1 • • • • • •

42-\ \

t t • . .

\ iv.' 1

..

..

.

(6)

(

·8

, Q

,

a " ,-\ Q,:, -0.

.

"

,

,

...

.,

,::S:;.Iyn~t:::h.:.:le::;.'=s~e~3:....;:e;.;t:;....c::;.r=-=i..;;t.::i;;;gL.::u;;.;e:;.:s=-' ... ;. ~.

i ...

50 ' .

.

, • 1 B- THIDRIE!ESTHETIQUE • ., •••••••••• -•••••• ~ •••••••••••••• :62

..

,

..

,

1- "TEL· Q'BEL" El' LA TRADITION LITTERAIRE MATERIALISTE •• _62

a) Expérience tel guelienne! Nôuveau Romgn ••••••••

.

6~

"

....

b) ,Expérience tel guelienne!Mouvement

s~éaliste ... . __ ... ~ ... ",68

....

" " .-2- ECRITURE MA'IIERIALISTE:DECENTREMENT ET " ... AN"TI-REPRESmTATION ••••••••••••• ele • • • -l- • • • • • • • • • • j • • 74

a) Théâtre du langage et scène a-théologigue •••••• 74

b) L'influence de Brecht. ~ •••• ~ ••••• .' ••••••••••••• 78

#1 ~ / ~ ,

3-

ECRITURE SERIELLE ET PENSEE SERIELLE •••••••••••••••• 83

a) Umberto Eco: "Oeuvré ouverte" et "pensée

, . 11-" . '84

ser1e e.. • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • ... • • • • ... • • • .• _

J

b) Pierre Boulez et· "Tel Quel": écriture

.

~

sérielle ou polyphonie de la polyphonie ••••• ~ •• 89

.

~S~~~,~t::;.h~è.::s;;;e;;;s~e=-t::;....::c.::r.::i;;;t;;;i:;.:g~u:::e~s ••••••••••••••••••••••••• ~ •••••• ~96 , 1 J ,-v •

.

.

0 '

..

(7)

-..

-(FICTION ... : •••••• ' ••• 10:) . r , .

IIemepARTfE: THÉoRIE

1- "Le refus' dl héri teJ:"" (Roland Barthes)

"Nouveau Roman, Tel Quel" (Jean Ricardou) ... •

1q,B

,

Gomposition interne de "Nombres"

1

et commentaires de SOllers •••••• ~ ••.•••••••••••••••• 115

3....) "La dissémination" /"L'engendrement de la formule" .. 122

.'

Écriture/révolution: synthèses et critigues •••••••••••• 135

, J ," , ' Conclusion .... ::: ~ .•...• : ... ... ~ ... . 141_ 1 ., -" ,. j ~ '\}

/.

e

'\ • C f\.

..

.,

.

"~

••

*

vi.

.

" " ~ ' , 1 • • 4 .r _,0"'::- •• ,

(8)

-,

1 1 "

.

vii. -'

Lors de sa dissolûtion .en 1982, le groupe "Tel Quel " laissait derrière lui vingt-deux années de recherches et de publications dont la richesse ~n découvertes, en contradictions, en questions résolues ou lais~es en sus~ns peuvent donner le vert~ge à un lecteur,· à une lectrice qui n'a pu suivre son évofQtion depuis sa fondation en 1960. Le cons ta t de la part d'un tel lecteur, d'une . telle lectrice d'une quasi absence d'études qui pourraient l'aider

à entrevoir, ne serait-ce que les grandes lignes de la recherche tel quelienne,. peut susciter diverses interrogations: ce mouvement littéraire a t-il eu un impact qu'on ne peut commencer à mesurer

qula~ec un certain recul ou a t-il,été occulté et pour~uoi?

Cette quasi absence d'étude peut en partie s'expliquer par le fait qu'à partir de sa fondation jusqu'à sa dissolution, "Tel Querr--a tou~ours fui et provoqué farouchement ce qui était pour ses membres une recupération nécessairement frauduleuse d'un savoir bourgeois qui se devait pour eux d'être transformé (notamment le savoir univer-Sitaire). Cet isolement volontaire, Pour ne pas ~ire ce sectarisme de "Tel Quel" qui s' est ~terrogé et défini lui-même dès ses dé buts, place auJourd'hui un lecteur, une lectrice qui le découvre et désire

~e conna1tre, dans une position difficile intellectuellement; car ,ce qu'il découvre, c'est qu'il doit refaire pour lui le chemin de - "Tel Quel", voire se faire tel quelien pour ~spérer comIl,'endre: il

doit accepter de se laisser manipuler par une dynamique/de text~s

savamment cal~ula~~ice et qui n'est peut-être réglée ~e dans le but arrêté de faire de lui ou d'elle un, une signataire.

, Si Sollers, le fondl;lteur du mouvement~ se dIt un "autreur", . , le contraire d'une autruche, il faut peut-etre pour le lire honnê-tement, en gardant une distance, parvenir a "adopter le point de vue d'une autruche bicéphale: une tête profondément enfouie dans un sable mouvant

et

l'autre la regardant consciemment s'enfouir et restant

aux a~ets. Si cette dynamique textuelle inscrite conjointement à

une demarche politique aux'aspirations communistes est aujourd'hui

~ dépassée pour la plupart des anciens membres du groupe, il nous est • apparu essentiel d'approfondir la démarche tel quelienne en prenant

conscience du contexte d'émergence de concepts et de notions dttnt plusieurs font aujourd'hui partie de l'héritage du littéraire, tout en réfléchissant sur des questions d'ordre idéologique et méthodo-logique encore très actuelles.

o -1 • \ b

..

(9)

,

c

.' viii. 1

..

NOTE LIMINAIRE

Comme peut en témoigner l' orga"nisation de la bibliog,r-aphie de

cette étude, rlOUS avons orienté notre recherche selon trois voies •

principales: les études sur Sollers, les étude's -sur "Tel Que,l", ainsi que les études où les cri tiques se sont penchés sur les problèmes

de' caractérisatigfl esthétique des productions fictionnelles françaises, depuis le Nouveat Roman jusqu'à nos jours,ont fait l'objet d'un tri.

Dans un cas comme dans l'autre, les études que nous a révélées

notre rech erchE! so n t rares et souvent peu exhau s t ive~! que ce soi t

au Québec, en France ou ailleurs ( "Tel Quel" a sans 'àoute trouvé son plus vaste auditoire en Italie comme en témoigne la traduction

italienne de Tel Quel de m@me qU,e le nombre d'articles assez élévé,

publié; sur Sollers).

--~---~---'J---~

" ,

A·l'exclusion des livres et articles retenus po~r cette analyse

et choi'sis en fonction de leur rigueur ou des ptécieuses informations qu'ils fournissent, les textes de deux spécialistes de Sollers de

~ mflhe qu'une étude sur "Tel Quel" et une analyse où Sollers et "Tel

-Quel I I ' !Sont pris en considération n'ont pu être consul tés:

Champagne, R. -A., "Un déclenchement: The revolut ionary l.mplica tions of Philippi Sollers, Nombres for a logocentrlc Western Culture.",

SlJb-Stance, 'No.7, FaÙ 1973, p.101-111.

---.---

from 1957 to·1973.", Oiss.Abstr. XXXV (74/75), , "The texts a"fld the readers of

(These Ohio State Univ. 1974), 289 p.

,

Sollers c~eative works

7295 A-7296 A,

1

KurK, K.-C., "Consummation of the text: a study of Philippe Sollers.",

Di~s.Abstr. International, Vol.40 No.11, Mai 1980, (These Kentucky,

Univ. 1980), 2114 p. [?

---

, "Philippe Sollers, Le i:léfi: Texte de plaisir" texte de jouissance.", Sarev, Nov.1982, p.27-.36.

Samara, R., Processus écriture/lectuE~~2-!LErod!:!.ction de "Tel

Quel" et notamment de P.Soll~E.2.", Univ. de Provence, Aix-en Provence,

(Thèse' d; 3cn1ccycle), 1977. 203 p. (> \ hO'

*

-•

--, ,

..

(10)

.

.

..

..

'.

,

• ,

.

...

.

.

'"

ix.

Au Québec, deux mémoires ont été présentés jusqu'à présent: celui de Marie-Odile Leroux Liu (1974) et celui d'André 8eaudet

(1976). Nous présentons ici une-~-nitique très succincte de ces

mémoires, qui, malgré le caractère négatif de la plupart de nos arguments, se sont révélés très utiles pour enlamer notre recherche.

Not~e lecteur, lectrice pourra déduire l'originalité de notre étude

à partir de cette critique.

Le principal reproche que nous pouvons adresser au mémoire de

M.-O~ Leroux-Llu est le manque de précision historique; ce qui l'a

conduite; ~r exemple, à confondre les phases idéologiques du groupe,

à étudier Ma~ comme un auteur dont certains éléments théoriques

auraient,été parmi les présupposés qUl auralent contribué à

l'engen-drement de'~Q~bres. ~ême si Mao est clté dans NO~Qre~, Sollers et

"Tel Quel" ne" semblent subir l'impact de la théorie de ce dernier sur leur propre théorie qu'à partir de 1970. Si la notion de pratlque au sens large est en effet présente dans les écrits de Mao, elle

prend chez Althusser une spécificité qui la distingue de celle de \

. Mao; de sorte qu'un exposé sur la notion de pratique chez Mao devient

Ihutilè à une compréhension de la démarche tel quelienne dlrectement

influencée ,par cette notion chez Alth,usser. Le concept de contra-diction qui ressort de la lecture maoïste de Lénlne Joue cependant

un ,rôle important chez "Tel Quel", mais seulement à partlr de 1970.

Si l'.anafyse d'un rBseau intertextuel lnclut, selon Barthes, "l'après-cou p" 'd e l ' é c r l t ure, cet "a p r è s - cou p " n e peu t cep end a n t f a 1re par t i e des présu~posés, 'lI révèle tout au plus ce ve~s 'quoi tendait un

auteur, u~ mouvement donné; la continuité dans la dlscontinuité.

C'est surtout au taoisme auquel Sollers s'est intéressé avant

l'écriture de ~Q~QEes, d'où la présence dans c~s écrits ~'une

dlalec-tique où 11 y a résolutlon des contralres dans l'identité. En cela

Sollers a 3USSl été lnfluencé par Artaud et les su~réalistes qui

ses 0 n t l n t é r e s s é s à 1 a cul t ure 0 rie n t ale. !:.~_Q~!2~~~_ c h 2:.!2Ql~~ d e

Marcel Granet a également été une sourt:'p 1 mportante pour "Tel Quel"

au moment de l'écriture de Théorle d'ensemble. L'ldée des caractères

---chinols qu'on retrouve dans NombE~~ a été lnspirée du poète Ezra

Pound et ils ont sans doute, comme le remarque Leroux-L1U, un rôle

qUl a un rapp~~t lmportant avec certalnes consldératidns derrldlennes.

Nous revlendrons sur cette que~tlon •

Les autres sources relevées par Leroux-L~u sont Justes: Marx,

Derr lda, Al thusser ~ Cependant, elle résume quelques thèses de chacun

de ces théoriclens sans vralment falre le llen avec la démarche tel,

quelienne. Cette étude ne considère que l'étude ~e Krlsteva,

effec-tuée sur NQ~QE~~ et négllge l'lmpact de la'théorif de cette dernlère

sur la démarche qui a conduit à l'écriture de ce texte de Sollers.

/

..

(11)

\

(.

\ ,

, ,

," .. X,.

Leroux-Liu néglige de m~me l'influence du formalisme, du

freu-disme et'la critique adressée au strJcturalisme. L~'plus-grande

carence est cependant due i l'~gnorance totale de Logiques qui,

de fait. n'apparatt pas ~ans la bibliographie. Ces différents ~acteurs

ont eu pour conséque~ce la négligence de notions aussi importantes ~

pour une compréhension de Nombres et de la démarche globale de

"Tel Quel" que celles d'intertextualité, de géQo-texte de

phéno-texte et de dissémination.

Le mémoire d'André 8eaudet est beaucoup plus rigoureux sur le

pljn historique: il tient compte des phases idéologiques de "Tel •

Quel", des dates de publicatiori et du contexte histbrique. Un certain

flou se ressent toutefois ~~ut au ~ours de la lecture; car, en ni~n~

l'existence m~me de prësupposés, 11 citë abondamment Marx, Althusser

et Kristeva en s'intéressant surtout, semble t-il, à la méthode

dialectique sans vraiment situei son objet et sans rendre compte

d~ conflit créé chez "Tel Quel" entre cette derni~re m~thQde et la

méthode structurale. 8eaudet ignore complètement Derrida qui, malgré

la critique qU'lI adresse au mémoire'de Leroux-Liu à cet égard, a

exercé une influence considérable chez "Tel Que)" au moment de

sa-troisi~me phase idéologique. Il ne faut certes pas réduire "Tel

Quel" a une fusion du marxisme à la pensée derridienne, comme 8eaudet

le fait remarquer au sUjet dw mémoire de Leroux-Liu ( qui consid~re

cependant aussi le champ linguistique et sémiotique), mais il 'ne

faudrait pa's ignorer totalement .ger~ida et r~duire "Tel QCtel" a

une fusion' du marxisme à la psychanalyse en ,omettant d'expliquer

comment cette fusion s'op~re chez "Yel Quel".

Si on exclut les tél queliens eux-mêmes (membres externes ou

internes),-Stephen Heath (spécialiste de 5~11ers) ee surtout Michel ,

Condé (spécialiste de' "leI Quel"), par la justesse de l,urs

obser-vations, sont deux spécialistes qui ont aid~ à l'orientation de notre

étude.

./

Dans un champ d'étude plus restreint et plus spécifiq~e, divers

articles sur l'intertextualité publiés dans la revue Poétique ( No.27, 1976),Littérature ( No.41. 1981) et dans la revue Texte (L'inter-textualité, intertexte, autotexte, irtratexte). (No.2, 1983) ont guidé notre recherche sur cette notion.

\

(12)

\

\

..

.

' \ , ,9

.

.

INTRODUCTION

SITUATION:Vers la conjoncture française 1965-70 et le mouvement de Mai 68: Engagement politique de "Tel Quel"?

4 l~~

.

~ 1 •

. .

b .-, ô

(13)

Q

,

,o. 2 •. INTRODUCT~pN 1

Le moment le plus pertinent , ,.. à une tentative d'approfondissement

de la démarche tel quelienne,ainsi qu'à une compréhension de

la,dyna-o mique textuelle de ses productions théoriques et fictionnelles, est

sans doute celui où le groupe effectue une "percée", en élargissant

son public de lecteurs, par la pub~~cation de Théorie d'ensemble:

ce que nous appellerons Ce "moment 1968 de "Tel

"b

Sollers publiés quelques

désormais le "moment 1968" de "Tel Quel"". Quel"" inclut les deux textes de Philippe mois antérieurement: Logigues ·et Nombres.

"

.

-Ces trois ouvrages indissociables, "tant sur le plan hîstorique. _çt':le par la dém&rche qui ne peut se définir que par leur.m1se en relation,

sont l'abo4tissement de sept

~s

de recherdhes'qui- avaient été

eff€c-tuées au sein ou parallèlerlent au mouvement' "Tel Quel". Ils sont

aussi l'étape d'une volonté \ie synthèse qui posai t

.

,

.

le'~

bases de

re-~

cherche des autres étapes qui. lui ont succédé jusqu'à la dis~oJution

.

.

du groupe, pour ce qui est de Sollers, Kristeva et Pleynet, dont

..

,

-• la signature à "Tel -Quel" a résisté aux différentes crises' et

rup-tures.

,

Le caractère synchronique suggéré par l'année 1968 mise de

"1 '-avant dans le ti tre de notre étude, avise' donc ~ notr~ lecteur que

~1 ' essentiel de notre argumenta:t,ion sera organisé en fonction' d'une

~ompréhension de c~ mOlDent que nous, isolons dans les vingt-deux

1- °

années d' activité s du groupe "Tel Quel" • Nous n' exclurohS pas une 0

mise en situation de ce moment dans une certaine diachronie, mais nous espérons, en privilégiant le point de vue syTIchroniqué, éviter

l 'err~ur de l' historicisme, par une étude des liens internes et

ex-ternes de la ,démarche tel quelienne au cours de ce moment efferves-c~nt où le groupe choisit de se révéler davantage.,

(14)

/ o ' •

1

,.

• ~

..

/ '

"'

,-6

3.

r-:

Si Théorie d'ensemble n'apparaît , pas dans n6tre titre, ce

der-<

nier traduit l ' idé~ d'ensemble proposée par le premier; le rêve

d 'unification d~ la réflexion qui motivait ''Tel Quel Il en 1968. Il

.suggère l'absorption de l' indi viduali té ( Sollers) par la

collecti-,

,

.

vi té solidaire du groupe qui se définit, entre autre, œ.r cette-

ca-~- f '

ractéristique. Dans

4

pratique, nous dit en et:fet Sollers~' ( ••• )

cela signifie que toute signa. ture n'est à "Tel Quel Il , q.ue l'

appa-rence

d'un

travail plus général susceptible d~ provoquer ,de no~velles

signatures en restant fond.aJiêiibùement anonyme.1I1

\

Logigues se 'pose ainsi comme une théorie. et Nombre.s devient

un type de pratique, qui ne peuvent se

,

sa~Slr

que par leur' mfse en

relation avec l'activité globale du groupe. Les termes théorie et "praxis" sont indispensablesuoà une définitiQn de "Tel. Quel" ,car ils suggèrent sa démarche dialectique:

J

)'11 n'y a pas opposition entre pratique et

théorie mais dialectique, exp~rcitée, concrétisée

par la' parution de la revüe et des livres. Nous

ntavorts jamais défini Tel Quel comme un~ revue

du sa~oir purement ~empirique, c'est-à-dire de

pures et. simples expositi~s de tex'tes. Cette

dialectique entre une pratique et

uni

théorisation

fai t que "Tel Quel" est "Tel Quel". fi

• 1 De même, Sollers nous inéitait, Çans Théorie d'ensembjl.,e, à lire

Logigues et Nombres simultanément' e~ dialectiquement.

Une compréhension de "cette dialectique entre théo~isation et

pratique, ainsi que le type de lecture impliquée' par une telle

diafectique, ,appliquée à l'objet littérai~e, sera le but fondamental

de cette ~tU<te. .' •

.

.

- , 1 /

..

(15)

.

\

c

..

..

.

..

4 .

Si le "moment

1968

de "1'ël . Quel"" s' inscrit dans la conj oncture , \ ,

du mouvement Jlocial de Mai 1968,. i l ne. s'agira certes ~ po~ nous

de constater uniquement les prises de position politique du mouvemérit,

.

,

-car (? ce n '-est pas sur ce pl..an que "Tel Quel" innove. "Tel Quel" ne

,

devient d' a~lle~s, de ce poÏlJ.t de vue, qu'une pUcro-sooiété au sein

de laquelle se reprodui t le même débati que dans 1.' ens~mble de •

la formation social~ française, comm~ le faisEj.i t remarquer r de façôn

très pertinente ~chel Condé:

\

"Remàrquons cependant que ces, prises de position

poli t·j,ques sont' secondaires . dans la s~ra~égie

.globa"le de "Tel Quel"; qui est commandée par

sa position dans le cha'mp littéraire: ell effet,

si la revue inno~e sur ce plan ( théorique),

notamment pat l4 en ;emble des conçeptions que

l'-on vient de rapp,:ler ( intertextualité, écri-ture etc ••• ), les prises 'de position politiques

sont, '~u toniraire, des ~ctes de ralliement

(ou de rapprochement), par.exemple à des positions

maoistes, défen.dues bien avant par des

persol'1na-lités totalement extérieures au groupe • • Plus

généralement d'ailleurs, le Cami té de Rédaction

est tràversé par les m@mes conf.li ts poli tiques

que l'ensemble de l' i~telligencia fra~çaise,

du rapprochement difficile avec l e ' Parti

C'ommu-niste à la radi~eli~ation maoiste de' certains,'

pour arriver finalement 'à Cl des .' posit"ions

'néo-libéra!es, et cela sa~s se renier fo~damentalemenr

(m@me si ces cnangements ont entraîné nombre.

de ruptures).J

Il s"agira davanfuge dans cette étude, d'analyser c,~mment

s'arti-t . . . ,

cule chez "Tel Quel", l'émergence en France,

à

partir de 1965, d'une

véritable pratique théorique

a~ec

la lecture de Marx et' Lénine par'

Althusser! avec celle de Freud' paX La.c~, av~ une ép~stémologie

des sciences par Fouc~ult et enfin,_avec la grammatologie de" Derrida

\

.

et le développement des 4 sciences d~ langage par la, linguistique et

la sémlotigue ( Bart~es, Jakobson, Todorov, Kristeva etc ••• ).

" :

••

.',

. ;." \' ,

.

"

(16)

,

.

~ . 5.

8

/;

'

Dans notre analyse de Nombres, nous tenterons ~e mesurer l'ef.fet,

,

sur une formation discursive, d'une infiltration massive,' d'une

ouver-" 0

ture conjoncturelle envers 'un savoir issu dë'sociétés r€volutionnaires

"

.

ayant connu le Plssage du systè.me capitaliste v,ers 'le système commu':" . niste

(~nine,

(Mao ( trad.fr. 1965), les formalistes

'ru~ses

intro-, '

-duits- én Occident par Todorov' (1965), . Bakhtine par. Kristeva ( 1966)

4

etc ••• ).

Après un travail de mise en si,tuation de la Position de "Tel

'~~l" par rapport a~ lllouvement social' de Mai 1968, du "moment 1968

, ,

de "Tel Quel"" dans' -sa troisième phase idéologique, nous entamerons . notre étude

de~

l dialectique 'entre

théor~sation

et .pratique et ce, selon ces deux des mises en rapport: Théorie et pratiguè théo-

,

;

rigu~ et Théorie/fiction.

ri ' •

Suivra donc, après le travail de mise en situation, une analyse logiquè

~t

philologique

de~

r&isonnements et des concepes ou

~otions

qui ~onsti tuent la glille d'analyse l i ttérairè tel quelienne, ainsi

. ' , . '

- qu'une analyse du lien entre éette théorie et la pratique de l'analyse , textuelle,. . Pour ce faire, nous isolerons' les études sur Lautréamont que les .tel queliens ont étudié entre 1966 ~t 1971;, soit une pér~ode qui cpuvre' et déborde' un peu la troi~ième phase idêologique·du groupe

,

..

dan~" laquelle .s'insère le "moment 1968'! qui const~tue "l'objet de "

#", • •

notre recherche. Peut-être pourro~s-nous accéder ainsi.aux contradic-tions internes e.t aux idéologèmes qtrl éclaireront notre lecture de Nombres?

Une autre étape de notre étude sera consacrée à l tB.naly~e du rapport entre théorie et esthétique. Nous

-

~s6aîerons de voir comment

,

l t appareil théorique de "Tel Quel" influe sur: son esthétique, comment "Tel Quel" s'insère dans ],a tr~dition 'littéraire française et à partir de quels critères il s'en distingue pour prendre ~a

spécifiCité. Nous passerons en revue les principales études' où 'on

.

f .

(17)

/

'.

(.

-

\ Il

.

, , 6 •.. \ • ,

.

S'?st penché sur 'les problèmes. de caractéris~tion'esthétique des

.

-productions ficti'onnelles tel queliennes.

Enfin, noüs~amorcerons l'étu~e ~u rappqrt entrê théorie et

fiction en mettant en application l'analyse de,l'idéologè~e'défini

/ par Kristeva, dans un sens restreint, comnie la fonctio~ GSJmmune ,J

1 - • • ~

discours d~ la science/rQman. Pour amorcer cette étude, ~ous

intro-duir~ns Nombres

.

par une ~thèse des analyses ds'6arihes, De~rida,

, ' \

.

.

Kristêva et Ricardou effectuées sur ce roman. Nous situerons aussi

.. 1 •

~"

f •

/

Nombres dans la production fictionnelle dEvSollers avant sa publi- . ,

:- " .. ..~' ,

cation. La.problématique fondamentale de notre analyse sera de montrer

comment, d" expliquer po)lI'qùoi, selon' un commentai:r;e de Ricardou, -ce

rom~

s'inscrirait

'c~mme un~type

de productlon,

'~ui,

mettant en

scène un plurie~ diégétique, oyvrirai t ainsi une période subversive. \

Ce pluriel diégétique

eS~Peut-être l'eft~

sur une formation dis-, ,

~~sive a'un ébranlement idéologique subi en.période révolutionnai~e,

la' "trape" (Derrida) d'une transformation sociale en train de se

faire? Peut-on encore parier de pol~honie (~tine) au sujet'de

ce roman ou fauclÎ'ait-il }m'1er plutôt d~. séria:lisme? .

.

.

..

" f , '

",

(18)

," , , 1 . , ~". "

.

""". .. " " '. 7 ••.

SITUATION: Vers la conjoncture française

.

1965-70

et le mouvement .

social de Mai 68:' engagement 'poli tique de "Tel Quel"?

La dé èolDni sa ti0!l 'réalisée en 1962 par l' A1g~rie qui sè libérait

d~ l'.emprisé française", sous lrapprobation finale de'de Gaule, a

eu pour conséquence de favoriser une importante poussée du régime

~ de ce dernier; régime·qui s'âpp1iquera da~tage, ?ès lors, à relancer

l'économie française nettement en difficulté à la 'suite dEf;cette'

guerre colo~ale concomi~te de c~lits répétés avec la Tunésie

et le Maroc qui a succédé ~ la Seconde guerre 'mondiale et à ,la

G •

Guerre d'Indochine.

.

..

r

.,'

.

,

L'année 1962 est aussi la scène de deux' événements qui . auront

une influence profonde sur la vie politique et culturelle de l'époque: .

.

,

~a Révoluti~ cubaine est menée â térme par Fidel C~stro, la

Révo-lution Culturelle s!amorce en Chine sous la direction de Mao

.

(1962-1967): .

Si, dans les ecrits français de IJépoque, la référenc~ à Cuba

est moins

c~tée

que

c~lle

de ia Révolution CUlturelle et ne 'se

retrouve pratiquement que d'un point de vue gauchiste ou partisan, >

cette référence, d'un autre point de vue, sert à la compréhension

de l'action américaine qui, à partir de ~e moment, canali~era ses

énergies pour éviter une seconde défaite aux ~épens du communi~me,

, " ~~

par une intervention intense au sein de la Guerr~ du Vietnam.

En

réaction contre cetté'.interventiQn, aura lieu, en 1964, la premier

grB.J;ld "sit-in" étudia~t à l 'Université ~e èalifornie.

on

assiste au

second ~ Berlin, les 22 et 23 juin '1966. Avec une même motivation

de lutte contre l'impérialisme américain, diverses'manif~stations

seront organisées en France.

",

.

Dès 1965, des tra?uctions françaises des écrits de Mao ~vaient

-commencé )J. influencer de no~breux 1ectéurs en France, et, à partir,

. de 1966,

lor~

de ce qu'on a appelé la Grande

révoÎuti~n

prolétarienne

'chinoise, des conflïts internes surgissent au sein du Parti Communiste

Français~ au sujet de problèmes d'ordre idéologiqu~ et culturel.

\

..

(19)

,.

• ,-'-;. --l ' !"'., ~

.'

. 8.

, \ d

Ce conflit interne conduira à la fondation de "Jeunesses Communistes " Révolutionnaires"(trot:sldstes), ainsi qu'à la fondation de l'Umon

• <1

des Jeunesses Communistes ( marxistes-léninistes). Ces deux derniers

l

organismes contribueront à ~tamer la lutte qui ~onduira au mouvement

o sqcial de Mai 68. Un attrai\ croissant pour la Chine prendra l'ampleur

d'un phénomène appelé '8.uj ourd ' hui , "sinophi7.ie occidentale". " ' Cette fraction du P.C.F. avéc la jeunesse d'idéologie communiste, sera ~ccompagnée de l'organisation des classes ouvrières à l'intérieur

de syndicats à dominante politique. (

La relance économique amorcée par· :I.e régime gaulliste avait

.

-eu pour consfquence d 'ampl~fier la division sociale du travail; ce ' qui" a conduit à un accroissement de la prolétarisation de, tâches devenues • puriment manuelles, répéti ti ves - et désormais effectuées

so~s"

l

'encadÎ'~ment

d'intellectuels spécialisés.

o

... ,

.

''Les premi.ers incidents univer.sitaires à survenir en France se sont déroulés, en mars 1967,à Nanterre, pendant qu'avaient lieu les premières grèves dans les4usines.' Le combat contre le régime autori-taire gaulliste est passé d '.une révolte culturelle à la lutte sociale .et poli tique ~

,

o

Le Mouvement 'de Mai 68, s'il a d'a1Xrrd été une contestation. de l' institution universi taire, se caractérisai t par un rejet plus

.

.

global de la bourgeoisie, par un rap~l des contradictions et des

,

.

luttes de classes prOpres à la société technocratiq.~a qui se complexi-: fiait et se transformait rapidement à tous les niveaux. Il s'agissait surtout d'une lutte contre 'les appareild d'intégration, de manipula-tion et d'agression de la technocratie qui traduisai t

un

malaise

d~adaptation. Si. du, côté des faculté-s de sciencés,\ on réclamait du matériel

adéq~i;,

de 'celui des sciences humaines, les revendications

(20)

.'

1-~. - - _ _ _ _ w .. • A

,

9 . • p ~ étaient en faveur de la création d'équipes tle recherches

interdisci-"

plinaires . qui auraient permis dl ouvrir le marché du travail. Biell

que la classe ouvrière ait partiCipé activemeht au conflit, l'acteur

.

principal du mouvement 'était surtout, selon Alain Touraine, le futur

•.

professionnel-.

Nous si tuerons davantage· maintenant la position, de. "Tâ. Quel"

.1

l'égard du Mouvement de

.

Mai et nous rendrons compte de la façon

~

dont s'exprime, cfiez ce groupe, l'engagement poli tique du li ttérair~ .•

Dès 1960, le mouvement "Tel Quel" &' fait l' obj et d'une cri tique

..

acerbe qui, -pour différents motifs, se perpétuer~ jusqu'à sa

dissolu-tion. Lors de la publication du premier numéro de, la revue Tel Quel.J . les tel queliens refuseront de se prononcer au sujet de la Guerre

d'Algérie; ce qui provoquera la cr~ tique de la tradi tion de gauche

qui 1ui reproctera aussi son affirmation d'une volonté de littérature

-

,

pure et éclectique.

'i!

Cette critique traditionnelle mili~te d'un engagement politique

de l'écrivain, indépendant d~ son activité littéraire, était surtout

inspirée_de l'existen~ialisme de Sartre. ~ •

-

.

En

réaction dontre cette tradition de gauche, le mouvement "Tel

Quel" réaffirmera, de façon ~ plus en plus précise, la septième

propo-sition de Robbe-Grillet, mais selon une'dêmarche très différente:

"Le BeuÎ engagement possibie pour l'écrivain, Ic'est la littérature."L.

- '~

-..

Cette proposition sera réaffirmée en termes marxistes, -plus

pré~isément althussériens.

La

pratique~ de l'écriture sera, comme

nous l'avons déjà aff~rmé, une '''praxisll en dialectique avec une

démar.ehe théorique appuyées sur des bases scientifiques (linguistiques

psychanalytiques, marxistes, logiques et sémiotiques). ,

(21)

c

, '

..

..

..

~ 10.

f.

Cette ré~firmation de la position de' Rob~-G~;Ulet sur fond iqéologique d'inspiration marxiste se comprend à partir des textes publiés paX "Tel Quel" en 1968.

~ \

. l Lorsque Log;igues et Nombres paraissent sur le marché en avril

1968, . soit un mo'1s avant les événements, la France avài.t déjà subi

.

.

l'

é branl'ement d'une révolte, ert mars 1967.

.

Le 25 avril 1968, Les

---lettres françaises ( revue communiste au ~ste audifoire), avait PUO~~i-'~'

:.

fI' entretien de Sollers avec Jacques Henrib: "Ecriture et révolut~Îlll~,: ... Dans deux articles écri ts pour la re~e Tel Quel d'été 1968, revue

par contre seulement diffusée en octobre ,les tel queliens précisent leur position à l'egard des événements de Maî. Ces articles, intitulés

"La. révolution ici et maintenant" et "Mai 1968"', témoignent que les

tel 'queliens se sont rangés fidèlemept à la position du P. C. F., en condamnant le mouvément comme étant issu d'intellectue+s petits bour-geois. !.;es tel queliel1s refuseront aussi ..de se j oindre à l'Union - des Ecrivains qui est. retenue aujourd 'hui comme le seul organisme à être né du conflit. L'un des thèmes" majeurs à être débattu lors

"

.

'de la fondation de cette union est., toutefois, précisément, le: rapport

.

' .

de l'écriture à la révolu~ion.

, Théorie d'ensemble

,

parait~à, la fin de l'année 1968 .et il faudra , ,attendre 1970 pour~ que ~es tel queliens s'expriment à nouveau

explici-tement a~ sujet de Mai

68.

Ce silence peut s'expliquer par le fait qu'à ~.tir des concepts, althussériens ,de "pratique théorique" et de "pratique", définie au s~ns large, leur se'1l engagem~nt poss~ble

avait été .exprimé ( nous reviendrons

Sür

cette question).

Les deux tel queliens qui bri~ent ce s!lence en 1970 sont, res-'pectivement, Jean Thibi~eau et Philippe Sollers, dans Mai

1968

en

France (roman fictionnel) )récédé de "Printemps rougeit (essai).

'1

et- •

.'

.

,

'r '1

(22)

r

,ft 'V \ ;: f • ~ " 11 • ... '

Selon Patrick Combes qu:ï: vient de publier le premier ouVrage spr La littérature & le mouvement de-Mai 68 (1984) ,. les premiers

ro-• 0

manso.

à:'

~ir pris pour thème Mai 68 apparaissent en 1970. Combes . déclare a~ s\fjet de Logiques et Noml?res: "Il faut mesurer "l'activité

idéologiqu~

potentielle de tels textés une semaine avant

Ma~.

D'une !

certaine manière, Nombrel.} ouvre, avec un petit mois à l'avance, aux 'questions sur la littérature, le langage, <luS' posera le mouvement.

- On peut le lire, peut-être, comme le premier "roman" de/p.ur Mai". 5

'.

Dans les textes Cile Sollers et Thibaudeau qui datent de 1970, on peut saisl.r dans quel ,éi:.!lt d' esprit devaient se trouver. les tel queliens en Mai 68, même s'ils avaient renié le mouvement dans les textes justificatifs de 1968. Cette phrase de "Printemps rouge" est

.

\

en eff~t particulièrement significative, car "Tel Quel" se

..

décl~e,

dès lors, comme un agent de transformation e~ga.gé à partir de et en

• ~ r

continuité de l'action révolutionna~re du mouvement:"Il faut. acceqtue:r:. cette lutte, lui donner son écriture d'avant-~de, rapide, allusive, approfondissement historique où· notre société,

de~uis

un' siècle, a appris à se -creuser, à s '.interroger sur son ~ehors, 13à logique, ~es

langages, son passé. Sur ces ·trois scènes articulées,' Mai 19Q8.Al' aura pas de

'"'fin,

ni en France, ni ailleurs, jamais. ,,6 .

~ La. Rèvolution culturelle chinoise a sans doute' exercé la plus '" forte influence sur

l~

mouvement de

Mai

68, ains'1 que'

s~

la pensée de théoriciens qui marquent la recherche théorique de ""Tel Quel",'

1 •

notamment Derrida.L'inWrêt quasi /llIlB.Jlime-dem tel. queliens pour la Chine et sa pensée. est

~jà

manifeLte dans plasieurs de leurs écrits .

(s~tout

Sollers, par exemple "Logique de

h

fi~tion"),

dès 1962.

Cet intérêt s ra --de

~lus

en plus' marqué (jusqu'à' environ

1~75)

et la revue pu iera même en 1972.' après

rupture du groupe. avec le P~C.F. à caus de considérations maoïstes, deux 'numéros entiers d'autetJrs chinois wtisans

as

cette idéologie.

.

, ,

-' ; '-' .;~"--~ .;~"--~ " J.( , .,

.'

..

~ , - -

(23)

-~---~----~---~---•

~ , ," -.;; ..

-'12.

,.

Les é-cri ts philosophiques de Derrida sur l' écriture, dont' nous étudierons l'influence sur'la théorie littérai~e tel qùelienne, expri-ment surtout la , remise en question fondamentale de la conjoncture -française des années 65-70et'èelle dU'mouvement detMai

68:

la pensée

oz

et les valeurs occidentales.

a

'On POl:1TI'8.it 'également résumer le projet d'ensemble de "Tel Quel", ainsi que celui de Nombres de Sollers par cette phrase:" Ce qui est en .. cause, " c'est d' agr~r la déchit:ure du. système ~ymbolique dan~ lequel vient de vivre et yi t encore l' Occi-dent

~

moderne •• ". pour le décentrer, lui retirer ses pri vi,lèges millénaires, faire apparaî tre une écriture"nouvèlle ( et non

un

style nouveau) une pratique fondée

" 7 "

e~éorie est nécessaire."

\

.

\; La chronologie qui, suit permet de mieux situer Ole "moment 1968

. de '~'Tel Quel":' ainsi que la tz:oisième phase idéologique dans laquelle

'il 13 1 inscrit 8:

...

- Accent mis sur la pratique immanente du texte - Eclectisme et

~bsence

de référence \scientifique

Déf~ t~

_

progre~si

ve de l'axe de référence de l' écriture par

opposi tion

à

la

littérature.

a

- Mise" en

~~~nde

des écri vains Sade, Mallarmé, Joyce, Artaud et Bataille. '

- Alliance avec le Nouveau Roman

- Publications presque exclusivement fictionnelles:

)-1961: Le parc de Sollers ,L'Observatoire de Cannes d~ Racardou 1963: Les images de J .-L. Baudry, '.;;.Pa;;:ayS&.;;;.;;;a;.g,ge.;;.;s;;...;;;e.;;;;.n....;d;;.;;é;..;;;ux= de M.Pleynet

~ , ,

e t •

" ,

.

(24)

CI " o 13. t

.

.

R~cits complets de D.Roqhe

L'intermédiaire' de Sollers (recueil de r~its et d'eBsais)'

j

.

".: - Départ des membres fondateurs: Boisl'ouvray, J .Coudol, J .R. Huguenin,

J .-E. Hallier

, 0

2emephase:1963-1966

- ~upture avec le Nouveau Roman

- Renouvel1e~ent , du Comité de Rédaction: J.Ricardou, J.Thibaudeau,

D.Roahe, M.Pleynet, J-.P. Fay-e.

1

- Infiltration d'un savoir linguistique et sémiotique (Barthes,Todorov Jakobson) •

- 1963-1965: M. Foucault, J • Derrida, J:-J.Goux (membres externes) et

et J. Risset se

J

oignent au groupe.

- 1965: Todoro~ introduit les formalistes russes au monde francophone.

PÙBLICATIONS FICTIONNELLFS

1964:Analo~es de Faye , .

Les idees centésimales de Miss Elanize'de D.Roche 1965:Drame de P.Sqllers

.

.

Comme de M.Pleynet La prise de Constantinople de Ricardou. • ~ PUBLICATIONS THÉORIQillS , 1964:Essais critiques de . Barthes.

1965:Pour Marx d'Althusser

"La grammatologie" de 1 Derrida 1965: Théorie, de la litté-ture de Todorov - ,1 1966 :'Ecri ts de Lacan , / Critique et vérité, de ~thes

Les mots et les choSéâ' de Foucault - Figures'de G.Genette.

.

.

fi

'~ 'rt'

(25)

c

Il

.. l

(.

,

14~

3èmephase: 1966-70: Marxiste-léniniste "

, 'f

- Kristeva se j oint au groupe (membre externe): influence de Ba,khtine. - Intérêt de plus en plus m~qué pour la science de'l'histoire •

- Politisation du groupe: rapprochement.avec le P.C.F. e~ ~es membres

de La. Nouvelle Cr). tiguè • •

- Nouveau sous-titre

à

la revue TeL.Quel: Science/littérat~e.

- Edition italienne de Tel Quel.

- Période la plus prolifiqué sur le plan fictionnel et théorique. PUBLICATIONS FICTIONNELLES

1966:Compact de M.Roche

Ouverture de J.Thibaudeaù 1967:Personnes de J.-L.~udry

1968:Nombres de P.Sollers Eros énergumène de D.Roche

Imag~nez le nuitcde J.Thibaudeau

..

1J69: Archées de J. Henric

Les lieux dits de Ricardou '1970:La. création de J.-L.Baudry

Mai 1968 en France de Thibaudeau. , u

4

emephase:1970-77:MaoÏste PUBLICATIONS THÉORIQUES 1967:Lautréamont de M.Pleynet Problèmes du. Nouveau Roman de Ricardou

La' gramma tologie et - L'écriture et la différence de Derrida 1968:Lo~igues dè P.Sollers Theorie d'ensemble 1969:Semeiotikè de Kristeva L'archéologie du savoir de M.Foucault -

)-"La dissémination" de Derrl~a

1970:Le texte du roman de Kristeva

- 1970:Rupture avec J.-P.Faye qui fonde la revue Change.

- Intérêt de plus en plus marqué pour les écrits de Mao, lecture de Lénine par Mao: .le concept de contradiction

-'Affirmation de la lecture de l'histoire en fonction du cor,flit

idéalisme/matérialisme léninien. .

- Crise du mouvement de Juin 1971:expansion idéologico-polftique, formalistes/autres courants.

-,1972: Rupture avec le P.C.F.

Départ de Ricardou, de Genette et Todorov (membres externes) gui fondent la revue Poétique ,

Rupture avec Deprida et départ de Thibaudeau.

- Nouveau sous-titre à la revue Tel Quel:Littérature/philosophie/

science/politique. ~ •

- ~ntérêt pour le mouvement féministe.

- Début d'un intérêt pOur l'écriture dissidente. ,

o

, 1977: 1) intérêt pour la Chine demeure une constante bilen qu'il' se modifie à plusieurs égards, notamment par une mise à ll~cart

des positions politiques maoistes.

, "

s é •

__ ~ _ _ _ ~ _ _ ~_~_L-'-~

\

(26)

a

1-)

PUBLICATIONS fICTIONNELLES

1971:Révolutions minuscules . de Ricardou 1972:1oi5 de Sollers 1973:H de Sollers '

1975:0péra Bouffe de M.Roche

Q

Une clnquième -phase s'ouvre • teurs de la droite néo-libé~ale.

..

1

P~LICATIONS

THEORIQUES

1971:L'écriture et l'expérience des limi tes de Sollers

,

1972:La dissémination de Berrida - 1973:Le plaisir du texte de Barthes

1974:Sur

la matérialisme,De l'ato--. misme

à

la qialectigue

révolu-tionnaire de Sollers

La révolution du langage .poétique de Kristeva

vers 197Tpa.r la~blicati.on

d'Ilu-Si la Il~cll:rratlonll (texte qui ouvre anonymement le prf'mlor numéro de Tel Quel) afflrmait une volonté de lltt./'rature IpU1'(' cd

éclectlque , cette affurna tl on sera reniée à menure qUt~ 1 t>:; ü'l

,

queliens progresseront dans leur recherche thporiqul'. "'1'(·1 (,,)\11' l"

1"('11-gira alnSl après Barthes, contrp la concep1.lOn j of'Il1 j~; t,p dl' 1 Il 1 i t t

,'.-rature et de l'écrIvaIn pt I:e, en radleali:3lillt ~lH PO!,j tir)!).

Cependant, que]que:~ con~;tli!)t(·:" !lIlT'ml \1-: l)J't'()I·I·ul).'lt 1 ()II:. qUI'

motlveront "Tel Quel" tout 1111 ('(Iur:; d,· : ()II '·Xl:.tl'Il(·'·, ItVII1"llt ,',t,',

exprlmées,dè:; 11a fondatIon dll°!1l()\JV"ml'IIL:

/

" et ct u l Hll/~af;p •

2- L'btude de lI! rnl,I(jPrTllt.t'· ,,·t 111 ml:;' l'ri '-vid"II""

d''-''Ti-V/11m3 (~xcluc dl' l'hJ.:;t.~ 11'1' Iltt"·!'I!!!· •.•

Nous escR.ü·ron:3 fn1iln1.(·rlli111 d,· 1",ml'I"·!I.!r' J ••• j"llld"rn"flt.' i, 10'11'1 lI'

, 1 ..

desquels s'arhculfmt, ('f'tt.l· 1''','!Jf}J'(·i,.' d" )Il f· .. ·,d i 1. •.. d.· l',"('r'jtlw" ,,1,

.

du langage,tun:>J qll(' 1.·:; I)Ut.l j:; d"'V:·j'IPfH":' Itl1'

,

d'étudler tillf' mfX1Pn,) tJ. ri'-·j

Iml)'''':' ('1.

1")11 ,. II,! •

toin.: l i tt/~rrli l"'.

. j,,_ "/'(']1,. l',n:' '1.· l '~Ii;·-

.

.

(27)

.

" o r' /2 •

,

O' ..

.

- / , 16. / /

1- THEORIE Er PRATIQUE THEORIQUE

"Un ré ci t mythique nouveau est alors mis en place par une matrice de/transformation

qui fonctionne dans un proces~us d'intégra-tion en mouvement perpéfuel. Il y.a désor-mais une triple fonction: translinguistique, gnoséologique, politique."

Philippe Sollers

..

..

(28)

..

?

) 1 ,

I-~RIE

ET PRATIQUE THEORIQUE.

~

1968,

le projet

théori~o-pratique

du mouvement "Tel Quel"

se laisse surtout saisir par le bi~is de Logiques et Théorie d'

en-( , , , ,

semble mais aussi,' bien sûr, par les publications indivitiuellofl des

auteurs les plus influents

à

la source d~ce projet (Barthes,- Foucault

,j

Lacan,~ Althusser)- Derrida et Kristeva) et 0 par certains articles de

ia revue Tel Quel et de La Nouvelle cri tique avec laquello "ToI Quel"

se rapproche •

Parmi les articles, de Logiques et de Théorie ct' t'ntlèmble, pot"t.1l i rw

.. sEt sont révélés essentiels à notre propos et d' U\:J lrtw fueu] t.al if:,.

1\insi, les articles de Logigues auxquels nous nou:; réf{!rt:rons 1.lUI"tout

sont:" "Programme", "Logique Qe Id fiction''ot "Li tt/'n! turf' pt totHli li>",

"Le toit", "Cri tique de la lpoésie" et "Le, roman et l ·l'xIlI~J·f pnc'o d(·!;

limites". Les autres articles sont des étude:; cH tiqul'H nm- di 1'1',"1'('111:1

auteurs pa.rm~ l~squelles nous avons inqlé ('(·11f' !.lUI' Lnutr-t"1lmon t,

"La science de Lautréa.mont!', afIn dl' vI'rIfi(!r l'lI.pplklolt1ol1 ch· 1.H

méttode d'analyse tel qUèlienne, de voir eommen'" ln

t[l1flqrot'~d,i('lU

idéologique que subit le groupe se trndui 1. :lUI' :111 m,',1,h()dol()gi'!.

L'un de nos buts est de comprendre comment 11:1 /'ludj"ll!' 1 .. :; 11u1.'·\lrn

choisis, !Dais aussi le POÜr<i~Ol de l uur cho i x 'd

'l'·

tlld,·:;·. UOIl:l rot,N)OIl:'

de Théorie d'ensemble l~s nrtic1o:J de Soller:, U.), dl! K!'lntftvti (/)

de .6audry (4), de Houdebinf' (2), liinni que cf~)111 dl' rK'rrldo 1\1. cf'lu\

Q

de Goux, à partir desquels l 'apr~r('il t.h

r

!Ol-\r-o-prIlUqUl' (h· "1'(>} (,.)\H:l"

se laisse pénétrer davantage.

"

. Le "Progranune" qUi ouvre Logigues TXJlJP. qUlltr" pr('mlll1w"adont

chacune est _argumentée pa.r ](1 tJjRln ri .. [PUtt!'" J#lrtJf{roph"il. C'Jrnm ..

nous ~e verrons plus en .détAi l lor:J(~uf! n(Jull {·lltl.,,)r'~r(JrHl lIur 1" rrlppllt't.

entre Logi-gues et Nombres, le "ProgralIlJDf!'i tout culD!Dt· NI)whrrLl, pr,"ÎllIllt.ll

une .Jtructure allégorique qua ternal r(J (~U 1 A\Jf.w-"rt • hl tlC';"nfl d (Utl _ ...::..

théâtre,' ma1s aussi la conceptual1f\st1(JO 1P'1.tl'r1n11nv· ri,. 111 1AfIt;'rl~

'~

alité' de l'univers se l on l Ij coomo~on 1 p. 1;; ,in tl qun ~ hi ne) ~' A tH- •

I-,

,

, /

(29)

.,

(

..

.

(

)

..

~ .

j8. J

Les deux pFemières prémisses annoncent une théorie d'ensemble

conçue à pirtir de et faite dans 'le mouvement de la pratique dë'

l'écriture. Les troisième et quatrième prémisses caractérisent cette

1 1

théorie établie en réaction contra l'histoire cursive et téléolpgique, ,

et élaborée en fonction d'une analyse des textes au sujet desquels

on fait ressorti~ une pluri-dimensionnalité:

.

.

"1. Une théorie d'ensemble pensée à }i)artir de la. pr~tique

de l' écri ture demande à être élaborée. ,,1 . . .

r

"~I.

La. thée:rie de l' écri ture

~textuelle

se fait

mouvement de la pratique de

cette~écriture.1I2

,

dans le

,

"III. La. théorie de l 'histoire de l'écriture textl,lelle peut être

appelée "histoire monumentale", dans la mesure ou elle "fait

fond" de façon littérale, par rapport à une histoire "cursive",

figurée (téléologique), ayant servi à constituer en le

dissimu-lant un espace écri t/ extérieur " 3

"IV.

La théorie, 'qui ne se fait" jamais que SUR TEXTES, est en somme, ..; \/

J

dans la mesure où elle les fait lire dans lEnÏr "monumentalité", la ponct~tio.n, la scan~ion, la mise en place, des textes.

Elle est, par définition, plurielle. Ell~ pnend le nom de

. LOGIQUES." 4

Dans Théorie d'ensemble, le projet théorico-pratique de "Tel

Quel" .est 'décrit selon sept objectifs ( "Divisiort d'ensemble") à

, '

parti~ desquels se dégagent trois autres prémisses:/

c.

'~'éoriture dans son fonctionnement producteUF. n'est pas

représentation." 5 "

r·,

e t •

.

, '.

...

" t .'

(30)

..

,

o -/' o , ,~

.

6

"L' écri tilre seande l' histoire. "

"

19.

}

~ , ,

"L'

ecri ture ~e fait plus signe dans la véri te ; ( ••• ).,,7

, f

L '

Quels théoriciens sont

.

à la source de ces prémisses et comment

,

ces de~ères s'articulent-elles. dans la. démarche théorico-pra tique

de "Tel Quel"? Nous èntendons t'épondre à cette question J:6.r l'étude

des lieux communs ou "topique", à ~tir des notions définies dans

. ,

.un article de Marc Angenot: "Présupposé,topos,idéologèlI!e". La

"topi"-que,tI étudie les lieux communs d'un système idéologique et leur

fonc-tion dans

l~argumentatio~

dia+ectique.8 Il s'agira donc pour nous

de retrouver ces lieux c~mmuns, l'implicitè (enthymême, non-dit)

à la source de ees prémisses tel queliennes. Cette méthodologie

-nous aidera à exposer le système idéologique tel quelien et à llmor~tJr

l'analyse des différentes instances, soluvent-contradictoiren et

eotl-/ ~

flictuelles, qui le constitu~nt.

A- LA GRILLE D'ANALYSE LITTERAIRE TEL QUELlENNE: PruSJUPPOS~1 TOPOS

."

~ '\

ET IDIDLOGEME. ...

La référence

à

Derrida est une' constante chez toUtl 1('3 to l

queliens au moment de leur troisième phase idéologique. Dorr1ùa nIent

,

,

.

.... jamais, par eux\ remis en cause; sa théorie est donnéf! comme une

évidence admise par tous. Une autre constante particulièrement

impor-" tante 'est la référence

à

Freud dont la. théorie est P'U' contre cr1ti-"

quée

à.

plusieurs égards (Baudry), res! tuée selon le point de, vue

lacanien (Kristeva) ou

car~ément ~je~e.

Dans "Littérature e.t Révolution:vérité de 1 'avant-gaFde"( "r(rr7)~,

Sollers faisait remarquer, .après-~oup, qu'à'l'excluaion ~OB crlo~u'

Politiques, toutes les autres crises de "Tel Quel" qui .ont conduit

à

des. ruptures avaient été liées jusqutalors_ au r.apPort à "Freud,

au refus de certains membres de considérer la théorie freudienne:

,

,

",

.

.

, - ji' v

(31)

..

L ___ _

CI

.,

t

'20.

"Si on pense qu'interv~ent l~, et de façon d~ter­

minante, une pr"atique qui est la pratique, "litt~­

ralre; à savoir une prâtique de langage, qui

dégage le sens de toutes nos positions, de toutes

nos transformations, on vo'it très,. b'len que le

no"e\oJd de tous les problèmes\. s" inscrit dâns la

questl'on de-::la découverte f.reudienne ( ••• )."9

r- La. position de Sollers à -l'égard· de Freud~ en '1968, avant ou

après, est elle -même assez difficile- à saisir. ou à

sin

vre. EnI 1968,

Sollers se réfère en effet davantage aux théorici~ns , marxistes, mais

il se réyèle lacanien, ne ~erait-ce que par l'influence qu'il subit

9-e la part d~ Kristeva. L'article, ci-haut relevé, temoigne qu' ii

déplore que Je. marxisme n'ait pu connaître l'essor connu:par .la

psychanalyse sous l'influence de Lacan. En 1978, dans "Le mlU"xisme

sodomisé par la psychanalyse' elle-même violée pâr on ne sait quoi",

(titre assez révélateur), il rejette à la fois psychanalyse et

mar-p ,

xis~, en dénon~ant l'impVÏsSiance de ces dernières fciences, à ~pporter

des écla~cissements

.

sur l'objet littéraire •

, '

En 1968: i l est par contre possible, à partir de Sollers, de

poser les

problématiq~s fondame~tales

qui sous...rtendent, selon nous, \

la recherche théorique de "Tel Quell!: commeni concilier la

probléma-t li f Il

tique de prodùction avec celle de la producti vi té, comment concilier la méthode structurale avec la méthode dialectique?

C'est en effet autour de ces quest~ot ~ncore très actuelles,

très confliètuelles, que semblent se regro per les tel queliens au

moment de leur troisième phase idéologique: e tentative

d'articula-"

,

tion du matérialisme historique et du matérialisme dialectique avec

le structuralisme et "la psychanalY&e. Une influence déterminante intervient dans i'élaboratiôn de cette articulation: Julia: Kristeva.

~

-ct

f t

/

(32)

, , o -. ~ ' : e ' ... 21.

.. Dans

-un -article ultérieur de Baudry ("Pour une

ma\ério-logie"( 1971)), se pose assez clairemeOnt les liens qui justifiaient

la mise en rapport de l'inconscient et de l'idéologie comm~ objets

d'inv,estigation scientifique: r

-,

"( ••• ) elles (psychanalyse et pratique

idéolo-gique) ont toutes deux affaire à des formations

signifiantes e t ' l'une et l' aut re se trouvent

dans la néo.essité de distinguer entre texte

mani-fest~ et contenu latent, ce qui laisserait présu-mer des recoupements dans la méthode et des trans-ferts possibles de concepts. Et sans doute la parenté irait-elle encore plus loin si l'on admet

la nécessité de faire appel .à l ' idéolog~~ pour

l'élaboration \d'une théorie du sujet réel."

-On comprend ici qu'un tel transfert suppose le concept opéra toi ro

"d'inconscient idéologiqu.ell (d'ailleurs défini par Baudry) ct "111-'11

s'ëffectue surtout au niveau méthodologiq~.

Nous essaierons donc maintenant de comprendr'e pl , UD Cil d:~ tu i l ,

comment s'articulent psychanalyse, marxisme et form111inme, lm tl'lltlllt

compte de 'la critique adressée au structuralisme. 1- Les bases épistémologiques •

..

a) L'influence d'Althusser.

Comme nous l'avons déJà laissé entendre, c'eut là théori('

nlthun-sérienne qui se trouve à la source~e la façon dont s'exprime l'eng6~

gement politique de "Tel Quel".

.

la lecture 4e Marx pàr A1thus~er,

ainsi que cerj.a.ins concepts élaborés par ce dernier, COTl13t1 tuont

,

aussi des fondements de la recherche tel queliennc.

Al thusser distingue. dans la producthm théorique de Mllrx, une

ruptt.re épistémologique qU'il situe en 1845 en mÂ.rquant d(·ux ~rlodon:

-1 •

t

'-"",-,~ , ... ,:

..

Figure

TABLEAU  OPPOSITIONNEL  DES  PRINCIPAUX  CONCEPTS  OU  NOTIONS  Sémiologie  (Saussure)  signe,  langue  ,  problématique  de  l'échange  !  Marxisme(Marx  Lénine.Althusser~Maol  Travail,Pratique(sens  large)  PrOblématique  de  production  Problématique  d

Références

Documents relatifs

Cependant, l’absence de données probantes et le manque de connaissances sur les pratiques actuelles de dépistage de l’hépatite B au cours de la grossesse et de

5.1 Pratiques actuelles de dépistage et de prise en charge de l’infection rubéolique pergravidique et de la rubéole congénitale en France 127 5.2 Politiques et pratiques

Diagnostiquer le plus précocement possible une séroconversion maternelle en cours de grossesse afin de proposer une prise en charge adaptée (par la prescription

• Inscrire systématiquement leurs appuis, notamment financiers, dans des approches renforçant les capacités de leadership et de gouvernance des États pour assurer un pilotage du

In light of these enormous financial commitments, especially the negative impact on States’ ability to engage in more structural and preventive interventions, the members of the

Partager des informations et confronter des expériences qui ont déjà démontré leur pertinence, tels sont les objectifs de la ren- contre régionale «Coopération internationale dans

Après cette prise en charge complète, il faut bien souligner, contrairement à de nombreuses allégations, que la borréliose de Lyme n’évolue pas vers une forme chronique, forme

Non, la situation dans le monde ne s’améliore pas, en dépit d’e ff orts importants de beaucoup, d’hommes et de femmes engagés chacun dans leur discipline, pour que la paix