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État des lieux des haies de la plaine de Crau

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Academic year: 2021

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HAL Id: dumas-02361992

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Submitted on 13 Nov 2019

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État des lieux des haies de la plaine de Crau

Juliette Bertin

To cite this version:

Juliette Bertin. État des lieux des haies de la plaine de Crau. Sciences de l’environnement. 2019. �dumas-02361992�

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Juliette BERTIN

AGROCAMPUS OUEST CFR Angers CFR Rennes Année universitaire : 2018 - 2019 Spécialité : Génie de l’Environnement Spécialisation (et option éventuelle) : Préservation et Aménagement des Milieux – Ecologie Quantitative

Mémoire de fin d’études

d’Ingénieur de l’Institut Supérieur des Sciences agronomiques, agroalimentaires, horticoles et du paysage

de Master de l’Institut Supérieur des Sciences agronomiques, agroalimentaires, horticoles et du paysage

d'un autre établissement (étudiant arrivé en M2)

Soutenu à Rennes le 18/09/2019 Devant le jury composé de :

Président : Jacques Haury, Enseignant-Chercheur à Agrocampus Ouest

Maître de stage : Marine Scarpari, chargée de mission Natura 2000 des sites de la Crau, commune de Saint-Martin de Crau

Enseignant référent : Didier Le Cœur, Enseignant-chercheur, responsable de la Spécialisation PAMEQ Autres membres du jury : Jacques Baudry, UMR BAGAP, INRA Rennes

Les analyses et les conclusions de ce travail d'étudiant n'engagent que la responsabilité de son auteur et non celle d’AGROCAMPUS OUEST

Ce document est soumis aux conditions d’utilisation

« Paternité-Pas d'Utilisation Commerciale-Pas de Modification 4.0 France» disponible en ligne http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/deed.fr

Etat des lieux des haies de la plaine de

Crau

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TABLE DES MATIERES

TABLE DES FIGURES ... 1

TABLE DES ANNEXES ... 2

REMERCIEMENTS ... 3

ABREVIATIONS ... 4

INTRODUCTION ... 5

A. L’enjeu des haies dans le paysage agricole ... 5

B. Présentation de cette problématique au contexte localisé de la plaine de la Crau ... 5

C. Problématique ... 8

Matériel et Méthodes ... 9

A. Sites d’étude et échantillonnage des haies ... 9

B. Création d’une typologie des haies associées aux prairies de la Crau ... 11

C. Entretiens avec les principaux gestionnaires des haies ... 14

Création de la typologie des haies associées aux prairies de la Crau ... 15

A. Résultats ... 15

B. Discussion ... 20

Les visions et méthodes de gestion des principaux gestionnaires des haies ... 25

A. Résultats ... 25

B. Discussion ... 29

Proposer des actions à réaliser adaptées aux informations obtenues dans les points précédents………...32

CONCLUSION ... 34

ANNEXES ... 35

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1

TABLE DES FIGURES

Figures :

Figure 1 : Localisation de la plaine de la Crau………...………....6

Figure 2 : Haies présentes en 2012 dans les deux secteurs à l'étude………..9

Figure 3 : Schéma explicatif de la délimitation en longueur d'une haie………10

Figure 4 : Présentation de certains dendro-microhabitats recherchés dans les haies…………..13

Figure 5 : Classification ascendante hiérarchique réalisée sur les haies en fonction de leur composition floristique ……….………....16

Figure 6 : Graphes des individus "haies" dans leur cluster déterminé par la CAH…………....18

Figure 7 : Photos de haies appartenant aux cinq types obtenus………19

Figure 8 : Représentation graphique de l'ACP associant les types de microhabitats aux espèces arborées des haies………..25

Figure 9 : Atouts des haies du point de vue de l'agriculteur……….……..25

Figure 10 : Inconvénients des haies et leurs impacts sur la production……….25

Figure 11 : Les différents objectifs d'entretien pour les individus enquêtés………...26

Figure 12 : Raisons citées par les enquêtés expliquant l'arrachage de haies……….27

Figure 13 : Clusters des individus enquêtés déterminés lors de la CAH………..28

Figure 14 : Graphe des modalités de l’ACM sur la gestion………..28

Tableaux : Tableau 1 : Nombre de haies à sélectionner aléatoirement dans chaque catégorie de haies des deux secteurs d’étude en fonction du nombre de haies de présentes dans chaque catégorie…11 Tableau 1: Données collectées sur la haie complète……….12

Tableau 2: Données collectées sur le tronçon de 30 mètres de haie……...………..12

Tableau 4 : Proportion de chaque type obtenu par rapport à l’échantillon des 64 haies étudiées……….18

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TABLE DES ANNEXES

Annexe I : Carte des haies arrachées sur les sites Natura 2000 de la « Crau » et de la « Crau sèche » entre 2011 et 2018………34 Annexe II : Cartes n°1 et n°2 de l’occupation du sol sur les deux secteurs à l’étude

Carte n°1 : secteur de Raphèle ...………...35 Carte n°2 : secteur de Salon ...………....……36 Annexe III : Données sur les haies associées aux prairies de foin de Crau dans les deux

secteurs à l’étude………...37 Annexe IV : Variables retenues pour créer la typologie. Celles en gras sont celles qui ont effectivement participé à l’élaboration de la typologie……….38 Annexe V : Guide d’entretien avec les gestionnaires des haies agricoles de foin de Crau…...39 Annexe VI : Contribution des espèces végétales les plus structurantes des haies………40 Annexe VII : Variables retenues pour l’analyse des entretiens. Celles en gras sont celles qui ont été utilisées pour l’ACM (Figure 14)……….….41 Annexe VIII : Exemple du contenu d’une plaquette de sensibilisation et de conseils à

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REMERCIEMENTS

La personne que je souhaite le plus remercier ici est Marine Scarpari, ma maître de stage. Elle n’a pas joué que son rôle pendant les 6 mois, elle a été aussi une confidente, une âme joyeuse et pétillante vers qui me tourner lors du moindre soucis, professionnel comme personnel. Elle m’a formé à comprendre tous les acteurs sur des sites compliqués à gérer et à garder de l’optimisme quant à leur gestion. Elle m’a impliqué dans des projets qui n’étaient pas miens mais qui m’ont extrêmement intéressé et qui, j’en suis sûre, m’ont permis de me former à différentes facettes de la gestion de sites. Je lui souhaite d’aimer son nouveau poste, et de garder son optimisme et sa joie de vivre qui lui sont propre. Je remercie par ailleurs la Mairie de Saint-Martin de Crau représentée par Dominique Teixier de m’avoir permis de faire ce stage, ainsi que Florence, Christian et surtout Caroline de m’avoir si bien accueillie et de ne pas m’avoir considérée comme une simple « stagiaire ».

Je dis un grand MERCI aux 17 agriculteurs et propriétaires de prairies qui ont bien voulu me rencontrer pour discuter de leurs pratiques et perceptions des haies. Ils m’ont offert plus que des réponses mais aussi un petit bout de leur vie, de leur histoire. Merci beaucoup également à Virginie Croquet qui a pris du temps pour m’aider et me guider. Je remercie aussi Annabelle Piat du PNR des Alpilles, Didier Tronc et Thierry Dutoit pour leurs réponses toujours rapides et leur aide précieuse ainsi que tous ceux que j’ai contacté et qui m’ont conseillé dans mon travail.

Je remercie Didier, notre cher enseignant, d’abord d’avoir développé notre sens critique pendant les 6 mois de formation, ensuite pour ses conseils avisés et ses coups de fil pendant la durée du stage.

Je terminerai par remercier les membres du CEN PACA qui m’ont accueilli tous les midis avec le sourire et leurs blagues potaches et qui m’ont proposé d’aider dans des missions plus « écolos ». Mon stage n’aurait pas été aussi chouette si je ne les avais pas rencontrés. Un bisou en particulier à Emeline Oules, ma coloc, que j’espère revoir bientôt.

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ABREVIATIONS

AOP : Appellation d’Origine Protégée

ACM : Analyse des Correspondances Multiples ACP : Analyse en Composante Principale AFC : Analyse Factorielle des Correspondances CAH : Classification Ascendante Hiérarchique CEN : Conservatoire d’Espaces Naturels

DDTM : Direction Départementale des Territoires et de la Mer DEFRA : Department for Environment, Food and Rural Affairs fdC : foin de Crau

mh : microhabitat

DOCOB : DOCuments d’OBjectifs

DREAL : Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement LL2 : Liste Locale 2

Natura 2000 : N2000

ONCFS : Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage ONF : Office National des Forêts

PAC : Politique Agricole Commune PACA : Provence-Alpes-Côte d’Azur

PAEC : Projets Agro-Environnementaux et Climatiques PNR : Parc Naturel Régional

SAU : Surface Agricole Utile

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5 SMC : Saint-Martin de Crau

comm. pers. : communication personnelle resp. : respectivement

INTRODUCTION

A. L’enjeu des haies dans le paysage agricole

Une haie est un linéaire formé de ligneux, c’est-à-dire d’arbres et/ou d’arbustes, associé éventuellement à une strate herbacée. Plusieurs haies reliées entre elles forment un réseau à travers le paysage agricole (Graham et al., 2018). En France, les premières études montrant les différents rôles des haies pour la biodiversité et l’agriculture datent des années 1970. Depuis, leurs intérêts pour la biodiversité a été maintes fois démontré, à l’échelle de la haie et à l’échelle du paysage en tant que parties d’un réseau de haies (Sánchez et al., 2010 ; Graham et al., 2018; Constant et al., 1976 ; Davies et Pullin, 2007). Le rôle des haies dans l’agriculture est plus ambivalent. Elles peuvent entrer en compétition avec les cultures et diminuer leur productivité (Laura et al., 2017 ; Francart et Pivot, 1998) mais peuvent notamment les protéger de la sécheresse, du vent et servir d’abris au bétail (Forman et Baudry, 1984 ; Morin-Pinaud, 2015 ; Sánchez et al., 2010). Or depuis les années 1970, des campagnes de remembrement agricole et d’arrachage des haies ont eu lieu (FAO, 2007), ces derniers continuant encore aujourd’hui (Bonvoisin A., 2019). L’agriculture est accusée d’être une cause majeure du déclin de la biodiversité par la destruction des habitats qu’elle entraine (Sánchez-Bayo, Wyckhuys, 2019), sachant que les haies sont considérées comme un habitat essentiel dans les paysages agricoles (Karp et al., 2018). Les rôles des haies et plus largement du bocage sont nombreux. L’Etat et l’Europe y voient un enjeu de conservation important (Javelle, 2006). La présente étude se concentre sur cet enjeu dans la plaine de la Crau.

B. Présentation de cette problématique au contexte localisé de la plaine de la Crau

1. L’historique des haies dans la plaine

Delta fossile de la Durance, la plaine de la Crau s’étend sur 600 km² au Sud-Ouest des Bouches-du-Rhône, dans la région Provence-Alpes-Côte-D’azur (PACA). Cette zone de faible relief est entourée par les Alpilles (au Nord), la Camargue (à l’Ouest) et l’étang de Berre et la mer Méditerranée (au Sud et au Sud-Est)(Mairie de Saint-Martin de Crau, 2015)(Figure 1). Le

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climat y est méditerranéen et le vent, le Mistral, y souffle très fréquemment (meteofrance.fr, 2019). Jusqu’au XVIème siècle, le milieu de la Crau, steppe semi-aride appelée « Coussoul », était entièrement ouvert et sec. La création de canaux amenant l’eau de la Durance dans la plaine a permis de réaliser l’irrigation gravitaire dans une grande partie des Coussouls. La production de foin a pu y être possible et les prairies de foin de Crau sont apparues en nombre, ce qui a radicalement changé le paysage. Beaucoup de haies ont été plantées à cette époque pour

protéger la prairie du vent, ce qui créa le « bocage » de la Crau (Mairie de SMC, 2015). Les prairies de foin de Crau forment un habitat d’intérêt communautaire « UE 6510 Pelouses maigres de fauche à basse altitude » auquel les haies sont associées (CEN PACA, 2012) .

2. Pressions sur les prairies et sur les haies

Bien que le foin de Crau soit le seul aliment pour bétail labelisé en France (AOP), son activité subit plusieurs pressions dont celle due à la concurrence avec d’autres fourrages moins chers à produire (Mairie de SMC, 2015). La surface en prairie est en « régression généralisée » (CEN PACA, 2012) au profit d’activités qui n’ont pas les mêmes besoins en matière de haies (arboriculture, maraichage intensif sous serres,) et aussi à cause de l’urbanisation de la plaine. En effet, une étude diachronique entre 2011 et 2019 réalisée par la chargée mission Natura 2000

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(N2000) des sites de la Crau montre que depuis 2011, environ 90 km de haies ont disparu sur le périmètre N2000, quel que soit l’activité (annexe I). Des haies sont ainsi arrachées lors du changement d’activité mais semblent aussi l’être par des producteurs de foin.

3. L’intérêt écologique des haies dans la plaine de la Crau

Malgré la forte valeur patrimoniale des « Coussouls » et des milieux ouverts de la Crau « sèche », les haies restent des éléments de grand intérêt pour la biodiversité de la partie « Crau humide » de la plaine. Des espèces présentes dans l’Annexe II de la Directive Habitat ont besoin des haies pour nicher et se reproduire. C’est le cas par exemple du Rollier d’Europe – Coracias garrulus – (A231), oiseau « emblématique » de la Crau humide (Mairie de SMC, 2015). De nombreuses espèces de chauves-souris comme le Grand Rhinolophe – Rhinolophus

ferrumequinum – (1304), dont les enjeux de conservation sont localement élevés utilisent ces

haies pour chasser et comme corridor écologique pour se déplacer vers des milieux boisés alentour (Mairie de SMC, 2015 ; CEN PACA, 2012). L’intérêt écologique au maintien des haies dans la plaine existe donc mais le peu de réglementation sur les haies ne permet pas de les protéger suffisamment.

4. Difficulté de préserver les haies agricoles

Depuis 2015, la conditionnalité de la PAC permet de protéger les haies, que la PAC distingue des alignements d’arbres, en interdisant notamment l’arrachage de haies répertoriées lors de la constitution du dossier PAC sous peine de pénalités (Le ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, 2015). Depuis 2017 seulement, un formulaire permet d’arracher une haie légalement en signalant compenser la perte de la haie. Cependant l’envoi du formulaire à la DDTM n’entraine pas de contrôle systématique et seulement 2 formulaires concernant la Crau ont été envoyés depuis 2017 (comm. pers. Patrick Nay, pôle PAC de la DDTM des Bouches-du-Rhône). Le paiement vert, autre aide de la PAC, incite également à préserver au minimum 5% de la surface d’exploitation en Surface d’Intérêt Ecologique dont les haies font partie. Mais ce critère ne s’applique pas aux producteurs de foin de Crau car les prairies ne sont pas considérées comme des terres arables. Au niveau de la PAC, il est donc concrètement difficile de protéger les haies associées aux prairies de foin de Crau. Au niveau de Natura 2000, la protection des haies est aussi compliquée. En effet, N2000 a une vocation de concertation et de contractualisation, notamment des agriculteurs possédant des haies, dans le but de maintenir le réseau, voire de l’augmenter. Il tente alors les propriétaires des haies, via les objectifs généraux et contrats à mettre en place avec les agriculteurs, à maintenir le réseau, voir à l’augmenter (Comité du Foin de Crau, 2014; Mairie de Saint-Martin de Crau, 2015). C’est le

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cas du contrat MAE_linea01 qui traite de la gestion des haies. Depuis la création du premier Document d’Objectifs Natura 2000 en 1999 pour ce site, le maintien et le développement du réseau de haies sont présents et classés en « enjeu fort ». Cependant, le seul outil qui peut en théorie limiter les arrachages de haies est la Liste Locale 2 (LL2) (comm. pers. Marine Scarpari). Cet arrêté préfectoral oblige à la réalisation d‘évaluation d’incidences sur certains types de projets au sein du site N2000 (DDTM des Bouches-du-Rhône, 2014). L’arrachage y étant compris, la LL2 a servi à la chargée de mission N2000 de moyen de limiter les arrachages d’août 2014 à décembre 2017 (durée d’application de la LL2) grâce aux discussions que l’évaluation d’incidence amenait. Cependant la LL2 a été attaquée pour manque de concertation et de communication entre les différents acteurs, ce qui a entrainé son abrogation. Sans cette liste, il n’y a plus de visibilité concernant les arrachages, les acteurs de la conservation des haies sont devenus passifs face à cette tendance. Une nouvelle liste doit ressortir l’année prochaine et permettrait de relancer les discussions lors de projets d’arrachages.

C. Problématique

Les haies associées aux prairies de foin de Crau ont une histoire assez récente et liée aux conditions climatiques de la région. De façon générale elles ont un intérêt pour la biodiversité de la plaine et potentiellement pour celle des alentours comme corridor. Elles sont cependant l’objet de destruction souvent par les producteurs de foin eux-mêmes. Dans ce contexte, nous avons été amenés à nous demander quels types de haies, associées aux prairies de foin de Crau, retrouve-t-on dans la plaine de la Crau et comment sont-elles perçues par leurs principaux gestionnaires ?

L’objectif principal de l’étude est de constituer une base de travail demandée par la chargée de mission Natura 2000 pour alimenter des discussions lors de concertations et pour sensibiliser les gestionnaires des haies afin de limiter leur destruction. Atteindre cet objectif nécessite de travailler sur trois niveaux :

• Etablir un état des lieux écologique des haies associées aux prairies de foin de Crau en créant notamment une typologie des haies.

• Réaliser une série d’entretiens avec les gestionnaires des haies afin de comprendre leur vision des haies en lien avec la production de foin de Crau. La compréhension des besoins des gestionnaires en matière de haie et aussi celle des freins et leviers à la gestion, à la plantation et à l’arrachage de haies semble nécessaire pour proposer en deuxième temps des conseils sur ces points-là.

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• Proposer des actions à réaliser adaptées aux informations obtenues par l’étude écologique et par les entretiens.

Dans un premier temps nous décrirons les méthodes utilisées pour réaliser les deux premiers objectifs, nous présenterons ensuite les principaux résultats et la discussion qui en découlent. Une dernière partie abordera quelques points et la méthode mise au point pour répondre au troisième objectif.

Matériel et Méthodes

A. Sites d’étude et échantillonnage des haies

En 2012 le CEN PACA a répertorié via Système d’Information Géographique (SIG) toutes les haies de la plaine de la Crau. L’association a identifié deux secteurs comme étant les deux zones « bocagères » de la plaine de la Crau, au maillage plus dense qu’ailleurs et associées à des prairies de foin de Crau, principale activité agricole sur les deux zones (carte de l’occupation du sol en Annexe II). Ce sont ces deux secteurs que nous avons pris comme zone d’étude et nous nous concentrons sur les haies associées aux prairies. Le secteur Ouest est dit

Figure 2 : Haies présentes en 2012 dans les deux secteurs à l'étude (carte: Juliette Bertin, données : CEN PACA, modifiées par Juliette Bertin)

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le secteur de Raphèle (Raphèle-les-Arles) et le secteur Est est dit celui de Salon (Salon-de-Provence) (Figure 2). Le secteur de Raphèle est à cheval sur les communes d’Arles et de Saint-Martin de Crau, celui de Salon sur les communes de Saint Saint-Martin de Crau, Aureille, Mouriès, Eyguières, Salon-de-Provence et Grans. L’annexe III présente les données concernant les haies sur les deux secteurs en 2012.

Pour notre étude, il a fallu préciser ce que nous appelons une haie agricole. Une haie est une unité linéaire de végétation spontanée ou implantée constituée en majeur partie d’arbres et/ou d’arbustes (Sitzia et al., 2013). On la qualifie d’agricole dès lors qu’au moins un de ses côtés borde une parcelle agricole. Sa largeur fait au maximum 10 mètres dans la définition de la PAC (Site du ministère de l’agriculture et de l’alimentation, 2019) et « s'arrête » à la limite d’entretien de la parcelle ou au début d'une bande de couvert herbacé dans le cas des prairies. Un linéaire est différencié en deux unités de haies différentes lorsqu’il est coupé par une structure physique (grillage, route) ; au niveau des points de connexion entre plusieurs linéaires (Figure 3) ou avec un habitat semi-naturel ou un boisement (DEFRA, 2007). Si un linéaire de haie borde deux parcelles agricoles différentes, on considère qu’il y a deux haies différentes qui se séparent à la jonction entre les deux parcelles (Figure 3) (Baudry et al., 2003, p. 103).

L’objectif de l’échantillonnage est d’étudier un nombre limité de haies qui sont suffisamment représentatives de la totalité des haies des sites d’étude. Nous avons donc choisi de faire un échantillonnage aléatoire, choix poussé aussi par des aspects plus pratiques. Le CEN PACA a commencé un début d’identification des essences des haies via télédétection et a classé chaque haie des sites d’étude en trois catégories : les monospécifiques (MO), les plurispécifiques (PL) et les « non spécifiées » (SP) lorsque l’identification n’a pas été faite. Pour construire l’échantillon, nous avons voulu conserver la proportion des trois catégories de haies entre les deux secteurs et au sein de chaque secteur. Le Tableau 1 donne ainsi le nombre

Figure 3 : Schéma explicatif de la délimitation en longueur d'une haie

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de haies à sélectionner de façon aléatoire au sein des deux sites d’étude et pour chaque catégorie de haies. La sélection aléatoire a été réalisée avec Qgis. La taille de l’échantillon a été portée arbitrairement à 100 haies pour un point de vue pratique (période de terrain, durée d’étude d’une haie). On émet l’hypothèse qu’il y a des similitudes entre les haies et entre les gestions réalisées du fait que les haies sont dans les mêmes conditions climatiques et qu’elles sont associées à la

même production. Avec cette hypothèse, un tel échantillon suffit à donner une idée des différents types de haies associées aux prairies. Les haies dont l’accès n’a pas été possible ont été supprimées de l’échantillon et remplacées par d’autres, sélectionnées de la même façon.

B. Création d’une typologie des haies associées aux prairies de la Crau 1. Recueil des données

La lecture de protocoles déjà créés (Prunier, 2014 in PNR des Alpilles, 2015 ; DEFRA, 2007; comm. pers. Virginie Croquet, ONCFS) a permis d’identifier les éléments majeurs à observer pour l’étude des haies. Pour chaque haie étudiée, nous notons la date, le nom de l’observateur, le numéro d’identification de la haie, le secteur d’étude et son orientation (DEFRA, 2007). Nous collectons d’abord des données sur la totalité de la haie (Tableau 2). La continuité de la haie est mesurée de façon indirecte à partir des données brutes concernant les trous. D’après le DEFRA (2007) la haie est dite continue si elle n’a pas de trou de longueur supérieure à 5 m et si la longueur additionnée des trous est inférieure à 10% de la longueur totale de la haie. D’autres données sont collectées sur un tronçon de 30 mètres de la haie, qu’on appelle une unité d’étude (Tableau 3). L’unité d’étude doit représenter au mieux la physionomie de la haie entière (DEFRA, 2017). Le tronçon est pris au minimum à 10 mètres des extrémités de la haie (Roger, 2007). L’étude de 30 mètres de haie suffit pour avoir une bonne représentativité de la flore présente dans la haie entière (DEFRA, 2017 ; Meddour, 2011). La Tableau 1 : Nombre de haies à sélectionner aléatoirement dans chaque catégorie de haies des deux secteurs d’étude en fonction du nombre de haies de présentes dans chaque catégorie (sources données : CEN PACA)

Raphèle (19% de la totalité des haies) Salon (81% de la totalité des haies)

Caractérisation préalable Pourcentage (%) Nombre de haie à sélectionner aléatoirement Pourcentage (%) Nombre de haie à sélectionner aléatoirement MO 19 4 6 5 PL 21 4 10 8 SP 60 11 84 68 Total 100 19 100 81

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strate arbustive est considérée à partir de 0,8m et la strate arborée à partir de 7 mètres (ONF, 2019).

Domaine d’observation

Information collectée Méthode de collecte

Structure de la haie Hauteur (quantitatif) Méthode de la croix du bûcheron Recouvrement des strates

herbacée, arbustive et arborée (qualitatif, via des indices

Sur le terrain à l’œil nu :

0 : 0-10 % / 1 : 10-25% / 2 : 25-50% / 3 : 50-75% / 4 : 75-100 %

Composition de la haie

Relevé floristique des strates arborées, arbustives et des plantes grimpantes

Méthode inspirée de l’approche en phytosociologie (Braun-Blanquet, 1928) Tableau 2 : Données collectées sur la haie complète

Domaine d’observation Information collectée Méthode de collecte

Structure de la haie Largeur (quantitatif) Recueil de données sur le

terrain : à l’œil nu et avec un mètre-ruban

Présence de talus (oui, non)

Nombre de trous et leur longueur (quantitatif)

Longueur (quantitatif) Détermination via SIG (Qgis)

Contexte paysager Présence de canal (oui, non) de chaque côté de la haie Recueil de données sur le terrain Nature des parcelles adjacentes (qualitatif)

Connexion directe à d’autres haies (distance entre les deux haies : nulle) (quantitatif)

Recueil de données sur le terrain et via SIG

Etat sanitaire de la haie/ entretien

Nombre d’arbre mort (quantitatif) Recueil de données sur le terrain Indices d’entretiens : bande enherbée ; plantation

récente ; tondu/désherbé aux pieds ; bois laissé sur place (oui, non pour chaque indice)

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On recherche aussi les dendro-microhabitats (dmh) (Figure 4) présents dans les haies afin d’obtenir des données sur l’intérêt écologique sur les haies étudiées. Les dmh sont des structures portées par les arbres, « de taille souvent modeste », qui fournissent un abri, de la nourriture et/ou un lieu de reproduction à beaucoup d’espèces animales, végétales et de champignons (Reber et al., 2015 ; DREAL PACA, 2013).

Les coulées de sèves ainsi que les arbres ayant au minimum 30% de leur surface couverte de lierre ou ceux qui ont au moins 30% de parties mortes sont aussi notés. On ne prend pas en compte les microhabitats qui se trouvent sur une partie morte déjà notée comme tel.

2. Analyse

Afin de déterminer si la surface d’échantillonnage a un fort effet sur la richesse spécifique, un test de corrélation est réalisé entre la largeur des haies et la richesse spécifique. Les données n’ont pas de distribution normale (test de Shapiro, p-value<0,05), on utilise le test de Spearman sur R. Pour la suite, les analyses sur R nécessitent les packages FactoMineR et factoextra (Lê et al., 2008).

Composition floristique des haies : Les indices de l’échelle de Braun-Blanquet sont remplacés par les pourcentages moyens de la classe caractérisée par l’indice. A partir des

pour déterminer l’indice d’abondance-dominance de chaque espèce dans sa strate

Figure 4 : Présentation de certains dendro-microhabitats recherchés dans les haies : a) branche brisée, fente ; b) Décollement d’écorce (surface minimale : feuille A4) ; c) cavité. (source : Juliette Bertin, plaine de la Crau, les 25/04 (a), 02/05 (b) et 13/05/19 (c)).

a)

b)

c)

Tableau 3: données collectées sur le tronçon de 30 mètres de haie

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relevés floristiques, on souhaite créer une variable synthétique de la composition floristique de chaque haie, afin d’intégrer cette variable à la fabrication de la typologie. On a donc pondéré les pourcentages de recouvrement de chaque espèce par celui de la strate dans laquelle elle se trouve. On enlève les espèces d’arbres et d’arbustes qui n’ont pas au minimum 5 % de recouvrement de biomasse dans leur strate sur au moins un relevé et celles qui ne sont pas présentes dans au moins cinq relevés pour éviter de biaiser l’analyse. En effet, on peut tomber sur une haie qui contient une espèce présente de façon exceptionnelle même si celle-ci est structurante de la haie. Une Analyse Factorielle des Correspondances (AFC) est réalisée sur le jeu de données réduit suivie d’une Classification Ascendante Hiérarchique (CAH) avec la fonction HCPC qui utilise la méthode d’agrégation de Ward (Ward, 1963). Chaque modalité est une (ou plusieurs) espèce(s) caractéristique de la haie.

Typologie des haies : Les données de terrain ont été encodées afin d’obtenir des variables à plusieurs modalités. L’annexe IV présente les différentes variables et modalités retenues pour l’Analyse des Correspondances Multiples (ACM). Une CAH est également réalisée à la suite et permet de déterminer des types de haies en fonction de certaines variables. L’ACM est analysée afin de compléter les résultats donnés par la CAH. Des tests du Chi² sont réalisés pour déterminer la dépendance de variables entre elles.

Données sur l’intérêt écologique des haies : On ne garde que les essences pour lesquels au moins dix individus ont présenté au moins un type de microhabitats afin de diminuer le biais dû au faible nombre d’observations. On divise le nombre de microhabitats de type i de chaque espèce par le nombre total de microhabitats présentés par l’espèce. On étudie de ce fait le potentiel lien entre les espèces et les différents types de microhabitats. On réalise une Analyse en Composantes Principales (ACP)

C. Entretiens avec les principaux gestionnaires des haies

1. Entretiens

Les enquêtés sont des propriétaires ou des exploitants agricoles de foin de Crau, qui gèrent une ou plusieurs haies. Les entretiens prennent la forme d’entretiens semi-directifs avec quelques questions directives également. Un guide d’entretien est rédigé et sert de fil conducteur pendant l’entretien. Les axes suivants sont traités : gestion des haies, arrachage, replantation, atouts et inconvénients des haies, et Natura 2000. Le guide d’entretien est présenté en Annexe V.

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15 2. Analyse des entretiens

Les entretiens sont traités afin de dégager l’information principale pour chaque thématique. Les questions sont transformées en variables et les différentes réponses apportées en modalités. Pour les réponses de type numérique (âge, surface en gestion), des classes ont été créées en se basant sur une logique opérationnelle. Pour les réponses à des questions ouvertes, plusieurs modalités ont été identifiées en se basant sur des mots-clés et des expressions utilisées par les individus enquêtés, les modalités sont encodées. En l’absence d’information pour un sujet, on crée la modalité NA. Une analyse variable par variable est réalisée dans un premier temps, puis une ACM suivie d’une CAH, avec les variables de la gestion des haies (entretien, projets d’arrachage et plantation, contrat MAE_linea01, etc.). Les variables concernant la connaissance de Natura2000, de la MAE linea_01, l’appartenance au Comité de Foin de Crau et d’autres telles que le statut (exploitant ou propriétaire non-exploitant), le formation, l’âge sont mises en variables supplémentaires. Certaines variables à modalités multiples par individu sont simplifiées afin de les inclure dans l’ACM. Pour éviter les classes d’effectif faible qui biaiseraient l’analyse, des modalités sont regroupées. Un individu n’est pas intégré l’ACM à cause du trop grand nombre de « NA » présent dans ses modalités.

Création de la typologie des haies associées aux prairies de la Crau

A. Résultats

1. Description générale :

Pendant la phase terrain, soixante-quatre haies ont été étudiées. 53% des haies ne sont connectées qu’à une autre haie au maximum. 13% des haies sont discontinues. Des indices d’entretien des haies ont été observé : Dans 72% des haies, du bois (souches, branches, troncs) a été vu. Des blessures sur les arbres dues à un engin d’entretien (épareuse) ont été observées dans 36% des cas. Le test de corrélation de Spearman montre une faible corrélation entre la surface étudiée et la richesse spécifique totale et celle de la strate arbustive (resp., p-value =1,1.10-6 et p-value=5,95.10-7). La surface d’échantillonnage ne génère que peu d’effet sur ces variables, elle n’engendre donc pas de distorsion du jeu de données.

2. Variable composition floristique :

Après différents traitements, le jeu de données contient trente-deux espèces. Une AFC est réalisée, les quatre premières dimensions expliquent 38% de l’inertie du jeu de données. Le jeu de données est réduit à six espèces, reconnues comme étant les plus contributives d’un des

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quatre axes (annexe VI). Ces espèces sont celles qui caractérisent la composition floristique des haies. Seize haies sont enlevées du jeu de données car n’ont aucune de ces espèces ou car le recouvrement total des six espèces est inférieur à 30% de la surface de la haie. Pour la suite, les seize haies sont rassemblées dans un groupe nommé « autre ». La CAH est réalisée sur les dix-huit premières dimensions qui expliquent 90% de l’inertie. Le dendrogramme obtenu permet de dissocier cinq groupes (Figure 5). Une nouvelle variable mise en place à partir des cinq groupes obtenus et du groupe « autre », est rattachée à chaque haie étudiée et est intégrée à la suite de l’analyse. Q uer cu s il ex Populu s a lba Laur u s nob il is C el ti s a ust ra li s C upr es sus se m p er v ir ens A rundo don ax

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17 3. Typologie des haies :

La première ACM est réalisée sur le jeu de données complet. Nous sélectionnons les variables les plus structurantes, c’est-à-dire celles qui ont un rapport de corrélation supérieur à 0,4 avec l’un des cinq axes (voir les variables en gras dans l’annexe IV). La seconde ACM ainsi que la CAH sont réalisées sur le jeu de données réduit. Les trois premières dimensions expliquent 32% de l’inertie. Les dix premières dimensions expliquent 90%, elles sont utilisées pour la classification. La fonction HCPC dissocie cinq groupes (Figure 6) selon certaines modalités présentées dans l’annexe IV.

Les variables qui participent le plus au partitionnement de ces types sont la composition floristique, les indices de recouvrement de la strate arbustive et de la strate arborée, la hauteur de la haie et dans une moindre mesure, l’indice de continuité de la haie. La typologie est la suivante, complétée par des résultats obtenus avec l’ACM. Le Tableau 4 donne les proportions des types obtenus sur les soixante-quatre haies étudiées. Une photo de chaque type est observable Figure 7. Le numéro des types est associé au numéro des clusters de la Figure 6: -Type 1 « Haies arborées de Cyprès de Provence pauvres en espèces » : Haies à très fort recouvrement arboré (>75%) et avec une strate arbustive presque absente (<10%), essentiellement composées de Cyprès de Provence (Cupressus sempervirens). Ces haies sont caractérisées par leur discontinuité. Leur largeur est comprise entre un et quatre mètres.

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-Type 2 « Haies multi-strates à Micocoulier de Provence » : Haies à fort recouvrement arboré (>75%) et arbustif (en moyenne 67%) constituées d’au moins 35% de Micocoulier de Provence (Celtis australis) accompagné de Cyprès de Provence (Cupressus sempervirens). Ces haies ont une richesse arbustive élevée (entre quatre et huit essences dans la strate arbustive). On observe aucun canal au bord de ces haies.

-Type 3 « Haies multi-strates à Cyprès de Provence » : Haies à recouvrement arboré et arbustifs importants (resp. >75% et >50%). La hauteur des haies est comprise entre huit et seize mètres. La majorité des haies de ce groupe (65%) ont comme essence caractéristique le Cyprès de Provence (Cupressus sempervirens), mais toutes les haies caractérisées par le Peuplier blanc (Populus alba) y sont aussi.

-Type 4 « Haies multi-strates de Chêne vert » : Haies à fort recouvrement arboré (>75%), arbustif (>75%) et herbacé (>50%). Elles sont caractérisées par le chêne vert même si d’autres essences arborées sont présentes (entre deux et trois) et sont riches en espèces arbustive et en lianes (resp. en moyenne six et quatre essences). Ces haies ont une hauteur dépassant les seize mètres et sont plus larges que les haies des autres groupes (largeur comprise entre quatre et dix mètres).

- Type 5 « Haies arbustives diverses » : Haies basses (<7m) à fort recouvrement arbustif (>75%) et à recouvrement arboré faible ou absent (82% des haies <10%, le reste entre 10% et 25%). Dans ce groupe il y a les haies arbustives composées en majorité de laurier sauce et/ou de canne de Provence (>54% pour au moins une des deux essences) et les haies composées de divers arbustes comme le Cornouiller sanguin (Cornus sanguinea), le Prunelier (Prunus spinosa), l’aubépine à un style (Crataegus monogyna) et de jeunes arbres relevés dans la strate arbustive : Frêne oxyphylle (Fraxinus angustifolia), orme champêtre (Ulmus minor).

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19 4. Microhabitats (mh)

Sur les seize espèces arborées rencontrées, seules cinq essences ont plus de dix individus supports d’un mh. Sur des essences de feuillus, on observe plusieurs microhabitats sur un même individu (Chêne vert, Peuplier blanc, Frêne oxyphylle). Les microhabitats les plus observés sont le lierre (51% des observations) et les cavités (27% des observations). L’ACP montre les différents types de microhabitats observés et les principales essences présentant des microhabitats (Figure 8). Les deux premières dimensions expliquent 88% de l’inertie du jeu de données. D’après nos résultats, certaines essences paraissent présenter plus spécifiquement certains types de mh. Le Cyprès de Provence est associé au lierre, qui représente 86% des mh observés sur cette essence. A l’inverse, les cavités et les fentes sont très associées aux Chênes verts ; les décollements d’écorce et les branches brisées apparaissent comme spécifiques des

Tableau 4 : Proportion de chaque type obtenu par rapport à l’échantillon des 64 haies étudiées Types de haies Type 1 Type 2 Type 3 Type 4 Type 5

Nombre 5 5 35 2 17

Pourcentage (%) 8 8 55 3 27

Type 2 Type 3

Type 4 Type 5

Type 1

Figure 7 : Photos de haies appartenant aux cinq types obtenus (source : Juliette Bertin, plaine de la Crau, du 19/04/19 au 22/06/19)

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Peupliers blancs. Toutes les sortes de mh ont été vues sur le Frêne oxyphylle, d’où sa place centrale et sa faible contribution aux inerties des deux axes.

B. Discussion

1. Représentativité de l’échantillon

L’échantillon de haies étudiées représente 3% de la longueur du linéaire total des deux secteurs et 2% en termes de nombre de haies. Ces pourcentages faibles sont dus à la grande superficie de la zone d’étude et des moyens humains manquant sur la durée du stage. Cependant, à partir de l’hypothèse émise dans la partie Méthode (cf : I. A)), on suppose qu’on a pu avoir un bon aperçu des différents types de haies associées aux prairies. Il faudrait cependant étendre la typologie sur la totalité des secteurs via SIG et télédétection pour confirmer a posteriori cette hypothèse.

En comparant la présente étude à l’identification partielle faite par le CEN par télédétection, on constate une incohérence entre les deux résultats. Dans notre étude, le groupe des haies de Cyprès pauvres en espèces est ce qui s’apparente le plus au type MO (monospécifique) de l’étude du CEN, pourtant on trouve plus de haies identifiées PL (plurispécifique) que de MO dans ce groupe. La couche SIG fournie par le CEN n’est, de plus, pas complète, une grande partie des haies reste à être identifiée.

Figure 8 : Représentation graphique de l'ACP associant les types de microhabitats aux espèces arborées des haies

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La typologie présente pourrait cependant servir de base pour la compléter. Bien que les types « haies de Chênes verts » et « haies de Micocoulier » ne soient présents que dans le secteur de Salon, l’échantillon de haies dans le secteur de Raphèle (15 haies) est trop faible pour estimer que ces types sont caractéristiques du secteur de Salon. Pour déterminer s’il y a une différence entre les deux secteurs, une étude pourrait comparer la proportion de chaque type de haies dans les deux secteurs en utilisant par exemple l’identification par télédétection une fois celle-ci complétée.

2. Discussion sur les groupes obtenus

La typologie mise en place permet de distinguer 5 groupes de haies. Le groupe des haies arbustives est le plus isolé des autres groupes. Pour les autres il semble y avoir une certaine continuité entre eux, notamment entre les clusters « Haies à Cyprès pauvres en espèces » (groupe 1), « Haies strates à Micocoulier de Provence » (groupe 2) et « Haies multi-strates à Cyprès de Provence » (groupe 3) d’après le graphe des individus. Ces trois groupes possèdent des haies où le Cyprès de Provence est moyennement à fortement présent. Ils sont séparés par des modalités concernant la structure ou par des variations de la composition floristique.

Le type 3 contient les six haies dont l’espèce caractéristique est le Peuplier blanc et qui ne présentent pas du tout de Cyprès de Provence. On les trouve ensemble car ce groupe a été déterminé surtout par les variables structurales de la haie (décrites dans la présentation du type 3). Le groupe 2 est une variante du groupe 3. Il a été séparé de ce dernier par la modalité « Celtis australis » bien que leur strate arborée soit composée essentiellement de Cyprès de Provence. La fonction HCPC a en effet associé le Micocoulier à ces haies car le pourcentage de recouvrement du Micocoulier varie entre 35 et 75%. Ces haies sont donc caractérisées par leur espèce structurante, qui est spontanée et qui s’est développée après la plantation des Cyprès. En effet, des alignements de Cyprès de Provence sont plantés comme haies « coupe-vent » dans les Bouches-du-Rhône depuis des décennies et sont rarement subspontanés dans le département (Pavon, 2014 in Prunier, 2014). Les groupes 2 et 3 pourraient ainsi être regroupés. Le groupe 1 rassemble des haies de Cyprès presque monospécifiques dans lesquelles les espèces locales n’ont pas pu se développer. Le fait que les haies « monospécifiques » de Cyprès ne fassent en moyenne que deux mètres de large pourrait expliquer l’absence de développement d’autres espèces. De plus, si la richesse spécifique n’est que faiblement corrélée à la largeur, la strate arbustive y est la plus sensible, une haie plus étroite présentera moins d’espèces arbustives qu’une haie plus large. Lorsque la largeur de la bande en périphérie des Cyprès le permet, les

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espèces s’y développent. On a pu observer des haies très hétérogènes sur leur largeur avec d’un côté un alignement de Cyprès et de l’autre un mélange d’espèces locales développées sur les trois strates. La gestion effectuée sur la haie impacte au moins en partie l’apparition de ces espèces spontanées : lorsque l’épareuse est passée tous les ans juste au pied des Cyprès, aucune espèce ligneuse ne peut s’installer durablement. Cet entretien a aussi un impact sur la continuité des haies, les arbres qui tombent ne sont pas remplacés (Baudry et al., 2003, p.62), ce qui cause la présence de trous particulièrement observés dans les haies du groupe 1.

Les haies non prises en compte dans la classification qui a aidé à créer la variable « composition floristique » ont été caractérisées par la modalité « autre ». L’analyse de leur relevé floristique montre que cette modalité regroupe deux sortes de haies :

- Des haies arbustives à cornouiller sanguin (Cornus sanguinea L.), à prunelier (Prunus spinosa), aubépine monogyne (Crataegus monogyna) constituées aussi de jeunes arbres (dans la strate arbustive) comme le Frêne oxyphylle (Fraxinus angustifolia), le noisetier et l’orme champêtre (Ulmus minor). Ces essences étant présentes dans de nombreuses haies, elles n’ont pas été sélectionnées comme espèces caractéristiques d’un groupe de haies. Ces haies se retrouvent dans le type « Haies arbustives diverses », ce qui est cohérent avec leur composition même si celle-ci n’a pas été caractérisée.

- Quelques haies dont l’essence la plus structurante est une essence rare dans l’échantillon de haies étudiées et donc enlevée lors de la réduction du jeu de données. C’est le cas du Cyprès d’Arizona (Cupressus arizonica) et du Frêne commun (Fraxinus excelsior). Quelques haies où l’espèce dominante est le Frêne oxyphylle (Fraxinus angustifolia). Cette essence n’a pas été identifiée comme une des espèces structurantes lors de la création de la variable car elle ne caractérise pas assez les haies. Elle est en effet associée à des essences qui ont des conditions écologiques différentes et qui caractérisent différents types de haies, comme le Chêne vert, le Peuplier blanc ou le Cyprès de Provence. Les haies de Frêne oxyphylle et de Cyprès d’Arizona, très peu nombreuses, se retrouvent dans le type 3 car possèdent les mêmes caractéristiques structurales. Au vu des différents points de discussion, il peut être envisagé d’ajouter un sixième type de haies : « Haies multi-strates de feuillus ». Celui-ci contiendrait notamment les haies pluristratifiées de Peuplier Blanc et de Frêne oxyphylle classées dans le type et toutes autres haies pluristratifiées qui ne contiennent que des feuillus.

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3. Discussion sur l’influence de la gestion

Des observations sur le terrain fournissent des indications de l’impact de la gestion sur la structure et la composition des haies. La surface laissée à la haie pour se développer en est un exemple. Le regroupement des haies de cyprès dans le type 1 vient d’une volonté des gestionnaires de ne laisser qu’une bande de deux mètres de large pour la haie. La gestion peut influencer aussi la présence de certaines haies dans un groupe. Par exemple, on retrouve des haies de cyprès d’Arizona et de Provence de hauteur inférieure à huit mètres, car émondés, dans le groupe « Haies arbustives diverses » bien que ces haies ne soient pas forcément riches en arbustes. Cependant, le manque d’informations sur les périmètres d’exploitations en amont des entretiens n’a pas permis de lier les entretiens et notamment les réponses concernant la gestion des haies à la typologie des haies étudiées sur le terrain. Pour donner suite à cette première analyse, il serait pertinent d’étudier des haies dont on connait la gestion afin de mesurer l’influence de la gestion effectuée sur l’état et le type des haies.

4. Etat sanitaire des types de haies et intérêts pour la biodiversité et l’agriculture

Les trous et leur longueur ont été relevés afin de déterminer l’indice de continuité de chaque haie. Seuls 12% des haies sont discontinues, les haies étudiées ont donc un état sanitaire globalement bon (DEFRA, 2007). On note cependant que la discontinuité des haies est associée aux haies quasi monospécifiques de Cyprès de Provence. La perte de continuité écologique diminue les fonctions écologiques, anti-érosive et aussi l’effet brise-vent, voire entraine une inversion de l’effet par accélération du vent au niveau des trous (PNR du Haut-Languedoc, 2014).

On a appelé des haies « hais multi-strates » ou « pluristratifiées » car elles possèdent au minimum les strates arbustives et arborées à plus de 10% de recouvrement de biomasse. Mais pour qu’elles soient multi-strates du point du vue fonctionnel, il faut que les différentes strates soient elles-mêmes fonctionnelles c’est-à-dire suffisamment développées et continues (comm. pers. Virginie Croquet, ONCFS). On estime alors arbitrairement qu’à partir de 50% de recouvrement, la strate est fonctionnelle. Sur la totalité des haies, 21% sont donc « fonctionnellement » multi-strates. L’ONCFS (2019) explique que la haie multi-strate « répond à l’essentiel des exigences de la faune ». Ces haies correspondent aux deux haies du type 4, à 4 haies sur 5 du type 2 et à 45% des haies du type 3. Les haies arbustives ou arborées ne répondent pas à toutes les fonctions d’une haie mais restent intéressantes pour certains taxons. Les arbustes fructifères sont sources d’alimentation pour les insectes et oiseaux toute l’année (notamment l’aubépine monogyne dans l’alimentation hivernale des oiseaux) (Chambre

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d’Agriculture de Bretagne, 2006) tandis que les haies de haut-jets constituent des « corridors de déplacement pour les chauves- souris » (Wolton et al., 2013 In PNR des Alpilles, 2015). Du point du vue agricole, ce sont les haies pluristratifiées et feuillues qui sont les plus efficaces pour protéger du vent. Les haies monospécifiques de conifères agissent au contraire comme un mur imperméable à cause notamment des branches des conifères qui se collent face au vent, ce qui diminue l’effet brise-vent (Baudry et al., 2003, p.237). L’effet augmente également avec la hauteur de la haie (Liagre, 2006 In Percsy, 2008). En cela, les haies des types 1 et 5 sont les moins efficaces, les haies de feuillus des types 3 et 4 les plus efficaces. L’efficacité des autres haies dépend ensuite de la dominance des conifères dans la strate arborée et du recouvrement de la strate arbustive.

De façon générale, plus de la moitié des haies étudiées (34 sur 64) ne semblent pas correctement intégrées au réseau de haies (isolées ou en contact direct avec une seule autre haie). Cela nuit à l’intérêt du réseau pour la biodiversité, qui est plus important que celui d’une seule haie de même qu’à la protection du vent (Billeter et al., 2007 ; Tourneur, Marchandeau, 1996b). L’effet brise-vent est plus efficace dans une région bocagère, donc riche en haies, qu’avec une haie isolée (Morin-Pinaud, 2015). Pour confirmer les résultats sur la connexion au réseau de haies, il faudrait calculer l’indice de cohérence (I0) qui permet d’apprécier la complexité du réseau de haies dans son ensemble (DREAL Basse-Normandie, 2017).

5. Quelles haies favorables aux microhabitats ?

Les microhabitats (mh) sont observés essentiellement sur les individus de la strate arborée (que quatre pieds en tout pour les arbustes), les haies arbustives sont moins riches en mh. Les haies arborées de feuillues sont plus riches en mh que les haies de Cyprès, leur intérêt pour les espèces animales qui les utilisent est d’autant plus élevé.

Considérant l’importance des cavités dans le cycle biologique de plusieurs espèces à enjeu telles que le Petit duc scops, le Murin à oreilles échancrées ou encore le Rollier d’Europe (Mairie de SMC, 2015 ; DREAL PACA, 2013), les Chênes verts, présentant de nombreuses cavités, ont un intérêt particulier en Crau. Une étude réalisée dans les Alpilles (Vallée des Baux) sur le Rollier d’Europe montre cependant que le Peuplier blancs serait l’essence qui aurait le plus de cavités habitées par l’oiseau (Dasse, 2016). Le cyprès de Provence ne présente presque que du lierre. Son rôle de support de mh est donc faible. Cependant, le lierre ainsi que les autres lianes ont un rôle important de support de nid et d’abris et représente une source de nourriture l’hiver (Boissinot et al., 2014, p.93). De plus, le Cyprès est l’essence qui présente le plus souvent de

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parties mortes sur un pied encore vivant et qu’on trouve le plus souvent mort dans la haie. En cela son intérêt pour la biodiversité augmente car les zones mortes des arbres sont des excellentes zones pour l’apparition d’autres microhabitats (observations personnelles) et la présence d’arbres morts dans la haie permet d’avoir une riche biodiversité saproxylique et cavicole, en plus de l’intérêt que ça a pour le fonctionnement de l’écosystème (Vallauri, 2005). Des haies arborées de feuillus contenant des arbres morts comme les haies des types 2, 3 et 4 ont donc, de ce point de vue, un intérêt élevé pour la biodiversité.

Cinq types de haies sont identifiables aux bords des prairies. Leur intérêt pour la biodiversité varie selon leur structure et leur composition. La gestion influe sur la typologie. Celle-ci est effectuée par des gestionnaires qui ont une vision des haies qui leur est propre. Cette dernière, ainsi que les méthodes de gestion, sont présentées et discutées dans la partie III.

Les visions et méthodes de gestion des principaux gestionnaires des

haies

A. Résultats

1. Présentation des individus entretenus

Dix-sept entretiens ont été réalisés. Sur tous les enquêtés, quatre sont propriétaires de terres agricoles mais n’exploitent pas (ou plus) eux-mêmes leurs terres. Ils seront nommés « propriétaires » dans la suite de l’étude. Ils possèdent majoritairement (trois sur les quatre) des exploitations de petite surface (inférieures à 10 ha). Au sujet de la formation, sur les 13 exploitants ayant répondu à la question, un seul ne vient pas du milieu agricole. Pour les neuf exploitants formés par leurs parents dans la ferme familiale, cinq n’ont pas reçu de formation agricole supplémentaire, quel que soit leur classe d’âge.

2. Atouts et inconvénients des haies perçues par les enquêtés

La première étape était de citer les atouts et inconvénients que les exploitants et propriétaires attribuent aux haies. Leur premier réflexe est de répondre avec leur point de vue de producteur de foin. Ils devaient donc ensuite donner leur vision plus générale des haies. La Figure 9 montre les différents atouts des haies mentionnés par les enquêtés du point de vue de l’agriculteur. Quatorze individus citent au moins un atout, deux autres estiment qu’il n’y en a

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« aucun ». L’effet coupe-vent qui protège le foin est l’atout le plus cité (dix individus). Trois individus estiment que dans les zones protégées du vent par les haies, la production de foin est plus forte. Dans un deuxième temps, treize individus répondent à la question des atouts « généraux » des haies. Douze individus y voient un intérêt pour la biodiversité, cinq d’entre eux ne citent que l'intérêt pour les "oiseaux". Dix individus disent que de façon générale (sans penser à l’impact sur leur production), il n’y a aucun inconvénient aux haies, le mot « rien » est cité par sept d’entre eux. A la question des inconvénients du point de vue de l’agriculteur, quinze individus ont répondu. Les inconvénients sont présentés dans la Figure 10 avec leurs impacts sur la production lorsque ceux-ci sont mentionnés.

L’ombre prodiguée par la haie est cité par sept individus. Elle a un impact sur la qualité, le rendement et amène un entretien supplémentaire pour ceux qui choisissent d’étêter les arbres. La présence de feuilles et de bouts de bois dans les prés est citée par six individus. Ces résidus « polluent » le foin (qualité foin), les machines agricoles cassent régulièrement à cause de branches (machines). Six individus considèrent la présence d’espèces non prairiales à proximité immédiate de leur pré comme un inconvénient car celles-ci se développent aussi dans

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

ombre résidus de haie

dans le pré

branches qui dépassent de la

haie

haie en tant que "pool d'espèces non prairiales" NA qualité du foin rendement machines entretien

Figure 10 : Inconvénients des haies et leurs impacts sur la production (chiffre en gras : nombre d’individus qui citent l’inconvénient du dessous ; NA : quand l’inconvénient est cité sans l’impact sur leur

production)

6

2 6

7

Figure 9 : Atouts des haies du point de vue de l'agriculteur (les nombres dans le graphe représentent le nombre de fois où cet

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les prés, dégradant alors la qualité du foin. Ces espèces entrent en compétition pour l’eau avec les plantes prairiales et gagnent en surface sur le pré même avec un entretien régulier, diminuant donc le rendement des prés. Trois des quatre sources d’inconvénients impliquent un entretien supplémentaire à celui de base, annuel. L’entretien des haies dans sa globalité est ainsi l’inconvénient le plus mentionné avec 10 citations.

3. Gestion des haies et projets de plantation et d’arrachage

La Figure 11 présente les principales motivations pour l’entretien des haies, données par quinze individus. Le principal objectif est de contenir l’avancement de la haie sur la prairie. Le deuxième objectif est de faciliter l’accès des machines aux parcelles et de ne pas les abimer. L’étêtage des arbres est cité par trois individus, qui veulent ainsi diminuer la surface en ombre. En général, l’entretien est réalisé une fois par an (quinze réponses sur dix-sept), les deux autres ne ressentent pas le besoin de le réaliser si fréquemment. L’entretien est réalisé par les quinze individus qui ont répondu à cette question, à la fin de l’hiver. Pour sept enquêtés, la gestion implique la régénération de la haie, soit passivement en laissant pousser des essences locales soit activement en replantant. Deux des trois exploitants qui replantent choisissent le Cyprès et justifient leur choix en citant entre autres la caractéristique des cyprès à ne perdre ni leurs feuilles ni leurs branches même en cas de vent. Sur les seize réponses à cette thématique, l’épareuse est presque systématiquement utilisée pour tailler les haies latéralement et « nettoyer » la strate buissonnante. La tronçonneuse est utilisée pour les plus grosses branches. Seuls trois enquêtés entretiennent les haies qu’en tronçonnant les branches qui dépassent. Cinq des dix-sept agriculteurs laissent une partie des produits de l’entretien dans la haie. Sur les cinq, deux mentionnent l’intérêt écologique pour la qualité du sol de cette pratique (les termes « humus » et « laisser pourrir pour la biodiversité » ont été utilisés). Trois des quatre propriétaires qui n’exploitent pas donnent des objectifs d’entretien similaires à ceux donnés par les exploitants. 1 6 9 3 1 3 2 1 2

entretenir le bord de route faciliter accès et travail des machines

stopper l'avancement de la haie sur le pré

diminuer la hauteur des arbres

couper les arbres morts gérer les canaux

Figure 11 : Les différents objectifs d'entretien pour les individus enquêtés

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Les projets de plantation de haies témoignent aussi des besoins des producteurs de foin en matière de haie. Quatre individus ont déjà planté au moins une haie ou en ont le projet. Deux sur les trois ont planté sans avoir arraché avant. Ils ont planté des haies monospécifiques de cyprès en citant le rôle brise-vent. Le troisième compte replanter une haie plurispécifique pour compenser une perte de haie à la suite d’un nivellement. La raison de ce choix est de « garder un équilibre naturel » pour la biodiversité. Le dernier a replanté une haie à la suite de l’arrachage d’une haie répertoriée dans la LL2 à l’époque en application. A contrario, certains enquêtés ont déjà estimé ne plus avoir besoin de certaines haies. Ainsi, neuf enquêtés sur les dix-sept ont arraché au moins une haie les 20 dernières années et/ou en ont le projet (Figure 12). Sept des neuf justifient l’arrachage en partie par le nivellement qu’ils ont effectué. Le nivellement consiste ici à modifier la pente pour faciliter le déplacement de l’eau sur le pré. Ceux qui nivellent en profitent souvent pour fusionner plusieurs parcelles ensemble. La chute de nombreux arbres d’une haie est la deuxième cause d’arrachage complet de la haie. Bien qu’un seul individu ait mentionné le travail avec les engins comme raison d’arracher une haie, trois des quatre propriétaires qui n’exploitent pas eux-mêmes mentionnent l’achat de machines agricoles de plus en plus grosses par les producteurs de foin de la Crau et dures à manœuvrer en présence de haies.

4. Détermination de profils des gestionnaires

Une ACM et une CAH sont réalisées afin d’analyser les liens entre les différentes réponses obtenues et de définir des profils d’individus en fonction de leurs réponses. Seules les variables les plus structurantes ont été gardées en variables actives, c’est-à-dire celles qui ont un rapport de corrélation d’au moins 0,4 sur une des dimensions analysées. Les groupes d’individus déterminés par la CAH sont présentés Figure 13. Les clusters sont uniquement déterminés grâce aux deux premières dimensions. Le groupe 1 contient 12 individus sur les 16, soit la majorité des enquêtés. Les deux autres clusters regroupent deux individus chacun. Le graphe des modalités est analysé afin de caractériser les trois clusters : les dimensions 1 et 2 expliquent 52,7% de l’inertie du jeu de données, on se concentre sur ces dimensions-là (Figure 14). L’annexe VII donne la signification des modalités de la Figure 14. Le groupe 3 est caractérisé par des modalités aux coordonnées élevées sur la dimension 1, c’est-à-dire par des

7 1 1 3 1 nivellement gestion eau machines arbre tombant rendement Figure 12 : Raisons citées par les enquêtés

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méthodes de gestion manuelle visant principalement à protéger les machines. Ils sont engagés dans la MAE_linea01. Le groupe 1 est caractérisé par l’utilisation de l’épareuse et vise à maximiser la rentabilité de leur production en limitant au maximum l’impact des haies. Le groupe 2 est caractérisé par les modalités aux coordonnées élevées sur l’axe 2, c’est-à-dire par la plantation de plants dans le linéaire afin de le garder continu. Les groupes 1 et 2 sont aussi composés majoritairement d’individus qui n’ont pas le contrat MAE_linea01 ou qui ne se rappellent plus s’ils l’ont.

Les variables supplémentaires N2000 et MAE_connaissance ont des rapports de corrélation élevés avec les axes 1 (cor > 0,7) et 2 (cor = 0,4). La modalité « N2000-connait_bien » est « significative » de l’axe 1 (|v.test|>2). Elle est opposée aux deux autres modalités de la variable. « MAE_connaissance-connait » a aussi des coordonnées élevées sur l’axe 1. Seul le groupe 3 est donc caractérisé par une bonne connaissance de Natura 2000. Les deux individus de ce groupe connaissent l’existence du contrat MAE_linea01. Dans le groupe 1, cinq des douze enquêtés connaissent ce contrat, sept ne le connaissent pas.

B. Discussion

1. Vision des enquêtés

Les réponses ne sont pas les mêmes selon le point de vue pris par les enquêtés pour donner leur vision des haies, celui du producteur de foin de Crau ou celui du citoyen « lambda » (c’est-à-dire un point de vue plus général et indépendant de leur profession). Ils ont conscience Figure 13 : Clusters des individus enquêtés

déterminés lors de la CAH

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30

de l’importance des haies pour la biodiversité et la représentation qu’ils en ont en tant que citoyen est positive. Pour autant les atouts et inconvénients des haies les plus concrets sont ceux liés à leur production et à leurs besoins, comme pour d’autres agriculteurs au Nord-Est de la Bretagne (Javelle, 2006). Elle implique un objectif de rendement qui semble être limité par la présence des haies, vues alors comme sources de nombreux inconvénients pour l’exploitant comparé au seul principal atout, l’effet coupe-vent. Même s’ils donnent plusieurs inconvénients et atouts des haies, il a été ressenti lors des entretiens que les inconvénients ont plus d’importance. Il aurait été pertinent de demander aux individus de hiérarchiser les atouts et inconvénients qu’ils perçoivent afin de vérifier ce ressenti.

L’effet brise-vent est cependant remis en cause par trois enquêtés. L’un d’eux explique qu’« avec un vent à 100 [km/h], t’as beau avoir une haie de peuplier ou de cyprès, le vent passe quand même », et un autre a observé en présence de trous un effet « entonnoir » des haies et une accélération du vent en aval de la haie. Ces enquêtés n’incluent donc pas l’effet coupe-vent dans les intérêts des haies et même s’ils ont identifié les caractéristiques des haies qui diminuent voire annulent l’effet coupe-vent de la haie – présence de trous et le fait d’avoir une haie monospécifique en cas de vent fort (feuillus et conifères confondus) – ils n’expriment pas leur intention d’adapter leur gestion des haies afin de modifier ces caractéristiques-ci.

L’impact des haies sur le rendement est suffisamment ambigu pour que certains voient un effet bénéfique des haies et d’autres un effet négatif. Peu d’études ont été menées sur l’impact des haies sur la pousse de l’herbe (Baudry et al., 2003, p.249), on sait cependant qu’un vent fort et fréquent – ce qui est le cas ici – peut freiner de moitié la croissance de la plante (Moulia, Combes, 2004) et donc diminuer le rendement fourrager. Les haies protègent en ce sens les prairies (Amouroux et al., 2016). Mais des enquêtés observent que l’ombre créée par les haies ralentit le séchage du foin, ce qui peut avoir des conséquences sur la qualité du foin et donc sur sa vente.

2.

Gestion

L’ACM et la CAH ont permis d’identifier trois groupes d’individus enquêtés en fonction de la gestion de leur linéaire. Bien que l’analyse n’ait été faite que sur 16 individus et qu’elle ne prend pas beaucoup de variables en compte, les résultats sont cohérents. Les exploitants dits « classiques » se retrouvent dans le groupe 1 ; le groupe 2 est formé de deux individus identifiés aussi comme « classiques » mais avec la particularité d’aider activement à la régénération de

Figure

Figure 2 : Haies présentes en 2012 dans les deux secteurs à l'étude (carte: Juliette Bertin, données : CEN PACA,  modifiées par Juliette Bertin)
Figure  3  :  Schéma  explicatif  de la délimitation en longueur  d'une haie
Figure  4 :  Présentation  de  certains  dendro-microhabitats  recherchés  dans  les  haies :  a)  branche  brisée,  fente ;  b)  Décollement d’écorce (surface  minimale :  feuille  A4) ;  c)  cavité
Figure 5 : Classification ascendante hiérarchique réalisée sur les haies en fonction de leur composition floristique
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