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Modification des croyances face aux inquiétudes suite au traitement du trouble d'anxiété généralisée

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Academic year: 2021

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MODIFICATION DES CROYANCES FACE AUX INQUIÉTUDES SUITE AU TRAITEMENT DU TROUBLE D'ANXIÉTÉ GÉNÉRALISÉE

Mémoire présenté

à la Faculté des études supérieures de !'Université Laval pour l'obtention

du grade de maître en psychologie (M.Ps.)

École de Psychologie

FACULTÉ DES SCIENCES SOCIALES UNIVERSITÉ LAVAL

MARS 1999

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!’Université Laval par Myriam Laberge intitulé: “Modification des croyances face aux inquiétudes suite au traitement du trouble d’anxiété généralisée”

Madame, Monsieur,

Par la présente, les soussignés coauteurs d’un article intitulé “Modification des croyances face aux inquiétudes suite au traitement du trouble d’anxiété généralisée” faisant partie du mémoire de maîtrise présenté à la Faculté des Études Supérieures de l’Université Laval par Myriam Laberge donnent leur autorisation pour l’insertion de cet article dans le mémoire et l’éventuel microfilmage de ce mémoire selon les règles de la Bibliothèque nationale du Canada.

En espérant le tout conforme, veuillez, Madame, Monsieur, accepter mes plus cordiales salutations.

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Résumé

Les personnes souffrant du trouble d'anxiété géréralisée (TAG) entretiennent des croyances erronées face à leurs inquiétudes. La présente étude évalue, à l'aide d'une entrevue structurée, la modification de cinq croyances à la suite d'un traitement cognitif-comportemental du TAG (N = 41). Les résultats indiquent que toutes les croyances évaluées diminuent de façon significative suite au traitement. De plus, la croyance à l'effet que l'inquiétude a une influence sur les autres et celle voulant que l'inquiétude reflète la personnalité diminuent davantage chez les patients qui présentent une plus grande diminution des inquiétudes à la suite de !'intervention. Les résultats obtenus appuient la pertinence de mesurer les croyances entretenues par les personnes souffrant du TAG et supportent l'importance d'inclure des interventions spécifiques à propos des croyances reliées aux inquiétudes dans le traitement du TAG.

Robert Ladouceur, Ph.D Directeur de recherche Étudiante à la maîtrise

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AVANT-PROPOS

Ils ont été nombreux à contribuer, à leur façon, à la concrétisation de ce projet. Voici enfin !,occasion de leur partager ma reconnaissance.

D'abord un gros merci à mon superviseur Robert Ladouceur, pour sa confiance, ses commentaires judicieux, et pour le milieu d'apprentissage extraordinaire que constitue le laboratoire qu'il dirige.

Je tiens également à souligner la précieuse collaboration de Michel Dugas, avec qui ce fut un plaisir de travailler. Sa disponibilité, son professionalisme et sa grande générosité ont fortement contribué à mener à terme cet ouvrage.

Sincères remerciements à tous ceux et celles grâce à qui les données de cette étude ont pu être récoltées. Merci de la grande collaboration dont vous avez fait preuve aux différentes étapes de la recherche.

Merci à toi René, pour tes encouragements constants et ta présence unique. Amis, parents et proches, merci de votre support et de votre intérêt pour mon cheminement. Enfin, un merci tout particulier à la petite Béatrice, qui a su si bien ensoleiller mon hiver.

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RÉSUMÉ... ii

AVANT-PROPOS...iii

TABLE DES MATIÈRES... iv

INTRODUCTION GÉNÉRALE...1

PREMIER CHAPITRE: CROYANCES FACE AUX INQUIÉTUDES: MODIFICATION SUITE À UN TRAITEMENT COGNITIF-COMPORTEMENTAL DU TROUBLE D'ANXIÉTÉ GÉNÉRALISÉE (Article) 1.1 Page titre...6 1.2 Résumé...7 1.3 Introduction...8 1.4 Méthode...12 1.4.1 Participants...12 1.4.2 Instruments...12 1.4.3 Procédure...13 1.5 Résultats... 15

1.5.1 Changement des croyances des patients de la condition traitement en comparaison à celui des patients de la condition de contrôle...15

1.5.2 Changement des croyances pré et post-traitement de l'ensemble des participants...16

1.5.3 Changement des croyances des patients présentant une plus grande diminution des inquiétudes en comparaison à celui des patients présentant une moins grande diminution des inquiétudes ... 16

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1.8 Note des auteurs...27

1.9 Tableau 1...28

1.10 Tableau 2...29

1.11 Tableau 3...30

1.12 Titres des figures... 31

1.13 Figure!... 32

CONCLUSION GÉNÉRALE...33

BIBLIOGRAPHIE... 37

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Une étude épidémiologique récente révèle que plus d'une personne sur vingt présentera un trouble d'anxiété généralisée (TAG) au cours de sa vie (Kessler et al., 1994). Avec une prévalence dans la population générale se situant autour de 5,1%, le TAG figure parmi les troubles anxieux les plus répandus. Il est néanmoins le trouble d'anxiété le moins bien compris et le moins étudié (Dugas, Ladouceur, Boisvert, & Freeston, 1996; Rapee, 1991).

Depuis la révision de la troisième édition du Diagnostic and Statistical

Manual of Mental Disorders (DSM-III-R) (APA, 1987), le TAG constitue une

catégorie diagnostique primaire dont la principale caractéristique est la présence d'inquiétudes excessives. Le diagnostic du TAG requiert la présence d'inquiétudes excessives plus d'un jour sur deux depuis au moins six mois. Le contrôle difficile des inquiétudes, l'interférence quotidienne causée par l'anxiété, de même que la présence de trois symptômes somatiques parmi six (nervosité ou surexcitation, tendance à être facilement fatigué, difficultés de concentration ou trous de mémoire, irritabilité, tensions musculaires et troubles de sommeil) figurent également parmi les critères diagnostiques du TAG.

Le TAG apparaît habituellement de façon graduelle entre l'âge de 15 et 20 ans (Rapee, 1991) et affecte un nombre plus élevé de femmes que d'hommes (Kessler et al., 1994; Rapee, 1991). Il semble que la détresse des personnes souffrant du TAG est plus importante que ce qu'ont déjà laissé entrevoir certains travaux. Par exemple, une étude effectuée par Dugas et ses collaborateurs (1998a) révèle que le nombre de consultations médicales présentées par les patients souffrant du TAG est supérieur à celui de patients souffrant d'autres troubles anxieux. Aussi, le TAG est associé à un plus haut taux de comorbidité, plus particulièrement avec la phobie sociale, le trouble panique, le trouble dysthymique et la phobie simple (de Ruiter, Ruken, Garssen, van Schaik, & Kraaimaat, 1989; Sanderson, Di Nardo, Rapee, & Barlow, 1990). Une forte proportion de personnes souffrant du TAG ont également un diagnostic secondaire de dépression majeure (Dugas et al., 1998a), ce qui expliquerait en partie les nombreuses tentatives de suicides observées dans cette population (Angst, 1993).

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L'augmentation de l'absentéisme au travail et des consultations médicales, l'anxiété sociale et la démoralisation constituent quelques-unes des implications individuelles et sociales du TAG (Angst, 1993; Bradwejn et al., 1992; Brown & Barlow, 1992; Butler, 1994; Butler, Fennel, Robson, & Gelder, 1991; Dugas, Freeston, Blais, & Ladouceur, 1994). Des complications à long terme comme le cancer, le diabète, l'hypertension artérielle, les troubles cardio- vasculaires et les troubles liés au système immunitaire peuvent également survenir conjointement au TAG (Craske, Barlow, & O'Leary, 1992). Les conséquences du TAG sont donc nombreuses et représentent des coûts humains considérables.

Les processus cognitifs associés aux inquiétudes excessives sont encore peu expliqués (Davey, Hampton, Farrell & Davidson, 1992; Freeston, Dugas, & Ladouceur, 1996; MacLeod, Williams, & Bekerian, 1991). Les croyances face aux inquiétudes, un phénomène cognitif observé par plusieurs cliniciens, constituent un processus qui a pourtant fait l'objet de très peu de recherches. En effet, les personnes inquiètes excessivement semblent entretenir différentes croyances envers leurs inquiétudes (e.g. Borkovec, 1994; Davey, Tallis, & Capuzzo, 1996; Dugas et al., 1998b; Wells, 1995). Par exemple, elles croient que leurs inquiétudes les aident à trouver des solutions à leurs problèmes ou à prévenir des événements négatifs généralement très improbables (Ladouceur, Blais, Frees ton, & Dugas, 1998; Roemer & Borkovec, 1993).

L'importance des croyances erronées dans le maintien des inquiétudes pathologiques a été récemment reconnue par certains auteurs (e.g. Davey, Tallis, & Capuzzo, 1996; Dugas et al., 1998b; Wells & Matthews, 1994). Entre autres, les croyances à propos des avantages de s'inquiéter ou des coûts associés au fait de ne pas s'inquiéter entraînent des périodes d'inquiétudes de plus longue durée (Wells, 1995). Par exemple, un patient qui croit devoir ruminer un problème jusqu'à ce qu'une solution soit trouvée sera plus motivé à recourir à l'inquiétude comme stratégie, ce qui augmentera la durée de ses épisodes d'inquiétude.

Jusqu'à présent, aucune étude n'a tenté de vérifier si les croyances entretenues par les personnes souffrant du TAG à l'égard de leurs inquiétudes pouvaient être modifiées à la suite d'un traitement cognitif-comportemental.

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La présente étude compare le changement des croyances chez des adultes souffrant du TAG qui reçoivent un traitement cognitif-comportemental (groupe traitement) à celui de patients non traités (groupe de contrôle). Les résultats permettront de vérifier !,importance de mesurer les différents types de croyances et la pertinence d'inclure dans le traitement du TAG des interventions spécifiques à propos des croyances reliées aux inquiétudes. Enfin, ils apporteront un éclairage supplémentaire quant au rôle joué par ces croyances dans la problématique du TAG.

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Modification des croyances face aux inquiétudes suite au traitement du trouble d’anxiété généralisée

Myriam Laberge, Michel J. Dugas, & Robert Ladouceur Université Laval, Québec

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Résumé

Les personnes souffrant du trouble d'anxiété généralisée (TAG) entretiennent des croyances erronées face à leurs inquiétudes. Entre autres, elles croient que leurs inquiétudes les aident à trouver des solutions à leurs problèmes, en plus de prévenir l'occurrence d'événements négatifs généralement peu probables (Ladouceur, Blais, Freeston, & Dugas, 1998; Roemer & Borkovec, 1993). La présente étude évalue les croyances entretenues par des adultes souffrant du TAG (N = 41) avant et après un traitement cognitif- comportemental. Les résultats obtenus révèlent que pour cinq croyances (Prévention et résolution de problèmes, Influence, Conséquences émotionnelles, Pensée magique et Personnalité), un plus grand changement est observé chez les patients traités comparativement aux patients du groupe de contrôle. De plus, pour deux des croyances (Influence et Personnalité), une différence significative est observée entre les patients présentant une plus grande diminution des inquiétudes et ceux qui présentent une moins grande diminution. Les résultats obtenus appuient la pertinence de mesurer les croyances entretenues par les personnes souffrant du TAG. Ils supportent aussi T importance d'inclure dans le traitement des interventions spécifiques ciblant les croyances reliées aux inquiétudes. Finalement, la discussion soulève le rôle des croyances erronées face aux inquiétudes comme processus aidant à la compréhension du TAG.

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Modification des croyances face aux inquiétudes suite au traitement du trouble d’anxiété généralisée

Une vaste étude épidémiologique situe la prévalence à vie du trouble d'anxiété généralisée (TAG) à 5,1% (Kessler et al., 1994). Même si le TAG est parmi les troubles anxieux les plus répandus et qu'il présente des coûts personnels et sociaux importants, il demeure le trouble d'anxiété le moins bien compris et le moins étudié (Rapee, 1991). L'identification en 1987 de l'inquiétude comme caractéristique principale du TAG a généré beaucoup de recherches sur les différentes dimensions de l'inquiétude. La définition même de l'inquiétude ne faisant pas consensus, Macleod, Williams et Bekerian ont entrepris en 1991 de passer en revue les différentes définitions de l'inquiétude et d'en identifier les principaux éléments. Ils définissent alors l'inquiétude comme «un phénomène cognitif qui est accompagné d'anxiété et qui concerne des événements futurs à la fois incertains et perçus négativement» (p. 478).

De nombreux auteurs déplorent le fait que les processus cognitifs associés aux inquiétudes excessives sont encore peu expliqués (Davey, Hampton, Farrell, & Davidson, 1992; Freeston, Dugas & Ladouceur, 1996; MacLeod, Williams, & Bekerian, 1991). Les observations cliniques colligées récemment indiquent que les patients souffrant du TAG entretiennent certaines croyances erronées face à leurs inquiétudes. Ladouceur et Dugas (sous presse) ont remarqué que plusieurs de leurs patients partageaient des idées particulières concernant les conséquences de leurs pensées. En effet, différentes croyances à propos des bénéfices de l'inquiétude étaient entretenues par la plupart d'entre eux. Par exemple, ces croyances pouvaient concerner l'aide apportée par l'inquiétude pour prévenir ou régler des problèmes, son pouvoir de protéger contre des émotions négatives ou sa capacité à prévenir des événements négatifs peu probables. La modification de croyances reliées aux inquiétudes fera plus particulièrement l'objet de la présente étude.

En 1991, Roemer et al. (dans Borkovec, 1994) ont comparé les croyances d'étudiants rencontrant les critères du TAG à celles d'étudiants rencontrant quelques-uns ou aucun de ces critères. Comparativement aux deux autres groupes, les étudiants rencontrant les critères du TAG croient davantage que l'inquiétude les distrait de thèmes émotifs plus dérangeants et qu'elle est une

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méthode de résolution de problème efficace. La superstition joue également un plus grand rôle chez les participants qui rencontrent les critères du TAG que chez ceux qui ne les rencontrent pas.

Certains auteurs ont donc observé que les personnes excessivement inquiètes entretiennent différentes croyances envers leurs inquiétudes. Toutefois, le rôle spécifique de ces croyances dans le développement et le maintien des inquiétudes demeure relativement inexploré. En ce sens, Wells et Matthews suggéraient, en 1994, que des modèles cognitifs examinent le contenu et !,influence de la méta-cognition (i.e. !,évaluation du contenu de la pensée ou des processus cognitifs (Flavell, 1979)) dans !,étiologie et le maintien des problèmes d'inquiétudes.

Dugas et al. (1998b) ont développé un modèle théorique accordant une place particulière à !,évaluation que fait !,individu de ses inquiétudes. Wells (1995) considère lui aussi que lorsque les intrusions cognitives constituent la caractéristique centrale d'un trouble (comme c'est le cas pour le TAG), !,évaluation que fait !,individu de ses intrusions est de la plus grande importance. Il soutient également que !,inquiétude devient cliniquement problématique pour les personnes souffrant du TAG uniquement lorsqu'elles développent une méta-inquiétude, c'est-à-dire lorsque !,inquiétude elle-même devient le focus de la rumination et des efforts de contrôle.

Cinq principales croyances font l'objet d'interventions spécifiques dans le cadre du traitement du TAG mis au point par l'équipe de Dugas et Ladouceur (1998). Ces catégories de croyances reflètent les observations cliniques effectuées par cette équipe et recoupent celles rapportées par d'autres auteurs: (1) !,inquiétude aide à la prévention et à la résolution de problèmes, (2) !,inquiétude a une influence sur les autres, (3) !,inquiétude permet de réduire des conséquences émotionnelles négatives (ex: m'inquiéter m'aide à ne pas être déçu si !,événement craint se produit), (4) !,inquiétude peut faire en sorte qu'un événement se produise ou non (la pensée magique) et (5) !,inquiétude reflète ma personnalité.

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1. L'inquiétude aide à prévenir et à résoudre des problèmes

L'inquiétude est perçue comme une méthode de résolution de problèmes, une bonne façon de composer avec les menaces et de produire des solutions raisonnables (Davey, Tallis, & Capuzzo, 1994), d'être plus vigilant et de se préparer à un événement redouté (Borkovec & Lyonfields, 1993). Le patient peut en venir à croire que l'inquiétude, par la vigilance qu'il lui associe, l'amène à poser des gestes prévenant les problèmes. Cette croyance est renforcée négativement par la non occurrence de l'événement redouté (Borkovec, 1994). Aussi, la présence d'inquiétudes pouvant coïncider de façon intermittente avec une résolution de problèmes efficace, l'inquiétude et les croyances qui y sont rattachées peuvent s'en trouver positivement renforcées (Freeston et al., 1994). 2. L'inquiétude a une influence sur les autres

Cette catégorie reflète la croyance voulant que l'inquiétude a une influence positive ou négative sur les autres par le biais des attitudes ou des gestes de la personne inquiète. Par exemple, un patient peut croire que le fait de s'inquiéter rend son enfant plus prudent (influence positive) parce que ses inquiétudes l'amènent à adopter des comportements très protecteurs à son égard. À l'opposé, un patient peut malgré tout réaliser que ses inquiétudes ont une influence négative sur ses proches parce qu'ils sont lassés de l'entendre parler de ses inquiétudes. Cette perception du patient quant à l'effet négatif de ses inquiétudes sur les personnes de son entourage est en apparence paradoxale, car elle ne constitue pas un avantage au fait de s'inquiéter. Toutefois, une étude effectuée par Davey, Tallis et Capuzzo en 1996 a démontré que les personnes présentant une plus grande tendance à s'inquiéter entretiennent plus de croyances positives et négatives à propos des conséquences de l'inquiétude. Il apparaît donc justifié d'explorer autant l'influence positive que négative de l'inquiétude sur l'entourage de la personne inquiète.

3. L'inquiétude permet de réduire des conséquences émotionnelles négatives Cette catégorie regroupe les croyances selon lesquelles l'inquiétude permet de ressentir moins fortement certaines émotions négatives (déception, tristesse, culpabilité, etc.) associées à un événement redouté (Ladouceur &

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Dugas, sous presse; Wells, 1995). Par exemple, certains patients croient que le fait de s'inquiéter de leur santé réduira leur déception s'ils apprennent qu'ils souffrent d'une maladie. D'autres patients peuvent penser qu'ils se sentiront moins coupables du décès de leur enfant s'ils s'en sont préoccupés auparavant. 4. Le simple fait de s'inquiéter peut faire en sorte qu'un événement se produise ou non

En dépit de l'efficacité réelle que l'inquiétude peut avoir pour éviter les menaces, certaines personnes souffrant du TAG semblent croire que le simple fait de s'inquiéter d'un événement peut faire en sorte qu'il se produise ou non. Ces croyances peuvent être formulées de différentes façons: «il ne faut pas tenter le sort par des pensées positives» ou «tant et aussi longtemps que je m'en inquiète, c'est moins probable que ça se produise». Comme la majorité des conséquences négatives anticipées par les personnes souffrant du TAG ont une faible probabilité objective d'apparition, l'inquiétude constante à propos de ces conséquences serait souvent renforcée négativement par la non occurrence de la catastrophe anticipée (Borkovec, 1994; Freeston et al., 1994; Wells, 1995). 5. L'inquiétude reflète ma personnalité

Les personnes souffrant du TAG présentent souvent des inquiétudes excessives depuis très longtemps, ce qui les porte à croire que leurs inquiétudes font partie intégrante de leur personnalité (Ladouceur & Dugas, sous presse) et confirment certains traits (positifs et négatifs) de leur personne. Par exemple, certains patients peuvent croire que leur tendance à s'inquiéter confirme qu'ils sont des personnes sensibles, ce qui les "rend plus réticents à modifier leur niveau d'inquiétudes. La présente catégorie met également en lien les inquiétudes avec des caractéristiques négatives (p.ex. le fait de m'inquiéter confirme que je suis une personne qui compose mal avec les difficultés). Ainsi, tout comme dans le cas des croyances portant sur l'influence de l'inquiétude sur les autres, cette cinquième catégorie porte sur des croyances positives et négatives à l'égard de l'inquiétude.

Aucune étude n'a encore tenté de vérifier si ces différentes croyances peuvent être modifiées à la suite d'un traitement cognitif-comportemental incluant des interventions spécifiques sur les croyances reliées aux inquiétudes.

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La présente recherche compare donc les croyances pré et post-traitement de patients souffrant du TAG à celles de patients non traités en prenant pour cible leur inquiétude principale. Le recours à une entrevue structurée présente plusieurs avantages. Elle permet d'obtenir des informations idiographiques, spécifiques au sujet, elle rend possible une administration standardisée (Doucet, Ladouceur, Dugas, & Freeston, 1995) et elle offre la possibilité de sous- questionner les patients. De plus, !'utilisation d'une entrevue comme l'Entrevue Structurée sur les Croyances face aux inquiétudes (ESC) permet de récolter certaines informations qui ne pourraient être obtenues à l'aide de questionnaires (e.g. Blais, Freeston, Ladouceur, & Dugas, 1994). Le recours à ce type d'instrument apparaît donc approprié à l'étude des croyances face aux inquiétudes, un phénomène ayant fait l'objet de peu de recherches jusqu'à présent.

Méthode Participants

Quarante et un adultes souffrant du TAG, dont 29 femmes et 12 hommes (M = 41,3 ans, ET = 9.0 ans), ont participé à l'étude. De ce nombre, 37 ont complété l'ensemble des étapes de la recherche, 4 participants du groupe de contrôle ayant abandonné en cours de traitement. Au pré-test, les participants des groupes traitement et contrôle ne se distinguent pas quant à leur sexe (%2(1, N = 41) = 0.77, ns), leur âge (F(l,39) = 2.01, ns), leur niveau d'éducation (%2(3, N = 41) = 0.83, ns), la sévérité du TAG (F(l,39) = 0.38, ns) et le nombre de diagnostics secondaires (F(l,39) = 0.84, ns).

Instruments

Anxiety Disorders Interview Schedule for DSM-IV (ADIS-IV; Brown, Di Nardo, & Barlow, 1994). L'ADIS-IV, une entrevue structurée, vise d'abord le diagnostic des troubles anxieux et permet de dépister la présence d'autres troubles comme les troubles de l'humeur, les troubles somatoformes, les troubles dus à l'usage de substances psychoactives, les troubles psychotiques et les problèmes médicaux. La section sur le TAG comporte des questions sur les critères diagnostiques, sur le contenu des inquiétudes, sur le pourcentage de la journée pendant laquelle la personne s'inquiète, sur la détresse générée par

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l'anxiété et l'inquiétude, ainsi que sur la durée du trouble. En plus de poser un diagnostic, le clinicien doit évaluer la sévérité des troubles présents à l'aide d'échelles de type Likert en 9 points (0 = absence de symptômes et 8 = symptômes sévères).

Entrevue structurée sur les croyances face aux inquiétudes (ESC) (Annexe A). L'ESC est une entrevue structurée évaluant par des questions ouvertes et fermées (échelle de type Likert en 9 points) cinq principaux types de croyances reliées aux inquiétudes: (1) l'inquiétude aide à prévenir et à résoudre des problèmes, (2) l'inquiétude a une influence sur les autres, (3) l'inquiétude permet de réduire des conséquences émotionnelles négatives, (4) le fait de s'inquiéter peut faire en sorte qu'un événement se produise ou non (pensée magique) et (5) l'inquiétude reflète ma personnalité. Cette entrevue structurée a été élaborée à partir de la littérature existante et de l'expérience clinique de psychologues expérimentés dans le traitement du TAG.

Questionnaire sur les Inquiétudes de Penn State (QIPS; Meyer, Miller, Metzger, & B or ko ve c, 1990). Cet instrument unifactoriel évalue la tendance générale à s'inquiéter par 16 items sur une échelle en 5 points. Il a démontré une bonne consistance interne, une bonne fidélité test-retest ainsi que des indices de validité convergente et discriminante satisfaisants (Meyer et al., 1990). La version française a également démontré une bonne consistance interne (a = ,91) et une bonne fidélité test-retest après 4 semaines (r = .86)

(Ladouceur et al., 1992). Procédure

Les participants sont recrutés par le biais d'une annonce paraissant dans un journal quotidien local. L'annonce vise à recruter des participants adultes (dont l'âge se situe entre 18 et 59 ans) pour un traitement cognitif- comportemental du TAG. Après une pré-sélection téléphonique, des cliniciens expérimentés procèdent à une entrevue diagnostique (ADIS-IV) avec chacune des personnes retenues afin de s'assurer qu'elles rencontrent les critères diagnostiques du TAG (APA, 1994) et que ce diagnostic est primaire. Le diagnostic primaire est celui avec la plus haute cote à l'échelle de sévérité de l'ADIS-IV. Par la suite, la fidélité diagnostique est évaluée par un juge indépendant qui écoute la bande audio de cette entrevue. Jusqu'à présent, cette

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entente interjuge a été effectuée pour 60% des participants (étude en cours). Concernant la sévérité du TAG, la corrélation entre les cotes attribuées par les deux juges est de .82 (pc.001). L'accord interjuge effectué sur la présence de diagnostics secondaires varie entre K = .56 pour le trouble panique et K = 1 pour le trouble dysthymique, la moyenne étant de TC = .70. Les diagnostics secondaires très peu prévalents dans !'échantillon (présentés par moins de 3 participants) ont été retirés du calcul de ces interjuges afin de ne pas surestimer l'accord obtenu.

_ Pour participer à la recherche, les patients doivent répondre aux critères d'inclusion suivants: (1) diagnostic primaire de TAG, (2) aucun changement dans le type ou la dose de médication pendant les huit semaines précédant le traitement, (3) désir de conserver la médication stable durant la période de traitement (i.e. aucun changement dans le type de médication ni augmentation de la dose), (4) aucune évidence d'idéation suicidaire, (5) aucune évidence d'abus de substance actuel, et (6) aucune évidence de schizophrénie, de trouble bipolaire ou de trouble mental organique présents ou passés. Les patients rencontrant les critères d'inclusion sont ensuite répartis aléatoirement dans les deux conditions. La condition traitement regroupe 23 participants alors que la condition de contrôle en compte 18.

Une semaine avant le début du traitement, !'expérimentateur, une étudiante diplômée, rencontre individuellement tous les participants afin d'administrer une première fois l'ESC. Le thème d'inquiétude ciblé est celui qui, aux yeux du patient, est le plus dérangeant au moment de l'entrevue. Cette inquiétude principale a été préalablement identifiée par le biais de questionnaires ou lors de l'entrevue d'évaluation diagnostique.

Les participants du groupe expérimental reçoivent ensuite un traitement cognitif-comportemental en groupe, d'une durée de 14 semaines ciblant entre autres, les croyances face aux inquiétudes. Pendant cette période, les participants du groupe de contrôle ne reçoivent aucun traitement. Après les 14 semaines, une seconde évaluation des croyances des participants des deux groupes est effectuée à l'aide de l'ESC. Dans la mesure du possible, l'inquiétude retenue lors de la première évaluation est ciblée lors de la deuxième entrevue, de façon à permettre une meilleure comparaison. Toutefois, il arrive à l'occasion qu'en

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raison de changements dans la situation du patient, le thème d'inquiétude ciblé ne soit plus pertinent lors d'une évaluation ultérieure. Finalement, les participants du groupe de contrôle reçoivent un traitement identique à celui reçu par les participants du groupe traitement, après quoi une troisième évaluation de leurs croyances est effectuée. Les moments où les croyances des participants des deux conditions sont évaluées à l'aide de l'ESC sont illustrés par la figure 1.

Insérer figure 1 ici

Résultats

Afin de contrôler l'effet potentiel d'une différence au niveau des thèmes d'inquiétudes ciblés lors des ESC, un test de Chi carré a été effectué sur le nombre de fois où l'inquiétude cible n'était pas la même aux deux temps de mesure. Ce test n'a révélé aucune différence significative entre les deux conditions (%2(1, N = 41) = 1,74, ns).

Changement des croyances des patients de la condition traitement en comparaison à celui des patients de la condition de contrôle

Dans le but de vérifier si les deux groupes se distinguaient sur certaines sous-échelles de l'ESC au moment de la première mesure (i.e. pré-attente et pré-traitement), cinq analyses de variance ont été effectuées. Elles n'ont révélé aucune différence significative entre les groupes sur les cinq sous-échelles de l'ESC au moment de la première mesure de croyances.

Afin de comparer la modification des croyances observée après la période d'attente à celle observée à la suite du traitement, des analyses de variance à mesures répétées ont été effectuées pour chacunes des sous-échelles de l'ESC. Les cinq analyses ainsi effectuées ont révélé une interaction significative Temps X Groupe pour chacune des sous-échelles de l'ESC: Prévention et résolution de problème (F(l,37) = 15,52, p.c.01), Influence (F(l,34) = 4,40, p<.05), Conséquences émotionnelles (F(l,36) = 8,35, pc.017), Pensée magique (F(l,35) = 6,42, p<.025) et Personnalité (F(l,37) = 9,74, p.<.0125). Des corrections de Bonferroni (Simes,

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1986) ont été appliquées de façon à atteindre un compromis entre Γerreur de type 1 et !,erreur de type 2. L'observation des résultats démontre que pour les cinq sous-échelles, une plus grande diminution est observée chez les participants du groupe traitement comparativement au groupe de contrôle. Le tableau 1 présente pour chaque condition la moyenne et l'écart type aux cinq sous-échelles de l'ESC pour les deux temps de mesure à l'étude.

Insérer tableau 1 ici

Changement des croyances pré et post-traitement de l'ensemble des participants Afin d'évaluer l'effet du traitement sur le changement des croyances mesurées par l'ESC pour !,ensemble des participants, des analyses de variance à mesures répétées ont été effectuées sur les données pré et post traitement de tous les participants ayant complété le traitement. Lorsqu'une correction de Bonferroni est appliquée (Simes, 1986), les résultats révèlent encore une fois des différences significatives pour les cinq croyances cibles (Prévention et résolution de problème (F(l,35) = 27,95, p.<.01), Influence (F(l,32) = 16,52, p_<.025), Conséquences émotionnelles (F(l,35) = 13,50, g_<.05), Pensée magique (F(l,33) = 24,09, p.<.0125) et Personnalité (F(l,35) = 46,27, p.<.017)). Les moyennes pré et post-traitement, de même que les écarts types des cinq sous-échelles sont présentés dans le tableau 2.

Insérer tableau 2 ici

Changement des croyances des patients présentant une plus grande diminution des inquiétudes en comparaison à celui des patients présentant une moins grande diminution des inquiétudes

Afin d'évaluer de façon plus approfondie la modification des croyances observée, deux groupes ont été formés: les patients présentant une plus grande diminution des inquiétudes et les patients présentant une moins grande diminution des inquiétudes. Pour effectuer cette classification, le score total au

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Questionnaire sur les Inquiétudes de Penn State (QIPS; Meyer, Miller, Metzger, & Borkovec, 1990) a été utilisé. Les participants dont le changement au niveau des inquiétudes était inférieur au 50e percentile ont été classifiés dans le groupe présentant une moins grande diminution des inquiétudes, alors que les patients présentant une plus grande diminution des inquiétudes affichaient un score de changement supérieur au 50e percentile.

Dans un premier temps, des analyses de variance ont été effectuées afin de vérifier si au pré-test, le groupe présentant une plus grande diminution des inquiétudes se distinguait du groupe présentant une moins grande diminution des inquiétudes sur certaines sous-échelles de l'ESC. Ces analyses n'ont révélé aucune différence significative entre les deux groupes au pré-test.

Dans le but de vérifier si le changement observé pour certaines croyances est en relation avec l'ampleur de la diminution des inquiétudes, des analyses de variance à mesures répétées ont été effectuées sur les cinq sous-échelles de l'ESC. Elles ont révélé des interactions significatives Temps X Groupe pour deux d'entre elles, soit l'échelle Influence (F(l,30) = 4,22, p.<.05) et l'échelle Personnalité (F(l,33) = 4,39, p<.05). Puisque les données analysées proviennent toutes de patients traités, diminuant ainsi la puissance statistique, aucune correction du niveau alpha n'est effectuée. L'observation des moyennes permet de constater qu'une plus grande diminution de ces deux croyances est observée chez les patients dont la diminution des inquiétudes est plus importante. Le tableau 3 présente, pour chacune des sous-échelles de l'ESC, la moyenne au pré- test et au post-test, de même que l'écart type de chacun des groupes formés.

Insérer tableau 3 ici

Discussion

Le traitement du TAG dont il était question dans la présente étude ciblait entre autres les croyances face aux inquiétudes. Les interventions qui visaient à faire diminuer certaines croyances erronées entretenues par les participants ont atteint leur objectif: une plus grande diminution des croyances mesurées par

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l'ESC est observée à la suite du traitement, comparativement à la période d'attente. L'efficacité des interventions thérapeutiques effectuées a été constatée pour les cinq types de croyances évaluées, soit: (1) l'inquiétude aide à la prévention et à la résolution de problèmes, (2) l'inquiétude a une influence sur les autres, (3) l'inquiétude permet de réduire des conséquences émotionnelles négatives, (4) l'inquiétude peut faire en sorte qu'un événement se produise ou non et (5) l'inquiétude reflète ma personnalité.

En 1996, Davey, Tallis et Capuzzo ont observé que les personnes qui présentent une plus grande tendance à s'inquiéter entretiennent plus de croyances (positives et négatives) à l'égard de leurs inquiétudes. Puisque les patients de la présente étude affichent une forte diminution de leurs croyances suite à !'intervention, ils partagent ainsi moins de caractéristiques avec les personnes qui présentent une forte tendance à s'inquiéter. La forte diminution des croyances observée ici tend donc à indiquer qu'en ce qui a trait aux croyances, l'objectif de rendre les patients les plus semblables possible aux personnes qui ne souffrent pas du TAG semble avoir été atteint.

Il est maintenant possible, par des interventions spécifiques, d'entraîner une diminution de certaines croyances erronées entretenues par les personnes souffrant du TAG. L'évaluation rigoureuse de ces croyances apparaît d'autant plus justifiée puisqu'elle constitue une étape préalable à leur modification. De plus, étant donné que la diminution observée s'effectue dans des catégories de croyances relativement distinctes, il est donc important que l'évaluation et !'intervention couvrent une diversité de croyances. En effet, les résultats obtenus indiquent que plus d'un type de croyance peut être modifié à la suite d'un tel traitement.

L'importance de cibler spécifiquement les croyances reliées aux inquiétudes dans le traitement du TAG peut être illustrée par l'exemple d'un patient croyant que le fait de s'inquiéter de sa santé le protège de la maladie. Ce patient ne répondra pas de façon optimale aux procédures mises en place pour réduire la fréquence ou modifier le contenu de ses inquiétudes tant et aussi longtemps que la principale croyance qu'il entretient face à l'utilité de ses inquiétudes ne sera pas remise en question (e.g. Dugas & Ladouceur, 1998; Wells & Matthews, 1994). Aux yeux d'un tel patient, une diminution de ses

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inquiétudes pourrait avoir des répercussions désastreuses sur sa santé, ce qui explique sa réticence à diminuer de façon importante la fréquence de ses inquiétudes. Pour cette raison, l'efficacité du traitement du TAG pourrait possiblement être améliorée en faisant précéder les interventions qui visent la diminution des inquiétudes par une modification des croyances.

Aussi, dans une perspective de prévention de rechute, l'évaluation des croyances toujours entretenues par le patient à la fin du traitement pourrait s'avérer un indicateur pertinent du risque de rechute. En effet, un patient qui perçoit encore une certaine utilité au fait de s'inquiéter risque de craindre une diminution à long terme de ses inquiétudes. À la fin du traitement, !'identification et la remise en question des croyances erronées toujours entretenues par le patient pourraient s'avérer hautement pertinentes dans le cadre d'un programme de prévention de rechute. De façon plus générale, différents auteurs (e.g. Ladouceur & Dugas, sous presse; Wells & Matthews, 1994) ont déjà suggéré que pour maximiser son efficacité, la thérapie cognitive aurait intérêt à mettre davantage le focus sur la modification des croyances dysfonctionnelles des patients souffrant du TAG.

Le modèle du TAG développé par Dugas et al. (1998b) reconnaît la contribution spécifique des croyances erronées dans la problématique des inquiétudes excessives. La validité de ce modèle a d'ailleurs reçu un appui considérable. Dans une très forte proportion des cas, ses quatre principales variables (l'intolérance à l'incertitude, les croyances reliées aux inquiétudes, la faible orientation au problème et l'évitement cognitif) ont permis de discriminer des patients souffrant du TAG de participants non cliniques. Ce modèle met en lien le phénomène des croyances reliées aux inquiétudes avec l'intolérance à l'incertitude, une autre caractéristique cognitive associée de très près au TAG (Dugas et Ladouceur, 1998; Ladouceur & Dugas, sous presse). L'intolérance à l'incertitude favoriserait entre autres le développement de croyances erronées à l'égard des inquiétudes, contribuant ainsi à l'apparition et au maintien des inquiétudes (Ladouceur & Dugas, sous presse; Dugas et al., 1998b). Dans la présente étude, la diminution marquée des croyances face aux inquiétudes apparaît cohérente avec ce modèle selon lequel les croyances erronées entretenues par les personnes souffrant du TAG pourraient contribuer au maintien des inquiétudes pathologiques.

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Sur deux des cinq catégories de croyances étudiées, le changement observé dans les croyances des patients présentant une plus grande diminution des inquiétudes se distingue de celui des patients affichant une moins grande diminution des inquiétudes. Ces deux croyances, soit l'inquiétude reflète la personnalité et l'inquiétude a une influence sur les autres, diminuent de façon plus importante chez les patients qui présentent une plus grande diminution des inquiétudes. Ces résultats permettent donc de formuler une première hypothèse voulant que la modification de ces deux catégories de croyances ait un effet plus important sur la diminution des inquiétudes en comparaison aux autres croyances évaluées par !'ESC.

La grande majorité des personnes qui consultent pour le TAG rapportent s'inquiéter «depuis toujours» (Butler et al., 1991). Cela les porte à croire que l'inquiétude excessive constitue un trait non modifiable de leur personnalité (e.g. Dugas et al., 1996; Dugas & Ladouceur, 1997). À la lumière des résultats obtenus dans la présente étude, on peut supposer qu'une diminution marquée des inquiétudes entraîne une remise en question de leur caractère immuable. Il est également possible qu'une modification de la croyance voulant que l'inquiétude reflète la personnalité contribue à la baisse des inquiétudes. Autrement dit, le fait de remettre en question le caractère immuable des inquiétudes pourrait favoriser le succès de l'intervention thérapeutique. Ceci apporterait un appui à l'hypothèse voulant que certaines croyances erronées contribuent au maintien des inquiétudes excessives. Il est donc possible de supposer que la relation entre cette croyance erronée et le niveau d'inquiétude soit bi-directionnelle.

L'interprétation de la plus grande diminution de la croyance voulant que l'inquiétude a une influence sur les autres dans le groupe présentant une plus forte baisse des inquiétudes s'avère plus délicate. Cette catégorie de croyance apparaît légèrement différente des autres car elle traite essentiellement des conséquences indirectes de l'inquiétude (i.e. par !'intermédiaire des gestes et attitudes de la personne inquiète). Puisque les patients qui présentent une plus grande diminution des inquiétudes manifestent moins de gestes ou d'attitudes associés aux inquiétudes excessives, cela a pour conséquence logique une moins grande influence sur leur entourage immédiat. Cette catégorie de croyance traite également de quelque chose d'observable, et non de !'interprétation des

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effets que pourraient avoir les inquiétudes dans le futur, comme c'est le cas pour d'autres catégories (ex: pensée magique, conséquences émotionnelles). En ce sens, il est peut-être pertinent de remettre en question le fait que cette catégorie représente bel et bien une croyance et non une évaluation des conséquences indirectes de la présence d'inquiétudes excessives. Aussi, contrairement à d'autres types de croyances plus abstraites dont les changements suite au traitement sont plus difficiles à évaluer, il est possible qu'en ce qui a trait à l'influence sur les autres, un changement important au niveau des inquiétudes a un effet plus facilement quantifiable pour le patient.

La présente étude ne permet pas de déterminer si les différences observées sur ces deux types de croyances sont le résultat des gains thérapeutiques ou s'ils y ont contribué. Dans le premier cas, la diminution des inquiétudes excessives engendrée par le traitement pourrait avoir entraîné une diminution de certaines croyances entretenues par les patients avant le traitement. Il est également possible que le changement de croyances ait favorisé le succès du traitement en raison de la contribution de ces croyances dans le maintien des inquiétudes excessives. Ces deux avenues n'étant pas mutuellement exclusives, la relation causale entre les croyances et l'issue du traitement s'avère probablement bi-directionnelle, c'est-à-dire que le changement des croyances pourrait en même temps être une des causes et une des conséquences de la réussite du traitement. Notons que la présence d'une relation bi-directionnelle entre les croyances et l'issue du traitement n'enlève en rien l'importance de mesurer et de cibler ces croyances dans le traitement du TAG.

Certaines limites inhérentes à la présente étude doivent néanmoins être considérées. D'abord, un effet plafond pourrait expliquer que des différences entre les patients présentant une plus grande diminution des inquiétudes et ceux affichant une moins grande diminution ont été observées que pour 2 des 5 sous-échelles de l'ESC. En effet, la diminution de l'ensemble des croyances dans les deux groupes formés rend plus difficile l'observation de différences significatives entre ces groupes sur certaines sous-échelles de l'ESC. Il faut également reconnaître l'influence possible de la désirabilité sociale, un biais particulièrement susceptible d'affecter l'évaluation de croyances irrationnelles (e.g. Lohr, Bonge, & Jones, 1983; Nederhof, 1985). Bien que certaines précautions

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aient été prises afin de minimiser l'impact d'un tel biais, le recours à des types d'évaluations complémentaires (un questionnaire auto-administré mesurant les croyances ou l'ajout d'une échelle de désirabilité sociale) permettrait d'évaluer la validité des données obtenues lors de l'entrevue. Toutefois, l'exploration des croyances par Tunique administration de questionnaires s'avère une avenue peu intéressante en raison de la complexité du sujet traité et de !'impossibilité de s'assurer de la bonne compréhension des répondants.

La taille de la population clinique étudiée ici est sans contredit une des forces de cette étude. En effet, les études sur les croyances reliées aux inquiétudes ont souvent été effectuées auprès de populations non cliniques (e.g. Davey, Tallis, & Capuzzo, 1996), de populations cliniques très restreintes, d'étudiants rencontrant les critères du TAG par questionnaire (e.g. Borkovec & Roemer, 1995; Roemer et al., 1991; dans Borkovec, 1994) ou encore à l'aide de questionnaires auto-administrés (e.g. Dugas et al., 1998b).

La pertinence de procéder à une évaluation des croyances entretenues par les personnes qui souffrent du TAG est supportée par les résultats de la présente étude et le processus des croyances face aux inquiétudes apparaît une cible privilégiée dans le traitement du TAG (e.g. Dugas et Ladouceur, 1998; Wells & Matthews, 1994). Il serait maintenant souhaitable que des études subséquentes s'attardent au développement d'instruments plus complets. Ceci rendra possible l'évaluation des différents aspects de ces croyances et permettra d'accéder à une meilleure compréhension de ce processus associé aux inquiétudes excessives. À titre d'exemple, !'augmentation du nombre d'items par sous-échelles, de même que le retrait de certains items recoupant plus d'une sous-échelle permettraient de faire du ESC un outil plus complet. Il serait ensuite intéressant d'utiliser un tel instrument auprès d'une population non clinique afin de comparer de façon plus systématique le profil de croyances de cette population à celui associé aux inquiétudes pathologiques.

Dans le but de préciser davantage le rôle des croyances dans la problématique du TAG, il serait pertinent de vérifier si le changement observé dans les croyances précède ou suit la baisse des inquiétudes. Enfin, la présente étude ayant démontré que les croyances entretenues par les personnes souffrant du TAG peuvent être modifiées à la suite d'un traitement

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cognitif-comportemental, une évaluation du maintien de ces gains pourrait s'avérer des plus intéressantes. En effet, les croyances reliées aux inquiétudes pourraient également s'avérer une variable pertinente dans l'évaluation du succès à long terme des traitements offerts aux personnes souffrant de ce trouble anxieux.

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(33)

Note des auteurs

Cette étude a été réalisée alors que la première auteure était récipiendaire d'une bourse conjointe du FCAR-FRSQ-santé et que le deuxième auteur était récipiendaire d'une bourse post-doctorale du CRSH. De plus, cette recherche a été rendue possible grâce au support financier du CRM et du FRSQ.

Toute correspondance doit être adressée à Myriam Laberge, École de psychologie, Université Laval, Québec, Qc, G1K 7P4.

(34)

Tableau 1

Moyennes et écarts types des conditions contrôle et traitement aux cinq sous-échelles de TESC aux première et deuxième prises de mesure

Groupe contrôle Groupe traitement

Pré-attente Post-attente Pré-traitement Post-traitement

M

ET

M

ET

M

ET

M

ET Prévention et résolution 3.17 2.34 3.90 1.95 4.26 2.33 1.63 1.34 de problème3 Influence a 3.25 1.48 3.09 1.56 3.20 2.11 1.45 1.53 Conséquences émotionnelles3 2.97 2.31 3.30 2.48 2.63 2.48 0.94 1.19 Pensée magique3 1.97 2.27 2.13 2.00 2.00 1.90 0.50 0.79 Personnalité3 3.77 2.01 3.68 1.24 4.03 2.10 2.04 1.41

(35)

Tableau 2

Moyennes et écarts types pré-test et post-test aux cinq sous-échelles de !,ESC pour tous les participants ayant complété le traitement M Pré ET M Post ET Prévention et résolution de problème3 3.99 2.17 1.72 1.38

Influence a 3.12 1.96 1.58 1.46

Conséquences émotionnelles3 2.44 2.40 1.01 1.27

Pensée magique3 2.06 1.96 0.57 0.91

Personnalité3 3.82 1.83 1.82 1.29

(36)

Tableau 3

Moyennes et écarts types pré et post-traitement aux cinq sous-échelles de !,ESC pour le groupe de patients présentant une plus grande diminution des inquiétudes et le groupe présentant une moins grande diminution des inquiétudes

Groupe présentant une plus grande diminution des inquiétudes

Groupe présentant une moins grande diminution des inquiétudes

Pré Post Pré Post M ET M ET M ET M ET Prévention et résolution 4.28 2.43 1.23 1.08 3.77 1.91 2.14 1.52 de problème Influence a 3.75 1.79 1.31 1.26 2.56 1.87 1.69 1.57 Conséquences 2.64 2.60 0.72 1.07 2.56 2.29 1.03 1.28 émotionnelles Pensée magique 2.31 2.03 0.29 0.56 1.94 1.88 1.03 1.34 Personnalitéa 4.21 2.06 1.59 1.16 3.55 1.56 2.04 1.44

(37)

Titres des figures Figure 1

(38)

Condition traitement traitement 14 semaines ESC-2 Condition contrôle traitement attente ESC-1 ESC-3 14 semaines ESC-2 ESC-1 14 semaines

(39)
(40)

La compréhension partielle des processus liés à !,apparition et au maintien du trouble d'anxiété généralisée (TAG) rend difficile !,élaboration de traitements et de programmes de prévention efficaces. C'est par !,identification et l'étude plus approfondie des variables associées aux inquiétudes excessives qu'il sera possible de mettre au point des traitements reposant sur des modèles dont les bases théoriques et cliniques sont solides.

Le modèle du TAG développé par Dugas et al. (1998b), qui a déjà reçu un appui empirique important, considère la contribution des croyances erronées dans le maintien des inquiétudes excessives. En effet, à l'avis de plusieurs auteurs, différentes croyances dysfonctionnelles à l'égard des inquiétudes seraient entretenues par les personnes souffrant du TAG. La présente étude a eu recours à une entrevue structurée afin d'évaluer cinq croyances reliées aux inquiétudes auprès de 41 patients souffrant du TAG.

Une première croyance mesurée soutient que le fait de s'inquiéter permet de prévenir ou de solutionner un problème. Les patients qui entretiennent cette croyance attribuent souvent à l'inquiétude la non- occurrence de la conséquence qu'ils redoutent, ce qui renforce ainsi leur croyance. D'autres patients croient que les gestes et attitudes engendrés par leur inquiétude a une influence sur les autres personnes. Le bénéfice associé au fait de s'inquiéter renforce encore une fois le processus d'inquiétude. Un troisième type de croyance veut que l'inquiétude fait en sorte qu'on se sente moins déçu ou moins coupable si ce qui est anticipé se produit, ce qui justifie encore une fois le recours à l'inquiétude. La pensée magique voulant que l'inquiétude seule puisse faire en sorte qu'un événement se produise ou non constitue également une des croyances entretenues par certaines personnes souffrant du TAG. Le fait que les catastrophes redoutées par ces patients ne se produisent que très rarement entraîne le renforcement de cette croyance, car l'absence de catastrophe est attribuée au fait de s'être inquiété. Soulignons qu'une étude récente révèle que seulement 3% des catastrophes redoutées par les patients souffrant du TAG finissent par se produire (Borkovec & Newman, sous presse). Finalement, une cinquième croyance faisait l'objet de la présente étude. Elle soutient que l'inquiétude excessive reflète la personnalité. La tendance à s'inquiéter constituerait alors un trait immuable, confirmant certaines

(41)

caractéristiques de l'individu (par exemple sa sensibilité) et rendant presque impossible aux yeux du patient la modification de sa tendance à s'inquiéter .

La présente étude tentait de vérifier si ces différentes croyances peuvent être modifiées à la suite d'un traitement cognitif-comportemental du TAG. Les résultats obtenus ont permis de constater qu'effectivement, le traitement offert (qui ciblait entre autres les croyances face aux inquiétudes) a permis de faire diminuer de façon significative l'ensemble des croyances mesurées par l'entrevue structurée. Aussi, deux de ces croyances ont diminué davantage dans le groupe de patients qui affichaient une plus grande diminution des inquiétudes suite au traitement: la croyance voulant que l'inquiétude ait une influence sur les autres et celle voulant que l'inquiétude reflète la personnalité.

Les résultats obtenus apparaissent cohérents avec le modèle du TAG proposé par Dugas et al. (1998b), modèle selon lequel les croyances reliées aux inquiétudes pourraient contribuer au maintien des inquiétudes excessives. Aussi, la présente étude ayant permis de démontrer que des interventions spécifiques peuvent entraîner une diminution de certaines croyances erronées entretenues par les personnes souffrant du TAG, l'évaluation rigoureuse et exhaustive de ces croyances apparaît d'autant plus pertinente car elle est nécessaire à leur modification ultérieure. Pour ce faire, des instruments devront être développés afin de mesurer d'une façon valide et complète les différents aspects de ces croyances. Enfin, le caractère modifiable des croyances suggère d'intégrer au traitement du TAG des interventions spécifiques au niveau des différentes croyances erronées entretenues par les patients.

L'exploration des croyances reliées aux inquiétudes s'avère pertinente à différentes étapes du processus thérapeutique. Puisque certaines croyances associent des bénéfices importants à la présence d'inquiétudes, la modification des croyances en début de traitement pourrait favoriser le succès des interventions qui visent à faire diminuer la fréquence des inquiétudes. Il pourrait également être utile de procéder à une évaluation des croyances en fin de traitement, puisque leur présence pourraient constituer un indicateur supplémentaire du risque de rechute. Finalement, l'exploration des croyances entretenues par le patient pourrait permettre de récolter de l'information

(42)

complémentaire pertinente dans le cadre d'une évaluation du maintien des gains thérapeutiques.

Finalement, la présente étude permet de proposer certaines pistes pour des travaux futurs. D'abord, l'évaluation des croyances auprès d'une population d'adultes ne souffrant pas du TAG permettrait de mieux comparer le profil des croyances associées aux inquiétudes pathologiques à celui associé aux inquiétudes dites «normales». Dans une autre perspective, il serait intéressant de vérifier si les croyances observées ici chez des adultes souffrant du TAG sont les mêmes que celles manifestées par d'autres groupes d'âge. Enfin, il serait fort utile de déterminer si la diminution des croyances erronées précède ou suit la baisse des inquiétudes. Ceci permettra de préciser encore davantage le rôle des croyances reliées aux inquiétudes dans la problématique du TAG et de parvenir ainsi à une plus grande compréhension et à un meilleur traitement de ce trouble anxieux fort répandu.

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Entrevue structurée sur les croyances face aux inquiétudes

(ESC)

Sujet:_______ Date:_____________ Évaluateur:___________ Niveau de détresse:________________

Introduction

"Je vais maintenant vous poser quelques questions sur votre façon de voir vos inqiuiétudes. Je crois bien que si vous êtes ici c'est parce que vous trouvez que vos inquiétudes vous nuisent dans votre vie, vous apportent des désavantages. Cependant, ça se peut que lorsque vous êtes en train de vous inquiéter, vous voyez à certains moments de bonnes raisons pour continuer de vous inquiéter, comme de penser que ça vous aide à régler les problèmes ou que c'est mieux de s'inquiéter que de ne rien faire du tout, pour une raison ou une autre. "

I- Inquiétude cible:______________________________________________________

"Pour répondre aux prochaines questions, j'aimerais que vous vous référiez aux moments où vous vous inquiétez beaucoup au sujet de ..."

Donc commencer chaque question en rappelant à la personne: "Quand vous êtes en train de vous inquiéter au sujet de ...est-ce qu'il vous arrive de penser que...

1. Résolution de problèmes

a) Quand vous êtes en train de vous inquiéter au sujet de_________________ _____ z_est ce qu'il vous arrive de penser que le fait de vous inquiéter peut vous aider à être plus efficace dans votre façon de faire face à cette situation si elle se produisait? De quelle façon?

Références

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