J.-L. MARTINAND et É. TRIQUET éditeurs, Actes JIES XXX, 2009
SCÈNES DE LA VIE SCIENTIFIQUE…
LES PRATIQUES DE RECHERCHE VUES PAR LE THÉÂTRE
Mélodie FAURY*, Hélène MONFEUILLARD, Claire TRUFFINET Groupe TRACES, École Normale Supérieure
MOTS-CLÉS : PRATIQUE DE RECHERCHE – CONSTRUCTION DU FAIT SCIENTIFIQUE – ÉCRITURE SCIENTIFIQUE – THÉÂTRE
RÉSUMÉ : Cet atelier est conçu comme un exercice d'écriture : à partir d'un article de recherche donné, les participants imaginent des dialogues ayant eu lieu avant la soumission de la publication aux experts de la revue. Il s’agit de mettre en évidence et de discuter des principaux modes de construction d'un fait scientifique, tels que nous pouvons les imaginer à partir d’articles normés.
ABSTRACT : This workshop has been conceived as a writing drill : from an article relating to research, the participants have to imagine dialogues that could have occurred before submitting it to the experts’ approval of publication by their magazine. The purpose of this drill is to highlight and argue about the main modes of setting up a scientific fact, such as we can imagine it from standard articles.
J.-L. MARTINAND et É. TRIQUET éditeurs, Actes JIES XXX, 2009
1. INTRODUCTION
Cet atelier n'ayant malheureusement pas pu se dérouler (nombre insuffisant de participants), nous avons souhaité ici en détailler les intentions, les objectifs ainsi que le déroulement tels que nous les avions conçus.
2. PRÉSENTATION DE L'ATELIER
Il n’est pas toujours facile de s’imaginer le quotidien d’un chercheur. Les activités de la recherche varient beaucoup d’une discipline à l’autre et ne correspondent pas toujours à l’idée que l’on peut s’en faire de prime abord. Les communications qui émanent des laboratoires, et notamment les articles scientifiques, ne donnent pas, quant à elles, accès à la pratique de recherche « telle qu’elle se fait » mais seulement aux résultats(Jacobi, D. & Schiele, B., 1988).
Un article scientifique est l’aboutissement d’un certain nombre d’actions et d’interactions entre chercheurs d’un même laboratoire, mais également avec des éléments « extérieurs » : fournisseurs de matériel, financeurs, reviewers, collègues d’autres laboratoires, grand public, etc.…
Ces communications s’effectuent dans des cadres variés : dans et hors du laboratoire, et même sous des formes très diverses (mails, discussions formelles et informelles, conversations téléphoniques, publications, etc. …)
Nous proposons dans cet atelier d’imaginer l’une de ces interactions, comprenant au moins deux acteurs et contribuant au processus de production d’un article.
Pourquoi un atelier d’écriture et pourquoi le théâtre ? Le théâtre permet d’avoir accès à « une science en train de se faire », dans la complexité des interactions entre les acteurs et les personnalités. Nous choisissons la forme théâtrale car nous pensons qu’elle permet de replacer la dimension humaine des scientifiques, en tant qu’individus aux statuts, postures et valeurs différents, dans un contexte économique, politique et social, au sein même de la construction des connaissances. Cette place essentielle de la part humaine de la science nous est donnée à voir dans le spectacle Le Système périodique de Primo Lévi1, des Atomes Crochus.
1 L’adaptation du texte de Primo-Levi par Les Atomes Crochus est présenté dans une des contributions de ces actes :
COLLET B, EASTES R.-E. (2009) - La mise en scène du Système Périodique de Primo-Levi : la science en culture, Actes JIES XXX (J.L. Martinand, E. Triquet éd.)
J.-L. MARTINAND et É. TRIQUET éditeurs, Actes JIES XXX, 2009
3. IMPLICATION DES PARTICIPANTS 3.1 Brainstorming et discussion
L’atelier s’ouvre par une discussion afin que les participants échangent, voire confrontent leurs conceptions du travail de recherche. Un certain nombre de questions pourront alors être posées. Au sujet par exemple de la forme particulière et de la place de l’article scientifique dans l’activité de recherche : Quels sont les enjeux d’un article scientifique ? Quelles en sont les normes ? Quelles informations sont données dans un tel texte ? Quelles sont celles qui n’apparaissent pas ? Quelles sont celles en particulier qui sont volontairement effacées par la forme normée de l’article ? Au sujet du processus d’écriture : quelles sont les étapes d’une publication ? Qui prend part à l’écriture d’un article ?
Cette discussion permettra aux participants de s’immerger dans l’univers des scientifiques qu’il leur sera demandé d’incarner, lors de l’écriture d’un petit dialogue entre des acteurs aux profils et postures institutionnelles délibérément contrastés.
3.2 Atelier d'écriture
Chaque groupe se voit distribuer un texte issu de la revue Médecines/Sciences2, écrit en français et de format court (brève). Chaque article peut être utilisé par chaque groupe de différentes manières, non imposées : le texte peut aider à planter le décor (type de laboratoire, thématique de recherche, perspectives d'application, etc.), mais peut également être utilisé en tant que ressource pour donner une vraisemblance à la scène théâtrale qui sera écrite, ou alors pour lui conférer un ressort comique (utilisation du jargon, des noms utilisés pour désigner les objets d'étude, etc.).
3.3 Restitution sous forme de saynète
Chaque groupe restitue oralement les scènes qu’il a imaginées. Cela permet d’illustrer et de discuter des principaux modes de construction d'un fait scientifique que l'on peut imaginer, à partir d'une écriture aussi normée que celle d'un article publié dans les revues de spécialistes. Plus largement, il s’agit de toucher à l'idée que l'on se fait de la pratique scientifique.
Les participants qui le désirent sont ainsi invités à jouer, ou plus simplement à lire le dialogue écrit pendant la phase de travail en groupe.
2 Revue M/S : médecine sciences , dir. BERGERON M. & DUFOUR J.-C. Ed. SRMS: Société de la revue
J.-L. MARTINAND et É. TRIQUET éditeurs, Actes JIES XXX, 2009
4. CONCLUSIONS
Les codes liés à la publication d’un article et le jargon utilisé ne facilitent pas la compréhension du travail scientifique par les personnes qui y sont extérieures. Par le biais du théâtre, cet atelier vise à relier directement l’imaginaire du public à celui du scientifique. En confrontant les imaginaires des participants (qui pouvaient être scientifiques ou non), notre objectif était d’établir un dialogue à partir de différentes conceptions possibles.
BIBLIOGRAPHIE
Jacobi, D. & Schiele, B. (1988). Vulgariser la science: le procès de l'ignorance. Paris : Champ Vallon, diff. PUF.