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Romanisation et développement : le cas de la cité des Arvernes (IIe s. av. J.-C. – IIe s. apr. J.-C.)

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Romanisation et développement : le cas de la cité des

Arvernes (IIe s. av. J.-C. – IIe s. apr. J.-C.)

Frédéric Trément

To cite this version:

Frédéric Trément. Romanisation et développement : le cas de la cité des Arvernes (IIe s. av. J.-C. –

IIe s. apr. J.-C.). Paysages ruraux et territoires dans les cités de l’Occident romain, Jean-Luc Fiches,

Rosa Plana-Mallart, Victor Revilla Calvo, Mar 2010, Barcelone, Espagne. pp.27-47. �halshs-01839316�

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Paysages ruraux et territoires

dans les cités de l’occident romain.

Gallia et Hispania

paisajes rurales y territorios

en las ciudades del occidente romano.

gallia e HisPania

(5)

Collection « Mondes anciens »

directrice de collection

Rosa Plana-Mallart

comité scientifique

Brigitte Pérez-Jean (langues anciennes), Éric Perrin-Saminadayar (histoire ancienne),

Rosa Plana-Mallart (histoire de l’art et archéologie), Frédéric Servajean (égyptologie).

La collection « Mondes anciens » concerne l’ensemble des sciences de l’Antiquité, qu’il s’agisse de

l’his-toire, de l’archéologie, de l’histoire de l’art ou des langues anciennes. Elle s’adresse donc à tout spécialiste

de l’Antiquité. Le principal objectif est de proposer un regard novateur et pertinent, dans la tradition des

études classiques et en accord avec les grandes tendances de la recherche actuelle. La collection « Mondes

anciens » soutient également la coédition d’ouvrages avec d’autres collections (universitaires,

d’établis-sement de recherche, d’institutions muséales et patrimoniales) ainsi que la préparation ou la traduction

d’ouvrages portant sur les sujets des concours ou sur des thématiques peu fournies et qui présentent un

intérêt évident pour un public étudiant et spécialiste.

(6)

Collection « Mondes anciens »

Paysages ruraux et territoires

dans les cités de l’occident romain.

Gallia et Hispania

paisajes rurales y territorios

en las ciudades del occidente romano.

gallia e HisPania

Actes du colloque international AGER IX,

Barcelone, 25-27 mars 2010

édités par

Jean-Luc Fiches, Rosa Plana-Mallart

& Victor Revilla Calvo

2013

Presses universitaires de la Méditerranée

(7)

Illustration de couverture :

Structures de la villa de Côte Vivey à Neuilly-l’Évêque vue en prospection oblique par effet de la croissance différentielle des céréales (P. Nouvel, S. IzrI).

Mots-clés :

Analyse spatiale, Antiquité, cités, Gallia, Hispania, paysages, peuplement, territoires.

tous droits réservés, PULM 2013.

(8)

7

Comité d’organisation du colloque

Pere castanyer, conservador del Museu d’Arqueologia de Catalunya, Empúries.

Jean-Luc Fiches, directeur de recherche au C.N.R.S., Lattes-Montpellier.

Rosa Plana-Mallart, professeure à l’université Paul-Valéry Montpellier 3.

Víctor Revilla, profesor Titular de Historia Antigua de la universitat de Barcelona.

Frédéric Trement, professeur d’Antiquités nationales à l’université Blaise-Pascal — Clermont-Ferrand 2.

Joaquim Tremoleda, conservador del Museu d’Arqueologia de Catalunya, Empúries.

Institutions associées à l’organisation du colloque

Ministerio de Ciencia e Innovación.

Casa de Velázquez.

Museu d’Arqueologia de Catalunya.

Universitat de Barcelona.

Université Paul-Valéry Montpellier 3.

U.M.R. 5140 « Archéologie des Sociétés méditerranéennes ».

Comité éditorial et de lecture

Pere Castanyer, conservador del Museu d’Arqueologia de Catalunya, Empúries.

michel Christol, professeur émérite, université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Paris.

François Favory, professeur à l’université de Franche-Comté, Besançon.

Alain Ferdière, professeur émérite, université François Rabelais, Tours.

Jean-Luc Fiches, directeur de recherche au C.N.R.S., Lattes-Montpellier.

Ricardo Gonzalez-Villaescusa, professeur à l’université de Nice.

Philippe Leveau, professeur émérite, université Aix-Marseille.

Pierre Ouzoulias, chargé de recherche au C.N.R.S. ; Chargé de conférences à l’EPHE.

Josep M. Palet, investigador sènior en el Institut català d’Arqueologia clàssica, Tarragona.

(9)

8

comités et institutions associées

Christophe Pellecuer, conservateur en chef du Patrimoine, direction régionale des affaires culturelles du

Languedoc-Roussillon, Montpellier.

Rosa Plana-Mallart, professeure à l’université Paul-Valéry Montpellier 3.

Marta Prevosti, investigadora sènior en el Institut Català d’Arqueologia Clàssica, Tarragona.

Claude Raynaud, directeur de recherche au C.N.R.S., Lattes-Montpellier.

Víctor Revilla, profesor Titular de Historia Antigua de la universitat de Barcelona.

Joaquim Ruiz de Arbulo, catedratico Arqueologia, universitat Rovira i Virgili, Tarragona.

Robert Sablayrolles, professeur émérite, université de Toulouse-Le Mirail.

Pierre Sillieres, professeur émérite, université Michel-de-Montaigne Bordeaux 3.

Frédéric Trement, professeur d’Antiquités nationales à l’université Blaise-Pascal — Clermont-Ferrand 2.

Joaquim Tremoleda, conservador del Museu d’Arqueologia de Catalunya, Empúries.

(10)

9

Sommaire

Fr. Favory

Hommage à jean-luc Fiches . . . 17

J.-L. Fiches, R. Plana-Mallart & V. Revilla Calvo

introduction . . . 23

1. Romanisation, peuplement et cité 25

Fr. Trément

Romanisation et développement : Le cas de la cité des Arvernes (ii

e

s. av. j.-c. – ii

e

s. apr. j.-c.) . . . 27

R. Plana-Mallart & G. de Prado Cordero

Les modalités du peuplement d’époque romaine dans la partie centrale de l’Empordà : de l’oppidum

d’ullastret aux civitates d’Emporiae et de Gerunda . . . 49

I. Grau Mira & J. Molina Vidal

diversité territoriale et modèles d’exploitation des paysages ruraux du sud de la tarraconaise

(ii

e

siècle av. j.-c.-ii

e

siècle apr. j.-c.) . . . 59

C. Gandini, Fr. Dumasy & L. Laüt

Paysages économiques du territoire des Bituriges Cubes : approche comparée de trois modes

d’occupation du sol . . . 67

I. Bermond, L. Buffat, J.-L. Fiches, P. Garmy, Chr. Pellecuer, H. Pomarèdes & cl. Raynaud

nîmes en narbonnaise, essai sur la géographie des territoires à l’échelle de la cité . . . 83

M. Prevosti, J. Lopez & I. Fiz

paysage rural et formes de l’habitat dans l’ager Tarraconensis . . . 99

J. L. Jimenez, C. Aranegui & J. M. Burriel

la definición territorial del triángulo Saguntum-Valentia-Edeta : estado de la cuestión . . . 109

A. J. Murcia Muñoz, L. Lopez Mondéjar & S. F. Ramallo Asensio

(11)

10

sommaire

F. Teichner

el territorium de Ossonoba (Lusitania) : economía agrícola y economía « marítima » . . . 137

2. D’une cité à l’autre, des paysages contrastés 149

chr. Batardy, Th. Lorho, M. Monteil & s. Quevillon

Territoires et modes d’occupation dans l’ouest de la Gaule lyonnaise au Haut-Empire :

approche préliminaire . . . 151

d. Bayard & W. De Clercq

organisation du peuplement et habitats en Gaule du nord, confrontation de deux exemples régionaux,

la picardie et la Flandre septentrionale . . . 161

m. Georges-Leroy, J.-D. Laffite & m. Feller

Des paysages ruraux antiques contrastés dans les cités des Leuques et des Médiomatriques : effet

de source ou répartition différentielle des établissements dans l’espace rural ? . . . 181

Fr. Bertoncello & l. Lautier

Formes et organisation de l’habitat en narbonnaise orientale et dans les alpes maritimes

(cités de Fréjus, Antibes, Vence et Briançonnet) . . . 195

F. Colleoni, C. Petit-Aupert & P. Sillières (g. Arlandes, L. Rigou & l. Sévègnes coll.)

paysages ruraux et formes de mise en valeur des campagnes en aquitaine méridionale

(cités d’Auch, d’Eauze et de Lectoure) . . . 213

Fr. Réchin, N. Béague, F. Marembert & r. Plana-Mallart

paysages ruraux et contrastes territoriaux dans le piémont nord-occidental des pyrénées . . . 223

Fr. Busquets, A. Moreno & V. Revilla

Hábitat, sistemas agrarios y organización del territorio en el litoral central de la Laietània . . . 239

3. Géographie de la villa et autres formes d’exploitation du territoire 251

P. Ouzoulias

la géographie de la villa dans les Gaules romaines : quelques observations . . . 253

Ph. Leveau

Villas et aristocraties municipales dans les cités d’Arles, de Glanum, d’aix et de marseille . . . 269

J. M. Nolla & l. Palahi

el suburbium de la ciudad de Gerunda. algunos aspectos . . . 281

P. d. Sanchez Barrero

(12)

11

sommaire

r. Gonzalez Villaescusa, M. Marre, A. Huvig, m. le Bailly, Fr. Bouchet, L. Chalumeau, B. Dufour,

O. Lejeune, O. Malam-Issa & F. Sanchez

La villa gallo-romaine d’Andilly-en-Bassigny. Un projet d’étude de l’ager de la cité des lingons

(Andemantunnum-langres) . . . 303

P. Castanyer, J. Tremoleda & R. Dehesa

El establecimiento rural de época visigoda de Vilauba. Algunas reflexiones sobre el final de las villas

romanas en el nordeste de la tarraconense . . . 313

J. M. Palet, H. A. Orengo, A. Ejarque, Y. Miras, I. Euba & s. Riera

Arqueología de paisajes altimontanos pirenaicos : formas de explotación y usos del medio en época

romana en valle del Madriu-Perafita-Claror (Andorra) y en la Sierra del Cadí (Alt Urgell) . . . 329

J. A. Antolinos Marín et J. M. Noguera Celdrán

los recursos minerales del ager de Carthago Nova : explotación, modelos de gestión territorial y

jerarquización de los asentamientos . . . 341

Fl. Sarreste

Les zones de production sidérurgique dans l’espace rural antique : réflexions à partir de l’exemple

des cités diablinte et cénomane . . . 353

Conclusion 365

J.-L. Fiches

mosaïque de paysages et diversité des territoires . . . 367

Résumés 377

Resúmenes 383

Abstracts 391

(13)
(14)

13

Juan Antonio Antolinos Marín Investigador, Universidad de Murcia

— antolino@um.es

Carmen Aranegui Catedrática de Arqueología, Universitat de València — Carmen.Aranegui@uv.es

Guillaume Arlandes

Directeur du bureau d’études Pyrénées Cartographie, Aste —

guillaume.arlandes@pyrcarto.fr

Didier Bayard Conservateur au service régional de l’archéologie, direction régionale des affaires

culturelles de Picardie, Amiens — didier.bayard@culture.gouv.fr

Christophe Batardy Ingénieur d’études, direction régionale des affaires culturelles des Pays de la Loire,

Nantes ; U.M.R. 8546, AOROC, Paris — christophe.batardy@culture.gouv.fr

Nadine Béague Responsable d’opérations, INRAP Grand Sud-Ouest ; laboratoire ITEM (EA 3002), université

de Pau et des Pays de l’Adour — nadine.beague@inrap.fr

Iouri Bermond Ingénieur d’études au service régional de l’archéologie, direction régionale des affaires

culturelles du Languedoc-Roussillon ; U.M.R. 5140, Archéologie des Sociétés Méditerranéennes,

Lattes-Montpellier — iouri.bermond@culture.gouv.fr

Frédérique Bertoncello Chargée de recherche au C.N.R.S., U.M.R. 7264, CEPAM, Nice —

frederique.bertoncello@cepam.cnrs.fr

Françoise Bouchet Professeure, université de Reims, EA 3795-GEGENA

2

francoise.bouchet@univ-reims.fr

Loïc Buffat Chercheur associé, U.M.R. 5140, Archéologie des Sociétés Méditerranéennes,

Lattes-Montpellier — loic.buffat@orange.fr

Josep M. Burriel Directeur du Museu Arqueològic Municipal de Moncada, Valencia — museu@moncada.es

Francesc Busquets Profesor Asociado de Arqueología, Universitat Autònoma de Barcelona ; Arqueólogo

profesional ATICS SL, Mataró — cesc@atics.org

Pere Castanyer Conservador del Museu d’Arqueologia de Catalunya, Empúries —

pcastanyer@gencat.cat

Laurent Chalumeau Post-doctorant, université de Reims, EA 3795-GEGENA

2

laurent.chalumeau@univ-reims.fr

Fabien Colleoni Maître de conférences, université de Rennes 2 ; U.M.R. 6566, CReAAH —

fabien.colleoni@univ-rennnes2.fr

(15)

14

auteurs

Wim De Clercq Professeur pour les époques historiques au département d’archéologie, université de

Gand — w.declercq@ugent.be

Rafael Dehesa Investigador del Grup de Recerca Arqueològica del Pla de l’Estany — rafde@yahoo.com

Benjamin Dufour Doctorant, université de Reims, EA 3795-GEGENA

2

— arkeb@orange.fr

Françoise Dumasy Professeure émérite, université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, U.M.R. 4071, ARSCAN,

Nanterre — francoise.dumasy@wanadoo.fr

Ana Ejarque Investigadora postdoctoral, Institut Català d’Arqueologia Clàssica (ICAC), Tarragona ;

université Blaise-Pascal, U.M.R. 6042, GEOLAB, Clermont-Ferrand — aejarque@icac.net

Itxaso Euba Investigadora postdoctoral, Institut Català d’Arqueologia Clàssica (ICAC), Tarragona —

ieuba@icac.net

Marc Feller Adjoint scientifique et technique, INRAP Grand Ouest, Bourguebus — marc.feller@inrap.fr

Jean-Luc Fiches Directeur de recherche au C.N.R.S., U.M.R. 5140, Archéologie des Sociétés

Méditerranéennes, Lattes-Montpellier — jean-luc.fiches@wanadoo.fr

Ignacio Fiz Investigador Júnior, Institut Català d’Arqueologia Clàssica (ICAC), Tarragona — ifiz@icac.net

Anne Huvig Étudiante en master 2, université de Strasbourg, U.M.R. 7044, Étude des civilisations de

l’Antiquité : de la Préhistoire à Byzance — anne.huvig@bbox.fr

Cristina Gandini Maître de conférences, université de Bretagne occidentale, Brest-Quimper, CRBC —

cristinagandini@yahoo.fr

Pierre Garmy Conservateur en chef du Patrimoine, U.M.R. 5140, Archéologie des Sociétés

Méditerranéennes, Lattes-Montpellier — pgarmy@wanadoo.fr

Murielle Georges-Leroy Conservatrice régionale de l’archéologie, direction régionale des affaires

culturelles de Lorraine, Metz ; U.M.R. 6249, Chrono-Environnement —

murielle.leroy@culture.gouv.fr

Ricardo Gonzalez-Villaescusa Professeur, université de Nice, U.M.R. 7264, CEPAM —

ricardo.gonzalez@unice.fr

Ignacio Grau Mira Profesor titular, Universidad de Alicante — ignacio.grau@ua.es

José Luis Jiménez Catedrático de Arqueología, Universitat de València — Jose.L.Jimenez@uv.es

Jean-Denis Laffite Archéologue chargé d’études et de recherches, INRAP Grand Est Nord, Metz —

jean-denis.laffite@inrap.fr

Laure Laüt

 Maître de conférences, université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, U.M.R. 8546, AOROC, Paris —

laure.laut-taccoen@univ-paris1.fr

Laurence Lautier Doctorante, U.M.R. 6130, CEPAM, Nice — laurence.lautier@cepam.cnrs.fr

Matthieu Le Bailly Maître de conférences, Chaire d’excellence C.N.R.S. — U.F.C., université de

Franche-Comté, U.M.R. 6249, Chrono-Environnement, Besançon — matthieu.lebailly@univ-fcomte.fr

Olivier Lejeune Maître de conférences, université de Reims, EA 3795-GEGENA

2

olivier.lejeune@univ-reims.fr

Philippe Leveau Professeur émérite, université de Provence ; U.M.R. 6573, Centre Camille-Jullian,

(16)

15

auteurs

Jordi López Investigador Júnior, Institut Català d’Arqueologia Clàssica — jlopez@icac.net

Leticia López Mondejar Investigadora postdoctoral, Institute of Archaeology of London ; Universidad

de Murcia — letlopez@um.es

Thierry Lorho Ingénieur d’études au service régional de l’archéologie de Bretagne, Rennes ; U.M.R. 6566,

CReAAH — thierry.lorho@culture.gouv.fr

Oumarou Mallam-Issa Maître de conférences, université de Reims, EA 3795-GEGENA

2

oumarou.malam-issa@univ-reims.fr

Fabrice Marembert Responsable d’opérations INRAP, laboratoire ITEM (EA 3002), université de Pau et

des Pays de l’Adour — Fabrice.marembert@inrap.fr

Alain Marre Professeur émérite, université de Reims, EA 3795-GEGENA

2

marre.alain51@orange.fr

Yannick Miras Ingénieur de recherche C.N.R.S., U.M.R. 6042, GEOLAB, Clermont-Ferrand —

yannick.miras@univ-bpclermont.fr

Jaime Molina Vidal Profesor Titular de Historia Antigua, Universidad de Alicante —

jaime.molina@ua.es

Martial Monteil Maître de conférences, université de Nantes ; Laboratoire LARA, U.M.R. 6566, CReAAH

— martial.monteil@univ-nantes.fr

Alex Moreno Geógrafo, técnico de ATICS SL, Mataró — alexiluro@gmail.com

Antonio Javier Murcia Muñoz Conservador de la Fundación Teatro Romano de Cartagena ; Universidad

de Murcia — ajmurciam@hotmail.com

José Miguel Noguera Celdrán Catedrático de Arqueología, Universidad de Murcia —

noguera@um.es

Josep Maria Nolla Catedrático de Arqueología, Universitat de Girona — josep.nolla@udg.edu

Hèctor A. Orengo Investigador postdoctoral, Institut Català d’Arqueologia Clàssica (ICAC), Tarragona ;

université de Limoges, U.M.R. 6042, GEOLAB — horengo@icac.net

Pierre Ouzoulias Chargé de recherche au C.N.R.S., U.M.R. 7041, ArScAn-Archéologies environnementales,

Nanterre ; Chargé de conférences à l’EPHE — Pierre.Ouzoulias@orange.fr

Lluís Palahí Investigador del Laboratori d’Arqueologia i Prehistòria, Institut de Recerca Històrica,

Universitat de Girona —

lluis.palahi@udg.edu

Josep M. Palet Investigador Sènior, Institut Català d’Arqueologia Clàssica (ICAC), Tarragona —

jpalet@icac.net

Christophe Pellecuer Conservateur en chef du Patrimoine, service régional de l’archéologie, direction

régionale des affaires culturelles du Languedoc-Roussillon  ; U.M.R. 5140, Archéologie des Sociétés

Méditerranéennes, Lattes-Montpellier — christophe.pellecuer@culture.gouv.fr

Catherine Petit-Aupert Maître de conférences, université Michel-de-Montaigne Bordeaux 3  ; U.M.R.

5607, AUSONIUS, Bordeaux — catherine.petit-aupert@u-bordeaux3.fr

Rosa Plana-Mallart Professeure, université Paul-Valéry Montpellier 3 ; U.M.R. 5140, Archéologie des

Sociétés Méditerranéennes, Lattes-Montpellier — rosa.plana@univ-montp3.fr

Hervé Pomarèdes Ingénieur chargé de recherche, INRAP Méditerranée ; U.M.R. 5140, Archéologie des

(17)

16

auteurs

Gabriel de Prado Cordero Investigador del Museu d’Arqueologia de Catalunya, Ullastret —

gdeprado@gencat.cat

Marta Prevosti Investigadora Sènior, Institut Català d’Arqueologia Clàssica (ICAC), Tarragona —

mprevosti@icac.net

Sophie Quevillon Ingénieure d’études, service régional de l’archéologie de Basse-Normandie ; U.M.R.

6566, CReAAH — sophie.quevillon@culture.gouv.fr

Sebastián Federico Ramallo Asensio Catedrático de Arqueología, Universidad de Murcia —

sfra@um.es

Claude Raynaud Directeur de recherche au C.N.R.S., U.M.R. 5140, Archéologie des Sociétés

Méditerranéennes, Lattes-Montpellier — claude.raynaud@montp.cnrs.fr

François Réchin Maître de conférences, université de Pau et des Pays de l’Adour, Laboratoire ITEM (EA

3002) — francois.rechin@univ-pau.fr

Víctor Revilla Profesor Titular de Historia Antigua, Universitat de Barcelona — vrevillac@.ub.edu

Santiago Riera Profesor Agregado de la Universitat de Barcelona — rieram@ub.edu

Laurent Rigou Directeur du laboratoire d’analyse des sols de la Compagnie d’Aménagement des Coteaux

de Gascogne, Tarbes — l.rigou@cacg.fr

Fanny Sanchez Étudiante en master 2, université d’Evry-Val-d’Essone, Histoire Économique Sociale et

des Techniques — tite-fenai@hotmail.fr

Pedro Dámaso Sánchez Barrero Investigador del Consorcio Ciudad Monumental de Mérida —

damaso@consorciomerida.org

Florian Sarreste

 Archéologue, Centre Allonnais de Prospection et de Recherches Archéologiques

(CAPRA), Allonnes (Sarthe), EA 3811 HeRMA, université de Poitiers — f.sarreste@gmail.com

Laurent Sévègnes Ingénieur d’étude au service régional de l’archéologie, direction régionale des affaires

culturelles de Midi-Pyrénées ; u.m.r. 5608, TRACES, Toulouse — laurent.sevegnes@culture.gouv.fr

Pierre Sillières Professeur émérite d’Histoire et archéologie, université Michel-de-Montaigne

Bordeaux 3 ; U.M.R. 5607, AUSONIUS, Bordeaux — p.sillieres@wanadoo.fr

Felix Teichner Privatdozent del Zentrum für Altertumswissenschaften. Institut für Ur- und

Frühgeschichte und Vorderasiatische Archäologie, Ruprecht-Karls-Universität Heidelberg —

felix.teichner@zaw.uni-heidelberg.de

Frédéric Trément

 Professeur d’Antiquités Nationales, université Blaise-Pascal — Clermont-Ferrand 2 ;

Centre d’Histoire « Espaces et Cultures » (CHEC-EA 1001) — frederic.trement@wanadoo.fr

Joaquim Tremoleda Conservador del Museu d’Arqueologia de Catalunya, Empúries —

(18)

27

1 Position du problème et cadre conceptuel

Pour rendre compte des processus complexes liés à ce qu’il est convenu d’appeler la « romanisation », l’usage du concept de développement apparaît particulièrement opé-ratoire. Celui-ci est susceptible en effet de permettre une lecture systémique des données issues de l’interdiscipli-narité dans le but d’éclairer les mécanismes (socio-éco-nomiques, politiques, culturels, institutionnels mais aussi environnementaux) qui participent à la construction des espaces et des territoires (Trément 2010 a ; 2010 b). À condi-tion, bien sûr, de s’entendre sur la définition du mot, et de lui donner un contenus précis.

1.1 Le concept de développement : définitions et

évolution

Les définitions du terme développement mettent l’ac-cent sur sa dimension économique, qualitative et structu-relle. Elles sont fortement conditionnées par l’évolution du monde contemporain qui, à la suite de la révolution industrielle et de la colonisation, a conduit à l’antagonisme Nord-Sud et à la suprématie du modèle occidental de déve-loppement. Même si l’idée est plus ancienne1, le terme

déve-loppement n’est utilisé dans cette acception économique que depuis les années 1950. Son contenu a été progressive-ment distingué de notions voisines telles que l’expansion ou la croissance économique, notions purement quantita-tives qui renvoient aux revenus et non aux conditions de leur production2. On considère aujourd’hui que le

dévelop-1.   La notion de développement constitue le thème central de l’ouvrage d’Adam Smith (1776) : Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations. Elle a été étudiée par les auteurs anglais (David Ricardo, Robert Malthus), puis par Karl Marx et Joseph Schumpeter.

2.   Les auteurs de la cambridge economic history of the Greco-roman World insistent sur cette distinction : « Development economists remind us of the

dis-tinction between growth and development. Whereas growth stands for the quanti-tative expansion of economic variables, development is a multi-faceted process not only involving quantitative expansions but also changes in non-quantitative factors such as the institutions, organizations, and general culture under which the economy operates ; growth is merely a quantitative aspect of development. For this reason, we must also pay attention to the influences of institutional and cultural factors

pement est le processus par lequel un pays devient capable d’accroître sa richesse de façon durable et autonome, et de la répartir équitablement entre les individus (Friboulet 2004 ; 2006). Le développement s’accompagne nécessairement d’un changement des techniques de production, d’une transfor-mation des structures politiques, sociales, institutionnelles, et d’une plus grande interdépendance entre les secteurs économiques et les catégories sociales.

Le développement s’oppose bien sûr au sous-dévelop-pement, qui caractérise une situation où les besoins fon-damentaux de l’homme (alimentation, santé, éducation) ne sont pas satisfaits. Les recherches récentes ont montré toutefois que le sous-développement recouvre des situa-tions très contrastées, dont l’analyse ne peut plus se satis-faire de modèles généraux fondés sur un évolutionnisme unilinéaire (par exemple Rostow 1963), mais nécessite une prise en compte de la spécificité des problèmes de dévelop-pement qui se posent dans les régions du Sud. Aux théories fondées sur la domination et la dépendance ont succédé celles qui considèrent que le sous-développement a surtout des causes internes (Balassa 1982), d’ordre non seulement économique mais aussi socio-culturel (héritages, compor-tement des élites, traditionalisme, complexité du rapport à la terre, corruption, gaspillage, effets de démonstration) (Perroux 1961). Une des voies de recherche initiée dans les années 1960, la sociologie du développement, visait déjà à prendre en compte les caractéristiques structurelles et les processus de transformation des sociétés dites « sous-déve-loppées » (Balandier 1967). Il fallait pour cela renoncer au concept de société traditionnelle défini par les anthropo-logues et les socioanthropo-logues soumis à l’influence théorique de Max Weber, qui s’opposerait à celui, tout aussi schématique, de société moderne. Ce type d’approche implique un chan-gement radical de l’échelle d’observation et le recours à la transdisciplinarité (histoire, géographie, droit, sociologie, ethnologie).

on growth and to the impact of growth on these factors. the focus on human deve-lopment or “wellbeing” in recent research on the Third World (e.g., Sen 1999) seems equally appropriate for the study of the comparatively underdeveloped societies of the ancient Mediterranean » (Morris et al. 2007).

Romanisation et développement : le cas de la cité des Arvernes

(ii

e

s. av. J.-C.–ii

e

s. apr. J.-C.)

(19)

28

Frédéric Trément

Plus récemment, l’humanité a pris conscience des limites imposées au développement par la biosphère. L’équilibre entre les individus et leur environnement est devenu la condition de ce qu’il est convenu d’appeler le « développe-ment durable » (sustainable develop« développe-ment), qui vise à assurer aux générations futures des potentialités de vie au moins égales à celles qui existent aujourd’hui.

1.2 Romanisation et développement

Les concepts de développement et de sous-développe-ment ont été appliqués par les historiens aux sociétés anti-ques, en particulier dans le cadre du débat opposant moder-nistes et primitivistes. En réaction contre un discours qui exaltait la réussite de Rome et la modernité de son écono-mie, d’autres historiens en ont souligné les limites. Le nom-bre des villes, le luxe de l’aristocratie, la somptuosité des réalisations architecturales ont été invoqués tantôt comme preuve indiscutable du niveau de développement atteint par Rome, tantôt comme facteurs de sous-développement.

Si le caractère excessif des positions attribuées à Rostovt-zeff (1926) et Finley (1973) est aujourd’hui largement admis (Morris et al. 2007), l’usage courant qui associe romanisation et développement continue de poser problème. La remise en question récente du premier terme (romanisation) n’a pas conduit à une réflexion de fond sur ce que l’on entend par le second (développement). Le problème tient au fait que les mécanismes de l’économie antique, en particulier les rela-tions économiques entre Rome et les provinces, sont appré-hendés d’une manière globale, à très petite échelle, privi-légiant de ce fait un point de vue romanocentriste. Cette situation s’explique par une tradition historiographique qui survalorise les sources écrites, et par le déséquilibre des sources historiques (qui surdocumente Rome et l’Italie, ou plutôt sous-documente les provinces).

Ainsi, dans la lignée de M. I. Finley (1973), P. Garnsey et R. Saller (1987) considèrent que l’empire romain est carac-térisé par « une économie sous-développée » (titre du cha-pitre  IV de l’empire romain). Ils réagissaient là aux thèses développées par K. Hopkins (1980), qui cherchait à démon-trer une expansion du commerce sous l’Empire. Le recours aux données archéologiques invitait pourtant P. Garnsey et R. Saller (1987) à reconnaître que l’économie était capable d’une certaine expansion sous le Principat. Ceux-ci admet-taient des évolutions dans deux domaines : – les aménage-ments apportés au droit des sociétés et des intermédiaires ; –  les développements de l’agriculture dans les provinces occidentales, en particulier en Gaule. Parmi les facteurs de croissance envisagés pour la Gaule, ils soulignaient le rôle stimulateur des investissements étrangers et surtout l’ap-parition de nouveaux débouchés (pour la production agri-cole et artisanale) liés à l’expansion urbaine, à la concentra-tion des garnisons dans le Nord et aux énormes besoins de la population de Rome. Ils concluaient cependant que « d’un point de vue comparatiste, c’est-à-dire en comparant avec des périodes de l’histoire où l’on assista à des progrès tech-niques majeurs, le Principat mérite d’être défini comme une période de relative stagnation » (Garnsey, Saller 1987 : 119). On ne peut donc pas parler selon eux de développement, car

une croissance de ce genre ne pouvait se maintenir d’elle-même et aboutir à des changements structuraux, et parce que l’immense majorité de la population restait exclue des profits de cette croissance.

Les limites d’un tel raisonnement sont à mon sens de deux ordres. Le premier relève de la documentation dispo-nible et utilisée par les auteurs. D’une manière symptoma-tique, P. Garnsey et R. Saller (1987 : 118-119) remarquent en concluant le chapitre en question : « Nos sources sur l’agri-culture des provinces sont évidemment très limitées et l’ar-chéologie ne peut pas combler les lacunes de la littérature. » Une telle assertion n’est plus aujourd’hui recevable, la docu-mentation disponible pour la Gaule ayant été profondément renouvelée par l’apport conjoint de l’archéologie préventive, de l’archéologie spatiale (prospections pédestres et aérien-nes) et des études paléoenvironnementales, dont l’essor est allé croissant depuis les années 1990. La seconde limite tient à la faiblesse du modèle utilisé. Fondé sur la théorie de la domination et de la dépendance inspirée du schéma colonial, il est fondamentalement romanocentriste, et donc trop globalisant et généralisateur. Les conditions jugées favorables pour la croissance sous le Principat sont la sta-bilité politique (la pax romana), l’extension des territoires sous contrôle romain et l’installation de soldats italiens dans les colonies. Les auteurs admettent leur ignorance de la nature de la vie économique des cités, et n’envisagent jamais la dynamique économique (et plus largement socio-culturelle) des provinces.

1.3 Pour une approche régionale du développement

Dans deux articles parus en  2003 et  2007, P.  Leveau dresse un bilan du développement économique des provin-ces de l’Occident romain (fig. 1). Il s’agit-là d’une avancée méthodologique et conceptuelle majeure. Méthodologique, parce qu’elle fait appel à l’ensemble de la documentation disponible, en particulier archéologique et paléoenviron-nementale. Conceptuelle, parce qu’elle propose de changer d’échelle dans la caractérisation des dynamiques et des processus de développement, que P.  Leveau entreprend d’observer à l’échelle régionale et dans la longue durée. Il utilise pour cela les concepts de « centre et périphérie » et de « seuil de spatialisation », susceptibles de rendre compte des inégalités spatiales et temporelles du développement, et est amené à critiquer le concept de « romanisation » pour l’ambiguïté qu’il introduit dans la perception des processus en question.

P. Leveau relativise l’impact de l’exploitation des provin-ces par Rome sur le développement régional. Il est néprovin-ces- néces-saire tout d’abord de prendre en compte l’hétérogénéité de l’espace considéré et la diversité des situations régionales : – diversité des situations héritées (le « substrat »), qui ren-voie à des niveaux et des modalités de développement pré-romain très variables suivant les régions ; – hétérochronie de la conquête romaine, qui s’étale sur deux siècles. Il est nécessaire ensuite de ne pas surestimer la capacité d’action du pouvoir romain1. Enfin, il ne faut pas exagérer le poids

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Fig. 1. — Carte du développement économique des provinces romaines d’Occident au Haut-Empire (d’après leveau 2007). Cette carte met en évidence un mode de développement

lié au grand commerce « international », et notamment au ravitaillement de Rome. De nombreuses régions restent à l’écart de ce mode de développement, qui concerne presque exclusivement des zones littorales et de grands axes fluviaux. C’est le cas de la cité des Arvernes et, plus largement, des cités du Massif Central, où d’autres modes de développement économique sont à envisager. D.A.O. : P. Leveau, adapté par F. Trément.

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Frédéric Trément

de l’exploitation des provinces par Rome. P. Leveau montre que l’organisation d’aires de collecte au profit du Centre, si elle a pu conduire à des spécialisations agricoles, n’a jamais abouti à des formes de monocultures comparables à celles qui furent imposées aux colonies européennes au xixe siècle.

L’économie agricole de l’Afrique, comme celle de la Gaule ou de l’Espagne, ne doit pas être envisagée exclusivement en fonction du marché romain mais surtout en relation avec le marché local et régional (Leveau 20051).

P.  Leveau propose ensuite de réévaluer la capacité de développement des régions de l’Occident romain. L’exten-sion de l’ager par rapport au saltus à l’époque romaine est lar-gement démontrée par l’archéologie et les études paléoen-vironnementales. Elle s’opère à travers la mise en valeur de milieux à contrainte écologique forte (zones désertiques et montagne) et la conquête de nouvelles terres (drainage des marais, centuriations), grâce à de réels progrès techniques (attelage, outillage agricole, moulin hydraulique) et agrono-miques (sélection, adaptation de nouvelles plantes), et sur-tout grâce à un changement d’échelle dans leur application (grande hydraulique, réseaux de drainage).

Le développement économique des provinces romaines n’est pas seulement agricole. Il est aussi artisanal et indus-triel. Le dynamisme de la production artisanale en Gaule a été mis en relation avec le nombre remarquable des vici reconnus, surtout en Lyonnaise et en Belgique, pour asseoir l’hypothèse de l’émergence d’une classe nouvelle d’aristo-crates ouverts à l’innovation et tirant leur richesse du déve-loppement industriel et artisanal, ainsi que d’une classe moyenne d’artisans et de paysans habitant ces bourgades. Les recherches en cours obligent à nuancer fortement l’idée d’un modèle socio-économique gaulois original. P. Leveau a montré le poids d’une historiographie finaliste visant à trouver les racines du développement industriel moderne dans l’Antiquité. En réalité, l’ubiquité est l’une des carac-téristiques majeures des installations artisanales, que l’on retrouve aussi bien dans les suburbia des grandes villes que dans les vici, les établissements ruraux ou bien isolés. Le dynamisme du vicus en Gaule septentrionale serait lié en réalité non pas tant à l’organisation de la production arti-sanale et à un type de structure sociale qu’à un processus spécifique d’urbanisation qui s’expliquerait par l’absence d’une tradition ancienne d’urbanitas, comparable à celle des régions méditerranéennes. Son développement résulterait par conséquent non pas d’un transfert du modèle urbain romain (modèle diffusionniste) mais d’une évolution interne au monde gaulois (modèle évolutionniste).

P. Leveau aboutit à la conclusion que l’intégration dans le monde romain est en réalité plus un facteur de diversi-fication régionale que d’homogénéisation des espaces, et que les dynamiques du développement régional ne sont pas incompatibles avec la domination durable exercée par Rome sur ses provinces. Le renouvellement en cours des

d’infrastructure routière s’est limité à la construction des viae militares indis-pensables au fonctionnement du cursus publicus.

1. Il est probable, par exemple, que la consommation des élites gallo-ro-maines a joué un rôle important dans le développement de la viticulture en Gaule, où celle-ci est l’une des principales sources de richesse.

connaissances, dû en grande partie à l’apport de l’archéolo-gie, montre que le développement économique est un phé-nomène hétérogène, dans le temps et dans l’espace, dont il convient d’écrire l’histoire à l’échelle régionale et dans la longue durée si l’on veut en comprendre les mécanismes complexes.

2 Dynamiques spatiales du développement des

territoires dans le Massif Central : le cas de

la cité des Arvernes

C’est précisément l’objectif du programme DYSPATER, qui vise, sur la base d’enquêtes microrégionales interdis-ciplinaires et diachroniques, à modéliser les dynamiques de développement des territoires dans le Massif Central de l’âge du fer au Moyen Âge (fig. 2). L’accent est porté sur la dimension spatiale du développement : il s’agit, à travers l’identification, la cartographie et la combinaison sous SIG de marqueurs spécifiques, de mettre en évidence les pôles de développement et leur capacité à structurer l’espace dans le temps, de manière à évaluer les échelles et les degrés d’intégration et d’interdépendance des espaces concernés. Pour les différentes périodes considérées existent des mar-queurs fiables de développement économique et social2. Ces

marqueurs font l’objet de recherches spécifiques, notam-ment dans le cadre de thèses de doctorat. Le cas du terri-toire des Arvernes, le mieux documenté par ces travaux, sera présenté ici (fig. 3).

2.1

Le territoire des Arvernes

Les Arvernes sont, durant le second âge du fer, l’un des peuples les plus puissants de la Gaule. Cette puissance, ils la doivent notamment à leur richesse, tirée notamment d’une agriculture florissante et de l’exploitation minière. On sait par les textes que cette puissance se traduit par une diplomatie très active en Gaule centrale et méditerra-néenne, et par l’influence exercée sur les peuples du sud du Massif Central (Trément dir. 2002 ; Trément et al. 2007). Cette « mainmise » sur les Vellaves, les Gabales, les Rutènes et les Cadurques permet aux Arvernes de contrôler d’im-portantes ressources minières, en particulier des mines d’argent (Strabon, Géographie, IV, 2, 2-3). Elle les met égale-ment en contact direct avec la Gaule Transalpine, qui passe dans l’orbite romaine au iie s. av. J.-C. (fig. 4).

Après la conquête romaine, la cité arverne connaît une prospérité incontestable (Trément 2002 a ; 2002 b ; 2005 ; 2010 a), dont témoignent pêle-mêle les dimensions importantes de son chef-lieu de cité augustonemetum (Clermont-Ferrand), le dynamisme de ses ateliers de fabrication de sigillée (dont Lezoux est le plus célèbre), son fameux temple de Mercure

2. Par exemple : agglomérations protohistoriques et antiques, villae et sanc-tuaires gallo-romains, villes, bourgs, châteaux, églises et paroisses médié-vaux, axes et équipements routiers et fluviaux, indices épigraphiques, icono-graphiques et littéraires de la présence aristocratique en milieu rural, indices de défrichements et de mise en valeur agropastorale, artisanat et industrie…

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Fig. 2. — Espace géographique pris en compte dans le programme DYSPATER. Cartographie d’après Baret en cours,

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Frédéric Trément

Fig. 3. — Synthèse des recherches en cours pour la région Auvergne dans le cadre du programme DYSPATER. Cartographie d’après Baret en cours, BessoN en cours, Dacko en cours, DousteyssIer en cours, MIttoN 2008, MIttoN en cours, tréMeNt 2002 a.

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construit au sommet du puy de Dôme, ou encore le pas-sage de Pline l’Ancien (Histoire naturelle, XXXIV, 18, 45-47) mentionnant le séjour du célèbre sculpteur grec Zénodore chargé par les Arvernes d’ériger à prix d’or une statue colossale de bronze à l’effigie de ce même dieu.

Depuis 1996, les recherches du laboratoire d’archéologie du Centre d’Histoire « Espaces et Cultures » ont porté prin-cipalement sur la plaine de la Grande Limagne, qui se trouve au cœur du territoire arverne (Trément dir. 2000 ; Trément et Dousteyssier 2003 ; Dousteyssier et al. 2004). Cette plaine de plus de 60 km de long et 40 de large est l’une des plus vastes du Massif Central. Elle est connue pour ses fameuses « terres noires », dont la fertilité était déjà légendaire dans l’Antiquité, et dont le rendement agricole est effectivement très élevé à condition qu’elles soient drainées (Trément 2004 ; Trément et al. 2004 ; Trément dir. 2007). En effet, ces terres sont sujettes à un excès d’eau permanent, causé par les difficultés d’écoulement des nombreux cours d’eau issus du plateau des Dômes, qui, dans ce bassin d’effondrement tertiaire, peinent à rejoindre la rivière Allier du fait d’une très faible pente (Ballut 2000).

Cet espace constitue le poumon économique mais aussi le centre politique de la cité des Arvernes. C’est pourquoi il a fait l’objet de toute notre attention au cours des quinze dernières années. L’objectif de ces recherches est double :

– il s’agit tout d’abord de reconstituer le plus finement possible les dynamiques de l’occupation du sol à travers un vaste programme de prospections systématiques, à la fois pédestres et aériennes ; ces prospections sont complétées par l’apport de l’archéologie préventive, très active ces der-nières années dans l’agglomération de Clermont-Ferrand et sa périphérie ; au total, un espace de 750 km2 est en cours de

prospection, dont près du tiers a déjà été couvert avec une maille de 10 m ; les conditions de repérage des sites, excep-tionnellement favorables, permettent d’obtenir des cartes archéologiques fiables et précises ;

– parallèlement a été lancé un programme de recherche paléoenvironnemental visant à caractériser l’évolution du couvert végétal, les dynamiques érosives et les fluctuations des milieux humides dans le bassin de Sarliève, au pied de l’oppidum de Gergovie, aux portes du chef-lieu de cité gal-lo-romain augustonemetum (Trément dir. 2007) ; ces travaux ont été complétés par l’étude géoarchéologique préalable à l’aménagement de l’autoroute A 710, qui traverse le Grand Marais de part en part (Ballut 2000 ; Trément et al. 2002 ; 2004) ; les résultats obtenus à l’issue de ces travaux autori-sent une reconstitution à haute résolution des interactions sociétés/milieux dans la longue durée.

Il est donc possible aujourd’hui de brosser un tableau précis de l’organisation du centre du territoire arverne à la fin de l’âge du fer et à l’époque romaine. L’ouverture, plus récente, de nouvelles fenêtres d’investigation dans les zones de moyenne montagne périphériques, permettra à terme d’élargir notre vision à l’ensemble du territoire de la cité.

2.2 Un territoire fortement centralisé

La première caractéristique du territoire des Arvernes réside dans le fait qu’il est fortement centralisé depuis au moins le iiie s. av. J.-C. (Trément 2009). En effet, pas moins de

cinq agglomérations de très vaste superficie se concentrent dans le bassin de Clermont-Ferrand, dans un espace res-treint, pour la période qui couvre les trois derniers siècles

Fig. 4. — Les Arvernes et leurs clients à la veille de la guerre des Gaules. DAO : F. Trément.

Fig. 5. — Les « capitales » arvernes de la fin de l’âge du fer à la conquête romaine (IIIe-Ier s. av. J.-C.). DAO : F. Trément.

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Frédéric Trément

av. J.-C. (fig. 5). On peut qualifier ces sites de « places centra-les », dans la mesure où ils se caractérisent par des dimen-sions exceptionnelles, et par la concentration d’un certain nombre d’activités, en particulier politiques, religieuses et économiques. Aucune autre agglomération d’une telle superficie n’est connue ailleurs sur le territoire arverne à cette époque.

Le complexe de Gandaillat/La Grande Borne, localisé au cœur du Grand Marais, à moins de 5 km à l’est de Clermont-Ferrand, est occupé aux iiie et iie s. av. J.-C. (Deberge et al.

2007 b ; 2008 b). Il se distingue par une superficie considéra-ble (peut-être 200 hectares), par l’absence de fortification et par son dynamisme économique, dont témoignent un arti-sanat très diversifié et des échanges à longue distance avec le reste du monde celtique et la Méditerranée.

Après l’abandon de ce site à la fin du iie s. av. J.-C., trois

oppida peuvent prétendre au rôle de «  place centrale  »

dans le courant du ier s. av. J.-C. Distants l’un de l’autre de

7 à 8 kilomètres, ils se développent à l’endroit précis où la vallée de l’Allier, assez étranglée en amont, s’ouvre brus-quement sur la vaste plaine de la Limagne. Fortifiées ou non, ces agglomérations présentent un caractère défensif et contrôlent une voie de communication majeure, qui tra-verse le territoire arverne du sud au nord. Les fouilles repri-ses récemment sur ces trois sites semblent confirmer qu’ils se succèdent globalement dans le temps.

Le plateau basaltique de Corent, d’une superficie de 70 hectares, est occupé à partir de la charnière des iie et

ier  s. av.  J.-C. et pendant toute la première moitié du ier  s.

av. J.-C. par un habitat en matériaux périssables dont les fouilles récentes ont montré l’organisation spatiale com-plexe (sanctuaire, demeures aristocratiques, rues et espa-ces publics) (Poux et al. 2008). La présence d’un atelier moné-taire confirme que ce site est le siège d’un pouvoir politique. Il s’agit vraisemblablement de la ville de nemossos mention-née par Strabon (Géographie, IV, 2, 3) (Trément 2009).

À 6,5 km au nord, un second oppidum se développe, à Gon-dole, à la confluence de l’Auzon et de l’Allier, au cours du deuxième et du troisième quarts du ier s. av. J.-C. Une

impo-sante fortification constituée d’un énorme talus de 600 m de long, encore haut de 6 à 8 m, large de 50 m, et d’un fossé de même ampleur, délimite un espace d’une trentaine d’hec-tares, au sein duquel les prospections aériennes suggèrent une occupation dense et ordonnée. Les fouilles récentes ont révélé, à l’extérieur de l’enceinte et sur une quaran-taine d’hectares, la présence d’un village artisanal occupé dans les décennies qui suivent la conquête, au sein duquel était produite une céramique très romanisée (Deberge et Cabezuelo 2008). L’absence de céramique sigillée laisse pen-ser que l’occupation de ce site s’interrompt dans le dernier quart du ier s. av. J.-C. À proximité ont été découvertes les

fosses contenant les fameux cavaliers et leurs chevaux. Enfin, à moins de 7 km à l’ouest, le plateau de Gergovie, dont la superficie est comparable à celle des deux autres

oppida (environ 70 hectares), est occupé dans la seconde

moi-tié du ier s. av. J.-C. (Garcia et al. 2008). Les fouilles anciennes

y ont mis en évidence une architecture romanisée, qui fait largement appel à la tuile et au mortier de chaux. Le plateau basaltique est limité, au moins au sud, par un rempart. Les

fouilles récentes ne permettent toujours pas d’affirmer que c’est bien le rempart décrit par César (Bellum Gallicum, VII, 46, 1-3) à propos de la célèbre bataille de Gergovie. L’occupa-tion du site est en tout cas majoritairement postérieure à la conquête romaine.

Comment expliquer que la « capitale » des Arvernes se soit déplacée à plusieurs reprises de quelques kilomètres au cours du ier s. av. J.-C. ? Le regroupement rapide d’une

population importante au sein d’un oppidum central, en l’espace de quelques années, suggère un contexte de crise. L’apparition des oppida est-elle liée à la crise du système monarchique attestée par les textes chez les Arvernes à la fin du iie s. av. J.-C. ? Les déplacements successifs de

l’oppi-dum central peuvent-ils s’expliquer par des crises de suc-cessions dynastiques ? Le choix de tel ou tel site résulte-t-il de la victoire d’une faction sur une autre, dans un contexte de compétition acharnée des élites aristocratiques pour le pouvoir ? Quoi qu’il en soit, l’activité économique de la Limagne n’est pas affectée. Bien au contraire, le développe-ment des oppida est concomitant d’un formidable essor de la production et des échanges, favorisé par l’augmentation massive de la circulation monétaire au début du ier s. av. J.-C.

Dans la dernière décennie du ier s. av. J.-C., la fondation

d’augustonemetum, à quelques kilomètres au nord, constitue une ultime étape dans cette migration du centre politique du territoire arverne, qui, cette fois, se fixe définitivement.

augustonemetum devient durant le Haut-Empire l’une des

plus grandes villes de la province d’Aquitaine (Dartevelle 2008). Sa superficie a pu avoisiner 150 ha. Ce nouveau chef-lieu est aussi un important carrefour de routes, qui mettent la Limagne en contact direct avec la vallée du Rhône, la Méditerranée et l’Atlantique.

2.3 Une mise en valeur précoce et intense de la

plaine de la Limagne

L’émergence de ces différentes « places centrales » est l’aboutissement d’une longue période de développement économique et démographique, qui débute au iiie s. av. J.-C.

et s’amplifie au iie (Trément dir. 2002). Des réseaux

d’échan-ges à longue distance se tissent progressivement. Dans la seconde moitié du iie s. av. J.-C., la monnaie est couramment

utilisée pour les échanges quotidiens. Les quantités ahuris-santes d’amphores italiques trouvées à Corent témoignent d’importations massives de vin italien au début du siècle suivant. On ignore quelles étaient les contreparties de ces importations. Bien que, sur ce point, ils ne concernent pas directement les Arvernes, les textes nous invitent à penser aux produits de l’agriculture et de l’élevage, aux métaux, au sel et aux esclaves (Tchernia 1986).

Les données archéologiques et paléoenvironnementales suggèrent que l’agriculture arverne était à même de dégager d’importants surplus, susceptibles de faire l’objet d’un com-merce à plus ou moins longue distance. L’occupation de la plaine de la Limagne (fig. 6) franchit, de fait, un seuil quanti-tatif très net dans la première moitié du iie s. av. J.-C. (La Tène

C2), avec la mise en place d’un réseau dense d’établissements qui colonisent les différents types de milieux (plateaux, ver-sants, piémonts, vallons) et tout particulièrement les zones

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basses (Trément 2004). Ces établissements se distinguent de ceux des périodes antérieures par leur superficie plus importante (un à deux hectares), ainsi que par la juxta-position d’activités agricoles et artisanales, qui attestent une occupation permanente (Deberge 2007 ; Deberge et al. 2008 a). Quelques uns s’apparentent à ce qu’il est convenu d’appeler des «  fermes indigènes  » (Deberge et al. 2007 a  ; Deberge & Collis 2008). Ces unités de production agricole dispersées dans les campagnes peuvent être mises en rap-port avec l’émergence d’une classe de propriétaires solide-ment assis sur leurs domaines.

La colonisation des marais a été rendue possible par leur assèchement progressif. Dans le Grand Marais, les fouilles de l’autoroute A 710 ont révélé que le drainage artificiel de la plaine débute dès la seconde moitié du iiie s. av. J.-C.

(Gui-chard 2000). Ces travaux contribuent largement à atténuer les variations du niveau de la nappe phréatique. Sur plus de 90 % de l’espace considéré, celle-ci n’affleure plus (Tré-ment  et al. 2004). Seules subsistent quelques cuvettes où l’écoulement des eaux demeure particulièrement difficile. Le drainage des marais est à l’origine d’un profond remo-delage du paysage agraire de la plaine. Il contribue à former une sorte d’espace bocager intensivement jardiné, où les limites, le plus souvent géométriques, sont constituées par des fossés et des palissades (Guichard et al. 2007 ; Trément à paraître a, b, c).

Les données paléoenvironnementales confirment la recherche d’une intensification agricole (Prat 2006  ; Bal-lut  & Cabanis 2008). La palynologie et la carpologie mon-trent que ce paysage très ouvert est dominé par les cultures et les prairies. Les bois et les fourrés y sont rares. La céréa-liculture prédomine largement (orge vêtue, amidonnier), mais, dans le bassin de Sarliève, la carpologie révèle aussi l’existence de cultures sarclées de légumineuses (lentilles) enrichies en nitrate par rejet de substances riches en azote ou ajout d’engrais organiques (Trément dir. 2007). La carto-graphie des épandages agraires confirme l’étroite associa-tion entre habitat et zones amendées (fig. 7). Les analyses archéozoologiques réalisées sur les sites de Limagne, quant à elles, indiquent le développement d’un élevage mixte de bovidés, suidés et capridés (Marinval et al. 2007). La gestion simultanée des cultures et de troupeaux utilisant des lieux de parcours et de stabulation bien distincts suppose un degré poussé de spécialisation des activités et de l’espace. Il est certain que la pression des sociétés sur le milieu n’avait jamais été aussi forte auparavant. De fait, l’intensification de la mise en valeur a pour conséquence une accélération de l’érosion sur les versants et dans la plaine (Ballut 2000 ; 2007 ; Trément et al. 2002).

2.4 La « romanisation » du territoire

Dans ce contexte, quelles sont les transformations qui s’opèrent dans les campagnes de la Grande Limagne après l’intégration du territoire arverne dans le système romain et la fondation d’augustonemetum ? Il faut insister ici sur l’apport capital des prospections archéologiques. Dès la première moitié du ier s. apr. J.-C., les cartes archéologiques

montrent le franchissement d’un nouveau seuil, qui se

tra-duit à la fois par une très nette densification de l’habitat rural, sa diffusion dans toutes les unités de paysage et la complexification de ses formes (fig.  8). Cette évolution reflète une systématisation de la mise en valeur de la plaine, dans le cadre de l’économie domaniale (Dousteyssier et al. 2004 ; Trément dir. 2007).

La densité de l’habitat révélée par les prospections est, au cours des trois premiers siècles de notre ère, nettement supérieure à celle de l’âge du fer. Dans le Grand Marais, elle atteint 6 à 7  établissements au km2. Les établissements

gallo-romains sont régulièrement espacés de 2 à 300 m ; les

villae de 800 m (Trément et al. 2004).

Les prospections conduites dans le bassin de Sarliève montrent aussi une généralisation de la mise en valeur à l’ensemble du paysage, quels que soient les types de milieux : sommets, versants, piémonts, vallons et zones basses (fig. 9). Les établissements gallo-romains sont présents partout dans l’espace. Les recherches archéo-environnementales révèlent que le marais de Sarliève est l’un des derniers de la plaine à être asséché et mis en valeur, ce qu’a confirmé la découverte d’un parcellaire borné daté de la fin du ier s.

av. J.-C. au milieu de l’ancien lac (Trément dir. 2007). Les prospections pédestres et aériennes, corroborées par les données de fouilles, indiquent enfin une très nette complexification de l’habitat rural (fig. 10). Pas moins de huit catégories d’établissements ruraux ont été mises en évidence en Limagne (Dousteyssier et al. 2004 ; Dousteys-sier & Trément 2007). Ces différentes classes apparaissent

Fig. 7. — L’occupation du bassin de Sarliève à La Tène finale. DAO : F. Trément.

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Frédéric Trément

fortement hiérarchisées. La campagne est de toute évi-dence structurée par un semi régulier de villae espacées les unes des autres de moins d’un kilomètre. Or la géogra-phie, la chronologie et la typologie de ces villae mettent en lumière des stratégies complexes d’appropriation et de mise en valeur des terres. On constate, en particulier, un

lien entre typologie, durabilité et répartition spatiale des différentes classes de villae.

Les plus importants de ces établissements (classe A1) se caractérisent par leur vaste superficie (2 ha en moyenne), un niveau élevé de «  standing  » (thermes, marbre abon-dant, souvent d’importation méditerranéenne, mosaïque, enduits peints) et une durée d’occupation longue (plus de cinq siècles) (tabl. I). Ces grandes villae, espacées de 2 à 3 km, se localisent préférentiellement au sud d’augustonemetum et au sud de Lezoux. Dans le premier cas, on pense à des villae suburbaines. Dans le second cas, on peut émettre l’hypo-thèse que certains grands propriétaires fonciers ont investi dans la production «  industrielle  » de céramique sigillée. Ces grandes villae sont en revanche absentes des zones les plus basses (Grand Marais). Ces établissements de rang supérieur structurent durablement la plaine. Ils présen-tent fréquemment les indices d’une occupation laténienne. Tous sont encore occupés au Bas-Empire, et plus de la moitié livrent des indices d’occupation datés du haut Moyen Âge.

À côté de ces grandes villae se juxtaposent des villae (classe A2) de dimension moyenne (1 ha en moyenne), pré-sentant un niveau de « standing » moins élevé (présence de thermes, mais marbre plus rare et mosaïque absente). Ces établissements, qui s’intercalent entre ceux de la classe A1, sont implantés dans tous les types de terroirs. Ils structu-rent fortement l’occupation de la plaine, mais moins dura-blement : plus du tiers disparaissent à la fin du iie s. ou au

début du iiie ; 40 % présentent toutefois des indices du haut

Moyen Âge.

Une troisième catégorie d’établissements (classe  B) se compose de petites villae (0,3 ha en moyenne), présentant un « standing » limité (hypocauste, enduits peints). Ces éta-blissements constituent un réseau homogène, particulière-ment dense dans les zones basses (Grand Marais). La moitié seulement de ces sites sont encore occupés au Bas-Empire.

Tous les établissements agricoles ne sont pas des

vil-lae, comme en témoignent les nombreux sites interprétés

comme des « fermes » dépourvues de tout élément de luxe ou de confort «  à la romaine  ». On ignore bien sûr quel était le statut de leurs occupants : petits propriétaires ou tenanciers exploitant une partie des grands domaines ? La majorité de ces modestes établissements disparaît dans le courant du iiie s.

De toute évidence, la typologie, la chronologie et la dis-tribution spatiale des villae tiennent compte des modes d’oc-cupation antérieurs, remontant à La Tène finale, mais aussi de la structuration nouvelle du territoire arverne, marquée par la fondation du chef-lieu de cité augustonemetum, par le développement du réseau routier et par l’émergence du complexe potier de Lezoux.

Les recherches paléoenvironnementales révèlent, pour le Haut-Empire, un paysage agricole où l’élevage paraît tenir moins de place qu’à l’âge du fer (Trément 2004 ; Prat 2006 ; Trément dir. 2007). Il semble que la plaine ait été cou-verte de champs de céréales, mais également de cultures maraîchères jardinées, de vignobles et de vergers. L’un des enjeux des recherches en cours est d’évaluer la part respec-tive de ces différentes cultures dans le paysage agraire de la Limagne au Haut-Empire.

Fig. 9. — L’occupation du bassin de Sarliève au Haut-Empire. DAO : F. Trément.

Fig. 10. — Typologie et géographie des villae de Grande Limagne au Haut-Empire (d’après DousteyssIer, segarD et

tréMeNt 2004). DAO : B. Dousteyssier, M. Segard,

(30)

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Romanisation et développement : le cas de la cité des Arvernes (ii

e

s. av. j.-c. – ii

e

s. apr. j.-c.)

2.5 La question de l’intégration de la montagne

Dans ce contexte de peuplement dense et d’intense mise en valeur agricole se pose la question de la place des mon-tagnes périphériques dans le système économique régio-nal. Cette question est fondamentale à plus d’un titre. La moyenne montagne couvre en effet la majeure partie du ter-ritoire arverne (fig. 11). Elle borde de toute part la plaine de la Limagne et est directement en contact avec elle. Les mas-sifs montagneux étaient susceptibles de fournir en quantité des ressources essentielles aux habitants de la plaine. C’est le cas tout particulièrement des matériaux de construction (pierre, bois), de l’eau nécessaire à l’irrigation, des pâtura-ges pour le bétail mais aussi des minerais (or, argent).

La rareté des arbres mise en évidence en Limagne par la palynologie (Prat 2006) pose le problème de la ressource en bois, consommé en masse par les habitants de la plaine comme matériau de construction, comme combustible pour le chauffage et l’artisanat (ateliers de sigillée notam-ment), et comme matière première pour l’artisanat (que l’on pense aux besoins de la tonnellerie, de la charronne-rie et de la construction des embarcations naviguant sur l’Allier). Sans oublier les produits dérivés de la sylviculture : charbon de bois pour la réduction du fer, poix pour le calfat, le poissage des amphores et des dolia. Enfin, l’extension des

cultures dans la plaine au Haut-Empire pose, comme on l’a vu, la question de la localisation des lieux de pâture. Or, au ve s. apr. J.-C., Sidoine Apollinaire évoque clairement, à

pro-pos de la Limagne, une complémentarité entre la plaine et la montagne (epistulae, IV, 211). Un siècle plus tard, Grégoire de

Tours affirme que les moutons des plaines de l’Allier allaient paître dans les montagnes brivadoises (liber de passione et

virtutibus sancti juliani, 17). Mais qu’en était-il au second âge

du fer et durant le Haut-Empire ?

Cette interrogation nous a poussés dans un premier temps à lancer des recherches archéologiques et paléoen-vironnementales sur le plateau des Dômes, massif monta-gneux le plus proche de la Limagne, qu’il surplombe litté-ralement à l’ouest (fig. 11). Ces travaux ont montré que, du point de vue archéologique, la partie centrale de la chaîne des Puys, dominée par les 1 464  mètres du puy de Dôme, était complètement intégrée au territoire

d’augustoneme-tum dès le début du ier s., au moins. En témoigne non

seule-ment le temple sommital, l’un des plus grands sanctuaires de l’Occident romain, mais aussi la découverte et la fouille d’une agglomération implantée à son pied, au col de Ceyssat,

1. L’évêque de Clermont décrit une plaine intensivement cultivée, qu’il compare à un « océan de blés » aux rendements record. Il mentionne des vignobles sur les coteaux et une ceinture de pâturages dans les montagnes.

Tabl. 1. — Typologie des établissements ruraux de Grande Limagne au Haut-Empire (d’après DousteyssIer, segarD & tréMeNt 2004).

Type Nombre Interprétation Surface

moyenne Matériaux Occupation (% de sites occupés)

Tène finale Haut-Empire Bas-Empire Haut Moyen Âge

a 42 Villae

A1 18 Grandes villae 18 000 Marbre (plaques, moulures, plinthes) Mosaïque Enduits peints Hypocauste

33 100 100 61

A2 22 Moyennes villae 8 000 Plaque de marbre

Hypocauste 32 100 64 40

B 92 Gros

établissements 3 150 18 100 51 20

B1 71 Petites villae Hypocauste B2 13 Petites villae Hypocauste Enduits peints B3 8 Établissements

agricoles < 3 150 Enduits peints c 156 Établissements agricoles < 10 000 tegulae d 5 Lieux de culte e 34 Sites funéraires F 108 Sites indéterminés g 18 Annexes agricoles <1 000 H 7 Aménagements agraires

Figure

Fig. 1. —  Carte du développement économique des provinces romaines d’Occident au Haut- Haut-Empire (d’après l eveau  2007)
Fig. 2. —  Espace géographique pris en compte dans le programme DYSPATER. Cartographie d’après B aret  en cours,  B essoN  en cours, D acko  en cours, P atrIarche  2009
Fig. 3. —  Synthèse des recherches en cours pour la région Auvergne dans le cadre du programme DYSPATER
Fig. 5. —  Les « capitales » arvernes de la fin de l’âge du fer à la  conquête romaine ( III e - I er   s
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