HAL Id: dumas-02640881
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Proposition d’analyse du déficit de judiciarisation des
violences subies en cabinet de médecine générale en
Languedoc Roussillon en 2018
Nicolas Rossi
To cite this version:
Nicolas Rossi. Proposition d’analyse du déficit de judiciarisation des violences subies en cabinet de médecine générale en Languedoc Roussillon en 2018. Médecine humaine et pathologie. 2019. �dumas-02640881�
UNIVERSITE DE MONTPELLIER
FACULTE DE MEDECINE MONTPELLIER-NIMES
THESE
Pour obtenir le titre de DOCTEUR EN MEDECINE
Présentée et soutenue publiquement Par
Nicolas ROSSI Le 14/02/2019
PROPOSITION D’ANALYSE DU DEFICIT DE JUDICIARISATION
DES VIOLENCES SUBIES EN CABINET DE MEDECINE GENERALE
EN LANGUEDOC ROUSSILLON EN 2018
Directeur de thèse : Monsieur le Docteur Marc GARCIA
JURY
Président :
- Monsieur le Professeur Eric BACCINO
Assesseurs :
- Monsieur le Professeur Michel AMOUYAL
- Monsieur le Docteur François-Xavier LESAGE, Maître de Conférences Universitaire
2 ANNEE UNIVERSITAIRE 2016 - 2017 PERSONNEL ENSEIGNANT Professeurs Honoraires ALLIEU Yves ALRIC Robert AUSSILLOUX Charles AVEROUS Michel AYRAL Guy BAILLAT Xavier BALDY-MOULINIER Michel BALMES Jean-Louis BALMES Michel BALMES Pierre BANSARD Nicole BAYLET René BILLIARD Michel BLARD Jean-Marie BLAYAC Jean Pierre BONNEL François BOUDET Charles
BOURGEOIS Jean-Marie BRUEL Jean Michel BUREAU Jean-Paul
ECHENNE Bernard FABRE Serge
FREREBEAU Philippe GALIFER René Benoît GODLEWSKI Guilhem GRASSET Daniel GROLLEAU-RAOUX Robert GUILHOU Jean-Jacques HERTAULT Jean HUMEAU Claude JAFFIOL Claude JANBON Charles JANBON François JARRY Daniel JOYEUX Henri LABAUGE Robert LAFFARGUE François LALLEMANT Jean Gabriel LAMARQUE Jean-Louis LAPEYRIE Henri NAVARRO Maurice NAVRATIL Henri OTHONIEL Jacques PAGES Michel PEGURET Claude POUGET Régis PUECH Paul PUJOL Henri PUJOL Rémy RABISCHONG Pierre RAMUZ Michel RIEU Daniel RIOUX Jean-Antoine ROCHEFORT Henri
ROUANET DE VIGNE LAVIT Jean Pierre
SAINT AUBERT Bernard SANCHO-GARNIER Hélène SANY Jacques
3 BRUNET Michel CALLIS Albert CANAUD Bernard CASTELNAU Didier CHAPTAL Paul-André CIURANA Albert-Jean CLOT Jacques D’ATHIS Françoise DEMAILLE Jacques DESCOMPS Bernard DIMEGLIO Alain DU CAILAR Jacques DUBOIS Jean Bernard DUMAS Robert DUMAZER Romain
LESBROS Daniel LOPEZ François Michel LORIOT Jean LOUBATIERES Marie Madeleine MAGNAN DE BORNIER Bernard MARY Henri MATHIEU-DAUDE Pierre MEYNADIER Jean-Charles MICHEL François-Bernard MICHEL Henri MIMRAN Albert MION Charles MION Henri MIRO Luis SERRE Arlette SIMON Lucien SOLASSOL Claude SUQUET Pierre THEVENET André VIDAL Jacques VISIER Jean Pierre
4 Professeurs Emérites ARTUS Jean-Claude BLANC François BOULENGER Jean-Philippe BOURREL Gérard CLAUSTRES Mireille DEDET Jean-Pierre DAURES Jean-Pierre DAUZAT Michel ELEDJAM Jean-Jacques GUERRIER Bernard MAURY Michèle MILLAT Bertrand MARES Pierre MONNIER Louis PREFAUT Christian SULTAN Charles TOUCHON Jacques
Professeurs des Universités - Praticiens Hospitaliers
PU-PH de classe exceptionnelle
ASENCIO Gérard - Chirurgie orthopédique et Traumatologique BACCINO Eric - Médecine légale et droit de la santé
BONAFE Alain - Radiologie et imagerie médicale
BRINGER Jacques – Doyen - Endocrinologie, diabète et maladies métaboliques ; gynécologie médicale
CAPDEVILA Xavier - Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence COMBE Bernard - Rhumatologie
5 COSTA Pierre - Urologie
COTTALORDA Jérôme - Chirurgie infantile CRAMPETTE Louis - Oto-rhino-laryngologie
CRISTOL Jean Paul - Biochimie et biologie moléculaire DAVY Jean Marc - Cardiologie
DE LA COUSSAYE Jean Emmanuel - Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence DELAPORTE Eric - Maladies infectieuses ; maladies tropicales
DOMERGUE Jacques - Chirurgie générale DUFFAU Hugues - Neurochirurgie
DUJOLS Pierre - Biostatistiques, informatique médicale et technologies de la communication ELIAOU Jean François - Immunologie
FABRE Jean Michel - Chirurgie générale GUILLOT Bernard - Dermato-vénéréologie
HAMAMAH Samir - Biologie et Médecine du développement et de la reproduction ; gynécologie médicale
HEDON Bernard - Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale HERISSON Christian - Médecine physique et de réadaptation
JABER Samir - Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence (option anesthésiologie-réanimation)
JEANDEL Claude Médecine interne ; gériatrie et biologie du vieillissement, médecine générale, addictologie
JONQUET Olivier - Réanimation ; médecine d’urgence
LANDAIS Paul - Epidémiologie, Economie de la santé et Prévention LARREY Dominique - Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie MARTY-ANE Charles - Chirurgie thoracique et cardiovasculaire MERCIER Jacques - Physiologie
MESSNER Patrick - Cardiologie MOURAD Georges - Néphrologie
PELISSIER Jacques - Médecine physique et de réadaptation
RENARD Eric - Endocrinologie, diabète et maladies métaboliques ; gynécologie médicale REYNES Jacques - Maladies infectieuses, maladies tropicales
6 RIBSTEIN Jean - Médecine interne ; gériatrie et biologie du vieillissement, médecine générale, addictologie
RIPART Jacques - Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence SCHVED Jean François - Hématologie; Transfusion
TAOUREL Patrice - Radiologie et imagerie médicale UZIEL Alain - Oto-rhino-laryngologie
VANDE PERRE Philippe - Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière VOISIN Michel - Pédiatrie
PU-PH de 1re classe
ALBAT Bernard - Chirurgie thoracique et cardiovasculaire
ALRIC Pierre - Chirurgie vasculaire; médecine vasculaire (option chirurgie vasculaire) AVIGNON Antoine - Nutrition
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BAGHDADLI Amaria - Pédopsychiatrie ; addictologie BASTIEN Patrick - Parasitologie et mycologie
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BLAIN Hubert - Médecine interne ; gériatrie et biologie du vieillissement, médecine générale, addictologie
BLANC Pierre - Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie BORIE Frédéric - Chirurgie digestive
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CHAMMAS Michel - Chirurgie orthopédique et traumatologique COLSON Pascal - Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence COSTES Valérie - Anatomie et cytologie pathologiques
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COURTET Philippe - Psychiatrie d’adultes ; addictologie CYTEVAL Catherine - Radiologie et imagerie médicale DAUVILLIERS Yves - Physiologie
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FRAPIER Jean-Marc - Chirurgie thoracique et cardiovasculaire HAMEL Christian - Ophtalmologie
JORGENSEN Christian - Thérapeutique ; médecine d’urgence ; addictologie KLOUCHE Kada - Réanimation ; médecine d’urgence
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KOTZKI Pierre Olivier - Biophysique et médecine nucléaire LABAUGE Pierre - Neurologie
LAFFONT Isabelle - Médecine physique et de réadaptation LAVABRE-BERTRAND Thierry - Cytologie et histologie
LE QUELLEC Alain - Médecine interne ; gériatrie et biologie du vieillissement, médecine générale, addictologie
LECLERCQ Florence - Cardiologie
LEFRANT Jean-Yves - Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence LEHMANN Sylvain - Biochimie et biologie moléculaire
LEROUX Jean Louis - Rhumatologie
LUMBROSO Serge - Biochimie et Biologie moléculaire
MARIANO-GOULART Denis - Biophysique et médecine nucléaire MATECKI Stéfan - Physiologie
MAUDELONDE Thierry - Biologie cellulaire MEUNIER Laurent - Dermato-vénéréologie MONDAIN Michel - Oto-rhino-laryngologie MORIN Denis - Pédiatrie
NAVARRO Francis - Chirurgie générale
8 PETIT Pierre - Pharmacologie fondamentale ; pharmacologie clinique ; addictologie
PUJOL Jean Louis - Pneumologie ; addictologie PUJOL Pascal - Biologie cellulaire
QUERE Isabelle - Chirurgie vasculaire ; médecine vasculaire (option médecine vasculaire) ROUANET Philippe - Cancérologie ; radiothérapie
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VERNHET Hélène - Radiologie et imagerie médicale YCHOU Marc - Cancérologie ; radiothérapie
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PU-PH de 2ème classe
AGUILAR MARTINEZ Patricia - Hématologie ; transfusion ASSENAT Éric - Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie BERTHET Jean-Philippe - Chirurgie thoracique et cardiovasculaire BOURDIN Arnaud - Pneumologie ; addictologie
CAMBONIE Gilles -Pédiatrie CAMU William - Neurologie
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CAYLA Guillaume - Cardiologie
CHANQUES Gérald - Anesthésiologie-réanimation ; médecine d'urgence COLOMBO Pierre-Emmanuel -Cancérologie ; radiothérapie
CORBEAU Pierre - Immunologie
COSTALAT Vincent - Radiologie et imagerie médicale
COULET Bertrand - Chirurgie orthopédique et traumatologique
CUVILLON Philippe - Anesthésiologie-réanimation ; médecine d'urgence DADURE Christophe - Anesthésiologie-réanimation ; médecine d'urgence DE VOS John - Cytologie et histologie
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FESLER Pierre - Médecine interne ; gériatrie et biologie du vieillissement, médecine générale, addictologie
GARREL Renaud -Oto-rhino-laryngologie GAUJOUX Viala Cécile - Rhumatologie GENEVIEVE David - Génétique
GODREUIL Sylvain - Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière GUILLAUME Sébastien - Urgences et Post urgences psychiatriques - GUIU Boris - Radiologie et imagerie médicale
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HOUEDE Nadine - Cancérologie ; radiothérapie KALFA Nicolas - Chirurgie infantile
KOUYOUMDJIAN Pascal - Chirurgie orthopédique et traumatologique LALLEMANT Benjamin - Oto-rhino-laryngologie
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RIGAU Valérie Anatomie et cytologie pathologiques RIVIER François Pédiatrie
ROGER Pascal - Anatomie et cytologie pathologiques ROSSI Jean François - Hématologie ; transfusion ROUBILLE François - Cardiologie
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VENAIL Frédéric - Oto-rhino-laryngologie VILLAIN Max - Ophtalmologie
VINCENT Denis -Médecine interne ; gériatrie et biologie du vieillissement, médecine générale, addictologie
VINCENT Thierry - Immunologie
WOJTUSCISZYN Anne - Endocrinologie-diabétologie-nutrition
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COLINGE Jacques (Cancérologie, Signalisation cellulaire et systèmes complexes) LAOUDJ CHENIVESSE Dalila (Biochimie et biologie moléculaire)
VISIER Laurent (Sociologie, démographie)
PROFESSEURS DES UNIVERSITES - Médecine générale
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PROFESSEURS ASSOCIES - Médecine Générale
11 RAMBAUD Jacques
PROFESSEUR ASSOCIE - Médecine
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Maîtres de Conférences des Universités - Praticiens Hospitaliers
MCU-PH Hors classe
CACHEUX-RATABOUL Valère - Génétique
CARRIERE Christian - Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière CHARACHON Sylvie - Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière
FABBRO-PERAY Pascale - Epidémiologie, économie de la santé et prévention
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PARIS Françoise - Biologie et médecine du développement et de la reproduction PRAT Dominique - Anatomie
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RICHARD Bruno - Thérapeutique ; médecine d’urgence ; addictologie RISPAIL Philippe - Parasitologie et mycologie
SEGONDY Michel - Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière
MCU-PH de 1re classe
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BOUDOUSQ Vincent - Biophysique et médecine nucléaire BOULLE Nathalie - Biologie cellulaire
BOURGIER Céline - Cancérologie, Radiothérapie COSSEE Mireille - Génétique Moléculaire GABELLE DELOUSTAL Audrey - Neurologie
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JUNG Boris - Anesthésie-Réanimation, Médecine d’urgence LAVIGNE Géraldine - Hématologie ; transfusion
MATHIEU Olivier - Pharmacologie fondamentale ; pharmacologie clinique ; addictologie MENJOT de CHAMPFLEUR Nicolas - Neuroradiologie
PANABIERES Catherine - Biologie cellulairePELLESTOR Franck - Cytologie et histologie PHILIBERT Pascal - Biologie et médecine du développement et de la reproduction RAVEL Christophe - Parasitologie et mycologie
SCHUSTER-BECK Iris - Physiologie
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TUAILLON Edouard - Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière YACHOUH Jacques - Chirurgie maxillo-faciale et stomatologie
MCU-PH de 2éme classe
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BRUN Miche - Bactériologie virologie, hygiène hospitalière DU THANH Aurélie - Dermato-Vénéréologie
GALANAUD Jean-Philippe - Médecine Vasculaire JEZIORSKI Eric - Pédiatrie
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LESAGE François-Xavier - Médecine et Santé au Travail MOUZAT Kévin - Biochimie et biologie moléculaire OLIE Emilie - Psychiatrie Adultes, Addictologie THEVENIN-RENE Céline - Immunologie
MAITRES DE CONFERENCES DES UNIVERSITES - Médecine Générale
COSTA David
FOLCO-LOGNOS Béatrice
13 CLARY Bernard GARCIA Marc MILLION Elodie REBOUL Marie-Catherine SEGURET Pierre
MAITRES DE CONFERENCES DES UNIVERSITES
Maîtres de Conférences hors classe
BADIA Eric - Sciences biologiques fondamentales et cliniques
Maîtres de Conférences de classe normale
BECAMEL Carine - Neurosciences BERNEX Florence - Physiologie
CHAUMONT-DUBEL Séverine - Sciences du médicament et des autres produits de santé CHAZAL Nathalie - Biologie cellulaire
DELABY Constance - Biochimie et biologie moléculaire
GUGLIELMI Laurence - Sciences biologiques fondamentales et cliniques HENRY Laurent - Sciences biologiques fondamentales et cliniques
LADRET Véronique - Mathématiques appliquées et applications des mathématiques LAINE Sébastien - Sciences du Médicament et autres produits de santé
LE GALLIC Lionel - Sciences du médicament et autres produits de santé
LOZZA Catherine - Sciences physico-chimiques et technologies pharmaceutiques MAIMOUN Laurent - Sciences physico-chimiques et ingénierie appliquée à la santé MOREAUX Jérôme - Science biologiques, fondamentales et cliniques
MORITZ-GASSER Sylvie - Neurosciences MOUTOT Gilles - Philosophie
PASSERIEUX Emilie - Physiologie RAMIREZ Jean-Marie - Histologie TAULAN Magali - Biologie Cellulaire
14 FAILLIE Jean-Luc - Pharmacologie fondamentale ; pharmacologie clinique ; addictologie GATINOIS Vincent - Histologie, embryologie et cytogénétique
GOUZI Farès - Physiologie
HERLIN Christian - Chirurgie plastique ; reconstructrice et esthétique ; brûlologie HERRERO Astrid - Chirurgie générale
KUSTER Nils - Biochimie et biologie moléculaire
MICHON Anne-Laure - Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière
MURA Thibault - Biostatistiques, informatique médicale et technologies de la communication
PANTEL Alix - Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière
PERS Yves-Marie - Thérapeutique, médecine d’urgence ; addictologie
PINETON DE CHAMBRUN Guillaume - Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie TORRE Antoine - Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale
15
Remerciements :
A mes enseignants :
Au professeur Eric BACCINO qui me fait l’honneur de présider ce jury, et que je remercie pour son implication au département de médecine légale de Montpellier.
A monsieur le Professeur Michel AMOUYAL, membre de ce jury, pour avoir accepté de juger ce travail. Veuillez trouver ici l’expression de mes plus sincères remerciements.
A monsieur le Docteur François-Xavier LESAGE, membre de ce jury, pour avoir accepté de juger ce travail. Veuillez trouver ici l’expression de mes plus sincères remerciements.
A mon directeur de thèse, le docteur Marc GARCIA, qui a accepté de me guider, pour ses conseils et sa disponibilité tout au long de ce travail.
L’ensemble des médecins qui ont pris le temps de répondre à mes interrogations et qui, par leurs réponses, m’ont fourni matière à réflexion.
Joris et Alain, pour m’avoir fait aimer la médecine générale par-dessus tout, votre pédagogie et votre confiance matérialisée à travers tous ces remplacements que m’avez confié. Votre enseignement fut exemplaire.
Au docteur Antoine AYOUB, qui a été le premier à considérer mes aptitudes médicales. Tes enseignements et ton énergie ont été des moteurs pour moi que j’utilise chaque jour.
A tous les personnels médicaux et para médicaux que je ne peux citer ici, qui ont marqué mon apprentissage, et ont apprécié travailler à mes côtés.
16
A ma famille :
A mes parents pour leur exigence et leur volonté de me faire aller toujours plus de l’avant. 29 ans de travail acharné ont fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Puissiez-vous être éternellement fiers de moi.
A mes frères et sœurs adorés, je vous dédie cet emblème de ma réussite. J’espère dans les études comme dans la vie en général, vous avoir donné un exemple le meilleur possible.
A ma Kim :
Kim, mon petit hibou tout rose sans ailes, mon amour et mon soutien, ma plus belle rencontre. Avec toi tout est possible, je le sais. Ici plus rien ne me retient désormais, viens avec moi, on va faire le tour du monde !
A mes amis :
Bas et Cha, mes princesses, mes biens aimées aux conseils souvent si précieux. Je n’ai qu’une hâte, vivre les futures aventures qui nous réuniront à nouveau !
Max, une ode au genre humain qui a réussi à la fois à m’aider le plus et, à me ralentir le plus dans ce travail ! Ta vaisselle, finalement je l’ai fait avec plaisir pendant un an fainéant ! Blague à part, ton humour et ta joie de vivre sont un trésor inépuisable ! Merci pour toutes ces rigolades tout au long de l’internat, et tes précieux conseils au début de ma thèse.
Quentin, le meilleur wingman de tous les temps, ensemble nos parcours étudiants furent bien meilleur que séparés, sûr de sûr ! A quand cette semaine de ski, histoire que j’aille te mettre la pâtée sur les pistes ?
Marine, dans le cercle restreint de mes vrais amis, tu es l’une des dernières arrivée, mais ô combien l’une des plus importantes. Ah, et je veux toujours faire cette semaine en catamaran pour me peindre les fesses en œufs de Pâques-boat !!!!
Myriam, mon aide-soignante favorite, depuis cette superbe rencontre aux urgences d’Edouard Herriot.
17 Guilhem pour ta gentillesse sans mesure, je vous souhaite tout le bonheur à toi et ta moitié.
Seb, depuis ce pigeonnier rien n’a changé, ni toi, ni ton rire, ni tes vannes ! Quel bonheur de te compter parmi mes amis !
Josselin, ton amitié, ta fraicheur, ta vision de la médecine, ô combien différente, ô combien primordiale. Cette fois je suis prêt pour une séance d’hypnose, je le sens là, c’est bon !
A mes santards, Quentin, Flo et Flo, Léo, à ces vacances aux quatre coins de l’Europe, à ces rigolades et ces soirées inoubliables mais oubliées quand même dés le lendemain !
A la salle des fêtes tout en mesure et en démesure, Alex et ton chalet, Charlou, Eric et Johan, Chris, Nico et Stan… De merveilleuses rencontres gravées pour toujours dans ma mémoire !
A Thomas et Laura Cartry, si nos chemins respectifs nous ont séparé, je pense toujours autant à vous et ces années à Lyon avec émotion.
Au père Bezina et les stéphanois de l’Ecole des Mines. Sans vous Saint-Etienne serait toujours un endroit inconnu pour moi que je qualifierai encore de bord du monde.
Romu, toi aussi, dont le parcours est un exemple à suivre pour beaucoup. Reviens me voir plus souvent espèce d’acrobate parisien !
Thierry, Antho, Camille, Greg, mes amis d’enfance que je cite et ceux que je ne cite pas. Notre insouciance d’alors, nos parcours, les hommes et les femmes que nous sommes devenus aujourd’hui !
A toutes mes rencontres de ces 29 premières années qui ne figurent pas dans ces remerciements mais qui comptent dans mon cœur et mes souvenirs !
18
Table des matières :
TABLE DES MATIERES : ...18
LISTE DES ABREVIATIONS : ...20
INTRODUCTION : ...21
1) DEFINITIONS : ... 22
2) CHIFFRES : ... 23
3) DETERMINANTS DU DEPOT DE PLAINTE ET ACTIONS POSSIBLES :... 25
4) PROBLEMATISATION : ... 29
MATERIEL ET METHODE : ...31
1) RECUEIL DES DONNEES ... 31
2) MODE DE RECRUTEMENT ... 31
3) GUIDE D’ENTRETIEN ... 32
4) DEROULEMENT DES ENTRETIENS ... 33
5) RETRANSCRIPTION : ... 33
6) ANALYSE : ... 34
RESULTATS : ...35
1) ELEMENTS GENERAUX : ... 35
i. Les participants : ... 35
ii. Les entretiens : ... 35
2) ARBRES THEMATIQUES : ... 37
i. Arbre thématique général : ... 37
ii. Arbre thématique « temps » : ... 38
iii. Arbre thématique « peur » : ... 41
iv. Arbre thématique « modèle OPE » : ... 43
v. Arbre thématique « ambivalence » : ... 46
DISCUSSION : ...49
1) PRINCIPAUX RESULTATS ET CONFRONTATION AVEC LA LITTERATURE :... 49
i. Le temps : ... 49
ii. La peur : ... 50
iii. Le modèle OPE : Organe Personne Environnement : ... 50
iv. L’ambivalence : ... 52
2) POINTS FAIBLES ET POINTS FORTS DE L’ETUDE : ... 52
i. Points faibles : ... 53
ii. Points forts : ... 53
3) INTERET DE L’ETUDE ET PERSPECTIVES : ... 54
CONCLUSION : ...55
BIBLIOGRAPHIE : ...56
ANNEXES : ...60
i. Entretien ... 65
19 iii. Entretien n°3... 73 iv. Entretien n°4... 87 v. Entretien ... 97 vi. Entretien n°6... 108 vii. Entretien n°7 ... 115 viii. Entretien n°8 ... 122 ix. Entretien n°9... 129 x. Entretien n°10... 137 xi. Entretien n°11... 143 xii. Entretien n°12 ... 151 SERMENT D’HYPOCRATE : ... 158 RESUME : ... 160 PERMIS D’IMPRIMER : ... 161
20
Liste des abréviations:
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
ONSM : Observatoire National pour la Sécurité des Médecins CNOM : Conseil National de l’Ordre des Médecins
GPs : General Practitionners WPV : Work Place Violence
DMG : Département de Médecine Générale Cvs : Cadre de vie et sécurité
21
Introduction :
« Vas-tu me sauver... murmure le garçon en sanglotant, ébloui par cette toute puissance sévère apte à percer les plus insondables mystères ? C'est comme cela que sont les gens de mon pays ; au médecin ils demandent toujours l’impossible. Ils ont perdu la foi ancienne ; le curé est assis, chez lui, à réduire en charpie les vêtements de messe l'un après l'autre : mais du médecin on attend qu'il fasse tout, de sa main fragile de médecin ... »
Nouvelle de Franz Kafka (Médecin de campagne), écrite en 1919.
2019, la violence semble partout. Sourde, rampante, menaçante parfois, sa tendance est à une triste généralisation. Et le corps médical des médecins généralistes en France, région du Languedoc-Roussillon, à la mission ô combien philanthrope n’est pas épargné pour autant. Alors même que la santé permet une prévention de la violence par sa responsabilité envers le public qui la finance lui-même (1).
Ainsi, nous vous proposons un travail concernant ce sentiment d’insécurité du médecin généraliste vis à vis de sa patientèle.
Lequel sentiment, par ma vie d’interne et de médecin remplaçant, mais également par les discussions entre professionnels de santé j’ai pu toucher du doigt.
Mais tout d’abord quelques précisions s’avèrent nécessaires en introduction de cet ouvrage.
22
1) Définitions :
La violence :
Selon le Larousse en ligne, la violence se définit comme suit : ensemble des actes caractérisés par des abus de la force physique, des utilisations d'armes, des relations d'une extrême agressivité.
L’OMS (Organisation Mondiale de la santé) en donne la version suivante (1) :La menace ou l’utilisation intentionnelle de la force physique ou du pouvoir contre soi-même, contre autrui ou contre un groupe ou une communauté qui entraîne ou risque fortement d’entraîner un traumatisme, un décès, des dommages psychologiques, un mal développement ou des privations.
Le code pénal détermine une réunion de conditions de fond qui sont (3) : - une victime tierce, humaine et vivante au moment des faits,
- la réalisation d’un acte positif,
- l’existence d’un lien de causalité entre l’acte et le préjudice de la victime, - l’intention malveillante, peu importe la motivation de la violence.
La plainte :
Selon le site officiel de l’administration française service-public.fr, la plainte est l’acte par lequel une personne qui s’estime victime d’une infraction en informe la justice.
L’infraction :
L’infraction en droit pénal est un acte ou abstention d’agir qui est puni, par la loi, d’une peine (5).
Le droit pénal prévoit les trois éléments de l'infraction, légal, matériel et moral, les causes d'irresponsabilité (trouble mental, contrainte, minorité).
23 Les infractions pénales sont classées, suivant leur gravité, en crimes, délits et
contraventions. Ces trois types d'infractions sont de la compétence de quatre juridictions différentes.
La victimisation :
Elle se définit comme le nombre de déclarations d’incident par rapport au nombre de médecins en activité régulière.
2) Chiffres :
L’ONSM (Observatoire National pour la Sécurité des Médecins), dans sa fiche 2013 de recensement national des incidents (6) retrouve 925 déclarations, soit son total le plus élevé.
Par ailleurs, si le nombre varie en fonction des années, on peut remarquer que par sous-période de 4 ans, ce chiffre est en augmentation constante, soit :
- De 2003 à 2006 : 2234 déclarations. - De 2007à 2010 : 2794 déclarations.
- De 2011 à 2014 : 3446 déclarations (données 2014 disponibles dans la fiche de synthèse 2014 de l’ONSM (7)).
La part des médecins généralistes se situe entre 56 et 63 %.
L’ONSM remarque également que parmi ces déclarations, 44 % sont faites par des médecins de sexe féminin, qui ne représentent que 43 % de la population de référence en 2013 (6).
Une information recoupée par les conclusions d’une étude menée au Royaume-Uni qui rapporte que : « Violence is a background concern for both women and men GPs (General Practicionners). Although women are more likely to express concern and report experiences of being afraid ». (8)
24 Soit en français : « La violence est un problème de fond pour les médecins généralistes femmes comme hommes. Bien que les médecins femmes soient plus susceptibles d’exprimer des inquiétudes ou des peurs et de signaler leurs expériences ».
Enfin le CNOM (Conseil National de l’Ordre des Médecins) en 2017 constate une forte féminisation de la profession médicale, soit 47 % en 2017 contre 38 % en 2007. (9)
Selon le même raisonnement à l’international, les conclusions d’une étude menée à l’université de Stockholm en Suède nous enseigne que : « Foreign born GPs may face increased rates of threats and /or violence from patients ». (10)
Soit en français : « Les médecins généralistes nés à l’étranger peuvent faire face à des taux accrus de menaces et/ou de violence de la part des patients ».
Là encore, le CNOM en 2017 constate une augmentation constante du nombre de médecins à diplôme étranger en activité régulière depuis 10 ans en France soit : - 22619 en 2017 équivalent à 11 % de l’activité régulière. (9)
Enfin, et pour finir ce tour des enquêtes au niveau international, il est à noter que les études cherchent les tenants et les aboutissants à cette violence, dans des cadres : médical (amélioration de la formation), administratif (protocole médecins, police, gendarmerie et justice dont 54 départements de France métropolitaine sur 96 étaient doté en 2015 d’après l’ONSM (11)), matériel (équipements de protection, guidelines de prévention de la violence) ou humain (renforcement du personnel, suivi des médecins victimes d’agression).
Notamment en Chine, dont les conclusions de l’étude (12) rapportent les solutions suivantes :
« Improving diagnosis/treatment competence, developing violence prevention guidelines and plans, using protective equipment, reinforcing staff by providing back up support ».
25 Soit en français : « Améliorer les compétences en matière de diagnostic et de traitement, élaborer des lignes directrices et des plans de prévention de la violence, utiliser de l’équipement de protection, renforcer le personnel en fournissant un soutien de secours ».
Mais également au Royaume-Uni, par les conclusions de l’étude (13) : « Some of the precipitants of agression are potentially avoidable : - Staff training
- GPs should avoid delays by rearranging booking policies or surgery times and lenghts
- Victims of agression must be followed up… »
Soit en français : « Certains des facteurs déclencheurs d’agression sont potentiellement évitables :
- Formation du personnel
- Les médecins généralistes devraient éviter les retards en réorganisant les plannings de consultations ou les délais pour la chirurgie
- Les victimes d’agressions doivent faire l’objet d’un suivi… »
3) Déterminants du dépôt de plainte et actions possibles :
Les déterminants du dépôt de plainte :
Selon les enquêtes Cadre de vie et sécurité (Cvs) de l’Insee, il existe cinq types d’atteintes personnelles, hors agressions sexuelles et au sein du ménage : - les vols personnels et tentatives avec violence,
- les vols personnels et tentatives sans violence, - les violences physiques,
- les menaces, - et les injures.
Elles présentent des taux de plainte extrêmement différents, de 3 % pour les injures à 42 % pour les vols avec violences.
26 Ceci considéré les déterminants du dépôt de plainte sont :
- le type d’agression subie avant tout,
- les éléments descriptifs attachés à l’incident (la connaissance ou non de l’agresseur), ou à son contexte (répétition et/ou multiplicité des incidents), - et enfin, la catégorie socioprofessionnelle de la victime, le niveau de revenu de
son ménage et son âge sont aussi des facteurs explicatifs de la propension à porter plainte.
Mais les 2 derniers ensembles de déterminants sont bien moins importants bien que significatifs. (14)
Responsabilité pénale et actions possibles :
Ce type de responsabilité a une fonction répressive (amende, emprisonnement).
27 La responsabilité pénale est mise en jeu si une infraction au Code Pénal est commise.
Pour porter plainte au pénal, la victime doit se diriger vers des services de police, de gendarmerie ou directement auprès du procureur de la République.Il peut également déposer une main courante, qui correspond uniquement à un signalement : elle n’entraine ni poursuite ni audition. (15)
Par ailleurs dans le cadre de son exercice, le médecinsera susceptible d’être sujet à un dépôt de plainte de la part de sa patientèle.
Une fois blanchi, il peut, sous certaines conditions, recourir contre le patient au cas où il estimerait dénuée de fondement la plainte formée contre lui. Deux actions possibles en la matière : l'action en dénonciation calomnieuse ou l'action en dénonciation abusive. (16)
L'action en dénonciation calomnieuse :
Elle fait l’objet des articles 226-10 et suivants du code pénal. L'action en dénonciation calomnieuse est engagée après la décision mettant définitivement fin à la procédure pénale introduite par le patient. Cette décision définitive porte sur l'acquittement du médecin, sa relaxe ou un non-lieu à son endroit. Le médecin dispose alors du droit d'agir à son tour au motif de la fausseté du fait dénoncé. Il importe ici de prouver que le patient a agi sur un motif qu'il savait inexact et avec la seule volonté de nuire. Corrélée à la gravité de la faute, la répression du délit de dénonciation calomnieuse est : 5 ans d'emprisonnement et 45 000 € d'amende.
L'action en dénonciation abusive :
Une fois la plainte du patient avec constitution de partie civile conclue par une ordonnance de non-lieu en faveur du médecin, celui-ci a la possibilité d'agir. Comment ? En engageant, dans un délai de trois mois à compter de la date de l'ordonnance de non-lieu, une action en dénonciation abusive. Il lui appartient
28 de prouver, non pas la mauvaise foi de son dénonciateur mais une faute de sa part qui, si elle est avérée, lui permettra d'obtenir des dommages et intérêts.
Responsabilité civile et actions possibles :
Elle a pour but d’indemniser les personnes victimes de dommages.
L'action civile est l'action en réparation d'une victime d'un préjudice issu ou non d'une infraction pénale. Elle peut être exercée devant les juridictions civiles ou pénales. (17)
Pour porter plainte au civil, la victime doit se diriger vers un avocat et faire rédiger une demande introductive d’instance devant le Tribunal de Grande Instance. (15)
Le recours par le médecin sur le terrain civil, s'apparente dans ses contoursmais sur un terrain différent - au recours en dénonciation abusive. Une fois la demande en réparation du patient rejetée définitivement par le tribunal, le médecin engage une action en dommages et intérêts contre le patient dont il doit alors prouver la faute. Quelle faute ? Sa désinvolture ou sa mauvaise foi à ester en justice sur un motif infondé.
Suites données aux incidents :
Toujours selon l’ONSM, dans sa fiche de recensement 2013, on assiste à un déficit de judiciarisation des incidents plutôt stable dans le temps sur 10 ans entre 2003 et 2013 (6) :
- dépôt de main courante : entre 13 et 16 %,
- dépôt de plainte : entre 31 et 39 % (avec une diminution constante depuis l’année 2010)
- pas de dépôt/de suite judiciaire : entre 45 et 55 % (avec une augmentation constante depuis 2010)
29
4) Problématisation :
Nous pouvons donc observer qu’à ce jour la littérature démontre que la violence à l’encontre des médecins généralistes est une réalité. Ainsi l’ONSM dans sa fiche 2013 de recensement national des incidents retrouve 925 déclarations. La part des médecins généralistes se situe entre 56 et 63 % en fonction de l’année de recensement.
Il est également décrit que ces violences, aussi variées que potentiellement dangereuses (motif de la violence, individu auteur des faits, arme utilisée etc. etc.), souffrent d’un déficit de judiciarisation par ces mêmes médecins généralistes. En effet, toujours selon l’ONSM, dans sa fiche de recensement des incidents de 2013, entre 45 et 55 % des incidents déclarés ne donnent pas lieu à un dépôt de plainte ou une quelconque suite judiciaire entre 2003 et 2013.
30 Ce qui n’est pas décrit par la littérature en revanche à ce jour, sont les raisons de ce déficit de judiciarisation de la violence subie par les médecins généralistes. En somme, pourquoi les médecins généralistes en France ne portent-ils pas plainte systématiquement lorsqu’ils sont victimes de violence dans le cadre de leur profession.
Nous nous sommes donc posé la question : pourquoi les médecins généralistes ne portent-ils pas systématiquement plainte, en cas de violence à leur encontre de la part des patients ou de leur entourage en cabinet de médecine générale en Occitanie en 2018 ?
Pour répondre à cette question, nous nous sommes fixés comme objectif principal,d’identifier les déterminants à l’origine d’un déficit de judiciarisation de la violence à l’encontre des médecins généralistes.
31
Matériel et méthode :
1) Recueil des données
Puisque nous nous interrogeons sur le vécu des praticiens, il nous a paru intéressant d’utiliser une étude qualitative avec une série d’entretiens individuels, semi-directifs.
Nous avons choisi l’entretien individuel plutôt que le focus-group (FG) pour des raisons de faisabilité. Le FG nous aurait probablement apporté une dynamique de groupe dans les échanges et l’émergence d’opinions, mais d’après la littérature, nous aurait donné un avis plus global, moins personnel, devant le possible sentiment de se sentir jugé. (19)
Nos entretiens ont été menés de manière semi-structurée, à l’aide d’un guide d’entretien. Cette méthode permet, contrairement aux entretiens ouverts, de maintenir le dialogue dans le cadre fixé pour l’étude, sans tomber dans « l’excès » des entretiens structurés, plus restrictifs, où les questions fermées ne laissent que peu deplace au ressenti personnel. (19)
2) Mode de recrutement
Dans notre étude,pour atteindre au mieux notre objectif, nous avons décidé d’interroger des médecins généralistes languedociens (départements de l’ancienne région administrative du Languedoc-Roussillon, comprenant les Pyrénées-Orientales 66, l’Aude 11, L’Hérault 34, Le Gard 30 et la Lozère 48).
Dans une étude qualitative semi-directive, il n’ya pas de nécessité de représentativité de l’échantillon interrogé. Néanmoins, nous avons cherché la plus grande diversification possible des médecins entretenus avec des critères parmi lesquels :
32 le type d’activité : urbain, semi rural ou rural,
l’âge,
le nombre d’années de pratique de la médecine générale.
Pour recruter les différents médecins, nous avons utilisé la méthode du bouche à oreille et du recrutement téléphonique selon les opportunités.
3) Guide d’entretien
Pour guider nos entretiens, un guide d’entretien (Annexe n° …) a été rédigé.
Celui-ci composé de :
- quatre chapitres, le premier pour la présentation avec le sujet entretenu, le second pour la remise en situation, le troisième pour la trame de questions ouvertes, et enfin le quatrième et dernier pour une formule de remerciements, - le chapitre trame de questions ouvertes comprend le guide semi-directif
composé de 7 questions ouvertes.
Ce guide se veut un support, mais pas un frein à la conversation.
Des relances y ont été insérées, afin de pouvoir compléter les réponses apportées, si jugées insuffisantes, ou pour les recentrer sur le sujet de l’étude.
Le guide a été discuté, puis validé avec mon directeur de thèse, le Docteur Marc GARCIA au cours de plusieurs consultations physiques et téléphoniques.
Une révision de ce guide d’entretien a été programmée après le deuxième entretien afin d’en assurer la pertinence pour l’étude.
33 A l’issue de ces deux premiers entretiens il a été jugé nécessaire la révision du guide d’entretien devant la brièveté des réponses apportées. Les questions se montrant beaucoup trop fermées.
4) Déroulement des entretiens
Les entretiens se sont déroulés au cabinet ou au domicile des médecins, selon leur convenance.
Nous étions seuls, l’entretenu et moi en face à face, le plus souvent dans une pièce fermée.
L’intégralité des entretiens a pu être enregistrée à l’aide d’un téléphone Samsung Galaxy A5 et de son application « Enregistreur vocal », après accord des médecins questionnés.
Conduire un entretien est « un art » (21), ne pas induire de réponse, ne pas orienter le médecin est important pour éviter tout biais d’investigation.
Pour ce faire, la technique de reformulation a été utilisée fréquemment. Les entretiens réalisés étaient purement exploratoires.C'est-à-dire que nous souhaitions recueillir le maximum d'expériences vécues possibles concernant le sujet de l’étude en axant vers le vécu, le ressenti et les solutions mises en place ou les leçons tirées.
5) Retranscription :
Nous avons utilisé un ordinateur LDLC MicrosoftWindows 10 ainsi que le logiciel Word, afin de retranscrire mot à mot les entretiens pour construire le verbatim (Annexe n°…).
Les entretiens ont été anonymisés. Les médecins ont été nommés par un numéro : sujet n°1, sujet n°2… par ordre de rencontre. Ainsi, nous pensons que l’identification de nos interlocuteurs devient impossible à la lecture du verbatim de leurs entretiens.
34
6) Analyse :
Nous avons choisi l’analyse thématique. (21)
D’après Pierre Paillé (22), « un thème est un ensemble de mots permettant de cerner ce qui est abordé dans l’extrait du corpus correspondant, tout en fournissant des indications sur la teneur des propos ».
Mener une telle analyse est complexe. Elle a nécessité une série de relectures afin de s’imprégner du texte, et d’en extraire les différentes unités de sens. Ces unités de sens ont été comparées, confrontées, et regroupées en plusieurs catégories selon leur cohérence de sens. La création de « sous-catégories » a parfois été nécessaire afin de garder des nuances de contenu.
La thématisation faite selon une démarche dite « continue » (23), a permis en définitive l’émergence des grands thèmes à partir des opinions exprimées par les médecins. La finalité de ce travail était l’élaboration d’un arbre thématique présent dans la partie résultats.
35
Résultats :
1) Eléments généraux :
i. Les participants :
Echantillon des médecins interrogés et critères de diversification :
Sujet Age Nombre d’années de pratique de médecin générale
Sexe Durée de l’entretien Type d’activité
n°1 40 10 M 14‘49 Rural n°2 60 30 M 15’05 Rural n°3 29 2 M 51’07 Semi urbain n°4 40 2 M 27’46 Urbain n°5 30 2 F 36’06 Urbain n°6 30 2 M 28’26 Semi rural n°7 29 2 F 23’58 Urbain n°8 64 37 F 34’36 Urbain n°9 30 2 F 38’59 Urbain n°10 30 2 F 33’42 Semi rural n°11 29 4 M 31’50 Rural n°12 30 2 F 28’41 Semi rural
ii. Les entretiens :
Nous avons réalisé un total de 12 entretiens du 05/07/2018 au 06/09/2018. Nous avons atteint la saturation des données après le 10e entretien. Nous avons donc
36 décidé de deux entretiens supplémentaires au titre de « verrou ». La saturation a donc été obtenue après 12 entretiens dont 2 pour verrouiller.
Les entretiens ont duré entre 14’49 et 15’05 minutes avant révision du guide d’entretien à partir du 3ème entretien comme prévu dans la partie méthode en accord
avec mon directeur de thèse.
Puis les entretiens ont duré entre 23’58 et 51’07 minutes à la suite de la révision du guide d’entretien.
37
2) Arbres thématiques :
i. Arbre thématique général :
Par souci de clarté, nous avons disposé l’arbre général indépendamment. Chaque arbre thématique est ensuite détaillé au début de chaque chapitre.
Thèmes
Déterminants
non
judiciarisation
Temps
Peur
Modèle OPE
Ambivalence
38 ii. Arbre thématique « temps » :
Sous-thèmes
Thème
Temps
Personnel
Temps personnel amputé si plainte hors du temps
de travail
Médical actuelle du médecin de Surcharge de travail ville
Situation violente en elle-même
Sidération face à la brièveté / soudaineté
Judiciaire
Pas d'outil rapide / adapté pour dépôt de
plainte
Pour ce genre de violence
Pour le médecin de ville dans son cas particulier
Pas de témoin possible car contrat de soins Privilégie l'observation
écrite pour se protéger si nécessaire Méconnaissance des
circuits / processus judiciaire
39 Les médecins interrogés décrivent tous le facteur temps comme un élément clé. Leur expérience de la violence en cabinet de médecine générale libérale dépend en partie de cette notion. Selon le vécu d’un temps de la violence et de ses suites, les médecins décident de la nécessité de porter plainte ou non.
Il s’agit donc d’un déterminant important de leur expérience de terrain. D’où un thème spécifique de notre arbre.
J’ai décidé de qualifier ce thème « TEMPS » car il est exprimé différents temps lors d’une situation de violence :
- Le « temps personnel » :
« J’en ai marre à la fin, je veux penser à autre chose. Je veux aller chérir les gens que j’aime. Je veux aller faire du sport ou boire un coup. Bref je veux penser à moi quoi. » (S11)
- Le « temps médical » :
« Et puis on a pas le temps pour tout ça. Non on n’a pas le temps. Tout simplement on n’a pas le temps. » (S8 qui évoque une surcharge de
travail)
- Le « temps de la situation violente en elle-même » :
« Au moment même, j’essayais de me défendre pour pas… (hésitation) Physiquement donc (hésitation), j’ai du parler très fort et crier aussi, en disant que (hésitation) je ne comprenais pas ce qu’il voulait, enfin (hésitation). Ca a été vite tu sais, c’est difficile de dire quand tu es agressé par… »(S2 qui décrit une sidération)
- Le sous-thème du « temps judiciaire » :
« Oui je pense que s’il y avait un site internet rapide. En mode comme ‘’porterplainte.gouv’’ ou voilà. Hop je mets mon identifiant, je mets le nom hop, je décris la situation et en gros de mon cabinet ça me prend deux
40 secondes et hop j’ai posé la plainte. »(S9 qui dénonce l’absence d’outil
adapté)
« Ben disons qu’il faudrait un témoin, c’est ça. Un témoin confirme qu’il a essayé de me jeter les clés à la gueule. Le mec se prend un rappel à la loi ou une injonction de soins. »(S6 qui décrit l’impossibilité d’avoir un témoin) « Je me rappelle que quand ça se passait pas très bien à l’hosto, on nous
disait toujours de tout coucher par écrit pour se couvrir. Alors je l’ai écrit, comme si ça pouvait me servir de ligne de défense un jour quoi. »(S11 qui
laisse une trace écrite en cas de violence)
« Ben la méconnaissance des procédures quoi. Surtout ça. »(S11 concernant
41 iii. Arbre thématique « peur » :
Presque tous les médecins interrogés décrivent d’une manière ou d’une autre un sentiment de PEUR.
Sous
thèmes
Thème
Peur
Aggravation
représailles par le
patient
représailles par
l'entourage
Peur de l'inutilité
de la démarche
Abscence de
sanctions envers
el patient violent
Pas de protection
apportée par la
justice
42 - La « peur de l’aggravation » :
« Ben je pense que ça dépend des personnes mais ça peut être traumatisant en fait. Ca peut être repensé. Et appréhendé. A partir du moment où il y a de l’appréhension, ça recommence. On peut arriver un peu des fois la boule au ventre au cabinet. En disant : j’espère qu’il n’y aura pas ce genre de choses qui se reproduira. »(S5 qui évoque les représailles du patient)
« Ca dépend ! Ca dépend je pense du patient euuuh suscité quoi ! (Rires) Ben voilà, en général, tu sais très bien que bon s’’il y a des familles un peu x ou y bizarres, enfin, c’est quelque chose, la peur des représailles peut rentrer en ligne de compte. »(S10 qui évoque les représailles de l’entourage du patient)
- La « peur de l’inutile » :
« Qu’est ce qui va se passer s’il a pas été filmé ? Rien. »(S6 qui évoque l’absence
de sanctions)
« Après s’il y a une loi plus nationale, je pense que ça peut être ça aussi, pour simplement nous protéger, et puis pour que les gens ils se recadrent par rapport à ces violences… Mais je pense que c’est vrai que spécifiquement que la relation de soins, il n’y a pas forcément de loi qui existe, explicitée quoi. »(S5 qui évoque
43 iv. Arbre thématique « modèle OPE » :
Sous-thèmes
Thème
Modèle OPE Organe : norme biomédicale Verbale seuleViolence physique pas assez grave
Pas d'ITT, pas d'ESPT,pas de blessures, pas de préjudice esthétique Personne : norme intime Etique Bienfaisance Non malfaisance
Pardon Excuses formulées
Environnement : orme sociétale
Non reconnaissance du statut de victime
Par le corps médical : sujet tabou
Par la société : banalisation
44 Si les précédents organigrammes sont assez transparents, celui-ci découle d’une réflexion associant les réponses apportées par les sujets et les 3 normes du modèle
OPE (Organe Personne Environnement) de J.F. Massé et L. Levy.
- La « norme biomédicale » qui laisse penser que la violence n’est pas assez grave :
« Et surtout le fait que du coup il m’a dit tout ça par téléphone mais finalement il n’est pas venu. Y a pas eu de suite si tu veux.»(S1 qui évoque
une violence uniquement verbale).
Et tous ses sujets qui détaillent une violence physique mais sans
conséquence à distance, ou caractère judiciarisable :
« Ben mine de rien, le mec il te casse plusieurs membres ben tu ne peux pas aller travailler ben t’as une reconnaissance qui est globale sur le plan de la justice »(S3 qui évoque l’absence d’Incapacité Totale de Travail ou ITT), « Alors je pensai que ça allait me faire un état de stress post traumatique. Mais ça ne l’a pas fait. Parce que mentalement je suis plus fort que ça. C’est bizarre.», (S4 qui évoque l’Etat de Stress Post Traumatique ou ESPT),
« Comme je l’ai dit j’aurai eu plusieurs dents pétées la mâchoire en vrac une fracture de la mandibule » (S3 qui évoque la blessure),
« Bon j’aurai été balafré, j’aurai été… Je ne sais pas, mutilé, là oui ! Mais voilà.»(S8 qui évoque le préjudice esthétique).
- La « norme intime » :
«Et je l’ai dit gentiment je pense parce que je voulais être bienveillant. Et j’en pensai pas moins parce que finalement c’était un gamin. »(S3 qui évoque la
règle étique de bienfaisance)
« Donc ça sert à quoi de porter plainte contre quelqu’un de malade ? Moi je suis médecin. Oui ! Ne porte pas plainte ! Tu vas l’enfoncer encore plus. Mais je l’ai remis dans les bons tuyaux.»(S4 qui évoque la règle étique de non malfaisance) « En fait ce quia compté, c’est que je suivais la maman du patient. C’est une femme que j’aime beaucoup. C’est une femme très gentille, qui m’a appelée, qui s’est excusée pour son fils, qui m’a dit qu’elle comprenait pas du tout ce qui
45 s’était passé, qu’il était inexcusable d’avoir prononcé ces paroles là, qu’elle était désolé et que voilà.»(S1 qui évoque le pardon après les excuses formulées)
- La « norme sociétale » :
« En me disant mais pas très clairement que peut-être ça se faisait pas trop de porter plainte contre son patient surtout quand au final y avait pas eu de violence physique. »(S1 qui évoque un sujet tabou dans le corps médical) « Avant le médecin était respecté. On respectait. Maintenant quand on parle de
violences, on parle de médecins qui finalement arrivent dans certaines cités et se fait castagner sa voiture sans raisons. Ca ça arrive fréquemment dans les infos. »(S5) ou « il fait parti de la norme » (Sujet 10 qui évoque une
banalisation de la violence à l’encontre du médecin)
« Non à aucun moment j’ai pensé à une plainte. Il faut qu’il y ait un dommage pour qu’il y ait condamnation. C’est parole contre parole. C’est sur que là… Les flics m’auraient pris en considération, ils auraient pris son nom au cas où. Mais le procureur n’aurait lancé aucune procédure quelle qu’elle soit. C’est sûr ! » (S6
46 v. Arbre thématique « ambivalence » :
Sous-thèmes
Thème
Ambivalence Fréquence / récidive Lassitude face à la récidive des violencesPlainte si répétition Question de la responsabilité de la violence Violence vient possiblement d'une erreur médicale. Le manque de temps génère la violence Violence inacceptable acceptée Leçon tirée / expérience pour des consultations difficiles
ultérieures
Prise en compte du contexte
47 Si les médecins interrogés parlent sans complexe sur le dépôt de plainte ou le non dépôt de plainte, il est à noter dans quasiment tous les cas UNE AMBIVALENCE face au problème. En effet, la plupart évoquent des prétextes pour en pas porterplainte.
- La violence serait judiciarisable selon beaucoup de médecins de ville seulement en cas de récidive. Mais face à la fréquence des violences notamment des moins graves, celles-ci ne sont jamais portées devant le tribunal :
« Ce n’est pas la première fois là tu vois, y en a beaucoup qui te regardent, qui disent des mots comme : qu’est ce qu’il me raconte celui là ? il me fait chier… Remise en cause à minima toute en discrétion quoi. Mais on a l’habitude ! »(S6 pas de plainte à cause de la
fréquence)
« Par contre si c’est quelqu’un qui commence à être récidiviste tout ça, je ne sais pas comment je réagirai. Mais peut-être que j’irai jusqu’à porter plainte. »(S5 plainte si
récidive)
- La question de la « responsabilité / culpabilité» :
«Je pense qu’il n’y avait pas d’erreur de la part du médecin sur la gestion des urgences en fait à ce moment là. »(S5 qui évoque l’erreur médicale à l’origine de la violence, donc sa
responsabilité)
« Par ce que je pense qu’il y a effectivement différents types de violence qui peuvent ressurgir dans les milieux médicaux notamment celui de la médecine générale qui est de plus en plus saturé. »(S5 qui dit générer lui-même la violence par manque d’organisation)
- La « violence inacceptable mais acceptée quand même » :
« Oui donc moi j’en garde pas un mauvais souvenir mais là, il y a une chose là. Les patients psychiatriques je ne les titille pas trop. Et c’est l’attitude de tous mes confrères. »(S4 qui
décrit une leçon tirée de la situation violente)
« Ben comme je l’ai dit tout à l’heure, je pense que, j’insiste sur ça, je pense que derrière la violence se cache souvent de la souffrance. Donc quand on est sur une profession qui doit
48 démasquer et gérer au mieux cette souffrance, je… » (S5 qui dit prendre en compte le
49
Discussion :
1) Principaux résultats et confrontation avec la littérature :
i. Le temps :
Il apparait après analyse thématique des notions de temps sur plusieurs échelles.
Le temps personnel est exprimé souvent et rapidement. De manière assez intuitive, les médecins généralistes refusent de consacrer du temps en dehors du travail pour des procédures judiciaires, estimant celui-ci déjà assez réduit.
Ce temps personnel restreint est mis en perspective par l’enquête emploi de l’INSEE (Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques) qui retrouve un temps de travail de 50 heures pour les femmes généralistes et de 58 heures pour les hommes généralistes en 2000. (24)
Le temps médical retrouvé dans notre verbatim est également retrouvé par deux études menées en Champagne-Ardenne en 2012 et 2013 (25), qui montrent une surcharge de travail actuelle. Ainsi le système de soins actuel ne permettrait pas de libérer un temps judiciaire pour les médecins généralistes.
Le temps de la violence elle-même fait apparaitre une forme de sidération du médecin victime devant la soudaineté et la rapidité de l’évènement.
Sidération également retrouvée dans la thèse de Robert de Saint Vincent C. (26) dés lors qu’une situation vécue au cabinet est en lien avec une procédure judiciaire : « on ressent un grand vide », « un stress intense », ou bien « une sidération » « ça fait peur parce qu’on sait pas ce qui va nous arriver ».
Le temps judiciaire enfin est mentionné. Une réputation de lourdeur décourage les médecins. Ils y associent donc l’absence d’outil rapide et adapté pour porter plainte et un aveu de méconnaissance des circuits judiciaires.
D’autant plus que les exemples de délai entre la prise en charge et la plainte sont courants lorsqu’il s’agit d’une plainte du patient contre le médecin. En effet, toujours dans la thèse De Robert de Saint Vincent C. (26) : « La plainte arrive en effet 2 ans après la dernière consultation. »
50 ii. La peur :
L’analyse thématique fait également apparaitre une notion de peur sur plusieurs échelles.
La peur de l’aggravation de la violence apparait en premier lieu. La notion de représailles par le patient ou son entourage est décrite notamment.
Cette possible aggravation des violences suite à la judiciarisation est également identifiée dans l’étude de Robert de Saint Vincent C. (26) alors même que la plainte est de l’initiative du patient lui-même : « Parfois le plaignant se manifeste avant même que les instances aient sollicité le médecin. Dans deux affaires les médecins ont eu à faire face à des patients très en colère. Ils ont parfois eu peur de subir de la violence physique tout en se laissant atteindre par les propos très violents des patients à leur égard. »
La peur de l’inutilité de la démarche judiciaire revient très souvent aussi. Les sujets dénonçant une absence attendue de sanctions envers le sujet violent ou de protection apportée à la victime.
Comme dans la thèse de Mabilais A. (27) qui décrit un patient roi : « En parallèle de ces évolutions notables, le droit poursuit sa lancée dans un mouvement en nette faveur des patients. La Justice n’ignore pas ces évolutions et adopte des jurisprudences favorables aux patients victimes, au détriment des médecins généralistes. »
iii. Le modèle OPE : Organe Personne Environnement :
L’analyse thématique nous a permis de faire apparaitre un modèle Organe Personne Environnement. Ce modèle est une présentation pratique du concept de diagnostic de situation, formulée par J.F. Massé et L. Levy (22), qui consiste non seulement à observer une personne dans son contexte, mais aussi à en réaliser une approche systémique qui apprécie simultanément ses dimensions organique, relationnelle et environnementale, et leurs interactions.
Ce modèle se divise en 3 plans.
Le plan organique, ou norme biomédicale apparait à travers une notion de gravité associée aux conséquences de la violence. Celle-ci ne semble en effet jamais assez grave pour porter plainte :
- Soit elle est seulement verbale et non suivie de violence physique
- Soit elle est physique mais non suivie d’ITT, d’ESPT, de blessure, de préjudice esthétique etc.
51 Donc le médecin de ville ne porterait pas plainte tant que les conséquences de la violence ne l’empêchent pas d’exercer. Nous n’avons pas retrouvé dans la littérature de référence à cette norme biomédicale, mais elle semble bien ressortir de nos entretiens.
Le plan personnel / psycho-relationnel, ou norme intime apparait à travers la relation entretenue entre le médecin et son patient. De cette relation très spécifique découle en fonction des sujets un comportement préférentiel :
- Soit le médecin accorde son pardon au patient violent. Notamment si des excuses sont formulées par l’auteur des faits ou son entourage.
- Soit le médecin en appelle à sa conception de l’étique pour expliquer le non dépôt de plainte. Les sujets qui le mentionnent font appel aux notions de bienfaisance et non malfaisance.
Le médecin estimerait donc que sa fonction de soignant l’empêche de porter plainte contre son patient.
Cette dimension psycho relationnelle a bien été mis en évidence par une étude qualitative réalisée pour une thèse d’exercice par un médecin généraliste lyonnais Marc Chanelière (28), publiée ensuite dans le journal « La presse médicale ».Pour eux, l’impact de ces évènements indésirables le plus prégnant était plus psycho émotionnel avec survenue de sentiments tels que la culpabilité, le stress ou la colère.
Le plan environnemental, ou norme sociétale apparait également sur plusieurs échelles :
- Entre confrères par exemple, porter plainte contre son patient semble être tabou ou interdit. Ainsi le DEA de droit civil par Mélanie Goedert (29) met en évidence que le conseil de l’ordre et les confrères n’apparaissent qu’en dernier en tant que soutien possible dans une procédure judiciaire, loin derrière les avocats, les assureurs et les syndicats. Ce qui pourrait appuyer cette hypothèse. - A une échelle plus globale, beaucoup de sujets mentionnent une banalisation
de la violence à l’encontre du corps médical contre laquelle ils semblent désarmés.
Banalisation retrouvée dans le témoignage d’une consœur généraliste retranscrit par le conseil départemental du Val de Marne de l’ordre des médecins (30) : « Pour l’avoir vécu, les patients ne tolèrent plus le non ».
- Enfin, les entretiens font apparaitre une non reconnaissance du statut de victime à hauteur de ce qu’il devrait être au niveau judiciaire.