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Contrat social et mobilisation des ressources domestiques dans les pays en développement

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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développement

par

Wilfried Anicet Kouakou Kouamé

Thèse présentée à l’École de gestion comme exigence partielle

du Ph.D. en économie du développement offert par l’Université de Sherbrooke

Juin 2018

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développement

Wilfried Anicet Kouakou Kouamé

Cette thèse a été évaluée par un jury composé des personnes suivantes :

Jie He Jonathan Goyette Leonard Wantchecon Luc Savard Jean-François Rouillard Présidente de Jury Directeur de recherche Évaluateur externe Évaluateur interne Évaluateur interne

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Abstract

Taxation provides governments with the revenue needed to invest in development, reduce poverty and deliver public services. However, domestic resources in devel-oping countries are scant and below the minimum level of 20 percent allowing to achieve development goals according to the United Nations Development Pro-gramme. Also, data from the World Bank Enterprise Surveys show that on average 22 percent of total sales are not reported for tax purpose in developing countries compared with only 7 percent in Organisation for Economic Co-operation and Development countries. The shortfall in domestic resources has important social and economic consequences as a low domestic revenues collection reduces the government ability to invest in development policies, deliver public services and reduce poverty. Although a large body of the literature has sought to understand factors explaining insufficient domestic revenue mobilization, little is known on how the interactions between the states and taxpayers (firms included) affect the tax attitudes of the latter. This dissertation identifies the relationship between the states and the taxpayers as a social contract whereby the signal sent by the states alters taxpayers’ attitudes toward taxes. Three research questions forming each specific chapter are examined in the dissertation: (i) does trust in public institu-tions and the neighborhood affect taxpayers willing to pay their taxes? (ii) does the difference in distortionary infrastructures and policies explain the variation of tax evasion across countries?, and (iii) what are the roles of the demand and supply side of corruption on tax evasion in developing countries?

The dissertation tackles the research questions mentioned above by combin-ing both theoretical foundations and robust empirical evidence in each chapter. Moreover, a general equilibrium model with heterogeneous firms is developed to explain the variation of tax evasion across African and Latin American coun-tries and understand the underlying mechanisms of tax behaviors. The findings highlight that developing countries can substantially increase domestic resource collection by reducing distortions in the business environment, improving the effectiveness of public policies and the implicit contract between governments and their citizens, as well as tackling public officials culture of demanding a bribe. Also, the findings indicate that policies seeking to increase domestic revenue mobilization from firms should work on public officials’ culture of demanding a bribe and ensure market-based allocation of government contracts. In addition to providing specific contributions in each chapter, this dissertation as a whole contributes to the literature by using micro-foundations both at the taxpayers and firms levels, to show that the signal sent by the states affects tax attitudes.

Keywords :Tax evasion, tax morale, distortions, public infrastructure, institutions,

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Remerciements

Cette dissertation a été une période intense d’apprentissage pour moi, non seule-ment sur le plan scientifique mais aussi sur le plan personnel. La rédaction de cette thèse ainsi que mon expérience de travail ont eu des impacts positifs majeurs sur moi. Je tiens à remercier les personnes qui m’ont soutenu et aidé tout au long de cette période.

Je tiens à exprimer ma plus profonde gratitude à mon directeur de thèse, Jonathan Goyette, pour son excellent encadrement, ses soins, sa disponibilité, ses encouragements. Tu m’as soutenu dans mes objectifs de carrière et tu as travaillé activement pour me donner les opportunités et la flexibilité nécessaires pour at-teindre ces objectifs.

Un remerciement spécial à mes mentors et collègues de la Banque Mondiale, en particulier Albert Zeufack (Économiste en Chef de la Banque Mondiale pour la région Afrique), Moussa Blimpo (Économiste au Bureau de l’économiste en chef pour la région Afrique de la Banque Mondiale), Santiago Herrera (Économiste principal, Macroeconomics and Fiscal Management Global Practice - Banque mon-diale), et Bernard Gauthier (Professeur à HEC Montréal).

Je suis reconnaissant envers les professeurs du Département d’Économique de l’Université de Sherbrooke pour leur soutien et leurs conseils, notamment Jean-François Rouillard, Luc Savard, Kim Lehrer et Martino Pelli. Merci à Valérie Vierstraete et à Mario Fortin pour leur confiance en mes capacités d’enseignement et pour m’avoir donné l’occasion d’enseigner à plusieurs occasions. Votre confi-ance m’a aidé à renforcer mes compétences en communication et à établir un pont entre mes activités de recherche et l’enseignement. Aussi, je voudrais remercier mes collègues du doctorat en économie du développement.

Je voudrais également remercier mes parents pour leurs judicieux conseils et leur soutien malgré la distance et les contraintes. Rien de tout cela n’aurait été possible sans vos efforts et votre soutien. Je suis vraiment fier de vous dédier le premier doctorat de la famille, en particulier à Papa, Maman et Marius.

Enfin, je tiens à remercier Anne, ma relectrice, Chantal Decoret, Jean Aubon-net et Souleymane Touré pour leur soutien lors de mon séjour à Clermont-Ferrand et de mon déménagement au Canada.

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Abstract i Remerciements ii 1 Introduction générale 1 1.1 Problématique générale . . . 1 1.2 Méthodologies et contributions . . . 5 1.3 Résidence en institution . . . 7 1.3.1 Découverte de l’institution . . . 7

1.3.2 Participation à la production de l’institution . . . 8

1.3.3 Positionnement de la recherche . . . 9

1.4 Structure du présent document . . . 10

2 Croire pour Payer? Morale fiscale et Confiance en Afrique 11 2.1 Sommaire exécutif - Article 1 . . . 12

2.1.1 Contexte et problématique . . . 12

2.1.2 Méthodologie et résultats . . . 13

2.1.3 Contributions . . . 15

2.2 Article 1 - Trust to pay? Tax Morale and Trust in Africa . . . 16

2.2.1 Introduction . . . 17 2.2.2 Theoretical foundations . . . 20 2.2.3 Empirical Approach . . . 25 2.2.3.1 Empirical specification . . . 25 2.2.3.2 Data . . . 28 2.2.3.3 Econometric issues . . . 30 2.2.3.4 Estimation results . . . 33 2.2.4 Sensitivity Analysis . . . 37

2.2.4.1 Alternative estimation method . . . 37

2.2.4.2 Falsification test . . . 38

2.2.4.3 Set of controls . . . 39

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3 Évasion fiscale en Afrique et en Amérique Latine : le rôle des

infrastruc-tures et institutions distorsionnaires 46

3.1 Sommaire exécutif - Article 2 . . . 47

3.1.1 Contexte et problématique . . . 47

3.1.2 Méthodologie et résultats . . . 48

3.1.3 Contributions . . . 49

3.2 Article 2 - Tax Evasion in Africa and Latin America : The Role of Distortionary Infrastructures and Policies . . . 51

3.2.1 Introduction . . . 52

3.2.2 Empirical evidence . . . 55

3.2.2.1 Data and descriptive statistics . . . 55

3.2.2.2 Methodology: multilevel mixed model . . . 59

3.2.2.3 Results . . . 60 3.2.3 Theoretical model . . . 63 3.2.3.1 Representative household . . . 63 3.2.3.2 Firms . . . 64 3.2.3.3 Government . . . 65 3.2.3.4 Equilibrium . . . 65 3.2.3.4.1 Consumer’s problem . . . 65

3.2.3.4.2 Incumbent establishment’s problem . . . 66

3.2.3.4.3 Entry . . . 66

3.2.3.5 Invariant distribution of establishment . . . 67

3.2.3.5.1 Labor market clearing . . . 67

3.2.3.5.2 Definition of a competitive equilibrium . . . 67

3.2.3.6 Theoretical predictions . . . 68 3.2.4 Quantitative model . . . 69 3.2.4.1 Calibration . . . 69 3.2.4.2 Model validation . . . 71 3.2.4.3 Counterfactual experiments . . . 73 3.2.5 Robustness . . . 77

3.2.5.1 Alternative detection probability . . . 77

3.2.5.2 Simulation for each region . . . 81

3.2.5.3 Alternative calibration . . . 82

3.2.6 Conclusion and policy implications . . . 86

4 Offre et demande de corruption: qu’est-ce qui détermine l’évasion fis-cale dans les pays en développement? 88 4.1 Sommaire exécutif - Article 3 . . . 89

4.1.1 Contexte et problématique . . . 89

4.1.2 Méthodologie et résultats . . . 90

4.1.3 Contributions . . . 91

4.2 Article 3 - Demand or Supply Side of Corruption: What Drives Firms’ Tax Evasion in Developing Countries? . . . 93

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4.2.1 Introduction . . . 94

4.2.2 Some empirical evidence . . . 97

4.2.3 Estimation . . . 105

4.2.3.1 Baseline results . . . 106

4.2.3.2 Identification strategy . . . 109

4.2.3.3 Main results . . . 111

4.2.4 What explains firms’ attitude of offering a bribe? . . . 114

4.2.5 Robustness checks . . . 119

4.2.5.1 Falsification test . . . 119

4.2.5.2 Potential outliers . . . 120

4.2.5.3 Over-identified model . . . 122

4.2.5.4 Alternative identification strategy : Propensity Score Matching . . . 124

4.2.6 Conclusion . . . 129

5 Conclusion générale 131 A Appendix Chapitre 1 134 A.1 Variables description . . . 134

B Appendix Chapitre 2 137 B.1 Investment climate indicators in Africa and Latin America . . . 137

B.2 List of countries . . . 138

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2.1 Tax morale by country . . . 29

2.2 Tax morale and trust . . . 30

3.1 Distortionary infrastructures and Tax evasion . . . 58

3.2 Distortionary policies and Tax evasion . . . 59

3.3 GDP per worker - data vs the model predictions . . . 72

3.4 Tax evasion - data vs the model predictions . . . 72

3.5 Tax evasion and GDP per worker Data vs the model predictions -Alternative detection probability . . . 78

3.6 Tax evasion and GDP per worker - data vs the model predictions using the same detection probability for all the countries . . . 80

3.7 Tax evasion and GDP per worker - data vs the model predictions across African countries . . . 82

3.8 Tax evasion and GDP per worker - data vs the model predictions across Latin American countries . . . 83

3.9 Tax evasion and GDP per worker - Data vs the model predictions across - Alternative calibration . . . 85

4.1 Tax evasion and bribes: demand-side of corruption . . . 102

4.2 Tax evasion and bribes: supply-side of corruption . . . 102

4.3 Correlation between sales not reported for tax puposes and bribes . 103 4.4 Common support - Demand side of corruption . . . 125

4.5 Common support - Supply side of corruption . . . 126

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2.1 Descriptive statistics - individual level variables . . . 31

2.2 Impacts of trust on tax morale . . . 36

2.3 Robustness - Alternative methodology and falsification test . . . . 38

2.4 Robustness - Additional control variables . . . 43

3.1 Summary statistics . . . 58

3.2 Empirical evidence . . . 62

3.3 Benchmark calibration . . . 71

3.4 Distribution of losses in Guinea vs. the sample . . . 74

3.5 Effects from counterfactual experiments . . . 77

3.6 Alternative calibration . . . 84

4.1 Demand and supply side of corruption . . . 100

4.2 Summary statistics . . . 101

4.3 Tax evasion and bribery by country . . . 104

4.4 Determinants of tax evasion (OLS) . . . 108

4.5 Impacts of the demand and the supply side of corruption on tax evasion . . . 113

4.6 Management time, distortions and supply side of corruption . . . . 116

4.7 Bribing for government contracts and the supply side of corruption 118 4.8 Falsification tests - Incorruptibles . . . 121

4.9 Sensitivity analysis . . . 123

4.10 Propensity score estimations . . . 128

4.11 Impact of demand and supply side of corruption on tax evasion – ATT . . . 129

B.1.1 African and Latin American countries vs OECD counterparts . . . 138

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Abréviations

2SCML Two Stage Conditional Maximum Likelihood 3SLS Three Stage Least Squares

ATT Average Treatment effect on the Treated ATI Addis Tax Initiative

GDP Gross Domestic Product IMF International Monetary Fund IFS International Financial Statistics ILO International Labour Organization IV Instrumental Variable Method

MFM Macroeconomics, and Fiscal Management MPO Macroeconomic Poverty Outlook

NN Nearest Neighbor

OECD Organization for Economic Cooperation and Development OLS Ordinary Least Squares

PSM Propensity Score Matching Method SDGs Sustainable Development Goals TFP Total Factor Productivity

UN United Nations

UNDP United Nations Development Programme

VAT Value-Added Tax

WBES World Bank Enterprise Survey WDI World Development Indicators WGI Worldwide Governance Indicators

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Introduction générale

1.1

Problématique générale

Une question de recherche fondamentale en économie du développement est d’expliquer les différences de performances économiques entre les pays (Hall et Jones, 1999; Acemoglu et Dell, 2010). Ainsi, plusieurs théories de la crois-sance identifient les divergences dans le processus d’accumulation du capital physique et humain comme les facteurs justifiant les différences de performances économiques entre les pays (Solow, 1956; Mankiw, Romer et Weil, 1992). Cepen-dant, selon Hall et Jones (1999), ces facteurs n’expliquent que partiellement les différences de performances économiques entre les pays, car ne prenant pas en compte les infrastructures sociales. Hall et Jones (1999) définissent les infras-tructures sociales comme les institutions et les politiques gouvernementales qui déterminent l’environnement économique dans lequel les individus accumulent les compétences, et les firmes le capital nécessaire à la production. Ainsi, ces auteurs montrent que les infrastructures sociales expliquent une part considérable des différences de performances économiques entre les pays. En effet, de bonnes infrastructures sociales favorisent la créativité, la productivité, l’accumulation des compétences et du capital, la production des biens et services, de sorte que différents niveaux d’infrastructures sociales expliquent les différences de perfor-mances économiques entre les pays. En se focalisant sur l’environnement des affaires, les récents travaux de Restuccia et Rogerson (2008) appuient ceux de Hall et Jones (1999). En effet, Restuccia et Rogerson (2008) montrent que les politiques et institutions liées à l’environnement des affaires dans chaque pays peuvent générer des distorsions et une mauvaise répartition des ressources entre les firmes. L’intuition sous-jacente à l’idée défendue par Restuccia et Rogerson (2008) est que

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les politiques et institutions liées à l’environnement des affaires peuvent générer des coûts ou des gains assimilables à des taxes ou des subventions implicites. Ces taxes ou subventions implicites peuvent par conséquent favoriser certaines entreprises au détriment d’autres. Ainsi, les différences dans le degré de distor-sion et de mauvaise répartition des ressources entre les entreprises expliqueraient une part importante des différences de performances économiques entre les pays (Restuccia et Rogerson, 2008).

Une partie de la littérature s’est penchée sur la nature de ces distorsions en analysant l’impact des différentes dimensions de l’environnement des affaires sur les performances des entreprises. Besley et Burgess (2004), et Almeida et carneiro (2009) identifient les régulations du marché du travail tandis que Klapper, Laeven et Rajan (2006) les régulations à l’entrée. Quant à Rajan et Zingales (1998), Galindo et Micco (2007), Goyette et Gallipoli (2015), ils identifient l’accès aux finances comme un des facteurs de distorsion et de mauvaise répartition des ressources entre les entreprises. Aterido, Hallward-Driemeier et Pagés (2011) mettent en avant quatre dimensions de l’environnement des affaires : les conditions de règle-mentations, la corruption, les contraintes de crédit et l’accès aux infrastructures. Ces derniers montrent que les distorsions générées par ces quatre dimensions de l’environnement des affaires favorisent les petites entreprises au détriment des grandes entreprises. Enfin, Goyette (2014) identifie le système de taxation comme facteur de distorsion et de mauvaise répartition des ressources. Il montre que plusieurs firmes préfèrent rester de petite taille en Ouganda, car le cout espéré de la taxation s’accroit avec la taille des entreprises.

Parallèlement à ces défaillances dans l’environnement des affaires dans les pays en développement, l’évasion fiscale y est omniprésente. Selon les données d’enquête de la Banque mondiale sur les entreprises, en moyenne 22 % des ventes totales des entreprises ne sont pas déclarées à des fins fiscales dans les pays en développement contre seulement 7 % dans les pays de l’OCDE. Aussi, Daude et Melguizo (2013) montrent également que dans plusieurs pays en développe-ment, dont la moitié sont en Afrique subsaharienne, les revenus domestiques représentent en moyenne moins de 17 % du Produit Intérieur Brut (PIB) contre une moyenne de plus de 35 % dans les pays de l’Organisation pour la Coopération et le Développement Économique (OCDE). En somme, les revenus domestiques

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collectés dans les pays en développement restent en moyenne inférieurs au niveau minimum de 20 % nécessaire pour atteindre les objectifs de développement (UNDP, 2010). Ce manque à gagner a d’importantes conséquences sociales et économiques qui se matérialisent par la réduction de la capacité du gouvernement à investir dans les politiques de développement, à fournir des services publics et à réduire la pauvreté. En effet, les ressources domestiques fournissent aux gouvernements les revenus nécessaires pour investir dans le développement, réduire la pauvreté et fournir des services publics. Dans cette optique, la mobilisation des ressources domestiques est unanimement reconnue comme étant essentielle pour soutenir le développement économique, favoriser la croissance inclusive et atteindre les objectifs de développement durable (ODD). De plus, des ressources domestiques suffisantes constituent un antidote à la dépendance vis-à-vis de l’aide publique au développement (IMF, OECD, UN et World Bank, 2011).

Ce travail de recherche doctorale vise à apporter plusieurs contributions à l’explication des différences de performances économiques entre les pays, en mettant en évidence l’impact du contrat social sur les comportements d’évasion fiscale des agents économiques. Selon Akerlof (1982) et Feld et Frey (2007), il existe un contrat social ou psychologique entre les agents économiques et les instances publiques. Notre thèse de doctorat défend que ce contrat social implique un système de récompenses, de punitions, de loyauté et d’attente réciproque (provision de biens et services publics en contrepartie des taxes et impôts payés). Ainsi, les comportements d’évasion fiscale ou de faible morale fiscale seraient le produit d’une insatisfaction vis-à-vis du contrat social. En effet, Smith et Stalans (1991) et Ali, Fjeldstad, et Sjursen (2014) montrent que la fourniture effective des biens et services publics par les États améliore les attitudes et les engagements des contribuables à l’égard de la taxation. Pommerehne, Hart et Frey (1994) confirment ces évidences en montrant que la différence entre la quantité optimale de biens publics et la quantité réellement fournie par le gouvernement affecte la conformité fiscale. Ces auteurs montrent ainsi que l’évasion fiscale s’accroît avec l’écart entre quantité optimale et quantité fournie de bien public.

La littérature existante a cherché à expliquer la faible mobilisation des ressources domestiques dans les pays en développement en mettant l’accent sur les facteurs déterminant la volonté à payer des contribuables (civisme fiscal ou morale fiscale)

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et l’évasion fiscale. Concernant le civisme fiscal, la littérature identifie les normes, les valeurs, la religiosité et la culture comme des déterminants de la volonté des contribuables à payer leurs taxes. Besley, Jensen et Persson (2015), Benabou et Tirole (2011) et Myles et Naylor (1996) montrent, par exemple, que les normes af-fectent la volonté intrinsèque des contribuables à se conformer fiscalement. Aussi, en utilisant les World Value Survey (WVS), Alm et Torgler (2006) montrent que les différences culturelles entre les États-Unis et l’Europe expliquent les divergences de civisme fiscal entre ces régions. Fischbacher, Gachter et Fehr (2001), Fortin, Lacroix et Villeral (2007) et Frey et Togler (2007) fournissent l’évidence d’une coopération conditionnelle selon laquelle le civisme fiscale est proportionnel aux attitudes des autres contribuables vis-à-vis de la taxation. Enfin, Torgler (2006) met en évidence le rôle de la religion dans les attitudes des contribuables vis-à-vis de la taxation.

Du coté de l’évasion fiscale, une grande partie de la littérature se concentre sur la probabilité de détection et la corruption.1 Allingham et Sandmo (1972) fournissent le premier cadre théorique du modèle d’évasion fiscale dans lequel la probabilité de détection et le degré de sanction déterminent l’ampleur de l’évasion fiscale. Plus récemment, Uslaner (2010) a montré que la corruption est un déterminant important dans la décision des entreprises à payer leurs taxes. Alm, Martinez-Vazquez et McClellan (2016) corroborent ces résultats en se concentrant presque exclusivement sur des pays européens. Pomeranz (2015) utilise une expérience aléatoire sur plus de 400 000 entreprises chiliennes pour montrer que la déclaration manuscrite de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) se substitue à la probabilité d’audit de l’entreprise et agit globalement en complément de la probabilité d’audit existante. Les conclusions de l’étude de Pomeranz (2015) suggèrent que l’envoi des formulaires papier pour la déclaration de la TVA stimule la collecte de ressources domestiques, car elle augmente les propriétés auto-exécutoires de la TVA.

Bien que dans les deux cas, la littérature fournit des informations substantielles sur les facteurs expliquant la faible mobilisation des ressources domestiques dans les pays en développement, on sait peu sur comment le contrat social entre les Etats et les contribuables affecte les attitudes fiscales de ces derniers. Notre thèse

1Alm, Martinez-Vazquez et McClellan (2016); Gauthier et Goyette (2014); Uslaner (2010);

Cum-mings, Martinez-Vazquez, McKee et Torgler (2009); Goerke (2008); Andreoni, Erard et Feinstein (1998); Allingham et Sandmo (1972).

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de doctorat met en lumière l’impact du signal envoyé par les États sur les attitudes des contribuables et des entreprises à l’égard de la taxation. Je défends l’argument qu’il existe un contrat social entre l’État et les contribuables (entreprises comprises). Ce contrat se caractérise par la provision de biens et services publics en contrepartie des impôts et taxes payés. La qualité observée des biens et services publics envoie par conséquent un signal sur l’engagement de l’État et des concitoyens vis-à-vis du contrat social. L’impact du contrat social sur les attitudes des contribuables vis-à-vis de la taxation est examiné à travers trois questions de recherche, formant chacune un chapitre :

1. La confiance dans les institutions publiques et le voisinage affecte-t-elle la volonté des contribuables à payer leurs taxes?

2. Les distorsions dans les infrastructures et les politiques publiques expliquent-elles la variation de l’évasion fiscale entre les pays?

3. Quel est le rôle de l’offre et de la demande de corruption sur l’évasion fiscale dans les pays en développement?

Les prochaines sections discutent les méthodologies adoptées pour répondre aux questions ci-dessus, ma résidence en institution, et la structure du présent document.

1.2

Méthodologies et contributions

Cette thèse de doctorat fournit à la fois des évidences théoriques et empiriques soutenant l’existence d’un tel contrat social. Sur le plan théorique, le deux-ième chapitre théorique présente un cadre général incluant à la fois les fonctions d’interactions sociale et institutionnelle. Le troisième chapitre développe un mod-èle d’équilibre général avec des entreprises hétérogènes. Ce modmod-èle permet de comprendre les mécanismes par lesquels les distorsions dans les infrastructures et politiques publiques affectent l’évasion fiscale des entreprises. Le modèle est calibré sur l’économie des États-Unis comme dans la littérature et simulé sur un échantillon de 30 pays d’Afrique et d’Amérique latine. Le modèle est également calibré sur l’économie chilienne, qui enregistre la combinaison la plus faible de distorsions et d’évasion fiscale dans les données. En outre, le modèle est simulé

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en utilisant une probabilité alternative de détection, puis simulé séparément pour les régions d’Afrique et d’Amérique latine. Enfin, le troisième chapitre utilise les fondements théoriques de la demande et de l’offre de la corruption pour ex-pliquer les comportements d’évasion fiscale des entrepreneurs dans les pays en développement.

Sur le plan empirique, cette thèse de doctorat utilise les méthodologies les plus appropriées dans chacun des chapitres. Le deuxième chapitre utilise la méthode des moindres carrés ordinaires pondérée et un modèle Probit pour fournir des évidences cohérentes avec les prédictions théoriques. Le chapitre règle les ques-tions d’endogénéité potentielles entre la morale fiscale et la confiance en utilisant les données historiques sur l’esclavage et la littérature sur l’héritage culturel de la confiance. La traite des esclaves a créé une culture de méfiance qui a pu persister jusqu’à ce jour et modifier la confiance des contribuables dans les institutions publiques. De même, l’héritage culturel est également une composante clé des comportements individuels tels que la confiance dans les institutions publiques et le voisinage. On s’attendrait par conséquent que la confiance du contribuable dans les institutions publiques et le voisinage soit affectées par le niveau moyen de confiance des individus du même groupe ethnique vivant dans la même commu-nauté. La stratégie d’identification semble satisfaire les conditions de restriction d’exclusion et de pertinence et est validée par les tests de sur-identification et de faiblesse des instruments.

Le troisième chapitre fournit des évidences empiriques de la relation entre les distorsions dans les infrastructures et politiques publiques et l’évasion fiscale des entreprises en utilisant un modèle à plusieurs niveaux (multilevel mixture model). Ce modèle a l’avantage de prendre en compte le fait que les entreprises partagent des caractéristiques contextuelles similaires telles que l’environnement institutionnel, le cadre macroéconomique et les politiques au sein d’un même pays. Les méthodes d’estimation standards ignorent ces effets d’agglomération et peuvent générer des estimations biaisées des écarts-types, car les entreprises au sein d’un pays peuvent ne pas être totalement indépendantes. De plus, la méthodologie du modèle à plusieurs niveaux permet d’inclure à la fois des vari-ables microéconomiques et macroéconomiques tout en tenant compte des effets fixes pays.

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un modèle structurel estimée avec l’estimateur des triples moindres carrés (3SLS) pour examiner l’effet causal de la demande et de l’offre sur la fraude fiscale des entreprises. L’argument de la stratégie d’identification est que la culture de la corruption réduit la stigmatisation et les coûts sociaux liés à la fois à la corruption et à l’évasion fiscale. Le chapitre utilise deux instruments exogènes nouvellement construits pour identifier les impacts de la demande et de l’offre de corruption sur l’évasion fiscale des entreprises. Concernant la demande, le chapitre calcule d’abord la proportion d’entreprises confrontées à une demande de pot-de-vin émanant d’un bureaucrate dans un sous-groupe de pays-localisation-secteur en fonction de la taille moyenne. La stratégie consiste ensuite à attribuer à chaque entreprise une proportion en fonction de sa taille initiale dans les données. La même approche est utilisée pour la proportion d’entreprises offrant un pot-de-vin.

En plus de fournir des contributions spécifiques dans chaque chapitre, cette thèse de doctorat contribue à la littérature en utilisant des fondements microé-conomiques à la fois au niveau des contribuables et des entreprises pour montrer l’impact du contract social sur la mobilisation des ressources domestiques dans les pays en développement.

1.3

Résidence en institution

Ma résidence en institution s’est déroulée du 18 juillet 2016 au 30 novembre 2016 au siège de la Banque Mondiale à Washington (États-Unis) au sein de l’unité

Macroeconomics and Fiscal Management (MFM), West and Central Africa Unit. Cette

résidence en institution avait trois principaux objectifs : (i) découvrir le métier d’économiste dans une institution internationale comme la Banque Mondiale, (ii) participer au fonctionnement de l’institution et (iii) positionner ma recherche par rapport à la littérature et aux politiques en cours.

1.3.1

Découverte de l’institution

Comme décrit dans les termes de référence de mon contrat, un stage de doctorat à la Banque Mondiale a pour objectif premier de découvrir l’institution et contribuer à son fonctionnement. J’ai ainsi pris part pendant les deux premières semaines à

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toutes les réunions et panels de discussion de mon unité. Ces dernières perme-ttaient de faire le suivi des grands objectifs de l’unité, de discuter des récentes missions et celles en préparations, ainsi que les projets en cours. Cette période m’a permis de découvrir l’organigramme de l’unité ainsi que les fonctions et responsabilités à chaque niveau. Plus particulièrement, l’unité était supervisée par une Practice Manager qui s’assure du bon fonctionnement à travers le con-trôle qualité, et la fourniture des ressources nécessaires pour atteindre les grandes orientations de l’unité. La Practice Manager était assistée dans sa tâche par une

Program Lead, chargée d’assurer et de planifier les objectifs de court et moyen

terme. La Program Lead se retrouvait à cet effet impliquée dans toutes les équipes pays et sous-régionales et participait activement aux projets et activités qui y sont menés. Le reste de l’équipe est constitué de Lead Economist et de Country Economist. Le Lead Economist est l’économiste en chef d’un pays/d’une région. Quant au

Country Economist, il est l’économiste responsable d’un pays et donc en charge

d’analyser l’évolution de la conjoncture économique du pays et de suivre des programmes macroéconomiques entre la Banque Mondiale et le pays en question. Ces programmes concernent notamment les réformes macroéconomiques, le suivi et l’évaluation de la soutenabilité de la dette publique.

1.3.2

Participation à la production de l’institution

Ce stage en institution a été également l’occasion de m’engager activement dans le fonctionnement de l’institution, et ce à travers ma participation à différents projets et programmes. J’ai notamment participé à deux grands projets : Le Macroeconomic

Poverty Outlook et le Nigeria Growth Report Overview. Le Macroeconomic Poverty Outlook

Le Macroeconomic Poverty Outlook (MPO) est un document synthétique de deux pages sur la pauvreté et la situation macroéconomique au sein d’un pays. Le document décrit la situation économique du pays, les principaux indicateurs macroéconomiques, les facteurs de risques, ainsi que les projections. Le doc-ument final a été présenté en octobre 2016 durant les rencontres annuelles du Fonds Monétaire International et de la Banque Mondiale. Le but de ce rapport est d’identifier les facteurs de risques sur les six mois à venir et d’y tirer les implica-tions de politiques économiques. La préparation des MPO m’a occupé pendant

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les trois premières semaines de ma résidence et fut l’occasion de collaborer avec les économistes pays et les consultants de l’unité.

Nigeria Growth Report Overview

Mon séjour à la Banque Mondiale a principalement été occupé par la rédaction d’un rapport sur la croissance au Nigéria. Le rapport avait pour objectif d’analyser les déterminants de la croissance dans un contexte de chute des prix des matières premières. En effet, avec les importantes découvertes de pétrole dans les années 1970, une bonne partie des ressources productives de l’économie nigériane s’est consacrée vers le secteur pétrolier. Cette situation a fait du Nigéria une économie dépendante des ressources naturelles. Avec la baisse du cours des matières pre-mières en 2010, les conflits internes et la lutte contre le terrorisme, l’économie du Nigéria a commencé à vaciller. Ensuite, l’amplification de la baisse du prix du baril de pétrole entre 2014 et 2016 a favorisé l’entrée en récession du Nigéria. Les déterminants de la croissance au Nigéria ont été abordés sous les angles macro, méso et micro-économique. La partie macroéconomique de ce travail met en oeuvre, entre autres choses, une décomposition de la croissance et de la productivité agrégée sur les quarante dernières années. Le but de cette analyse est d’identifier les déterminants de la création de richesse au Nigéria ainsi que la contribution du secteur des ressources naturelles. L’analyse méso-économique a porté sur une analyse sectorielle, dont l’objectif principal était de comprendre le poids et la contribution des différents secteurs de l’économie nigériane. Cette analyse méso-économique a permis de quantifier la transformation structurelle de l’économie dans le temps et l’allocation de ses ressources. Enfin, l’analyse mi-croéconomique s’est essentiellement focalisée sur le diagnostic de la productivité du secteur manufacturier non pétrolier au Nigéria. Elle a permis d’analyser les contraintes et les facteurs affectant la productivité des entreprises. Cette analyse, qui m’a été confiée, a abouti à un article qui a été publié comme un cahier de recherche de la Banque Mondiale.

1.3.3

Positionnement de la recherche

Tout au long de ces deux projets, la question de la mobilisation des ressources do-mestiques a été abordée avec une attention particulière. En effet, depuis quelques

(22)

années, la Banque Mondiale a inscrit la mobilisation des ressources fiscales domes-tiques dans ces polidomes-tiques prioritaires.

Ma résidence en institution a été par conséquent l’occasion de clarifier les récents développements sur la question et les limites de la littérature actuelle, ainsi que de discuter des méthodologies appropriées pour aborder la question. En somme, cette résidence à la Banque Mondiale a été une opportunité unique de positionner ma recherche par rapport à la littérature et surtout de peaufiner les aspects concernant les implications de politiques économiques. Par ailleurs, cette expérience a été déterminante sur le plan du réseautage, ce qui devrait contribuer à faciliter l’accès à un emploi futur notamment dans une organisation internationale.

1.4

Structure du présent document

Le reste de la thèse est structuré comme suit. Le chapitre 2 examine l’impact de la confiance dans les institutions publiques sur le civisme fiscal. Le chapitre 3 analyse le rôle des distorsions dans les infrastructures et les politiques publiques pour expliquer les différences d’évasion fiscale entre les pays d’Afrique et d’Amérique latine. Le chapitre 4 identifie et examine l’impact de la demande et de l’offre de corruption sur l’évasion fiscale des entreprises. Le chapitre 5 présente une conclusion générale et les implications de politiques économiques.

(23)

Croire pour Payer? Morale fiscale et

Confiance en Afrique

Résumé

Une question fondamentale en économie est d’expliquer pourquoi les gens paient leurs impôts et taxes et pourquoi il y a tant de différences dans le civisme fiscal entre les pays. La littérature sur le civisme fiscal a cherché à répondre à cette question avec des évidences limitées sur le role de la confiance sur le civisme fiscal. Cet article met en lumière un canal important par lequel la confiance dans les institutions publiques et le voisinage augmentent la volonté des contribuables de se conformer fiscalement. Le cadre théorique va au-delà du modèle standard d’évasion fiscale en intégrant à la fois la confiance dans le voisinage et celle dans les institutions publiques dans la fonction d’utilité du contribuable. L’approche empirique utilise les données World Values Survey 2010-2014 dans quatre pays Africains (Algeria, Ghana, Morocco, and Nigeria) pour montrer que la confiance dans les institutions publiques et le voisinage sont des déterminants importants de la morale fiscale des contribuables. La stratégie d’identification utilise les données historiques sur l’esclavage et la littérature sur l’héritage culturelle de la confiance pour proposer trois instruments qui semblent satisfaire les conditions de pertinence d’orthogonalité. Les résultats sont robustes à l’utilisation d’une stratégie d’identification alternative, des variables de contrôle additionnelles, et un test de falsification.

(24)

2.1

Sommaire exécutif - Article 1

Cette section présente le sommaire exécutif du premier article à travers le contexte, la problématique, la méthodologie, les résultats ainsi que les contributions.

2.1.1

Contexte et problématique

Le premier article de cette thèse examine l’impact de la confiance dans les institu-tions publiques et le voisinage sur la volonté des contribuables à payer les taxes. La littérature sur la morale fiscale peut être résumée en deux catégories principales qui mettent en évidence (i) le rôle des facteurs sociaux et culturels et, (ii) les effets des interactions entre les pouvoirs publics et les contribuables, respectivement. Premièrement, une grande partie de la littérature identifie les normes, les valeurs, la religiosité, la culture et les chocs temporaires comme des facteurs pouvant expliquer la volonté du contribuable de payer ses impôts. Besley, Jensen et Persson (2015), Bénabou et Tirole (2011) et Myles et Naylor (1996) montrent par exemple que les normes sociales sur la conformité fiscale incitent les contribuables à payer leurs impôts. Alm et Torgler (2006) constatent que les différences culturelles entre les États-Unis et l’Europe expliquent la différence de morale fiscale. De même, la culture vis-à-vis de la conformité fiscale dans le pays d’origine est un détermi-nant important de la morale fiscale des contribuables dans le pays de destination (Kountouris et Remoundou, 2013). De plus, la littérature souligne que les chocs temporaires tels que les réformes fiscales affectent la morale fiscale (Besley, Jensen et Persson, 2015), tout comme la religiosité (Torgler, 2006), et les contributions des concitoyens (Fortin, Lacroix et Villeval, 2007, Frey et Torgler, 2007). D’un autre côté, la morale fiscale des contribuables pourrait être lié à l’environnement politique et institutionnel qui façonne le contrat social entre l’État et les citoyens (Mascagni, 2018). Ceci est en accord avec les théories de l’échange fiscal et de la légitimité politique qui suggèrent que l’attitude envers la taxation est affectée par les béné-fices attendus du gouvernement et la mesure dans laquelle les contribuables font confiance à leur gouvernement. Ali, Fjeldstad et Sjursen (2014) trouvent que la morale fiscale est positivement associé à la fourniture d’un bien public au Kenya, en Tanzanie, en Ouganda et en Afrique du Sud. Ce résultat corrobore l’évidence de Smith et Stalans (1991) qui montrent que les actions positives des États tendent à améliorer les attitudes et les engagements du contribuable à l’égard du système

(25)

fiscal. En outre, des facteurs tels que la progressivité du système fiscal sont suscep-tibles d’augmenter la morale fiscale (Doerrenberg et Peichl, 2013), de même que la confiance dans le gouvernement (Slemrod, 2002) et la confiance dans les autorités fiscales (Wahl, Kastlunger et Kirchler 2010, Kirchler, Hoelzl et Wahl, 2008).

Cependant, les évidences quant au rôle joué par la confiance sont plutôt rares. Je défends dans cet article que la relation entre les contribuables et les pouvoirs publics peut être perçue comme un contrat social implicite. Ce contrat peut être basé sur la confiance et implique un système de récompenses, de punitions, de loyauté et d’attente mutuelle. Les comportements opportunistes comme la fraude fiscale sont par conséquent un moyen pour les contribuables d’exprimer leur satisfaction ou leur mécontentement face à la gestion des ressources publiques. De même, je défends que la confiance dans le voisinage renforce le capital social1 et favorise l’implication des contribuables vis-à-vis des actions collectives telle que payer les taxes pour la production de biens et services publiques. Comme le soutient Scholz et Lubell (1998), sans confiance les bénéfices potentiels des actions collectives dépendront uniquement de l’altruisme et des mécanismes d’application garantissant que les bénéfices des comportements opportunistes sont inférieurs aux coûts associés à la déviation. La confiance joue par conséquent un rôle important dans le maintien de la crédibilité et l’amélioration du capital social en réduisant la surveillance et les sanctions coûteuses (Coleman, 1994; Ostrom, 1990). D’ou l’intérêt de ce chapitre d’analyser l’impact de la confiance sur la morale fiscale des contribuables.

2.1.2

Méthodologie et résultats

Cet article examine le rôle de la confiance dans les institutions publiques et le voisinage sur le civisme fiscal dans quatre pays africains que sont l’Algérie, le Ghana, le Maroc et le Nigeria. Tout d’abord, je fournis les fondements théoriques de la relation entre les deux dimensions de la confiance et la morale fiscale sur la base du modèle standard d’évasion fiscale d’Allingham et Sandmo (1972). Ensuite, pour isoler les effets de la confiance dans les institutions publiques et le voisinage sur la morale fiscale, j’utilise les données de la sixième vague du WVS couvrant la période 2010-14 et une méthodologie empirique prenant en compte les potentiels

1Voir Putnam, Leonardi, et Nanetti (1994) pour une discussion extensive sur le capital social et

(26)

problèmes d’endogénéité. La stratégie d’identification s’appuie sur la méthode des variables instrumentales (IV) et utilise les données historiques sur l’esclavage au niveau des groupes ethniques et la littérature sur l’héritage culturel de la confiance. Les données sur l’esclavage proviennent de Nunn (2008b) et de Nunn et Wantchecon (2011), qui documentent le nombre d’esclaves exportés par les groupes ethniques durant la traite des esclaves transatlantique et dans l’océan Indien. J’apparie dans un premier temps ces données historiques au groupe ethnique de chaque répondant dans le WVS. Ensuite, en suivant Nunn et Wantchecon (2011), je construis une variable capturant l’intensité de la traite des esclaves. Ce dernier est mesuré comme le ratio du nombre d’esclaves exportés sur la superficie des terres d’origine du groupe ethnique. La traite des esclaves était caractérisée par un environnement général d’insécurité où les individus se retournaient les uns contre les autres et où les esclaves étaient capturés par des raids et des guerres organisés par l’État (Piot, 1996). Un tel environnement a engendré une culture de méfiance, qui peut persister à ce jour (Nunn et Wantchecon, 2011). Les effets de la traite négrière ont par conséquent modifié les normes culturelles des groupes ethniques exposés, affectant ainsi leur degré de confiance. Je fais l’hypothèse que la culture de la méfiance a pu persister jusqu’à ce jour et modifier la confiance des contribuables dans les institutions publiques et le voisinage. La confiance dans les institutions publiques et le voisinage étant potentiellement endogène, j’utilise deux instruments supplémentaires à des fins d’identification, en me basant sur la littérature sur l’héritage culturel de la confiance. Cette littérature suggère que la confiance fait partie du héritage culturel qui est transmis d’une génération à l’autre et lié au pays ou au groupe ethnique d’origine (Dinesen, 2011, Guiso, Sapienza et Zingales, 2008, Uslaner, 2008; Feldman, 1997). L’héritage culturel est par conséquent une composante clé des comportements individuels tels que la confiance (Woolcock et Narayan, 2000), tout comme l’environnement institutionnel existant (Dinesen, 2011). En tenant compte de ces deux facteurs, les instruments additionnels sont calculés comme la confiance moyenne dans les institutions publiques et le voisinage des contribuables du même groupe ethnique vivant dans la même communauté.

Les résultats montrent que la confiance dans les institutions publiques et dans le voisinage est largement associée à la morale fiscale en Algérie, au Ghana, au Maroc et au Nigeria. Une augmentation d’une unité de la confiance dans les institutions publiques augmente la morale fiscale entre 1.007 et 1.121 unités, sur

(27)

une échelle de dix points. De même, une augmentation d’une unité de la confiance dans le voisinage augmente la morale fiscale entre 1,029 et 1,043 unités, sur une échelle de dix points. La magnitude des effets est importante et statistiquement significative dans toutes les spécifications. Les tests de validité et de pertinence des instruments produisent des statistiques qui suggèrent que le modèle est bien identifié et que les conditions de pertinence et d’orthogonalité sont satisfaites. De plus, les analyses de sensibilité montrent que les résultats sont robustes à d’autres méthodes d’estimation, à un test de falsification et à des variables de contrôle additionnelles au niveau individuel et pays.

2.1.3

Contributions

Cet article apporte au moins deux contributions à la littérature sur les déter-minants de la morale fiscale. Premièrement, il considère la confiance dans les institutions publiques et dans le voisinage et examine leur impact sur le moral des contribuables. Bien que le rôle de la confiance dans le voisinage soit une nouveauté, l’impact de la confiance dans les autorités publiques sur la morale fiscale a été étudié dans des papiers comme Kirchler, Hoelzl et Wahl (2008), Slem-rod (2002), Scholz et Lubell (1998). Cependant, les études antérieures se con-centrent principalement sur la confiance dans le gouvernement et les autorités fiscales. Ce chapitre considère cinq autres dimensions de confiance dans les au-torités publiques: la confiance dans le parlement, le système juridique, la fonction publique, le système éducatif et la police. Deuxièmement, à ma connaissance, ce chapitre est le premier à utiliser la méthode des variables instrumentales pour explorer les déterminants de la morale fiscale des contribuables. En outre, le chapitre s’ajoute une littérature limitée sur les déterminants de la morale fiscale en Afrique sur des données transversales (Ali, Fjeldstad et Sjursen, 2014, Sacks, 2012, D’Arcy, 2011, Levi, Sacks, et Tyler, 2009).

(28)

2.2

Article 1 - Trust to pay? Tax Morale and Trust in

Africa

Although low tax morale hits developing countries hardest, little is known about its determinants in those countries. This paper examines the impact of trust in public institutions and the neighborhood on individual tax morale in four African countries. First, the paper provides theoretical foundations of such relationship. Further, the paper uses the World Value Survey to estimate the effects of trust in public institutions and the neighborhood on individual tax morale. The identifica-tion strategy employs the instrumental variables method and relies on historical data on the slave trade and the literature on the cultural heritage of trust. The paper finds that trust in public institutions and the neighborhood are largely asso-ciated with tax morale in Algeria, Ghana, Morocco, and Nigeria. The findings are robust to alternative identification strategy, additional controls, and a falsification test.

Keywords : Tax morale, tax evasion, trust, Africa. JEL codes : D7, H26, H32, O1

(29)

2.2.1

Introduction

Domestic revenues in several African countries are scant and below the minimum level of 20 percent allowing to achieve development goals (UNDP, 2010). In those countries, low domestic revenue limits the ability of governments to invest in development programs, improve economic efficiency, and reduce poverty (Baun-sgaard and Keen, 2010; Agénor, Bayraktar, and El Aynaoui, 2008). Although developing countries are the hardest hit by taxpayers non-compliance (Fuest and Riedel, 2009), little is known about the determinants of tax compliance in those countries, especially in Africa (D’Arcy, 2011; Fjeldstad and Semboja, 2001).

This paper examines the role of trust in public institutions and the neighbor-hood on tax morale in 4 African countries that are Algeria, Ghana, Morocco, and Nigeria. First, I provide theoretical foundations of the relationship between both dimensions of trust and tax morale based on the standard model of tax evasion from Allingham and Sandmo (1972). Further, to isolate the effects of trust in public institutions and the neighborhood on tax morale, I use individual-level data from the sixth wave of the World Value Survey (WVS) covering the 2010-14 period, and then I employ an empirical methodology that accounts for potential endogeneity. The identification strategy relies on the instrumental variables (IV) method and takes advantage of the historical data on slavery at the tribe level and the literature on the cultural heritage of trust.

The slavery data are from Nunn (2008b) and Nunn and Wantchecon (2011) who document the number of slaves exported by the ethnic groups during both the transatlantic and the Indian Ocean slave trade. I first match these historical data with the ethnic group of each respondent in the WVS. Then, following Nunn and Wantchecon (2011) I build a variable capturing the intensity of slave trade. The latter is measured as the ratio of the number of slaves exported and the origin land area of the tribe. The slave trade was characterized by a general environment of insecurity where individual turn against each other and slaves were captured through state-organized raids and warfare (Piot, 1996). Such an environment caused a culture of mistrust, which may persist to this day (Nunn and Wantchecon, 2011). The effects of the slave trade have therefore altered the cultural norms of the ethnic group exposed to it, affecting, therefore, their level of trust. I hypothesize that the culture of mistrust may have persisted to this day and alter taxpayers’ trust in public institutions and the neighborhood. As both trusts

(30)

in public institutions and the neighborhood are potentially endogenous, I use two additional instruments for identification purposes relying on the literature on the cultural heritage of trust. This literature suggests trust is a part of the cultural heritage which is transmitted from one generation to the next and linked to the country or ethnic group of origin (Dinesen, 2011; Guiso, Sapienza, and Zingales, 2008; Uslaner, 2008; Rice and Feldman, 1997). Hence, the cultural heritage is a crucial component of individual-level behaviors such as trust (Woolcock and Narayan, 2000), as is the prevailing institutional environment (Dinesen, 2011). Ac-counting for both factors, the additional instruments are measured as the average trust in public institutions and the neighborhood in the same ethnic group and community cluster.

The results show that both trusts in public institutions and the neighborhood are largely associated with tax morale in Algeria, Ghana, Morocco, and Nigeria. A one-unit increase in trust in public institutions raises individual tax morale between 1.007 and 1.121 units, on a ten-point scale. Similarly, a one-unit increase in trust in the neighborhood increases tax morale between 1.029 and 1.043 units, on a ten-point scale. The magnitude of the effects is large and statistically significant in all specifications. The findings suggest that the relationship between the taxpayer and the state can be assimilated to an implicit contract based on trust. The level of trust reflects satisfaction about such contract, thereby taxpayers willing to pay their taxes. Also, by reinforcing the social capital, trust in the neighborhood might ease taxpayers willingness to contribute to collective actions such as the provision of public goods and services. As Scholz and Lubell (1998) argue, without trust the potential benefits of collective actions will depend solely on altruism and enforcement mechanisms that ensure that the benefits of opportunistic behavior are lower than the costs associated with deviation. By playing an important role in maintaining the credibility, improving the social capital, and reducing costly surveillance and sanctions (Coleman, 1990; Ostrom, 1990), this paper shows that trust in public institutions and the neighborhood stimulate the willingness of taxpayers to pay their taxes. The IV regressions produce statistics suggesting that the model is well-identified, and both pertinence and orthogonality conditions are met. Moreover, sensitivity analyses show that the findings are robust to alternative estimation methodology, a falsification test, and additional control variables at the individual and country level.

(31)

The literature on tax morale can be summarized in two main categories high-lighting the role of social and cultural factors and the effects of the interactions between public authorities and taxpayers, respectively. First, a large part of the literature identifies norms, values, religiosity, culture, and temporary shocks as fac-tors that could explain the taxpayer’s willingness to pay his taxes. Besley, Jensen, and Persson (2015), Bénabou and Tirole (2011) and Myles and Naylor (1996) show for instance that social norms about tax compliance drive taxpayers’ intrinsic motivation to pay their taxes. Alm and Torgler (2006) find that cultural differences between the United States and Europe explain the difference in tax morale. Simi-larly, tax culture in the country of origin is a significant determinant of individual tax morale in the destination country (Kountouris and Remoundou, 2013). More-over, the literature highlights that temporary shocks such as tax reforms affect individual tax morale (Besley, Jensen, and Persson, 2015), as is religiosity (Torgler, 2006), and the contributions of the fellow-citizens (Fortin, Lacroix, and Villeval, 2007; Frey and Torgler, 2007). On the other side, tax morale might be interlaced with the political and institutional environment that shape the social contract between the state and the citizens (Mascagni, 2018). This is in line with the fiscal exchange and political legitimacy theories suggesting that attitude toward taxes is affected by the expected benefits from the government and the extent to which taxpayers trust their government.2 Ali, Fjeldstad, and Sjursen (2014) find that tax attitude is positively associated with the provision of public good in Kenya, Tanzania, Uganda, and South Africa. This corroborates evidence from Smith and Stalans (1991). The latter highlight that positive actions of states tend to improve attitudes and commitments of the taxpayer against tax system. Also, actors such as the progressively of the tax system are likely to increase tax morale (Doerrenberg and Peichl, 2013), as is trust in the government (Slemrod, 2002), and trust in the tax authorities (Wahl, Kastlunger, and Kirchler, 2010; Kirchler, Hoelzl, and Wahl, 2008).

This paper brings at least two contributions to the literature on the deter-minants of tax morale. First, it considers trust in public institutions and the neighborhood and examines their impact on tax morale. Although examining the role of trust in the neighborhood is a novelty, the impact of trust in public authorities on tax morale has been explored in studies such as Kirchler, Hoelzl,

2See for instance Ali, Fjeldstad, and Sjursen (2014), Kirchler, Hoelzl, and Wahl (2008), and

(32)

and Wahl (2008), Slemrod (2002), Scholz and Lubell (1998). However, compared to previous studies that focus mainly on the trust in the government and tax authori-ties, this paper considers five additional dimensions of trust in public authorities that are the trust in the parliament, legal system, civil service, education system, and police. Second, to the best of my knowledge, the paper is the first to employ the instrumental variable method to explore the determinants of tax morale across countries. Moreover, the paper adds to the limited literature on the determinants of attitude towards taxes in Africa using a cross-country analysis (Ali, Fjeldstad, and Sjursen, 2014; Sacks, 2012; D’Arcy, 2011; Levi, Sacks, and Tyler, 2009).

The next section presents the theoretical foundations. Section 3 presents empir-ical supporting evidence of the impact of trust in public institutions on tax morale consistent with testable predictions of the model. Section 4 checks the sensitivity of the findings. Section 5 provides some concluding remarks.

2.2.2

Theoretical foundations

The standard model of tax evasion is based on the paper of Allingham and Sandmo (1972). In this model, the taxpayer i has at each period an exogenous income

Yi, that is not known by tax administration. The taxpayer declares to the tax administration an income D on which a tax τ is levied. I assume in this paper that the taxpayer chooses a share ϑ of his income Yithat he escapes i.e Di = (1 − ϑi)Yi.

Let f be the fine paid by the taxpayer if his tax evasion activities are discovered. In this case, the taxpayer expected income can be written as follows:

Yai= Yi− τ(1 − ϑi)Yi− fτϑiYi

However, the taxpayer’s income if he is not discovered will be:

Yni = Yi− τ(1 − ϑi)Yi

At each period, the taxpayer chooses the level of tax evasion ϑ that maximizes his expected utility :

max

ϑi

(33)

where, p is the detection probability. max

ϑi

Eui(Yi) = pui[Yi− τ(1 − ϑi)Yi− fτϑiYi] + (1 − p)ui[Yi− τ(1 − ϑi)Yi]

(2.2) The taxpayer is assumed to be risk averse, implying that his private utility ui() is

an increasing and concave function of the level of consumption. The first order will be ∂Eui(Yi) ∂ϑi = 0 ⇒ p(1 − f)τYiu  i(Yai) + (1 − p)Yiτ u  i(Yni) = 0

The optimal level of tax evasion can be obtained from Kuhn-Tucker conditions and be written as :

ϑ∗i = ϑ∗i(τ, f, p, Yi) (2.3) where, c is the country index.

Thus, according to Allingham and Sandmo (1972)’s model the proportion of evaded income depends on the extent of deterrence policies like detection proba-bilities and fines. This means that an increase in detection probaproba-bilities p or on the fine f declines tax evasion.

However, considering the weakness of actual detection policies (low detection probabilities and weak fine), one should observe a higher tax evasion than there really is (Alm, McClelland, and Schulze, 1992). The standard model takes into account neither taxpayers perception about public services i.e. transparency and fairness (Cummings et al., 2009), nor the way in which public expenditures are determined (Alm, Jackson, and McKee, 1993),3nor the way in which application rules are determined (Alm, McClelland, and Schulze, 1999), nor the social norms (Besley, Jensen, and Persson, 2015; Bénabou and Tirole, 2011; Myles and Naylor, 1996) and the collective actions (Naylor, 1989).

Based on Brock and Durlauf (2001) and Fortin, Lacroix, and Villeval (2007),4I extend the standard model by including an individual institutional utility function in the taxpayer private utility function. More specifically, the extended model

3Alm, Jackson, and McKee (1993) find for example that tax morale is higher when public goods

are voted rather than when they are imposed.

4Brock and Durlauf (2001) is first paper to include an individual social utility function in the

private utility function. Fortin, Lacroix, and Villeval (2007) apply Brock and Durlauf (2001)’s framework to the standard model of tax evasion by adding a social interactions function.

(34)

presents a general framework in which there are both social interaction function

Sii, Zi) and institutional interaction function Aii, Xi). The latter depends on

the share of income evaded ϑi and respectively on a set of variables Zi and Xi.

I hypothesize that individual social and institutional interactions functions are linear in ϑi.5 This assumption entails that the marginal social and institutional

functions depends only on variables Xiand Zi.

Taxpayers’ expected utility will be :

EVi(Yi) = Eui(Yi) + Sii, Zi) + Aii, Xi)

The first component is the private expected utility associated with tax morale, corresponding to expected utility in the standard model of tax evasion. The second and the third components are respectively social and institutional utility associated to tax morale.

Sii, Zi) = si(Zi)(1 − ϑi)Yi Aii, Xi) = ai(Xi)(1 − ϑi)Yi

si(Zi) and ai(Xi) are respectively social and institutional marginal utility

associ-ated to tax morale. The expected utility function can be written as

EVi(Yi) = pui[Yi− τ(1 − ϑi)Yi− fτϑiYi] + (1 − p)ui[Yi− τ(1 − ϑi)Yi] + [si(Zi) + ai(Xi)](1 − ϑi)Yi

(2.4) where,

ai(Xi) = a(V Ti, i)

si(Zi) = si(HTi, Ki, i) (2.5)

I assume that the marginal institutional utility of tax morale depends on trust in public institutions V Tiand a random term ithat captures unobservable

individ-ual characteristics and attributes that are common to all individindivid-uals in the same community. This suggests that the relationship between the taxpayer and the state can be assimilated in terms of a psychological or implicit contract. This contract involves a rewards system, punishments, loyalty and mutual expectation. Thus, if the taxpayer is satisfied with this relationship, his confidence in public institutions increases. In this case, the taxpayer intrinsic motivation to pay his taxes will be high. Thus, trust in public institutions have a positive effect on tax morale i.e. the marginal institutional utility of tax morale is positive. Following Spicer and

(35)

Lundstedt (1976) and Alm, McClelland, and Schulze (1992), I assume that public goods funded through taxes are fully take into account in individual utility. The slackness of this assumption is justified by the inclusion of confidence in public institutions in tax evasion model. Indeed, the implicit contract between the tax-payer and the state requires the provision of desirable level of public good (quality and quantity). Thus, dissatisfaction with public services and expenditures causes deterioration of taxpayers’ trust in public institutions. Also, the signals sent by the public institutions (failure, wastage, inefficiency, corruption, abuse of power) affect the taxpayer confidence in public institutions. Regarding the marginal social utility of tax morale, I assume that it depends on trust in the neighbourhood and a number of individual characteristics. Trust in the neighborhood is perceived here as an integral part of the social capital6as it eases the involvement of taxpayers in collective actions such contributing to the provision of public goods and services. Hence, high level of trust in the neighborhood reinforces the social capital and stimulates the taxpayer willingness to pay their taxes.

Assuming that preferences satisfy Von Neumann-Morgenstern axioms, the tax-payer problem can be write as:

max ϑ EVi(Yi) = pui[Yi− τ(1 − ϑi)Yi− fτϑiYi] + (1 − p)ui[Yi− τ(1 − ϑi)Yi] + [s(Zi) + a(Xi)](1 − ϑi)Yi s/c 0 ≤ ϑi≤ 1 ai(Xi) = ai(V Ti, i) si(Zi) = si(HTi, Ki, i) (2.6) First-order conditions are:

p(1 − f)τY ui[Yi− τ(1 − ϑi)Yi− fτϑiYi] + (1 − p)Yiτu



i[Yi− τ(1 − ϑi)Yi] − [ai(V Ti, i) + s(HTi, Ki, i)]Yi= 0

Using the Kuhn-Tucker conditions, the optimal level of tax evasion will be:

ϑ∗i = ϑ∗ic, fc, pc, V Ti, HTi, Ki, i)

where, i and c are respectively individual and countries index. The optimal level of tax evasion can be written as,

6See the seminal work of Putnam, Leonardi, and Nanetti (1994) for extensive discussion social

(36)

ϑ∗i = ϑ∗ic, fc, pc, V Ti, HTi, Ki, i) (2.7) By taking the total derivatives of tax evasion relative to trust in public institutions, mean of tax evasion, fine, detection probability, we have:

i dV Ti = ∂ai(V Ti,i) ∂V Ti (τY )2[p(1 − f)2ui(Yai) + (1 − p)ui(Yni) (2.8) i dHTi = ∂si(HTi,Ki,i) ∂HTi (τY )2[p(1 − f)2ui(Yai) + (1 − p)ui(Yni) (2.9) i dfc = p(1 − f)τY u”(Ya) (τY )2[p(1 − f)2u”(Y a) + (1 − p)u”(Yn) (2.10) i dpc = (f − 1)τu(Y a) + τY u(Yn) (τY )2[p(1 − f)2ui(Yai) + (1 − p)ui(Yni) (2.11) From this model and expression above, we can draw four predictions regarding tax evasion: 1. dϑi dV Ti ≤ 0 2. dϑi dHTi ≤ 0 3. dp ≤ 0 4. df ≤ 0

Prediction 1 and 2 indicates that an increase of trust in public institutions and the

neighborhood would reduce tax evasion. This means that the more taxpayers’ trust in public institutions and the neighborhood are high, the higher their intrinsic motivation to pay taxes will be. This suggests that confidence in public institutions and the neighborhood reflect taxpayer’s satisfaction about the implicit contract between him, the state, and co-citizens.

Predictions 3 and 4 state respectively that an increase in both detection probability

and fines reduces tax evasion. The last two predictions are exactly the same as in Allingham and Sandmo (1972) model.

(37)

2.2.3

Empirical Approach

This section estimates the impact of trust on tax morale using equation (7). From the theoretical model to the empirical approach, I assimilate tax evasion to tax morale due to data constraints. Unlike tax evasion data that are scant at the individual level, information on tax morale are relatively available, extensively used as a proxy of attitude toward taxes7and cover a couple of African countries. Moreover, experimental evidence and results from cross-country surveys suggest tax morale is an important predictor of tax evasion (Cummings et al., 2009). The authors highlight for instance that individuals that perceive tax avoidance to be moral are more likely actually to evade their taxes. The next sections present the empirical specification, the data, and the econometric issues before discussing the findings.

2.2.3.1 Empirical specification

The econometric specification is based on the linearized form of the latent tax morale from equation (7) :

ϑilc= αV Tilc+ βHTilc+ γKilc+ ηc+ ilc (2.12) where, i, l and c are respectively individual, location (city) and country indexes.

ϑilcdenotes tax morale, V Tilctrust in public institutions, HTilctrust in the

neigh-bourhood. Kicrefers to individual taxpayer characteristics and ηcthe country fixed

effects which allow controlling for important omitted variables at the country such as the deterrence probability, the culture, and norms about tax compliance. In the WVS, respondents are asked to state if cheating on tax can always be justified, never justified or something in between.8 Responses are on a 10-point scale and relabeled so that 1 corresponds to "always justified" and 10 to "never justified". The analysis uses this variable to capture tax morale, where higher scores refer to higher tax morale. As discussed above, we employ both vertical and horizontal dimensions of trust.

The vertical dimension refers to trust in public institutions and measured as a

7See for instance Ali, Fjeldstad, and Sjursen (2014), Frey and Torgler (2007), Torgler (2006) and

Torgler (2005).

8The question is: "Please, tell me whether you think that cheating on tax, if you have the chance,

Figure

Figure 2.1 Tax morale by country
Figure 2.2 Tax morale and trust
Table 3.1 Summary statistics
Table 3.3 Benchmark calibration
+5

Références

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