COMITÉ
DE
RÉDACTION
JacquesCOLOMB,Département
"Didactiquesdesdisciplines",INRP
Michel
DABENE,Université
deGrenobleIII
SuzanneDJEBBOUR, École
Normale
deMelun
Gilbert DUCANCEL,
ÉcoleNormale d'Amiens
Colette FINET,
Circonscription
de PéronneJocelyneFOUQUET,
Circonscription
de ParisXVIIL
Marie-Madeleine
deGAULMYN, Université
deLyon
II
Rosine
LARTIGUE,
ÉcoleNormale
deMelun
Maurice
MAS,IUFM
deGrenoble, CentredePrivasMaryvonne
MASSELOT,Université
de BesançonAlain
NICAISE,Circonscription d'Abbeville
Hélène
ROMIAN, Département
"Didactiquesdesdisciplines", INRP (rédacteurenchef)Catherine
TAUVERON,
ÉcoleNormale
deClermont-FerrandCOMITE
DE
LECTURE
Suzanne
ALLAIRE, Université
de RennesAlain
BOUCHEZ,Inspection
Généralede laFormation
tiesMaîtresJean-PaulBRONCKART,
Université
deGenève, SuisseJean-Louis CHISS,CREDIF, ENSdeSaint-Cloud
Jacques
DAVID,
EcoleNormale
deCergy-Pontoise,INSERM FrancetteDELAGE,Circonscription
deNantesSimoneDELESALLE,
Université
ParisVlll
Claudine
FABRE,Université
dePerpignan FrédéricFRANÇOIS,Université
ParisV
Claudine
GARCIA-DEBANC,
EcoleNormale
deRodezClaudine
GRUWEZ,Mission
AcadémiqueàlaFormation
deLille
Jean-PierreJAFFRÉ,CNRSClaude LELIÈVRE,
Université
ParisV
Jean-BaptisteMARCELLESI,
Université
deRouen Marie-LouiseMOREAU,
Université
deMons, Belgique YvesREUTER,Université
deLille
111Bernard
SCHNEUWLY,
Université
deGenève, Suisse JacquesWEISS,IRDP deNeuchâtel,SuisseDirecteur
depublication
: Francine DUGAST,directeur
del'INRP.COMITÉ
DE
RÉDACTION
JacquesCOLOMB,
Département
"Didactiquesdesdisciplines",INRP
Michel
DABENE,Université
deGrenobleIII
SuzanneDJEBBOUR, École
Normale
deMelun
Gilbert DUCANCEL,
ÉcoleNormale d'Amiens
Colette FINET,
Circonscription
de PéronneJocelyneFOUQUET,
Circonscription
de ParisXVIIL
Marie-Madeleine
deGAULMYN, Université
deLyon
II
Rosine
LARTIGUE,
ÉcoleNormale
deMelun
Maurice
MAS,IUFM
deGrenoble, CentredePrivasMaryvonne
MASSELOT,Université
de BesançonAlain
NICAISE,Circonscription d'Abbeville
Hélène
ROMIAN, Département
"Didactiquesdesdisciplines", INRP (rédacteurenchef)Catherine
TAUVERON,
ÉcoleNormale
deClermont-FerrandCOMITE
DE
LECTURE
Suzanne
ALLAIRE, Université
de RennesAlain
BOUCHEZ,Inspection
Généralede laFormation
tiesMaîtresJean-PaulBRONCKART,
Université
deGenève, SuisseJean-Louis CHISS,CREDIF, ENSdeSaint-Cloud
Jacques
DAVID,
EcoleNormale
deCergy-Pontoise,INSERM FrancetteDELAGE,Circonscription
deNantesSimoneDELESALLE,
Université
ParisVlll
Claudine
FABRE,Université
dePerpignan FrédéricFRANÇOIS,Université
ParisV
Claudine
GARCIA-DEBANC,
EcoleNormale
deRodezClaudine
GRUWEZ,Mission
AcadémiqueàlaFormation
deLille
Jean-PierreJAFFRÉ,CNRSClaude LELIÈVRE,
Université
ParisV
Jean-BaptisteMARCELLESI,
Université
deRouen Marie-LouiseMOREAU,
Université
deMons, Belgique YvesREUTER,Université
deLille
111Bernard
SCHNEUWLY,
Université
deGenève, Suisse JacquesWEISS,IRDP deNeuchâtel,SuisseARTICULATION
ORAL/ÉCRIT
Sommaire
1èrepartie:ÉTAT DESUEUX
Présentation
parJacques DAVIDetCatherine LECUNFF 3
Quelquesaperçus
sur
l'enseignementdel'oral dans l'école héritéedeJulesFerry
par Frank MARCHAND 7
L'oral contrel'écrit
par DanièleMANESSE etIsabelleGRELLET 17
2èmepartie :DIREPOURÉCRIRE,RÉÉCRIRE,DONNER
À
VOIRÉcrire, uneactivité complexeétayée
par
laparole.Étudedes échangesoraux dans destâches deréécriture menées
par
des enfantsde 7 ansparJacques DAVID 25
Différenceentre lesprocessusdeproductionde troisgenres : du dialogue entreénonciateurs autexteécrit
par BernardSCHNEUWLY 45
Quanddire,c'est faire...écrire
par RobertBOUCHARD 67
3èmepartie : DIMENSION DISCURSIVE:
DÉCALAGESETCONVERGENCES
L'emploidequelques connecteurs dans lesrécits. Unetentative
decomparaison oral/écritchez des enfants de
5
à 11anspar Serge MOUCHON,MichelFAYOLet JeanEmileGOMBERT ... 87 Lecontecomme outildemédiationen situationinterculturelle
par Nadine DECOURT 99
Expliquer à l'oral, àl'écrit, ensciences (Coursmoyen 1
et
2)par GilbertDUCANCEL 117
4ème partie: PERSPECTIVESMÉTALINGUISTIQUES
ETASPECTS SOCIAUX
Lerôledescapacités métalinguisitques dansl'acquisition
dela langue écrite
par Jean Emile GOMBERT 143
Au
cur
des confusions entrel'écritet
l'oral : lesreprésentationsdel'orthographepar Agnès MILLET 157
Regardsrétrospectifs
et
prospectifssuruneproblématiquepar CatherineLECUNFFetHélèneROMIAN 173
Résumés
des
articles
189Notesde
lecture,
par Hélène ROMIAN 193ARTICULATION
ORAL/ÉCRIT
Sommaire
1èrepartie:ÉTAT DESUEUX
Présentation
parJacques DAVIDetCatherine LECUNFF 3
Quelquesaperçus
sur
l'enseignementdel'oral dans l'école héritéedeJulesFerry
par Frank MARCHAND 7
L'oral contrel'écrit
par DanièleMANESSE etIsabelleGRELLET 17
2èmepartie :DIREPOURÉCRIRE,RÉÉCRIRE,DONNER
À
VOIRÉcrire, uneactivité complexeétayée
par
laparole.Étudedes échangesoraux dans destâches deréécriture menées
par
des enfantsde 7 ansparJacques DAVID 25
Différenceentre lesprocessusdeproductionde troisgenres : du dialogue entreénonciateurs autexteécrit
par BernardSCHNEUWLY 45
Quanddire,c'est faire...écrire
par RobertBOUCHARD 67
3èmepartie : DIMENSION DISCURSIVE:
DÉCALAGESETCONVERGENCES
L'emploidequelques connecteurs dans lesrécits. Unetentative
decomparaison oral/écritchez des enfants de
5
à 11anspar Serge MOUCHON,MichelFAYOLet JeanEmileGOMBERT ... 87 Lecontecomme outildemédiationen situationinterculturelle
par Nadine DECOURT 99
Expliquer à l'oral, àl'écrit, ensciences (Coursmoyen 1
et
2)par GilbertDUCANCEL 117
4ème partie: PERSPECTIVESMÉTALINGUISTIQUES
ETASPECTS SOCIAUX
Lerôledescapacités métalinguisitques dansl'acquisition
dela langue écrite
par Jean Emile GOMBERT 143
Au
cur
des confusions entrel'écritet
l'oral : lesreprésentationsdel'orthographepar Agnès MILLET 157
Regardsrétrospectifs
et
prospectifssuruneproblématiquepar CatherineLECUNFFetHélèneROMIAN 173
Résumés
des
articles
189Département
Didactiques
desdisciplines
29,
rue
d'Ulm
75230PARIS Cedex05Tel
:(1)46.34.90.92REPÈRES
|
Recherches en
Didactique du
Français
Langue
Maternelle
"REPÈRES"
nouvelle
sérieaméliore saprésentation,adopte
un
format
plus
lisible
publie
désormais
2fois parandesdossiersplus importantss'ouvreàtousleschercheursconcernésparladidactiquedufrançaislanguematernelle
"REPÈRES"
Un
espaced'échange^dedébatscientifiquepour
tous
ceuxqui
interrogent le
rôle
fondamental
du
langageoral,
écrit
dans lesapprentissages, l'échecou laréussitescolaires,le
devenir
desélèves.l
"REPÈRES"
Un
outil
detravailpour
lesformateurs,leschercheursendidactique
du français
langue
maternelle
:-
le
Français,discipline
d'enseignementet
composante des autres enseigne¬ments
-
des recherches menéesàl'écoleetpour
l'école,et
pour
la
formation
desmaîtres
-
desproblématiques
de recherches encours, etdesbilans.
NUMÉROS
À
PARAÎTRE EN
1991n°
3,nouvelle
série:ARTICULATION
ORAL/ÉCRIT
Dir.
JacquesDAVID,
Catherine
LECUNFF
Il
a sembléimportant
deréactiver
uneproblématique,
aujourd'hui
négligéepour
l'écrit, mais
qui
n'en
apasmoins
suscité destravaux significatifs
danslesannées 70.Le
numéro
présente,dans cette perspective,desétudes,desrecherchesetdesréflexions
issues
d'horizons divers,
ensciencesdu
langageet
endidactique.
n°
4,nouvelle
série
:SAVOIR
ÉCRIRE,
ÉVALUER,
RÉÉCRIRE
EN
CLASSE
Dir.
Jean-Pierre JAFFRE,HélèneROMIAN
L'objectif
du
numéro
estderéunir
descontributions
depsycho
etsociolinguistes, dedidacticiens
sur un thème
qui
sesitue
auc ur
dela
nouvelle organisation
del'école
primaire
en cycles :comment
déglobaliser lanotion
de "compétencescripturale"
?Quelles en
sont
les composantes ? Quellesrelations peut-on
observer entre cescomposantes,quelles
variations
?Département
Didactiques
desdisciplines
29,
rue
d'Ulm
75230PARIS Cedex05Tel
:(1)46.34.90.92REPÈRES
|
Recherches en
Didactique du
Français
Langue
Maternelle
"REPÈRES"
nouvelle
sérieaméliore saprésentation,adopte
un
format
plus
lisible
publie
désormais
2fois parandesdossiersplus importantss'ouvreàtousleschercheursconcernésparladidactiquedufrançaislanguematernelle
"REPÈRES"
Un
espaced'échange^dedébatscientifiquepour
tous
ceuxqui
interrogent le
rôle
fondamental
du
langageoral,
écrit
dans lesapprentissages, l'échecou laréussitescolaires,le
devenir
desélèves.l
"REPÈRES"
Un
outil
detravailpour
lesformateurs,leschercheursendidactique
du français
langue
maternelle
:-
le
Français,discipline
d'enseignementet
composante des autres enseigne¬ments
-
des recherches menéesàl'écoleetpour
l'école,et
pour
la
formation
desmaîtres
-
desproblématiques
de recherches encours, etdesbilans.
NUMÉROS
À
PARAÎTRE EN
1991n°
3,nouvelle
série:ARTICULATION
ORAL/ÉCRIT
Dir.
JacquesDAVID,
Catherine
LECUNFF
Il
a sembléimportant
deréactiver
uneproblématique,
aujourd'hui
négligéepour
l'écrit, mais
qui
n'en
apasmoins
suscité destravaux significatifs
danslesannées 70.Le
numéro
présente,dans cette perspective,desétudes,desrecherchesetdesréflexions
issues
d'horizons divers,
ensciencesdu
langageet
endidactique.
n°
4,nouvelle
série
:SAVOIR
ÉCRIRE,
ÉVALUER,
RÉÉCRIRE
EN
CLASSE
Dir.
Jean-Pierre JAFFRE,HélèneROMIAN
L'objectif
du
numéro
estderéunir
descontributions
depsycho
etsociolinguistes, dedidacticiens
sur un thème
qui
sesitue
auc ur
dela
nouvelle organisation
del'école
primaire
en cycles :comment
déglobaliser lanotion
de "compétencescripturale"
?Quelles en
sont
les composantes ? Quellesrelations peut-on
observer entre cesPar
J. DAVID etC.LECUNFFL'enseignement de l'oral et de l'écritoccupe une place importante à l'école primaire. Maisquelleplace exactement?Quellepart respectiveces deuxdomaines d'acquisition occupent-ils?Comment s'opèreleurarticulation?Quellescompétences sontvisées ?
Enéchoàcesinterrogationsetvenant presque les illustrer, nous relevonsque
les dernières instructions relatives à l'organisation des cycles àl'école primaire (Ministèredel'Education nationale-Directiondes Ecoles,Janvier1991)envisagent l'oraletl'écritautantdans la définitiondescompétences spécifiquesau«domainede
la maîtrise de la langue» que dans la présentation des autres objectifs, liés aux «compétencestransversales» comme aux «compétences disciplinaires».
Ledossier que nous avons constitué pource numéroa(ou plusexactement
avait) pour ambition de présenter l'état actuel de cette problématique dans les
recherches en didactique du français. Nous voulions brosser un tableau aussi complet que possible des directionsderecherches,voire des résultats obtenusdans cedomaine.Ilsemble,cependant, quelaquestionde l'articulation de l'oraletdel'écrit reste encore plus l'objet d'études anciennes que celui de recherches récentes ;
même si dans les sciences de référence, les travaux linguistiques et
psycholinguistiquessuggèrentunrenouvellementdes recherchesendidactique du français. Aussi,leprésentdossierconstitue-t-ilàlafoislerévélateurde ces manques, deces absences, mais aussidesvoiespossiblespourdenouvellesinvestigations
etdesréactualisations conséquentes.
Defait,ilnousa bien fallu admettre, àlasuitedelaconsultation delabanque
dedonnées DAFTELEmile Hide l'INRP, que peu de chercheurs étudiaientactuel¬
lementces rapports oral/écrit.Cen'estpas, nonplus,fauted'avoir sollicité nombre deceux qui, danslesannées1970,avaienttravaillélaquestion. Ilressortpourtant
detoutescesinvestigations que la plupartd'entreeuxontengagé leursrecherches dansdesdirections différentes, notamment danscelles plus spécifiques de l'écrit. Sansdoute faut-ilyvoirlà, laconséquenced'une réorientation plus générale des recherches en sciences du langage ou, plus sûrement, l'effet du caractère intrinsèquement insaisissable de l'oral qui ne peut être objectivé et traité (sauf lorsqu'il esttranscrit!) aussiaisément que l'écrit.
Malgré ces difficultés,ilnous asemblé important de réactiver cetteproblématique trop longtemps négligéeetdeprésenter des études, des recherches, des réflexions susceptiblesderenouvelerlespratiques scolaires écritesET orales. Aussi, avons-nous réuni autour de cethème lescontributions de chercheurs en sciences du langage,deformateurs d'enseignants, de didacticiens venus d'horizons divers.
Lapremière partie s'ouvre avec deux articles quiontpour objectifdedresserunétat des lieuxdelaquestion.Ils'agit,tout d'abord, aveclacontribution deF.Marchand,
des'intéresser aux places respectives delalangueoraleetdelalangue écritedans l'enseignement du français.L'auteur nous propose quelques aperçus historiques de
Par
J. DAVID etC.LECUNFFL'enseignement de l'oral et de l'écritoccupe une place importante à l'école primaire. Maisquelleplace exactement?Quellepart respectiveces deuxdomaines d'acquisition occupent-ils?Comment s'opèreleurarticulation?Quellescompétences sontvisées ?
Enéchoàcesinterrogationsetvenant presque les illustrer, nous relevonsque
les dernières instructions relatives à l'organisation des cycles àl'école primaire (Ministèredel'Education nationale-Directiondes Ecoles,Janvier1991)envisagent l'oraletl'écritautantdans la définitiondescompétences spécifiquesau«domainede
la maîtrise de la langue» que dans la présentation des autres objectifs, liés aux «compétencestransversales» comme aux «compétences disciplinaires».
Ledossier que nous avons constitué pource numéroa(ou plusexactement
avait) pour ambition de présenter l'état actuel de cette problématique dans les
recherches en didactique du français. Nous voulions brosser un tableau aussi complet que possible des directionsderecherches,voire des résultats obtenusdans cedomaine.Ilsemble,cependant, quelaquestionde l'articulation de l'oraletdel'écrit reste encore plus l'objet d'études anciennes que celui de recherches récentes ;
même si dans les sciences de référence, les travaux linguistiques et
psycholinguistiquessuggèrentunrenouvellementdes recherchesendidactique du français. Aussi,leprésentdossierconstitue-t-ilàlafoislerévélateurde ces manques, deces absences, mais aussidesvoiespossiblespourdenouvellesinvestigations
etdesréactualisations conséquentes.
Defait,ilnousa bien fallu admettre, àlasuitedelaconsultation delabanque
dedonnées DAFTELEmile Hide l'INRP, que peu de chercheurs étudiaientactuel¬
lementces rapports oral/écrit.Cen'estpas, nonplus,fauted'avoir sollicité nombre deceux qui, danslesannées1970,avaienttravaillélaquestion. Ilressortpourtant
detoutescesinvestigations que la plupartd'entreeuxontengagé leursrecherches dansdesdirections différentes, notamment danscelles plus spécifiques de l'écrit. Sansdoute faut-ilyvoirlà, laconséquenced'une réorientation plus générale des recherches en sciences du langage ou, plus sûrement, l'effet du caractère intrinsèquement insaisissable de l'oral qui ne peut être objectivé et traité (sauf lorsqu'il esttranscrit!) aussiaisément que l'écrit.
Malgré ces difficultés,ilnous asemblé important de réactiver cetteproblématique trop longtemps négligéeetdeprésenter des études, des recherches, des réflexions susceptiblesderenouvelerlespratiques scolaires écritesET orales. Aussi, avons-nous réuni autour de cethème lescontributions de chercheurs en sciences du langage,deformateurs d'enseignants, de didacticiens venus d'horizons divers.
Lapremière partie s'ouvre avec deux articles quiontpour objectifdedresserunétat des lieuxdelaquestion.Ils'agit,tout d'abord, aveclacontribution deF.Marchand,
des'intéresser aux places respectives delalangueoraleetdelalangue écritedans l'enseignement du français.L'auteur nous propose quelques aperçus historiques de
cette délicatecohabitationens'appuyantsurlesinstructionsofficielles de1923. Il
montrecombienlapartdel'enseignementdel'oraly est réduitetant dans la définition desobjectifs assignés aux martres que dans la masse des productions demandées aux élèves.
Unsaut dansletemps, nous ramèneà lasituationactuelle des classesdeCM2et
de 6ème. L'enquête menéeparD. ManesseetI.Grellet vaà('encontredes idées admises et insistesurlefaitque, danscetaffrontement entrel'écritetl'oral,c'est ce dernier qui domine, tout du moins pour ce qui concernelevolume de temps consacré auxéchanges langagiers danslecours defrançais. Les auteursnes'entiennentpas àcesimpleconstat,ellesproposentunedescriptiondétaillée des modalités de ces échanges oraux. Ontrouvera dans cette étude matièreà réflexion etsurtout des enseignements particulièrement éclairants pourladidactique.
Ladeuxième partie regroupe trois contributionsqui ontpour point communde
refléter une direction de recherche sans doute très nouvelle et susceptible d'un traitement didactique fécond. Toutes trois montrent comment l'oralet, pluspréci¬
sément,laverbalisation de l'écrit par des sujets plus ou moinsjeunes donnentàvoir
lesprocessusd'écriture impliqués dans des tâches rédactionnelles diverses. A partir d'une série de dialogues entre enfants et avec l'adulte enregistrés au cours d'activités de réécriture, J. David nous invite à suivrelesstratégies individuelleset
collectives déployées par des élèves deCE1 danslacomposition écrite d'un texte. L'objectifestde mieux connaîtrelesprocédés derévisionsprivilégiésàcetâgeet, àtraverslesarguments avancés, de mieuxcerner lesfacteurs métalinguistiquesen
jeu dans ce typedetravail.
B. Schneuwly, s'appuyant sur l'hypothèse vygotskienne du «passage de l'interpsychiqueàl'intrapsychique»,étudie luiaussilesdiabguesd'élèves (entre10
et17ans)produits pendant qu'ils écriventàdeux destextes narratifs, explicatifset
argumentatifs.Leprojet est double,ils'agittout d'abordd'élaborer une méthodologie pour l'étude de l'oral échangé durant larédaction d'untexte écritet, ensuite, de
montrer,àtravers ces échanges, quelesprocessusd'écriture varient sensiblement d'un typedetexteàl'autre.
Danslatroisième étude decechapitre, R.Bouchard étudieluiaussilerapport oral/écrit dans lesdialogues conduits par deux adolescentes engagées dans la
rédactiond'une lettre informelle. Dans cette situation, chacunedes deux élèvesse
trouvedifféremment impliquée :l'une,française, connaît lescontraintescommuni¬
catives etformelles caractéristiques d'untel écrit «ordinaire» etdoitrépondreaux
besoins discursifs et linguistiques de l'autre, une amie allemande apprenante alloglotte.L'objectif del'auteur est d'étudier l'activitédecoopérationmiseenoeuvre par les deux sujets et, entre autres, d'analyser l'activité épi- et métalinguistique déployéepar une élève native, dotéede laformationgrammaticale dispensée au
cours ducursus scolaire obligatoire.
Le volet suivant, envisage non plus l'oral comme lieu d'observation pour comprendre l'écrit, mais davantage l'articulation de cesdeux modes langagiers, soit pour en marquer les décalages, soit pour en souligner les points de rencontre. Partantderécitsorauxetécrits produitspar des enfants de5à1 1ans,S.Mouchon,
M.FayoletJ-E. Gombert, comparent l'emploi d'un certain nombredeconnecteurs considérés commelatrace d'opérations de cohésiontextuelleetd'ancrage discursif. cette délicatecohabitationens'appuyantsurlesinstructionsofficielles de1923. Il
montrecombienlapartdel'enseignementdel'oraly est réduitetant dans la définition desobjectifs assignés aux martres que dans la masse des productions demandées aux élèves.
Unsaut dansletemps, nous ramèneà lasituationactuelle des classesdeCM2et
de 6ème. L'enquête menéeparD. ManesseetI.Grellet vaà('encontredes idées admises et insistesurlefaitque, danscetaffrontement entrel'écritetl'oral,c'est ce dernier qui domine, tout du moins pour ce qui concernelevolume de temps consacré auxéchanges langagiers danslecours defrançais. Les auteursnes'entiennentpas àcesimpleconstat,ellesproposentunedescriptiondétaillée des modalités de ces échanges oraux. Ontrouvera dans cette étude matièreà réflexion etsurtout des enseignements particulièrement éclairants pourladidactique.
Ladeuxième partie regroupe trois contributionsqui ontpour point communde
refléter une direction de recherche sans doute très nouvelle et susceptible d'un traitement didactique fécond. Toutes trois montrent comment l'oralet, pluspréci¬
sément,laverbalisation de l'écrit par des sujets plus ou moinsjeunes donnentàvoir
lesprocessusd'écriture impliqués dans des tâches rédactionnelles diverses. A partir d'une série de dialogues entre enfants et avec l'adulte enregistrés au cours d'activités de réécriture, J. David nous invite à suivrelesstratégies individuelleset
collectives déployées par des élèves deCE1 danslacomposition écrite d'un texte. L'objectifestde mieux connaîtrelesprocédés derévisionsprivilégiésàcetâgeet, àtraverslesarguments avancés, de mieuxcerner lesfacteurs métalinguistiquesen
jeu dans ce typedetravail.
B. Schneuwly, s'appuyant sur l'hypothèse vygotskienne du «passage de l'interpsychiqueàl'intrapsychique»,étudie luiaussilesdiabguesd'élèves (entre10
et17ans)produits pendant qu'ils écriventàdeux destextes narratifs, explicatifset
argumentatifs.Leprojet est double,ils'agittout d'abordd'élaborer une méthodologie pour l'étude de l'oral échangé durant larédaction d'untexte écritet, ensuite, de
montrer,àtravers ces échanges, quelesprocessusd'écriture varient sensiblement d'un typedetexteàl'autre.
Danslatroisième étude decechapitre, R.Bouchard étudieluiaussilerapport oral/écrit dans lesdialogues conduits par deux adolescentes engagées dans la
rédactiond'une lettre informelle. Dans cette situation, chacunedes deux élèvesse
trouvedifféremment impliquée :l'une,française, connaît lescontraintescommuni¬
catives etformelles caractéristiques d'untel écrit «ordinaire» etdoitrépondreaux
besoins discursifs et linguistiques de l'autre, une amie allemande apprenante alloglotte.L'objectif del'auteur est d'étudier l'activitédecoopérationmiseenoeuvre par les deux sujets et, entre autres, d'analyser l'activité épi- et métalinguistique déployéepar une élève native, dotéede laformationgrammaticale dispensée au
cours ducursus scolaire obligatoire.
Le volet suivant, envisage non plus l'oral comme lieu d'observation pour comprendre l'écrit, mais davantage l'articulation de cesdeux modes langagiers, soit pour en marquer les décalages, soit pour en souligner les points de rencontre. Partantderécitsorauxetécrits produitspar des enfants de5à1 1ans,S.Mouchon,
M.FayoletJ-E. Gombert, comparent l'emploi d'un certain nombredeconnecteurs considérés commelatrace d'opérations de cohésiontextuelleetd'ancrage discursif.
Decetteétude,ilressort que,àl'oral commeàl'écrit,lafréquence etladiversitédes connecteurs s'accroîtenfonctiondudegrédecomplication des trames narratives et
deleur place à l'intérieurdeces trames.L'acquisition des connecteursest en farttrès
précoce dans lesdeux modes ; ledécalage oral/écrit dépend pour l'essentiel du degré d'élaboration des trames.Aâgeéquivalent,ellesapparaissent plus sommaires
àl'écritqu'à l'oral.
Lesecond article reposesurunautregenrenarratif:leconte. Danssonexposé,N.
Decourt relateuneexpérienceàlafoisrichederéférences linguistiques, littéraires, culturelles...etd'acquis accumuléssur leterrain, dans des écoles scolarisantdes enfantsde migrants.Lecontey apparaîtcommeunoutil de rencontreet demédiation entre école et familles, entre culture orale etculture écrite, entre variabilitéorale et permanence scripturale. Recueillantettranscrivantlesdifférentes versions orales d'un contedonné comme pointde départ du projet,lesenfants sontaucoeur de l'activité. Ilsdeviennentàleurtouracteursetauteurs de leurs propres variantes. A partirdecet oralet aumoyendecetécrit,ilsentrent résolumentdans l'intertextualfté del'univers littéraire.
Lediscours explicatif est aussi envisagé danscette troisième partie avecletravail présentéparG.Ducancelàpartir d'activités scientifiques menées avec des élèves deCours Moyen.L'auteur montre qu'expliqueràl'oralnepeutselimiteràunesimple activité dialogique. Réciproquement,àl'écrit,cette conduitenese réduit pasà.du monologique. L'analyse descorpusorauxetécrits recueillis nous amèneàréviser l'idéetrop rapidement admised'une opposition nette entre explication oraleetécrite.
Enfart, lanaturede cesdifférents discoursdépendplusdesonobjet,enl'occurrence scientifique, quedu modelangagieradopté.
Laquatrième partieest composéededeux articlesquiapportentunéclairage nouveausuruneautredimension du rapportoral/écrit. J.E. Gombert commenceen
nous proposant une étudedes capacités métalinguistiques précocesde l'enfant. L'auteur démontre leur importance décisive dans l'acquisition delalecture-écriture.
Il nous inviteàopérerunedistinctionfondamentalepourladidactique deslangues entrel'émergence descapacités métalinguistiquesetlastrictemise enplacedes capacités de communication verbale. Ils'engage, par ailleurs, à répondre à des questions primordiales,enparticuliercelledel'impactduniveau deconnaissance et demaîtrisedela langueoralepourlesapprentissagesdel'écrit.
La deuxième contribution, présentée par A. Millet, nous entraîne du côté des représentations sociales de l'orthographe. L'étude des propos recueillis auprès d'élèves (écoliers, collégiensetlycéens) etd'enseignants (instituteurs, professeurs de collège etde lycée) montre comment ces différents usagers de l'écrit ont pu concevoiruneorthographe"idéale,indéterminéeetsumormative qui tendàenvoiler
lesfonctionnements linguistiquesetsociaux. Laconnaissance decesdifférentes constructions nous apparaît déterminante dansl'appréhension des relations sou¬
ventcontradictoiresentrel'Ecritetl'Oral.Audelà, elle nousobligeà reconsidérer cet objetd'enseignement/apprentissagepourproposer une pédagogieàlafoisraisonnée etdépassionnée.
Enéchoàla première partie et pour cloreprovisoirementledossier,H.Romian etC.LeCunff montrentcommentlesrecherches encours sesituentpar rapport à celles des décennies précédentes:recherchesdes années 70-75 qui posentàlafois
Decetteétude,ilressort que,àl'oral commeàl'écrit,lafréquence etladiversitédes connecteurs s'accroîtenfonctiondudegrédecomplication des trames narratives et
deleur place à l'intérieurdeces trames.L'acquisition des connecteursest en farttrès
précoce dans lesdeux modes ; ledécalage oral/écrit dépend pour l'essentiel du degré d'élaboration des trames.Aâgeéquivalent,ellesapparaissent plus sommaires
àl'écritqu'à l'oral.
Lesecond article reposesurunautregenrenarratif:leconte. Danssonexposé,N.
Decourt relateuneexpérienceàlafoisrichederéférences linguistiques, littéraires, culturelles...etd'acquis accumuléssur leterrain, dans des écoles scolarisantdes enfantsde migrants.Lecontey apparaîtcommeunoutil de rencontreet demédiation entre école et familles, entre culture orale etculture écrite, entre variabilitéorale et permanence scripturale. Recueillantettranscrivantlesdifférentes versions orales d'un contedonné comme pointde départ du projet,lesenfants sontaucoeur de l'activité. Ilsdeviennentàleurtouracteursetauteurs de leurs propres variantes. A partirdecet oralet aumoyendecetécrit,ilsentrent résolumentdans l'intertextualfté del'univers littéraire.
Lediscours explicatif est aussi envisagé danscette troisième partie avecletravail présentéparG.Ducancelàpartir d'activités scientifiques menées avec des élèves deCours Moyen.L'auteur montre qu'expliqueràl'oralnepeutselimiteràunesimple activité dialogique. Réciproquement,àl'écrit,cette conduitenese réduit pasà.du monologique. L'analyse descorpusorauxetécrits recueillis nous amèneàréviser l'idéetrop rapidement admised'une opposition nette entre explication oraleetécrite.
Enfart, lanaturede cesdifférents discoursdépendplusdesonobjet,enl'occurrence scientifique, quedu modelangagieradopté.
Laquatrième partieest composéededeux articlesquiapportentunéclairage nouveausuruneautredimension du rapportoral/écrit. J.E. Gombert commenceen
nous proposant une étudedes capacités métalinguistiques précocesde l'enfant. L'auteur démontre leur importance décisive dans l'acquisition delalecture-écriture.
Il nous inviteàopérerunedistinctionfondamentalepourladidactique deslangues entrel'émergence descapacités métalinguistiquesetlastrictemise enplacedes capacités de communication verbale. Ils'engage, par ailleurs, à répondre à des questions primordiales,enparticuliercelledel'impactduniveau deconnaissance et demaîtrisedela langueoralepourlesapprentissagesdel'écrit.
La deuxième contribution, présentée par A. Millet, nous entraîne du côté des représentations sociales de l'orthographe. L'étude des propos recueillis auprès d'élèves (écoliers, collégiensetlycéens) etd'enseignants (instituteurs, professeurs de collège etde lycée) montre comment ces différents usagers de l'écrit ont pu concevoiruneorthographe"idéale,indéterminéeetsumormative qui tendàenvoiler
lesfonctionnements linguistiquesetsociaux. Laconnaissance decesdifférentes constructions nous apparaît déterminante dansl'appréhension des relations sou¬
ventcontradictoiresentrel'Ecritetl'Oral.Audelà, elle nousobligeà reconsidérer cet objetd'enseignement/apprentissagepourproposer une pédagogieàlafoisraisonnée etdépassionnée.
Enéchoàla première partie et pour cloreprovisoirementledossier,H.Romian etC.LeCunff montrentcommentlesrecherches encours sesituentpar rapport à celles des décennies précédentes:recherchesdes années 70-75 qui posentàlafois
la«priorité de l'oral»etl'importance première d'une articulation oral/écrit explicitée
enclasse;cellesdes années 75-80 qui voients'affirmerunepédagogie de l'oralpour
l'oral,maisaussipour l'écrit;cellesdesannées80-90oùlethème n'intéresse plus
personne en tant que tel, mais n'en chemine pas moins. On peut s'interroger aujourd'huisurcequesignifielarésurgencedece thème. A-t-on avancé?régressé?
Avoir...
Quoiqu'ilensoit, lelecteur voudrabienytrouverunetentativedecontextualisation des recherches en cours, présentesou absentes dans ce numéro, et qui nous semblent potentiellement riches pourladidactiquedufrançais. Par cette voie, nous désirons engagerlaréflexion dansundomainesingulièrement absentdu présent numéro deRepères:celui delaformationdes enseignants.Maispeut-onmettrela
charrue avantlesboeufsetproposer d'inscrire danslesprogrammesdes éléments pour une didactique de l'oraletdel'écritavant mêmequeleproblèmethéorique de leurarticulationsoit,sinon résolu,dumoinsplus avancé? Ilreste,cependant, que nousnepouvonspasser sous silencecettequestionetparticulièrementaujourd'hui, dans unepériode où leschercheursendidactiquedufrançaissetrouventdouble¬
ment impliqués dans la mise en place des nouveaux Instituts Universitaires de Formationdes Maîtres,d'unepart, et danslaredéfinitiondes objectifs,contenuset
méthodesd'enseignement, d'autrepart.
Paris, le20février1991
la«priorité de l'oral»etl'importance première d'une articulation oral/écrit explicitée
enclasse;cellesdes années 75-80 qui voients'affirmerunepédagogie de l'oralpour
l'oral,maisaussipour l'écrit;cellesdesannées80-90oùlethème n'intéresse plus
personne en tant que tel, mais n'en chemine pas moins. On peut s'interroger aujourd'huisurcequesignifielarésurgencedece thème. A-t-on avancé?régressé?
Avoir...
Quoiqu'ilensoit, lelecteur voudrabienytrouverunetentativedecontextualisation des recherches en cours, présentesou absentes dans ce numéro, et qui nous semblent potentiellement riches pourladidactiquedufrançais. Par cette voie, nous désirons engagerlaréflexion dansundomainesingulièrement absentdu présent numéro deRepères:celui delaformationdes enseignants.Maispeut-onmettrela
charrue avantlesboeufsetproposer d'inscrire danslesprogrammesdes éléments pour une didactique de l'oraletdel'écritavant mêmequeleproblèmethéorique de leurarticulationsoit,sinon résolu,dumoinsplus avancé? Ilreste,cependant, que nousnepouvonspasser sous silencecettequestionetparticulièrementaujourd'hui, dans unepériode où leschercheursendidactiquedufrançaissetrouventdouble¬
ment impliqués dans la mise en place des nouveaux Instituts Universitaires de Formationdes Maîtres,d'unepart, et danslaredéfinitiondes objectifs,contenuset
méthodesd'enseignement, d'autrepart.
DE
L'ORAL
DANS
L'ÉCOLE
HÉRITÉE
DE
JULES
FERRY
Frank
MARCHAND
École Normale
d'Auteuil
Cetarticlenecontient pasunhistoriquedelalanguematernelle oraleàl'école élémentaire, maisde simples aperçus historiques, lacunaireset limités àl'ensei¬
gnementinspiréparlesinstructionsde1923.
Vouloir sefaire l'historiendel'enseignementdel'oralprésente desdifficultésà
plusieurstitres.
Tout d'abord, c'est un domaine qui est abordé davantage sous l'angle de l'apprentissage que sous celui de l'enseignement,car l'enfant apprendàparleravant d'entreràl'écoleetlesmoyensmis en
uvre
parlamèrenerelèventpasdudomaine Ldelapédagogieausens oùce terme désignelesexercicesscolaires.
D'autrepart,l'enseignementdel'oralest par nature-contrairement à celui de l'écrit-unenseignement quinelaisse pasdetraces pour l'historien.Ilafalluattendre que lemagnétophone vienne ausecoursdelarecherchepour disposer d'un objet stable se prêtant à l'investigation. Cela ne remonte guère au-delà des années cinquante. Et encore, en plus de l'appareil, faut-il la volonté d'enregistreret de conserver,c'est-à-direseconstituerunobjetd'étude.Si bienque,detoutefaçon,la
pratiquequotidienne innocentene laissed'elle-même quelesouvenir d'unvécu
-auquelon nepeut accorder aucune confiance, bien entendu.
C'estpour ces raisons, sansdoute, que l'onrencontresi peud'historiens de l'enseignement del'oral.Maisl'onpourraitsedemander pourquoi l'onn'apasfait,au
moins,commeonvientde lefaire pourlalecture(1),l'historiquedu discours tenusur cet enseignement. C'est, tout simplement, que ce discours a eu peu d'étendue jusqu'aux environs des années 1965quiont vu l'avènementdu Plan Rouchette. Lorsque ce discours existaitdans les instructions officielles, il était dequelques lignes;dans les rapportsdes évaluateurs (bulletins d'inspection) il manquait de cohérenceetétaitsouvent contradictoire;danslesouvragesde «psychopédagogie»,
il dérapaittoutde suitevers lesornièresde l'écrit- lecture ouvocabulaire -où il
cherchaitunterrainplussolide.
C'estenraisondecette situationquejeneveuxpas meprésentercommeun
historiendel'enseignementde l'oraletqueje crois nécessairededéfinirlecadre danslequelsesituentleslignes quivontsuivre.
Le travail sur lequel elles sefondentadéjà plus de vingt ans. il datetrès
exactementde1969 et adonnélieuàunepublicationquimedispenseraitd'occuper
unprécieuxespace dans ce numéroderevuesil'onpouvaitencoreselaprocurer.
Ellen'estmalheureusement plus disponible. C'est cequi m'autoriseàrevenirici,
d'une manière abrégée, sur soncontenu.
Avant demelivreràsonexhumation,je vaisenindiquerlaréférenceàl'intention de ceux qui voudraient approfondirlaquestionet,surtout, pourceuxqui seraient
àlarecherche d'un corpusqueje croisassez rare et que mon étudeaàpeine effleuré.
DE
L'ORAL
DANS
L'ÉCOLE
HÉRITÉE
DE
JULES
FERRY
Frank
MARCHAND
École Normale
d'Auteuil
Cetarticlenecontient pasunhistoriquedelalanguematernelle oraleàl'école élémentaire, maisde simples aperçus historiques, lacunaireset limités àl'ensei¬
gnementinspiréparlesinstructionsde1923.
Vouloir sefaire l'historiendel'enseignementdel'oralprésente desdifficultésà
plusieurstitres.
Tout d'abord, c'est un domaine qui est abordé davantage sous l'angle de l'apprentissage que sous celui de l'enseignement,car l'enfant apprendàparleravant d'entreràl'écoleetlesmoyensmis en
uvre
parlamèrenerelèventpasdudomaine Ldelapédagogieausens oùce terme désignelesexercicesscolaires.
D'autrepart,l'enseignementdel'oralest par nature-contrairement à celui de l'écrit-unenseignement quinelaisse pasdetraces pour l'historien.Ilafalluattendre que lemagnétophone vienne ausecoursdelarecherchepour disposer d'un objet stable se prêtant à l'investigation. Cela ne remonte guère au-delà des années cinquante. Et encore, en plus de l'appareil, faut-il la volonté d'enregistreret de conserver,c'est-à-direseconstituerunobjetd'étude.Si bienque,detoutefaçon,la
pratiquequotidienne innocentene laissed'elle-même quelesouvenir d'unvécu
-auquelon nepeut accorder aucune confiance, bien entendu.
C'estpour ces raisons, sansdoute, que l'onrencontresi peud'historiens de l'enseignement del'oral.Maisl'onpourraitsedemander pourquoi l'onn'apasfait,au
moins,commeonvientde lefaire pourlalecture(1),l'historiquedu discours tenusur cet enseignement. C'est, tout simplement, que ce discours a eu peu d'étendue jusqu'aux environs des années 1965quiont vu l'avènementdu Plan Rouchette. Lorsque ce discours existaitdans les instructions officielles, il était dequelques lignes;dans les rapportsdes évaluateurs (bulletins d'inspection) il manquait de cohérenceetétaitsouvent contradictoire;danslesouvragesde «psychopédagogie»,
il dérapaittoutde suitevers lesornièresde l'écrit- lecture ouvocabulaire -où il
cherchaitunterrainplussolide.
C'estenraisondecette situationquejeneveuxpas meprésentercommeun
historiendel'enseignementde l'oraletqueje crois nécessairededéfinirlecadre danslequelsesituentleslignes quivontsuivre.
Le travail sur lequel elles sefondentadéjà plus de vingt ans. il datetrès
exactementde1969 et adonnélieuàunepublicationquimedispenseraitd'occuper
unprécieuxespace dans ce numéroderevuesil'onpouvaitencoreselaprocurer.
Ellen'estmalheureusement plus disponible. C'est cequi m'autoriseàrevenirici,
d'une manière abrégée, sur soncontenu.
Avant demelivreràsonexhumation,je vaisenindiquerlaréférenceàl'intention de ceux qui voudraient approfondirlaquestionet,surtout, pourceuxqui seraient
àlarecherche d'un corpusqueje croisassez rare et que mon étudeaàpeine effleuré.
Ils'agit:
1.D'unethèse detroisième cycle:
Frank Marchand- L'enseignement dela langue françaiseparlée et écrite à
l'école élémentaire (niveau CM):le modèle pédagogique et son influencesurla constitutiondu modèle de performance de l'élève. Janvier1970.UniversitéParis
X-Nanterre.
Tome1 :207pages (étude).
Tome2 :330 pages(annexes).
Cesannexescomprennent, entre autres :
- 30 bulletins d'inspection portant sur des exercices d'élocutionetde rédaction (entre1950 et1965),
- des fiches utiliséesparlesinstituteurspourfaire leurs leçons d'élocution et de rédaction,
- l'interview detrois instituteurs sur l'enseignement de l'élocution et de la rédaction en1969,
- des leçons enregistrées transcrites in-extenso. Cette partie constitue un
ensemble de 120pages dactylographiées,
- unevingtaine de rédactions d'élèves(de 1969). 2.D'unouvragetirédelathèsedetroisième cycle:
Frank Marchand- Le français tel qu'on l'enseigne. Larousse. Paris, 1971.
PréfacedeJean Dubois ;222 pages.
Cetouvrage, épuisé,se trouvedans laplupart desbibliothèquesuniversitaires etd'école normale. C'est une réécriture de la thèse accompagnée d'une sélection desdocuments annexes. La deuxième partie dulivre,intitulée«L'enseignementde
lalangue parlée»(65pages)serareprisedans cet articlesousformed'extraits. L'important matériel documentaire décrit ci-dessusaétéentièrementrecueilli
aucours de l'annéescolaire1968-69danstrois classes de cours moyende laville
de Bourges.Onpeutleconsidérer comme représentatifdel'enseignement misen
usageparlesinstructionsde1923et1938.Onconstateraeneffetquelesdocuments
pédagogiques utilisés remontent fréquemmentà dix ouquinze ans enarrière. Les trois enseignants, d'autre part,ensontenvironàlamoitiédeleurcarrièreetmontrent (parl'interview) qu'ilsvivent encore largement surlesacquisd'uneformation initiale se situant vers 1950-55. Or, à cette époque du proche après-guerre, les idées pédagogiquesen honneurétaient encorecelles des instructions de la Troisième République. D'où la validité de l'étude pour donner un aperçu de ce qu'était l'enseignementdel'oraldansuneécole sesituant encore danslafiliation deJules Ferry.
Avant deprésenterquelques traitsdutableau synchronique dresséàl'occasion del'étude de1969,je voudrais encore présenter quelques réflexions annexesquime
viennentàla lecturedetextes plus anciens.
Cestextes font apparaître que dèslafinduXIX' siècle,ilexisteundiscourssur l'enseignement de l'oral mais que celui-ci est motivé par des finalités d'ordre politique quileréduisentàunaspect particulier.Danslesdébuts del'écolerépublicaine,sil'on s'est préoccupé de l'enseignement de l'oral, c'est avant tout pour résoudre un
problème qui s'est ensuite estompé pour ressurgir aujourd'hui pour d'autres raisons.
Ceproblème étaitlesuivant :commentconcilierunenseignement nationalunifiéde
Ils'agit:
1.D'unethèse detroisième cycle:
Frank Marchand- L'enseignement dela langue françaiseparlée et écrite à
l'école élémentaire (niveau CM):le modèle pédagogique et son influencesurla constitutiondu modèle de performance de l'élève. Janvier1970.UniversitéParis
X-Nanterre.
Tome1 :207pages (étude).
Tome2 :330 pages(annexes).
Cesannexescomprennent, entre autres :
- 30 bulletins d'inspection portant sur des exercices d'élocutionetde rédaction (entre1950 et1965),
- des fiches utiliséesparlesinstituteurspourfaire leurs leçons d'élocution et de rédaction,
- l'interview detrois instituteurs sur l'enseignement de l'élocution et de la rédaction en1969,
- des leçons enregistrées transcrites in-extenso. Cette partie constitue un
ensemble de 120pages dactylographiées,
- unevingtaine de rédactions d'élèves(de 1969). 2.D'unouvragetirédelathèsedetroisième cycle:
Frank Marchand- Le français tel qu'on l'enseigne. Larousse. Paris, 1971.
PréfacedeJean Dubois ;222 pages.
Cetouvrage, épuisé,se trouvedans laplupart desbibliothèquesuniversitaires etd'école normale. C'est une réécriture de la thèse accompagnée d'une sélection desdocuments annexes. La deuxième partie dulivre,intitulée«L'enseignementde
lalangue parlée»(65pages)serareprisedans cet articlesousformed'extraits. L'important matériel documentaire décrit ci-dessusaétéentièrementrecueilli
aucours de l'annéescolaire1968-69danstrois classes de cours moyende laville
de Bourges.Onpeutleconsidérer comme représentatifdel'enseignement misen
usageparlesinstructionsde1923et1938.Onconstateraeneffetquelesdocuments
pédagogiques utilisés remontent fréquemmentà dix ouquinze ans enarrière. Les trois enseignants, d'autre part,ensontenvironàlamoitiédeleurcarrièreetmontrent (parl'interview) qu'ilsvivent encore largement surlesacquisd'uneformation initiale se situant vers 1950-55. Or, à cette époque du proche après-guerre, les idées pédagogiquesen honneurétaient encorecelles des instructions de la Troisième République. D'où la validité de l'étude pour donner un aperçu de ce qu'était l'enseignementdel'oraldansuneécole sesituant encore danslafiliation deJules Ferry.
Avant deprésenterquelques traitsdutableau synchronique dresséàl'occasion del'étude de1969,je voudrais encore présenter quelques réflexions annexesquime
viennentàla lecturedetextes plus anciens.
Cestextes font apparaître que dèslafinduXIX' siècle,ilexisteundiscourssur l'enseignement de l'oral mais que celui-ci est motivé par des finalités d'ordre politique quileréduisentàunaspect particulier.Danslesdébuts del'écolerépublicaine,sil'on s'est préoccupé de l'enseignement de l'oral, c'est avant tout pour résoudre un
problème qui s'est ensuite estompé pour ressurgir aujourd'hui pour d'autres raisons.
lalanguefrançaise avec une diversité linguistique marquée au début dusièclepar
lavariétédesdialectes etdes argots?
Cediscours étaittenupar des grammairiens et des linguistes qui se muaient occasionnellementenpédagogues.TelestlecasdeMichelBréalvers 1880 etde Ferdinand Brunotvers 1910. Convaincusdes bienfaits de l'écolerépublicaine et soucieux decontribueràsondéveloppement,ces savants ontécritetprofessé à son service. Ils ont vu également en elle le moyen de renforcer l'unité linguistique, importantélémentdecohésion del'uniténationale.
Voicideuxbrefsextraits qui montrent une approche caractéristique de l'oral scolaireilya unsiècle.Onverraque, seul,l'aspect normatifetréflexifestprisen
compteetà peuprèsnullement l'usage.
Lepremier extraitestde MichelBréal(Article Languefrançaise duDictionnaire depédagogie etd'instructionprimaire publié sousladirectiondeFerdinandBuisson Hachette ;1887).
"Pourles élèves voisins de nos frontièresdu midi, l'italien oul'espagnolaideront
àéclairer le français
;
ilsseront comme desplantes exotiques qui appellentl'attention surlesproductions de notre sol. Pour tous ceuxqui, à côté du
français, possèdent un patois, lepatoisdonnerapareillementmatière à de nombreuxetinstructifsrapprochements... [suiventde nombreuxexemples de contributionsphilologiques possiblesdespatois]... LespetitsParisiensn'ont
pas depatoisàleurusage;maisl'instituteurfera biendeleur citerdetempsà
autrequelques motsdece genre,pourleur donneruneidéeplusjustede ces anciensdialectes:ilsnesontpaslacorruptionoulacaricature dufrançais
;
ce sontdesidiomes nonmoinsanciens,nonmoinsrespectables que le français, maisqui,pourn'avoirpasétéla langue de la capitale, ont été abandonnés à eux-mêmesetprivés deculturelittéraire.Que nosenfantsaccueillent toujoursavec affectionet curiositéces frères deshéritésdu français!
Unefoisqu'ilsauront l'habituded'observerlesmots,ilsferont attentionauxidées etauxusages.»LesecondextraitestdeFerdinandBrunot(L'enseignement delalanguefrançaise -A.Colin;1911).
"Si
tousles enfantsdeFrance auxquelss'adresse l'enseignement,étaient dans desconditionsidentiquesaudébut,onpourrait songeràexprimercet effortpar
uneformulegénéraleetcommune.Mais
il
s'en faut quepartoutl'enseignement delalanguedoiveêtre identique.Ily
ad'abord, dansquelques pays, desenfantsqui,pariantdansleurfamille leflamand, le bas-breton, ou telle autre langue étrangère, ne connaissent le français queparl'enseignementdel'école.
Enoutre,bon nombred'enfants parlent,avantleurentrée à l'école,etendehors de l'école, unpatois roman. Cedialectepeut-être plusou moins voisin du
français,
il
n'en estpas moins une langue distincte, ayant un vocabulaire souventassezparticulier, des formeset destours spéciaux.Laméthodedirecte s'imposepourlesunscommepourlesautres.Enfin, beaucoup d'enfants parient français, mais un français corrompu, in¬
fluencésort
par
lepatois, soitparl'argot, sort enfinpar
toutes sortesd'actions diverses.Cesenfantssontincontestablement moinsfavorisésqueceuxquientendentemployerautourd'euxunfrançaiscorrect."
Comme on levoit, "Quelle langue paderà l'école?»(1) n'est pas un problème nouveau. Ce n'est pas la totalité de l'enseignement de l'oral, mais il lui est
lalanguefrançaise avec une diversité linguistique marquée au début dusièclepar
lavariétédesdialectes etdes argots?
Cediscours étaittenupar des grammairiens et des linguistes qui se muaient occasionnellementenpédagogues.TelestlecasdeMichelBréalvers 1880 etde Ferdinand Brunotvers 1910. Convaincusdes bienfaits de l'écolerépublicaine et soucieux decontribueràsondéveloppement,ces savants ontécritetprofessé à son service. Ils ont vu également en elle le moyen de renforcer l'unité linguistique, importantélémentdecohésion del'uniténationale.
Voicideuxbrefsextraits qui montrent une approche caractéristique de l'oral scolaireilya unsiècle.Onverraque, seul,l'aspect normatifetréflexifestprisen
compteetà peuprèsnullement l'usage.
Lepremier extraitestde MichelBréal(Article Languefrançaise duDictionnaire depédagogie etd'instructionprimaire publié sousladirectiondeFerdinandBuisson Hachette ;1887).
"Pourles élèves voisins de nos frontièresdu midi, l'italien oul'espagnolaideront
àéclairer le français
;
ilsseront comme desplantes exotiques qui appellentl'attention surlesproductions de notre sol. Pour tous ceuxqui, à côté du
français, possèdent un patois, lepatoisdonnerapareillementmatière à de nombreuxetinstructifsrapprochements... [suiventde nombreuxexemples de contributionsphilologiques possiblesdespatois]... LespetitsParisiensn'ont
pas depatoisàleurusage;maisl'instituteurfera biendeleur citerdetempsà
autrequelques motsdece genre,pourleur donneruneidéeplusjustede ces anciensdialectes:ilsnesontpaslacorruptionoulacaricature dufrançais
;
ce sontdesidiomes nonmoinsanciens,nonmoinsrespectables que le français, maisqui,pourn'avoirpasétéla langue de la capitale, ont été abandonnés à eux-mêmesetprivés deculturelittéraire.Que nosenfantsaccueillent toujoursavec affectionet curiositéces frères deshéritésdu français!
Unefoisqu'ilsauront l'habituded'observerlesmots,ilsferont attentionauxidées etauxusages.»LesecondextraitestdeFerdinandBrunot(L'enseignement delalanguefrançaise -A.Colin;1911).
"Si
tousles enfantsdeFrance auxquelss'adresse l'enseignement,étaient dans desconditionsidentiquesaudébut,onpourrait songeràexprimercet effortpar
uneformulegénéraleetcommune.Mais
il
s'en faut quepartoutl'enseignement delalanguedoiveêtre identique.Ily
ad'abord, dansquelques pays, desenfantsqui,pariantdansleurfamille leflamand, le bas-breton, ou telle autre langue étrangère, ne connaissent le français queparl'enseignementdel'école.
Enoutre,bon nombred'enfants parlent,avantleurentrée à l'école,etendehors de l'école, unpatois roman. Cedialectepeut-être plusou moins voisin du
français,
il
n'en estpas moins une langue distincte, ayant un vocabulaire souventassezparticulier, des formeset destours spéciaux.Laméthodedirecte s'imposepourlesunscommepourlesautres.Enfin, beaucoup d'enfants parient français, mais un français corrompu, in¬
fluencésort
par
lepatois, soitparl'argot, sort enfinpar
toutes sortesd'actions diverses.Cesenfantssontincontestablement moinsfavorisésqueceuxquientendentemployerautourd'euxunfrançaiscorrect."
Comme on levoit, "Quelle langue paderà l'école?»(1) n'est pas un problème nouveau. Ce n'est pas la totalité de l'enseignement de l'oral, mais il lui est
perpétuellement sous-jacentetces deux extraits avaientpourfonction d'en rappeler lapermanence. Venons-en maintenantàl'enseignement proprementdit,c'est-à-dire
àladescription de ceque l'on pourrait appeler la manière traditionnelle de procéder,
quia été de règlependantunsièclepour lemoins.
Onprésenteraquatre extraits de l'étude évoquéeaudébut:
- le modèleselonlesinstructionsofficielles,
- le modèle selonunmanuelde psychopédagogie,
- le modèleselonlesinspecteurs,
- le modèlepédagogiquetelqu'ilest misen
uvre.
Le
modèle selon
les
instructions officielles.
Les Instructionsnefont pas grand cas de lalangue parlée.
Celles de 1938, assimilant, surleplanpédagogique,lesdeuxcodes,parlé et écrit,
ontvolontairement groupé rédactionetelocution.
"C'està dessein, [disent-elles], queles nouveaux programmes du courssupé¬
rieur etdel'année de fin d'étudesprimairesélémentairesontréunidansun
mêmeparagraphe les indications relativesàlarédactionetàl'ékxution qui
figuraient, dans lesprogrammes de 1923, dansdes paragraphes différents. Apprendreàécrire,comme apprendre àparler,c'estapprendreàpenser. La méthode
par
laquellel'enfant apprend à exprimer sa penséepar
écritne diffèrepasde celle
par
laquelleil
apprend à parler.Etcetteméthode consisteàdiriger intelligemment lapratique,de façonàcréerdeshabitudes etdes automatismes.»C'estlaseule mentionquiso'itfartedelalangueorale. Encore est-ce pourlaprésenter comme modèle d'acquisition delalangueécrite.Il estànoter
- que l'onconsidèreleproblème del'acquisition delalanguecomme résolu :
l'enfantaapprisàparlerenparlant,de mêmeilapprendraàs'exprimer par écrit en écrivant. Le rôle du maître sera auxiliaireet s'exercera sur une
activité naturellequ'illuisuffiradediriger «intelligemment».Ainsi retrouvons-nous la parabole dont on a coutume d'user en pédagogique: celle du
jardinier qui oriente, accélèreouretardelacroissance d'une plantedontle
secretluiéchappe;
- que le problème est présenté comme faisant partie d'un problème plus général:celui del'apprentissagedelapensée. L'acquisitiondelalangue,
ou bienl'exercicedelaparole(ladistinction n'estpasfaite)est, ensoi, un
élément delapensée. Les deux sontassimilés.
Les Instructionsde 1923réglaientlecompte des «exercicesd'élocution» en
douze lignes.Cepassageétait inséréentre levocabulaireetlagrammaireetdétaché delacomposition française.Sibienquel'unité de l'expression n'étaitpassoulignée. L'élocution était,aucontraire, miseenparallèleaveclevocabulaire:
"Demême que lesexercices de vocabulaire, les exercices d'élocutionont été gradués avecsoin.Audébut,onguidel'élève
;
onluidemandesimplement derépéterou derésumer cequ'ilvientd'entendre.Mais,peuàpeu,on
lui
laisseplusde liberté:cesont ses impressionspersonnelles qu'onluidemande de traduire après les lecturesetlespromenadesqu'ila faites,lesleçonsou les expériences auxquelles
il
a assisté.Nousne verrions d'ailleurs aucuninconvé¬nient,
si
desenfantsmontrent debonne heureuncertaingoûtpourl'invention. perpétuellement sous-jacentetces deux extraits avaientpourfonction d'en rappeler lapermanence. Venons-en maintenantàl'enseignement proprementdit,c'est-à-direàladescription de ceque l'on pourrait appeler la manière traditionnelle de procéder,
quia été de règlependantunsièclepour lemoins.
Onprésenteraquatre extraits de l'étude évoquéeaudébut:
- le modèleselonlesinstructionsofficielles,
- le modèle selonunmanuelde psychopédagogie,
- le modèleselonlesinspecteurs,
- le modèlepédagogiquetelqu'ilest misen
uvre.
Le
modèle selon
les
instructions officielles.
Les Instructionsnefont pas grand cas de lalangue parlée.
Celles de 1938, assimilant, surleplanpédagogique,lesdeuxcodes,parlé et écrit,
ontvolontairement groupé rédactionetelocution.
"C'està dessein, [disent-elles], queles nouveaux programmes du courssupé¬
rieur etdel'année de fin d'étudesprimairesélémentairesontréunidansun
mêmeparagraphe les indications relativesàlarédactionetàl'ékxution qui
figuraient, dans lesprogrammes de 1923, dansdes paragraphes différents. Apprendreàécrire,comme apprendre àparler,c'estapprendreàpenser. La méthode
par
laquellel'enfant apprend à exprimer sa penséepar
écritne diffèrepasde celle
par
laquelleil
apprend à parler.Etcetteméthode consisteàdiriger intelligemment lapratique,de façonàcréerdeshabitudes etdes automatismes.»C'estlaseule mentionquiso'itfartedelalangueorale. Encore est-ce pourlaprésenter comme modèle d'acquisition delalangueécrite.Il estànoter
- que l'onconsidèreleproblème del'acquisition delalanguecomme résolu :
l'enfantaapprisàparlerenparlant,de mêmeilapprendraàs'exprimer par écrit en écrivant. Le rôle du maître sera auxiliaireet s'exercera sur une
activité naturellequ'illuisuffiradediriger «intelligemment».Ainsi retrouvons-nous la parabole dont on a coutume d'user en pédagogique: celle du
jardinier qui oriente, accélèreouretardelacroissance d'une plantedontle
secretluiéchappe;
- que le problème est présenté comme faisant partie d'un problème plus général:celui del'apprentissagedelapensée. L'acquisitiondelalangue,
ou bienl'exercicedelaparole(ladistinction n'estpasfaite)est, ensoi, un
élément delapensée. Les deux sontassimilés.
Les Instructionsde 1923réglaientlecompte des «exercicesd'élocution» en
douze lignes.Cepassageétait inséréentre levocabulaireetlagrammaireetdétaché delacomposition française.Sibienquel'unité de l'expression n'étaitpassoulignée. L'élocution était,aucontraire, miseenparallèleaveclevocabulaire:
"Demême que lesexercices de vocabulaire, les exercices d'élocutionont été gradués avecsoin.Audébut,onguidel'élève
;
onluidemandesimplement derépéterou derésumer cequ'ilvientd'entendre.Mais,peuàpeu,on
lui
laisseplusde liberté:cesont ses impressionspersonnelles qu'onluidemande de traduire après les lecturesetlespromenadesqu'ila faites,lesleçonsou les expériences auxquelles
il
a assisté.Nousne verrions d'ailleurs aucuninconvé¬àleslaisserraconteraleurguise
hs
histoiresduesàleurimagination.Comme lesexercices de vocabulaire,lesexercicesd'élocutionneserontfécondsques'ilsapportent aux enfantsde lajoie."
Cettedivergence danslaprésentation soulignel'opposition qui existe entre les deux séries d'Instructions. En 1923, l'idée d'un apprentissage méthodique est encoreprésente.En 1938, l'accentestmissurl'expression. Ilsembleque nous puissionsentendreleterme expression comme très voisin del'acte d'énonciation(au sens deproduction d'énoncés). Cette opposition correspond à cellequiexiste entre lesthéoriessous-jacentes aux Instructions:en1923,théoried'inspirationcartésienne
fondéesurl'idéed'analyse-synthèse;en1938,conceptionglobalisantebeaucoup
moinsrationalisante.
Leseulmodèleque l'on puissedécrireestdoncceluide1923.Ilestextrêmement rudimentaireets'organiseautourdedeuxmots:graduéetjoie.
Enseignementgradué;sa progressionsedéveloppeendeux temps:
Premier temps (petiteclasse) Deuxième temps (cours moyen) Le Maître guide
provoqueenfournissantlama¬
tière (lecture, promenade, le¬
çons, expériences) laisse da¬
vantagede liberté
L'élève entend répète résume
traduit sesimpressionsperson¬ nelles, raconte à sa guise les
histoiresdues àsonimagination
Enseignement donnédans lajoie;c'estaupraticiende la faire naître...
Le
modèle
selon
le
manuel
de
psychopédagogie
Lemanuel étudiéestPsycho-pédagogiepratique par Villars, Torailleet
Ehrhard-Istra, 1960.
Dansce manuelcommedanslesInstructionsde1923,l'étocution estdétachée
de larédaction etrapprochéeduvocabulaire.Les intentions de1923 sont matérialisées,
puisquevocabulaireetelocution sont rassembléesaumêmechapitre.Al'intérieur
du chapitre, lesauteurstraitenttoutefois séparément desdeux disciplines après avoirdonnélesquelquesmots d'explication suivants:
«Vocabulaireetelocution:deux activitésquicontribuentàlaconnaissancede la langue,qui sontvoisines, maisqu'ilest nécessairede distingueravec soin. Tandis que le vocabulaire étudie le sens des mots, l'étocution apour but
d'amenerl'enfantàparlercorrectement,et elle s'efforced'améliorerla manière
dont
il
s'exprime. Nous étudieronsdonccesdeuxactivitésdistinctes."D'un autre côté, les auteursont placé audébut du chapitre surla rédaction les généralitésrelativesà l'expression. Ilss'expliquentsurcechoix:
"Pourquoi, dans cettemiseen du langage,accorderlaprééminence à l'expression écrite ?Nepourrait-on direqu'ils'agitlàd'uneactivité artificielle,
àleslaisserraconteraleurguise
hs
histoiresduesàleurimagination.Comme lesexercices de vocabulaire,lesexercicesd'élocutionneserontfécondsques'ilsapportent aux enfantsde lajoie."
Cettedivergence danslaprésentation soulignel'opposition qui existe entre les deux séries d'Instructions. En 1923, l'idée d'un apprentissage méthodique est encoreprésente.En 1938, l'accentestmissurl'expression. Ilsembleque nous puissionsentendreleterme expression comme très voisin del'acte d'énonciation(au sens deproduction d'énoncés). Cette opposition correspond à cellequiexiste entre lesthéoriessous-jacentes aux Instructions:en1923,théoried'inspirationcartésienne
fondéesurl'idéed'analyse-synthèse;en1938,conceptionglobalisantebeaucoup
moinsrationalisante.
Leseulmodèleque l'on puissedécrireestdoncceluide1923.Ilestextrêmement rudimentaireets'organiseautourdedeuxmots:graduéetjoie.
Enseignementgradué;sa progressionsedéveloppeendeux temps:
Premier temps (petiteclasse) Deuxième temps (cours moyen) Le Maître guide
provoqueenfournissantlama¬
tière (lecture, promenade, le¬
çons, expériences) laisse da¬
vantagede liberté
L'élève entend répète résume
traduit sesimpressionsperson¬ nelles, raconte à sa guise les
histoiresdues àsonimagination
Enseignement donnédans lajoie;c'estaupraticiende la faire naître...
Le
modèle
selon
le
manuel
de
psychopédagogie
Lemanuel étudiéestPsycho-pédagogiepratique par Villars, Torailleet
Ehrhard-Istra, 1960.
Dansce manuelcommedanslesInstructionsde1923,l'étocution estdétachée
de larédaction etrapprochéeduvocabulaire.Les intentions de1923 sont matérialisées,
puisquevocabulaireetelocution sont rassembléesaumêmechapitre.Al'intérieur
du chapitre, lesauteurstraitenttoutefois séparément desdeux disciplines après avoirdonnélesquelquesmots d'explication suivants:
«Vocabulaireetelocution:deux activitésquicontribuentàlaconnaissancede la langue,qui sontvoisines, maisqu'ilest nécessairede distingueravec soin. Tandis que le vocabulaire étudie le sens des mots, l'étocution apour but
d'amenerl'enfantàparlercorrectement,et elle s'efforced'améliorerla manière
dont
il
s'exprime. Nous étudieronsdonccesdeuxactivitésdistinctes."D'un autre côté, les auteursont placé audébut du chapitre surla rédaction les généralitésrelativesà l'expression. Ilss'expliquentsurcechoix:
"Pourquoi, dans cettemiseen du langage,accorderlaprééminence à l'expression écrite ?Nepourrait-on direqu'ils'agitlàd'uneactivité artificielle,
caronparlebeaucoupplus qu'onécrit.Répondonsaussitôt que c'est une chose deparler etune autre d'écrire. Telquilaisse lesparoles coulerdeseslèvresne
peut plusrien exprimersur"leviergepapierquesa blancheur défend». La
penséeconcrétisée
par
l'écrituredevient un objet. Commeobjet,ellepossède alorsdes qualitéspropres. Elleauneforme,unestructure, des apparences. Ellepeut donnernaissanceàune d'art,et l'onconçoit alors qu'elleartune réalitéobjective aussiforte que celle d'un tableauou d'une sculpture lorsqu'elle
est poèmeou bellepage deprose.Maisellepeutn'apparaîtreque commeun
magma informe, commeunepâte indécise.
Il
estdoncnécessaired'apprendre à écrire.»Nousvoici confirmés danscette idéequel'apprentissage delalangueparléene
constituequ'un
objectif
secondaireàl'écoleprimaire.L'école apparaît,àtraversceslignes,commelelieuoùl'on écrit.Laparentéaveclapensée d'Alain(oucelle de Paul Valéry) est évidenteetdominel'ensemble delathéorie des auteurs.L'écrrt
est noble, car il objective la pensée et la fait triompherdu temps, il est noble également parce qu'il oppose des résistances à l'usage et que sa production demandeuneffort demise enforme subordonnéàlaconnaissance d'unetechnique délicate.Auregarddecette activitécréatriced'essence supérieuredont le modèle achevé est l'oeuvre d'art, l'expression orale paraît facile, vulgaire, fragile et ne
requiert pas,pour se manifester, lapréparationdes maîtres.La langue orale,c'est l'affaire de la récréation,de lafamille,delarue.
Le manuel proposeunmodèlenettementplusdétaillé quecelui des Instruc¬
tions maisquiva danslemêmesens. Ilseraittroplongdeleprésenterici.
Le
modèle
selon
les
inspecteurs
Pourétudierlemodèlepédagogiquetransmis parlesinspecteurs,nousavons utilisésept rapports d'inspectionrelatifs àdes leçonsd'élocution. Certains de ces rapportsconcernentlecoursmoyen, maisnousavonsdû enprendre égalementqui
ont été faits dans descoursélémentaires.Lescomptes rendus de leçons d'élocution
ne foisonnent pas, en effet, dans les bulletins d'inspection. C'est une preuve supplémentaire dupeu deplacequetient,dans lesannées cinquante, l'enseigne¬
ment delalangue parléeàl'école élémentaire.
Lesrapports d'inspection complètent utilementlemanuel de psychopédagogie,
caron alacertitudequ'à l'époqueilsatteignaientl'instituteuretqueleurinfluence s'étendaitàl'ensemblede lacarrière.
Dans ces rapports, l'objectifassigné àlaleçond'élocution n'estpastoujours
le même. Deux positions très différentes l'une del'autre sont représentées. Pour certains, «/acorrection du langageestl'objectif principalde laleçond'élocution» ;
pourd'autres, «l'essentiel doit résider dansl'effortd'expression. Alaconceptionqui met en avant laqualité du langage, s'oppose celle quifaitd'abord confiance au
volume de langageémis.
Le contenudes leçons d'élocution estvariable, etles maîtresdoivent opter entre deux tendances divergentes. Ou bien le langage émis par l'élève sert à
communiquerune expérience personnelle oucollective, ou bienildoit,avanttout,
reproduireunmodèle. Lapremièretendances'exprimesous cette forme dansun
rapport:"/'elocution vér/fab/e[est] construite
sur
lesobservations personnelles»ousous celle-cidansunautre:"leprincipe departird'uneréalité connue et étudiéepour
caronparlebeaucoupplus qu'onécrit.Répondonsaussitôt que c'est une chose deparler etune autre d'écrire. Telquilaisse lesparoles coulerdeseslèvresne
peut plusrien exprimersur"leviergepapierquesa blancheur défend». La
penséeconcrétisée
par
l'écrituredevient un objet. Commeobjet,ellepossède alorsdes qualitéspropres. Elleauneforme,unestructure, des apparences. Ellepeut donnernaissanceàune d'art,et l'onconçoit alors qu'elleartune réalitéobjective aussiforte que celle d'un tableauou d'une sculpture lorsqu'elle
est poèmeou bellepage deprose.Maisellepeutn'apparaîtreque commeun
magma informe, commeunepâte indécise.
Il
estdoncnécessaired'apprendre à écrire.»Nousvoici confirmés danscette idéequel'apprentissage delalangueparléene
constituequ'un
objectif
secondaireàl'écoleprimaire.L'école apparaît,àtraversceslignes,commelelieuoùl'on écrit.Laparentéaveclapensée d'Alain(oucelle de Paul Valéry) est évidenteetdominel'ensemble delathéorie des auteurs.L'écrrt
est noble, car il objective la pensée et la fait triompherdu temps, il est noble également parce qu'il oppose des résistances à l'usage et que sa production demandeuneffort demise enforme subordonnéàlaconnaissance d'unetechnique délicate.Auregarddecette activitécréatriced'essence supérieuredont le modèle achevé est l'oeuvre d'art, l'expression orale paraît facile, vulgaire, fragile et ne
requiert pas,pour se manifester, lapréparationdes maîtres.La langue orale,c'est l'affaire de la récréation,de lafamille,delarue.
Le manuel proposeunmodèlenettementplusdétaillé quecelui des Instruc¬
tions maisquiva danslemêmesens. Ilseraittroplongdeleprésenterici.
Le
modèle
selon
les
inspecteurs
Pourétudierlemodèlepédagogiquetransmis parlesinspecteurs,nousavons utilisésept rapports d'inspectionrelatifs àdes leçonsd'élocution. Certains de ces rapportsconcernentlecoursmoyen, maisnousavonsdû enprendre égalementqui
ont été faits dans descoursélémentaires.Lescomptes rendus de leçons d'élocution
ne foisonnent pas, en effet, dans les bulletins d'inspection. C'est une preuve supplémentaire dupeu deplacequetient,dans lesannées cinquante, l'enseigne¬
ment delalangue parléeàl'école élémentaire.
Lesrapports d'inspection complètent utilementlemanuel de psychopédagogie,
caron alacertitudequ'à l'époqueilsatteignaientl'instituteuretqueleurinfluence s'étendaitàl'ensemblede lacarrière.
Dans ces rapports, l'objectifassigné àlaleçond'élocution n'estpastoujours
le même. Deux positions très différentes l'une del'autre sont représentées. Pour certains, «/acorrection du langageestl'objectif principalde laleçond'élocution» ;
pourd'autres, «l'essentiel doit résider dansl'effortd'expression. Alaconceptionqui met en avant laqualité du langage, s'oppose celle quifaitd'abord confiance au
volume de langageémis.
Le contenudes leçons d'élocution estvariable, etles maîtresdoivent opter entre deux tendances divergentes. Ou bien le langage émis par l'élève sert à
communiquerune expérience personnelle oucollective, ou bienildoit,avanttout,
reproduireunmodèle. Lapremièretendances'exprimesous cette forme dansun
rapport:"/'elocution vér/fab/e[est] construite