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Gouvernance et formation du capital humain en Afrique subsaharienne

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Academic year: 2021

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(1)

HAL Id: tel-02919283

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Submitted on 22 Aug 2020

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Gouvernance et formation du capital humain en Afrique

subsaharienne

Idrissa Ouedraogo

To cite this version:

Idrissa Ouedraogo. Gouvernance et formation du capital humain en Afrique subsaharienne. Gestion et management. Université Panafricaine Yaoundé (Cameroun), 2020. Français. �tel-02919283�

(2)

GOUVERNANCE ET FORMATION DU CAPITAL HUMAIN

EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE

Thèse de doctorat (Ph.D.) en Gouvernance et Intégration Régionale Présentée et soutenue publiquement le 30 juillet 2020 par :

OUEDRAOGO Idrissa

Master en Banque et Finance, Université de Rennes I, France Master en Economie Appliquée, Université de Yaoundé II, Cameroun

Master en Gouvernance et Intégration Régionale, Université Panafricaine et Université de Yaoundé II

Membres du jury :

Président du jury : Monsieur Samuel FAMBON,

Professeur Titulaire des Universités en Sciences Economiques, Université de Yaoundé II, Cameroun

Rapporteurs :

Membres :

Juillet 2020

Siège institutionnel : Université de Yaoundé II, Cameroun Host institution: University of Yaoundé II, Cameroon

Madame Xaverie OKAH ATENGA,

Maîtresse de Conférences des Universités en Sciences Economiques,

Université de Yaoundé II, Cameroun

Monsieur Henri ATANGANA ONDOA,

Maître de Conférences Agrégé en Sciences Economiques, Université de Yaoundé II, Cameroun

Monsieur Henri NGOA TABI,

Maître de Conférences des Universités en Sciences Economiques, Université de Yaoundé II, Cameroun

Directeur de thèse

Monsieur Ousmanou NJIKAM,

Maître de Conférences des Universités en Sciences Economiques, Université de Yaoundé II,

(3)
(4)

i

Sommaire

Avertissement ... ii

Dédicace ... iii

Remerciements ...iv

Liste des tableaux ... v

Liste des graphiques...vi

Liste des annexes ... ix

Liste des sigles et acronymes ... x

Résumé ...xi

Abstract ...xii

INTRODUCTION GENERALE ... 1

PREMIERE PARTIE : GOUVERNANCE ET FORMATION DU CAPITAL HUMAIN : LE CAS DE L’EDUCATION ... 21

CHAPITRE 1 : GOUVERNANCE ET FORMATION DU CAPITAL HUMAIN A TRAVERS L’EDUCATION : ANALYSE THEORIQUE ... 23

Section I : Gouvernance économique et formation du capital humain à travers l’éducation : les fondements théoriques ... 25

Section II : Gouvernance politique et formation du capital humain à travers l’éducation : les fondements théoriques ... 45

CHAPITRE 2 : GOUVERNANCE ET FORMATION DU CAPITAL HUMAIN EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : LE CAS DE L’EDUCATION ... 70

Section I : Gouvernance et formation du capital humain à travers l’éducation en Afrique subsaharienne : les faits stylisés ... 72

Section II : Gouvernance et éducation en Afrique subsaharienne : approche méthodologique et principaux résultats économétriques ... 94

PARTIE II : GOUVERNANCE ET FORMATION DU CAPITAL HUMAIN : LE CAS DE LA SANTE ... 121

CHAPITRE 3 : GOUVERNANCE ET FORMATION DU CAPITAL HUMAIN A TRAVERS LA SANTE : ANALYSE THEORIQUE ... 123

Section I : Gouvernance économique et formation du capital humain à travers la santé : les fondements théoriques ... 124

Section II : Gouvernance politique et formation du capital humain à travers la santé : les fondements théoriques ... 143

CHAPITRE 4 : GOUVERNANCE ET FORMATION DU CAPITAL HUMAIN EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : LE CAS DE LA SANTE ... 167

Section I : Gouvernance et santé en Afrique subsaharienne : les faits stylisés ... 169

Section II : Gouvernance et santé en Afrique subsaharienne : cadre méthodologique et principaux résultats économétriques ... 195

CONCLUSION GENERALE ... 227

ANNEXES ... 234

BIBLIOGRAPHIE ... 246

(5)

ii

Avertissement

L’Université Panafricaine de la Commission de l’union africaine et l’Université de Yaoundé II au Cameroun n’entendent donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans cette thèse de Doctorat (Ph.D.) : ces opinions doivent être considérées comme propres à leur auteur.

(6)

iii

Dédicace

A notre mère,

(7)

iv

Remerciements

Cette thèse de Doctorat/Ph.D. en Gouvernance et Intégration Régionale vient couronner trois années de recherche. Au cours de ces trois années, nous avons accumulé en chemin d’innombrables dettes, d’ordre pragmatique et intellectuel. Nous sommes redevable à notre Directeur de thèse, Monsieur le Professeur Henri NGOA TABI, qui a bien voulu accepter de diriger cette thèse. Nous lui exprimons notre profonde gratitude.

Nous voudrions également remercier le Gouvernement du Burkina Faso, la Commission de l’union africaine (CUA) et la Banque africaine de développement (BAD) pour leurs constants et généreux soutiens financiers qui nous ont permis d’effectuer nos études universitaires et de réaliser cette thèse.

L’administration de l’Institut de Gouvernance, des Sciences Humaines et Sociales de l’Université Panafricaine sous la direction de Monsieur le Pr Joseph Vincent NTUDA EBODE a également facilité la rédaction de ce travail. C’est le moment pour nous de remercier son Directeur et toute son équipe pour leur accompagnement.

Nous sommes également reconnaissant pour les enseignements et les conseils que nous avons reçus de la part de nos enseignants de l’Université Ouaga II au Burkina Faso, de l’Université de Rennes I en France et particulièrement de l’Université Panafricaine et de l’Université de Yaoundé II au Cameroun. Ces enseignements et ces conseils nous ont nourri intellectuellement et guidé constamment dans la rédaction de cette thèse.

Nos remerciements vont également à l’endroit du Pr Idrissa Mohamed OUEDRAOGO, du Pr Henri ATANGANA ONDOA, du Pr Constant FOUOPI DJIOGAP, du Pr Amadou BOBBO, du Dr Thierry Urbain YOGO, du Dr Sayouba OUEDRAOGO, du Dr Issa DIANDA, du Dr Hervé KAFIMBOU, de Monsieur Mahamady OUEDRAOGO pour les échanges constructifs qui ont permis d’améliorer la qualité de ce travail.

Pour les mêmes raisons, nous remercions les membres du groupe des doctorants économistes de l’Université Panafricaine ; les participants à la Conférence économique africaine tenue du 22 au 24 décembre 2019 à Sharm El-Sheikh en Egypte ; les participants au Colloque international de l’Université Ouaga II tenu du 25 au 26 octobre 2019 à Ouagadougou au Burkina Faso.

A notre père, Monsieur Moumouni OUEDRAOGO, à notre épouse Madame Véronique NIODGO, à nos frères, sœurs et amis qui nous ont soutenu et encouragé pendant les heures d’angoisse et d’incertitude, nous leur adressons nos remerciements et notre profonde reconnaissance.

(8)

v

Liste des tableaux

Tableau 2.1. : Statistiques descriptives des variables retenues gouvernance, éducation et

variables de contrôle,1996-2018 ... 101

Tableau 2.2 : Effets estimés de la gouvernance sur les taux de scolarisation au primaire en Afrique sub-saharienne par la Méthode des moments généralisés en système, 1996-2018 ... 108

Tableau 2.3 : Effets estimés de la gouvernance sur les taux de scolarisation au secondaire en Afrique subsaharienne par la Méthode des moments généralisés en système, 1996-2018 ... 111

Tableau 2.4. : Effets estimés de la gouvernance sur les taux de scolarisation au supérieur par la Méthode des moments généralisés en système en Afrique subsaharienne, 1996-2018 ... 113

Tableau 2.5. : Les indicateurs de gouvernance qui favorisent l’accès à l’éducation en Afrique subsaharienne, 1996-2018 ... 115

Tableau 3.1: Les formes de corruption dans le secteur de la santé ... 128

Tableau 4.1. : Définitions et sources des variables de la santé et de contrôle ... 199

Tableau 4.2: Statistiques descriptives des variables retenues, 1996-2018 ... 201

Tableau 4.3 : Effets estimés de la gouvernance sur l’espérance de vie à la naissance en Afrique subsaharienne par la méthode des doubles moindres carrés, 1996-2018 ... 209

Tableau 4.4 : Effets estimés de la gouvernance sur le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans en Afrique subsaharienne par la méthode des doubles moindres carrés, 1996-2018…214 Tableau 4.5: Effets estimés de la gouvernance sur la mortalité maternelle en Afrique subsaharienne par la méthode des doubles moindres carrés ,1996-2018 ... 218

Tableau 4.6 : Les indicateurs de gouvernance qui améliorent la santé en Afrique subsaharienne, 1996-2018 ... 219

(9)

vi

Liste des graphiques

Graphique 1 1: Canaux de transmission des effets de la corruption à l’éducation ... 28 Graphique 2.1 : Corrélation entre l’efficacité des pouvoirs publics et l’accès à l’éducation

primaire en Afrique subsaharienne, 1996-2018 ... 74

Graphique 2.2: Corrélation entre l’efficacité des pouvoirs publics et l’accès à l’éducation

secondaire en Afrique subsaharienne,1996-2018... 75

Graphique 2.3: Corrélation entre l’efficacité des pouvoirs publics et l’accès à l’éducation

supérieure en Afrique subsaharienne, 1996-2018 ... 76

Graphique 2.4 : Corrélation entre la maitrise de la corruption et l’accès à l’éducation

primaire en Afrique subsaharienne,1996-2018 ... 77

Graphique 2.5: Corrélation entre la maitrise de la corruption et l’accès à l’éducation

secondaire en Afrique subsaharienne, 1996-2018... 78

Graphique 2.6: Corrélation entre la maitrise de la corruption et le taux de scolarisation au

supérieur en Afrique subsaharienne ,1996-2018 ... 80

Graphique 2.7 : Corrélation entre la qualité de la réglementation et l’accès à l’éducation

primaire en Afrique subsaharienne, 1996-2018 ... 81

Graphique 2.8: Corrélation entre la qualité de la réglementation et l’accès à l’éducation

secondaire en Afrique subsaharienne, 1996-2018... 82

Graphique 2.9 : Corrélation entre la qualité de la réglementation et l’accès à l’éducation

supérieure en Afrique subsaharienne, 1996-2018 ... 83

Graphique 2.10: Corrélation entre la voix et responsabilité citoyenne et l’accès à l’éducation

primaire en Afrique subsaharienne, 1996-2018 ... 85

Graphique 2.11: Corrélation entre la voix et responsabilité citoyenne et l’accès à l’éducation

secondaire en Afrique subsaharienne,1996-2018... 86

Graphique 2.12 : Corrélation entre la voix et responsabilité citoyenne et l’accès à l’éducation

supérieure en Afrique subsaharienne, 1996-2018 ... 87

Graphique 2.13 : Corrélation entre l’Etat de droit et l’accès à l’éducation primaire en Afrique

subsaharienne, 1996-2018 ... 88

Graphique 2.14: Corrélation entre l’Etat de droit et l’accès à l’éducation secondaire en

Afrique subsaharienne, 1996-2018... 89

Graphique 2.15: Corrélation entre l’Etat de droit et l’accès à l’éducation supérieure en

(10)

vii

Graphique 2.17: Corrélation entre la stabilité politique et absence de violence et l’accès à

l’éducation secondaire en Afrique subsaharienne, 1996-2018 ... 92

Graphique 2.18: Corrélation entre la stabilité politique et absence de violence et l’accès à

l’éducation supérieure en Afrique subsaharienne,1996-2018 ... 93

Graphique 3. 1 : Relation entre la corruption et la santé ... 127 Graphique 3.2: Cadre conceptuel de la relation entre IDE et santé des populations ... 140 Graphique 3.3.: Cadre conceptuel de la relation entre les conflits violents et le VIH/SIDA ... 162 Graphique 4.1 : Corrélation entre l’efficacité des pouvoirs publics et l’espérance de vie à la

naissance,1996-2018 ... 171

Graphique 4.2 : Corrélation entre l’efficacité des pouvoirs publics et le taux de mortalité des

enfants de moins de cinq ans, 1996-2018 ... 173

Graphique 4.3 : Corrélation entre l’efficacité des pouvoirs publics et le taux de mortalité

maternelle,1996-2018 ... 174

Graphique 4.4 : Corrélation entre la maitrise de la corruption et l’espérance de vie à la

naissance,1996-2018 ... 176

Graphique 4.5 : Corrélation entre la maitrise de la corruption et le taux de mortalité des

enfants de moins de cinq ans,1996-2018 ... 177

Graphique 4.6 : Corrélation entre la maitrise de la corruption et le taux de mortalité

maternelle,1996-2018 ... 178

Graphique 4.7 : Corrélation entre la qualité de la réglementation et l’espérance de à la

naissance,1996-2018 ... 180

Graphique 4.8 : Corrélation entre la qualité de la réglementation et le taux de mortalité des

enfants de moins de cinq ans,1996-2018 ... 181

Graphique 4. 9 : Corrélation entre la qualité de la réglementation et le taux de mortalité

maternelle,1996-2018 ... 182

Graphique 4.10 : Corrélation entre la voix et responsabilité citoyenne et l’espérance de vie

en Afrique subsaharienne, 1996-2018 ... 184

Graphique 4.11 : Corrélation entre la voix et responsabilité citoyenne et le taux de mortalité

des enfants de moins de cinq ans en Afrique subsaharienne, 1996-2018... 185

Graphique 4.12 : Corrélation entre voix et responsabilité citoyenne taux de mortalité

maternelle en Afrique subsaharienne,1996-2018 ... 186

Graphique 4.13 : Corrélation entre l’Etat de droit et l’espérance de vie à la naissance en

(11)

viii

Graphique 4.14 : Corrélation entre l’Etat de droit et le taux de mortalité des enfants de moins

de cinq ans en Afrique subsaharienne, 1996-2018 ... 189

Graphique 4.15 : Corrélation entre l’Etat de droit et le taux de mortalité maternelle en

Afrique subsaharienne, 1996-2018... 190

Graphique 4.16 : Corrélation entre la stabilité politique et absence de violence et l’espérance

de vie à la naissance en Afrique subsaharienne, 1996-2018 ... 192

Graphique 4.17 : Corrélation entre la stabilité politique et absence de violence et le taux de

mortalité des enfants de moins de cinq ans en Afrique subsaharienne, 1996-2018 ... 193

Graphique 4.18 : Corrélation entre la stabilité politique et absence de violence et le taux de

(12)

ix

Liste des annexes

Annexe 2.1 : Matrice de corrélation des variables avec l’échantillon des pays au niveau de

l’éducation primaire, 1996-2018 ...235

Annexe 2.2 : Matrice de corrélation des variables avec l’échantillon des pays au niveau de

l’éducation secondaire, 1996-2018 ...236

Annexe 2.3 : Matrice de corrélation des variables avec l’échantillon des pays au niveau de

l’éducation supérieure, 1996-2018 ...237

Annexe 2.4 : Analyse en composante principale pour calculer l’indicateur global de la

gouvernance. ...238

Annexe 2.5 : Définitions, sources des variables retenues et signes attenus sur la gouvernance,

l’éducation et les variables de contrôle ...240

Annexe 3. 1 : Les types de corruption dans le secteur de la santé...242 Annexe 4. 1 : Corrélation entre les indicateurs de gouvernance et ceux de la santé, 1996-2018

(13)

x

Liste des sigles et acronymes

ACP : Analyse en Composante Principale ;

AR : Auto Régressif ;

ASS : Afrique Sub-Saharienne

BAD : Banque Africaine de Développement ;

CUA : Commission de l’Union Africaine ; DMC : Double Moindres Carrés ;

FMI : Fonds Monétaire International ;

ICRG : International Country Risk Guide (Guide International des Risques

Pays)

IDE : Investissement Direct Etranger ;

MCO : Moindres Carrés Ordinaires ;

MENA : Middle East and North Africa (Afrique du Nord et Moyen Orient) MMG : Méthode des Moments Généralisés ;

OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economiques ;

ODD : Objectifs de Développement Durable ;

OMS : Organisation Mondiale de la Santé ;

ONG : Organisation Non Gouvernementale ;

ONU : Organisation des Nations Unies ;

PIB : Produit Intérieur Brut ;

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement ;

PPA : Parité des Pouvoirs d’Achat ;

PRS : Political Risk Services (Services liés au risque politique) ; RDC : République Démocratique du Congo

SIDA : Syndrome d'Immuno- Déficience Acquise ;

UPA : Université Pan Africaine ;

UA : Union Africaine ;

US : United States (Etats Unis) ;

VIH : Virus de l'Immuno-Déficience Humaine ;

WDI : World Development Indicators (Indicateurs du Développement dans le

Monde) ;

WGI : Worldwide Governance indicators (Indicateurs de Gouvernance

(14)

xi

Résumé

L’objectif de ce travail est de déterminer les indicateurs de gouvernance qui améliorent la formation du capital humain en Afrique subsaharienne. Pour ce faire, des indicateurs de gouvernance sont intégrés dans un modèle de production de l’éducation d’une part et un modèle de production de la santé, d’autre part. Le modèle de production de l’éducation est estimé à l’aide de la méthode des moments généralisés en système sur un panel de 36 pays observés sur la période allant de 1996 à 2018. Le modèle de production de la santé, lui, est estimé par la méthode des doubles moindres carrés sur un panel de 45 pays observés sur la même période. Les données utilisées proviennent de la Banque mondiale. En général, les résultats montrent que l’amélioration de l’efficacité des pouvoirs publics favorise la formation du capital humain en Afrique subsaharienne. Pour l’éducation, l’amélioration de l’efficacité des pouvoirs publics favorise l’accroissement de l’accès à l’éducation primaire, secondaire et supérieure dans la région. Pour la santé, l’amélioration de la stabilité politique et absence de violence et de l’efficacité des pouvoirs publics favorise la réduction de la mortalité des enfants de moins de cinq ans, de la mortalité maternelle et l’accroissement de l’espérance de vie à la naissance. Ces résultats invitent les gouvernements africains à améliorer leur efficacité dans l’offre de services publics d’éducation et de santé pour permettre aux citoyens d’acquérir et d’accroître leur niveau d’éducation et de jouir d’une meilleure santé.

(15)

xii

Abstract

The objective of this work is to determine governance indicators that foster human capital formation in Sub Saharan Africa. To this end, governance indicators are integrated into an education production model on the one hand and a health production model on the other. The education production model is estimated using the system generalized method of moments on a panel of 36 countries observed over the period 1996-2018. The health production model is estimated using the two stages least squares on a panel of 45 countries observed over the same period. The data used are from the World Bank. In general, the results show that improvements in government effectiveness foster human capital formation in Sub Saharan Africa. For education, improvements in government effectiveness increase access to primary, secondary and tertiary education in the region. For health, improved political stability and the absence of violence, and improved government effectiveness foster the reduction of under-five child mortality, maternal mortality rates and increase life expectancy at birth. These results call on African governments to improve their effectiveness in delivering public education and health services to enable citizens to acquire and increase their level of education and enjoy better health outcomes.

(16)

1

(17)

2 1. Contexte de la recherche

Dans le cadre de la réalisation des Objectifs du développement durable (ODD) des Nations unies, de l’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA) et des plans nationaux de développement, les gouvernements des pays africains ont fait de la formation du capital humain un objectif prioritaire de politique économique. Par exemple, dans les ODD, les peuples des Nations unies aspirent à la bonne santé et au bien-être ainsi qu’à une éducation de qualité. Les objectifs 3 et 4 de ces ODD portent explicitement sur l’éducation et la santé. L’objectif 3 vise à permettre à tous de vivre en bonne santé et de promouvoir le bien-être de tous à tout âge tandis que l’objectif 4 est relatif à l’accès équitable de tous à une éducation de qualité, et à la promotion des possibilités d’apprentissage tout au long de la vie (Nations unies, 2015). A travers l’Agenda 2063, les peuples africains aspirent à ce que d’ici à 2063, le capital humain soit parfaitement développé en tant que ressource la plus précieuse par des investissements soutenus fondés sur l’universalité en matière d’éducation de la petite enfance et d’éducation de base (Commission de l'union africaine, 2015). Des investissements soutenus sont également prévus dans l’enseignement secondaire et supérieur, la science, la technologie, la recherche et l’innovation. Les peuples africains aspirent également à ce que d’ici à 2063, les populations aient un niveau et une qualité de vie élevés, une bonne santé et le bien-être. Mais, la réalisation de ces objectifs et de ces aspirations nécessite la mise en œuvre de politiques économiques adéquates. Elle nécessite la connaissance et la compréhension des mécanismes qui expliquent la formation du capital humain. Analyser pour identifier ces mécanismes, les examiner pour les comprendre et les expliquer à travers la gouvernance est un sujet qui préoccupe les chercheurs en sciences sociales.

Ces chercheurs ont également apporté une contribution à la définition de la gouvernance en la liant aux institutions1, permettant ainsi de l’insérer dans un corpus théorique qu’est la Nouvelle économie institutionnelle (NEI). Autrefois se référant à l’action de piloter un char ou un navire, la gouvernance apparaît aujourd’hui comme un concept pluridimensionnel dont la définition ne fait toujours pas l’objet d’un consensus (Asongu, 2016). Selon Huther et Shah (1998) la gouvernance regroupe « tous les aspects de l’exercice de l’autorité par le biais d’institutions formelles et informelles dans la gestion des dotations en ressources d’un pays ». 1North (1990) définit les institutions comme « les contraintes imaginées par l’Homme pour structurer

l’interaction entre les Hommes. Elles comprennent des contraintes formelles (règles, lois, constitutions) et informelles (normes de comportement, conventions, codes de conduite que l’on s’impose), ainsi que les caractéristiques de leurs mises en œuvre. Elles définissent ensemble la structure des incitations d’une société et, plus spécifiquement, d’une économie ». Pour Acemoglu et Robinson (2012), les institutions sont définies comme les règles qui conditionnent les incitations économiques des individus, ainsi que les perspectives et opportunités qui s’offrent à eux.

(18)

3

Kaufmann, Kraay et Mastruzzi (2013) la définissent comme les traditions et les institutions par lesquelles l’autorité est exercée dans un pays. Elle comprend (a) le processus par lequel les gouvernements sont sélectionnés, contrôlés et remplacés ; (b) la capacité du gouvernement à formuler et à mettre en œuvre efficacement des politiques saines ; et (c) le respect des citoyens et de l'Etat pour les institutions qui régissent les interactions économiques et sociales entre eux.

Le Programme des nations unies pour le développement (PNUD) et la Banque mondiale ont également proposé des définitions de la gouvernance. Selon le PNUD (1997), la gouvernance est « l'exercice de l'autorité politique, économique et administrative dans le cadre de la gestion des affaires d'un pays à tous les niveaux. Elle comprend alors les mécanismes, les processus, les relations et les institutions complexes, au moyen desquels les citoyens et les groupes articulent leurs intérêts, exercent leurs droits et assument leurs obligations et auxquels ils s'adressent pour régler leurs différends ». Quant à la Banque mondiale (2007), la gouvernance est l’exercice de l’autorité économique, politique et administrative en vue de gérer les affaires d’un pays. Elle englobe les mécanismes, les processus et les institutions par le biais desquels les citoyens et les divers groupes expriment leurs intérêts, exercent leurs droits juridiques et assument leurs obligations. Dans ces acceptions, la gouvernance n’est pas l’apanage d’un seul acteur qui serait l’Etat. Par exemple, la société civile et le secteur public sont des institutions de gouvernance au même titre que l’Etat lui-même et l’organisation économique est d’essence libérale (Bratton & Rothchild, 1993). C’est l’approche traditionnelle de la gouvernance. Celle-ci, selon la Banque mondiale (2017) (a) s’emploie à donner la forme qui convient aux institutions ; (b) renforce la capacité des institutions à mettre en œuvre les politiques publiques ; (c) privilégie le renforcement de l’Etat de droit de sorte que les politiques et règles soient appliquées de façon impersonnelle. Cette approche traditionnelle est aujourd’hui élargie pour prendre en compte non seulement la forme des institutions, le renforcement de leurs capacités, l’Etat de droit, mais aussi leurs fonctions, les asymétries de pouvoir2 et le rôle de la loi3. Dans la nouvelle approche de la

2 Les asymétries de pouvoir peuvent se traduire par l’exclusion, la mainmise sur les politiques publiques et le

clientélisme, et entraver ainsi l’exercice des fonctions essentielles des institutions. Des individus ou des groupes peuvent se trouver exclus systématiquement de la prise de décisions sur les politiques qui affectent leurs intérêts. Des groupes influents peuvent souvent accaparer les politiques et faire en sorte que celles-ci servent leurs intérêts égoïstes. Dans certaines circonstances, les avantages sont troqués contre un appui politique. Ces comportements empêchent la prestation de services essentiels, et nuisent aux actions en faveur de l’équité et du développement.

3 L’Etat de droit est en soi une norme : il est garanti lorsque les principes du droit deviennent une valeur partagée

au sein de la population. Celle-ci peut exercer au moins trois fonctions : modeler le comportement, organiser le pouvoir et fournir un outil de contestation.

(19)

4

gouvernance, celle-ci est évaluée à l’aune de sa capacité à produire des politiques efficaces. De telles politiques sont susceptibles (a) de prévoir des mécanismes qui garantissent un engagement crédible au fil du temps. ; (b) d’aider à coordonner les interventions des différents acteurs en tenant compte de leurs attentes partagées, souvent par le biais de règles, de normes et de réglementations et ; (c) de concourir à promouvoir la coopération en limitant les comportements opportunistes, souvent par le biais de mécanismes crédibles de récompense ou de sanction. La gouvernance est évaluée à l’aune de sa capacité à produire des résultats de développement4 : par exemples la sécurité, la croissance et l’équité. A travers cette nouvelle approche, la Banque mondiale (2017) définit la gouvernance comme « le processus par lequel les acteurs étatiques et non étatiques interagissent pour concevoir et mettre en œuvre des politiques au sein d'un ensemble donné de règles formelles et informelles qui façonnent et sont façonnées par le pouvoir ».

La prise en compte de la qualité de la gouvernance dans l’explication des performances économiques des pays à partir des années 1990 a favorisé l’émergence de plusieurs indicateurs. A cet effet, des organismes internationaux de développement, des Organisations non gouvernementales (ONG) et des fondations ont tenté d’opérationnaliser ce concept. Le PNUD (1997) distingue la gouvernance économique de la gouvernance politique5. Il définit la gouvernance économique comme un processus de prise de décisions affectant les activités économiques d’un pays ainsi que ses rapports avec d’autres pays. Par contre, la gouvernance politique se réfère à la conception et à la mise en œuvre des politiques de développement par les autorités politiques. Il se focalise sur neuf indicateurs de gouvernance à savoir la participation, la primauté du droit, la transparence, la capacité d’ajustement, l’orientation du consensus, l’efficacité, l’efficience, la responsabilité et la vision stratégique. La Banque mondiale, quant à elle, à travers ses Indicateurs de gouvernance mondiaux en propose six à

4Selon la définition classique de François Perroux (1903-1987), le développement est « la combinaison des

changements mentaux et sociaux d’une population qui la rendent apte à faire croître, cumulativement et durablement son produit réel global » (Perroux,1961). Le développement articule donc des transformations économiques et financières et des transformations psychologiques, sociales, politiques et institutionnelles. A. Sen (1999) appréhende le développement « comme un processus intégré d’expansion des libertés substantielles, en corrélation les unes avec les autres […]. Cette approche permet d’apprécier, de façon simultanée, le rôle vital des structures, par nature diverses, dans le processus de développement, qu’il s’agisse des marchés ou des institutions qui s’y rattachent, des gouvernements ou des autorités locales, des partis politiques ou d’autres

groupements intervenant sur le terrain des droits civiques, du système éducatif ou des possibilités de débat et de dialogue ouvert (à travers les médias ou d’autres moyens de communication) ». Il faut distinguer

la croissance du développement. Selon Perroux (1961) «la croissance est l’augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues, d’un indicateur de dimension, pour une nation, le produit global en termes réels ».

5 Acemoglu et Robinson (2012) distinguent les institutions économiques des institutions politiques. Les

institutions économiques coordonnent les interactions économiques, c’est-à-dire toutes les formes de production, d’échange et de distribution tandis que les institutions politiques déterminent le processus politique, qui produit des règles formelles, et le système juridique.

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savoir (1) l’efficacité des pouvoirs publics ; (2) la maitrise de la corruption ; (3) la qualité de la règlementation ; (4) la voix et responsabilité citoyenne ; (5) l’Etat de droit ; et (6) la stabilité politique et absence de violence y compris le terrorisme6. D’après la Banque mondiale (2019b), sur la période allant de 1996 à 2018, l’état de la gouvernance en Afrique subsaharienne (ASS) n’est pas très reluisant. En effet, tous ces indicateurs de gouvernance sont négatifs : gouvernance globale7(-0,639), efficacité des pouvoirs publics (-0,723), qualité de la réglementation (-0,669), Etat de droit (-0,679), maitrise de la corruption (-0,601), voix et responsabilité citoyenne (-0,600), stabilité politique et absence de violence (-0,523)8. L’efficacité des pouvoirs publics est le point le plus faible de la gouvernance en ASS tandis que la stabilité politique et l’absence de violence est le point le plus fort. Il y a un « déficit de bonne gouvernance » en ASS. Selon Kim (2018), il y a également un « déficit de capital humain » dans cette région.

L’analyse du capital humain met généralement l’accent sur le nombre d’année d’études, l’apprentissage à l’école, l’apprentissage après l’école, l’expérience acquise dans l’entreprise et la santé. Schultz (1961) définit le capital humain comme « l'habilité, le savoir

et toutes les capacités permettant d'améliorer la productivité du travail humain ». Il distingue

cinq sources de production et d'amélioration du capital humain : (1) les infrastructures et services de santé qui affectent l'espérance de vie et la vitalité des individus ; (2) la formation professionnelle organisée par les entreprises ; (3) le système éducatif, de l'école élémentaire au supérieur ; (4) les programmes d'études et de formation pour adultes non organisés par des entreprises ; (5) la migration des individus et des familles pour saisir des opportunités d'emploi. Becker (1964), en ce qui le concerne, le définit comme un « stock de ressources productives incorporées aux individus eux-mêmes, constitué d’éléments aussi divers que le niveau d’éducation, de formation et d’expérience professionnelle, l’état de la santé ou la connaissance du système économique »9. Il distingue le capital humain général avec des

6 La Banque mondiale propose également le Doing Business pour l’amélioration du climat des affaires. L’ONG

Transparency International propose un Indice de perception de la corruption. La Fondation Mo Ibrahim présente l’Indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique. L’ICRG de PRS group suggère d’autres indicateurs. Freedom House offre des indicateurs sur les libertés politiques et civiles. Un indice des libertés économiques est proposé par l’Institut Fraser et la Fondation Héritage…

7 Cet indicateur est calculé à l’aide de l’Analyse en composante principale développée dans le chapitre 2 et

présenté en annexe 2.4.

8 Les données de l’International Country Risk Guide (ICRG, 2015) confirment cet état de fait sur la période

allant de 1984 à 2015. En effet, sur une échelle allant de 0 à 6 pour la corruption (2,37), la loi et l’ordre (2,89), la responsabilité démocratique (2,86), et pour une échelle allant de 0 à 4 pour la qualité de la bureaucratie (1,38), l’ASS n’a pas atteint la moyenne.

9 Selon la Banque mondiale (2019c), le capital humain est « la somme des connaissances, des compétences et de

la santé qu’un individu accumule le long de sa vie, et qui lui permettent de réaliser son potentiel en tant que membre productif de la société ». Le Forum économique mondial (2013) le définit comme « l’acquisition et le

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compétences générales acquises par l'éducation formelle, du capital humain spécifique avec des compétences spécifiques acquises par l’expérience. Selon Becker (1964), en tant que stock qui peut s’accroitre ou diminuer, le capital humain possède deux caractéristiques essentielles : d’une part, il est largement immatériel, composé avant tout d’aptitudes innées et d’aptitudes mentaux ; d’autre part, il est inséparable de la personne de son détenteur. Ce stock de capital peut s’accroitre grâce à des investissements (i) dans le domaine de l’instruction et de la formation : l’instruction informelle dispensée par la famille durant la petite enfance, la scolarité, la formation professionnelle et l’expérience professionnelle acquise sur le tas ou de manière officielle ; (ii) dans le domaine de la santé. Ce qui contribue au développement et au bien-être physique et mental des populations accroît en effet le capital humain (vaccinations, contrôles de prévention, vitamines ou hôpitaux…). Le capital humain est donc constitué de plusieurs éléments. Toutefois, il est possible d’en retenir principalement deux dimensions à savoir l’éducation et la santé10.

En s’appuyant sur les travaux de Becker (2009), Lucas (1988) et Schultz (1961) l’éducation11 peut être définie comme la formation intégrale de l’individu dans toutes ses dimensions12. Le progrès de l’éducation formelle est souvent mesuré par le taux d’alphabétisation des adultes, les taux de scolarisation, le niveau de scolarité, le nombre

déploiement de compétences, de talents, de savoirs et d’expériences par des individus et des populations, leur valeur pour des organisations, des économies et la société ».

10 Le Forum économique mondial (2013), Feenstra, Inklaar et Timmer (2015) et la Banque mondiale (2019c) ont

proposé de saisir le capital humain à travers un indice et plusieurs aspects opérationnalisables. L’indice du Forum économique mondial comprend quatre mesures distinctes à savoir l’éducation, la santé et les soins, la main d’œuvre et l’emploi ainsi que le contexte favorable. Feenstra, Inklaar et Timmer (2015) dans le cadre de leur base de données Penn World Table version 9.1 introduisent un indice de capital humain basé sur les années moyennes de scolarité de Barro et Lee (2013), de Cohen et Soto (2007) et de Cohen et Leker (2014) et un taux de rendement présumé de l’éducation basé sur les estimations de l’équation de Mincer dans le monde (Psacharopoulos, 1994). Quant à l’indice de la Banque mondiale (2019c), il met l’accent sur les dimensions santé et éducation du capital humain à savoir (i) la probabilité de survie de la naissance jusqu’à l’âge scolaire (5 ans), (ii) années escomptées d’une scolarité de qualité, qui prend en compte l’information à la fois sur la quantité et la qualité de l’éducation et (iii) deux mesures de la santé, à savoir les taux de retard de croissance et les taux de survie à l’âge adulte. Ainsi, les facteurs qui reviennent le plus souvent dans le capital humain sont l’éducation et la santé. D’autres auteurs soutiennent clairement que les principales composantes du capital humain sont l’éducation et la santé (Clerc & Piriou, 2011 ; Grossman, 2000 ; Silem, Gentier, & Albertini, 2016).

11 Silem et al. (2016) la définit comme une activité sociale de transmission de connaissances structurées.

Durkheim (1922) définit l’éducation comme une « socialisation méthodique de la jeune génération ». La socialisation étant elle-même définit par Rocher (1968) comme le « processus par lequel la personne humaine apprend et intériorise tout au cours de sa vie les éléments socioculturels de son milieu, les intègrent à la structure de sa personnalité sous l’influence d’expériences et d’agents sociaux significatifs et par là s’adapte à l’environnement social où elle doit vivre ».

12 Cela permet de distinguer deux types d’éducation selon J.-W. Lee et H. Lee (2016) : l’éducation formelle et

l’éducation informelle. L’éducation formelle se réfère à toute activité délibérée de formation contribuant au développement des facultés intellectuelles et à l’acquisition de connaissances générale ou spécialisée, y compris celle conduisant à l’obtention d’une compétence. L’éducation informelle regroupe des formations non formelles influençant les attitudes, les comportements, les modes de pensée et les connaissances. C’est par excellence, l’éducation diffusée par le milieu.

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d’années d’études effectuées, le niveau en mathématiques, sciences et en lecture (Barro & Lee, 2013 ; Hanushek & Woessmann, 2012 ; J.-W. Lee, & H. Lee, 2016). Selon Grossman (2000), « la santé est définie au sens large pour inclure la longévité et les jours sans maladie dans une année donnée »13. Le progrès dans le domaine de la santé est généralement mesuré par les taux de mortalité (infantile, enfants de moins de cinq ans, maternelle) et l’espérance de vie à la naissance.

Sur la période allant de 1996 à 2018, les calculs avec les données provenant des Indicateurs du développement dans le monde de la Banque mondiale (2019a) montrent que la moyenne de l’espérance de vie à la naissance en Afrique subsaharienne (ASS) est égale à 56,33 années inférieures à l’âge moyen de la retraite (60 ans) dans la région. Sur la même période, la moyenne du taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans est de 104 décès pour 1000 naissances vivantes. Dans 49 % des pays de la région, cette statistique dépasse les 104 décès d’enfants. Dans la région, le taux de mortalité maternelle est également élevé et est de 566 décès maternels pour 100000 naissances vivantes. Dans 46,67 % des pays de la région, ce taux dépasse les 566 décès maternels pour 100000 naissances vivantes.

Sur la période allant de 1996 à 2018, des chiffres également peu reluisants peuvent être trouvés au niveau de l’éducation. Les statistiques descriptives montrent que les taux de scolarisation au primaire, au secondaire et au supérieur sont respectivement en moyenne de 95,75%, 41,35%, 6,78%. Près de 56% des pays de cette région n’ont pas encore rendu la scolarisation primaire universelle. 79% des pays de la région n’ont pas réalisé la moyenne de 50% de taux de scolarisation au secondaire. Dans 83 % des pays d’ASS, le taux de scolarisation au supérieur est inférieur à 10%. Ces différentes statistiques ont été obtenues avec les données provenant des Indicateurs du développement dans le monde (Banque mondiale, 2019a). J.-W Lee et H. Lee (2016) montrent également que le taux de scolarisation en ASS a connu une croissance lente, passant de 0,2 année en 1910 à 1,4 années en 1950 pour n'atteindre que 5,5 années en 2010. Il ressort de ces statistiques que l’état de la santé et de l’éducation sont également peu reluisants confortant ainsi l’observation de Kim (2018) : il y a 13Les travaux de Bouchard et al. (1990) et Corbin, Lindsey et Ruth (2000) ont permis également de définir la

santé comme un « état associé à l’absence de maladie et inclut également un bien-être associé à une qualité de vie positive : Health is a state of being associated with freedom from disease and illness that also includes a

positive component (wellness) that is associated with a quality of life and positive well-being.D’autres auteurs

proposent d’autres définitions : pour Callahan (1973), la santé est un état de bien –être physique tandis que Huber et al. (2011) la considère comme la capacité d'adaptation et d'autogestion. Mais celle la plus difficile à mesurer et à opérationnaliser car trop subjective est celle proposée par l’Organisation mondiale de la santé (1946) : la santé un « état de bien –être physique, mental et social complet et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». En raison de la référence à un état complet, cette définition pourrait conduire à une médicalisation de la société car l'exigence d'une santé complète "laisserait la plupart d'entre nous en mauvaise santé la plupart du temps" (Callahan, 1973 ; Huber et al., 2011 ; Jadad & O’Grady,2008)

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un déficit de capital humain en ASS. Or, le capital humain est crucial pour le développement des pays africains.

Le capital humain est l’un des facteurs pouvant expliquer le miracle asiatique, comparé à l’échec du développement dans la grande majorité des pays africains (Berthélemy, 2006). Cela signifie que la capacité des pays africains à réduire la pauvreté et les inégalités et toutes les conséquences néfastes liées à ces deux phénomènes repose essentiellement sur une population instruite, bien formée et en bonne santé (Banque mondiale, 2018). En particulier, une main-d'œuvre qualifiée et responsabilisée représente un atout précieux qui peut aider les économies africaines à accélérer le rythme de leur transformation structurelle14 et de leur développement économique, pour encore mieux tirer parti des avantages de la quatrième révolution industrielle et de la mondialisation. Toutefois, cela n’est possible que lorsque les africains ont la possibilité d’acquérir et d’accroitre leur niveau d’éducation et de jouir d’un meilleur état de santé.

Cette importance essentielle du capital humain dans le processus de développement a conduit les chercheurs en sciences sociales à rechercher ses déterminants. A cet effet, ils accordent une importance cruciale au rôle de la qualité de la gouvernance. La qualité de la gouvernance peut affecter la formation du capital humain. Par exemples, la gouvernance peut affecter la formation du capital humain à travers l’Etat de droit, la démocratie, la corruption et la liberté économique.

L’Etat de droit peut favoriser la baisse de la mortalité infantile à travers l’efficience des marchés en réduisant les coûts de transaction, en renforçant le respect des contrats et des droits de propriété (Dawson, 2010). L’efficience des marchés favorise l’accessibilité des biens et des services de santé tels que la nourriture, les vaccins, les antibiotiques et autres produits pharmaceutiques. L’inaccessibilité à ces produits, due notamment à des coûts élevés pourrait compromettre dangereusement l’accès aux soins de santé, notamment dans les cliniques et les hôpitaux privés, à des familles avec des enfants accroissant ainsi l’incidence des maladies comme la diarrhée, la rougeole, les infections respiratoires, le paludisme et les autres causes de mortalité infantile. Dans le cas de manque d’aliments nutritifs, le risque des femmes enceintes et d’enfants malnutris peut conduire à la hausse de la mortalité infantile. Permettre

14Selon McMillan et Rodrik (2011), la transformation structurelle doit être comprise comme le changement

structurel propice à la croissance résultat de la réaffectation des ressources d’activités à faible productivité vers des activités à forte productivité intrasectorielle et intersectorielle. Ces auteurs identifient la transformation structurelle à deux éléments à savoir (i) la montée en puissance de nouvelles activités plus productives et (ii) le transfert des ressources des activités traditionnelles en direction de ces activités nouvelles, ce qui relève la productivité globale.

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aux marchés de fonctionner efficacement et de manière efficiente par le biais du renforcement de l’Etat de droit faciliterait en dernier ressort la baisse de la mortalité infantile et maternelle.

La démocratie peut également jouer un rôle important dans la formation du capital humain plus que l’autocratie. Selon Olson (1993), un gouvernement élu par le peuple, responsable devant le peuple devrait être plus soucieux du bien-être des pauvres qu’un gouvernement autoritaire. Les régimes démocratiques sont être plus susceptibles de prendre des décisions qui reflètent l’intérêt public tel que l’offre de biens publics d’éducation et de santé. Les régimes démocratiques exigent la reddition de compte à un grand nombre à intervalle régulier. Une plus grande attention est donc susceptible d’être accordée aux problèmes de formation du capital humain car le fait de ne pas le faire peut entrainer la révocation des dirigeants par le peuple. Un plus grand sentiment d’autonomie en raison de la participation au processus de prise de décision, la préservation de cette autonomie grâce à la protection des droits de l’homme et des libertés civiles, un fort capital social, la libre circulation de l’information sont d’autres canaux de transmission de la démocratie sur la formation du capital humain (Wigley & Akkoyunlu-Wigley, 2011).

Au plan local, la décentralisation politique peut favoriser la formation du capital humain (Gallego, 2010). Les effets positifs de la décentralisation sur les niveaux de scolarisation au secondaire et au supérieur reposent sur la capacité des gouvernements décentralisés à donner plus d’autonomie de gestion aux institutions scolaires. Elle peut affecter différentes dimensions de la gestion du système éducatif en augmentant la proximité entre les écoles et leurs usagers. Cette proximité peut renvoyer à la capacité des systèmes éducatifs à produire à la fois une meilleure adéquation des programmes de formation et les besoins des étudiants ainsi que des structures plus responsables et réactives à l’expression des usagers. Une interprétation alternative est que des systèmes éducatifs plus décentralisés peuvent lever davantage de ressources au niveau local en faveur de l’éducation.

La corruption peut réduire l’offre et la qualité de l’éducation et des soins de santé à travers la demande de pots-de-vin par l’agent public (Shleifer & Vishny, 1993). Elle peut entrainer une perte de revenus pour l’Etat lorsque l’argent perçu par les bureaucrates n’est pas reversé dans les comptes de l’Etat. Celui -ci sera alors dans l’incapacité d’accroitre l’offre et la qualité de l’éducation et des soins de santé. Dans un environnement corrompu caractérisé par l’attrait du gain facile, les étudiants peuvent perdre également tout engouement de poursuivre de longues études (Seka, 2013). L’attrait du gain facile par des pratiques peu honorables des étudiants du supérieur moins méritants peut amener les plus méritants à arrêter précipitamment leurs études pour rejoindre le groupe des mafieux par pur mimétisme au

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regard des avantages immédiats escomptés. Lorsque les étudiants talentueux sont informés de ce que les mauvais qui n’ont pas terminé leurs études s’enrichissent frauduleusement, ils peuvent abandonner les leur précipitamment pour les rejoindre dans leurs activités mafieuses. Toute chose qui peut entrainer une faible inscription au niveau de l’enseignement supérieur.

2. Problématique de la recherche

Depuis au moins les années 1980, les économistes du développement reconnaissent le rôle majeur joué par les institutions dans l’explication des performances économiques des pays. Ils ont généralement analysé le rôle des institutions sur la performance économique. Depuis les travaux de North (1981, 1990,1994), ces analyses s’inscrivent dans la Nouvelle économie institutionnelle. North considère que les institutions déterminent la structure des incitations des individus ou groupes d’individus dans une société et constituent la principale médiation entre celles-ci et la performance économique. La nouvelle économie institutionnelle met l’accent sur les coûts de transaction, les « bonnes institutions » étant celles qui minimisent ces coûts de transaction, accroissent les incitations et l’efficacité globale de l’économie.

L’origine de ces instituions dans les pays en développement est également expliquée par Acemoglu, Johnson et Robinson (2001). Ces auteurs soutiennent que les institutions présentes ont une origine coloniale. Ils montrent économétriquement que la qualité des institutions aujourd’hui est bien corrélée avec la mortalité des colons entre le XVIIe et le XIXe siècles. Là où les colons ne pouvaient pas survivre, ils ont mis en place des institutions qui leur permettaient d’accaparer le maximum de ressources possible, sans respect des droits de propriété (institutions extractives)15. Par contre, dans les pays où ils pouvaient survivre, ils ont mis en place des institutions qui garantissaient leurs possibilités d’accumulation (institutions inclusives). Selon eux, ce sont ces institutions qui perdurent aujourd’hui et qui expliquent les performances économiques des pays.

Mais ces différentes analyses ont beaucoup mis l’accent sur le rôle de ces institutions sur la croissance économique négligeant ainsi son rôle sur les autres dimensions du développement telles que la possibilité de pouvoir se soigner, l’éducation, etc. Or, l’amélioration du capital humain constitue également un facteur crucial pour le développement. Par exemple, l’acquisition de connaissances à travers l’éducation permet d’accroitre la productivité du travail, d’avoir une vie plus saine et de qualité, une grande

15Par exemples, font partie également de ces institutions extractives, le travail forcé, l’esclavage, les monopoles,

la discrimination légale, les droits de propriété non protégés, l’économie d’exportations agricoles et minières (Acemoglu & Robinson, 2012 ; Acemoglu, Gallego & Robinson, 2014)

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capacité à adopter et à absorber la technologie avancée (Becker, 1964 ; Drèze & Sen, 1998 ; Schultz, 1961, 1983). Elle permet d’accroître la confiance et la tolérance entre les citoyens et de favoriser la stabilité politique (Lipset, 1960). Elle peut favoriser également l’éclosion d’une société démocratique ancrée dans le respect de l’Etat de droit (Castelló-Climent, 2008 ; J.-W Lee & H. Lee, 2016). La santé contribue également à améliorer l’efficacité du système productif au niveau microéconomique ou macroéconomique à travers l’amélioration de la productivité du travail et l’offre de travail (Fogel, 1994 ; Schultz & Tansel, 1997). Investir dans le capital humain peut être le tremplin pour la diversification de la richesse nationale et de l'économie, réduisant la dépendance de nombreux pays vis-à-vis du capital naturel et les cycles d'expansion et de ralentissement liés aux matières premières (Banque mondiale, 2018). En un mot, pour emprunter Bodin, « il n’est de richesse, ni de force que d’hommes ».

Si le capital humain constitue la véritable richesse des nations, pouvoir identifier les dimensions de cet ensemble appelé gouvernance qui améliorent la formation du capital humain reste un défi important à relever. En effet, l’analyse économique est extrêmement peu diserte sur les dimensions spécifiques de la gouvernance les plus adaptées à un contexte particulier (Perkins, Radelet & Lindauer,2006). Le débat est particulièrement soutenu sur la forme précise des institutions les plus importantes qui favorisent le développement économique dans les pays en développement (Dias & Tebaldi, 2012). Par exemple, il existe des relations controversées entre la corruption et la formation du capital humain. Il en est de même des relations que le régime politique, la protection des droits de propriété, la stabilité de l’inflation et la forme de l’Etat entretiennent avec la formation du capital humain.

La corruption peut réduire l’offre, la demande et la qualité des services liés à l’éducation et à la santé lorsque les pots-de-vin sont payés par les consommateurs pour obtenir des services publics (Shleifer &Vishny, 1993). Les pots-de-vin demandés aux parents d’élèves lors des inscriptions de leurs enfants font augmenter les frais de scolarité. Cette hausse peut empêcher les parents d’élèves qui ne peuvent pas payer d’obtenir de la place pour leurs enfants. Lorsque les pots-de-vin payés par un parent d’élève sont inférieurs au montant des frais officiels de scolarité fixés par le gouvernement et que l’agent public ne les reverse pas dans les caisses de l’Etat, cela peut entrainer une perte de revenus pour l’Etat. Dans ce cas, l’Etat sera dans l’incapacité d’accroitre l’offre et la qualité de l’éducation à long terme en construisant par exemple de nouvelles salles de cours, des bibliothèques, de centres informatiques et de recruter des enseignants qualifiés. Dans la même veine, Seka (2013) soutient que dans un environnement corrompu caractérisé par l’attrait du gain facile, les étudiants peuvent perdre tout engouement de poursuivre leur étude. Des étudiants talentueux

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qui au départ voudraient faire de longues études peuvent les juger précipitamment trop longues et les arrêter, quand ils comparent le niveau de vie de ceux qui en ont déjà fait et ceux qui n’en ont pas fait mais riches de par la corruption.

La corruption peut être également létale. Elle peut affecter mortellement la santé des populations à travers la réduction des dépenses publiques et des interventions médicales (Gupta, Davoodi & Tiongson, 2001), l’absentéisme du personnel de santé, le vol des équipements médicales et des médicaments publics pour revendre sur le marché (W. Friedman, 2018 ; Lewis, 2006 ; Vian, 2008a). Elle peut saper la confiance dans le système de santé (Mohseni & Lindstrom, 2007 ; Radin, 2013). Toutefois, la condamnation morale de la corruption ne doit pas empêcher de constater que sur le plan économique sa nocivité n’est pas forcément avérée. Par exemple, Bayley (1967), Huntington et Fukuyama, (2006), Leff (1964) et Lui (1985) y voient des avantages. Elle permettrait de réduire les contraintes étatiques, en accélérant les transactions. Selon ces auteurs, les pots-de-vin peuvent constituer un mécanisme permettant de surmonter une bureaucratie gouvernementale trop centralisée, les lourdeurs administratives et les délais d’attentes ainsi que les retards et accélérer les transactions. Le montant d’un pot-de-vin peut être le reflet du coût d’opportunité pour un individu : il peut être une solution efficace à l’acquisition d’un service d’éducation ou de santé qui autrement ne serait pas disponible et accessible. En outre, si les interventions de l’Etat sont pensées comme toujours négatives pour le développement selon les tenants de l’école des choix publics16 , tout ce qui permet de les contourner peut présenter un caractère positif.

La démocratie peut exposer les décideurs aux demandes populaires. Elle est également capable de favoriser l’accès à l’éducation (Acemoglu, Naidu, Restrepo & Robinson, 2019 ; Ansell, 2010 ; Gallego, 2010). A travers la contrainte sur l’exécutif, la délibération publique, la capacité institutionnelle, la participation des citoyens au processus de décisions, la compétition électorale, le respect des droits individuels et des libertés civiles, le respect les droits de l’homme, la libre circulation des informations, le régime démocratique est susceptible d’accroitre le capital humain. Elle peut constituer un moyen de faire entendre les besoins en éducation et en santé des pauvres. Mais cette idée généralement admise est battue en brèche.

Historiquement, une certaine dose d’autoritarisme serait à la base d’un accroissement de capital humain (Knutsen, 2011 ; Thyne, 2006) comme le montreraient les exemples de la Prusse de Bismarck (Clarke, 2006 ; Lindert, 2005), de la Russie soviétique et des pays 16 Les principaux tenants de cette école sont James Buchanan, Gordon Tullock et William Niskanen : ils

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d’Europe de l’Est communistes (Balzer, 1993 ; Boesman, 1993 ; Chengze, Overland, & Spagat, 1999) et de la Chine communiste (Brown, 1999)17. Ces pays auraient excellé dans l’offre de l’éducation à leurs populations. L’expansion récente de l’éducation en Asie du Sud-Est (Corée du Sud, Thaïlande, Indonésie) sous des régimes autoritaires montre également que les démocraties ne sont pas les seules capables de garantir à leurs populations un accès large à l’éducation. Des exemples de succès des régimes autoritaires dans l’amélioration de la santé sont la réduction de la mortalité infantile sous Pinochet au Chili (McGuire, 2001). Il est en de même des soins de santé de qualité à Cuba et en Libye, de la couverture sanitaire universelle et les taux de prévalence de la tuberculose relativement bas dans l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS). Des taux de vaccination élevés auraient été obtenus dans des villages chinois souvent atteints par des moyens coercitifs (Cutler, Deaton & Lleras-Muney., 2006). L'extension de l'assurance maladie de base à la population rurale en 1971 sous la domination militaire au Brésil (Falleti, 2009) est également relevée dans la littérature18.

Sur le plan empirique, Patterson et Veenstra (2016) étudient l’effet de la démocratie électorale sur la santé des populations sur un échantillon de 168 pays développés et en développement observés sur la période allant de 1960 à 2010. Ils utilisent les Moindres carrés ordinaires (MCO) et les régressions gamma logarithmiques. Ils trouvent que les démocraties électorales ont en moyenne 11 ans d'espérance de vie plus longue et des taux de mortalité infantile inférieurs de 62,5%. Mukherjee (2016) analyse les effets de la démocratie sur la mortalité infantile sur un échantillon de 15 Etats indiens sur la période allant de 1980 à 2011. La technique d'estimation de l'erreur-type corrigée par panel des moindres carrés ordinaires (PCSE) est utilisée. Elle trouve que les Etats indiens ayant un nombre de partis politiques plus élevé ont les taux de mortalité infantile les plus faibles. De plus, une forte participation électorale entraîne une baisse de la mortalité infantile. Pourtant, selon Ross (2006), la plupart des études en panel omettent dans leurs échantillons les Etats non démocratiques ayant de bons résultats économiques et sociaux, toute chose qui crée la fausse impression que les régimes démocratiques sont plus efficaces que les régimes non-démocratiques dans l’offre des biens publics. Van der Windt et Vandoros (2017) étudient l’effet de la démocratie sur 816 17 L’exemple le plus récent relatif à la Chine est lié au fait que le régime chinois « autoritaire » aurait pu gérer

avec succès la crise sanitaire provoquée par la pandémie du COVID-19 tandis que les régimes démocratiques occidentaux auraient été plutôt désarmés face à celle-ci.

18 Les dictateurs peuvent investir dans la formation du capital humain afin de renforcer la capacité de leurs pays

à résister aux menaces de sécurité extérieures (Knutsen, 2011 ; Thyne, 2006). Dans leurs tentatives de « construire » une nation forte, ils sont souvent plus efficaces y compris leur bureaucratie pour mobiliser toute leur société en vue d’investir massivement dans le capital humain. Motivés par des objectifs développementalistes ou par le besoin de légitimité, ils peuvent mettre efficacement en œuvre les politiques nécessaires pour permettre à leurs populations d’accumuler du capital humain.

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villages situés à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) en utilisant un modèle

probit et en tenant compte de l’hétérogénéité de ces villages. Les données utilisées ont été

récoltées en 2012. Ils ne trouvent pas de preuves empiriques que les résultats en matière de santé sont meilleurs dans les villages qui sont gouvernés par des dirigeants élus que dans les villages où les dirigeants ne sont pas élus. Ils trouvent plutôt que c’est la discrimination sexuelle et l'éducation qui expliquent la santé des populations de l’Est de la RDC.

Au niveau de la protection des droits de propriété, la santé des ménages peut s’améliorer à travers la protection des droits de propriété fonciers notamment ceux détenus par les femmes. Cette protection leur offre des revenus et leur permette de soigner et d’éduquer leurs enfants (Allendorf, 2007 ; Galiani & Schargrodsky, 2004 ; Menon, Rodgers &Nguyen, 2014). La protection des droits de propriété peut aussi affecter la santé des populations à travers les brevets pharmaceutiques qui, lorsqu’ils sont fortement protégés peut réduire l’accès aux médicaments essentiels par les pauvres (Hoen, 2013, 2016 ; Jung & Kwon 2015 ; Stiglitz, 1999).

La stabilité de l’inflation est un aspect de la liberté économique. Elle a des effets controversés sur la formation du capital humain. Par exemple, De Gregorio (1992) et Temple (2000) font valoir que dans les périodes d’inflation galopante, les individus talentueux préfèreraient travailler dans le secteur financier plus rentable que dans le secteur de l’enseignement où les rendements privés de l’éducation sont généralement constants et plus faibles que dans le secteur financier. Selon eux, au cours de ces périodes, les jeunes préfèreront les activités immédiatement lucratives que celles de formation du capital humain dont le retour sur investissement prend du temps à se réaliser. En outre, la baisse du salaire réel causée par l’inflation peut conduire les individus à consacrer plus de temps au travail qu’à investir dans leur éducation (Binder, 1999). Mais cette idée semble être remise en cause par d’autres chercheurs en sciences sociales. Une forte inflation peut saper la capacité productive de l’économie conduisant ainsi les citoyens à être moins intéressés au travail (Heylen & Pozzi, 2007 ; Heylen et al., 2003). Lorsque les agents économiques notamment les jeunes considèrent toute hausse élevée du taux d’inflation comme temporaire et imprévisible, ils peuvent se consacrer davantage à leurs études dans la période inflationniste pour travailler après cette période avec plus de compétences et d’habileté dans l’espoir de tirer un rendement privé plus élevé de leur investissement dans l’éducation. En réduisant le salaire réel et donc le coût d’opportunité de l’éducation, elle peut persuader les jeunes à opter pour leurs études plutôt que pour le travail dont le salaire réel est devenu moins attrayant. Par ailleurs, une baisse cumulative du niveau général des prix avec son cortège de chômage et de misère peut

Figure

Graphique 1 1: Canaux de transmission des effets de la corruption à l’éducation
Graphique 2.2: Corrélation entre l’efficacité des pouvoirs publics et l’accès à l’éducation secondaire en Afrique  subsaharienne,1996-2018   Afrique du Sud Angola BotswanaBurkina FasoBurundiBéninCabo VerdeCamerounComoresCongoCôte d'IvoireDjiboutiEswatiniGa
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