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L’aviation dans la litterature contemporaine. --.

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(1)
(2)

' These

presentee pour la Maitrise-es-arts par Florence Mary Dwyer

(3)

Table des matieres.

1. L'appel de !'aviation 1

11. L'avion, instrument de grandeur 16

111. L'avion et la terre 34

lV. L'enrichissement de la 1itterature

(4)

Bien que l'idee essentielle de voler existe dans le

cerveau humain depuis vingt-cinq siecles au moins , l'avia~ tion est en realite une nouvelle profession. Il appartenait

a

notre epoque de voir la realisation de reves parsemes

a

travers les ages et c'est le XXe siecle qui temoignera de

'

l'admirable progres et du developpement de l'aviation, une des plus grandes chases que l'humanite ait connues.

Pour se rendre compte de !'importance de !'aviation, on n'a qu'a lire les journaux ou

a

ecouter la T.S.F. Le

nombre d'hommes et de femmes qui s'engagent dans l'aviatiop s'accroit constamment. -~t le jour arrive,

a

cause de la

'

guerre actuelle, ou la force militaire d'un pays sera mesuree

a

la puissance de son aviation.

L'aspirant-aviateur - qu'il ambitionne de devenir pilot-3 de transport, pilote de chasse, pilote d'essais, pilote de raid ou simplement pilot~ prive ou sportif - doit se pene-trer de l'idee d'affronter la mort, et une mort le plus souvent instantanee • rl lui faut aussi compter avec les

"'

accidents , en depit des progres de l'aviation, et ,avant de s'engager dans l'aviation, se rappeler le grand effort, physique et moral, que ce metier lui imposera.

Gomment expliquer que des milliers d'hornmes aient

choisi et continuent de choisir la carriere _d•aviateur ~ uar c'est un fait inconteste que l'aviation gagne en popularite chaque jour.

(5)

L'aviation leur semble-t-elle un meti3r capable de les cJnd~ire

A

la gloire t ~ui n'envierait pas la gloire des

grands aviateurs tels que .Mer:noz, Guillaum.et, Saint-~xupery,

Lindbergh ,Earhart, boucher et autres dont les noms passe-'

rant a la posterit~ Y

~h6isissent-ils le metier d'aviateur comme un moyen de s•enrichir rapidement ~ Tes bonnes situations ne font pas defaut

a

ceux qui acceptent de voler

a

leurs risques

et perils.

~nfin comment expli~uer l'attrait magnetique qu'exerce l'aviation sur tant d•hommes t

Cer~ains d•entr'eux, comme Anthony Fokker, eprouve-rent le desir de voler a~ssi fortement que d'autres eprou-vent celui de naviguer, desirs dont rien ne saurait les detourner. ~arfois ils debutent dans leur metier avant

meme d'avoir atteint l'age de dix ans st la plupsrt du

t ?illDS

a

1' insu OU contre la volonte de leurs parents. --tVant

meme de commencer son entrainement, .c-illthony 31

okker avai t

acq_uis une certaine experience dans 1' aviation en construisant de petits nod~lesa Ses parents ne l'encourageaient pas

a

' ...

prendre une )rofession qui , a leurs yeux et a ceux de leurs contemporains , etait " le chemin conduisant le plus vite au cimetiere 11 o(l) ~t apres un premier succes en volant dans une _yeti te machine ~u' il avai t construi-te , il di t

---1.-Anthony Fokker et Hruce Gould homme volant", page 24

(6)

" Il rae semblai t, en c et instant, que j e voyais ent ierAment realisee l'ambition de toute ma vie- J'etais si exalte

'

que je me demande aujourd'hui comment j'ai pu ramaner l'appareil a terre sans accident. de n'avais plus qu'un

desir, continuer a voleter ainsi indefiniment ".(1) ~tau sujet de l'attrait de l'aviation, en parlant de

Johannis-'

thal,petit village de llAllemagne 0u il passa quelques mois, il dit : n Johannisthal etait une petite cosmopolis prospere

car l'aviation etait un sport qui avait seduit les esprits temeraires, les mauvais sujets et les aventuriers du monde entier- Il y avait bien aussi des pilotes et des inventeurs serieux et travailleurs, mais ils etaient la minorite. ~on

nombre de pilotes amateurs etaient de riches fils de famille qui trouvaient la un pretexte pour organiser leur existence

a

leur gre • ~blouies par l'audace insensee de ces hommes, les beautes du theatre et des boites de nuit venaient flaner dans le voisinage du champ d'aviation, se montraient complai-santes, deployaient toutes leurs seductions, ne marchandant pas leurs faveurs)8. leurs her os habi tuels • .; ( 2)

Le cinema, en mettant

a

l'ecran des films du genre de "Wings",a pu reveler

a

q_uelques-uns leur premiere am1blhtion de voler. ~el fut le cas de oeirne Lay, une des pilotes

de l'armee americaine,qui a transporte le courrier dans les pires conditions atmospheriqueso

~n parlant de cette flamme qui a pris naissance au

1.-Ailthony Fokker et Hruce Gould: Souvenirs d'un homme volant 2. - J:l'okke r et v-ould: Souvenirs d' un homme volant, p. 58 P • 40

(7)

cinema il dit : "Une flamme q_ui devait mettre en feu des

... .. '

reves et pousser le reveur a la realisation de la plus grande aventure qu'un jeune homme puisse avoir : la joie,

l'~motion et la tragedie de gagner ses ailes dans le.

tt CC o

r-p

s d ' A Via t ion " . ( 1 )

D'autres encore, hommes et femmes ont renonce a des professions bien etablies, journalistes, avocats etc ,et ont meme donne leur vie pour l'aviation.

~ue l'on echoisisse l'aviation comme moyen de gloire est faux, sauf peut-etre pour un p~tit nombre. Premierem·3nt la route paraitrait longue et difficile

a

ceux q_ui ne sont pas sinceres ; ils n'auraient ni la tenacite de poursuivre durant plusieurs mois un entra~nement d'une discipline

severe ni le courage d'obeir aux commandements ~pres avoir appris

a

voler • Deuxiemement si la gloire etait l'unique objectif d'un aviateur , des qu'il l'aurait acq_uise il

cesserait de s'exposer aux perils • Lindbergh a-t-il cesse ~e voler apres avoir atteint raris , alors que le monde

entier applaudissait au succ~s de son raid ~ew-iork-Paris r

Loin de la il prolongea son envolee jusq_u'en belgiq_ue et en Angleterre avant de retourner dans son pays natal ou

il continua

a

donner sa vie pour l'avancement de l'aviation. Et q_uoi q_u•il acceptat les louanges universelles il eut

prefere retourner aux Etats-unis comme un simple citoyen.

(8)

~ierre Belperron ~crit: "Si Lindbergh avait travers~

l'Atlantique, c'~tait pour les vingt-cinq mille dollars du urix Orteig, mais tout autant pour sortir du rang des

pilotes de ligne et faire triompher ses idees sur l'aviation commerciale. Maintenant qu'il s'est impose , il va consacrer tout son temps et toutes ses forces

a

l'organisation des

lignes aeriennes ".(1)

tlelene noucher, aviatrice fran~aise,refusa egalement d'abandonner sa profession apres des succes remarquables et des victoires de l'air qu'aucune femme n'avait connues

jusque la • ·~uand sa mere lui dit : "Tu devrais t'arreter maintenant que tu as obtenu ce que tu desirais !" , elle

repondit : "1/Iais,maman, ce n' est pas fini ' loin de lan. (2). Elle requt bien des medailles,pendulettes, coupes,

porte-cigarettes, oolliers,bracelets et recompenses du meme genre !!lais une fois celebre, que dit-on de sa gloire t "N'est-ce

done que cela ~''(3) ~lle appelait ce role de vedette pour banquets " faire la poupee". (4)

·~~uelques hommes conseilleront aux j eunes d 'adopter l'aviation comme un moyen d'amasser une fortune. ~l est facile de constater qu'un mobile semblable n'explique pas l'appel de l'aviation. Si tel etait le cas, on assisterait chaque jour

a

la retraite d'aviateurs Les livres et les 1.-rierre jjelperron: "Lindbergh" p.48

2. -J acques v1ortane: nHelene Jjoucher" p. ?9-80 3.-Jacques Mortane: "Helene .bouchern p.92 4.-Jacques l/_,_ortane: "Helene jjoucher" p.93

(9)

discours de,l'amiral byrd lui rapporterent assez d7argent pour defrayer ses voyages d'exploration. Lindbergh en arrivant

a

Paris declara QUe son envolee n'avait pas pour but d'amasser de l'ar~ent mais l'avancement de l'aviation.

~ venir jUSQU'ici je n'ai pas encore repondu

a

la question : n Com..rn.ent expliq_ue-t-on la. grande attirance

magnetique qu'exerce l'aviation sur tant d'hommes ·tu J'ai

elimine toutes les reponses QUi me sont venues a l'idee '

avant d'etudier l'aviation da.ns la litterature contemporaine. (:tUe disent les aviateurs eux-memes du ChOiX de leur metier .(

'

:Kobert de Liarolles q_ui possede une experience de 1' air, de presque un quart de siecle, et QUi se refusa

a

QUitter l'aviation meme au commencement de la urande ~uerre, dit

Tt L' air' domaine nouveau, revele

a

1' hornme une nartie de

lui-meme qu'il avait toujoJITs ignoree " (1) "L'air, domaine nouveau "··· Depuis son origine l'homme habitue

a

la stabi-lite, au travail, se contentait des choses tangibles. Une fois commences la conquete de l'air lui ~ffre un defi et lui yresente un probleme que tous ceux qui possedent les qualites necessaires et qui ne sont pas d~un temperament faible ou passif refusent d'ignorer. voler, ce mouvement continue., cette lutte dans trois axes fournit

a

la race humaine une experience incomparable .

un essaie de comparer le-pilotage d'un avion

a

celui d'un bateau ou d'un sous-marin ou encore

a

la conduite

d' une voi tur~~_mais la comparaison n' est pas satisfaisante.

____________

...,

__ _

(10)

'

une voiture, un bateau et meme un sous-marin possedent des moyens d'equilibre que l'avion n'a pas et voler requiert

la soumission

a

des lois nouvelles.

Ge pouvoir physique, intellectuel et moral presente

..

a l'homme un defi auquel des milliers tentent de repondre. Gar on trouve heureux les individus ayant

a

leur portee la joie sensuelle de dechainer une vitesse interdite sur la terre,la joie intellectuelle d'accomplir des conquetes et la joie morale de montrer du courage, joies qu'aucun autre exploit saurait leur donner. Ainsi s•explique

l'attirance vers l'aviation qu'eprouve bon nombre d'avia-teurs •

A ceux qui veulent echapper aux contraintes terrestres

et se retirer dans la solitude, l'aviation donne une reponse satisfaisante. nLe solitaire qui prefere s'evader pour un temps de la societe de ses semblables jouit plus pleinement encore des merveilles du vol ."(1) La solitude nous revele

t

a

nous-memes. ~uand un individu s'est penetre de ses propres '

pensees, il hesite ensuite a accepter l'opinion de ses camarades en laquelle il a toujours cru.

~os vies privees apparemment heureuses sont vraiment trop bousculees pour que nous nous connaissions et la force de l'habitude nous a inculque la crainte de la solitude. Plusieurs craignent la solitude meme pour quelques heures. Que redoutent-ils ·r l\Lais n' est-il pas vrai que chaque

(11)

personne doit par elle-meme trouver sa place dans le

monde ·r Nous sommes tous individus distincts et separes de nos voisins • Ghacun possede son "egon et chacun doit decouvrir la reponse

a

la question : "Pourquoi suis-je sur la terre : ·~uel est le but de mon existence ·r " et apres l'avoir trouvee :"Comment accom:plirai-je cette

tache Y " Je ne nie pas la necessite de la societe et de la cooperation entre les etres. nU contraire,il n'y

a de j oies que dans les relations humaines. T'La grandeur d'un metier est,peut-etre, avant tout, d'unir des hommes: Il n'gst qu'un luxe veritable et c'est celui des relations humaines ~~. { 1)

l'Lais pour reflechir et a tteindre un but , il est bon d•etre seul • ~a solitude qu•offre l'aviation est unique et ne ressemble en rien

a

la solitude dans une maison ou sur une ile. ~n volant)le pilote ,seul maitre

a

bord,

eprouve une solitude d1 une qualite determinee et augmentee par l'intangibilite •

'l'ous les hommes de valeur ont du mediter dans la

solitude • ~es grands inventeurs, les ecrivains, les hommes de science ont accompli leur tache dans la solitude. vepen-dant la solitude ne confere pas

a

tous ceux qui siy adonnent

des pouvoirs d'invention ou autres semblables car nombreux sont ceux qui ne savant pas la mettre

a

profit . AU contraire

(12)

elle leur est une cause de retard plutot qu'un moyen

d'avancement tant dans leurs pensees que dans leurs crea-tions. Malgre tous les loisirs dont elles puissent disposer certaines personnes n'arriveraient jamais

a

reflechir par elles-memes.

On dit de Wilbur Wright : "C'etait un etre extraordinaire! Son gout de la solitude etait etonnant • Il ne pouvait se

meler

a

la foule, il n'y prenait nul plaisir. Il etait un apotre,ayant une mission

a

remplir, et

a

qui il fallait tout

son temps pour preparer son oeuvre." (1) .n. sa prem1.ere

.

'

reception

a

1'..:-tero-Club il dit: "Non, tie ne ferai pas de discours. Le perroquet parle beaucoup ••• et c'est l'oiseau qui vole le plus mal ." (2)

Et l'amiral Hyrd,voulant expliquer ses sejours prolonges '

a la Base Avancee,avou:e : "Et puis je.desirais autre chose que l'isolement dans le sens geographique du mot. Je voulais me plonger dans une philosophie revivifiante et je pensais

que ce projet de vivre seul m'en offrait la possibilite. Sur cette barri~re du Pole Sud, plus froide, plus glacee

que le pleistocene, j'aurai le loisir de rattraper le

temps perdu, d'etudier , de penser, d'ecouter le phonographs; pendant sept mois,peut-etre, prive de tout, sauf de distrac-tions simples, je pourrai vivre comme je l'entendrai

1.-Herve Lauwick: "Conquerants du Ciel" p.l?-18 2.-Herve Lauwick: nconquerants du Ciel" p.l8

(13)

esc1ave d'aucune necessite si ce n'est celles imposees par le vent, la nuit, le gel, n'obeissant qu'a une seule loi hum.aine, la mienne." (1)

En par1ant de son dernier vo1, Amelia Earhart repond

'

a la question : "Pourq_uoi vole-t-on

·rn

uApres minuit"

dit--

'

·~lle' n la lune s' etai t couchee et j' etais seule avec les

etoiles. J'ai souvent dit que le leurre de voler est un leurre de beaute et j e n' ai ;~as besoin d 'une autre envolee pour me convaincre que la raison ~ui pousse les aviateurs

'

a voler , qu'ils le sachent on non, est un appel esthetique." (2)

~ue disent les critiques litteraires d'Antoine de Saint-Exupery, l'auteur de "Terre des hommes " et un grand ecrivain

qui, par ses idees philosophiques sur les hommes, donne

!'impression de s'etre souvent recueilli dans la solitude ? " Pour lui 1 'aviation n' est pas une fin en soii , mais un

moyen d'approcher ces delices dont leur condition de terriens prive les homrnes "· (3) N'est-ce pas un autre cas ou

"l'air, domaine nouveau, revele

a

l'homme une partie de

lui-m~me qu'il avait toujours ignoree "?

Tout le monde, sciemment ou non, recherche le bonheur. La poursuite du bonheur peut-elle etre une des raisons pour laquelle on choisit l'aviation comme metier ? Je

reponds dans !'affirmative. Le metier d'aviateur exige plus d'efforts q_ue 1es autres metiers • Mais, de deux hommes

hommes intelligents qui gagnent leur Yie, l'un peniblement

---~---1.-.Am.iral Richard Byrd: "Seu1" p. 18 2. -.iune1ia Ear hart: "Last flight" p. 29

(14)

et 1'autre facilement, qui est le plus heureux ? Si tous les deux sont ammitieux , celui qui travaille fort a une vie plus heureuse et mieux remplie • Le bonheur de l'homme consiste dans l'acceptation du devoir. Ainsi l'aviateur qui doit mener une vie de discipline ' severe, meme apres son apprentissage , est vraiment l'homme le plus heureux du monde. En effet, le bonheur des aviateurs est

indiscu-tab1e. S'il en etait autrement, ils n'auraient qu'a

abandonner le metier et

a

faire le choix d'un deuxieme. Enfin , l'homme, par sa nature, est possede du desir de dominer. ~ous sommes tous plus heureux quand nous nous voyons plus puissa_nts que 1es autres. Q,uand un aviateur pi1ote son aeroplane ' il eprouve un sentiment d'e1evation non seulement physique mais aussi mentale. Il se sent maitre. nr1 s'affranchit un moment des banalites de la vie en empruntant ces routes invisibles que la

nature semblait reserver aux seules creatures ailees "· (1) 11 connait une nouvelle liberte. rhichel Detroya1 di t : " Cet enivrant p1aisir que procure au pilote la liberte tota1e d'evolution dans 1es trois dimensions qui est soni partage, bien des auteurs l'ont chante ''.(2) ~uel metier peut done se comparer

a

1' aviation ~? Depuis 1' origine des temps, aucune activite humaine n'a exerce une fascination aussi puissante , sur les hormnes, que l'aviation •

---1. -Robert de Maro1les n Aviation, eco1e de 1' homme n

2.-i-i.obert de Marol1es:"Aviation, ecole de l'homme" preface, p. Vl11.

(15)

L' ayiation a fait bea"Jcoup de "~Jrogres mais elle a donne

a

l'homme des milliers de problemes

a

resoudre - ~roblemes dont il ne soupqonnait meme pas l'existence,il y a quelques annees. Ainsi il a appris, apres de nombreuses experiences,

'

que les regles de la terre ferme refusent de fonctionner dans l'air et que des chases bizarres resultent de l'action de la pression atmospherique

Le voyage par avian est actuellement tres populaire dans taus les pays civilises. ~asser la nuit

a

trois milles d'altitude, voler trois cents milles pendant l'heure du

diner sent des faits qui deviennent de plus en plus communs. Des "stewardessn s' occup·ant du bien-etre des passagers.

~lles ont d'abord la precaution de les pourvoir de coton

'

et de gomme a macher afin de leur eviter la sensation

'

deplaisante causee a l'ouie par une grande altitude. ~out

'

concourt a assurer le confort et la securite des passagers de 1' q_ir dont le nombre augmente chaque jour. l'!.;.ais consi-derons ~as phases que l'aviation a du traverser pour

permettre

a

ce moyen luxueux de voyager de devenir une

partie de la vie ordinaire du vingtieme siecle. Le confort moderne n'y fut pas cree en un jour ni sans le sacrifice

frequent de vies humaines.

'

Depuis le premier vol des freres V·Tright en 1903

-vol dans une " poussiere" et qui dura environ douze secon-des - l'evolution dans l'aviation a entraine secon-des annees de travail serieux, de succes et d' insucces . i)' abord le

(16)

corps humain ne peut pas confortablement resister longtemps dans l'atmosphere,a une altitude elevee . La consistance de l'air vatie ~ differentes altitudes • L'ox7gene indis-pensable au corps humain se rarefie a mesure que l'altitude augments. l~'ar consequent il fallut que la science trouvat

le moyen d'etablir ' a une grande altitude ' la condition atmospherique de la terre. On y reussit en construisant

l' avion en forme]- de cylindre , un cylindre enorme et

impermeable a 1 t air ,· algre les :progres de la science

il reste beaucoup a apprendre et

a

ameliorer dans ce domaine.

L'aviation a contribue a d6velopper differentes phases de la medeqine, de la cuisine, des voyages, des previsions atmospheriques et,plus particulierement de 1939

a

1941,

des moyens de combattre, dans la guerre. Gomrne1'la necessite est la mere de l 1 invention

tl ' l'aviation seule a hate plusieurs inventions Ainsi a~ant decouvert que le stylo

ne fonctionne plus

a

trois ou quatre milles au-dessus de la terre ' on j_ut en inventer un capable de resister

a

l'action d'une telle atmosphere ~ L'experience a demontre que l'atmosphere a des effets etranges sur le tabac et affecte egalement certains types ~'aliments. D'autres inventions s'imposerent : des instruments qui permettent aux aviateurs de piloter leur avian en securite meme dans le brouillard ; des instruments qui indiquent au pilote

(17)

si l'avion vole horizontalement, quand.la terre n'est plus visible. Les causes de la resistance du vent qui met obs-tacle

a

la grande vitesse demanderent une etude appro!'ondie •

...

~es problemes, en realite peu nombreux, ont 1ange et con-tinuent de lancer un defi

a

l'homme.

La jeune generation entiere S'interesse

a

l'aviation. Des enfants en bas age reconnaissent la marque commerciale des avions. ~1 n'est done pas etonnant que la Jeunesse de chaque pays, d~sireuse d'etre moderne, fasse , de lYaviation. le metier de son cnoix. ~ux ecoles d'aviation, des etudiants

qui ne se sont jamais soucies d'apprendre

a

conduire une auto veulent piloter un avian. Le vol,

a

leurs yeux, est plus important. La mentalite de pionnier qui animait nos

ancetres subsiste encore en plusieurs d'entre nous • l.'avia-tion repond

a

leur secrete ambition.

En resume, j'ai tente, au cours de ce chapitre, de

repondre

a

la question : "Comment explique-t-on l'appel d.e

1' aviation '?" Les reponses abondent , d' apres les aviateurs

eux-memes qui ccnstituent la meilleure soureedde renseigne-ments

a

Ce SUjet. Apres avoir priS en COnsideration toutes

ees

opinions, il me semble qu'on p~ut les generaliser en disant: que l'aviation est la seule chose qui satisfait pleinement l'aspiration de la jeunesse d'u·, pays , c'est

'

a dire une jeunesse possedant les qualitess essentielles. La jeunesse aime le defi de l'air • Il lui plait d'etre au rang de ceux qui travaillent

a

l'avancement de ce

(18)

nouveau developpement de notre epoque. L'homme qui choisit le metier d'aviateur estime que le bonheur qu'il eprouvers dans l'aviation excedera les dangers qu'il lui faudra braver.

Treize ans seulement se sont ecoules depuis le raid

a

sensation de Lindbergh, New-York-Paris. Arr~tons-nous un moment pour considerer

a

quels pas de geant l'aviation a marche depuis • Les Etats-Unis viennent de construire un

bombardier qui, avec un equipage de dix hommes, survolera 1' .i-l.tlantique, aller et retour , sans arret. Combien

croyaient qu'en l'annee 1940 environ mille personnes dormi-raient, chaque nuit, dans l'air au-dessus des Etats-Unis ?

~uel moyen de transport , dans tout pays civilise, s'offre

'

a l'esprit de l'homme moyen ,avide de voyager rapidement d'un endroit

a

un autre ? L'avion, d'abord.

Plusieurs hommes ( !Iermoz , par exemple ) mecontents de leur premiere carriere, ont cherche dans l'aviation un moyen d'evasion et n'ont pu resister longtemps

a

la fascination de l'air.

saint-Exypery , apres avoir affronte la mort

a

maintes 1 reprises, tente d'expliquer la profonde attirance magnetique

qe.'

irterce 1' aviation sur tant d' hommes en disant : "Plus

rien ne saurait prevaloir contra un sentiment de plenitude qui satisfait en nous je ne sais quel besoin essential que nous ne nous connaissions pas ".(1)

1.-Antoine de Saint-Exupery: Terre des hommes, p. 189

(19)

---~--11. -L' .L1-VION, Il\STRtJ1vlENT DE GRANDEUR.

~uelle sorte d'homm.e est l'aviateur ? ~u'a fait l'aviation pour l'homme ? L'aviation est-elle le metier

de certains hommes predestines ? Ces hommes sont-ils doues d'une nature surhumaine ? Possedent-ils une puissance

extraordinaire qui leur permette de diriger leur avian, avec une facilite apparente, d'une hauteur de cinq mille

' '

.

metres a un po1nt exact sur la terre ? ~uelles sont les caracteristiques necessaires pour voler •t Un homme nai t-il

avec ces qualites ou peut-il les acquerir ?

Apres avoir lu des ouvrages traitant de l'aviation on acquiert vite la certitude que l'aviateur est un type unique qui habite un autre monde, un monde plus eleve,

I

au sens philosophique du mot. La vie d'm1 homme volant '

est telle qu'il lui faut adopter de nouvelles regles de vie , avoir une philosophie qui le distingue des autres hommes. rlinsi Mermoz qui subit des experiences terribles

dans le desett brulant de Syrie , dans le froid glacial des Andes et qui persistait

a

se consacrer

a

!'aviation, rut un membre de cette nouvelle famille ,nee de l'aviation.

En ce regne de la specialisation, chaque metier, grand ou petit, a ses exigences propres , definies ordinairement des que le metier est bien etabli. l'aviation qui entraine des graves responsabilites, des dangers et des risques de

(20)

vie comprend des exigences plus rigoureuses, par consequent. La maitrise de l'air a revele au monde divers types de

travail et l'aviation compte plusieurs genres de travail-leurs. On peut les diviser en deux groupes : les navigants et les sedentaires. Le premier inclut le moniteur, le

pilote de tonnisme et de sport, le pilote de raid, le

pilote de ligne, le pilote de "travail aerien" ' le pilote de virtuosite , le pilote d'essais, l 'ingenieur-pilote,

le pilote de chasse, le pilote de multiplace et les navigants de l'air. Le deuxieme groupe comprend les

constructeurs et les utilisateurs. Chacune de ces divisions a ses sp8cifications. Discuter les merites de chacune

entrainerait un travail long et penible. Le but de ce chapitre est d'etudier les caracteristiques physiques, mentales et morales de l'homme qui a phis la carriere

d'aviateur et , en particulier, les qualites des pilotes, futurs navigateurs. Les pionniers de l'air ont du

" savoir,non seulement suivre un itineraire, mais aussi choisir sa route selon les conditions meteorologiques, preparer sa randonnee, et ,le cas echeant, se ''depanner" rapidement ." (1)

Il est facile de constater que l'aviation, nouveau developpement de notre civilisation, m~nerait

a

la confus sion et

a

l'impuissance si les methodes de sa promulgation n' etaient pas soic:neusement appliq_uees. " Savants,

(21)

ingenieurs,inventeurs,industriels, artisans, d'innombrables specialistes s'orientent vers cette carriere nouvelle,

qui reclame deja vigoureusement le concours de tant de

collaborations diverses. Organisateurs, impresarii, managers saisissent avidement ce moyen inedit de " faire de l'argent" qui attire des foules considerables ."

(1)

Aussi !'aviation, dans sa vie relativement courte, a-t-elle institue des

lois observees rigoureusement par les ho~mes de choix que sont les aviateurs •

Il fut un temps ou l'avion etait un 3pectacle extra-ordinaire pour la plupart des citoyens et,plus particulie-rement, ceux de la campagne. ~_;ette epoq_ue di te ttboheme de l'airn a disparu, et l'aviation est devenue une chose

scientifique . La grande guerre en a sensiblement accelere '

le progres en enseignant aux pays l'importance de la force aerienne. Tous les pays sont actuellement soit en guerre

se

ou en voie de preparer

a

la guerre. ;_;ependant ' immediate-ment apres la grande guerre, on n'a8ceptait pas tous ceux

qui manffestaient le desir de devenir pilotes : il 1-~ur

fallait d'abord posseder certaines caracteristiques.

" Le pilotage proprement dit n'offre que peu de

diffi-'

cultes nour QUiconque possede des aptitudes physiques et mentales suffisantes. 1'.:1ais la formation d' un pilote complet

req_uiert !'acquisition ·.~.e tout un ensemble de q_ualites qui font de lui un etre aux sens toujours en eveil et

pret

a

faire face, lucidement et efficace~ent,

a

n'importe laquelle des situations variees qui peuvent brusquement

(22)

surgir. Former des ele"-es et non de simples manieurs de manches

a

balai est une tache complexe, parfois decevante

et qui necessite, avec un devouement sans bornes, une

longue experience de 1' animal humain et de ses comportem.ents devant un domaine inconnu des generations qui l'ont precede"l

Peu

a

peu divers pays tels que la F'rance, l'.n.ngleterre,

l'~~lemagne et les ~tats-Unis en sont venus a exiger, de ' leurs pilotes, les memes qualites • Il est impossible

d'en dresser une liste complete mais on trouve la majorite des pays d'accord ace sujet. Examinons premierement les qualites physiques,mentales et morales.

~uant au physique , le medeqin consid~re le corps humain comme une machine capable ou incapable de piloter un avion. L'asnirant doit etre jeune et fort et il doit

jouir d'une sante parfaite. La vue est peut-etre la fonction la plus importante.ll ne s'agit pas uniquement ~e posseder

'

une benne vue mais une vue capable de resister a une longue epreuve. Le medeqin examine soigneusement l'aspirant-avia-7eur, la peau, les cheveux, les oreilles, la gorge, les fosses nasales, l'estomac, le coeur, la circulation et la pression du sang et coetera. ~n general le candidat doit

jouir d'une vue aigue, des deux yeux et de chaque oeil l le port de v~rres etant interdit ; il doit pouvoir distinguer le rouge du vert et connaitre les couleurs principales ;

posseder une ouie normale et des oreilles saines ; enfin

des organes d'equilibre, de respiration et de circulation(2)

---1. -Hob ?rt de 1'/larolJ.es: L' .. .::1viation, ecole de 1' homme, p. 69 2.-McComas: The Avlator, p.33.

(23)

Le candidat doit etre capable de resister au froid et

a

la chaleur; de subir des changements rapides de temperature et d'altitude ainsi que de passer plusieurs heures sans

nourriture et sans sommeil . Tf Le plus recent divertisse-ments des soirees est l'epreuve de l'equilibre , en vigueur dans l'aviation des ~tats-Unis. ~lace3 d•abord un cnandelier et,

a

un pied

a

droite, un paquet d'allumettes; puis,

a

dix-huit pouces, derriere le chandelier, deposez un verre solide sens dessus dessous. Sl vous pouvez rester sur le verre, rien que sur un pied, pendant que vous vous inclinez pour ramasser les allumettes et ensuite allQmer le chandelier , vous avez probablement les aptitudes

voulue'S pour etre pilote tt.(l) ']e tour-ci n'a rien d'exagere

si l'on considere les maneeuvres auxquelles les aspirants doivent se soumettre.

~ue disent les ecrivains des caracteristiques physiques

des aviateurs ·r ~n parlant de Lindbergh, .Pierre belperron s'

·.·

ex-;Jrl.me a.insi : " T 'instructeur technique peut suffire

pour une carriere normale d'ingenieur, mais pour se lancer seul et le premier au-dessus de l'ntlantique, il faut en plus une resistance physique

a

toute epreuve, des nerfs

solides et un coeur bien accroche. Toutes ces qualites Lindbergh les avait re~ues par atavisme tant du cote

paternel que du cote maternel. Il descendait d'une double lignee d'hommes

a

la tete froide, qui ne refusaient jamais de repondre

a

l'appel de l'nventure,mais qui savaient

(24)

toujours ou elle les entrainerait. Dans la ferme de

Minnesota, le petit Lindbergh se fit des muscles et apprit

a

n'avoir peur de rien. Ge ne fut jamais un sportif au

'

sens ou l'entendent les pratiquants et surtout les amateurs des sports spectaculaires. Courir, sauter, nager, grimper

'

aux arbres, ramer et chasser remplacerent pour l'enfant l'education physique et la gymnastique scolaire, dont les enfants des villes doivent malheureusement se contenter, faute de pouvoir s'epanouir en pleine nature ." (1)

Le candidat

a

l'aviation doit remplir ~toutes ces conditions. 11 n'est done pas etonnant que plusieurs

'

inaptes physiquement, soient elimines ; nombreux sont les hommes apparemment parfaits qui souffrent d'imperfec-tions physiques souvent incorrigibles. beirne Lay, aviateur remarquable de l'~rmee des ~tats-Unis, dut,pendant des

mois, se livrer

a

des exercices pour corriger un defaut de la vue ,chez lui •

Meme si le candidat est parfait au physi~ue , il lui A

faut faire preuve de ses capacites mentales avant d'etre admis

a

devenir un homme volant. '~n quoi ces exigences

consistent-elles Y

un homme doit tout d'abord apprendre

a

se maitriser avant meme d'acquerir la science du pilotage d'un avion. Le premier souci de tout pilote est le controle de soi-meme. La plupart des aviateurs experimentes pretendent

que la confiance en soi-meme est indispensable. Au moment

(25)

du danger , le pilote , alors que ses gestes peuvent

determiner la mort des passagers et la sienne, doit concen-trer intensement ses mouvements. Il ne peut pas penser

directement au danger. S'il est nris de panique, tout est perdu. nlv.:.ermoe franchit la region du Pot-au-Noir pendant une tornade et ne se rendit pas compte qu'il n'avait pas eu peur avant que 1' experience fut finie ., " ( 1) En

decrivant une panne sur la riviere Yangtze ,mqdame

Lindbergh rac.~·nta qu' elle n' avait pas eu peur :1ais qu' elle se demandait, avec le plus grand calme,si l'appareil de sauvetage fonctionneraitu (2} Il est done necessaire

d'avoir du sang-froid et d'etre maitre de soi~meme, deux q:1ali tes qui sont presque toujours innees et ne peuvent s'acquerir. :R.iviere, instructeur des pilotes, avait un grand respect ~our ceux qu~il commandait mais il ne le

leur a jamais avoue. Ses subordonnes l'admiraient beaucoup malgre qu'il leur parut parfois severe et meme cruel,

mais sous des actes en apparence quasi-inhumains, Riviere cachait sa methode d'enseigner aux hommes la confiance en eux-memes. Il :orouva qu'il possedait un coeur ban et

sensible quand il parla

a

la femme du malheureux Fabiem.(3)

'

Robert bajac, un des premiers a traverser la Manche sur la route Paris-Londres, ne manquait pas de confiance en lui-meme • Mermoz dit, au sujet des SUCCes de ~ajac: " Pour cela il faut avoir la foi, la foi en soi-meme et

---1.-antoine de Saint-~xupery : Terre des hommes, p. 26 2. -Anne 1v1orrov.r Lind bergh: North to the Orient, p. 230

(26)

en son ideal. ?obert 3ajac etait penetre de cette foi et en

a

ete penetre toute son existence ".(1)

...

.npprendre a piloter un avian n"est pas en soi une chose difficile . 1'.1ais malheureusement les changements incessants dans les conditions atmospheriques, les diffe-·rents types d'avions et les circonstances , exigent d'un

homme une surete de jugement, une rapidite de decision et une bonne adaptation. 11 serait impossible de prevoir toutes les eventualites et d'etablir une regle definie. On peut ,en quelque sorte, comparer la carriere d'un aviateur

a

celle d'un medeqin. ~uelque soit l'etendue

de leur preparation, tous deux auront plus tard a resoudre des problemes dont la formule ne leur avait pas ete ensei-gnee. Par consequent un homme doit savoir penser par lui-meme. LeS corvees les plus inattendues peuvent s'imposer,

tel qu'au cours d'une panne, en pays etranger. Prenons, par exemple, les experiences affreuses , les risques enormes des pionniers de l'air durant leurs premiers

raids en pays non-civilises • En des circonstances sembla-bles , une decision rapide, du sang-froid determinant la vie ou la mort. L'homme engage dans un raid doit posseder uns .e.xeellente connaissance de la navigation et de la

mecanique • La science du pilotage doit devenir automatique. un pilote doit connaitre a fond les organes de commande , ' de controle et de surete . G'est la une tache compliquee

(27)

en elle-meme. l.e nombre de ces organes varie mais il y en a ordinairement plus de soixante-dix. A mesure que l'aviation Drogresse,le nombre d'instruments s'accroit. Le pilote doit surveiller constamment les indicateurs

d'huile, d'essence , de vitesse et autres. Le chef de bord base sa decision sur le temps,l'altitude, le vent et coetera. Il doit se livrer ~ des calculs continuels et -exercer une vigilance constante durant plusieurs heures. Travailler dans de telles circonstances serait

impossible sans le sens de l'equilibre et le don de penser vite et justement. n Tant d'elements entrent en e~fet

'

en jeu que seul un don naturel, joint a une reflexion

raisonnee et

a

un inlassable travail de perfectionnement, permet

a

un pilote de se classer parmi les specialistes de valeur internationale .•• Goncentration cerebrale

intense, sans cesse menacee par la marche implacable de la trotteuse sur son cadran, relaxation musculaire

complete laissant jouer

a

chaque instant chaque membre

dans le sens et suivante le rythm.e requis, tel est l'eton-nant dedoublement de la ~ersonnalite spirituelle et

physique que requiert la haute voltige aerienne dans sa forme la plus pure .u (1)

::~ue 1 'homme qui , pendant vingt siecles, se contenta

de la terre et des c11oses tangibles, ai t reus si ses ex-plaits dans la troisieme dimension est un fait digne d'ad-miration. :~t que 1' homme capable de s f adapter au role des

(28)

oiseaux soit un type unique n'est pas etonnant.

Prendre la carriere d'aviateur demande un grand courage. roalgre les progres considerables de l'aviation , durant sa

breve existence, il faut encore tenir compte de la necessite d'affronter la mort. Combien d'aviateurs ont perdu la vie au debut de leur carri~re t

~uelles caracteristiques morales l'aviateur doit-il posseder t Gar il ne suffit pas

a

un aspirant d'etre

parfait physi0~uement et mentalement. Q.uelle est 1' idee de

C"es

braves jeunes ~ens sur la question de la mort ~ En g~neral

les aviateurs croient qu'une mort soudaine les attend , mais ils croient egalement que la mort,dans l'accomplisse-ment du devoir, est un acte de beaute . vhacun de nous

craint la mort et ne veut pas risquer sa vie inutilement. mermoz qui ne se d~couragea pas apres l'avoir echappe

belle

a

maintes reprises , exprime ainsi son opinion sur

~a mort : '' Quand un des n6tres disparait, il n•est point de formule plus eloquente, plus emouvante d.e grandeur et de simplicite, qui puisse mieux d~finir le but pour lequel il a vecu. uans le coeur solidement trempe daun pilote de ligne, il n;existe pas cet effroi devant la mort qui fait a1mer la vie terrestre au point que chacun de nous craigne de la risquer et de la perdre. AUSsi, pour nous, pleurer un deuil n'est autre cnose que resumer une destinee: la

destin~e de tant de camarades qui ont fait gravement et simplement leur devoir pendant des annees, et qui, par une

(29)

nuit de bru.me ou de tempete, se sont ranges non moins siHrplement au rang des anciens ." (1) Mermoz lui-meme

avait le pressentiment qu'un jour, il succomberait ainsi; mais il ne desirai t pas un·::- autre genre de mort •

Un jeune aviateur americain qui offrit ses services

'

a la France et se battit, durant la grande guerre, aux cotes des aviateurs fran~ais ( parmi lesquels etait

Guynemer) con1pare la vie d' un soldat dans les tranchees '

a celle des aviateurs. Il dit que l'horame volant ne connait rien de la tristesse, de la misere d'une mort languissante. La mort d'un aviateur est rapide,misericordieuse et glorieu-se , la mort que tout homme desirerait .(2)

Helene Boucher , la premiere femme dont le cercueil fut expose aux Invalides, dans la chapelle de Napoleon, mourut

a

l'age de Vingt-six ans. ~lle savait QU'elle

mourrait en avion et ne fit rien pour echapper

a

une telle mort.

~ien ne put decourager Amelia Earhart d'entreprendre son dernier voyage. ~lle se souciait peu des honneurs dent elle avait ete comblee • -~n meme temps qu'elle s'envolait, elle avait le pressentiment que cette envolee serait bien

.

'

la dern1ere.

Le pere d'Anthony Fokker lui ecrivit une fois :

u l·.:.:.aintenant que tu es celebre, c' est bien le moment de

t'arreter. Tu ne risques plus que de te rompre le cou." (3) 1.-Herve Lauvick: Conquerants du ciel , p. 138

2.-Charles Nordhoff,James Morman Hall: Falcons of France,p.222 3. -ll·okker et Gould: Souvenirs d' un homme volant, p. 7 7

(30)

Eokker, pionnier de l'air, n'avait pas l'intention

d'aban-dortner sa profession car il repondit qu'il volerait toujours. Plus tard q_uand cet hornme sentit un fremissement dans la

queue de l'avion QU'il pilotait et que la fin de sa carriere semblait evidente , il se .preoccupa plus de ne pas demolir l'avion qui ne lui appartenait pas que ~e ses sauver lui-meme. (1) En decrivant -c.ne autre envolee quand une

catastrophe semblait inevitable, il dit : " Je ne voulais pas mourir, non pas tant parce que j'avais peur de la

mort-j'etais trop jeune pour en avoir peur - mais parce que j'avais encore tant de choses

a

faire j'avais la tete pleine de nouveaux modeles d'avions qui ne seraient jamais construits si je disparaissais. Je pensais au chagrin de

' '

'

mon bon pere et de ma benne mere, a la triste faqon dont ils seraient recompenses du mal et des soucis que je leur avais donnes. "

(2)

'

~~urice ~ogues qui contribua largement au progres de l'aviation est un autre pilote mort prematurement • Sa

femme ecrivit: " .n.vec ses collaborateurs, Nogues est tombe en brave, sur "sa ligne", ay~'nt realise magnifiquement sa destinee, et ce f~t pour moi_ ,apres les heures follement

tragiqu~s, un grand r~conf6rt, car je sais que c~est cette fin qu'il aurait choisie, plus tard, si cela avait pu

etre en son pouvoir • n ( 3)

1.-Eokker et Gould: Souvenirs d'un homme volant , p.79

2.- " " " " t1 f1 t1 pp. 88-89

(31)

Il est etonnant de voir ces hommes affronter la mort avec le plus grand calme ; par consequent ' la perspective de la vie leur est tout

a

fait differente • L'homme ordinaire recule devant l'aspect physiQue de la mort. Il en est

autrement de l'aviateur, surtout du pilote d'essais, des as qui voient mourir leurs compagnons. Aucun aviateur ne

se cons-idere comrne un surhomme que la mort ne pourrai t

atteindre. ~'-l..insi chaque fois qu' un homme volant se prepare:;·

a

un vol dangereux ' il envisage, au moins interieurement, la pensee de la mort. Je dis "interieurement" car les

aviateurs ont appris

a

porter le masque de l'insouciance. Rarement un aviateur parle-t-il de ses rudes experiences. Tres modeste , il ne recherche pas la publicite •

Des qu'ils ont l'occasion d'oublier momentanementt

leurs taches aeriennes, les aviateurs s'amusent avec entrain. "

Les distractions leur sont une detente apres un travail qui exige un grand effort, physique et moral .Les lieux d'amusement les attirent • Les ecoles d'apprentissage pourvoient meme aux besoins de divertissement de leurs eleves. L'attitude des aviateurs ressemble

a

celle des

mineurs. A plusieurs reprises, j'ai eu 1'occasion d'observer

les actions des mineurs. chaque fois qu'ils entrent dans la mine, ils ignorent s'ils en sortiront vivants . Comme les aviateurs ils sont habitues

a

voir mourir l2urs compa-gnons. Les coups du hasards frappent souvent et de faqon inattendue • Une fois leur travail termine , ils

(32)

s'empres-sent de recourir aux plus grands plaisirs et le plus

fre~uemment possible. Leur travail etant dangereux, ils retirent un salaire eleve et ils depensent l'argent libe-ralement. De meme que les mineurs, les aviateurs semblent ne negliger aucune occasion de s'amuser •

Prenons maintenant l'aspect de la responsabilite. L'aviation entraine des responsabilites ~lus grandes que les autres professions. Ainsi l'apprentissage des pilotes et les frais des avions co1tent une somme d' a,rgent conside-rable. Plus importante encore est la responsabilite de la ligne' - une ligne d.e transport etant responsable des

passagers et du courrier, quoi qu'on prenne le plus grand so in d' en assurer la securi te • I.a science ne cesse

jamais de perfectionner la navigation aer.ienne. AU fur et

a

mesure que l'aviation nrogresse dans sa conquete de

cette nouvelle dimensionF , d'autres probl~mes surgissent. "Le brouillard est la t;rreur du navigateur d'un navire ou d' un avian. ;~uand pourra-t-on eclaircir la voie

a

quelques centaines de m~tres en avant, en lanqant dans l'air une solution chimique ou une decharge electrique ? Les Drs. H.G. Eoughton et W. H. Radford , de l'Institut de Technologie du Massachusetts ant fait des experiences qui ont donne des resultats interessants. Le .but est

de condenser les gouttelettes formant le brouillard qui disparait alors sous forme de pluie. Les docteurs Houghton et Radford ont employe des solutions de chlorure de soufre

(33)

et obtenu une voie prati~uement claire de 130 pieds, halite de 30 et longue de 1500."(1)

Voler peut signifier"liberte" en l'idee des gens ~ui

n '·ont jBmlais pilote un avion, mais en reali te , la tache de l'aviateur est pleine de responsabilites~

Au debut de l'aviation commerciale, de telles criti~uas

s'eleverent ~ue les ~ionniers durent soutenir un long

combat et un combat acharne avant que l'aviation devienne un moyen de transport. Les journaux ne manquaient pas de decrire le moindre accident comme la chose la plus

epouvantable du monde et le public croyait encore que l'aviation etait un mode de locomotion bon pour les contes de fee. T,es journaux et particulierement les tabloids

a

fort tirage preferent mettre en lumiere les mauvaises chases plutot que les bonnes. Ainsi la mort,

le crime , les vilenies sont mis en vedette, sur la premiere page. La description 8laboree d'un avian fracasse

a

laquelle s'ajoutaient des photographies

montrant des morts et des blesses,n'etait pas de nature

a

influencer favorablement le public. O'ailleurs des redacteurs ecrivaient violemment afin de persuader le

'

lecteur ~ue l'aviation etait un mode de locomotion a la fois trop hasardeux et trop cotiteux. Autant d'obstacles que les pionniers de l'air durent surmonter. Il n'etait

..

'

pas facile de trouver des hormnes prets a placer leur argent dans l'aviation. ~'est la responsabilite qui fait l'homme , chez les aviateurs.

(34)

Le fait que des aviateurs encouragent d'autres hommes '

..

a voler prouve qu'ils sont entierement satisfaits du choix de leur profession. ?ichard ~. Byrd exhorte

les am.tres

a

volar-!_:. en predisant qu' aucune autre profes-sion, metier ou industrie, dans les cinquante ans

a

venir , n'aura une plus profonde influence sur la

civilisation. (1) Byrd decrit la mort d'un de ses amis ; il dit que la figure de son ami portait une expression de paix parfaite comme s'il eut ete content de savoir qu'enfin tout le danger, tout le travail et toute

l'anxiete avaient pris fin.(2) Il est interessant de noter que, dans ce meme livre, on trouve une attitude

d'apprehension dans l'esprit de tout l'equipage infortune du

ZR-2 ,

surtout chez le lieutenant-commandant QoilJ

a

qui l'anxiete fit passer une nuit blancae.(3}

Pour conclure ce chapitre puis-je dire que

l'orga-nisme humain est la reunion de trois fonctions : physiques, morales et mentales Chaque individu qui veut jouir de

la vie

a

son pl~s haut degre doit se soumettre

a

une discipline basee sur ces trois plans. La tendance du

vingtieme siecle va

a

l'oisivete et

a

l'inertie. Et l'on '

ne peut avantageusement comparer notre existence a celle de nos ancetres. Les anciens avaient dn corps fort et souple et plus resistant aux conditions atmospheriques. Ils n'avaient pas besoin de gymnastique. L'enseignement

---1.-.Kichard

E.

2.- if 3.- n t1 t1 Byrd

"

tf Skyward,p.4 tt p.57 Tt p.l26

(35)

des exercices physiques a ete cree

a

la demande generale.

~uJourd'hui l'homme qui prend l'initiative de marcher quelques kilometres jusqu'a son bureau, au lieu de s'y rendre en automobile, nous parait extraordinaire. Les

co1nmodites modernes ont rendu l'ho~me indolent : avant de se deranger il hesite, meme devant les besognes ordinaires. On comprend que la discipline corporelle devienne obligatoire dans les ecoles.

~uant

a

la vie intellectuelle de nos jours ' elle

'

n'est guere elevee si l'on en juge par le nombre de

'

jeunes gens q_ui refusent l'education qu'ils seraient a meme de recevoir • La vie leur est trop facile. Pourquoi

s'instruiraient-ils et se cultiveraient-ils quand leurs parents pourvoiront

a

toutes les necessites de la vie (

~uelle ~st la tendance litt~raire actuelle ~ On peut

mesurer 1~ degre intellectuel d'une personne par ce qu'elle lit. Le tabloid, sans valeur litteraire, est le journal le plus populaire. Ll y a ,certes, des exceptions mais

combien de personnes ordinaires cCJnnaissent les classiques ·t

Elles sont le petit nombre.

Et la vie morale t Le nombre de personnes,qui vivent

au jour le jour en ignorant la raison de leur existence et en ne cherchant pas

a

s'ameliorer, est etonnant. La

'

p·lupart optent pour la loi du moindre effort. Ou est le c.Jurage dont firent preuve les pionniers de nos pays. uar les occasions ne manquent pas

a

ceux qu'anime le veritable esprit defricheur.

(36)

Ces trois qualites peuvent etre acquises seulement par

la~discipline IJe corps humain demande plus de soleil,

de vent et de temps. L'effort produit par l'exercice apporte la sante et l'energie. Une vie de luxe nous

' '

mene a une vieillesse prematuree.

La faculte intellectuelle de l'homme devrait etre

rajeunie. Les habitudes de l'adulte se forment pendant la periode de la jeunesse. Cependant les parents modernes sont sati~faits de laisser leurs enfants passer plusieurs

heures, chaque semaine,

a

des seances de cinema peu releve ou

a

lire de la litt8rature loin d'etre bienfaisante.

~insi l'histoire de notre epoque demontre, il me

semble, que nous manquons d'hommes et de femmes forts aux sens physique, mental et moral et que !'aviation,

en donnant au monde un nouveau type hQ~ain, a fait beaucoup

pour l'avancement de chaque nation. Car qui peut nier que l'homme ayant re~u la discipline d'un aviateur sera

un meilleur citoyen pour son pays ?

(37)

---111.- L'AVION ET LA TERRE.

-~e monde avec ses millions d'habitants presente une

etude interessante. Chaque individu dote de facultes physiques et mentales respectives partage de telles

caracteristiques avec d'autres individus. .L--iu fur et a " mesure que l'enfant devient plus age ' il apprend les

chases de la vie , de ses parents, des livres et d'autres sources. Shacun tache, sans cesse, de s'ajuster

a

son

entourage, consciemment ou non , et lutte eternellement afin de se fa ire une place dans le m.:Jnde. Les habi tants des regions montagneuses ou des regions desertiques qui ne rencontrent jamais ceux d'autres regions eloignees ont,

a

force d'isolement, une philosophie tout

a

fait differente de celle des habitants de~ndroits cosmopolites. Les

habitants des regions isolees ne se preoccupent que de

'

vivre au jour le jour. Le vieil adage :"tel pere, tel fils" s'appliQUe

a

leur vie. Leur ignorance des peuples et des pays lointains ne les empeche pas neanmoins d'etre heureux. Leur premier souci est de se procurer le strict necessaire.

1l commencement du monde et durant une periode dont la

longueur nous etonne, tous les peuples du monde durent se contenter 9-e :.:vivre sur ,des t9rrains relativem.ent petits • on ne pouvait considerer le monde comme une

..

unite parce que l'espac8 separait les peuples les uns des autres. Le progres de la civilisation est en quelque

(38)

sor!e comparable

a

celui d'un enfant qui essaie de trouver la raison de son existence.

_,_u trsizieme siecle l•Jlarco Polo, un Italien, fit un '

long voyage a travers le continent d'~sie • Il visita la

. '

Chine et le Japon et , apres uh long espace de temps et beaucoup de difficultes , il retourna dans son pays natal en apportant avec lui des histoires merveilleuses et des bijoux prdcieux. Le recit feerique qu'il fit des richesses de l'~st incita d'autres explorateurs et d'autres marchands

a

voyager et peu

a

peu un excellent commerce s'etablit entre les pays lointains et l'Europe. Avant le voyage de Nlarco Polo, les peuples d' Europe ignoraient qu' il y eut

d'autres continents dans le monde. On croyait generalement que le monde etait un terrain plat et que les terres habitees etaient entourees d'eau. Voyager a cette epoque 2tait si '

lent et si dangereux que la plupar:tr des hommes se:1. conten-'

taient de rester chez eux •. :lpres les voyages d' exploration

.. ' '

de Polo et quelques autres , les hommes:commencerent a s'interesser

a

leurs voisins Finalement les Croisades et le voyage fameux de Christophe Colomb revelerent au

'

monde l'existence d'autres peuples. Un proces long et ardu preceda l'~tablissement de la colonisati0n et du

commerce international. r!iais grace aux efforts et

a

la

bravoure de certains hornmes, la face du monde fut changee. Du treizieme siecle

a

nos jours, pendant les six

(39)

si~eles qui precede~ent le regne de l'aviation ' le progres de la. civilisation fut admirable. Cependant, malgre de tels progres, l'homme moyen - meme au vingtieme siecle - a toujours une. tendance

a

voir,d'une maniere etroite, les choses de la terre . Par exemple celui qui habite une grande ville connait bien son quartier mais il a une id~e~vague du reste de la

ville •. L'habitant d'une grande ville , comme New-}ork ou Londres, ne saurait donner des renseignements specifiques

a

un etranger • De meme les habitants d'un etat ou d'un

pays connaissent leur etat ou leur pays mais ils connaissent vaguement, et seulement d'apres les cartes geographiques, la relation entre leur pays et ~es autres pays. On peut dire aussi que , chex la plupart des hommes, la conception de la vie et des coutumes des pays etrangers est basee sur les livres et sur le cinema. L'interpretation des systemes du gouvernement des pays etrangers peut parfois etre deformee par la mauvaise intelligence d'un rapport. Ainsi le manque d'entente met les nations en lutte dans de cruels combats.

De quelle maniere l'aviation a-t-elle change et

change~a-t-elle la face du monde ? Chaque nouveau developpement de la civilisation comme le chemin de fer, la machine

a

vapeur, le bateau

a

vapeur, le radio, le telegraphe, le

telephone ont tous contribue

a

changer notre mode de vivre. Toutes ces inventions tendent

a

unir les peuples et les

(40)

et de· communiQuer avec d'autres nations nous a grandement

renseign~s sur nos voisins ~loign~s. Quels sont et QUels

seront les resultats politiques, internationaux, financiers, sociaux et philosophiques de l'aviation ? =en somme quelle

contribution l'aviation a-t-elle apportee

a

de tels avance-ments de la civilisation '? Voici les questions auxQuelles

je veux tenter de repondre dans ce chapitre.

D'abord coament l'avion a-t-il change la face physique du monde Y De l'avion, ~uel aspect pr~sentent~des collines,

. .

' ,

montagnes, rlVleres, oceans ,lacs, edifices eleves, prairies, etc ? L'homme volant voit-il des mirages ? Comment un

pilote sait-il choisir un bon terrain d'atterrissage? Le pilote moderne vole-t-il entierement

a

l'aide d'instruments ou doit-il d~pendre de la terre pour se guider ?

Il y a plusieurs ecoles de psychologie mais il y en a deux qui sent opposees : celle de Uestalt, ecole allemande et calle des " Connectionists" ou nTraditionalists" • La premiere dont ~JJ. Dewey et Ailpatrick sont des adh~rents

avance la theorie QU'on devrait voir une chose tout d'abord comme une seule unite et puis la subdiviser dans ses parties constituantes. La deuxieme ecole

a

laquelle appartiennent l'JJl:. Horne et Thorndike soutient la theorie opposee : qu' on

devrait voir d'abord toutes les parties constituantes et puis; peu

a

peu ' unir ces parties pour voir l'unite comme un ensemble . Je mentionne ces deux ~coles de psychologie

(41)

en opposition non pas pour introduire une etude de psycho-logie mais pour montrer le parallelisme entre ces deux ecoles et l'aviation et d'autres developpemen~de la civi-lisation.

~remierem~nt l'homme sur la terre ne voit que les chases qui l'entourent. Jl se familiarise avec le sentier battu. Sa conception de la ville qu'il habite ou de la campagne environnante est rarement conforme aux 0artes. ,:)on idee est presque toujou.rs tortue. une personne qui

'

possede un sens de direction exact est extraordinaire. ~u

pieton, sur les trottoirs de new-:iork, l'edifice "Empire State" parait un batiment immense. La difference entre la

...

taille d'un enfant et d'un adulte lui semble tres grande.

'

~a conception de la distance,d~'un continent a l'autre

'

et d'un ocean a un autre est souvent fausse. sa notion du monde physique est basee pres:}_ue entierement sur le globe. Les seules couleurs qui retiennent l'attention de l'homme de la rue sont celles des objets dans les vitrines ou des fleurs et du feuillage dans les pares. ~ans les rivieres et les lacs l'homme de la terre voit surtout des endroits ou il peut pecher ou nager ou encore un obstacle

a

franchir.

~ un sedentaire un arbre ou une foret semble une chose gigantesque et quand il marche

a

travers la foret,il voit quelques arbres mais il ne voit pas la foret en tant que foret • En citant ces observations ordinaires , je ne veux

(42)

pas montrer le. stupidite de l'hornme moyen. Bien des

hommes possedent une ueilleure comprehension mais souvent l'homrne ordinaire ne se donne pas la peine d'observer son

entourage . Dans sa lethar2:ie il accepte sans hesitation la fa~ on de pens er de n 1' autre L ··) ,lffie".

Le pilote, au contraire, ~oit un ensemble, dans le pay sage. Il le voi t d 'abord co.:Lne une unite • La difference dans la taills des personnes n'est pas importante

a

ses

yeux; les hal.J_ts batiments ne lui semblent pas si eleves qu'a un sedentaire. Il a une veritable idee des directions et sa conception de telles directions s'accorde avec

l'aiguille de la boussole. Tes diverses parties d'une ville lui apparaissent ce ~u'elles sont en realite . Si ·l'on

demande a un homme qui a demeurb dans la meme ville, toute sa vie' de faire un dessin a rD.a.in levee de safville et si on lui demande de dessiner sa ville, apres qu'il l'hura survolee , on sera ftonne de la diff~rence entre les

dessins, car le deuxisme aura une perspective plus precise. L'oeil aerien voit les ~uartiers du riche et du pauvre. Il se rend compte que toute ville a des bas ~uartiers. Les rivieres et les lacs l'interessent car il est prouve que ces eaux ne varient jamais leur apparence. ~lles sont semblables

a

des ecriteaux pour les aviateurs. Un pilote voit

a

la fois une foret, dans son entier, et tout le paysage environnant.

(43)

Puisque " l'avion moderne fait plus de chemin en

trois heures que le bateau en un jour et une nuit '' (l), des hommes volants savent se faire une idee juste de chaque

voisinage et du rapport ~uic~xisterentre ltes pays. Tandis qu'un sedentaire ne voit aucun rapport entre ces parties constituantes de la terre. ninsi un aviateur peut repondre

a

nombre de questions qui embarrasseraient l'homme de la terre. En connaissant les caracteristiques physiques de la terre, l'aviateur sait pourquoi certaines parties d'un

pays sont riches et d'autres, pauvres; pourquoi certaines villes sont plus peuplees que d'autres . Il comprend plus clairement qu'un sol fertile attire les foules, que ~es

industries pendent populeuses certaines villes et que les oasis auront toujours une population eparse.

nien que des gens croient la vie intellectuelle d'un pilote denuee d'interet et son travail, mecanique • D'autres pensent que ceux q_ui volent le font uniquement

pour gagner leur vie et ~ue leur seul interet est d'arriver

a

destination

a

temps; ou encore ~ue l'avion est une,machine dont la civilisation n'a aucun besoin et que l'avion

detruira tout ce qui est beau • 1\1ais la connaissance de la vie intellectuelle des aviateurs ( par la lecture de leurs oeuvres ) demontr·e qu' ils ont une comprehension plus

profonde que la plupart des sedentaires. Outre

l'accomplisse-

(44)

ment de taches qui '

a

premi,ere vue, semblent mecaniques,

;

l'aviateur peut redecouvrir la nature : " L'avion est une machine sans doute, mais quel instrmnent d'analyse ! Cet

instrument nous a fait decouvrir le vrai visage de la terre. Les routes, en effet, durant des siecles nous ont trompes. Nous ressemblions

a

cette souveraine qui desira visiter

ses sujets et connaitre s'ils se'rejouissaient de son regne. Ses courtisans, afin de l'abuser, dresserent sur sori chemin quelques heureux decors et payerent des figu-rants pour y danser. dors du mince fil conducteur , elle n'entrevit rien de son royaume, et ne sut point qu'au large des campagnes ceux qui mouraient de f?-im la :~audissaient ••• Mais notre vue s'est aiguisee , et nous avons fait un

progres cruel. nvec l'avion,nous avons appris la ligna droite ••• ~lors seulement, du haut de nos trajectoires

,,

rectilignes, nous decouvrons le soubassement essential, l'assi&e de roes, de sable, ou la vie, quelquefois, comme un peu de mousse au creux des ruines, ici et

la

se hasarde

a

fleurir t f . ( 1)

Puisque la terre, vue du haut du ciel, presente de

nouvelles caracteristiques, le pilote, durant son apprentis-sage, doit s'en assimiler la signification. Une telle

connaissance est indispensable parce que l'aviateur depend de la terre. Il arrive souvent que des instruments fonction-nent mal et parfois aussi que les aviateurs sont des

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