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Dépistage de la consommation d’alcool à l’adolescence et connaissance des risques. Enquête auprès de 58 médecins généralistes des Yvelines

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(1)

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Dépistage de la consommation d’alcool à l’adolescence et

connaissance des risques. Enquête auprès de 58

médecins généralistes des Yvelines

Laura Goehrs

To cite this version:

Laura Goehrs. Dépistage de la consommation d’alcool à l’adolescence et connaissance des risques. Enquête auprès de 58 médecins généralistes des Yvelines. Médecine humaine et pathologie. 2012. �dumas-01471778�

(2)

AVERTISSEMENT

Cette thèse d’exercice est le fruit d’un travail approuvé par le jury de soutenance et réalisé dans le but d’obtenir le diplôme d’Etat de docteur en médecine. Ce document est mis à disposition de l’ensemble de la communauté universitaire élargie.

Il est soumis à la propriété intellectuelle de l’auteur. Ceci implique une obligation de citation et de référencement lors de l’utilisation de ce document.

D’autre part, toute contrefaçon, plagiat, reproduction illicite encourt toute poursuite pénale.

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(3)

UNIVERSITÉ PARIS DESCARTES

Faculté de Médecine PARIS DESCARTES

Année 2012

N° 124

THÈSE

POUR LE DIPLÔME D’ÉTAT

DE

DOCTEUR EN MÉDECINE

Dépistage de la consommation d’alcool à l’adolescence et

connaissance des risques. Enquête auprès de 58 médecins

généralistes des Yvelines

Présentée et soutenue publiquement

le 4 octobre 2012

Par

Laura GOEHRS

Née le 13 juin 1981 à Versailles (78)

Dirigée par Mme Le Docteur Annie Catu-Pinault

Jury :

M. Le Professeur Philippe Jaury ……… Président M. Le Professeur Philippe Lechat

M. Le Professeur Philippe Lévy M. Le Docteur Basile Gonzales

(4)

2

REMERCIEMENTS

A Monsieur le Professeur Philippe Jaury,

Pour avoir accepté la présidence de ce jury. Veuillez croire en l’expression de

tout mon respect.

A Monsieur le Professeur Philippe Lechat

Je suis très sensible à l’honneur que vous me faites en acceptant de juger cette

thèse.

A Monsieur le Professeur Philippe Lévy

Je vous suis infiniment reconnaissante d’avoir accepté de participer à mon jury.

Merci de votre aide et de votre disponibilité.

A Monsieur le Docteur Basile Gonzales

Je vous remercie de faire partie de ce jury. Soyez assuré de ma profonde

grati-tude.

A Madame le Docteur Annie Catu-Pinault

Pour avoir encadré mon travail.

(5)

3

A mon père, pour m’avoir conseillé de ne pas faire ma médecine, m’avoir

per-mis de la débuter, et surtout de la finir. Merci pour ton soutien dans toutes les

circonstances et tout ton amour.

A ma mère, merci pour ton amour, ton écoute, ta patience, merci d’être toujours

là pour moi

A mes frères, qui ont toujours été d’un soutien sans faille

A mes grands-parents, pour leur soutien et leur présence.

A Edouard, parce que la vie est tellement belle avec toi.

A mes amis, pour leur écoute et leur présence durant ces longues années.

A ceux qui ont participé à ce projet :

Aux médecins généralistes des Yvelines qui ont accepté de répondre à mes

ques-tions

A Martin Blachier, pour son aide et sa disponibilité.

(6)

4

SOMMAIRE

Liste des abréviations p.6 Liste des figures et tableaux p.7

Introduction p.8

I. Etat des lieux : l’alcool et l’adolescent p.10 A. L’alcool à l’adolescence p.10

1. Terminologies p.10

2. Classifications des conduites d’alcoolisation à l’adolescence p.11 3. Épidémiologie de la consommation d'alcool à l'adolescence p.12 4. Le binge drinking p.16 5. Les risques à court terme de l’abus d’alcool p.18 6. Les risques à moyen et long terme p.21 7. Les outils de dépistage p.24 8. La prévention et les moyens de prise en charge thérapeutique p.26 B. L’adolescent et le médecin généraliste p.30 1. La consultation en médecine générale p.30 2. Connaissances et attitudes des médecins généralistes sur la consommation

d’alcool des adolescents p.31 II. Matériel et méthode p.34

1. Objectifs de l'étude p.34 2. Type d’étude p.34 3. Population étudiée p.34 4. Analyse des données p.37 5. Recherche bibliographique p.39

III. Résultats p.40

1. Caractéristiques de la population étudiée p.40 2. Description du dernier adolescent vu en consultation p.43 3. Le médecin, l’adolescent et son mode de vie p.46 4. L’alcool en consultation p.48 5. Motivations déclarées des médecins pour ne pas parler systématiquement

d’alcool

p.51

(7)

5

7. Les risques liés à la consommation nocive d’alcool p.54

IV. Discussion p.58

1. Discussion des principaux résultats p.58 2. Limites et biais méthodologiques p.69

V. Conclusion p.71

VI. Bibliographie p.73

VII. Annexes p.79

Annexe 1 Questionnaire de l’étude p.79 Annexe 2 Questionnaire ADOSPA ( version française du CRAFFT) p.83

(8)

6

LISTE DES ABREVIATIONS

AAIS : Adolescent Alcohol Involment Scale ADOC (groupe) : Adolescents et conduite à risque

ADOSPA (test) : ADOlescents et Substances PsychoActives AUDIT (test) : Alcohol Use Disorders Identification Test CRAFFT (test) : Car Relax Alone Forget Family or Friends

CREDES : Centre de Recherche, d’Etudes et de Documentation en Economie de la Santé CSAPA : Centre de Soin d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie

DEP-ADO : grille de dépistage de consommation problématique d’alcool et de drogues chez les adolescents et adolescentes

ESCAPAD : Enquête sur la Santé et les Consommations lors de l’Appel de Préparation à la Défense

ESPAD : European School survey Project on Alcohol and other Drugs HAS : Haute Autorité de Santé

HBSC : Health Behavior in School-aged Children HPST (loi) : Hôpital Patient Santé Territoire

INSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques INSERM : Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale

IRDES : Institut de Recherche et de Documentation en Economie de la Santé IREB : Institut de Recherche scientifique sur les Boissons

IVG : Interruption Volontaire de Grossesse

NIAAA : National Institute on Alcohol and Alcoholism OFDT : Observatoire Français des Drogues et Toxicomanies OMS : Organisation Mondiale de la Santé

ORL : Oto-rhino-laryngologie

SAAA : Score d’Abus d’Alcool chez les Adolescents VIH : Virus de l’Immuno-déficience Humaine

(9)

7

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1. Caractéristiques des médecins

Tableau 2. Ouverture de la consultation en fonction des caractéristiques du médecin et de

l’adolescent

Tableau 3. Thèmes abordés relatifs au mode de vie

Tableau 4. Thèmes abordés selon le sexe du médecin

Tableau 5. Thèmes abordés en fonction du sexe de l’adolescent

Tableau 6. Evocation de l’alcool durant la consultation en fonction des caractéristiques du

médecin

Tableau 7. Caractéristiques des adolescents interrogés

Tableau 8. Raisons pour ne pas avoir abordé le thème de l’alcool

Tableau 9. Raisons pour ne pas parler systématiquement d’alcool avec les adolescents

Tableau 10. Risques spontanément cités par les médecins

Tableau 11. Risques reconnus par les médecins

LISTE DES FIGURES

Figure 1. Répartition des médecins

Figure 2. Les motifs initiaux de la consultation

Figure 3. Les autres thèmes abordés lors de la dernière consultation

Figure 4. Les thèmes abordés en consultation

(10)

8 INTRODUCTION

La consommation excessive d'alcool en France est un problème majeur de santé publique. En

2010, près de 4 adultes sur 10 présentaient une consommation d’alcool à risque [1].

Chez l’adolescent, les conséquences d’une consommation d’alcool notamment par binge

drinking peuvent être graves. Le risque de développer une alcoolo-dépendance à l’âge adulte

augmente notamment avec la précocité de l’initiation au binge drinking [2].

Depuis les deux dernières décennies la consommation chez les adolescents est l’objet d’études

à l’échelle nationale et européenne. Les expérimentations de l’alcool et de l’ivresse sont

stables mais les ivresses répétées et les consommations ponctuelles sévères augmentent. En

2011, 91% des adolescents de 15 ans avaient expérimenté l’alcool et l’usage récent était passé

de 60% à 67% en 12 ans [3]. Près de 28% des adolescents de 17 ans présentaient des ivresses

répétées. L’alcoolisation par binge drinking a été expérimentée par près de la moitié des

adolescents à 17 ans [4].

Le gouvernement a fait de la réduction de la consommation d'alcool un de ses objectifs dans

le cadre du Plan Santé 2007-2011 et le Plan Santé Jeune de février 2008 a prévu la mise en

place d’une consultation de prévention dédiée à l'adolescent. Le concept de réduction des

risques pour l’alcool voit le jour depuis quelques années notamment avec les techniques du

repérage précoce et des interventions brèves.

Les adolescents consultent peu leur médecin, n'y voyant pas toujours un lieu propice d'écoute

et d'aide. Cependant près de 75% des adolescents consultent au moins une fois par an leur

médecin, notamment pour des certificats pouvant permettre l’élargissement de la consultation

à d’autres thèmes [5]. Les modes de consommation d’alcool évoluent chez les adolescents

(11)

9

menées sur l’attitude des médecins généralistes face à la consommation d’alcool des

adolescents [6][7].

Devant la médiatisation du binge drinking chez l’adolescent, le constat personnel de

consultations d’adolescents très jeunes aux urgences pour alcoolisation aigue et le concept de

réduction des risques développé initialement chez l’adulte, nous nous sommes demandé

quelles étaient les connaissances des médecins des nouveaux modes de consommation et des

risques liés à la consommation d’alcool à l’adolescence.

Après avoir établi un état des lieux de la consommation d’alcool des adolescents en France,

nous dresserons le tableau des spécificités de la consultation des adolescents en médecine

générale. Notre étude s’attachera alors à décrire l’attitude de médecins généralistes vis-à-vis

de l’alcool lors d’une consultation avec un adolescent avec deux questions centrales : les

médecins parlent-ils d’alcool ? Quelles sont leurs connaissances des risques encourus et des

(12)

10

I.

ETAT DES LIEUX : L'ALCOOL ET L'ADOLESCENT

A. L'alcool à l’adolescence

1. Terminologies

1.1 Usage et mésusage

En 2001 la société française d’alcoologie a proposé l’utilisation des termes usage et

mésusage [8] :

- Non usage : conduite à l’égard des boissons alcooliques caractérisée par l’absence de

consommation qu’elle soit primaire ou secondaire à un mésusage.

- Usage : consommation d’alcool ne présentant pas de risque situationnel ou individuel,

en quantité inférieure ou égale aux seuils définis par l’Organisation Mondiale de la

Santé.

- Mésusage : catégorie rassemblant les conduites d’alcoolisation présentant un risque

potentiel, on distingue trois types de mésusage :

▪ Usage à risque : consommation supérieure aux seuils de l’OMS sans

dommage d’ordre médical, psychique ou social mais susceptible d’en induire à

court, moyen ou long terme.

▪ Usage nocif : consommation caractérisée par l’existence d’au moins un dommage d’ordre médical, psychique ou social et ce quels que soient la

fréquence et le niveau de consommation.

▪ Usage avec dépendance : consommation caractérisée par la perte de la maîtrise.

(13)

11 1.2 Valeurs seuils de l’OMS

L’OMS a défini des seuils de « consommation responsable » [9]:

- Pas plus de 21 verres standards par semaine pour un homme

- Pas plus de 14 verres standards par semaine pour une femme

- Pas plus de 4 verres pas occasion

- Au moins un jour par semaine sans consommation

La consommation épisodique massive est définie par l’OMS comme la prise de 60g d’alcool

en une seule occasion sans notion de temps. Ce type de consommation se rapproche du binge

drinking, terme utilisé initialement dans les pays anglo-saxons pour définir une consommation

de plus de cinq verres sur un temps court en une seule occasion.

2. Classifications des conduites d’alcoolisation à l’adolescence

Toute consommation abusive est considérée comme pathologique de manière empirique par

certains auteurs, sans qu’il existe de valeurs seuils pour définir cet abus contrairement à chez

l’adulte. Les modes de consommations et comportements de l’adolescent vis-à-vis de l’alcool

rendent les définitions utilisées chez l’adulte difficilement applicables. Plusieurs auteurs ont

proposé des critères de consommation qui seraient propres à l’adolescence [10][11] mais

aucune classification ou normes adaptées aux adolescents n’ont été établies par l’OMS ou les

(14)

12

3. Épidémiologie de la consommation d'alcool à l'adolescence

3.1 Les enquêtes

Quatre enquêtes menées à l'échelle nationale et européenne permettent d'évaluer l'âge de la

première consommation et de la première ivresse, d'apporter des éléments d’information sur

les modes et contextes de consommation et de suivre l'évolution des usages.

- L'enquête HBSC regroupe des pays européens et non européens, ses objectifs sont de

disposer d'indicateurs fiables et comparables sur la santé et les déterminants de la

santé des adolescents de 11 à 15 ans.

- L’enquête ESCAPAD est centrée sur la santé, les usages de drogues et le mode de vie

des adolescents de 17 ans interrogés lors de la Journée d'appel à la préparation à la

défense.

- L'enquête ESPAD concerne les consommations des élèves de 16 ans au niveau

européen. Elle est réalisée tous les quatre ans en France.

- Le Baromètre Santé est national et quadriennal, il est réalisé par l’institut national de

prévention et d’éducation pour la santé, par enquête téléphonique chez les 12-75 ans.

3.2 Définition des termes utilisés dans les enquêtes

Expérimentation : consommation d’alcool au moins une fois au cours de sa vie.

Ivresse régulière : au moins dix épisodes au cours de l’année.

Usage récent : au moins un épisode de consommation dans les trente derniers jours.

(15)

13

Usage quotidien : au moins une fois par jour.

Alcoolisation ponctuelle sévère : consommation de cinq verres ou plus en une occasion.

3.3 Début de la consommation

En France l’âge de la première consommation est évalué à 12,3 ans chez les garçons et 12,7

ans chez les filles en 2007 [12]. La diffusion de l’alcool apparaissait précoce avec 57,7 % des

adolescents de 11 ans et 71,7% de ceux de 13 ans ayant déjà expérimenté l'alcool. A 15 ans,

84% des adolescents ont déjà bu de l’alcool [13]. Dans l’enquête ESPAD de 2011, 91% des

adolescents de 15-16 ans déclarent avoir déjà consommé de l’alcool. Ces chiffres sont stables

par rapport à la dernière étude de 2006 [14]. Dans l’enquête ESCAPAD de 2011 [4],

l’expérimentation chez les jeunes de 17 ans apparaissait en légère baisse avec 91% contre

92,6% en 2008.

3.4 Consommation en fonction du genre

Dans ESCAPAD 2008 [15], l’expérimentation à 17 ans était la même chez les garçons et les

filles ; pour l’expérimentation de l’ivresse, la prédominance restait masculine dans l’enquête

de 2011 [4]. Pour les ivresses répétées ou régulières, il persiste une prédominance masculine

en 2011 mais avec un écart réduit par rapport à 2008. Les garçons consomment et s’enivrent

plus que les filles, mais l’écart tend actuellement à se réduire.

3.5 Consommation régulière

Dans l’enquête HBSC de 2010, 8,5% des adolescents de 15 ans tout sexe confondu avait une

consommation régulière [13]. La consommation régulière avait augmenté entre 2008 et 2011

de 18%. A 17 ans, 10,5% des adolescents avaient une consommation régulière. En 2007 Marie

Choquet, présidente du comité scientifique à l’IREB, notait la différence de consommation

(16)

14

ans. Entre 15 et 18 ans elle concernait 11% des filles et après 18 ans, 26% des garçons [12].

3.6 Consommation ponctuelle sévère

On constatait dans l’enquête ESCAPAD de 2008 [15] une augmentation des épisodes de

consommations ponctuelles sévères, 48,7% des adolescents de 17 ans déclarait la prise de

plus de 5 verres en une occasion une fois dans le mois.

La consommation épisodique sévère concernait 44% des adolescents de 16 ans dans l'enquête

ESPAD de 2011 [3], chiffre stable par rapport à 2007 mais nettement en hausse sur 10 ans

(33% à 44% entre 1999 et 2011).

3.7 Ivresse

L'âge moyen de la première ivresse est d'un an supérieur à celui de la première

consommation. L'expérimentation de l'ivresse était légèrement en baisse chez les jeunes de 17

ans en 2011, son usage durant les douze derniers mois s'avérait stable par rapport à 2008 mais

en augmentation par rapport à 2005 [4]. Les ivresses régulières ou répétées étaient stables

entre 2005 et 2008 mais apparaissaient en hausse en 2011 avec 27,8% d'adolescents

présentant des ivresses répétées et 10,5% des ivresses régulières. Ces modes de

consommation sont globalement en hausse depuis 10 ans.

Chez les adolescents de 16 ans dans l’étude ESPAD de 2007, les ivresses régulières étaient en

hausse par rapport à 2003 mais stables entre 1999 et 2007. On notait que 36% des adolescents

avait eu au moins une ivresse dans l'année et 3,5% avait fait l'expérience de plus d'une dizaine

d'ivresses

3.8 Motifs de consommation

(17)

15

11% et 3% boivent respectivement pour la « défonce » ou suivre leurs pairs. Les motifs de

non consommation sont pour la moitié l'absence d'intérêt et la crainte pour leur santé, et pour

un tiers la peur de devenir dépendant.

3.9 Types de boissons consommées

Les boissons les plus consommées sont la bière, le champagne et les spiritueux ; globalement

toutes les boissons alcooliques sont perçues comme faciles d'accès par les adolescents.

A 11 ans, le vin et le cidre sont les alcools les plus consommés puis viennent la bière et les

alcools forts qui prennent une part croissante avec l’âge [14].

3.10 Consommation et entourage

Dans l'enquête ESCAPAD de 2008 [15], la consommation en fonction de la situation

familiale et scolaire semblait montrer une consommation plus importante chez les jeunes en

apprentissage et ceux sortis du système scolaire; les enfants de cadres et d'agriculteurs étaient

plus souvent ivres et ceux de commerçants, d'artisans et de cadres étaient les plus importants

consommateurs. Les enfants de personnes sans emploi avaient un niveau faible de

consommation et enfin la consommation apparaissait plus importante chez les adolescents au

parcours scolaire avec redoublements.

L'enquête ESPAD de 2007 révélait que 15% des adolescents rapportait des problèmes avec

leurs parents suite à la consommation d'alcool et 13% des problèmes sérieux avec des amis

ou des difficultés scolaires.

Globalement l'expérimentation et la consommation régulière semblent plutôt stables au cours

de la dernière décennie. Les ivresses répétées et régulières sont en hausse depuis 10 ans et la

consommation sévère lors d'une occasion définie par la prise d'au moins cinq verres a été

(18)

16

La proportion de jeunes ne consommant aucun produit régulièrement a augmenté entre 1999

et 2007 de 65 à 76%.

4. Le binge drinking

4.1 Définition

Le terme anglais binge drinking est apparu en 1969 aux Etats-Unis dans une étude menée par

Calahan [16] décrivant une attitude programmée visant à absorber une quantité massive

d’alcool de façon prolongée. C’est en 1984 que le binge drinking est associé à une

consommation supérieure à cinq verres dans une étude de O’Malley [17].

Le National Institut on Alcohol And Alcoholism propose une définition incluant la notion de

temps, soit une alcoolémie supérieure à 0,8g/L au décours d’une consommation aigue, ce qui

correspond à cinq verres ou plus en deux heures chez un homme et quatre verres chez une

femme [18].

Il n’existe pas de définition consensuelle mais la notion de temps et de quantité sont

importantes.

4.2 Binge drinking à l’adolescence

La synthèse des études est rendue difficile par l’absence de définition consensuelle. En

considérant les consommations épisodiques sévères, l'enquête ESPAD de 2007 [19] montrait

une augmentation de ce mode de consommation de 15% par rapport à 2004 ; dans l'enquête

ESCAPAD en 2008 [15] l'augmentation était de 6% en 3 ans et concernait 48% des

adolescents âgés de 17 ans dans l'étude. Selon Marie Choquet dans l'enquête IREB de 2007

[12], 6 adolescents sur 10 entre 13 et 24 ans avaient une expérience nulle ou exceptionnelle de

l'ivresse ou du binge drinking mais 13% en avait fait l'expérience plus de 40 fois dans leur

(19)

17 selon l'OFDT.

4.3 Conséquences à long terme : un risque de dépendance ?

Le binge drinking a fait l'objet de plusieurs études américaines qui posaient la question du

risque évolutif vers une dépendance et des risques psycho-sociaux. Hill dans une étude en

2000 avait ainsi défini quatre types évolutifs à partir de l'étude d'adolescents de 10 à 21 ans

[20].

- les non bingers qui représentaient 70% de l'échantillon et ne développaient aucune

conduite de binge drinking

- les early high qui débutaient leur consommation par un important binge drinking et

diminuaient ensuite ce type de consommation jusqu'à 14 ans

- les increasers qui concernaient 4% des buveurs, dont la conduite d'alcoolisation ne

cessait d'augmenter et présentaient un taux élevé de binge drinking en fin

d'adolescence

- les late onsetters qui étaient 23% et dont le binge drinking débutait après 16 ans

Selon l'étude chaque profil développait certaines conséquences à l'âge adulte : les early high

avaient un parcours scolaire plus difficile et plus court, un risque élevé d'état dépressif, une

insertion sociale à l'âge adulte moins bonne ; les increasers avaient un risque plus élevé de

développer une dépendance ou une consommation abusive à l'âge adulte.

Viner dans son étude en 2000 portant sur plus de 11 000 sujets retrouvait un risque relatif de

dépendance de 1,6 et de consommation excessive de 1,7 à l’âge de 30 ans pour les adolescents

considérés comme binge drinker à 16 ans [2].

En France, Mickael Naassila professeur de physiologie et directeur d’unité à l’INSERM dans

(20)

18

exposition intermittente au binge drinking en début d’adolescence augmentait la motivation à

la consommation et les quantités consommées à l’âge adulte [21]. Une autre étude de la même

équipe, présentée en 2010, a porté sur l’analyse immunohistochimique de cerveaux de rats

adolescents et adultes exposés au binge drinking [22]. Les résultats ont montré des

modifications spécifiques sur les cerveaux des rats adolescents exposés, dans les zones

impliquées dans le système de récompense, de plaisir et des addictions.

5. Les risques à court terme de l’abus d’alcool

5.1 L’intoxication alcoolique aiguë

Les principaux risques lors d'intoxications aiguës sont les troubles de conscience, avec les

risques respiratoires associés, et les risques traumatiques. En 2002, G. Picherot, pédiatre à

Nantes, a mené une enquête sur les adolescents en état d’alcoolisation aigüe aux urgences

pédiatriques. Des troubles neurologiques avaient été relevés chez 39,7% des adolescents [23].

5.2 Alcool et accidents de la voie publique

En 2010, dans la population générale, l'alcool était présent dans 30% des accidents mortels.

Cette proportion s'élevait à 47% dans les accidents mortels survenant la nuit [24].

La tranche d’âge 15-17 ans représente 3,5% de la population et 4% des accidents de la route.

La tranche d’âge 18-24 ans représente près de 20% des accidentés alors qu’elle ne représente

que 8,9% de la population. Les tués dans des accidents avec taux d’alcool positif sont pour

39% des jeunes adultes entre 18 et 24 ans et les blessés hospitalisés sont pour 20% des jeunes

de cette tranche d’âge également.

Aux Etats Unis, en 2007, une enquête au niveau national a révélé que près d’un tiers des

jeunes avait été au moins une fois, dans les trente derniers jours, dans le véhicule d’un

(21)

19

boivent et conduisent moins fréquemment que les adultes mais les risques d’accidents de la

voie publiques sont plus importants que chez les adultes lorsqu’ils boivent, en particulier pour

des taux bas et modérés d’alcoolémie [26].

5.3 Alcool et conduites sexuelles à risque

De par son effet euphorisant et désinhibant la consommation excessive d'alcool peut amener

l'adolescent à des comportements qu'il n'aurait pas habituellement. Dans une étude suédoise

de 2002 [27], les auteurs retrouvaient qu'un quart des premiers rapports sexuels des

adolescents avait lieu sous l'effet de l'alcool.

En 2006 Susan Bailey a réalisé à Chicago une étude partant de l'hypothèse que les adolescents

consommant le plus d'alcool et de drogues étaient ceux qui prenaient le plus de risque dans

leur sexualité [28]. Son travail a montré que les adolescents les plus consommateurs

utilisaient plus le préservatif, cependant l'association était statistiquement faible et l'élément

déterminant le plus l'utilisation d'un préservatif était la relation entre les deux partenaires.

Françoise Narring dans une large enquête sur la sexualité des adolescents en Suisse menée en

1997 [29] retrouvait que 11% des filles et 19% des garçons avaient leur premier rapport

sexuel sous l'influence de l'alcool. Les résultats montraient qu'ils n'utilisaient pas moins le

préservatif. Mais 40% des jeunes filles qui avaient leur premier rapport sexuel avec un

partenaire occasionnel avait consommé de l’alcool, et cela particulièrement quand l’âge du

premier rapport était avant 14 ans. Une jeune fille sur cinq déclarait que le premier rapport

sexuel s’était mal passé en particulier si ce rapport avait lieu avant 15 ans, mais l’étude n’a

pas évalué le pourcentage de ces jeunes filles ayant eu ce rapport sous l’influence de l’alcool.

Une étude canadienne a recensé en 2000 les études sur la consommation d'alcool et son lien

(22)

20

d'agresseurs sexuels ont consommé de l'alcool avant l'agression et près de 10% des victimes

attribuent leur agression à l'alcool [30].

5.4 Risque suicidaire

En 2010, l’Académie américaine de pédiatrie a publié des recommandations sur le dépistage

de la consommation d’alcool chez les jeunes enfants et adolescents [31]. La consommation

nocive d’alcool y a été décrite comme un facteur de risque de tentative de suicide. Le lien

entre l’alcool et le suicide chez les adolescents est compliqué à démontrer et de multiples

facteurs de risques sont à prendre en compte pour comprendre le passage à l’acte suicidaire

[32]. Le consensus dans de nombreuses études empiriques a été d’établir un lien entre les

troubles psychiatriques, la consommation de substances dont l’alcool et le risque suicidaire

[33].

En 1997 la société française d'alcoologie a publié une étude menée auprès de jeunes adultes

des centres de sélection de l'armée sur leurs conduites d'alcoolisation [34], il apparaissait que

toute alcoolisation régulière augmentait le risque suicidaire (avec un risque relatif de 1,7)

mais ce risque était d'autant plus élevé que les ivresses étaient multiples et précoces. Ainsi le

risque relatif était de 5,6 pour une consommation débutée entre 12 et 15 ans et de 2,7 entre 16

et 18 ans.

L’abus d’alcool peut être un facteur de risque de passage à l’acte. Chez l’adolescent

l’alcoolisation massive peut également être perçue comme un équivalent suicidaire, raison

pour laquelle la Haute Autorité de Santé recommande une prise en charge similaire pour les

(23)

21 5.5 Traumatismes et violence

L'alcool est connu pour son rôle désinhibant, favorisant le passage à l'acte. Sa consommation

s'inscrit parfois chez l'adolescent dans une recherche de transgression des normes, une

recherche d'autonomie et reconnaissance. En 2006, l'OMS a publié une étude sur l'alcool et la

violence chez les jeunes. La consommation nocive d'alcool serait un facteur de risque de

violence tant chez les acteurs que les victimes. L'étude rappelle plusieurs éléments liant alcool

et violence : croyances personnelles et sociales faisant de l'alcool un stimulant, une aide à la

réassurance, la perte du contrôle physique faisant des consommateurs excessifs la cible de

comportements violents [35]. Une large étude américaine menée auprès de plus de 8000

adolescents âgés de 12 à 21 ans a révélé que les adolescents qui présentaient une

consommation nocive d’alcool et avaient des amis qui buvaient étaient plus impliqués dans

des actes de violences que les autres adolescents [36]. Les conséquences de ces actes violents

sont multiples que cela soit pour la victime ou l'agresseur : conséquences physiques,

psychologiques, sanction judiciaire avec ses conséquences sociales et professionnelles [35].

A l'échelle nationale, dans l'enquête ESPAD, 12% des adolescents se sont blessés ou ont eu un

accident après avoir bu de l'alcool, et 13% se sont battus physiquement [19].

6. Les risques à moyen et long terme

6.1 La dépendance à l'âge adulte ?

En 2011 une revue systématique de la littérature de J. McCambridge a repris les études de

cohorte sur les liens retrouvés entre la consommation d'alcool à l'adolescence et les

conséquences éventuelles à l'âge adulte [37]. McCambridge concluait qu'une consommation

d'alcool importante à l'adolescence continuait à l'âge adulte et était associée à un risque de

dépendance à l’alcool. Le lien n’était pas assez fort statistiquement pour conclure à un risque

(24)

22

mener des études de meilleure qualité afin de confirmer ces conclusions. Le risque évalué de

dépendance serait de 16% à 10 ans pour un début de consommation entre 11 et 12 ans et de

1% pour une consommation nocive débutée à 19 ans d'après une étude de Dewit parue en

2000 [38]. Plus récemment en 2008 Dawson montrait un risque de développer une

dépendance à l’alcool multiplié par 3,8 lorsque la consommation d’alcool avait lieu avant 18

ans [39].

6.2 Conséquences sur le développement neuro-pyschologique

6.2.1 Le développement cérébral à l’adolescence

L'adolescence est une période importante du développement cérébral tant au niveau

biochimique que structural et tissulaire. La substance blanche se développe de manière

importante notamment au niveau de certaines zones connues pour leur rôle dans les fonctions

comportementales. Le développement de certaines zones se fait de manière asynchrone, ainsi

la zone frontale sous corticale et la maturation du système limbique ne se font pas en parallèle

rendant l'adolescent potentiellement plus vulnérable sur le plan émotionnel. Les lobes

frontaux ont la maturation la plus tardive, or les capacités de concentration, organisation,

attention, planification y sont situées. Par ailleurs le développement hormonal et sexuel se

produit plus tôt favorisant la quête de sensations fortes alors que dans le même temps les

capacités d’anticipation ne sont pas encore matures [31].

6.2.2 Les conséquences de l’alcool sur le développement cérébral

Depuis deux décennies plusieurs études américaines ont montré des modifications cérébrales

chez les adolescents présentant une consommation nocive :

- diminution des performances d’attention et visuo-spatiales [40]

(25)

23 - trouble des fonctions exécutives [42]

L’imagerie fonctionnelle a permis également de mettre en évidence des modifications dans

l’activité des aires cérébrales chez les adolescents « binge drinkers » lors de la réalisation de

tâches de mémorisation [43]. Les études chez le rat, ont montré une diminution de la

neurogenèse au niveau cérébral et hippocampique [44] ; chez l’humain on retrouve également

dans les études de De Bellis [45] une diminution de la zone du cortex préfrontal et des aires

hippocampiques, chez les adolescents avec une très forte consommation. En 2011, une équipe

américaine de San Diego, a publié une étude de suivi sur 10 ans d’adolescents entre 13 et 18

ans présentant un abus d’alcool. Si au départ le groupe de consommateurs présentait des

performances supérieures au groupe contrôle, le déclin à 10 ans pour les fonctions de

constructions visuo-spatiales et de mémorisation était bien plus important [46].

En France une étude de 2006 de Chanraud et Martelli a porté sur les fonctions cognitives

d’anciens alcoolo-dépendants socialement insérés. Ils ont constaté une diminution jusqu’à

20% de la substance grise en région frontale et une diminution de l’ensemble de la substance

blanche prédominant dans le corps calleux. Plus l’alcool était consommé à un âge précoce

plus la substance grise était réduite dans les régions terminant leur maturation en fin

d’adolescence [47].

6.3 Conséquences sociales

Les conséquences de la consommation d’alcool sont globalement perçues comme positives

par l’adolescent qui s’attend à s’amuser, à aller plus facilement vers l’autre, oublier ses

problèmes personnels [12]. Les conséquences négatives sont peu mises en lien avec la

consommation par l’adolescent. Les études ont souvent analysé et établi un lien entre une

consommation abusive et les risques accidentels, traumatiques et sexuels mais cela est moins

(26)

24

cette période sont le résultat de nombreux facteurs qui influencent le développement de

l’adolescent. La difficulté est d’établir un lien entre une consommation plus épisodique mais

aussi plus massive que chez l’adulte et des conséquences sociales pouvant découler de

nombreux facteurs eux-mêmes influençant la consommation. Ainsi McGue en 2001 rapportait

un probable terrain commun à une consommation précoce d’alcool et des signes

d’impulsivité, d’inattention, de désinhibition [48] sous-tendant l’existence d’une part

génétique. En 2007, dans une étude menée auprès de garçons de 14 ans, le même auteur

retrouvait que des conflits familiaux et des difficultés scolaires étaient corrélés avec une

consommation d’alcool, et que la consommation d’alcool et les problèmes sociaux rencontrés

étaient indépendamment corrélés à des troubles tels qu’une dépendance à l’alcool à 18 ans ou

des comportements anti-sociaux [49].

L'enquête ESPAD de 2007 révélait que 15% des adolescents rapportait des problèmes avec

leurs parents suite à la consommation d'alcool et 13% des problèmes sérieux avec des amis ou

des difficultés scolaires [19].

Des études de cohorte permettraient d'établir des liens statistiques plus forts entre une

consommation abusive d'alcool à l'adolescence et les conséquences sociales éventuelles à

l'âge adulte.

7. Les outils de dépistage

7.1 Les outils de repérage uniquement pour la consommation d’alcool

Le questionnaire AUDIT a été validé par l’OMS chez les 18-65 ans afin de repérer les

consommateurs excessifs. Cependant il n’a pas encore été validé chez les adolescents avant

18 ans.

Le questionnaire américain AAIS a été créé et validé dans les années 70. En France il a été

(27)

25

adolescents consultant aux urgences pour intoxication alcoolique aigue [23]. Sa limite reste

son temps de passation de 5 à 10 minutes avec 14 questions [50].

7.2 Outils de repérage pour l’alcool et les drogues illicites

La grille de dépistage de la consommation problématique d’alcool et de drogue chez les

adolescents ou DEP-ADO a été développée et validée au Canada [51]. Elle est composée de 7

questions avec 25 sous-questions pour un score total de 74. Elle permet d’établir un niveau dit

« feu vert » en cas d’absence de problème lié à la consommation, un niveau « feu jaune »

signalant l’émergence d’un problème de consommation et la nécessité d’une intervention,

enfin un niveau « feu rouge » chez des adolescents nécessitant une prise en charge spécialisée.

Ce questionnaire a été validé en France dans l’étude ROC-ADO [52].

L’outil de dépistage CRAFFT a été créé aux Etats Unis. Il est composé de 6 questions et a été

validé en France. Le CRAFFT (ou ADOSPA en français) permet un repérage des

consommateurs à risque, son temps de passation d’environ 5 minutes permet de l’intégrer

facilement à la consultation [6].

Aux Etats Unis le NIAAA a publié en 2011 des recommandations à l’usage des praticiens sur

le repérage de la consommation d’alcool et l’intervention brève chez les enfants et

adolescents. Les auteurs proposent d’utiliser deux questions : la consommation d’alcool chez

les amis et la fréquence de la consommation personnelle. La question de la fréquence serait la

(28)

26

8. La prévention et les moyens de prise en charge thérapeutique

8.1 Les recommandations actuelles sur la prévention

L’Académie Nationale de Médecine a rendu en 2007 un rapport sur les conduites

d’alcoolisation des jeunes, rappelant les mesures de prévention actuelles et réalisant des

propositions dont certaines ont été depuis légiférées [54]. Les actions étaient centrées sur la

modification de la législation vis-à-vis notamment de l’accessibilité, sur l’éducation, et

l’amélioration du repérage précoce.

En 2010, un groupe de travail sur l’alcoolisation des jeunes a été réuni à la demande du

Ministère de la Jeunesse [55]. Le groupe de travail a mis en avant l’importance du rôle

parental dans la prévention et l’éducation à la santé. Sur le plan législatif, la loi HPST de

2010 a permis de renforcer l’encadrement de la vente de boissons alcooliques et a prévu des

consultations spécifiques pour les jeunes consommateurs de substances psychoactives dans

les centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA).

8.2 Les différentes stratégies thérapeutiques

8.2.1 Les interventions brèves

L’intervention brève est une approche cognitivo-comportementale développée initialement

chez l’adulte. Elle est actuellement recommandée chez l’adulte dans le dépistage et la prise en

charge de la consommation d’alcool et des programmes de diffusion auprès des médecins

généralistes ont été mis en place par la Direction Générale de la Santé.

Les études sur l’intervention brève chez l’adolescent en milieu hospitalier sont nombreuses

dans la littérature. Dès 1999 une enquête de Monti [56] auprès d’adolescents de 18 ans

hospitalisés aux urgences retrouvait une réduction des risques liés à l’alcool après une

(29)

27

Les études évaluant une intervention brève en soins primaires chez l’adolescent sont plus

rares [57]. L’intervention brève dans le cadre du repérage précoce a été en 2011 recommandée

par l’Académie Américaine de Pédiatrie et l’institut national américain sur l’alcoolisme [53].

Au niveau européen, l’intervention brève a été recommandée dans le cadre du projet Primary

Health Care European Project on Alcohol qui a réalisé en 2008 un document regroupant

l’ensemble des données probantes sur l’intervention brève notamment chez les adolescents

[58].

8.2.2 Les autres thérapies comportementales

En 2010 Macgowan a réalisé une revue de la littérature des essais concernant toutes les

thérapies comportementales utilisées chez des adolescents présentant un abus d’alcool ou de

drogues. Il a revu ces études afin de classer les thérapies comportementales et l’entretien

motivationnel en techniques « validées » ou « probablement efficaces » selon les critères de

l’American Pyschological Association. Concernant les thérapies comportementales, seules 2

études sur 12 avaient un échantillon suffisant et des résultats significatifs pour la majorité des

critères de jugement. La technique a été évaluée comme « probablement efficace » [59]. En

2011, une méta-analyse des essais réalisés sur les interventions dans la prise en charge de

l’alcool à l’adolescence a montré l’efficacité des interventions individuelles et familiales avec

une efficacité moindre de ces dernières. Il n’en reste que les deux types d’interventions étaient

efficaces dans la réduction de la consommation chez les adolescents [60].

8.3 L’intervention parentale

L’attitude parentale favorable à l’usage de l’alcool, une histoire familiale de consommation

d’alcool, un manque de discipline et une mauvaise cohésion familiale sont des facteurs de

risques de consommation précoce et de problèmes avec l’alcool. L’implication parentale dans

(30)

28

de nombreuses années et apparait comme un axe important de la prise en charge thérapeutique

et de la prévention [61]. L’efficacité de ces attitudes parentales en termes de réduction de la

consommation ou des risques a été évaluée notamment à travers des interventions

motivationnelles couplées des adolescents et des parents [62]. Les programmes dits de

parentalité positive sont utilisés depuis les années 90 aux Etats Unis et se développent en

Europe. Ce type de programme repose sur cinq principes : assurer un milieu sûr et stimulant,

encourager les comportements positifs, créer un environnement d’apprentissage positif,

établir des attentes réalistes, prendre soin de soi-même en tant que parents. Ces programmes

profitent tant aux parents qu’aux enfants sur le plan familial mais aussi personnel et

professionnel [63].

8.4 Les programmes de prévention en milieu scolaire

L’école est un terrain d’observations pour les études où cohabitent de nombreux intervenants.

Les actions de préventions doivent être portées par ces différents acteurs et s’adapter au

public concerné. Les études menées jusqu’à présent sur les programmes d'information dans le

cadre scolaire ne sont pas toutes concluantes [64][65]. Les indicateurs d’alcoolisations ont

significativement augmenté chez les élèves soumis à l’action dans certaines études. D’autres

études semblent nécessaires afin de cibler le type d’informations à délivrer aux adolescents.

8.5 Les espaces ressources et lieux de prise en charge spécialisés

Différents lieux en France offrent aux parents et aux adolescents des espaces d’accueil,

d’écoute, d’information, de prévention et d’orientation en termes de santé globale et

d’addiction. Ces lieux font partie du réseau avec lequel les médecins généralistes peuvent

travailler en cas de consommation à risque dépistée.

 Les espaces santé jeunes et les points d’accueil écoute jeunes sont des espaces

(31)

29

équipes sont pluridisciplinaires regroupant des intervenants de santé, de l’éducation et

du secteur social.

 Les services de téléphonie : Drogues Info service 0820 23 13 13 et Ecoute Alcool

0811 91 30 30

 Les Centres Médico-psychologiques et Centres Médico-psycho-pédagogiques

 Les Maison des adolescents sont des structures polyvalentes destinées aux

adolescents et jeunes adultes de 12 à 20 ans ainsi qu’à leur famille et aux

professionnels à leur contact. Une équipe multidisciplinaire accueille les adolescents

avec ou sans rendez-vous permettant une évaluation rapide de la situation.

 Les Centres de soins d’accompagnement et de prévention en addictologie

accueillent de manière anonyme et gratuite toute personne qui en fait la demande

présentant une dépendance à l’égard des drogues, de l’alcool, des médicaments ou

d’une pratique.

 Les consultations spécifiques : les consultations jeunes consommateurs accueillent

de manière anonyme et gratuite des jeunes consommateurs et/ou leur famille. Elles

permettent d’effectuer un bilan des consommations, de conseiller et d’informer de

manière personnalisée, d’aider à l’arrêt de la consommation en plusieurs consultations

si possible ou d’orienter vers des services spécialisés si besoin.  Les services de pédiatrie ou de pédopsychiatrie

Les adolescents peuvent y être hospitalisés notamment au décours d’une intoxication

alcoolique aigue. Les dernières recommandations de la Haute Autorité de Santé

indiquent la nécessité d’hospitaliser au moins 72 heures tout adolescent consultant

aux urgences en état d’alcoolisation aigue avec une prise en charge similaire à celle

(32)

30

B. L’adolescent et le médecin généraliste

1. La consultation en médecine générale

1.1 Les motifs de consultation

Les adolescents consultent peu, en moyenne 2,1 fois par an pour les garçons et 2,5 fois pour

les filles, mais 75% des adolescents consultent dans l'année un médecin généraliste.

Les motifs sont à 75% d’ordre somatique, et à 19% et 6% pour des motifs administratifs ou

psychologiques [67]. Cependant dans son enquête de 1998 Marie Choquet met en avant une

demande imprécise car 40% des adolescents ne peuvent indiquer précisément le motif de leur

dernière visite chez le généraliste [68]. Les parent restent très présents dans la démarche de la

consultation puisqu'ils en sont à l'origine dans 2 cas sur 3 à 18 ans et assistent à la

consultation dans 61% des cas pour les garçons et 51% pour les filles [5].

1.2 La relation médecin-patient

L'adolescence est une période charnière, faite de transformations tant physiques que

psychologiques et relationnelles pour l'adolescent. Lors de la consultation l'ambivalence

domine chez l'adolescent revendiquant une reconnaissance de son indépendance mais encore

demandeur de la présence parentale. Le médecin doit se positionner dans cette relation

triangulaire et faire comprendre à l'adolescent que la consultation est pour lui un lieu

d'expression distincte de celle de ses parents. Un tiers des adolescents déclare un sentiment de

frustration à la sortie de la consultation avec le sentiment de ne pas s'être confié [5].

Le médecin généraliste est habituellement le médecin de la famille de l’adolescent,

connaissant ce dernier parfois depuis son enfance. Cette relation est source de connaissances

(33)

31

grandir l'enfant qu'il connait depuis longtemps en tant que patient autonome.

Face à cet adolescent qui verbalise peu sa demande, le médecin n’élargit que rarement le

contenu de la consultation [5], il le ferait dans un cas sur deux lorsque le motif initial est

administratif ou préventif et que dans un cas sur trois lors qu'il s'agit d'un motif somatique.

Un référentiel d'attitudes qui permettrait au médecin d'élargir le thème de la consultation à des

sujets psychologiques et sociaux a été élaboré par le groupe ADOC constitué de médecins

généralistes et psychiatres. L’ouverture de la consultation serait plus facile en posant certaines

questions comme « à part ça ? », « oui mais encore » ou l’utilisation du test TSTS pour

dépister un mal être et un risque suicidaire [69].

2. Connaissances et attitudes des médecins généralistes sur la consommation d’alcool des adolescents

2.1 Les médecins en France

Le médecin généraliste a un rôle privilégié dans sa relation avec l'adolescent, il le connaît

souvent depuis longtemps et connaît l'histoire familiale. C’est une personne ressource pour

l’adolescent et sa famille en terme de prévention mais également de prise en charge. Le

repérage précoce et l’intervention brève ont été validés chez l’adolescent. Nous avons vu que

les interventions selon différentes modalités de thérapies individuels ou familiales sont

efficaces dans la prise en charge de l’abus d’alcool. Les médecins ont donc à leur disposition

des outils de dépistage et des structures d’orientation pour des prises en charge adaptées.

En 2006 l'institut IPSOS et la fondation Wyeth (actuelle Fondation Pfizer pour la santé et le

bien-être de l’enfant et de l’adolescent) a mené une enquête auprès de 300 médecins, 203

(34)

32

des médecins évoquaient les conduites addictives à la question des problèmes spécifiques qui

leur viennent à l'esprit quand on leur parle d'adolescents, seulement 26% abordait en

consultation systématiquement la consommation d’alcool, alors que 50% le faisait pour le

tabac et 30% pour les drogues. Le problème de l'alcool leur semblait difficile à identifier pour

80% des médecins.

En 2001 Valérie Picard a réalisé sa thèse sur la place du médecin généraliste dans la

prévention des conduites d’alcoolisation chez les adolescents avec comme objectif d’évaluer

le test CRAFFT dans sa version française. L’étude a inclus 13 médecins généralistes. Un

questionnaire était destiné aux médecins et un autre aux adolescents vus en consultations. 103

adolescents de 13 à 25 ans ont répondu. Les résultats ont montré que les praticiens repèrent

mal les adolescents ayant déjà été ivres. Les médecins n’ont pas identifié 84,4% des

adolescents qui avaient déclaré avoir été ivres au moins une fois et 11 médecins sur 13 ont

déclaré ne jamais avoir parlé d’alcool avec leurs jeunes patients [6].

Récemment en 2011 Gwendoline Eeckhout a réalisé sa thèse sur le dépistage de la

consommation d’alcool chez les moins de 16 ans. 71 médecins du Nord Pas de Calais ont

répondu à un questionnaire écrit. 46,5% déclaraient parler parfois d’alcool avec les

adolescents et 11,3% en parler notamment à la demande d’un tiers, au décours d’un accident

ou lors d’un problème d’alcool dans l’entourage. Seuls 5 médecins utilisaient un test de

dépistage [7].

2.2 Dans les autres pays

En 2010, AJ Gordon a interrogé aux Etats Unis 26 médecins généralistes en milieu rural sur

(35)

33

consultation avec un adolescent, 40% des médecins déclaraient parler parfois d’alcool et 15%

lors de consultations ultérieures. Les informations données aux adolescents étaient dans plus

de 75% des cas relatives au risque d’accident de la route, de traumatismes ou aux « risques

généraux » liés à l’alcool [71].

En 2004 aux Etats Unis, Wilson a comparé le niveau de consommation d’alcool

d’adolescents au ressenti de cette consommation par les médecins. Sur 50 adolescents avec

un diagnostic d’abus d’alcool, les médecins en identifiaient 10 et sur 36 adolescents classés

comme dépendants, les médecins n’en identifiaient aucun [72].

En 2007, Van Hook a interrogé 38 médecins généralistes américains sur les éléments pouvant

les limiter dans le dépistage de la consommation d’alcool. La première barrière citée par les

médecins était le manque de temps puis le manque de formation en cas de diagnostic positif,

(36)

34

II. MATERIEL ET METHODE

1. Objectifs de l'étude

L’objectif de notre étude était de décrire l’attitude de médecins généralistes face à la

consommation d’alcool en répondant à une question principale : les médecins connaissent-ils

les risques liés à la consommation d’alcool à l’adolescence ? Notre hypothèse était que les

médecins connaissent mal les modes de consommation et les risques encourus par les

adolescents.

Notre deuxième question, qu’il était nécessaire de poser préalablement, était : les médecins

abordent-ils la consommation d’alcool avec les adolescents ?

2. Type d’étude

Il s’agissait d’une enquête transversale par questionnaire téléphonique, à partir des données

déclaratives d’un échantillon de médecins, relatives aux informations contenues dans les

dossiers des patients.

3. Population étudiée

3.1. Critères d’inclusion

Le choix de la population étudiée était celle des médecins généralistes inscrits au conseil de

l'ordre des Yvelines et installés en exercice libéral.

Les critères d'inclusion étaient :

- inscription au conseil départemental des Yvelines de l'ordre des médecins

(37)

35 Les critères d'exclusion étaient :

- activité complémentaire déclarée en dehors de la médecine du sport

- activité de remplaçant, mais si un des médecins contacté était remplacé, le remplaçant

était interrogé

- activité de salarié exclusive

3.2. Constitution de l’échantillon

Une liste de 250 médecins a été établie par tirage au sort à partir de la liste de l'Ordre

départemental des Yvelines. Les médecins étaient contactés par téléphone au numéro indiqué

sur la liste de l'Ordre et en cas d'absence du numéro, au numéro indiqué dans l'annuaire. En

cas de refus de participer à l’enquête la raison était notée. En cas d'absence de disponibilité

immédiate un message était laissé ou un rendez-vous téléphonique pris. En cas d'absence de

réponse après un premier appel au numéro indiqué, un nouvel essai était réalisé. Chaque

médecin était joint au moins deux fois ou plus si un rendez-vous avait été pris après le

deuxième appel.

3.3. Document d'enquête

L'enquête a été réalisée à partir d'un questionnaire constitué de 17 questions réparties en trois

items :

- données socio-démographiques des médecins

- la consultation chez l'adolescent

- l'alcool chez l'adolescent.

Le questionnaire a été élaboré avec le Dr Catu-Pinault, médecin généraliste chargée

(38)

36 à un réseau de prise en charge des addictions.

Le questionnaire a été testé auprès de dix médecins pour évaluer sa faisabilité au téléphone, le

temps nécessaire en moyenne pour y répondre et modifier la formulation de certaines

questions. Le temps estimé de passation était de 5 à 7 minutes ce qui a été considéré comme

raisonnable pour être accepté par le médecin interrogé. Les médecins ont été contactés par

téléphone de janvier à avril 2012 par le même enquêteur.

Le questionnaire a été présenté aux médecins sur le thème global de la consultation des

adolescents en médecine de ville afin de ne pas influencer les réponses.

Pour les caractéristiques des médecins généralistes, nous avons retenu :

- l’âge

- le sexe

- l’année d’installation

- le mode d’activité libéral (cabinet seul ou en groupe)

- le lieu d’installation

- le nombre de patients vus par jour

- le nombre d’adolescents vus par semaine.

Le lieu d’installation était défini en trois types : milieu urbain, semi-urbain ou rural. La

définition était celle de l’INSEE soit moins de 2000 habitants pour le milieu rural [74].

Le questionnaire comprenait ensuite 4 questions concernant la dernière consultation avec un

adolescent. Les critères étaient :

- un âge compris entre 12 et 20 ans

- avoir été le dernier adolescent vu en consultation par le médecin.

Pour cette consultation nous avons recueilli :

(39)

37 - le motif de consultation

- les éventuels thèmes abordés par le médecin

Nous parlerons dans la suite de notre travail d’ouverture de la consultation quand le médecin

aura élargi le contenu de la consultation à d’autres thèmes que le motif initial.

Une dernière question concernait les autres thèmes abordés lors de consultations antérieures,

notamment le sujet de la consommation d’alcool. En cas d’absence d’interrogation sur

l’alcool, la raison était demandée au médecin.

Une question proposait aux médecins des raisons qui pouvaient expliquer qu’ils n’abordent

pas la consommation d’alcool avec leurs jeunes patients.

La dernière partie recueillait en six questions les idées et connaissances des médecins sur la

consommation actuelle des adolescents :

- l’âge de la première consommation

- les lieux de consommation lors d’alcoolisation aigue menant aux urgences

- les risques encourus lors d’une consommation aigue ou répétée.

Les réponses des médecins étaient reportées de manière anonyme sur le questionnaire en

attribuant à chaque médecin un numéro. Les médecins n’ont pas été rémunérés pour répondre

au questionnaire.

4. Analyse des données

La saisie des données a été réalisée à l’aide du logiciel Epidata. L’analyse descriptive et

(40)

38

11.0, College Station, TX, USA). Enfin, l’analyse en composante principale a été réalisée via

le logiciel R.

Les caractéristiques des médecins, des adolescents et de la consultation ont été décrites. Les

variables continues étaient présentées en moyenne (écart-type) ou médiane (intervalle

inter-quartile : 25ème - 75ème percentiles) pour les variables dont la distribution n’était pas normale.

Les variables catégorielles étaient présentées en effectifs (%). Les facteurs associés au fait

d’évoquer le thème de l’alcool durant la consultation, ainsi que le fait d’ouvrir la consultation

ont été analysés à partir du test du Chi2 ou du test exact de Fisher. L’association entre le sexe

du médecin ou de l’adolescent et les thèmes évoqués par le médecin avec celui-ci ont

égale-ment été analysés par ces mêmes tests. Une valeur de p inférieure à 0,05 a été retenue comme

seuil de significativité sur le plan statistique.

Une analyse en composante principale a été réalisée afin d’analyser graphiquement les

re-groupements de différents thèmes abordés par les médecins, ainsi que les différents groupes

de risques liés à la consommation excessive d’alcool cités par les médecins. Il s’agit d’une

méthode exploratoire permettant de faire la synthèse de l’information contenue dans un grand

nombre de variables. Les « composantes principales » sont de nouvelles variables,

indépen-dantes, combinaisons linéaires des variables initiales, possédant une variance maximale. Cette

technique permet la représentation graphique de grands tableaux de données trop complexes à

décrire par les méthodes graphiques habituelles.

L’ensemble des analyses statistiques a été réalisé avec la collaboration d’un médecin en Santé

Publique et d’une statisticienne de l’unité de recherche clinique de l’hôpital Henri Mondor à

(41)

39 5. Recherche bibliographique

La recherche bibliographique a été réalisée à partir de bases de données sur Internet : Pubmed,

Cochrane, Library, Psychinfo, Embase, la Banque de Données en Santé Publique, de

publica-tions des sociétés savantes, de bases de données des organismes nationaux et avec l’aide du

service de la bibliothèque interuniversitaire de médecine. Les termes utilisés en anglais ont

été : alcohol, adolescent, teenager, alcohol abuse, prevention and control, risk factors, binge

drinking, care management, physician, practitioner, general practice, family practice. Les

termes français ont été : adolescent, alcool, dépistage, relation médecin-malade, médecin

(42)

40

III.

RESULTATS

1. Caractéristiques de la population étudiée

1.1 Taux de réponse

Les 250 médecins de la liste établie ont été sollicités par téléphone. Tous ont été appelés au

moins deux fois, certains médecins ont été appelés plus de deux fois lorsqu’un rendez-vous

téléphonique avait été pris.

Sur les 250 médecins appelés, 118 n’ont pu être joints directement : refus de la secrétaire de

transmettre l’appel et message laissé, pas de rappel après deux messages laissés, médecin non

présent au cabinet sans secrétaire ni possibilité de laisser un message.

Parmi les 132 médecins joints, 18 ont été exclus devant l’exercice d’une activité

complémentaire exclusive (acupuncture, mésothérapie, homéopathie, échographie), 9 ont

refusé de répondre, 47 n’avaient pas le temps, et 58 ont répondu au questionnaire. Ainsi un

taux de 23% de participation effective a été obtenu parmi les médecins sélectionnés et de

(43)

41 Figure 1 : Répartition des médecins

1.2 Répartition en fonction de l’âge et du sexe

Les médecins ayant répondu étaient 36 hommes et 22 femmes soit respectivement 62% et

38% de l’échantillon. La moyenne d’âge était de 53,6 ans avec un âge allant de 32 à 66 ans.

La moyenne d’âge des femmes était de 52,6 ans avec une médiane à 57,5 ans. La moyenne

d’âge des hommes était de 54 ans avec une médiane à 56 ans. (Tableau 1) Médecins sélectionnés N=250 Médecins non joints N=118 Médecins joints N=132 Médecins exclus N=18 Refus de répondre N=9 Absence de temps pour répondre N=47 Médecins ayant répondus N=58

(44)

42

Caractéristiques de la population (N=58) n(%) IC 95%

Caractéristiques du médecin

Sexe, masculin 36 (62,1) [49,1-74,9]

Age, moyenne (écart-type) 53,6 (9,1)

Médiane, IQ 56,5 [50-60] Lieu d'exercice Urbain 39 (67,2) [53,6-78,9] Semi urbain 15 (25,8) [15,2-39,0] Rural 4 (6,9) [1,9-16,7] Cabinet Seul 29 (50,0) [36-7-63,3] En groupe 29 (50,0) [36-7-63,3] Statut Installé 58 (100) Remplaçant 0 (0)

Nombre moyen de consultations par jour

0-10 0(0)

11-20 14 (24,1) [12,8-35,5]

21-30 33 (56,9) [43,8-70,0]

>30 11 (19,0) [8,6-29,4]

Nombre d'adolescents vus par semaine

Aucun 0 (0)

1-2 4 (6,9) [0,2-13,6]

3-5 8 (13,8) [4,6-22,9]

6-10 20 (34,5) [21,9-47,1]

>10 26 (44,8) [31,6-58,0]

Tableau 1 : Caractéristiques des médecins

1.3 Répartition en fonction du mode et du lieu d’exercice

Les médecins étaient installés à 67,2 % en milieu urbain et 32,7% des médecins exerçaient

dans une commune de moins de 10000 habitants. L’exercice seul dans un cabinet concernait

50% des médecins interrogés. (Tableau 1)

1.4 Durée d’exercice

(45)

43 1.5 Nombre de patients vus en consultation par jour

La majorité des médecins, soit 56,9%, voyait en consultation entre 20 et 30 patients par jour.

Les médecins qui voyaient plus de 30 patients par jour étaient au nombre de 11 dont 8

hommes. Il y avait autant de femmes que d’hommes qui voyaient entre 10 et 20 patients par

jour. (Tableau 1)

1.6 Nombres d’adolescents vus par semaine

Les médecins avaient, pour une majorité, plus de 10 adolescents en consultation par semaine.

Ils étaient 44,8% à le déclarer. Ils étaient 34,5% à déclarer voir dans leur cabinet 5 à 10

adolescents par semaine et seulement 4 médecins n’avaient vu que 1 à 2 adolescents.

(Tableau 1)

2. Description du dernier adolescent vu en consultation

2.1 Répartition par âge et sexe

Le dernier adolescent vu en consultation par les médecins était un garçon dans 58,6% des cas.

La moyenne d’âge des adolescents était de 15,9 +/- 2 ans, avec une médiane à 16 ans

[14,5-18,5]. Huit adolescents avaient un âge inférieur ou égal à 13 ans soit 13,7% des adolescents et

15 adolescents avaient 18 ans ou plus, ce qui représentait 25,8% des adolescents. La médiane

(46)

44 2.2 Motif de consultation

Figure 2 : Les motifs initiaux de la consultation

Le principal motif de consultation était ORL (infectieux ou autres) pour 18,9% [8,8-29] des

adolescents. Un adolescent consultait pour un problème de consommation de cannabis et 3

adolescents avaient consulté pour des problèmes d’ordre psychologique. Deux adolescentes

avaient consulté pour une demande d’interruption volontaire de grossesse. Les motifs

somatiques concernaient au total 72% [60,4-83,6] des consultations, les motifs d’ordre

psychologique près de 5% [0,4-13,4] et les motifs administratifs (certificats divers) ou les

vaccinations, près de 21 % [10,5-31,5] des consultations. (Figure 2)

2.3 Les médecins élargissent-ils le contenu de la consultation ?

Lors de leur dernière consultation avec un adolescent, 45,6% [32,3-58,9] des médecins ORL 19% certificats 12% vaccins 9% traumatisme 9% digestif 10% gynecologie 7% pyschologique 5% dermatologie 7% autres 22%

Motifs de consultation

Figure

Tableau 1 : Caractéristiques des médecins
Figure 2 : Les motifs initiaux de la consultation
Tableau 2 : Ouverture de la consultation en fonction des caractéristiques du médecin et  de l’adolescent
Figure 3 : Les autres thèmes abordés lors de la dernière consultation
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