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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Une salle de classe est-elle un univers carcéral, un essai de proxémique scolaire

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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LA SALLE DE CLASSE EST-ELLE

UN UNIVERS CARCERAL?

UN ESSAI DE PROXEMIQUE SCOLAIRE.

J-L ZIMMERMANN

Collège de Staël, LDES U. de Genève M-L ZIMMERMANN

Ecole Jean Piaget. LDES U. de Genève

MOTS CLES : Espace, communication, architecture.

RESUME: Quel est le langage de l'espace scolaire? Dans quelle mesure les locaux et le mobilier

actuels influencent-ils le comportement des élèves, quel message ces lieux communiquent-ils aux élèves?

Pour tenter d'approcher cette réalité, un questionnaire a été passé dans plusieurs classes de l'enseignement secondaire genevois. Ce questionnaire essaie d'évaluer,àl'aide de mots clés, les premières réactions d'élèves face à des photographies de différentes salles de classes destinées àl'enseignement de la physique.

ABSTRACT : What is the "language" of the physical enviranment at school ? How does it "speak" ta the students ? To what extent do school roorns and fumiture influence student behavior and ways of workink and learning ? What message does the physical environment communicate to studens ?

In an attempt to get cIoser to is reality, a questionaire has been distributed im several secondary-school in Geneva. Using key words, the survey attempt ta evaluate initial student reactions at seeing photographs of different cIassroom for Physics instruction. A.GIORDAN, J-L. MARTINAND, Actes JES X, 1988

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1. Un essai de proxémique scolaire

LI Une culture scientifique non verbale ?

En référence au thème de ces IOèmes. journées, posons-nous la question suivante: quelle est la culture implicitement communiquée aux élèves par le contexte de l'enseignement scientifique, nous entendons par là: le local utilisé, le mobilier et sa disposition, la disposition du matériel scientifique, etc ... Cette question peut sembler sans intérêt, l'enseignant et l'élève se voient imposer un intervalle de temps et un lieu dans lequel va se dérouler l'interaction pédagogique. Cette interaction pédagogique semble constituer la seule partie importante de l'apprentissage! !l'our peu que le cours soit "bien placé" dans l'horaire, que le local soit suffisamment grand, propre et bien équipé, une majorité d'enseignants et de chercheurs ne penseront même pasàse poser la question de l'influence du contexte. Une salle de physique est une salle de physique, un horaire est un horaire, l'important se passe pendant le cours!

Deux expériences nous ont amenés à penser le contraire:

- Qenève: école Jean Piaget: une réforme de la pédagogie utilisée pour les cours de physique (méthode APA [1]) impose un changement du mobilier, du matériel et de la gestion de l'espace de la salle de physique (la gestion du temps reste traditionnelle).

Ces modifications engendrent des réactions imprévues et importantes de la part des élèves.

- Carougê: collège de Staël: une réforme de le pédagogie pratiquée en physique amène les enseignants àchanger de local en fonction de la nature des activités pratiquées.

Nous constatons que des activités de même type pratiquées par les mêmes élèves mais dans des locaux différents donnent des résultats différents!

La constatation de ces phénomènes nous a amenés à envisager une recherche relevant de la proxémique, selon le terme proposé par Edward T. Hall en 1968 l, pour caractériser: ... l'étude de la perception et de l'usage de l'espace par l'homme ... " . L'affirmation de Hall: " ... pratiquement tout ce que l'homme fait est lié à l'expérience de l'espace ... " [3] a fortement influencé notre travail. Nous avons laissé pour plus tard l'étude d'un facteur très important: le temps, car nous envisagions de faire porter notre enquête sur des établissements pratiquant une gestion très traditionnelle de l'horaire, par la suite nous avons ajouté à notre liste quelques classes du collège de la Villeneuve à Grenoble, bien que ce collège pratique une gestion du temps plus souple. Nous postulerons que cette vision différente de l'utilisation du temps n'a que peu influencé les réponses de ces élèves à notre

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1. 2.Méthodologie

Nous avons choisi de faire passer à quelques élèves de quatre établissements scolaires, un questionnaire portant sur leurs perceptions de sept salles de physiques sélectionnées dans divers établissements du canton de Genève. Ces salles se caractérisent par une architecture d'une très grande banalité, si l'on excepte la salle No. 5, salle vétuste mais décorée par les élèves. Les salles 1,2,3,4,6 et 7 sont modernes (moins de 10 ans), propres, le mobilier est en bon état. La plupart des salles ne contiennent pas de matériel, lequel se trouve dans un local de collection. Chaque salle présente des caractéristiques typiques:

Salle 1: salle polyvalente (cours + travaux pratiques) de petite dimension, destinée à un maximum de 12 - 15 élèves.

Salle 2 : salle en gradins, construite pour que les élèves puissent bien "voir" les expériences réalisées par le maître.

Salle 3 : salle APA [1] , une partie est destinée aux travaux pratiq ues une autre à la "mise en commun".

Salle 4 : salle avec pupitres individuels, arrangement très traditionnel. Salle 5 : c. f .ci-dessus.

Salle 6 : il s'agit de la salle 4, les pupitres sont regroupés en "grandes tables". Salle 7 : salle de sciences "standard", prévue par les services responsables de la construction et de l'équipement des bâtiments scolaires du canton de Genève (département des travaux publics).

Le questionnaire comportait:

a) Une série de 18 mots clés concernant ces salles:

expérience rester assis autonomie

ennui agréable

bouger désintérêt activité

motivation dépendance

accueillant théorie passivité

désagréable intérêt rébarbatif

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Les élèves devaient cocher cinq mots clés pour chaque classe présentée. b) Un choixà réaliser parmi les salles:

Dans quelle salle aimeriez-vous le plus travailler? : .. Dans quelle salle aimeriez-vous le moins travailler? : .

D'après vous, quelle salle est la plus propice aux travaux pratiques? : . c) Un exercice d'imagination:

En quelques lignes (et/ou) un dessin, imaginez la salle de physique idéale:

Pour pouvoir répondre à ce questionnaire, les élèves recevaient un classeur comportant deux photographies de chaque classe.

1. 3. Population

L'enquête a été réalisée dans4établissements scolaires:

AGenève:

- Le Collège de Staël (lycée)

- L'Ecole Jean Piaget (école de culture générale) - Le Cycle d'orientation de Bois·Caran (collège) A Grenoble:

- Le Collège de la Villeneuve

Après élimination des réponses non utilisables, les données de 218 questionnaires ont été introduites dans un base de données et partiellement dépouillées.

Le dépouillement a montré que le contexte de l'établissement scolaire était de loin l'élément le plus important. Nous avons décidé de privilégier ce facteur en incluant également la répartition filles/garçons bien que cet élément soit beaucoup moins influent. Dans un premier temps, nous avons négligé l'âge (en partie corrélé avec l'établissement), la filière suivie, la provenance etc..

2. Principaux

résultats

2. 1. Le choix des élèves

Les réponses les plus faciles àanalyser sont celles qui concernent le choix des élèves (question b). Pour chaque établissement, un "tiercé" résume ce choix. L'interprétation des réponses des élèves est facilitée par l'analyse des mots clés.

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Salle préférée, rejetée et salle pour T.P.

Etablissemen t salle préférée salle rejetée salle T.P.

Collège de Staël 2 37 % 4 78 % 3 S9

%

5 30% 5 11% 6 24 %

6 26% 1 9 % 7 11%

Ecole Jean Piaget 2 50 % 1 3S % 3 7S

% 6 24% 4 31 % 7 10% 5 15 % 3 et 5 11% 2 6 %

c.a.

Bois-caran 3 38 % 4 40 % 3 35 % 5 32% 1 32% 6 25 % 5et 7 10% 2 12 % 7 25 % Collège de la 2 29 % 1 37 % 3 44 % Villeneuve 3 25 % 6 15 % 6 18 % 5 21 % 4 14 % 2 et 7 12 %

Une telle répartition impose un certain nombre de remarques: la victoire de la salle 2 et le rejet unanime de la salle 4, (deux salles photographiées dans le collège de Staël) démontrent clairement l'existence d'une culture contextuelle, propre à l'institution scolaire et tellement intégrée par les acteurs qu'elle en devient inconsciente, transparente. Elle forgera pourtant le jugement des élèves sur cette institution, même si la pratique scolaire de tous les jours est en parfaite contradiction avec leur système de représentationde"ce que doit être l'école" ! Analysons d'abord ces résultats établissement par établissment. On constate une certaine identité de vue entre les deux établissements du secondaire supérieur (Staël et Jean Piaget) et les deux établissements du secondaire inférieur (Bois-Caran et Villeneuve) :

Collège de Staël

La salle 2 date d'avant la réforme de l'enseignement de la physique dans cet établissement. Dans le cadre de cette réforme, les effectifs ont étés réduits (environ 15 élèves par groupe), la majorité des expériences sont réalisées par les élèves; la

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salle en gradins se révèle peu pratique. Dans ces conditions, une telle salle où l'on peut "bien voir" ne se justifie plus, elle représente même un handicap! Pourtant, la salle 2 reste leur préférée car elle représente" ... une vraie salle de physique ..." ou "... une salle comme à l'université ... ". Dans leur choix se cache aussi un désir de passivité vis à vis de l'enseignement prodigué. Les espaces respectifs du maître et des élèves sont clairement définis et l'élève se prend à espérer que les rôles traditionnels des acteurs seront aussi définis; le maître parle, explique, fait les expériences, l'élève écoute, copie ou dort! Cette recherche de la passivité et de la dépendance est particulièrement mise en évidence par l'étude des mots clés.Lerejet de la salle 4 s'explique par deux faits: la disposition du mobilier est celle qui est utilisée lors des travaux de contrôle (!)c.-à-d. une activité fort peu populaire! De plus, les élèves m'ont confirmé, qu'avec cette disposition, l'espace réservé au maître n'est pas clairement limité, en se déplaçant entre les tables, il peut empiéter sur l'espace élève et interférer dans leurs activités.

Ecole jean Piaget

Dans cette école, certains élèves vivent leurs études comme "un lycée au rabais", le souhait d'une "vraie classe de physique" est encore plus fort qu'au collège de Staël! Et ceci, même si , (ou parce que) il n'existe aucune classe de cette sorte dans leur établissement!

Dans ces deux établissements, il est à noter que la salle 3 (photographiée à l'Ecole Jean Piaget) ne figure jamais dans le tiercé, elle est considérée comme juste bonne aux travaux pratiques! Cette salle ressemble aux salles qu'ils ont connues au cycle d'orientation, elle symbolise une "salle de physique pour les petits".

Si la salle 2 représente l'archétype de la salle de physique, les deux autres salles choisies, la 5 et la 6 ont également un caractère archétypique qui se révèle lors de l'étude des mots clés.

La salle 5 est la salle "sympa", "agréable", "accueillante" elle fleure bon les vacances avec pourtant un classicisme de bon ton. On retrouve, dans les mots clés choisis par les élèves du collège de Staël: rester assis (54%)et théorie (48%),gage d'une implication minimale dans le cours, passivité et activité se retrouvent presque à égalité (28 % et 30 %). L'arrangement des pupitres (quatre lignes de pupitres collés les uns contre les autres) est celui que les élèves organisent d'eux mêmes s'ils en ont la possibilité. Cette disposition permet de préciser au maximum les espaces élèves et maître! Avec une telle disposition, l'enseignant n'a pas, physiquement, la place pour intervenir parmi les élèves.

La salle 6 se voit parée de toutes les qualités (au collège de Staël, 81% de mots clés "positifs"), elle satisfait au besoin d'échange des élèves, on peut remarquer que la place privilégiée du professeur a disparu! Il faut cependant remarquer que cette salle n'est autre que la salle la plus unanimement détestée dans laquelle on a changé la place du mobilier! Avec cette disposition, l'enseignant devra s'impliquer fortement

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c.a.

Bois-Caran et collège de la Villeneuve

Ces deux établissements pratiquent une pédagogie plus "active" pour l'enseignement des sciences. La salle 3 est vécue comme une salle permettant un enseignement complet de la physique; les élèves ont l'habitude de travailler dans des salles de ce genre. On retrouve les salles 5 et 6.0n peut pourtant s'interroger sur le score élevé de la salle 2 au collège de la Villeneuve. S'agit-il de nouveau du syndrome de la "vraie salle de physique" ? Notre culture véhicule-t-elle un tel archétype? Ou alors s'agit-il d'un désir inconscient de moindre implication dans les activités scolaires? La salle 1 est presque aussi unanimement rejetée que la 4. Les élèves du collège de la Villeneuve estiment qu'ils sont déjà trop nombreux dans leurs salles... on ne pourrait jamais tenir dans la salle 1 ... " !

La salle 7 ne trouve grâce aux yeux des élèves que pour une activité de travaux pratiques. L'analyse des mots clés montre pourtant qu'elle n'engendre que fort peu d'intérêt, les élèves lui reprochent son caractère figé, "scolaire" et pourtant cette classe est la salle de sciences standard, pensée par les services "compétents" du canton de Genève! Cette dernière remarque permet de mettre en évidence lesconfIit~ d'intérêts entre les services dits "compétents". les "spécialistes" divers (architectes, médecins, psychologues, ergonomes, etc ...) et les usagers (élèves et enseignants) !

Ces derniers n'ont pratiquement aucun pouvoir sur la gestion de leur espace et de leur temps. On peut noter pourtant une remarquable capacité des utilisateurs à détourner le matériel misàleur disposition!

2. l.Conclusion

Cette étude n'a d'autre prétention que de sensibiliser les enseignants (et les élèves ... ) àla gestion de l'espace scolaire, leur espace, problème souvent négligé sous prétexte de ... on fait avec ce qu'on a ... ". Vouloir modifier la pédagogie en négligeant le facteur espace c'est s'exposerà des problèmes que l'on cherchera, en vain, à expliquer par d'autres facteurs. Toucher à l'utilisation traditionnelle de l'espace scolaire, c'est entrer en conflit avec tout le système de représentation de l'école que s'est forgé l'élève au cours de sa scolarité! L'organisation traditionnelle avait réalisé une fonction de protection des acteurs (maîtres et élèves) en séparant leurs zones d'action, leurs "bulles" personnelles. Il ne faut pas oublier que l'espace scolaire n'est pas ressenti tel qu'il est mais tel que la culture ambiante le représente.Pour preuve, nous n'en voulons que le faible taux de réponses à la question d) du questionnaire. Sur l'ensemble des réponses. nous ne comptons que trois ou quatre réponses originales et une majorité de non-réponses! Il est courant de voir un élève décrire ou dessiner en tant que "salle de physique idéale" une salle qu'il trouvait exécrable deux lignes plus haut.

Réarranger le mobilier pour pratiquer, par exemple, une pédagogie active, n'est pas simplement déplacer du mobilier, c'est modifier en profondeur la dynamique de la classe, le vécu des acteurs.

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S'il existe des descriptions originales de locaux scolaires [4] [5] [6] et si certaines on été expérimentées, la majorité des projets sont restés dans les tiroirs. Les acteurs de l'école ont là un espace de recherche et de pouvoiràreconquérir.

Bibliographie

[1] M.-L. ZIMMERMANN, B. PAILLARD Apprentissage des Sciences Expérimentales par L'Autonomie AFA , Genève LDES, 1987.

[2] Ouvrage collectif présenté par Y. WINKIN, La Nouvelle Communication Paris Seu il 1981

[3] EDWARDT. HALL, La Dimension Cachée, Paris, Seuil, 1971

[4] A. GIORDAN Une Pédagogie pour les Sciences Expérimentales, Paris, Le

Centurion, 1978

[5] L'architecture et l'espace éducatif, Perspective, Vol. Il, Paris, UNESCO, 1972 [6] Equipe ASTER, Réaménager l'espace de la da"se, Formation Scientifique et Travail Autonome, Paris, INRP, 1985.

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Références

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