SITUATIOF.TS
DE
L'
E
C
RIVAIN
F'RAI\ICOPF{ONIE
Colloque
<Langue, écriture,
francophonie
,,Bruxelies,
22-24mai
1997Actes édités
par
paul Aron
Cantributions de :
B.
Baritaug,
Ch. Bonn"
y.
Bridel,I.-M.
Clerc,
M.
Frédéric" L.
Gauvin,
R.
Grutm
an,
L.Kesteloot,
E
P.Kirsch,I.-Nl
Klinkenberg,
p.Lexert,
F.Mertens,
D. Nasta,I._A. Rieben,
b.
Suirrt_y";;;;;
ft'
schwartzward,
tr.skattum,
É.
vrnil'Ë;i"i".
viara
VARIA
|.-L.
Demeulerneesteç
M.
Fize,A.
joyal,
j._F.Lavis,
I.-A.
Libioulte,
I._p.
Martigno
ni,'
I.nâU_+
D. Vander Gucht, K.
et
J.r/,{adz
NO'ES CRI'QL'ES - Nonc* B''U..RAPHIe'ES
De
la
raison
à
I'imaginaire
:
méthode
et
recherche de
sens
Jocelyne ROBERT Université I-ibre de Bruxelles
Le choix d'une méthode
Aujourd'hui, on se trouve confronté de plus en plus souvent à
des situations qui sernbient échapper au monde de la rationalitê :
actes de violence, conflits armés sans limite, orientations d'études ne
répondant
à
aucune logique, décrochages, pratiques de consom-mation conduisant à la ruine,...La
<< compréhension >t et l'<<inter-prétation > de ces actions ne peuvent ignorer le rôle joué par les
acteurs sociaux dans
un
contextede
rationalité
en
crise. C'est pourquoi,on
préciseratoute
I'importancequ'il y
a à
recourir au paradigme < atomistique,
afin
de < comprendre >) ces situations.On
soulignera égalementun
certain
nombrede
questions que soulèvela
définition d'une action
de
type
< rationnel >>' On souhaite, enfin, élaborer une typologie quipermette d'envisager des situations échappant à la rationalité, voire aux < bonnes raisons o et même au simple bon sens.I-e choix d'une orientation méthodologiquel se trouve au coeur même de toute démarche sociologique.
Qu'il
s'agisse du chercheur en quête de voies d'investigation ou de I'enseignant confronté à lalourde
tâchede
présenter différents courants théoriques,nul
n'y échappe. Chacun se doit. de prendre position.On
s'abrite parfoisderrière des impératifs
de
toutes
sortes:
moyens humains et financiers, opinions des sujets d'enquête, goûts des étudiants,-.. On oublie peut-être alors combien le choix d'un paradigme, lui-même,ne
relèveni
d'un
automatisme méthodologique,ni
d'une vérité indépendante de prises de positions morales.2Personne ne niera
le
premier point.En
effet, bon nombre de recherches attestent de la difficulté de choisir une optionméthodo-362 J. ROBERT
logique adéquate. Foser correctement une question, insister sur le pourquoi ou le comment, trouver les moyens d'y répondre, exigent un travail long et minutieux d'aller-retour entre théorie et empirie par lequel I'orientation méthodologique adéquate peut être déga-gée. Ce problème ne concerne pas uniquement la recherche scienti-fique
:
il
se présente également aux étudiantsqui,
assistantà
uncours d'introduction, voient se développer devant eux non pas une
sociologie avec son objet d'étude, ses méthodes et techniques mais plusieurs sociologies soulevant diverses interrogations au sujet d'un même thèrne, évoquant différents paradigmes
et
recourantà
des méthodes distinctes. L'étonnementatteint
son comble lorsqu'onmentionne
les
mêmes techniques:
questionnaires, analyse dedocuments, entretiens,
pour
des courants théoriques divergents.Derrière
l'évocationde
ces
outils
de
recherche,combien
dedémarches multiples ne doit-on pas retracer afin de permettre une compréhension plus
fine
de ce qu'estla
sociologie ?Et
ceux qui, plutôt que de s'étonner, affichent I'indifférence ou le mépris face àcet
apparent < manquede
sérieux>,
(< manquede
cohérence >qu'annoncent les multiples facettes d'une discipline inconnue ont déjà perdu I'essentiel et risquent de ne jamais vraiment comprendre que la réalité est multiple. Ceci nous amène au second point, au lien entre choix d'un paradigme et morale.
C'est en faisant de nouveau référence à I'enseignement que nous développerons ce second point. Après avoir exposé les principes du paradigme < holistique > (privilégiant les structures, I'incidence des classes sociales et des institutions sur les individus) et du paradigme < atomistique
o
(accordantla
primauté au sens que ies individus donnent à leurs actions, aux interactions, à l'interprétation), chacun des membres de I'auditoire ne peut s'empêcher de prendre position.Plus
particulièrement,dans
un
milieu
socio-éducatif confronté quotidiennernent au phénomène de déviance, leton
peut être vif, les remarques connotées de jugements de valeur, la distanciation et les tentatives de < rupture épistémologique > du sociologue ou deI'apprenti
sociologuevoient
rapidernmenten
éclats...Ceiui
qui, fervent défenseur de la lutte des classes, perçoit la société commeune
succession d'oppressionset
de
totalitarismes < sedoit
>
de privilégier le premier paradigme; celuiqui
travaille, au quotidien, dans une institution, est plus attentif aux travaux des interaction-nistes comme Goffman; celui qui est amené à vivre avec des enfants autistes, des familles en rupture, des ex-détenus, adopte plutôt une démarche interprétative et cûrnpréheilsive. Chacun, seion ses prisesde
position
personnelles,selon
l'idéologie
et
la
morale
qu'ilDE t-A RAISON À t-'ltllactN revendique, selon son Pa Comment, dans ces conditl ignorerait les sentiments,
et
des demandes d'affect manière, le sociologue con tels que : l'école, le travail tion,...ne peut
laisser datations méthodologiques e L'option déveloPPée ir On tentera de montrer e indispensable si
l'on
souh sociales r>, si l'on estime indes acteurs, même si ceur
nant. En effet, à côté
-
n des stratégies se trouve clégitimé,
du
normé. aPPmes >),...Dès lors, Parmi I
un
rôle-clé
à
l'individu, dévolue à celui-ci et la rrcette
façon, souligner crmodestement f individu encore, la référence. I-es
du positivisme, privilégia tés. Exceptions et ruptur€ logiques
qui
échaPPent sociales. De même, les aç l'élément de référence (gient la norme dominantt
vie en
sociétéou,
à
tc importance de second ot valeur fondamentale de oeconomicuq en est un e.d'un modèle oPérationn< à le rendre des plus séd
bien peu efficace dans la d'une autre logique, d'au la rationalité.
D'une part, les déma
institutions comme un d dans la construction ou
D'autre part,
les démar buent aux acteurs une ciune question, insister sur Ie loyens d'y répondre, exigent
lur
entre théorie et empirie re adéquate peut être déga-uement la recherche scienti-:tudiants qui, assistantà
un per devant eux non pas unenéthodes et techniques mais interrogations au sujet d'un adigmes
et
recourantà
desteint
son comble lorsqu'on questionnaires, analyse de rants théoriques divergents.de
recherche,combien
detracer afin de permettre une
la
sociologie ?Et
ceux qui, ifférence ou le mépris face à,
(
manquede
cohérence >une discipline inconnue ont jamais vraiment comprendre
amène au second point, au
rrale.
ce à I'enseignement que nôus avoir exposé les principes du les structures, I'incidence des :s individus) et du paradigme
té
au sens que les individus rs, à l'interprétation), chacun mpêcher de prendre position"eu
socio-éducatif confronté éviance,leton
peut être vif, de valeur, la distanciation et gique > du sociologue ou dement
en
éclats...Celui
qui,,es, perçoit la société comme :otalitarisrnes
(
sedoit
>
de riqui
travaille, au quotidien, aux travaux des interaction-mené à vivre avec des enfants ,x-détenus, adopte plutôt une sive. Chacun, selon ses prisesléologie
et la
morale
qu'ilDE I-A RAISON À I-'IINIACTNAIRE : MÉTHODE ET RECHERCHE DE SENS 363
revendique, selon son passé, défend
I'un ou
l'autre
paradigme' Comment, dans ces cottditions, exposer une sociologie dont le crédo ignorerait les sentiments,fairait
fi
des joies, des peines, des haines e"t des demandes d'affection,du
bien
et du
mal?
De la
même manière, le sociologue eonfronté à différents domaines de recherche iels que : l'école, ià travail, la formation professionnelle, I'immigra-tion,...ne peut
laisser dans I'ombre les liensqui
unissent orien-tations méthodologiques et prise en compte du monde de la morale. L,option AOvel[piee ici èst celle du paradigme < atomistique o.' On ten?era demonlier
en quoi cepoint
dewe
est primordial et inàirp"nruule si I'on souhaitê envisager le sens réel des < activités sociales >, si i'on estime important de tenir compte, en premier lieu' des acteurs, même si ceux-ii échappent au modèle normatif domi-nant. En"if"t,
a
côté-
rnais parfois lié-
au monde des projets etdes stratégies se trouve celui du rêve, de I'imagination;
à
côté du légitirné, "du normé, apparaîtun
universillégitime,
"
hors
nor-*é,
n,... Dès lors, parmi ies démarches méthodoiogiques accordantun
rôie-clé
à
l,inàividu,
i1 sera nécessairede
préciserla
place dévolue à celui-ci et la manière dontil
est défini.on
souhaite, decette fâçon,
souligner combienI'individu
<< rationnelo, ou
plus-odestement I'inàividu
<< intentionnel,r,
représente, aujourd'huiencore, la référence. I-es théories de type < holistique >, s'inspirant du positivisme, privilégiant les lois, renforcent le poids des majori-tés. Exceptions êt
,upùtes
ne peuvent exister que par rapport à deslogiquesquiéchappentau*acteurs'etrelèventdesstructures
roiiut"r.
de
même,lès approches où I'individu rationnel représente l'élémentde
référence(là
theorie de I'action rationnelle) privilé-gient la norme dominante excluant la découverte d'autres formes deii"
"n
sociétéou,
à
tout
le
moins,ne leur
accordant qu'uneimportance de second ordre. Certes, la rationalité représente une
uri"u,
fondamentale de notre société et I'acteur rationnel, l'homo-oeconomicut en est un exemple parfait,quijoue
à merveille le rôle d'un modèle opérationnel dont la clarté et la simplicité contribuent à le rendre de.s plus séduisants. cependant,il
demeure-
parfois -bien peu efficace dans la compréhension d'événements qui relèvent d'unË autre logique, d'autres cadres de référence, ne privilégiant pas la rationalité.D'une part, les démarches de type < holistique 'o définissent les institutions comme un donné, rejetant
le
rôle joué par les. acteurs dans la construction ou le changement que vivent ces institutions'D'autre part,
les démarches privilegiant I'individu rationnel attri-buent aux acteurs une capacitè théoiique de calcul, de stratégie ou364 J, ROBERI
tout
simplementd'intérêt,
repoussantle
plus souventles
autres valeurs aux oubliettes.une
réelle démarche compréhensive (accor_dant la primauté au sens que les acteurs donnent à leurs actiàns) et interprétative (situant ces attributions de sens dans
le
cadre plus généralde la
société envue de
les interpréter)est
à
même dedépasser ces points de
lue.
Alors, seulement, on peut envisager les conflitset
les soumissions, Ies projetset
les souvenirs, les aùiuite, âpreset
difficilesqui
tissent le quotidien mais aussi res rêves, Ies évasions, les échappées.On tentera ci-après de développer une typologie qui permette de mettre en évidence différents points de vue. L"e rnooele o ration-nel >,, modèle légitirné aujourd'hui, représente alors une possibilité
parmi d'autres
et
estloin
d'être le seulpoint
de référence. Deux élérnents fondamentaux doiveni cependant être abordés préalable-mentcar ils
définissentla
basede
la
démarche méthodologique proposée ici.il
s'agit premièrement, dans le cadre d,une démarche < compréhensive >, de privilégier le sens que les acteurs attribuentà
leurs actions. Four ce faire,il
importe de situer ces acteurs parrapport
à
d'autreset
en
regard des institutions définies histôri-quement. Deuxièmement, afin de comprendre le sens des actions sociales,il
est nécessaire de tenir compte de la représentation dutemps à partir de laquelle les acteurs orientent leurs actions.
À la
recherche du temps, à ia recherche d'un sens"..Quand la mode est aux évaluations,
à
l'étude des adéquationsde
toutes
sortes,aux
recherches longitudinaleset
aux
grandséchantillons, rechercher le sens d'une < action sociale
,
en donnanr la priorité au temps, aux discours de quelques acteurss et à l,histoi-re des institutions peut apparaître à la fois naif et présomptueux. pisencore, aux yeux de certains,
il
s'agit d'une démarche plus littéraire que scientifique ...Or, I'approche théorique, dont on présente ici les grandes lignes,
s'est essentiellement élaborée en rejetant I'opposition vaine enire le
qualitatif
et
le
quantitatif.6De
même, la distinctiontrop
radicale, à nos yeux, entre la < démarche compréhensive o et la << démarcheexplicative > doit être dépassée. Toute explication se base avant tout sur une < compréhension > la plus fine et la plus complète possible sous peine de voir I'explication perdre tout sens car toute < compré-hension
> porte en
elle-même les germesde
I'explication. MaxWeber ne distingue-t-il pas,
à
côté dela
compréhension de sens communqui
permet de comprendre, par exemple, o le sens de lirDE LA RAISON A L'IMAGI proposition
2X2=4
... ou une mimique, des interje< une compréhension qu'il ple de la colère, Weber Jprise >, :
Nous comprenons
scuons qu'elle a pa
un
honneur bless, lement : forme irrt < Cornpréhension>
,liées et, dans
la
démarcl sernble indispensable d'econstruit sociologiqueme < significatifs >.
Dans tous ces ccu
ficatifs compréhgn
sion
comme uneffictif
de l'activi, même chose qu' appartient, selonactuellement com)
Ceci nous a amenée
sens que les individus attr
le < sens visé subjectiven L'action sociale, ou n
à la
typologie développt départ,sont
à
situer
dspécifique: par les pratiq acteurs
structurent
et institutionnel particulier.Une démarche essent
semble-t-il,
trop
longten analyse.Elle
doit
perm prendre les significations pensableà
l'étude
de intentionnalités et à la navec les caractéristiques
t
Elle apparaît comme le
Au
coeur
mêmede
I'a tempset la
durée. La permet,en
distinguant éléments centraux de notnt le
plus souvent les autres marche compréhensive (accor_ ,urs donnent à leurs actions)et ns de sens dans
le
cadre plus s interpréter) està
rnême de ulement, on peut envisager les.s
et
les souvenirs, les activitéslidien
mais aussi les rêves, leser
une typologie qui permette rts delue.
[.e modèle < ration_ 'eprésente alors une possibilité seulpoint
de référence. Deux:ndant être abordés
préalable-la
démarche méthodologique dans le cadre d'une démarchesens que les acteurs attribuent
iorte
de situer ces acteurs par :s institutions définies histori-rrnprendre le sens des actions rmpte de la représentation du s orientent leurs actions. rche dtun sens...ons, à l'étude des adéquations
longitudinales
et
aux
grands: < action sociale > en donnant quelques acteurss et à I'histoi-a fois naïf et présomptueux. pis
d'une dérnarche plus iittéraire
r présente ici les grandes lignes,
:tant I'opposition vaine entre le re, la distinction
trop
radicale, rpréhensive > et la < démarchee explication se base avant tout ne et la plus complète possible e tout sens car toute <<
compré-germes
de
I'explication. Maxde
la
compréhension de sens ), par exemple, < le sens de lirDE l-A RAISOT{ À L'rMAclNarRE : MÉTHODE ET RECHERCHE DE sENS 365
proposition
2X2=4
...ou un
éclat de colèrequi
se manifeste par une mimique, des interjections et des mouvements irrationnels... >,7une cornpréhension qu'il qualifie d'explicative ? Reprenant I'exem-ple de la colère, Weber précise comment celle-ci peut être
(
com-prise > :Nous comprenons enfin dans sa motivation une colère si nous
savons qu'elle a pour origine une jalousie, une vanité maladive,
un
honneur blessé (doncsi
elle est conditionnée affectuel-lement : forme irrationnelle par motivation).8"
Compréhension>
et
<< explication Dsont donc
intimementliées et, dans
la
démarche sociologique, inséparables.En
effet,il
sernble indispensable d'envisager l'environnement social
et
I'objet construit sociologiquement comme porteursde
senset
dès lors< significatifs >.
Dans tous ces ccts nous avons affaire
à
des ensembles signï ficatifs compréhensibles, et nows considérons leurcompréhen-sion
comme Ltne explication. < Erkkiren> du
déroulementffictif
de l'activité, o expliquer,
signifiepar
consêquent Iamême
chose qu'appréhender I'ensemble significatif auquel appartient, selon son sens visé subjectivement, Ltne ûctivitéac t ue lle m ent c o mpr é hens ib le.e
Ceci nous a amenée à accorder une importance primordiale au
sens que les individus attribuent à leurs actions :
il
s'agit de dégager le << sens visé subjectivement, y compris I'ensemble significatif".10
L'action sociale, ou mieux l'< activité sociale >, servira de trame
à la
typologie développée uitérieurement; les individus,point
dedépart,
sont
à
situer dans
un
cadresocial
et
spatio-temporel spécifique; par les pratiques et les ressources dont ils disposent, ces acteursstructurent
et
sont
structuréspar
un
environnement institutionnel particulier.ltUne dérnarche essentiellement phénoménologique, laissée, nous semble-t-il,
trop
longtenips dans I'ombre, restela
basede
notre analyse.Elle
doit
permettrede
préciserles
raisonset de
com-prendre les significations des actions sociales;12 elle se révèle indis-pensableà
l'étude
de la vie
quotidienne,à
la
découverte des intentionnalités et à la mise en relation des pratiques quotidiennesavec les carâctéristiques historiques et sociales d'une société donnée. Elle apparaît comme le fondement de toute recherche de sens.
Au
coeur
mêmede
I'approche phénoménologique setrouve
le tempset
la
durée.La
descriptionqu'en donne
Gaston Berger permet,en
distinguant ces deux concepts,de
présenterun
des366 J. ROBERT
La
durée < que norls livre l'expérience phénoménoiogique esttoute autle
chose quele
temps;elle
se donne exclusivernànt au présent; pas du tout un instant serré entre le passé et I'avenir, mais un présent épais dans lequelje
fais I'expérience de la naissance etde
la
mort o.t'Un
autre élément cléqui
servira ultérieurement à élaborernotre
typologie estla
distinôtion,que
relèvele
même auteur, entre < rétention > et << rnémoire > :La rétention est une qctualitê; l'évocation d,un soluenir eil au contraire
la
visée d'une absence...
Cette confusion entre rétention et mémoire, elle est entretenuepar
lefait
que je cherche souventà
saisir non pos la rnort d.u son - cequi
est-larétention et ce qui est une actwalité donnée
-
rnais à àntretenir la vie du son - ce qui est proprernent |imagination - et au rieu defaire
attentionà
ce
qui
se passe vraiment, j,essaie de maintenir artfficiellement dans I'existence ce qui n'existe plus.tr Dès maintehant, on voit se dessiner non seulement un présent, un passé et unfutur
mais également un < ailleurs > lié àI'imagina-tion. celui-ci
peut échapper aux règleset
aux normes légitiâées dansnotre
société, règles empreintesde
rationalitéou -"le
plus souvent - d'intentionnalité, que marque notre rapport au futur. ceta.illeurs
fuit
le < jour lejour
,r, le ,, train-train quôiid;en >, I'occupa_ tionnel, les < passe-ternps > du présent. c'est ie lieu de la créatiàn, de I'imagination et des rêves, celui des mythes et des utopies, ...Esquisse d'une typologie
Un
certain
nombre
de
typologiesont
été
élaborées. Ces typologies doivent perrnettre de mertre en évidence les processuspar
lesquels les activitésde
lavie
quotidienne s'organisànt. Ellessont
susceptiblesde
préciser I'irnportancedes
normes dans la réalisation de ces actions. Accordant une prace non négligeable auxacteurs, elles pourraient permettre la compréhension àJsituations non légitimées par un système de valeurs rationnelles.
Attardons-nous un moment à la typologie présentée par Alfred schtitz, car elle privilégie une approche essentiélrement cômpréhen-sive.'s
selon
la typologie ptopbiee par schùtz,on
peut diitinguer une(
action sensée >>, une < action raisonnable >ou
une u actionrationnelle
>. Une
action
est
< sensée>
quand
le
motif
et
le déroulement de l'action sont compréhensibles pour nous sans qu'iry
ait
de perception des rapports entre moyens et fins.DE r-A RArson À Lruacr Une action sera (< ra
si (elle) semble ser
censée découler t
possibles d'action, même
si
une teltraditionnels ou h' L'action rationnelle,
présuppose que
I'
ffits
secondaires,différents moyens
tient la
fin
avec d utilisant tel ou tel ides différentes fin: des termes soit afi incompatible avec La conception de l'< < conduite humaine, pr'
basée sur un projet précr définie par
A.
Giddens c des projets de I'agent dardu
monde socialet
maiprojet
et
action.Le
typt loin d'être évident. l-e pr l'imaginaire,car
le
poi imaginaire commes'il
(nous
dit
quele
projet
ifaire
à
nouveau:
le
prcdernier point représente
il
accorde à I'imaginatio un certain nombre de re Premièrement, I'exis choix judicieux ou non dvitable.
L'<
action sensée rence permettant de dir Deuxièmement, la l'existence d'un projet pl elle lie un processusd'in
tion ou aux possibilités ,
claires.
Four
qu'il
y
ait réalisable ? On peut en projet donne un acte (réririence phénoménologique est
le
se donne exclusivement au entre ie passé et I'avenir, maisI'expérience de la naissance et é
qui
servira ultérieurement àfinction,
que relèvele
mêmeroire > :
l'évacation d'un souvenir est au ence
...
Cette canfusion entret
entretenuepar
lefait
que je as la rnoft du san - ce qui est laLalité donnée - mais à entretenir 'ement I'irnagination - et au lieu se passe vraiment, j'essaie de I'existence ce qui n'existe plus.la
ner non seulement un présent, un < ailleurs > lié à I'imagina-gles
et
aux norrnes légitimées esde
rationalitéou
-
le
plus lue notre rapport au futur. Cet ain-train quotidien >, I'occupa-:nt. C'est le lieu de la création, ies mythes et des utopies, ...gies
ont
été
élaborées. Cesttre
en évidence les processus luotidienne s'organisent. Elles ,ortancedes
normes dans la une place non négligeable auxl
compréhension de situations leurs rationnelles.typologie présentée par Alfred re essentiellement
compréhen-lar
Schùtz, on peut distinguer raisonnable > ou une < action rsée>
quand
le
motif
et
le,hensibles pour nous sans qu'il :e moyens et fins.
DE i-A RAISoN À r-'tuacrNAltrE : MÉTHoDE ET RECHERCHE DE sENS 367
Une action sera <( raisonnable >> :
si (elle) semble sensée pour l'observateur et qu'elle est, en plus, censée découler
d'un
choixjudiciew
parmi plusieurs lignespossibles d'action, nous pouvons
la
qualifier de raisonnablemême
si
une telle action nefait
que suivre des modèIes traditionnels ou habituels acceptês tels quels.16L'action rationnelle, elle :
présuppose que I'acteur a wne saisie des
finq
des moyens et desffits
secondaires, ce qui implique un regard rationnel sur lesdifférents moyens de parvenir à telle
fin,
les relations qu'entre-tient laftn
avec d'autres conséquences qu'on peul anticiper enutilisant tel ou tel moyen, et finalement, de I'importance relative des différentes fins possibles. La détermination de I'action dans
des termes soit affectuels soit traditionnels est, par conséquent,
incompatible avec I'action rationnelle.ll
La conception de l'<< action > définie par
A.
Schùtz comme une"
conduite humaine, prél'ueà
I'avancepar
son acteur, conduitebasée sur un projet préconçu ,r8 et la < rationalisation de l'action >
définie par
A.
Giddens comme l'<< expression causale du fondement des projets de I'agent dans la connaissance de soi et la connaissancedu
monde socialet
matériel >1e posentla
questiondu lien
entre projetet
action. [-e type delien
qu'impliquent ces définitions est loin d'être évident. [.e projet - dont parleA.
Schùtz - fait intervenir l'irnaginaire,car
le
point de
départ
de tout projet
est
< I'acte imaginaire commes'il
était
réalisé ,.20 Evoquant Husserl, Schùtz nousdit
quele projet
implique une idéalisation,un
<je
peux lefaire
à
nouveau:
le projet
est une anticipationdu futur
>.Si
cedernier point représente un élément essentiel de notre réflexion car
il
accorde à I'imagination une place centrale,il
suggère cependant un certain nombre de remarques.Premièrement, l'existence d'une norme permettant de juger du choix judicieux ou non de moyens par rapport à une fin semble iné-vitable.
L'<
action sensée >, elle-même, implique qu'il y ait une réfé-rence permettant de dire que I'action est compréhensible ou non.Deuxièrnement,
la
définition
même
de
I'action,
supposant I'existence d'un projet préconçu, est intéressante dans la mesure où elle lie un processus d'imagination (un acte imaginaire) à saréalisa-tion
ou aux possibilités de celles-ci. Là, les choses ne sont pas très claires.Pour
qu'il
y
ait
"
action >,le projet
imaginédoit-il
être réalisable ? On peut envisager des situations où la poursuite d'un projet donne un acte (résultat de I'action) différent de celui imaginé368 J. ROBERT
Schùtz ? Par ailleurs, des actes se produisent sans être précédés de
projets
:
doit-on les
considérer comme indépendantsde
toute action ?Enfin,
et
c'est le problème soulevé parA.
Giddens,2i le projetdoit-il
relever de la < conscience discursive > et si oui, jusqu'à quelpoint, pour que I'on puisse parler d'< action > et,
par
la suite, de < rationalisation de l'action > ? L'analyse réalisée parA.
Giddens permet d'ajouter deux éléments essentiels :-
le
premier
a
trait
au
phénomènede
< routinisation n:
,, la routine, tout ce qui est accompli de façon habituelle, est un élément de base de l'activité sociale de tous les jours ,;'2-
le second concerne la < conscience pratique > : celle-ci est relative à la connaissance tacite que les acteurs ont des choses sans pouvoir l'exprimer de manière discursive.23Ces deux remarques évoquent la position adoptée par Bourdieu
et
reprise
par
Yves
Winkin2alors
de
l'analysedu
débat
Els-ter/Bourdieu. F. Bourdieu
fait
allusion à une situation qui ne seraitni le
résultat
d'un
processus inconscient,ni
celui
d'un
calcul<< conscient
et
rationnel > mais le <produit
(...) du sens du jeu,.
Comme le joueur de football, I'acteur connaît les règles du jeu, il
sait < saisir
la
balle au bond)
et
enretirer
un profit
maNimal;l' cependant,cette situation
ne
répond-ellepas
à
des
règles qui doivent, dans le cas ciu jeu, amener un résultat rationnel par rapport à unefin
: la victoire de l'équipe sur l'autre équipe ?De même, si Anthony Giddens explique par la < routinisation >
et
la
< conscience pratique> la
constructiondu
social
et
des structures, notamment par l'intermédiaire du langage,il
laisse dans l'ombre cequi
ne coffespond pas aux habitudes, cequi
relève deI'imprévu.
Il
n'empêche, cependant, que la théorie développée par A.Giddens et, notarnment, le rôle que la routinisation est suscepti-ble de jouer dans la création et la perpétuation du pouvoir est digne d'unvif
intérêt :Le pouvoir est
la
capacité de produire des résultats. Que ces résultats soient liés à des intérêts purement sectoriels ou non nerelève pas de sa définition. Le pouvoir n'est pûs, comrne tel, wr obstacle à la liberté ou à l'émancipation; bien au contraire,
il
est
leur
mêdium-
toutefois,il
serait ridicule, assurément,d'ignorer ses propriétés contraignanles. L'existence du pauvoir présuppose celle de structures de domination grâce auxquelles
il
opère,en
< circulanten
douceur>
dans les procès de reprad.uctian sociale(où
il
est,en
quelque sorte, o invi-sible ,).26DE IA RAISON A L'IMAGINAI] Nous évoquerons à nouv, plus particulièrement le proc temps.
Comme
on le
voit,
le
1d'une pafi, du rapport des
n
rêt, d'autre part, semblent J
retient, à cet égard, toute n<
ne fût-ce que de préciser si non.
I-e fait
de
dire
qu'un sons,r"
d'agir de
telle
ou question. tæ problème rest€Qui fixe
celle-ci ? Dans qu' privilégie-t-elle ?Par ailleurs,
qu'il
s'agisstprojet (associant l'imaginati< médium de liberté ou d'émar fonction des normes, on rest
encore, de bien peu de mét La typologie proposée ci temps. Elle situe ies actions ont de celui-ci et prévoit ég
tation du ternps et I'orientat
les. Car, lorsque Max Weber < actions rationnelles par ra nelles par rapport à une val
les << actions traditionnelles
sociale et économique cara( en plus poussée, liée à I'acqr cratisation.2e Au contraire, a ce système donne des signes
dérèglements de plus en plus
nornbreux < effets pervers rapides
pour
permettre, a'{socialisation < adéquate >,gt
nous a amenée à envisager
sion
que
l'on
qualifiera de apparaît une autre dimensi norme ,r, d'un ,, hors temps actions sociales passe par laet
des < types idéaux>
qu < intentionnel>,
< occupat d'autre part. Ces < types idé.sent sans être précédés de
e
indépendantsde
touterar A.
Giddens,2l le projet ive > et si oui, jusqu'à quel ction > et, par la suite, de ;e réalisée parA.
Giddens :ls :Je
<< routinisation >:
(
la r habituelle, est un élémentours >;22
,ique > : celle-ci est relative rnt des choses sans pouvoir
ition adoptée par Bourdieu
:
l'analysedu
débat
Els-L une situation qui ne serait
ient,
ni
celui d'un
calculduit
(...) du sens du jeu o.:onnaît les règles du jeu, il
etirer un
profit
rnaxirnal;z'elle
pasà
des règles qui sultat rationnel par rapport utre équipe ?que par la < routinisation >
truction
du
social
et
desre du langage;
il
laisse dansrabitudes, ce qui relève de
: la théorie développée par e routinisâtion est suscepti-uation du pouvoir est digne ,duire des résultats. Que ces
'urement sectoriels oLt non ne voir n'est pes, cornftle tel, wt 'ipatian; bien au contraire,
il
serait ridicule, assurément,
mtes. L'existence du pouvoir domination grâce awcquelles Lceur
>
dans les procèsdt
en
quelque sarte,"
invi-DE t-A RAISow À r-'rrraacrNAlRE : MÉTHODE ET RECHERCHE DE SENS 369
Nous évoquerons à nouveau ce point lorsque nous envisagerons plus particulièrement le processus de légitimation et son rapport au
temps.
Comme
on le voit, le
problèmede
I'explication des projets, d'une part, du rapport des moyens aux fins et notamment de I'inté-rêt, d'autre part, semblent primordiaux.La
question dela
norme retient, à cet égard, toute notre attention, cette norme qui permet ne fût-ce que de préciser si une action est(
cornpréhensible > ou non. Læfait de dire
qu'un individu
a ou
non
de
< bonnes rai-sons )>27d'agir
de telle ou de telle
manièrene
résout pas cettequestion.
k
problème reste entier;il
s'agit de préciserla
norme.Qui fixe
celle-ci ? Dans quel cadre de référence?
Quelle valeur privilégie-t-elle ?Par ailleurs,
qu'il
s'agisse de la définition de la mémcire ou du projet (associant l'imagination), du rôle joué par le pouvoir comme médium de liberté ou d'émancipation de I'orientation des actions en fonction des norrnes, on reste bien démuni. On dipose, aujourd'hui encore, de bien peu de méthodes pour aborder ces questions.La typologie proposée ci-dessous se base essentiellement sur le temps. Elle situe les actions selon la représentation que les acteurs
ont de celui-ci
et
prévoit également des situations oùla
représen-tation du ternps et I'orienreprésen-tation des actiorls semblent peurationnel-les. Car, lorsque Max Weber élabore sa typologie en distinguant les
(
actions rationnelles par rapport à unefin
>, les < actions ration-nelles par rapport à une valeur >r, les ,, actions émotionnelles >> etles << actions traditionnelles o,28
il
est influencépar
une situation sociale et économique caractérisée par une rationalisation de plus en plus poussée, liée à l'acquisition de compétences eL à la bureau-cratisation.2e Au contraire, aujourd'hui, ûn ne peut ignorer combien ce système donne des signes d'essouflement, rnanifeste de multiplesdérèglements de plus en pius difficilement maîtrisahles, et suscite de nombreux < effets pervers
>. Une
société aux changements trop rapidespour
permettre, avecles
règlesdont elle
dispose, une socialisation < adéquate >, génératrice de < décrochages > multiples, nous a amenée à envisager une typologie où, à côté d'une dimen-sionque
I'on
qualifiera
de
< temporelle>
(passé-présent-futur), apparaît une autre dimension, celled'un
< ailleurs >>,d'un
< hors norme >r, d'un < hors temps >. La < compréhension explicative > desactions sociales passe par la prise en cornpte de ces deux dimensions
et
des < types idéaux> qu'on peut
leur
associer:
< rationnel >, < intentionnel>,
< occupationnel>,
d'une
part,
., imaginaire >, d'autre part. Ces(
types idéaux >, rappelons-le, se retrouventrare-370 J. ROBERT
ment tels
quels dansla
réalité, ce sont desoutils,
des modèles réduits aux traits forcés nous permettant d'analyser la réalité.s tæstypes u rationnel > et < intentionnel > mettent I'accent sur le futur. IJs sont liés aux projets, à la poursuite d'objectifs. Ils supposent que
des moyens soient mis en place
pour
atteindre ces buts, que ces moyens soient perçus comme << raisonnables>
ou
< rationnels >,qu'il
y
ait
de
< bonnes raisons> d'y
recourir.l-e
type
o occupa_ tionnel"
privilégie le présent, souvent le passe-temps, rnais accoide à celui-ci une signification que la vie des individus, leurs manières de vivrele
passéet
d'envisagerle
futur
contribuentà
définir. tætype
(
imaginaire > semble horsdu
temps. trl échappe aux prévi_sions,
au
monde < rationnel>.
Il
n'a
pasolr peu de
< bonnes raisons > comme justifications. Læs acteurs se réfugient dans le passé ou se projettent dans le futur, comme s'il s'agissait d'autres mondes. C'estun
univers de rêves, d'utopies, de rejet des normes. parfois c'est un peu comme l'envers du décor.Temps et liherté
Échapper à l'enfermernent par la norme représente le défi que
l'on a
souhaité releveren
élaborant une typologie baséesur
letemps, en prévoyant I'existence d'autres cadres de référence liés à
une représentation du temps échappant aux règles fixées dans un cadre rigide de rapport moyen/fin,
de
rationalitéou
d'intention-nalité.La
mise en évidence de cadres de référence multiples, étapeinévitable
en vue de
permettre I'interprétation des actions, Aôit nécessairement passerpar la
priseen
comptede
I'histoire, desvaleurs culturelles qui r,larquent les institutions et la vie quotidienne des individus. Le processus de légitirnation,
(
procès micro-social, se traduisant par I'adhésion plus ou moins profonde aux systèmes de "règles-norrnes-valeurs",31 et la légitimité, d'ordre macro-social, cor-respondant "à un donné" figurant dans les systèmes dereprésenta-tion
expliciternent diffuséspar
les institutionsot',
permettent de comprendre l'éclatement actuel de la culture et de la socialisation, les contradictions des institutions et des modèles de référence.r, Ils nous amènent àjustifier
la typologie développée ci-dessus dans un contexte historique et culturel donné, à comprendre les formes depouvoir cachées abordées précédemment
et à
mettre en évidence les diverses références temporelles.l-e
débat
méthodologique engagé aux États-Unis ilh.lstre la question soulevée ici. Ce débat voit s'affronter, aux États-Unis, deuxDE LA RAISot't À t-'tuactt't' courants. Celui de I'actior
man,'
celui de la sociolog les travaux deWilliam
Se'le
prernier Prend co sociologique;il
souligne <intentions des acteurs avat
au macro-sociologique, ce ticulièrement
difficile.s
l orientée vers unbut
exPl ques de fonder une réelle préciser que ce courant données quantitatives et nà un système d'actions.s
Le
second çourant Pi tions des individus ne soret cultureilement. trl tient de soi, les émotions, le
t
n'est pas privilégié à Priol-es
développements davantage dansce
secodonnées factuelles ne co substance même du mon En conclusion, le terr
ou
de
bouleversements d'intériorisation des ma aussi de ne Pas Penser,accompagne
la
raison, tmême de réintroduire I'ir
définit un passé, un Prés
ces trois moments, ces
tr
cet ordre, de romPre les Dès lors, la mise en r
d'une part, la Prise en c donnent les acteurs, d'a I'objectif ambitieux mais
attribue à la sociologie ... nous serions ainsi philosoPhie aPPliquér
ott
comme une sciet celle-ci.Le
Problèr volontarisme,dès
lt;ont
desoutils,
des modèles ant d'analyser la réalité.s Læsmettent I'accent sur le futur. d'objectifs. Ils supposent que
r
atteindre ces buts, que ces lnnables>
ou
<( rationnels >,recourir.
Le
type
<( occupa-le passe-temps, rnais accorde des individus, leurs rnanièrestur
contribuent àdéfinir.
tæ[emps. trl échappe aux
prévi-'a
pasou
peu
de
< bonnes eurs se réfugient dans le passé s'il s'agissait d'autres mondes.de rejet des normes. Parfois
i.
norrne représente le défi que
une typologie basée
sur
le:es cadres de référence liés à
rnt
aux règles fixées dans unle
rationalitéou
d'intention-le
référence multiples, étapeerprétation des actions, doit 3n compte
de
I'histoire, des ;titutions et la vie quotidienne tion, < procès micro-social, se ns profonde aux systèmes de ité, d'ordre macro-social, cor-rs les systèmes de représenta-rstitutions >32, permettent deculture et de la socialisation, es modèles de référence.t' Ils Céveloppée ci-dessus dans un à comprendre les formes de
rent
età
mettre en évidence;é
aux
États-Unisillustre
laffronter, aux États-Unis, deux
d 'g g T n n
I
à at I d { I I i T .1 a I Ii
ci
Y Ë Ë ë :!:
.:5 g ::: -€ Ë ::.:
,€ .{€
, 1 :â 3I
:? 5 = '= .Ë g a = É = =:e a =g = = g = = g q à à € g 3 g c â{ nDE I-A RAISON À T-'TUACTNAIRE : MÉTHODE ET RECHERCHE DE SENS 371 co1lrants. Celui de I'action rationnelle, représenté par Ja.mes
Col-rnur,t
celui de la sociologie historique et comparative qu'illustrent les tiavaux deWiiliam
Sewell'35I,e premier prend
commepoint de
départle
niveaumacro-,o"ioùg'iqu";
il
souligne ensuitéla
nécessité detenir
compte des intentions des acteurs"avant de passer du niveau micro-sociologique uu ,nu.ro-tociologique, cette ffôisième et dernière étape étantpar-il;i6;"*;nt
difTicilel
I-.e recoursà
I'action
intentionnelle ouorientée vers un
bul
explicite permet alors aux recherchesstatisti-;;;;
d"
fonder une réeile théôrie de I'acrion." Ondoit
cependantnréciser que ce courant est essentiellement évoqué
-à
propos de5;;;;
à-rà"iir"ii""s
et ne connaît que peu d'applications relativesà un système d'actions.s
I-e second çourant part du point de vue que les buts
et
inten-tions des individus ne sànt pas âonnés mais constitués socialement ei culturellement.Il
tient cômpte d'éléments tels que 1a réalisation àL,oi,
les émotions, le tempset
i'espace,"''nI-"
modèle.rationnel;L;;r.t
privilégié à priori. iæs acteurs sont situés historiquement.rcs
deuetoppemènts précédentspermettent
de
nous
situer davantage dani ^ce,".onà
courant.bans
cette
perspective, les données"factuelles ne constituent qu'< une des composantes de la,rrbrtu"""
même du rnonde social tt'aoEnconclusion,letemps,facteurdemesureoudecalcul'd'ordre
ou
de
bouleversements,^ apparaît commeun
élément essentiel d,intériorisation des manièies de penser,d'être ou
defaire
mais aussi de ne pas penser, ne pasfaiie ou
ne pas être' l-e temps quiu".à"rpug"e'la
iaison,maii qui la fait rimer
avec passion est à mCme'OJreintroduire i'imaginâire au coeur des projets,le temps qui définit un passé, un préseni et un futur, qui dessine des.liens entreces trois moments, côs trois périodes, est susceptible de bouleverser cet ordre, de rompre les liens, d'engendrer de nouveaux états, ...
Dès lârs, la mise en évidence du temps et de ce
quilui
échappe, d'une part, ia prise en compte des représentations multiples qu'en donnent les acteurs, d'autrà part, sont susceptibles de répondre à 1'objectif ambitieux rnais ô combien passionnant que claude Javeau attribue à la sociologie :''.nousserionsainsiconviësàenvisagerlasociologiecommeune philosophie appliquée, et non comme une rivale de la philosophie'
ou
comme une icience qu'il faut protéger des empiètements decelle-ci,Leproblèmedel,oppositionentredêterminismeet
volontarisme, dès lors,
se
trouveraitposé
en
des termes trèsscienti-372 J. ROBERT
fiquement > l'existence de I'un ou d.e l'autre, mais bien de postuler la liberté, comprise si I'on veut comme attribut ontologique-majeur,
dans sa confrontation avec les < déterminants > structuratlx,
historii-ques, biologiques et autres, dont ta recherche anthropologique
fait
sa nourriture habituelle.alNOTES
7. Par o métltode >, nous entendons un < prograftTtne régrant d'avance une suite
d'opérations
à
accomplir et signalant certain.s errementsà
éviter, en vued'atteindre un résultat déterminé
"
(Lalande). Ir s'agit donc d'un cheminement intellectuel conçu pour prendre en compte coffectement le problènte que l,on sepose et pour parvenir, en intervenant tout aussi coffecternent sur les données foumies de I'empiie, à une n solution > acceptable dudit probtème, en l,occunen_
ce, à une proposition cohérente d'explication et de comprélrcnsion, JAVEAU cl.,
Leçons de sociologie, Paris, Méridiens Klincksieck; 19i18, p. 107.
2. GeNaRo J.L.
"
Le statut de la morale dans le discours sociologique >, invail
HaecHr A.(textes réunis par), volontarisme et détenninisnle'dans les sciences sociales, Bruxelles, [-es Éperonniers, coll. Sciences pour I'homme, 1990,pp.105-112.
3. JAVEAU Cl., Leçons de sociologie, Faris, Méridiens Klincksieck, 19gg, p. 36.
4. Ibid., p.35.
5.
la
place de l'analyse des discours dans l'approche sociologique est abordéepar Monique HTRSCTHHoRN. celle-ci, tout en estimant qu'il soit < possibie cle
faire.une sociologie compréhensive sans pour autant donner une place centrale au discours de I'acteur
,
(p. 84), précise cependant c;ue < la piace qu,il faut donner au discours de I'acteur, I'analyse qu'ii faut en faire est donc bien un desproblèmes es-senriels de la sociologie compréhensive
"
(p. {l{t). (HrnscHnonn M., < Doit-on s'intéresser aux discours <jes acteurs ? >, ln VaN HapcHr A.(textes réunis par), volontaisme et détenninisnte rlans les sciences socialcs,
Bruxelles, Les Eperonniers, coll. Sciences pour I'homme, 1990, pp. 105-l l2). 6. Bar-q.Note,B G., < Brève introduction à tJes questions <ie mêthodes
,,
rnRecherches sociok;giques, vol XVI, n" 2, 1,985, p.204.
7. Wesen M., Econontie et société, traduit de l,allemancl par Fneuno J. et al.,
Paris, Plon, 1911 (1" ér). 1922), p. B.
8. Ibid.
9. rbid.
10. Ibid.
11.Voir,àceprop<ts,GrDDENS A.,Laconstructiondelasociété,paris,presses
Universitaires de France, coll. Sociologies, l9l{7.
12. BERGER G., Phénonténologie du temps et prospective, Paris, presses
Univer-sitaires de France, 1964, p. 51. 13. Ibid., p. i50.
14. Ibid., p. i30.
DE I-A RAISON À L'IMAGIN
15. ScHûTZ
A'
Le chercheu sociales (trad. NoscHIS-GILLII16. Ibid., p. 35.
11. Ibid.
18. Ibid, p.26.
19. GIDDENS A., New rules
I nterpret at iv e S ociologies, Lonc
20. Scgitrz A, op. cit., pp.2( 21. GIDDENS A., La constructt 22.Ibid.
23. Ibid.
La capacité rétlexive de I' flot des conduites quotidiet Par ailleurs, la réJlexivité n
agents savent de ce qu'ils ft en tant qu'agents relève da
ce que les acteurs connaiss la vie sociale sans pour discursive.
24. WINKIN Y.,
(
Le débat Elspar), Volontaisttte et détermin. 25. Ibid., p. 63.
26. CTDDENS A., La t'onsrituti
27. Yoir à ce propos, BouD( fragiles ou fausses; Paris, Faya 28. WEspn M., Economie et s
29. Les analyses qu'il (Weber
modeme montrent sans équi essentiellement une question de
avec méthode et cohérence un'
rationalisation prit un nouvea) dépendante. d'un savoir, fond
scientifique, d'autrc part, elle désenchantenrcnt croissant, cor,
crois.sante, affecte
à
la fois I (Fnettuo J., < Rationalisatior n " 35, 19U-5, pp.237-348, p. 230. Voir à ce propos WATKII tion >, in FEI(;L H. and Bnon Science, New York, Appleton
CnNcutlHev G., Etudes d'lùs
philosophique J. Vrin, 2" éd.,
WespR M., Eçsarç sur la théor,
J.), Paris, Plon, 1964 (1" éd. 1
31. VAN FIeEcst
4.,
< Soctification problématique ,, in.
e I'autre, mais bien de postuler
ne attribut ontologique majeur, 'rminants > structuraux,
histori-rec herche anthropologique
fait
gre.nune réglant d'avance une suite
ains enements
à
éviter, en vuel.
Il
s'agit donc d'un cheminement rrectement le problème que l'on se'ussi conectetnent sur les données able dudit problème, en l'occunen-et de contprélrension, JAVEAU Cl.,
isieck, 19t18, p. 107.
ans le discours sociologique >, in rtttisnte et détenninisnre dans les coll. Sciences pour I'homme, 1990,
{éridiens Klincksieck, 1988, p. 36.
pproche sociologique est abordée
n estimant qu'il soit " possibie de
'autanl donner une piace centrale
pendant que < la place qu'il faut
faut en faire est donc bien un des
!hensive
"
(p. l.{8). (HtRSCHHoRN acteurs ? >, rn VeN HaeCHr A. [nisme dans les sciences sociale,ç, rur I'homme, 1990, pp. i0-5-112).des questions de méthodes >,
lr
i, p.204.
: I'allemand par FneUNo J. et al.,
uctbn de la société, Paris, presses
987.
orospective, Paris, Presses
Univer-DE I-4. RAISON À L'IMAGINAIRE : MÉTHODE ET RECHERCHE DE SENS 373
15. SCHûTZ A., Le chercheur et le quotidien Phénoménologie des sciences
sociales (trad. NoscHIS-G[LIERoN A.), Paris, Méridiens Klincksieck, 1987. 16. Ibid., p. 35.
1't. Ibid.
18. Ibid, p.26.
19. GIDDENS A., New rules of Sociological Method.
A
Positive Citique of Interpretative Sociologies, London, Hutchinson, 1971 (1" éd. 1976), p. 85.20. Scsitrz
A,
op. cit., pp.26-27.21. GIDDENS A., La construction de la société, op. cit., p.33. 22.Ibid.
23. rbid.
La capacité réflexive de I'acteur lumain est constamment engagée dans Ie
flot des conduites quotidiennes, dans les divers contextes de i'activité sociale. Par ailleurs, la réflexivité n'opère qu'en partie au niveau discursif : ce que les agents savent de ce qu'ils font et de ce pourquoi ik le fant
-
leur compétence en tant qu'agents relève davantage de la conscience pratique, laquelle est toutce que les acteurs connaissent de façon tacite, tout ce qu'ils savent faire dans la vie socictle sens pour eutant pouvoir l'expimer directement de façon discursive.
24. WINKIN Y., < L-e débat Elster-Bourdieu > in VRN HaecHr A. (textes réunis
par), Volontaisme et déterminisnte dans les sciences sociales, op. cit., pp. 61-66. 25. Ibid., p.63.
26. GIDDENS
A,
La constitution de la société, op. cit., p. 319.2l
.Yoir
à ce propos, BouooN R., L'art de se persuader des idées douteuses,fragiles ou fausses, Paris, Fayard, coll. L'espace du politique, 1990.
28. Wesen M., Economie et société, op. cit., pp.22-23.
29. Les analyses qu'il (Weber) a faites de l'époque qui a précédé le monde
modeme montrent sans équivoque que
la
rationalisation n'était pas alors essentiellentent une question de savoir, mais une aptitude à organiser relativement avec ntéthode et cohérence une activité quelconque. Avec I'intellectualisation, ktrationaliscttion prit un nouveau visage. D'une part, elle devint de plus en plus
dépendante d'un savoir, fondé principalement sur la science et la teclmique
scientiflque, d'autre part, elle s'insinua dans les îtmes. Toujours est-il que Ie
désenclnntentent croissant, consécutif à la rationalisation et à l'intellectualisation croissante, c{fecte
à
Ia foisla
vie publique etla
vie prit,ée ou individuelle (Fnet;Nn J., < Rationalisation et désenchantement >>, in L'année sociologique,n'
35, 19{l-5, pp. 237-348, p. 2a3).30. Voir à ce propos WATKINS J.W.N., < Idéal types and historical explana-tion >, in FEIGL H. and BRoosecx M. (Editors), Readings in the Philosophy of Science, New York, Appleton-Cenrury-Crifts, PNC, 19-53, pp.722-743.
CRNc;utLggn,t G., Etudes d'listoire et de philosophie dcs sciences, Paris, Librairie
philosophique J. Vrin, 2" êd.,1910, p. 318.
WEnpn
M.
Essais sur Ia théorie de Ia science, (trad. de I'allemand par FReuNo J.), Paris, Pion, 1964 (1" éd. 1904), p. 181.31. VAN HAECHT
4.,
< Sociation, socialisation et légitimarion:
uneiden-tification problématiqu e >, in Analyse des modes de socialisation. Confrontations
374 J. ROBERT
32.Ibid.
33. Ibid., pp. t9t-192. 34. COLEMAN J. S., < So^cial
T"o.y,
Social Research and a Theory of Action >,t3^Altencan loum.al of Sociologt, vol. 91,
n.
6, mai 19g6, pp. f:ôS-iS3S.
rour une application de ce courant en Europe, voir res
tr"uà*
de R. BouDoN,
et. la critique qu'en donne vaN peRIrs ph.,
.
Socioloryas Gene."r-E.ono-mics >, inArclives européennes de sociologie,vol. XXII,"i9g1, pp.
iiS_ZZ+. 35. SewEI- W. H., < Commentary and Debate : the Current State of
Socio-logy,, in AmeicanJoumal of Soiiotogt,vol. 93,
n.
1, 19gg, pp. 166_172.36. CoreuaN J.S., op. cit., pp.t322_13n. 37. Ibid., p. 1314.
38. Ibid", p. 1332.
39. SEwELL W.H., op. cit.
40' JAVEAU cl., < Vie quotidienne et méthode ,,, in Recrterches sociorogiques,
vol. XVI,
n'
2, 1985, p. 288.41' JAVEAU cl., < philosophie. et sociologie : une exproration problématique >,
in.VaN HaEcHr A. (textès réunis par),"zorontaisme
et détemtinisme dans res
sciences sociales, op. cit., p. 26.
,A,cÉivité
ludique
€pour
une
socia
prirne
enfance
Daniel
VANDER
GUCHT Université Libre de BruxellesLa
notion d'enfanceIl
est peu de notions qui révèlentà
I'analyse plus m Philippe Ariès n'a du reste 1telle
que nousla
concevon. séparé de l'espace-temps et quelque sorte une inventio de sentiments qu'ont pu épileurs enfants.
On le voit
t éminemment sociale, coml'individu en âges de 4a vie
-I'autre. Ce découpage socia
de passage,2
qui
peuvent eudémarcages sociaux; c'est ce qualifiait aussi bien ces rites ,
tion
>.3Ainsi,
dansla
Ror jamais au rang d'adultes, c' raient assimilés à l'état d'enterme générique de puer dé
esclaves. L'enfance est donc r
non seulement vis-à-vis des
I
rapportà
la
cité : l'enfant
,d'incapacité politique (infan: celui qui ne parle pas, qui
r
soumission