PAYS DE LANGUE FRANÇAIS E
Comptes-rendu s
Alain DE LILLE, Textes inédits avec une introduction sur sa vie et se s
ceuvres, par M .-Th . d'Alverny . Paris, J . Vrin, 1965, in-8 0, 383 p ., 2 pl . h .t. (Études de philosophie médiévale . Directeur : Étienn e Gilson, LII) .
Melle d'Alverny a réuni ici un certain nombre de textes inédit s
d'Alain de Lille rassemblés au cours de ses recherches à travers le s bibliothèques et de sa longue pratique des manuscrits médiévaux . Ce livre s'ouvre par une excellente mise au point de tout ce que l'o n sait sur la vie d'Alain, suivi d'une étude originale et pénétrante de divers aspects de son ouvre . Sont examinés successivement, le s ouvres littéraires et théologiques, les commentaires bibliques e t liturgiques et enfin les écrits de théologie pratique c'est-à-dire le s sermons dont une liste est dressée par ordre alphabétique d'incipit . L'édition porte sur des opuscules très divers . Le premier, «Expositi o prosae de angelis », commentaire d 'une séquence célèbre dès le ri e s. prend la forme d'une véritable explication de texte qui quitte parfoi s les limites de la théologie pour diverger vers des remarques d 'ordre grammatical ou des allusions proprement littéraires .
La « Hierarchia Alani», texte issu des définitions dionysiennes du Pseudo Jean Scot, donne de l 'univers une image que Guillaume d'Au-vergne développera et qui fait de la cité céleste le modèle de la cit é humaine .
Divers sermons sont ensuite édités, choisis, soit pour leur valeur littéraire, soit pour leur intérêt théologique, soit pour des raisons parfois extérieures (par exemple une curieuse comparaison avec l a société féodale) .
Enfin le « Sermo de spaera intelligibili» développe le thème théo-logique de Dieu, sphère intelligible dont le centre est partout et la circonférence nullepart .
A ces oeuvres, male d ' Alverny ajoute la publication de quelques sentences de Simon de Tournai, d'un petit traité contemporain sur
13 4 les cinq puissances de l'âme et de la préface de la chronique de Nicola s d 'Amiens .
Ce travail se complète d'une bibliographie très fournie et d'inde x divers (noms de personnes, des ouvrages anonymes, des manuscrits , des incipits des textes cités, des citations) . Il est également pourvu d 'un glossaire au sujet duquel le lexicographe devra faire quelque s réserves . L'auteur a le grand mérite d'avoir relevé avec soin les défi-nitions rencontrées dans le texte et de donner ainsi la significatio n exacte du mot qu ' il note. Il a également regroupé autour de quelque s notions importantes telles que Deus, Trinitas, Virtutes et Vitia un certain nombre de termes qui en sont issus . Nous sommes cependan t surpris de constater qu ' il a négligé de faire les renvois de l'un à l'autr e et qu'il faut avoir l'idée de chercher timors .v . virtutes et castrimargi a
s .v . vitia . Chose plus surprenante, on ne présente pas de façon systé-matique les mots sous leur forme nominative et au singulier lorsqu'i l
s ' agit d'un substantif ou d'un adjectif (ainsi animafigure successive-ment au nominatif et au génitif ; uatus au génitif singulier puis au génitif pluriel ; imaginarius au nominatif féminin pluriel puis au datif masculin singulier, ces deux formes étant séparées évidemmen t par l ' adverbeimaginarie) .Les verbes ne se présentent pas uniquemen t sous leur forme infinitive (ainsi le verbe peregrinare donne suite à de s rubriques placées sur le même plan que lui et intituléesperegrinavit . . . peregrinaist . . . peregrinent . . . peregrinari . . . peregrinantes) . Cette pré-sentation insolite nuit à la clarté du glossaire . Il n'empêche que malgré quelques erreurs infimes (athomusf. et nonathoma ;Sacramenta
Eccle-sie et non Ecclesia) cet « Index verborum et rerumn rendra de trè s grands services au lexicographe qui aura la possibilité de relever ains i une série de mots ne figurant pas dans Du Cange . Nous en avons re -marqués quelques uns de dérivation aisée : composés, formes adjective s ou adverbiales tels que : almiphonus, antecedarius, enuntiabilis, inter-vallaris, joculatorius, mediate, orbiculariter, orbiculatio, praeconsiderare , scalariter, reprehensorie, simoniace, substantificus, sursumductivus ;
d' autres sont issus directement du grec apotheticus, cathegorizare , hyjierlyricus, hyperphania, hypophania, hyperusia, ichomae, icos, idos, sincathegorema, theosebia, theosophia ; enfin il convient de signale r particulièrement le mot ordocantes qui viendrait de l'ancien français
ord, sale, souillé .
Ce livre si remarquable à. la fois par l'érudition, la précision et l' agrément de la présentation fait grand honneur A . son savant auteur et vient compléter très heureusement notre connaissance de l ' ceuvr e de l'un des esprits les plus originaux de la fin du 12 e s .
Cartulaires des Templiers de Douzens publiés par P . GÉRARD et E . MAGNOU sous la direction de Ph . WOLFF . Paris, Bibliothèqu e Nationale, 1865 (Collection de documents inédits sur l ' histoire de France, Série in-80, vol. 3), XLIII-367 p ., 2 fac-similés, 2 cartes . Inaugurant la nouvelle série in-8 0 de la vénérable Collection d e documents inédits sur l'histoire de France, l'édition des Cartulaires des Templiers de Douzens est un travail digne d'une grande tradition . Dotée d'analyses précises et suffisamment détaillées, d'un appara t critique, d 'index copieux répartis en un index nominum pour les noms propres et géographiques et un index rerum qui se présent e comme un glossaire, l'édition s'enrichit d'une ample introduction e t se complète d'une table chronologique des actes et d'indications gé-néalogiques sur la famille de Trencavel, et chronologiques sur le s dignitaires du Temple . M . P . Gérard et, pour une partie, M . Ph . Wolff ont écrit le chapitre de diplomatique très fouillé et minutieux qu i précède l' étude historique due à Madame E . Magnou .
Le texte se présente sous la forme de trois cartulaires distincts don t les deux premiers, rédigés vers 1171, renferment des documents qu i
s'échelonnent, à une exception près, de 1110 à 1183 . Le troisième , beaucoup plus court, comprend des actes de1129à 1134 ; 26 document s isolés complètent la publication . Ces chartes permettent de reconstitue r l 'histoire de la formation des domaines territoriaux de la commanderi e de Douzens (dans la vallée de l'Aude à 25 km de Carcassonne) et son t d'un grand intérêt pour la connaissance des structures juridiques et sociales de la région toulousaine au 12 e siècle . Ils sont écrits dan s un latin très contaminé de termes languedociens, de nature à intéresser le romaniste autant que le latiniste . On y relève des termes de droit méridional portant sur la hiérarchie féodale, les modes de traditions , les formes de contrats, les redevances dont la traduction français e suit exactement la forme provençale :acate, adempramentum, agrarium , albergum, ballia ou batlia, cavalcata, fidantia, foracapium, pariarius , quartum, quintum, pista, tasca, terre meritum, vineogolia etc . La vi e rurale est illustrée par des mots décrivant la répartition du sol (con-damina, casaliticum, curtale, cultura, faxia, ferraginis, honor, localis , tenentia etc .), le travail de la terre et les installations agricoles (blatare , femorare terrain, rigare quant, cariera, columbarium, gerbarium ,
palearium, peirarium, ana etc .) . De nombreux termes se rapporten t aux moulins qui constituent une part importante des possessions de s Templiers : relevons particulièrement dans ce domaine les termes d e
capedacum ou capudaquis avec toutes les formes aboutissant au pro-vençal cabedac (prise d 'eau), canalis (canal d ' amenée d'eau) donnant
133 peut-être naissance à la forme étrange anguila canarenca, la paissière ou paxeria, la vanne ou resclausa, la préparation du grain pour l a mouture ou desgranatio et enfin la présence de molendina draparium
ou moulins à parer . Signalons la mention rare defurnus teolarius(pou r
tegularius, four à tuiles) etfurnus calcinerius (four à chaux) .
L'index rerum nous permettra aisément de mesurer la richesse de ce vocabulaire . Les auteurs ont eu l'heureuse initiative de multiplier les renvois . C'est ainsi que l ' on peut trouver groupés sous les mot s mesures ', ` monnaies ', ` moulins ', ` redevances ', ` pêche ', un e série de termes répartis au hasard de l'ordre alphabétique . Aucun e traduction n ' est proposée ni en note ni dans l'index et l'analyse éclaire rarement sur le sens exact de tel ou tel mot employé dans le texte . Mais est-on en droit d'exiger de l'éditeur de cartulaires d'ajoute r la lexicographie aux nombreuses disciplines qu ' il met en oeuvre pour accomplir son travail ?
Nous avons relevé quelques erreurs mineures de genres, de décli-naisons ou de conjugaisons dans l'index : arraona pour arraonis (de arraone) ; ferragina pour ferraginis (unam ferraginem ; de una
ferragine etc .) ; locale pour localis (localem) ; brasca pour brascum (tres brasca) ; blatata pour blatare (ensemencer en blé) ; bodolata pour
bodolare (borner, poser une borne) . Faissa, faxia, fait l'objet d'un renvoi général aux mesures de surface alors que le sens pourrait être le même que celui defaxa qu'on rencontre dans le cartulaire d'Apt : bande de terre, terrain en longueur . S .v . faba nous constatons un renvoi inexpliquable à blad . Enfin la liste aurait pu facilement s e compléter d'un certain nombre de mots parmi lesquels nous proposons
affirmamentum (A 171 et passim), affrontatio (passim),amparare (A 10 2
et passim), apprehendere (apreendere pistes A 17), auctorizare (passim) ,
baro (A 171 et passim), boscus (passim),commendator(domusTempli ) (passim), commilito (passim), condirectum (passim), contradictus, -u s
(A
2), crota (C 9), desemparare (A 1 etc .), donare (vinea donat una m fogascam et unam gallinam, A 4), draparius (A 17), escambiatio (A 9) , francus (A 1), guarpitio (A 8g), guirens (A 12 et passim), heremus , eremus (passim),metibilis (A 12z), mittibilis (A z), ministralia (A 124) ,octenus (A 122 et passim) parator, parare (D 7), percurribilis (A 1 7
et passim), recho, (D 17), remutare (A 118), reservatio (A 44), retine-mentum (A 44 et passim), retinentia (A 9), susum vel iusum (A 118) , vineuncula (A 153) .
Cartulaire de l'église d'Apt (835-1130 ?) . Édition avec introduction , commentaire et notes par N . DIDIER, H . DUBLED et J . BARRUOL,
Paris, Dalloz, 1967 (Essais et travaux . Collection publiée pa r la Faculté de Droit de l'Université de Grenoble, 2o), in-80 , 3 1 3 P .
Le cartulaire d ' Apt, rédigé vers 1135 a aujourd'hui disparu . O n doit au savant juriste N . Didier sa patiente reconstitution d' après des copies du 17e et18 e siècles . Ce travail, arrêté par la mort de so n auteur, a été publié grâce au concours de deux érudits provençaux , M . H . Dubled et M . J . Barruol auxquels on doit la mise au net d e l ' édition et surtout les copieuses introductions qui la précèdent . M . Du-bled s'est chargé de l ' exposé diplomatique et d'un chapitre très char-penté sur le cartulaire et l'histoire du droit et des institutions d u haut Moyen Age où il étudie successivement le cadre administratif , le cadre ecclésiastique, la condition de la terre, les éléments de l ' exploi-tation, la nature des contrats et la condition des hommes d'après l e contenu des actes . Cela l ' amène à donner bien des renseignement s et des définitions de ternies juridiques ou concernant l'organisatio n administrative et sociale et la vie rurale qui seront d ' un grand secours au lecteur . M . Barruol trace l'histoire d ' Apt des origines au XI I e siècle, donne une chronologie de ses évêques et fait une étude archéologiqu e intéressante des anciennes cathédrales et du groupe épiscopal primiti f de la cité . Iltire enfin de la matière du cartulaire des éléments su r la famille de Saint Mayeul qui participa si activement à la renaissanc e méridionale du XI e siècle.
Le cartulaire comprend 126 actes du milieu du IXe siècle à 112 5
environ, dont 54. actes antérieurs à l'an mil . Ce n 'est pas seulemen t son ancienneté qui fait de ce texte une source si précieuse mais l a richesse et la variété des actes qu'il contient et qui retiendront no n seulement l ' historien de la Provence mais aussi l 'historien des insti-tutionset de l'histoire rurale . Le lexicographe y trouvera une quantit é de termes curieux qui sont parfois relevés dans l'index, parfois signalé s dans l'introduction de M . Dubled, parfois expliqués en note mais parfois aussi passés sous silence . M . J. de Font-Réaulx nous a envoyé à ce sujet une note que nous publions en annexe . En parcouran t l 'index du volume nous nous sommes étonnés également de constate r qu'une fois de plus les renseignements concernant la langue n'avaien t guère été relevés par les éditeurs du cartulaire. L' index compren d pêle-mêle les noms de lieux, de personnes et de matières et ces dernier s sont répartis de façon assez fantaisiste entre des rubriques exprimée s en français et des termes latins . En français se font les renvois au x noms d' animaux qui intéressent particulièrement l 'historien de la vie
13 5 rurale 1 , les indications de termes juridiques (bails, bénéfices, conquêt ,
donation, fidélité, etc .) et un certain nombre de mots touchant la vie paysanne (cellier, champ, colonge, communaux, etc .) ou religieus e (archidiacre, chanoine, chapitre, évêque, etc .) . Le mot latin sembl e avoir été choisi lorsque la traduction risque de ne pas en être précise . Cette distinction est discutable car elle fait voisiner curieusement l e mot latin ' mansio ' suivi du français ' manse ' . Des notions propre -ment médiévales telles que ' colonge ', ' condamine ', ' défens ' , ' dextre ', 'erme ', ' faisce ', ' ferrage ' figurent sous la forme français e alors que nous en trouvons en latin d'autres d'emploi aussi généra l telles que ' curtis ', ' dos ', ' porticus ', ' sacramentum ' . L'emploi si-multané des deux langues nous semble nuire à l'utilisation de l'index , car s'il n'est pas impossible de trouver le latin ' comparatio ' au mo t
français ' conquêt ', il est plus délicat de repérer ' bedum ' (= bief) a u mot ' fossé ' ou 'bruscus ' au mot ' rucher ' .
Parmi le choix de termes qui figurent à l'index nous voudrion s signaler aux lecteurs de l'ALMA quelques mots peu courants de latin médiéval : bedum (noro ; a . 906) = bief (et non fossé) ;cabannalicium ( no 17 ; a . 943-50) = cheptel et instruments de culture ; cf . prov . , cabaux ' ; casalicium (no 8, a . 906 ; et no 20, a. 956-62) = petite habitation paysanne de pierres sèches ; cf . forme casaricum (no 5 , a . 896) ; defensum ou devensum (no 103 et 104, fin XIe s .) = défens ;
milites legales (no 110, ante 1113) = co-jureurs ; subditus (no 94 , a . 1076) = sujet ; vulua (no io6, déb . XIIe s .) = ulna, aune (de drap) . M . de Font-Réaulx a complété l'index en dressant une liste de mots non relevés ou mal traduits . A notre tour d'y ajouter le résultat de notre propre dépouillement :
adpretiator (no 33, a . 984) = expert ; amenlarius (no 103, fin XIe s . ) = amandier ; beneplantare (no 38, a. 988-9) = faire une bonne plan-tation ; brauscum (103, fin XIe s .) = terrain de nature mal déterminé e (et non rucher selon le renvoi de l'index) ; bruscus (no g6, a . 1097 ? ) = rucher ; capitaneus (no io8, déb . XIIe s .) = titre militaire ;
ces-(no13, a . 920) = donateur ; commonitor (no 118, c . 1x20) = celu i qui convoque ; consortare (no 72, a . 1039) = voisiner avec une terre ;
coda(no122, a . 1117-22) = coupe ; discalciare (no109, déb . XIIes .) _ déchausser (une vigne) ; epigrare (no 58, a. Io06) = écrire ; exagu s
(nos4, 13, 57 etc ., a . 8go, 920, ioo6) = issue (cf . formes : exag us (nos3 et 12),exeus(no8) exius (no5) ;feta(no96, a . 1097 ?) = brebis pleines ;
z . Notons à ce propos qu'aucun nom de plantes ni d'arbres n'a été relev é alors que l' existence d'amandiers, de figuiers, de noyers, de saules ou d ' ormes devraient présenter un intérêt égal .
fossadare (no 33, a . 984 et 61, a . roo8) = bêcher ; geniscalis (no 59 , a. 1006) = erreur pourgenistalis= de genêt ; incommunenter (vivere) ,
(no 81 a . 1049-77) = en commun 2
; irresurgibilis (no 94, a . 1076)
dont on ne peut ressortir ; paraginus (no 86, a . 1056) = aqueduc qui sert à dériver les eaux d'une rivière pour des travaux d'irrigatio n (cf. parrago) ; plasma (cztiuspiam plasmatis aut conditionis) (no 79 , c. 1048) = origine, condition ;pratalis (no24, a . 973) = pré ; pretiator
(no 29, a . 982) = expert ; tasca (no 100, XIe s .) = taxe en natur e exigée par le seigneur ; vadimoniare (no III, déb . XIIe s .) : mettre en gage ; vicinabilis (no 36, a . 986-7) : ternie vicinabiles par opposition à ternie sanctuariae = peut-être terres dépendant d'un village ;
vuadium (no 7 a . 904) = gage 3.
Il nous reste à signaler tout particulièrement au latiniste la valeu r littéraire de la langue employée dans les actes du cartulaire d'Apt , sa variété et sa richesse en comparaison du caractère si abrupt e t si corrompu de certains actes du midi de la France et de l'Itali e du Nord . Particulièrement significatif à cet égard est l'emploi d e formules finales très élaborées, rédigées en prose rythmée et assonancé e dont la mode s'était répandue en Provence au milieu du XIe siècl e sous l'influence de l'archevêque d'Arles Rambaud de Reillane . Les actes 71 (mai 1035), 77 (avant 1048) et 90 (juin ro6o) sont troi s excellents exemples de ce style maniéré et très raffiné qui transformai t curieusement les formules de chancellerie les plus austères 4.
L'édition du cartulaire n'est pas exempte de quelques bavures ; lectures incertaines, traductions douteuses : ainsi acte 96 p . 248
unum vasculum capiens sestarios fere centum ne doit pas se traduire par , un vase valant too sesterces ' mais par , un vase d'une capacit é de ioo setiers ' ; dans le même acte p . 249, dabo per gnadium n e doit pas être corrigé en gaudium mais évidemment en guadium et dans la formule finale rimée si curieuse : Quod finxi figo, quod dixi
firmo . Asciatam L jungo superioribus, L ne peut être qu'une lectur e fautive pour I . De même dans l'acte 98 p . 250, acte par ailleurs écrit
2. C'est par erreur que le texte porte , in communente r
3. Nous omettons quelques mots d'interprétation obscure et dont la lectur e pourrait être incertaine dans quelques cas ; ce sont : ' asciata' (96 p . 249) ,
commentius ' (3 p . 93), ' compossessio ' (io8 p . 263), 'cove ' (3 p . 93), ' esdir e
(11g p . 278), ' nocilium ' (iop . 104), ' submutilis ' (g8 p . 25o) et ` superpetratu s (54 P . 183) .
4. Ainsi la date de l'acte 90 p . 240 : Fada est /mec donatio In Aptae
diver-sorio / Secte luce sub Julio / Regnante Christo Domino . Rostagnus est
signa-culum 1, qui fecit hoc propatulum / . Mensura dat Tetramentum [dans l' éd . sic
13 7 en une langue particulièrement difficile, l'éditeur raccroche à l' expres-sion Bermundus . . .Jraesunator a comrunibus usibus une citation d e Fr . de Remerville, un des copistes du cartulaire au XVIle siècle qui traduit praesumptor par « quelqu'un sorti d'une race sans reproch e quoique servile » alors que nous ne pouvons y trouver que le sen s de « se réclamant de » .
Cartulaire et actes d ' Enguerran de Marigny publiés par Jean FAvu sn , Paris, Bibliothèque Nationale, 1965 (Collection de documents inédits sur l'histoire de France . Série in-80, vol . 2), 315 p .
En publiant l'édition du Cartulaire d'Enguerran de Marigny , M . J . Favier a fait avant tout oeuvre d'historien . Il complète ainsi la belle étude qu'il a consacrée en 1963 au chambellan et conseille r de Philippe le Bel. Ce texte, comme il le souligne dans son introduction , représente le cas très rare d'un cartulaire laïc non pas familial e t enrichi de génération en génération mais personnel, compilé sur l'ordr e d'Enguerran de Marigny lui-même par un seul personnage, rédig é d'un seul trait en l'espace de quelques mois (octobre ou novembre 1313 au début de janvier 1314) .
Le domaine d'Enguerran de Marigny s'est constitué grâce à so n ascension politique et n'a pas survécu à sa disgrâce et à son supplic e au gibet de Montfaucon en avril 1315 . Le cartulaire constitue don c le témoignage saisissant de la création d'une fortune au début du XIV e siècle et de sa gestion . Les biens se trouvent principalemen t groupés autour de la terre natale des Marigny : Écouis et Mainneville en Normandie mais comprennent également des domaines dans l'Amiénois et le Vermandois ainsi que dans la région parisienne .
Une partie des actes sont rédigés directement en français et le s chartes latines sont suivies de leur traduction française due au rédac-teur du cartulaire . Cette particularité les rendent évidemment parti-culièrement intéressantes pour le lexicographe .
L'édition du texte est suivi d'un index nominum puis d'un index rerum rédigé uniquement en français . Malgré cet inconvénient, le latiniste pourra assez aisément utiliser ce travail en raison de la cor-respondance si étroite entre les termes juridiques et institutionnel s français et leurs décalques latins . Le vocabulaire de l'agriculture est également largement représenté dans ces documents qui illustren t particulièrement la vie rurale du Nord de la France au début du XIII e siècle .
Paris