• Aucun résultat trouvé

L'enjeu du patrimoine industriel : Belfast, Riddel's Warehouse

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "L'enjeu du patrimoine industriel : Belfast, Riddel's Warehouse"

Copied!
140
0
0

Texte intégral

(1)

HAL Id: dumas-01622264

https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01622264

Submitted on 15 Dec 2017

HAL is a multi-disciplinary open access

archive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.

Distributed under a Creative Commons Attribution - NonCommercial - NoDerivatives| 4.0 International License

L’enjeu du patrimoine industriel : Belfast, Riddel’s

Warehouse

Pauline Brosseaud

To cite this version:

Pauline Brosseaud. L’enjeu du patrimoine industriel : Belfast, Riddel’s Warehouse. Architecture, aménagement de l’espace. 2016. �dumas-01622264�

(2)

Souvent considérée comme une ville paria, long-temps figée dans une situation de conflits, Belfast est aujourd’hui en pleine évolution : la «City» subit d’importantes transformations. Maintenant que les tensions sont apaisées, elle cherche à devenir plus attractive afin de consolider son économie, repeupler son cœur et développer le tourisme. Du fait de son prestigieux passé industriel (com-merce maritime, construction navale, exploita-tion du lin, du tabac …) elle possède une grande quantité de friches industrielles. C’est donc un enjeu majeur de gérer ces espaces. Une grande partie de ces édifices industriels sont classés et en partie protégés. Cependant, sous la pres-sion des lobbys de constructeurs, ce patrimoine est menacé, parfois laissé en proie au temps qui passe, ou même détruit.

Dans ce contexte, comment sauver l’identité industrielle de Belfast et les vestiges de son glo-rieux passé ?

PAULINE BROSSEAUD

PAULINE BROSSEAUD

Mémoire de Master - 2015 Ensa Nantes

D.E.1 Architecture Contemporaine: culture, critiques,pratiques

Sous la direction de Marie-Paule Halgand

L’ENJEU DU

PATRIMOINE

INDUSTRIEL

BELFAST / RIDDEL’S

WAREHOUSE

L’ENJEU DU P

ATRIMOINE INDUSTRIEL

BELF AST / RIDDEL ’S W AREHOUSE

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(3)

L’ENJEU DU

PATRIMOINE

INDUSTRIEL

BELFAST / RIDDEL’S

WAREHOUSE

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(4)

PAULINE BROSSEAUD

Mémoire de Master - 2015 Ensa Nantes

D.E.1 Architecture Contemporaine: culture, critiques,pratiques

Sous la direction de Marie-Paule Halgand

L’ENJEU DU

PATRIMOINE

INDUSTRIEL

BELFAST / RIDDEL’S

WAREHOUSE

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(5)

6

REMERCIEMENTS

A Marcus Patton pour m’avoir fait découvrir et aimer le patri-moine industriel de Belfast, avec tout particulièrement la décou-verte et l’étude du projet de reconversion de la quincaillerie John Riddel & Son. Pour les connaissances, l’aide et la gentillesse dont il m’a fait part et qui m’ont permis de réaliser ce mémoire. Aux associations HEARTH, NIEA et UAHS qui m’ont aidé lorsque j’avais des questions sur Belfast.

A Tanja Poppelreuter et Marie-Paule Halgand pour leur suivi et leurs conseils pour la réalisation de ce mémoire.

Et tout particulièrement, à Corinne et Jean pour leurs aides, leurs corrections et l’immense soutien qu’ils m’ont apporté.

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(6)

7

I.1/ Retour sur l’Histoire ... p.15 p.15 p.21 p.25 p.31 p.31

III.1 / Histoire de Riddel’s Warehouse ... II.1 / Introduction aux organismes de protection de ce patrimoine technique ... II.2 / Les trois principaux acteurs de la protection du patrimoine industriel de Belfast ... I.2 / L’importance du patrimoine industriel pour Belfast

III.2 / Le projet pour Riddel’s Warehouse ... I.1.A / L’industrialisation de l’Irlande du Nord ...

III.1.A / Hearth et la reconversion de la quincaillerie .. I.2.A / La notion de Patrimoine industriel ... I.1.B / La post-industrialisation ...

III.1.B / Riddel & Son une affaire de famille ... I.2.B / La nécessité pour Belfast de gérer son patrimoine industriel ... I.1.C / Le contexte actuel de Belfast ... PARTIE I / HISTOIRE DU PATRIMOINE

INDUSTRIEL DE BELFAST ... p.15 p.11

p.49

p.67 PARTIE III / CAS D’ETUDE LA RECONVERSION

DE RIDDEL’S WAREHOUSE ... PARTIE II / QUI SONT LES ACTEURS DE

LA PROTECTION DU PATRIMOINE INDUSTRIEL ? ...

SOMMAIRE

INTRODUCTION ... p.35 p.49 p.53 p.67 p.77 p.79 p85

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(7)

8

III.2.C / Financement et Gestion des travaux ... III.2.D / Avancement des travaux ... III.2.B / Reconversion de l’ancienne quincaillerie en galerie d’art ...

CONCLUSION ... BIBLIOGRAPHIE ... ICONOGRAPHIE ... ANNEXES ... III.2.A / Description de l’entrepôt Riddel ...

p.135 P.129 P.119 p.115 p.85 p.101 p.109 p.111

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(8)

11

1. Louis BERGERON, Patrimoine industriel et reconversion Actes du séminaire Européen de Bilbao 13 et 15 décembre 2001, coll. Des lieux et des liens, novembre 2002.

INTRODUCTION

L’Irlande du Nord a toujours été un territoire de conflits. Partiellement détruite durant la seconde Guerre mondiale, enlisée dans des conflits politico-religieux, affaiblie par les Troubles, elle a connu de forts bouleversements entrainant sa désindustrialisation et remettant en cause son organisa-tion territoriale. A présent, elle encourage une politique de renouvellement urbain dans chaque ville du territoire, desti-née à redorer son image pour pouvoir s’attirer les investis-sements et ainsi redresser son économie.

Dans la capitale, Belfast, cette volonté de transformation passe au travers d’une régénération urbaine. Le centre ville et le péricentre disposent d’une quantité importante d’anciens sites industriels et portuaires. Le réemploi de ces friches est au cœur des débats. Se pose la question de la requali-fication de ces espaces, qui, autrefois, ont fait la prospérité de Belfast, mais forment aujourd’hui des cicatrices dans le tissu urbain et sont perçues telles des « nuisances visuelles qui ne peuvent être digne d’un pays moderne »1. Le rouleau

compresseur des promoteurs immobiliers et le dictat des investisseurs sont peu sensibles aux vestiges de l’ancienne Belfast : la régénération doit passer par la reconstruction qui est perçue comme moins coûteuse que la reconversion. Face à cette pression immobilière, le patrimoine industriel constitué d’avantageuses réserves foncières se trouve menacé. Même si depuis quelques années s’est entamé une prise de conscience de l’importance de celui-ci, les actions menées pour le conserver restent peu nombreuses. Le gouvernement laisse ces édifices se détériorer, et ne fait

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(9)

12

aucun effort pour les préserver ; certains de ces bâtiments devenus alors trop dangereux sont détruits. Ces éléments pourtant constitutifs d’identité pour Belfast peinent à faire valoir leurs droits alors qu’ils sont l’essence même de la diversité architecturale de la ville.

Il est évident que sans ces monuments témoins du passé, la ville perdrait un pan entier de son histoire. Comment ces édi-fices ils être protégés ? De quelle manière peuvent-ils être réutilisés pour prouver au monde de l’immobilier qu’ils ont toujours leur place ici ? Et qui sont les acteurs qui permettent à bon nombre d’entre eux d’être encore debout ? Tel est le sujet de mon mémoire, cette épopée fascinante de la sauvegarde d’un patrimoine oublié de tous jusqu’à sa remise en fonction.

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(10)

14 1 sdgkjsdkjsd

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(11)

15

(1) Vue aérienne de

Belfast de 2013 2. Protestants de France perdant les guerres de religion dans la seconde moitié du XVIe siècle. 3. Ville voisine de Belfast.

I.1.A / L’INDUSTRIALISATION DE L’IRLANDE DU NORD

L’Irlande n’a pas connu la Révolution industrielle intensive tel ce fut le cas début du XVIIe siècle en Grande-Bretagne. Ce

retard de l’industrialisation est dû à plusieurs facteurs. Tout d’abord, c’est le manque de matières premières, tels que le charbon et le fer qui conduira durant plusieurs années le pays à rester confiné au rôle d’annexe agricole des îles voisines. A cette époque, l’Irlande est pauvre et affaiblie, peuplée en grande majorité par des paysans qui subissent depuis plus de 600 ans les invasions anglaises. Cette lutte perpé-tuelle contre l’occupant est le second facteur qui explique le retard de l’industrialisation du pays. Malgré tout Belfast a toujours été historiquement la ville la plus industrialisée d’Irlande, cela tout d’abord de par sa position stratégique au niveau de l’embouchure de la Farset, un affluent de la Lagan (fleuve traversant Belfast). Cette situation permis à la ville de se développer autour d’un port de commerce qui, avec les années, pris rapidement de l’ampleur. C’est dès la fin du XVIIe siècle que commence le commerce maritime,

tout d’abord avec l’Angleterre, puis un demi-siècle plus tard, avec l’outre Atlantique.

L’industrie Textile est la première firme à s’installer dans la région. C’est à la suite de la révocation de l’édit de Nantes et de l’émigration des Huguenots2 en Irlande que les premières

grandes usines vont être créées. Louis Crommelin, l’un de ces Huguenots venant de Picardie, s’installa à Lisburn3 en

PARTIE I

HISTOIRE DU PATRIMOINE

INDUSTRIEL DE BELFAST

I.1 / RETOUR SUR L’HISTOIRE

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(12)

16 4. Denis Mckee, Historiens et Géographes n°401, Un patrimoine méconnu : le

patrimoine industriel irlandais, p90

5. Lewis, Topographical Directory of Irland, Country Antrim, 1837

1695 et créa trois ans plus tard les premières manufactures de lin de la région4. N’ayant aucun autre concurrent

britan-nique dans le domaine, Belfast se vit «maître» du marché du textile. En 1701, ces entreprises de lin exportent 0,2 millions de yards de tissus, mais dès 1770 l’exportation passe à 17 millions de yards. Devant le succès de la production textile, d’autres entrepreneurs vont installer leurs manufactures de coton à proximité de Belfast. En 1785, l’industrie cotonnière embauche plus de 50 000 employés (20 000 ouvriers de filature, 25 000 tisserands et 5 000 employés dans des activités rattachées)5. L’offre d’emploi est la plus importante

dans le Nord du Pays. Belfast prend la place de la seconde plus grande ville d’Irlande après Dublin.

C’est à partir de 1791 que la construction navale démarra modestement dans la capitale. C’est grâce aux guerres entre l’Angleterre et la France (avec le blocus continental napoléo-nien) que l’Irlande va s’avérer d’une grande aide. Elle fournit la Grande-Bretagne de ses produits agricoles et manufac-turés irlandais. Ces échanges commerciaux entre les deux pays vont quintupler entre 1785 et 1800. Ceux-ci vont per-mettre à Belfast de développer son industrie ferronnière et la production d’importants ateliers mécaniques. On pourrait donc penser qu’il s’agit du début de la révolution industrielle d’Irlande, mais la fin des guerres napoléoniennes vers 1820 va mener à la reprise du contrôle de la Grande Bretagne. L’industrie britannique va se développer très fortement et va venir concurrencer l’Irlande sur tous les terrains. Cette

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(13)

17

6. Erik Falc’her-Poyroux et Jean Guiffan, L’Irlande, idées reçues, le Cavalier Bleu 7. Denis Mckee, un patrimoine méconnu: le patrimoine industriel irlandais, His-toriens et Géographes n° 401, p90-91

dernière s’appauvrit de nouveau et ne put résister aux pres-sions de son envahisseur, car depuis l’unification des deux pays en 1800, l’Irlande a perdu le contrôle de son marché intérieur. L’industrie cotonnière irlandaise s’écroula, seule l’industrie linière fit face à la concurrence. La main d’œuvre peu chère de paysans lui permit de perdurer et de pour-suivre son accroissement.

La Grande Famine de 1845 à 1851 diminua fortement la population du pays, tant par le grand nombre de morts que par le nombre de migrants (plus de 1,5 millions de morts et près de 1.3 millions de migrants). La main d’œuvre des usines subit cette même diminution : une baisse de près de 15% à 20% en 18506. Belfast ne posséda alors plus qu’une

seule usine de lin en «bonne» activité.

Mais cette ville basée désormais sur l’industrie reprendra rapidement le dessus ; l’accroissement de l’industrie navale permis le «redéveloppement» le secteur du lin ; en 1868 on comptait 22 usines intégrées de lin7. D’autres industries

telles que celle du tabac, de l’eau gazeuse et de la corde trouveront elles aussi une place conséquente dans l’écono-mie de la ville.

Seule cette région Nord-Est du pays sortira assez vite de la situation de crise produite par la Grande Famine. A cette période, le comté d’Ulster, et plus particulièrement Belfast, se rapprocha d’un point de vue socio-économique de villes comme Liverpool ou encore Glasgow, avec une économie florissante. Cette partie de l’île devient un pôle attractif pour

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(14)

18 8. Denis Mckee, un patrimoine méconnu: le patrimoine industriel irlandais, His-toriens et Géographes n° 401, p91

9. Fleuve d’Irlande du Nord se jettant dans l’océan Atlantique depuis Belfast.

la Grande-Bretagne, qui décide d’augmenter les échanges commerciaux. Belfast va alors tourner le dos au reste du pays afin de continuer son développement. De plus, ce revi-rement de situation lui permis de ne pas subir l’effondre-ment de l’industrie locale. Cette stratégie sera fructueuse car dès le début du XXe siècle, Belfast concentra un tiers

de la production industrielle totale de l’île. La capitale faisait transiter dans son port les deux tiers des exportations de manufacturés du pays.

C’est alors que l’on voit la population augmenter de manière singulière. En 1800, Belfast compte 20 000 habitants, 100 ans plus tard en 1900, elle en compte 349 0008. Cette

aug-mentation exponentielle est due à l’industrialisation massive de la ville à la fin du XIXe siècle, essentiellement concentrée

dans le secteur naval. Le port de Belfast s’agrandit et vient s’étendre davantage sur la Lagan9 pour répondre à cette

demande croissante.

(2) LeTitanic et l’Olympic au cours de leur construction

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(15)

19

La construction navale n’a jamais connu de réelle crise, malgré les conflits constants entre Irlandais et Britanniques, catholiques et protestants. Les chantiers, connus sous le nom Harland & Wolff, vont alors avoir de grandes ambitions, et vont construire les paquebots qui feront la popularité de la ville, l’Olympic et le Titanic (1909-1911).

Après la séparation officielle de 1921 entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande la production n’a cessé d’aug-menter. Ces chantiers vont, dès la Seconde Guerre mon-diale, devenir un élément phare pour l’Ulster. L’Irlande du Nord s’étant déclarée neutre dans cette guerre, ses ports vont être sollicités par de grandes puissances telles que les Etats-Unis, afin de servir de lieu de protection pour des convois de l’Atlantique qui acheminaient des hommes et du matériel d’armement. Afin d’accroitre l’économie de la région, les chantiers de l’Ulster situés dans les villes de Bel-fast, Larne et Derry Londonderry se sont en partie reconver-tis à la confection d’armes et matériels de guerre. L’Ulster va

(3) Fin d’une journée de travail sur les chantiers Harland & Wolff

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(16)

20 10. Pierre JOANNON, « Irlande du Nord ou ULSTER », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 4 spetembre 2015. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/irlande-du-nord-ulster/, partie 2.

11. ibid, partie 2.

alors produire près de 550 chars d’assaut, 150 navires ainsi que 1 000 bombardiers10, ce qui va fondamentalement

bou-leverser l’économie de l’Irlande du Nord. De nombreuses usines virent le jour, comme des ateliers de menuiserie, de fonderie, de ferronneries, de turbines, d’usinage,des ferrail-leries, est bien d’autres encore, ce créant une grande offre d’emploi pour les ouvriers.

Dans les chantiers Harland & Wolff de Belfast on compta-bilisait en 1938, 7 300 ouvriers ; le chiffre passa à 20 600 au début des années 1940. Dans l’industrie générale de Bel-fast les emplois passent de 27 000 à 70 00011. Belfast fut

pendant la guerre une base navale de grande importance à l’échelle mondiale. Ce prestige l’amena à se faire bombarder en 1941 par les forces allemandes. Environ 200 bombar-diers attaquèrent les grands pôles industriels d’Irlande, dont Belfast qui fut la ville la plus touchée. Celle-ci fut détruite de moitié dans le but de rendre inexploitable ses chantiers. Cet assaut de l’aviation allemande fut après celui de Londres le plus violent de l’histoire du Royaume-Uni.

C’est alors que la capitale de l’Irlande du Nord se retrou-va une nouvelle fois dans une situation critique. Elle dut de nouveau faire face aux difficultés pour se reconstruire. Cet après-guerre amorça le déclin industriel de la ville et du pays.

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(17)

21 12. Ce chiffre reste très approximatif car il varie beaucoup selon les différentes sources :

Police Services of Northern Ireland, Royal Ulster Constabulary, Council of Belfast

http://www.bbc.co.uk/history/histories/troubles

A partir du 5 avril 1941, à la suite des bombardements alle-mands, Belfast est brisée. Détruite à 50%, la ville se trouve en condition de précarité extrême.

Les chantiers navals qui dominaient l’économie de la ville sont en grande partie démolis. C’est le début de la désin-dustrialisation. Les conditions de vie sont rudes. Un quart des habitants se retrouvent sans abri. Cette population est alors parquée dans des quartiers surpeuplés. De ce fait, la propagation d’épidémies se développe et les affrontements entre les deux communautés religieuses dégénèrent. La pro-miscuité entre catholiques et protestants sur cette terre que chacun revendique sienne, amène à des débats politiques violents sur l’autonomie et l’indépendance de l’Irlande. Les discriminations économiques, sociales et politiques que subissent majoritairement les catholiques vont aboutir au début des affrontements en août 1969. Cette «guerre civile» portera de nom de Troubles et verra son apogée dans les années 70.

Les attentats de L’IRA (l’armée républicaine irlandaise) et les représailles des milices loyalistes, avec des assassinats et des émeutes dans les quartiers populaires catholiques, c’est-à-dire l’ouest de Belfast, vont amener définitivement la peur dans la ville. Durant ces Troubles on comptabilisera plus de 3 500 morts entre 1969 et 200112.

Les Belfastois fuient le cœur de ville. Ils tentent de protéger

I.1.B / LA POST-INDUSTRIALISATION

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(18)

22 1 sdgkjsdkjsd

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(19)

23

13. Informations sur les peace walls, http://www.theguardian.com/cities/2015/ sep/29/belfast-berlin-wall-moment-permanent-peace-walls, consulté en Octobre 2015.

leur famille en s’installant sur les terres en périphérie de la ville. Belfast se vide, et les usines qui autrefois faisaient la prospérité de l’Ulster luttent mais finissent par fermer leurs portes. Le déclin des activités tel que les chantiers navals, le textile, la métallurgie provoque une forte augmentation du taux de chômage.

Afin de «stopper» les effets de cette guerre de religion, les élus locaux vont mettre en place, en 1980, des plans d’amé-nagements urbains.

D’abord avec la poursuite et la fin de la construction des

peaces lines, ces murs qui séparent les quartiers

catho-liques des quartiers protestants, dans l’espoir d’atténuer les tensions. Construit en brique sur une hauteur minimale de 3m, ils sont répartis dans Belfast. Actuellement on en recense 99 murs13. Des portes permettent de les traverser

en journée afin de se rendre au travail et d’accéder plus rapi-dement aux différents services de la ville. Elles sont ouvertes de 7h00 à 19h00, sauf le dimanche où elles restent fer-mées. Ce fonctionnement a permis en partie de réduire les affrontements et d’offrir à chacune des communautés des zones dites plus sécurisées.

Cette politique d’aménagement urbain portant le nom de

Waterfronts va ensuite avoir pour volonté de revitaliser le

centre-ville, ainsi que les quais de la Lagan et les chantiers. Ces interventions sur le territoire de Belfast se feront de manière très lente, et continuent aujourd’hui encore de se

(4) Ségrégation com-munautaire,Belfast (2000)

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(20)

24

poursuivre. C’est à cause des revendications communau-taires et de la complexité pour les acteurs locaux de propo-ser des dispositifs pouvant satisfaire les deux camps que l’on observe cette lenteur d’intervention.

Après une trentaine d’années de conflits, le cessez le feu par l’IRA en 1994 et les accords de paix du «Vendredi Saint» («the Good Friday Agreement») de 1998 ramènent le calme à Belfast, ainsi qu’en Irlande du Nord.

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(21)

25

14. http://worldpopulationreview.com/world-cities/belfast-population/ , consul-té en Octobre 2015.

I.1.C / LE CONTEXTE ACTUEL DE BELFAST

Aujourd’hui l’activité portuaire de Belfast reste bien pré-sente. Même si les chantiers ont été spatialement réduits, la capitale d’Irlande du Nord reste la ville la plus industrialisée du pays. La ville se reconstruit. Les politiques de redynami-sation misent en place à partir de 1980 se poursuivent. La désindustrialisation et les conflits ont laissé place à de nombreux bâtiments vacants. L’enjeu pour les élus de l’Uls-ter est de «combler» ces failles dans le but de promouvoir une ville unifiée et apaisée. Ils cherchent à communiquer l’image d’une ville «post-conflictuelle». L’objectif est de rendre Belfast plus attractive tant pour le tourisme que pour voir les Belfastois revenir habiter la ville. En 1926, 90% des résidents de Belfast vivaient dans la ville même, un pourcen-tage qui fut réduit de moitié en 1991 (279 237 habitants). Même si la ville s’est depuis repeuplée, avec en 2014 une population remontant à 585 000 habitants, dont 295 000 habitants dans le centre de la capitale, elle est encore loin de sa popularité de 197114. A cette époque la région atteignait

les 600 000 habitants, dont environ les deux tiers à Belfast. C’est avec cette stratégie de développement urbain, à la suite du projet Waterfront de 1980 que les élus de Belfast misent sur la restructuration de la capitale d’Irlande du Nord (tant spatiale, que politique et économique). Moyen-nant la construction de nouveaux projets emblématiques (tel le musée du Titanic et le centre commerciale de Victo-ria Square), de nouveaux projets de logements (beaucoup

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(22)

26

locations pour les étudiants, pour répondre à la demande actuelle) et la régénération de friches produitent par la désin-dustrialisation de la région.

La partie restructuration de ces bâtiments délaissés se fait soit par leur simple destruction. Une méthode rapide et effi-cace mais néfaste pour le patrimoine Belfastois. La seconde alternative est la reconversion de ces friches. Dans un pre-mier temps sur des espaces vacants légèrement écartés du centre pour s’éloigner de la «zone d’affrontement» des deux communautés. Il était donc d’une certaine manière plus simple de débuter avec les lieux industriels situés en péricentre.

(5) Stratégie de Régénération la Laganside Corporation

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(23)

27

15. information sur la Langaside Corporation, http://www.williemiller.co.uk/tag/ laganside

16. Site officiel du Titanic Quarter, http://titanic-quarter.com/

C’est en 1989 que commenceront les travaux de grande ampleur, avec tout d’abord le réaménagement des berges de la rivière Lagan (principalement la rive gauche).

Ce projet appelé la Laganside Corporation15 a pour but

d’encourager l’investissement et le développement du com-merce et de l’industrie (existante et nouvelle), ainsi que la création d’un environnement attractif par l’exploitation des terrains et des édifices présents sur les rives. Toujours dans l’ambition d’attirer les gens à venir de nouveau vivre et trou-ver du travail dans la ville. Cette réhabilitation diffuserait une meilleure image de Belfast ; celle d’une ville qui malgré son histoire difficile a su redevenir une capitale dynamique et culturelle incontournable en Europe. Une capitale viable en pleine croissance en laquelle il devient intéressant d’investir et de développer le tourisme.

Devant le succès de la Laganside Corporation (achevée au début des années 2000), les autorités de Belfast ont pour-suivi ces réaménagements dans d’autres espaces manufac-turiers situés dans le secteur des chantiers Harland & Wolff. De nos jours ces chantiers continuent de construire des navires de haute qualité. Mais le marché ayant baissé, ils ont dû trouver une alternative. Ils se sont donc spécialisés dans la réalisation de pétroliers et de plates-formes off-shore. Cette alternative implique que désormais une grande partie du site des anciens chantiers n’est plus utilisée. C’est sur cette friche industrielle où se trouver les célèbres cales du Titanic et de l’Olympic16 que va finir de s’installer l’un des

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(24)

28 17. David Coyles (2013) Reflections on Titanic Quarter: the cultural and material legacy of an historic Belfast brand, The Journal of Architecture, p. 332

plus grands projets de régénération urbain d’Europe, le Tita-nic Quarter. Cet aménagement a pour ambition à la fois de redynamiser une zone urbaine économiquement sinistrée, créer du travail en grande quantité (lors de la réalisation des travaux et par la suite avec l’implantation d’activités), attirer de nouveaux habitants (le quartier pourra fournir des habi-tations et du travail pour 50 000 habitants), développer le tourisme, ainsi que promouvoir le patrimoine historique et architectural de Belfast. Une volonté de sortir la ville de la crise. Il s’agit d’un projet colossal de réhabiliter 185 acres, soit 728 435 m² d’anciennes friches portuaires sur une durée de 30 ans17.

Actuellement, le projet possède déjà un permis de construire

(6) Projet et infrastructures du Titanic Quarter

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(25)

29

18. David Coyles, op. cit. p.342

pour la moitié du projet (plus précisément pour 371 610 m²) et est déjà en cours de réalisation depuis 2005. Il est financé en partenariat par le Conseil Touristique d’Irlande du Nord, le Conseil Municipal de Belfast, les Commissaires du Port de Belfast et le Titanic Quarter Ltd18. Des collectifs qui

fondent en ce nouveau quartier, le glorieux renouveau de la ville de Belfast. Ils définissent le quartier comme allant au-delà d’une question communautaire :

« Titanic now stands for peace, prosperity and political

power sharing. No longer a Protestant ship for a Protestant people » Brown, McDonagh, Schultz, 2013, p 606

« Where we once built ships we now build communities »

publié dans le Titanic Quarter Background to Development en 2011

Ou encore les promesses faites lors d’un discours en 2014 par W.J.N Neill (l’un des acteurs principaux de la fondation

Titanic Quarter Fondation Limited), de voir des grandes

retombées économiques et sociales pour tous, peu importe la classe sociale :

« We don’t want this (Titanic Quarter) to turn into another

tribal area : it’s a place for everyone and where everybody can come and feel relaxed »

Un souhait utopique mais à première vue non réalisable ; seul les «riches» et les business man peuvent investir et

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(26)

30 19. David Coyles, op. cit. p.355-357

20. Dominique Chevalier, « Titanic Belfast vs mémoires d’un naufrage : le patri-moine (post)industriel de la ville ne sombrera pas ! », p13

se loger dans le quartier19. Dans ce projet pronant la mixté

sociale, la classe moyenne et le prolétariat se retrouvent mis à l’écart20.

Un quartier et un chantier qui se veulent célèbres dans le monde entier pour leur qualité environnementale, leur réem-ploi et leur valorisation des édifices existants, ainsi que pour la grande ampleur des aménagements.

La conservation des éléments existants du site est un fait moteur pour le projet. Celle-ci est basée sur l’histoire du célèbre paquebot mondialement connu, le Titanic. Chaque bâtiment, cale ou plateforme pouvant raconter une partie de l’histoire du bateau sera conservé et mis en valeur afin d’embellir l’histoire des chantiers dans un but d’une diffu-sion mondiale.

Une régénération urbaine qui souhaite magnifier l’histoire et la grandeur du patrimoine maritime et industriel de Bel-fast mais qui au final se retrouve souvent étouffé et pié-gé parmi la masse de constructions immobilières. Malgré toutes les différentes opinions de cette instrumentalisation de la mémoire industrielle du Titanic et de ses chantiers, ce projet de reconversion des friches industrielles portuaires montre par son succès au niveau touristique et investisse-ment étranger, que le patrimoine industriel est aujourd’hui un élément moteur dans le processus de métropolisation de la région.

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(27)

31

21. Sitation de A. Raistrick, Industrial Archaeology (p.2) tirée du livre de Jean-YvesAndrieux, Le Patrimoine Industriel, presse universitaire de France, Que sais-je ?, Paris, mars 1992,p.75

22. ibid p.76-77

La notion de patrimoine industriel trouve naissance en Grande-Bretagne dans les années cinquante, sous le nom de Industrial Archaeology. C’est dès 1959 que le Council for

British Archaeology va proposer la qualification de

«monu-ment industriel» définie comme:

« toute espèce de bâtiment ou de structure en place, datant particulièrement de la Révolution industrielle, qui, seule ou associée à un matériel ou un outillage d’origine, illustre le démarrage et le développement des processus industriels et techniques, au nombre desquels on range les moyens de communication »21

C’est avec cette toute première définition que le processus de préservation des édifices et lieux emblématiques de l’in-dustrie va commencer.

La même année va suivre la création du RCIA, the Research

Comitee on Industrial Archaeology, la première association

officielle qui va entamer le recensement des édifices, lieux, objets, outillages et machines pouvant être classés comme patrimoine industriel22. Cela va marquer un grand tournant

pour l’Angleterre puisque l’on va passer d’une aire de la construction et de l’acquisition, à une aire de la préservation et de l’appréciation. C’est le début de la reconnaissance du

I.2.A / LA NOTION DE PATRIMOINE INDUSTRIEL

I.2 / L’IMPORTANCE DU PATRIMOINE

INDUSTRIEL POUR BELFAST

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(28)

32 23. Maurice Daumas, L’archéologie industrielle en France, Paris, 1980. 24. Jean-Claude Daumas, La mémoire de l’industrie de l’usine au patrimoine, 2006, p.14

patrimonial industriel.

Ce pays qui a été le premier à connaitre une industrialisation intense suivie du déclin de celle-ci lors de la période d’après-guerre, va par la même occasion être le précurseur dans la prise de conscience de la valeur de son héritage industriel. C’est avec la phase de vieillissement de l’industrie, la baisse de la main d’œuvre, le développement du mode de vie et l’apparition de nouvelles techniques, plus modernes, que le pays s’est rendu compte de la nécessité de conserver des traces de son passé, ce à des fins identitaires.

Aucune société ne peut faire table rase de son passé, on peut même dire que :

« Face à des bouleversements socio-économiques, le lien que crée le patrimoine entre les générations est un facteur de stabilisation d’identité auquel on peut se rattacher »23

Et pourtant le déclin des usines a dans un premier temps amené à la destruction rapide de nombreux édifices. Les élus locaux n’ayant pas, à l’époque, d’expérience dans le domaine et devant faire face à une situation de «l’urgence» pour gérer les friches industrielles «encombrant» la ville, ils se sont trop souvent empressés de les faire disparaître24.

Cette politique de destruction a souvent privé les popula-tions d’un support matériel de mémoire. Ces démolipopula-tions (majoritairement entre 1941 et 1947) furent perçues comme

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(29)

33 25. Synthétisation et simplification des méthodes d’investigations.

néfastes, tant par rapport à leur coût économique important, la pollution qu’elles engendrent, que par le ressenti d’une perte de l’histoire pour la population.

Avec l’évolution des techniques, on a vu de nouvelles manufactures et entreprises se construire en bloc dans des «pôles industriels», situés à l’extérieur des villes et laissant finalement les anciens bâtis du cœur de ville (ainsi qu’en péricentre) vides de toutes activités. Malgré la période de destruction de cet héritage, les Britanniques comptent encore sur leurs terres, des sites industriels par milliers. Une masse considérable d’usines, d’ouvrages d’art, des gares, des réseaux de voies ferrées, des canaux, des écluses, ainsi que tous les éléments et constructions du domaine portuaire et bien d’autres encore. Il faut gérer cette quanti-té démesurée afin d’éviter les erreurs du passé et de faire les mauvais choix de destruction. C’est dans cette idée de «juste» conservation que le patrimoine industriel à un rôle important.

Il s’agit d’un domaine interdisciplinaire de connaissance, de recherche et de sauvegarde du patrimoine architectural de l’industrie. A l’exemple des autres catégories de patri-moine, il emploie des méthodes d’investigations tels que : l’inventaire des sites et objets, une phase de recherche et de documentation poussée, des mesures d’inscription et de classement25.

Cependant, le cas du patrimoine industriel reste singulier car contrairement aux autres, il se heurte souvent à

l’incom-ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(30)

34

préhension de la société, et bénéficie plus difficilement de financements publics, permettant d’assurer la maintenance de l’héritage. A la différence du patrimoine traditionnel, les facteurs comme l’esthétique et la singularité ne sont pas forcément des critères pris en compte lors de la classifi-cation. L’industrie prône la technologie, des espaces sou-vent standardisé et la production en série. On peut donc dire qu’elle n’a pas un caractère «exceptionnel». C’est pour cette raison qu’il peut s’avérer difficile de justifier la protection d’un élément industriel.

De nos jours la situation s’améliore légèrement, le patrimoine industriel est désormais reconnu comme une partie inté-grante du Patrimoine National. Face à une usine désaffectée la démarche tend aujourd’hui davantage à la reconversion qu’à la démolition (cela aussi dans un but «écologique»). On cherche à donner une seconde vie à ces espaces. On les transforme et les adapte à la ville et pour la ville. Ces interventions permettent de préserver la mémoire sociale et industrielle de certaine région. Par cette transformation on n’efface pas le passé, on le remet en scène afin que les plus jeunes générations puissent connaître leur histoire. D’autant plus qu’une reconversion réussie du patrimoine peut être un facteur de développement local. Cela peut renforcer l’iden-tité locale, consolider et accroître les liens sociaux, ainsi que renvoyer une image positive qui peut être un élément attractif.

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(31)

35

26. Explications fournies par Marcus Patton de HEARTH et Anthony Kirby de NIEA lors d’une entrevue au centre de documentation de NIEA.

C’est à partir de 1962 que l’on va réellement voir apparaître la notion de protection des éléments de l’industrie en Irlande du Nord. Un peu plus de 10 années après l’Angleterre, cette notion traversa la mer. Riche d’un passé industriel varié, cette partie britannique de l’île fut en avance par rapport à la République d’Irlande dans sa gestion patrimoniale. A cette époque, il n’existe encore aucune législation spécifique pour la conservation des bâtiments techniques et indus-triels (contrairement à l’Angleterre). C’est dans un premier temps le ministère des Finances du Gouvernement d’Irlande du Nord qui va entreprendre la réalisation d’un inventaire régional de l’archéologie industrielle (avec des recherches basées sur les archives du Nord-est du pays, ainsi que des études de terrain)26. Mais ces actions débuteront

maladroi-tement et difficilement. A cette période, le Nord-est du pays est en plein conflits politiques et religieux. La préservation du patrimoine industriel n’est alors pas une priorité. Les villes industrielles telles que Belfast, Larne et Derry Londonderry seront les plus marquées par les affrontements et les plus touchées par la destruction d’ensembles manufacturiers. A Belfast les élus locaux misent sur la présence des peace

walls divisant les quartiers catholiques et protestant afin

de gérer les conflits. Cela n’améliore que peu la situation ; le cœur de ville, perçu comme un terrain «neutre», subit des affrontements violents entre les deux parties. Certaines

I.2.B / LA NÉCESSITÉ POUR BELFAST DE GÉRER SON PATRIMOINE INDUSTRIEL

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(32)

36 1 sdgkjsdkjsd

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(33)

37

27. Site du National Trust pour l’Irlande, http://www.antaisce.org/

28. Information fournie par Marcus Patton lors d’échange par mail, novembre 2015.

usines de coton, de lin et de cordage qui furent de grande renommée à Belfast vont être endommagées lors de ces combats. Ces manufactures qui amenèrent la richesse de la capitale dans les années 1870, vont à la suite de leur fermeture (à la suite de la seconde guerre mondiale) être perçues comme des faiblesses. Le passé est alors effa-cé dans l’idée de reconstruire dans les années qui suivent une ville meilleure. Dans cette configuration des années soixante, il semble impossible d’intervenir de manière effi-cace pour la préservation du bâti. Malgré la mise en place du National Trust (cette institution, fondé en 1895, vise à préserver de toute dégradation le patrimoine bâti et le litto-ral du Royaume-Uni) il est difficile pour la région de l’Ulster de protéger son patrimoine27. Ce sera seulement à partir du

milieu des années 70, que le gouvernement commencera la mise en place des politiques locales pour la gestion et la protection de cet héritage. Suivra en 1980, les premières réglementations d’aménagements urbains de Belfast, le projet Waterfront. Cette volonté naissante de transformer la ville afin de lui donner un renouveau.

C’est environ vingt ans après la prise de conscience de l’im-portance de protéger son patrimoine, que l’Irlande du Nord va mettre en application des programmes de préservation. Un bon nombre associations vont être reconnu en Irlande du Nord, en République d’Irlande ainsi qu’en Grande-Bretagne pour soutenir ces actions. De nouveaux inventaires seront alors réalisés en 197428 sur la base des anciens qui avaient

(7) 7 Décembre 1982, scène de dévastation dans le nord de Ulster à la suite d’un attentat de l’IRA tuant 17 per-sonnes

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(34)

38

été fait par le ministère des finances. Dès lors, Belfast pos-séda une base de référence stable et détaillée, permettant de mieux protéger les vestiges de son passé.

L’exploitation du patrimoine industriel est un enjeu majeur pour la ville de Belfast. Riche de son passé portuaire, tex-tile et manufacturier, la région possède de nombreux sites industriels porteurs de projets. Cette réglementations pré-serve quelques une de ces friches de tout dommage, dans l’attente de financements et de projets de restauration, reconversion, muséification ou encore de déclassement et de destruction. Bien sûr, un bon nombre d’édifices échap-peront à la règle, sous prétexte que ce bâti n’aurait aucune «légitimité» au plan patrimonial, esthétique et culturel ; et qu’ils n’auraient pas de signification dans l’évolution de la société. Les élus en profiteront pour les détruire, sans consultation préalable d’organismes de protection du patri-moine, afin de construire de nouveaux ensembles. Pour eux, la revitalisation économique du territoire ou la restructura-tion urbaine de la ville n’est souvent pas compatible avec la préservation et la valorisation du patrimoine (prenant en compte le patrimoine industriel). L’action patrimoniale reste fréquemment réduite à une fonction d’accompagnement. C’est ce qui s’est passé pour la réalisation du nouveau centre commerciale Victoria Square. Auparavant se trouver à cet emplacement un ensemble varié de bâtiments. On pouvait y trouver l’usine d’eau gazeuse Cantrell & Cochrane’s, un théâtre, l’usine de savons et bougies Banquet Buildings,

ain-ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(35)

39

29. Informations fournies par Marcus Patton lors d’échange par mail, décembre 2015

si que des immeubles de bureaux. Tous ces éléments furent construits au XIXe siècle. Chacun d’entre eux furent

prati-quement entièrement détruite au début des années 2000 afin de réaliser le Victoria Square, le plus grand centre com-mercial d’Irlande du Nord en plein centre de Belfast. Seuls deux éléments, la fontaine Jaffe construite dans les années 1870 par un ancien maire Lord Otto Jaffe29, et une partie

de façade de l’usine d’eau gazeuse servant aujourd’hui de devanture d’un restaurant situé au troisième niveau, ont été conservés et utilisés comme objets décoratifs.

Il y a aussi l’exemple du centre commercial Castle Court situé aussi en plein centre de Belfast, dans la rue principale Royal Avenue. Il y a 15 ans l’édifice situé à cette empla-cement était un hôtel haut standing, entouré de commerce de proximité (avec la présence du Smithfield Market). Un quartier auparavant classé comme élément du patrimoine

(8) La fontaine de Jaffe située à l’une des entrée du centre commerciale Victoria Square

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(36)

40 30. Explication de la réalisation de Caslte Court, http://www.futurebelfast. com/12---62-royal-avenue--castle-court.html

de Belfast. Plusieurs propositions de réhabilitation de cette zone avaient été présentées dans les années 80. Toutes avaient été rejetées car aucune ne respectait les réglemen-tations de préservation. Cependant en 1985, un feu déclaré criminel par la police, ravagea toute la parcelle (y compris l’hôtel). Celle-ci fut donc détruite et trois ans après com-mençait le chantier du nouveau centre commercial30.

Malgré tout, ces espaces industriels désertés véhiculant pour certain des traumatismes locaux, ne doivent pas être oubliés. Ce sont au même titre que les monuments

histo-(9) Plan avant et après la construction de Castle Court (10) the Grand Central Hotel, début 1980

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(37)

41

riques des architectures à sauvegarder. De nos jours, ces types de lieux de mémoire remplissent différentes fonctions pour la société. Ils ont servi d’outils de deuil lors de la dis-parition des grandes industries de Belfast. Puis ces vestiges matériels ont été (et sont toujours) des éléments constitu-tifs d’identités professionnelles et locales considérés alors comme un «remède» face à la crise. Avec le temps cet héri-tage est devenu attractif, plus seulement pour les acteurs directement concernés, c’est-à-dire les anciens travailleurs, mais aussi pour différents investisseurs. Ce patrimoine technique est un facteur de dynamisation territoriale et de développement local. Tous ces éléments doivent donc être étudiés et valorisés, afin d’enclencher des transformations qui soient durables, non génériques et le plus adaptées aux besoins de la ville, tout cela sans rentrer dans un processus de totale conservation.

Tous les paysages industriels ne sont pas bons à être pré-servés. Le rôle du patrimoine industriel n’est pas non plus de protéger seulement les beaux et vieux objets architectu-raux. Il faut savoir faire un choix, pour ne pas rentrer dans un stéréotype de commémoration pieuse du déclin de l’in-dustrie, ce qui stopperait probablement le développement tant social, économique que culturel. Il ne faut pas submer-ger Belfast de son passé et rendre floue cette mémoire à vocation identitaire. Il faut donc prendre le temps de bien étudier l’histoire et l’importance de chacun de ces édifices afin qu’une partie (aussi grande soit-elle) de ce bâti viennent à avoir un rôle dans l’évolution de la ville.

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(38)

42

Néanmoins, la grande quantité et la singularité de chacune de ces friches rend le choix complexe. Cela amène d’une part des difficultés de protection et d’autre part des oppor-tunités multiples de réutilisation et de réaménagement du territoire. Ces espaces et bâtis vides font donc aujourd’hui l’objet d’un vif intérêt de la part des collectivités territoriales d’Irlande du Nord, ce dans l’optique d’une redynamisation urbaine valorisant le passé. C’est dans ce but que depuis 1980 ont été mis en place des opérations de régénération globales du tissu urbain.

Celles-ci tout d’abord dans l’Est de la ville car elle consti-tue la partie la «moins» touchée par les affrontements puisqu’il s’agit d’un point d’échange stratégique primordial pour le pays. Les friches industrielles qui s’y sont consti-tuées à la suite de la désindustrialisation et des conflits sont aujourd’hui des lieux cruciaux pour la relance de la capitale.

(11) Vue aérienne des chantier Harland & Wolff

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(39)

43

(12) Vue 3D du future quartier du Titanic, vers 2030.

Le bâtiment rouge situé au milieu de l’image est l’un des seuls édifices entièrement pré-servé lors de cette régénération. Le bâtiment juste en dessous est le musée du Titanic qui aujourd’hui fait la renommée de Belfast.

31. Adèle, Schar «Au-delà du Conlit nord-irlandais: la reconversion d’un espace portuaire» 2014, p.2-3.

Ce grand projet débuta avec la revitalisation des berges de la Lagan, suivie de l’aboutissement de la première étape du Quartier du Titanic31, l’un des projets de régénération

por-tuaire le plus important d’Europe. Ce dernier projet de très grande ampleur (tant par la taille de 75 hectares que pour les enjeux qu’il représente) fut marqué par l’ouverture du Musée du Titanic en mars 2012. Le nouveau bâtiment conçu par l’architecte Eric Kuhne sur l’ancien site de construction du navire du Titanic (et de l’Olympic) est la nouvelle attraction touristique. Ce musée ne raconte pas seulement l’histoire du plus grand paquebot de croisière transatlantique, il com-mémore aussi la richesse du passé industriel de Belfast. Ce bâtiment devient l’emblème d’une renaissance urbaine. Telle la Tour Eiffel pour Paris, le musée du Titanic et les chantiers alentours deviennent pour Belfast un équipement culturel à l’architecture audacieuse servant de déclencheur à un

nou-ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(40)

44

32. Dominique Chevalier «Titanic Belfast vs mémoires d’un naufrage : le patri-moine (post)industriel de la ville ne sombrera pas !», Belgeo, 2014, p.1-2 , p.7 33. http://www.belfastcity.gov.uk/tourism-venues/tourism/tourismfacts.aspx 34. Les statistiques du tourisme à Belfast, «Northern Ireland Statistic & Research

Agency, Statistical Bulletin», 6 février 2014.

vel essor.

« une capitale avec une ambition titanique qui se redéfinit aux yeux du monde. »32

Les statistiques confirment le succès de cette réhabilitation des anciens chantiers Harland & Wolff de Belfast. L’année de l’ouverture du musée (2012) la ville de Belfast et sa région d’Irlande du Nord furent considéré comme l’une des des-tinations indispensables à visiter en Europe. Le tourisme international augmenta alors soudainement et fortement. Les six semaines qui suivirent l’inauguration du Titanic Museum, 123 000 personnes payèrent un ticket d’entrée de 15£ (environ 20 euros). Ce qui marqua la relance de l’économie. Même si la foule de touristes s’est légèrement calmée, les visiteurs sont encore très nombreux à choisir Belfast comme destination touristique. En 2005, on comp-tabilisait 6,4 millions de visiteurs, en 2012 ce nombre passa à 7,59 millions33.

Une hausse est aussi observée dans le nombre de voyages avec nuitées, qui entre octobre 2012 et septembre 2013 augmenta de 8%. Cet accroissement concerne autant les résidents que les non-résidents d’Irlande du Nord (voir figure 13 et 14) et si l’on regarde les chiffres de dépenses liées au tourisme, on peut observer une hausse de 10% entre 2011 et 2012 34.

Une situation particulièrement appréciée par la région car elle permet à la capitale de relever la tête après sa situation critique d’avant 2010.

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(41)

45

35. Sources : Belfast Tourism Monitor 2012. Belfast City Council, http://www.belfastcity.gov.uk/tourism-venues/tourism/tourismfacts.aspx (13) Voyages avec nuitée à Belfast 35

(14) Attractions visitées à Belfast par les touristes non nord-irlandais 35

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(42)

46

Le projet du Titanic Quarter représente une relance pour la ville de Belfast. Actuellement, il est l’un des projets de réaménagement post-industriel d’anciens sites portuaires, le plus grand d’Europe, ce qui le rend particulièrement attractif. S’appuyant sur un partenariat public-privé, il a pour volonté de créer au cours des vingt prochaines années plus de 20 000 emplois et accueillir en tout plus de 50 000 per-sonnes. Mais, malgré la popularité de ce projet, on constate que celui-ci est basé sur des ambitions difficilement com-patibles telles que la volonté d’une régénération patrimoniale à vocation identitaire, combinée à la valorisation de tous les éléments industriels ayant participé à l’histoire maritime de Belfast et un fort développement immobilier dans le cadre d’un renouvellement urbain. C’est créer un équilibre

ins-(15) Motifs floraux du rez-de-chaussée fait en granit Newry

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(43)

47

table, dans lequel la préservation de l’identité populaire et ouvrière est étouffée par une conversion du site tourné vers le tourisme, les loisirs et le tertiaire. Ce nouveau quartier, avec cette mise en scène plus ou moins réussie de son pas-sé, devient l’un des enjeux économique, politique et social majeur pour l’Irlande du Nord.

Devant la «réussite» de cette régénération urbaine basée sur la valorisation de son patrimoine industriel et portuaire, le conseil de Belfast prévoit de poursuivre cette politique de réaménagement, considérant les friches industrielles comme des éléments moteur à exploiter, afin de poursuivre le développement de la ville.

(16) Motifs floraux du rez-de-chaussée fait en granit Newry

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(44)

48 1 sdgkjsdkjsd

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(45)

49

PARTIE II

QUI SONT LES ACTEURS

DE LA PROTECTION DU

PATRIMOINE INDUSTRIEL ?

II.1 / INTRODUCTION AUX

ORGANISMES DE PROTECTION DE CE

PATRIMOINE TECHNIQUE

Belfast est aujourd’hui une métropole en mutation qui ouvre désormais ses portes au monde. Les dirigeants d’Irlande du Nord ont pour enjeu de promouvoir une capitale au futur apaisé et innovant.

Afin d’asseoir le poids de la capitale, ils misent sur le tou-risme, la culture et sur le pouvoir d’attraction des entre-prises, comme on peut l’observer dans le projet du Titanic

Quarter. A la suite des premières étapes de ce nouveau

quartier, qui apporte des résultats encourageants, les élus locaux ont souhaité poursuivre les régénérations urbaines dans le centre ville ; dans lequel se rassemble une grande quantité d’édifices patrimoniaux, tant classiques qu’indus-triels.

Les bâtiments historique dit «classiques» comme par exemple le City Hall, St George’s Market ou encore la librai-rie centrale de Belfast sont des éléments acquis comme emblématiques ; leur préservation est donc directement jugée indispensable.

En revanche, devant les friches industrielles, les actions de préservations peinent à faire valoir leurs droits et à trouver des fonds bien que depuis plusieurs années l’histoire de

l’in-(17) Les différents arti-sans travaillant avec l’association UAHS

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(46)

50 36. Nicholas Lee Evans, An Introduction to Architectural Conservation, pg vii37. K,L, Donnelly, Safeguarding Northern Ireland’s Listed Buildings, Mandate

Report Number: Tenth Report, Committee: Public Accounts Belfast, (Northern Ireland Audit Office , 04 July 2011)

dustrie soit devenue un outil d’appropriation.

Le gouvernement a récemment reconnu que l’exploitation du patrimoine industriel était un facteur de développement et de valorisation pour la région d’Antrim. Toutefois il n’est pas bon de tout préserver. Devant l’ampleur de ce passé industriel, il est difficile mais nécessaire de déterminer quels éléments architecturaux pourront appuyer une mémoire de l’industrie, tout en offrant des perspectives d’avenir pour les générations futures.

En 2014, l’architecte spécialiste du patrimoine, Nicholas Lee Evans, déclarait:

« architectural heritage plays an important role in our

natio-nal identity, our cultural consciousness and the quality of our lives »

36

Le Comité, The Northern Ireland Public Accounts Com-mittee, renforce ces sentiments dans son rapport de 2012, « can help to maintain local identity and contribute to quality

of life for communities, as well as playing an important role in tourism and economic development initiatives »37

Dans cette volonté de protéger et d’utiliser au mieux le patri-moine d’Irlande du Nord, plus de vingt associations de pré-servation des bâtiments historiques travaillent :

des associations telles que NIEA (Northern Ireland

Environ-ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(47)

51

38. Liste de toutes la associations de protection du patrimoine et de l’environne-ment d’Irlande et de Grande Bretagne. http://www.uahs.org.uk/links/

ment Agency), UAHS (Ulster Architectural Heritage Society),

National Trust (une œuvre de charité environnementale Bri-tannique), BHARNI (Built Heritage at Risk Northern Ireland),

The Belfast Building Trust, Portal Planning, Monuments and Buildings Record, HEARTH (Historic Environmental and Architectural Rehabilitation Trust) etc…38

Pour ce qui est de la préservation de des «friches Bel-fastoises», les associations UAHS, NIEA et HEARTH sont les plus impliquées.

(18) (19) (20) Logos des trois principales asso-ciations de protection du patrimoine industriel de Belfast.

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(48)

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(49)

53

39. https://www.doeni.gov.uk/articles/development-management consulté le 26/12/2015

40. Information fournie par John Murphy, inspector of Historic Monuments à NIEA lors de conversation par mail le 13 mai 2015.

II.2 / LES TROIS PRINCIPAUX

AC-TEURS DE LA PROTECTION DU

PATRI-MOINE INDUSTRIEL DE BELFAST

NIEA, Northern Ireland Environment Agency est un orga-nisme de protection du Nord de l’Irlande. Elle est une agence exécutive du Ministère de l’environnement qui prône la pro-tection, la conservation et la promotion des milieux naturel et l’héritage constitué au titre des générations présentes et futures. Elle s’occupe de nombreux domaines :

la protection du patrimoine, la planification urbaine avec le contrôle des permis de construire dans les zones proté-gées, la protection environnementale, le recyclage, le cli-mat, la gestion et le contrôle des nouvelles énergies (ex : contrôle de champs d’éoliennes), la protection animale et bien d’autres encore…39

NIEA agit comme un conseiller expert dans la planification du service sur l’environnement naturel. Le développement durable est l’un des ses grands principes. Elle a comme stratégie de créer la prospérité et le bien être par un bon environnement et une bonne gestion du patrimoine et de ses réglementations. 40

L’organisme NIEA est en grande partie une base de res-sources et de documentations. Son but est d’aider les conseils dans la préparation de plans de développement

NIEA

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(50)

54 41. Consultable à partir du site suivant: https://www.doeni.gov.uk/

locaux. Pour cela ses membres éditent aussi des guides de consultation (que l’on peut consulter sur internet 41)

consti-tué d’informations et de listes de contrôles pour accom-pagner les autorités de planification dans la réalisation de projets, tenant compte du milieu historique et du contexte culturel, social et économique du site dans lequel ils s’in-tègrent.

Le conseil NIEA contribue activement à la protection et à la conservation du patrimoine construit de Belfast et d’Ir-lande du Nord. Il a la préoccupation de protéger les édifices témoins d’Histoire, classés et non classés, et en danger de démolition ou de transformations significatives.

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(51)

55

42. Site UAHS, http://www.uahs.org.uk/about-us/

UAHS, ou plus précisément l’Ulster Architectural Heritage

Society est une organisation développée à travers neuf

comtés, qui exerce depuis bientôt 50 ans dans la promotion de la valeur d’héritage construit, encourageant sa protection et sa réutilisation. Son slogan est :

Promoting appreciation and enjoyment of good architecture of all periods and encouraging the conservation, restoration and re-use of Ulster’s built heritage to regenerate and sus-tain our communities.42

Bien que principalement investie dans la conservation de bâtiment historiques, ses intérêts s’étendent du préhisto-rique au contemporain. Elle manifeste aussi pour faire ins-crire au patrimoine les constructions modernes et reconver-ties de l’Ulster.

Les locaux de l’association servent aussi de base de docu-mentation ; ils rassemblent désormais une ressource géné-reuse d’informations sur l’architecture locale. C’est un lieu de conseil utile sur la conservation et le respect des édifices intégrés au patrimoine, cela allant bien au-delà de la limite des neufs comtés de l’Ulster.

L’UAHS a été fondée en 1967 en réponse à une conscience croissante de la valeur des bâtiments historiques d’Irlande du Nord, ce pour faire face aux menaces de démolition de

UAHS

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

(52)

56

ces éléments. L’association est très largement reconnue dans les îles britanniques pour être l’une des plus actives. Elle a ouvert la voie à de nombreuses initiatives de protec-tion d’édifices historiques, et a amené à la naissance de nombreux autres organismes du même type.

Quand l’Ulster Architectural Heritage Society fut fondée, il n’y avait aucune liste de classification des édifices du pays. Les campagnes qu’elle a menées, ont abouti à l’établisse-ment de législations des constructions inscrites à partir de 1972. Avant cela, il n’y avait aucun Conseil des Bâtiments Historiques, aucune subvention pour ces édifices, aucun secteur protégé et aucun rapport et compte rendu de bâti-ments en Irlande du Nord.

Il s’agit d’une œuvre de bienfaisance et à la fois d’une entre-prise dite limitée par les garanties. Sa structure implique que les membres du comité principal sont autant direc-teurs qu’administradirec-teurs, que concepdirec-teurs de projets, que volontaires. Tout le monde peut intervenir au même titre que n’importe quel bénévole de l’association. Malgré tout, afin de simplifier les échanges et les gestions de projet avec d’autres agences, une organisation interne a été définie, avec actuellement comme président, Sir Donnell Deeny. C’est une organisation unique parmi les ONG (organisations non gouvernementales) d’Irlande du Nord, de par son travail pour préserver l’histoire et la beauté des bâtiments histo-riques et édifices emblématiques.

Le personnel et le comité sont répartis en domaines tels

ECOLE

NATIONALE

SUPERIEURE

D'ARCHITECTURE

DE

NANTES

DOCUMENT

SOUMIS

AU

DROIT

D'AUTEUR

Références

Documents relatifs

Ce retour d’expérience sur des ouvrages en partie semblables structure en voute est un élément important : l’opération de confortement des presque 510m de quai en amont du pont

Inauguré, le 31 mars 2012, à proximité des chantiers navals Harland & Wolff où le plus grand paquebot de croisière transatlantique de l’époque fut construit

Si le texte du lecteur peut être constitué en données pour la recherche dans la mesure où il permet de comprendre ce qu’est la lecture, d’un point de vue praxéologique, il

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des

Cela pourrait être le cas dans le modèle de différenciation des monocytes en macrophages où p21 WAF1/CIP1 jouerait un rôle dans l’arrêt.. du cycle cellulaire, de

L’originalité réside moins ici dans la demande qui est faite à l’auteur de procéder à l’indexation de son propre travail (puisque la pratique est connue, notamment dans le

Tu es maintenant sorti du musée, dirige-toi vers la place Jean-Jaurès pour découvrir la Bourse du Travail, ancienne Halle à la Bonneterie.. OBJECTIF : Comprendre le rôle de la

de la cour de cassation , tome I, paris ,1968.. ةـــــــــــــــــــــــــــــــــــــــمدقم ةيلومش رثكأ تحبصأ و للاخ نم ةفرعم رثكأ ت لا ةيامحلا هذه