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La modélisation de la structure de communication d'un groupe de travail et l'exploration en milieu organisationnel de son comportement d'ensemble

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Academic year: 2021

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LA MODELISATION DE LA STRUCTURE DE COMMUNICATION D'UN GROUPE DE TRAVAIL ET L'EXPLORATION EN MILIEU ORGANISATIONNEL

DE SON COMPORTEMENT D'ENSEMBLE

Thèse présentée

à 1 ' Ecole des gradués de 1'Université Laval

pour l’obtention

du grade de Philosophiae Doctor (Ph.D.)

FACULTE DES SCIENCES DE L'EDUCATION UNIVERSITE LAVAL

QUEBEC

1990

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DE TRAVAIL ET L'EXPLORATION EN MILIEU ORGANISATIONNEL DE SON COMPORTEMENT D'ENSEMBLE

Par isomorphisme avec les propriétés structurelles d'un système ouvert, l'auteur recadre des modèles descriptifs de fonctionnement d'un groupe afin d'élaborer un modèle systémique de la structure du champ psychologique de communication d'un groupe de travail ; il recadre également des études sur le leadership dans un groupe et sur la stratégie de consolidation d'équipe pour dégager un comportement d'ensemble de ce modèle. Par la suite, il explore auprès de groupes de travail évoluant en milieu organisationnel ce comportement. Finalement, il présente les résultats de cette exploration qui donnent un portrait global du fonctionnement de cette structure par causalité circulaire entre des processus de communication de production et de solidarité et un processus de métacommunication.

Bruno Richard, D.Ps., directeur de recherche

Pierre Deschênes, auteur de la thèse de doctorat

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DE TRAVAIL ET L'EXPLORATION EN MILIEU ORGANISATIONNEL DE SON COMPORTEMENT D'ENSEMBLE

Au chapitre un de cette thèse de doctorat, nous précisons que le but de notre étude consiste à élaborer un modèle systémique décrivant la structure du champ psychologique de communication d'un groupe de travail et à explo­ rer en milieu organisationnel un comportement d'ensemble portant sur le fonctionnement par causalité circulaire de ce modèle ; en nous basant sur des axiomes de la communication humaine, nous ajoutons qu'une façon appro­ priée de comprendre la totalité dynamique et indivisible des interactions entre les membres d'un groupe de travail est d'utiliser le cadre de réfé­ rence d'une théorie générale des systèmes. En utilisant une grille des propriétés structurel les d'un système ouvert, nous expliquons au chapitre deux pourquoi par une analyse des études sur les réseaux de communication couramment citées dans la littérature en psychosociologie des groupes et des organisations, nous rejetons le modèle formel de la communication basée sur l'infrastructure de la transmission d'un message à quelqu'un et pour­ quoi nous optons pour un modèle relationnel de la communication de personnes les unes avec les autres. En continuant de nous référer à cette grille, nous recadrons d'abord au chapitre trois des modèles descriptifs de fonctionnement d'un groupe et des études sur les phases de l'évolution d'un groupe afin d'élaborer un modèle systémique de la structure de communica­ tion d'un groupe de travail. Puis au chapitre quatre, nous recadrons également des études sur le leadership dans un groupe et des recherches évaluatives de la stratégie de consolidation d'équipe pour cerner ce comportement d'ensemble : dans la structure du champ psychologique de communication d'un groupe de travail, un niveau déterminé de fonctionnement du processus de métacommunication, un niveau déterminé de fonctionnement des processus différenciés et intégrés de communication de production et de solidarité ainsi qu'un niveau donné de maintien du champ psychologique du groupe, évolueraient en concordance. Nous décrivons au chapitre cinq la méthodologie d'une étude exploratoire en milieu organisationnel visant à recueillir auprès de groupes de travail (N=6) des informations sur ce comportement d'ensemble. Une méthode d'observation basée sur un système

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des fonctions d'animation dans un groupe nous a permis de recueillir des informations sur le niveau d'efficacité de fonctionnement du processus de métacommunication ; des échelles de la perception des membres de l'effi­ cacité du groupe, de la confiance intragroupe et de l'évaluation générale des réunions ont servi d'instrument de cueillette d'informations sur le niveau d'efficacité de fonctionnement des processus différenciés et intégrés de communication de production et de solidarité. Les analyses descriptive et corrélative des informations recueillies donneraient un portrait global laissant entrevoir que la structure du champ psychologique de communication se comporte dans la réalité de la même manière que nous l'avions théoriquement anticipé. Etant une étude exploratoire, nous concluons que la présente recherche est avant tout préparatoire à des études plus poussées sur un modèle systémique de la structure de communi­ cation d'un groupe de travail afin de faire progresser nos connaissances très limitées sur cette structure.

Bruno Richard, D.Ps., directeur de recherche

Pierre Deschênes,

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Dans l'avant-propos à la première édition d'un ouvrage regroupant ses essais sur la communication, Wilden (1983) souligne l'impossibilité de développer de façon purement linéaire la théorie de la communication et de l'échange ; il précise qu'une étude sur la communication nécessite un retour continuel à certains thèmes fondamentaux esquissés dans un des premiers chapitres et repris dans des chapitres subséquents pour apporter une unité aux idées interreliées structurant cette étude. Lors de la rédaction du présent rapport de recherche, nous avons vécu un phénomène identique. Nous introduisons dans l'écriture un retour aux idées émises lors de la présentation du cadre de référence d'une théorie générale des systèmes qui sont reprises dans d'autres chapitres. Nous avertissons le lecteur de prendre en considération cette difficulté d'écrire selon un processus linéaire sur la structure de communication d'un groupe de travail qui par définition ne peut se décrire qu'en nous référant constamment à un principe de causalité circulaire. Nous soulignons également que les guides de rédaction d'un travail scientifique de Bernier (1979), Boissonnault et al. (1980), Goulet et Lépine (1988), Perron et al. (1986), Pinard et al. (1977) ont été consultés pour la présentation formelle de cette thèse de doctorat.

Pour mener à terme cette démarche de recherche, nous avons vécu une commu­ nication intense et assidue avec des personnes qui ont partagé nos intui­ tions, nos découvertes et nos erreurs. Nous remerçions en premier lieu les trois membres du comité de recherche avec qui nous avons, selon notre perception, réussi à établir une relation de coopération. Dans son rôle de directeur de recherche, Bruno Richard, D.Ps., a patiemment écouté nos réflexions et lu périodiquement nos nombreux écrits tout en démontrant un intérêt constant qui fut une source de motivation à continuer malgré les obstacles nombreux balisant notre étude. A différents moments et d'une

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façon très intensive dans son rôle de prélecteur, Yves Marcoux, Ph.D., a investi beaucoup de temps et d'énergie pour apporter des critiques pertinentes visant à recadrer les diverses versions de la thèse. Tout en étant présent à des périodes significatives de l'étude, Yvon Pépin, Ph.D., a surtout contribué à délimiter par la lecture de nos premiers documents les frontières de la recherche qui s'annonçait trop vastes et imprécises dans le contexte d'études doctorales. Une reconnaissance plus lointaine à Yves Saint-Arnaud, Ph.D., qui a éveillé en nous l'intérêt pour approfondir un modèle systémique de fonctionnement d'un groupe. Nous remerçions également les groupes de travail, les observateurs impliqués lors de la phase de cueillette des données et des collègues de l'Université du Québec à Chicoutimi avec qui nous avons échangé sur la compilation et sur le traitement des données recueillies en milieu organisationnel. Finalement, un remerciement spécial à Claudette Duchesne avec qui nous avons partagé lors de nos échanges quotidiens nos angoisses et nos découvertes de chercheur et qui a effectué plusieurs lectures de tous nos écrits pour améliorer leur qualité d'écriture et leur compréhension.

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AVANT PROPOS... iii

TABLE DES MATIERES... v

LISTE DES TABLEAUX... x

INTRODUCTION... 1

CHAPITRE PREMIER LE PROBLEME D'UNE ETUDE SUR LA STRUCTURE DE COMMUNICATION D'UN GROUPE DE TRAVAIL... 7

1. LE BUT ET LA POSITION DU PROBLEME DE L'ETUDE... 8

1.1 Une définition d'un groupe de travail... 8

1.1.1 La notion d'interaction face à face dans un groupe... 8

1.1.2 La notion de champ psychologique d'un groupe... 10

1.2 Le but de la recherche... 13

1.3 La position du problème de recherche : l'isomorphisme structurel entre un système ouvert et la structure de communication d'un groupe de travail... 14

1.3.1 Les axiomes sur la communication humaine... 14

1.3.2 Le cadre de référence d'une théorie générale des systèmes... 16

1.3.2.1 Les dimensions d'une théorie générale des systèmes... 18

1.3.2.2 Les propriétés structurelles d'un système ouvert... 21

CHAPITRE 2 LES CHOIX ET LES IMPLICATIONS DE L'ETUDE SUR LA STRUCTURE DE COMMUNICATION D'UN GROUPE DE TRAVAIL.... 27

2. L'ANALYSE DES CHOIX ET LES IMPLICATIONS DE L'ETUDE... 28

2.1 L'analyse du modèle formel de la communication humaine... 28

2.1.1 Les études sur les réseaux de communication dans un groupe... 30

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2.1.2 Les limites structurelles des réseaux de communication... 32

2.2 L'analyse du modèle relationnel de la communication humaine.. 38

2.3 Le choix d'un recadrage systémique de modèles de fonctionnement d'un groupe... 40

2.4 Le choix d'une approche exploratoire en milieu organisationnel... 42

2.5 Les implications de la recherche... 43

CHAPITRE 3 L'ELABORATION D'UN MODELE SYSTEMIQUE DE LA STRUCTURE DE COWIUNICATION D'UN GROUPE DE TRAVAIL... 45

3. LA MODELISATION DE LA STRUCTURE DE COMMUNICATION D'UN GROUPE DE TRAVAIL PAR LE RECADRAGE SYSTEMIQUE DE MODELES DE DEVELOPPEMENT D'UN GROUPE... 46

3.1 Les propriétés structurelles de la transaction d'un système-groupe de travail avec son environnement... 46

3.1.1 Les entrées d'énergie de groupe... 47

3.1.2 La transformation de l'énergie de groupe... 48

3.1.3 Les sorties en comportements de groupe... 50

3.1.4 La propriété de causalité circulaire dans un groupe de travail... 52

3.2 Les propriétés structurelles du fonctionnement par causalité circulaire d'un groupe de travail... 53

3.2.1 Les composantes de la phase d'autonomie d'un groupe de formation et les propriétés du fonctionnement par causalité circulaire de la structure de communication d'un groupe de travail... 53

3.2.2 L'analogie entre la propriété de néguentropie et la conscience mutuelle du champ psychologique d'un groupe de travail... 55

3.2.3 L'analogie entre la propriété de rétroaction négative d'informations et le processus de métacommunication d'un groupe de travail... 57

3.2.3.1 Le processus de métacommunication dans des modèles de fonctionnement d'un groupe... 57

(10)

3.2.3.2 Le fonctionnement du processus de métacommunication

d'un groupe de travail... 61 3.2.4 L'analogie entre la propriété d'homéostasie et le

fonctionnement autorégulé d'un groupe de travail... 65

3.3 Les propriétés structurelles observables du fonctionnaient par causalité circulaire d'un groupe de travail... 66

CHAPITRE 4 UN COMPORTEMENT D'ENSEMBLE DU MODELE SYSTEMIQUE DE LA STRUCTURE DE COMMUNICATION D'UN GROUPE DE TRAVAIL.... 68

4. L'ANALYSE D'UN COMPORTEMENT D'ENSEMBLE DU FONCTIONNEMENT PAR CAUSALITE CIRCULAIRE DE LA STRUCTURE DE COMMUNICATION D'UN

GROUPE DE TRAVAIL... 69

4.1 L'analogie entre un comportement d'ensemble de la structure d'un système ouvert et celui de la structure de communication

d'un groupe de travail... 69

4.2 Le recadrage d'études sur les effets d'interventions auprès

d'un groupe... 71 4.2.1 Des études sur les effets de styles de leadership dans

un groupe... 71 4.2.2 Des recherches évaluatives sur l'impact de la stratégie

de consolidation d'équipe... 74 4.2.2.1 L'étude de Woodman et Sherwood... 76 4.2.2.2 La recherche longitudinale de Friedlander... 78

CHAPITRE 5 LE CADRE METHODOLOGIQUE D'UNE ETUDE EXPLORATOIRE EN MILIEU ORGANISATIONNEL D'UN COMPORTEMENT D'ENSEMBLE DE LA STRUCTURE DE COMMUNICATION D'UN GROUPE DE

TRAVAIL... 83

5. LA DESCRIPTION DES CARACTERISTIQUES DE L'ETUDE EXPLORATOIRE, DES EPREUVES DE CUEILLETTE D'INFORMATIONS ET DU DEROULEMENT

DE CETTE CUEILLETTE EN MILIEU ORGANISATIONNEL... 84

5.1 Les caractéristiques de l'étude exploratoire... 84

(11)

5.3 La description des instruments de cueillette d'informations sur les processus différenciés et intégrés de communication

de production et de solidarité... 88

5.3.1 La construction théorique de 1'"Inventaire des comportements de groupe"... 88

5.3.1.1 L'échelle d'efficacité du groupe... 89

5.3.1.2 L'échelle de la confiance intragroupe... 90

5.3.1.3 L'échelle d'évaluation générale des réunions... 91

5.3.2 La validité et la fidélité de 1 "'Inventaire des comportements de groupe"... 93

5.4 L'échelle d'un système d'observation des fonctions d'animation... 96

5.4.1 Le cadre théorique des fonctions d'animation... 97

5.4.1.1 La définition d'un comportement verbal de métacommuni cation... 98

5.4.1.2 La description des fonctions d'animation... 100

5.4.2 L'analyse de la fidélité du système d'observation des fonctions d'animation... 104

5.4.2.1 Les caractéristiques du système d'observation... 105

5.4.2.2 La formation des observateurs... 111

5.4.2.3 Les coefficients de fidélité entre les observateurs.. 115

5.4.2.4 La validité du système d'observation... 119

5.5 Le déroulement de l'étude exploratoire en milieu organisationnel... 121

5.5.1 La relation coopérative entre le consultant-chercheur et les groupes de travail... 122

5.5.2 La cueillette des données d'observation sur le fonctionnement du processus de métacommunication... 124

5.5.3 La passation de 1 "'Inventaire des comportements de groupe"... 126

CHAPITRE 6 LA DESCRIPTION ET L'ANALYSE DES INFORMATIONS SUR UN COMPORTEMENT D'ENSEMBLE DE LA STRUCTURE DE COMMUNICATION D'UN GROUPE DE TRAVAIL... 127

6. L'ANALYSE DES INFORMATIONS DE L'ETUDE EXPLORATOIRE... 128

6.1 L'analyse descriptive des informations... 128

(12)

CONCLUSION... 144

ANNEXE 1 : Présentation graphique des réseaux de communication dans un groupe... 154

ANNEXE 2 : Système de catégories de Baies... 156

ANNEXE 3 : Tableaux de résultats des recherches de Friedlander... 158

ANNEXE 4 : Protocole d'entente avec les groupes de travail... 161

ANNEXE 5 : Inventaire des comportements de groupe... 164

ANNEXE 6 : Protocole d'observation des fonctions d'animation... 170

ANNEXE 7 : Grille d'observation des fonctions d'animation... 180

ANNEXE 8 : Syllabus de la formation des observateurs... 182

ANNEXE 9 : Résultats détaillés obtenus aux échelles de cueillette d'informations de l'étude exploratoire... 198

(13)

TABLEAU 1 : Description des groupes de travail sujets

de l'étude (N=6)... 87

TABLEAU 2 : Moyennes et écarts-types aux échelles de cueillette

d'informations pour les six groupes de travail... 130

TABLEAU 3 : Moyennes et écarts à la moyenne (Y-X) aux échelles de cueillette d'informations pour chacun des six

groupes de travail... 131

TABLEAU 4 : Rangs des six groupes de travail sur chacune des

échelles de cueillette d'informations... 135

TABLEAU 5 : Coefficients de corrélation de rangs entre les échelles de cueillette d'informations pour les six groupes

de travail ... 136

TABLEAU 6 : Résultats ootenus par Friedlander (1967) sur les six dimensions de 1'"Inventaire des comportements de groupe" avant et après les interventions de consoli­ dation d'équipe pour les groupes de formation (N=4)

et les groupes de comparaison (N=8)... 159

TABLEAU 7 : L'impact comparatif de trois interventions de consoli­ dation d'équipe sur les six dimensions de 1'"Inventai­

re des comportements de groupe" (Friedlander, 1968) .. 160

TABLEAU 8 : Résultats bruts et moyennes obtenus aux échelles ae 1 "'Inventaire des comportements de groupe" par les

groupes de travail (N=6)... 200

TABLEAU 9 : La fréquence des fonctions d'animation (action+réaction) pour les groupes de travail A et B... 202

TABLEAU 10 : La fréquence des fonctions d'animation (action+réac­

(14)

TABLEAU 11 : La fréquence des fonctions d'animation

(action+réac-tion) pour les groupes de travail 4, 5 et 6... 204

TABLEAU 12 : Les coefficients de corrélation entre les observateurs pour le groupe de travail "A"... 205

TABLEAU 13 : Les coefficients de corrélation entre les observateurs

pour le groupe de travail "B"... 205

TABLEAU 14 : Les coefficients de corrélation entre les observateurs pour le groupe de travail 1... 206

TABLEAU 15 : Les coefficients de corrélation entre les observateurs

pour le groupe de travail 2... 206

TABLEAU 16 : Les coefficients de corrélation entre les observateurs

pour le groupe de travail 3... 207

TABLEAU 17 : Les coefficients de corrélation entre les observateurs

pour le groupe de travail 4... 207

TABLEAU 18 : Les coefficients de corrélation entre les observateurs

pour le groupe de travail 5... 208

TABLEAU 19 : Les coefficients de corrélation entre les observateurs

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(16)

La présente recherche veut parvenir à une meilleure compréhension de la structure de communication d'un groupe naturel de travail. Un tel groupe s'observe lorsque des personnes interagissent face à face pour réaliser en commun certaines tâches nécessaires au développement de l'organisation à laquelle elles appartiennent.

Une revue de la littérature sur le groupe de travail évoluant en milieu organisationnel a permis d'identifier que les études de Coch et French (1948), de Mayo (1945), de Roethlisberger et Dickson (1939) furent les premières recherches à illustrer la réalité et l'importance du travail en groupe dans une organisation. Dans le prolongement des recherches de Kurt Lewin sur la dynamique des groupes et sur l'utilisation du groupe comme outil pédagogique de formation aux relations humaines, Argyris (1962, 1970, 1971), Beckhard (1975), Blake et Mouton (1964), Likert (1974), McGregor (1971), furent les premiers chercheurs et consultants importants du courant du développement des organisations à essayer d'élaborer un modèle d'un groupe naturel de travail efficace et d'implanter des stratégies de changement visant l'amélioration de son fonctionnement. Par la suite, plusieurs auteurs de ce courant (Buller, 1986 ; Cardon, 1986 ; DeMeuse et Liebowitz, 1981, 1982 ; Dyer, 1977 ; Francis et Young, 1979 ; French et Bell, 1973 ,1978, 1984 ; Goodstein et al., 1983 ; Hughes et al., 1983 ; Lefebvre, 1982 ; Marion et Robert, 1977 ; Ouchi, 1982 ; Saint-Arnaud, 1978, 1989 ; Tessier et Tel lier, 1973 ; Tubbs, 1978 ; Woodman et Sherwood, 1980a, 1980b ; Zander, 1977, 1982), ont constaté que le groupe de travail est devenu un système de communication de base des organisations modernes.

Pour améliorer la communication entre les membres d'un groupe de travail, l'intervention de consolidation d'équipe constitue, selon Alderfer (1977), Buller (1986), DeMeuse et Liebowitz (1981), Dyer (1977), Faucheux et al.

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(1982), French et Bell (1973, 1978, 1984), Friedlander et Brown (1974), Merry et Allerhand (1977), Woodman et Sherwood (1980a), la stratégie de changement la plus utilisée dans la pratique de la consultation et dans la recherche en milieu organisationnel. A partir des définitions de Beer (1980), Buller (1986), DeMeuse et Liebowitz (1981, 1982), Dyer (1977), Francis et Young (1979), Huse (1980), Woodman et Sherwood (1980a, 1980b), nous pouvons décrire cette stratégie comme un ensemble d'actions de changement planifié permettant aux membres d'un groupe de travail de diagnostiquer leur façon d'interagir pour résoudre les problèmes liés à la réalisation de tâches et à la solidarité entre eux ; ces actions visent surtout à faciliter chez les membres l'apprentissage d'habiletés à traiter d'une manière autonome et efficace les obstacles inévitables liés à leur communication. D'une façon générale, la consolidation d'équipe se propose d'améliorer la structure de communication d'un groupe de travail.

Malgré une utilisation fréquente de cette stratégie, De Meuse et Liebowitz (1981), Faucheux et al. (1982), Kaplan (1979b), Morrison (1978), Patten et Dorey (1977), Porras (1978, 1979), Porras et Berg (1978), Porras et Patterson (1979), White et Mitchell (1978), Woodman et Sherwood (1980a), affirment qu'il y a un nombre restreint de recherches évaluant l'impact des activités de consolidation d'équipe sur le fonctionnement de groupes de travail. De plus, une minorité de celles-ci évaluent et mesurent, comme le soulignent Porras et Patterson (1978 : 44), des changements produits sur des variables intragroupes. Même si l'intervention de consolidation d'équipe vise l'amélioration des processus de communication d'un groupe de travail, plus particulièrement celui du feed-back, nous avons découvert en effectuant une recension de plus de cinquante études évaluatives de cette stratégie qu'aucun des chercheurs consultés n'a précisé les relations entre l'implantation de cette stratégie portant sur la structure de communication d'un groupe de travail et les changements produits sur les processus composant cette structure. Nous croyons qu'avant d'intervenir pour changer la dynamique d'un groupe, un consultant ou un chercheur doit connaître la structure de communication de ce système qu'il se propose de modifier.

(18)

Devant l’absence de modèles de la structure de communication d'un groupe de travail issus du courant du développement des organisations, nous avons consulté certaines recensions sur les petits groupes (Gérard et Miller, 1967 ; Hare, 1976 ; Helmreich et al., 1973 ; Mabry et Barnes, 1980 ; McGrath et Altman, 1966 ; McGrath et Kravitz, 1982 ; Tremblay, 1974 ; Zander, 1979) pour découvrir si des recherches auprès de groupes réalisant des tâches proches de celles accomplies habituellement par des groupes de travail dans une organisation, ont fourni des modèles de la structure de communication d'un groupe. Nous avons trouvé que les études de Baies (1951, 1958) et celles sur les réseaux de communication (Bavelas, 1950 ; Flament, 1965a ; Heise et Miller, 1951 ; Leavitt, 1951 ; Shaw, 1954), sont les recherches les plus importantes parmi les rares études sur ce sujet à s'être penchées directement sur la compréhension de la structure de communication d'un groupe.

Depuis ces études réalisées pendant les années 1950, il existe, selon Archer et Earle (1983), dans la littérature en psychosociologie des groupes restreints une préoccupation très limitée des chercheurs pour l'analyse de la structure de l'interaction face à face d'un groupe considéré comme un tout organisé. Zander (1979 : 447) signale que les recherches sur le groupe effectuées ces trente dernières années, ont davantage porté sur le compor­ tement des individus dans un groupe que sur le comportement du groupe vu comme un tout. En effectuant une étude de recensions de manuels et d'arti­ cles contemporains en psychologie, Rivard (1979 : 189) étend cette consta­ tation à l'ensemble de la psychologie en mentionnant que l'étude de la communication a été et demeure encore, un sujet de peu d'intérêt pour les psychologues. Même si une finalité importante de la psychologie sociale est d'analyser les interactions entre les personnes telles qu'elles sont vécues dans un contexte social (Bateson, 1977, 1980 ; Festinger, 1955 ; Katz, 1951 ; Krech et al., 1962 ; Levy, 1978), nous avons découvert qu'il y a dans cette discipline très peu de recherches sur la structure de la communication humaine.

(19)

Le courant du développement des organisations n’ayant pas fourni de modèles de la structure de communication d'un groupe de travail et les études en laboratoire sur la structure de l'interaction d'un groupe restreint datant de plus de trente ans, il devenait important de réaliser une première étude fondamentale sur la structure de communication d'un groupe. En privilégiant le groupe de travail évoluant dans son milieu organisationnel, la présente recherche vise donc à décrire et à observer comment se structure la communication pour former spontanément et à chaque instant un champ psychologique d'interactions face à face.

Au chapitre 1 de ce rapport de recherche, nous posons le problème qu'une étude sur la structure du champ psychologique de communication d'un groupe de travail doit s'effectuer en traçant l'isomorphisme entre les propriétés de cette structure et celles caractérisant la structure d'un système ouvert. Liés à la grille d'analyse des propriétés structurelles d'un sys­ tème ouvert, nous présentons au chapitre 2 certains choix que nous effec­ tuons pour pouvoir élaborer un modèle systémique de cette structure et pour observer un comportement d'ensemble de ce modèle en milieu organisation­ nel ; nous complétons ce chapitre par la présentation des implications que la présente étude peut avoir sur les plans de la recherche et de la pratique de la consultation auprès de groupes de travail.

Nous consacrons le chapitre 3 à l'élaboration d'un modèle systémique de la structure du champ psychologique de communication d'un groupe de travail en recadrant certains modèles dynamiques de fonctionnement d'un groupe et certaines études sur les phases de l'évolution d'un groupe de formation. Au chapitre 4, en recadrant des études sur les effets de différents styles de leadership sur un groupe et des recherches évaluant l'impact de l'interven­ tion de consolidation d'équipe auprès de groupes de travail, nous analysons un comportement d'ensemble caractérisant le fonctionnement par causalité circulaire de cette structure ; cette analyse vise à recueillir des indices théoriques sur ce comportement d'ensemble.

(20)

Au chapitre 5 portant sur la méthodologie employée pour observer ce comportement d'ensemble, nous décrivons d'abord les caractéristiques d'une étude exploratoire se déroulant en milieu organisationnel. Puis, nous analysons la validité et la fidélité des échelles d'efficacité du groupe, de confiance intragroupe, d'évaluation générale des réunions et d'un système d'observation des fonctions d'animation ; ces échelles sont utilisées pour recueillir des informations sur les niveaux d'efficacité de fonctionnement des processus différenciés et intégrés de communication de production et de solidarité et de celui du processus de métacommunication ainsi que le maintien en équilibre dynamique du champ psychologique de communication d'un groupe de travail. Enfin, nous complétons ce chapitre par une description du déroulement en milieu organisationnel de la cueillette de ces informations.

Nous présentons au chapitre 6 des analyses descriptive et corrélative des informations recueillies en milieu organisationnel. En conclusion, nous illustrons que la modélisation et l'étude exploratoire représentent une phase préparatoire et nécessaire afin de réaliser de nouvelles études sur la structure du champ psychologique de communication d'un groupe de travai1.

(21)

LE PROBLEME DE L'ETUDE SUR LA STRUCTURE DE COMMUNICATION D'UN GROUPE DE TRAVAIL

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Dans ce chapitre, nous donnons d'abord notre définition d'un groupe de tra­ vail. Cette définition est nécessaire afin de mieux circonscrire par la suite le but de l'étude. Finalement, en nous basant sur certains axiomes déterminant que la communication humaine se structure selon une suite ininterrompue de comportements agis et rétroagis, nous posons le problème d'une écude sur la structure du champ psychologique de communication d'un groupe de travail en le liant étroitement au cadre de référence d'une théorie générale des systèmes.

1.1 Une définition d'un groupe de travail

La lecture de plusieurs auteurs présentant leur définition d'un groupe restreint nous a permis d'identifier que les notions d'interaction face à face et de champ psychologique constituent des notions importantes pour définir dans le contexte de notre étude un groupe de travail évoluant en milieu organisationnel.

1.1.1 La notion d'interaction face à face dans un groupe

Le sociologue Charles H. Cooley (1909) fut le premier à introduire la notion d'interaction face à face pour parler d'un groupe primaire de personnes. Pour cet auteur (voir Anzieu et Martin, 1973 : 25-26 et Saint-Arnaud, 1978 : 22), un groupe primaire se définit par une coopération intime et face à face de personnes entre elles dans la poursuite d'un but commun ; le résultat de cette association est, du point de vue psycholo­ gique, une certaine fusion des individualités en un tout commun ou un "nous" caractérisant l'identification mutuelle des individualités ; un

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groupe primaire apporte à l'individu une expérience la plus primitive et la plus complète d'une entité sociale. Au contraire un groupe secondaire, composé d'un plus grand nombre de personnes, se particularise par une faible chance d'interactions face à face et par une union plus difficile des personnes en un tout commun ; par exemple, une organisation est un groupe secondaire dans laquelle évolue des groupes primaires. Quarante an­ nées plus tard, Kurt Lewin, un chercheur très important en psychosociologie des groupes (Ailport, 1947), a repris cette définition d'un groupe primaire et a invité les chercheurs à concentrer leurs travaux à l'étude du champ psychologique d'un groupe formé par l'interaction face à face. A la suite des études de Lewin (1945, 1948, 1951, 1959) sur le groupe, des auteurs (Anzieu et Martin, 1973, 1982 ; Applbaum et al, 1974 ; Baies, 1951, 1958 ; Barker et al., 1979 ; Cartwright et Zander, 1968 ; Grevillon, 1973 ; Hare, 1976 ; Homans, 1950; Kelley et Thibault, 1954 ; Kemp, 1970 ; Luft, 1968 ; Mucchielli, 1973 ; Nixon, 1979 ; Olmsted, 1969 ; Richard, 1978 ; Saint-Arnaud, 1978), ont continué, à des moments différents, d'introduire dans leur définition d'un groupe le concept d'interaction face à face.

Nous référant à Myers et Myers (1984) et à Richard (1978), nous définissons l'interaction face à face comme une réaction psychologique directe entre les membres qui véhiculent par la communication verbale et non verbale leur conscience mutuelle d'une présence les uns avec les autres. Elle est aussi directe en ce sens que tout membre peut entrer en communication avec chacun des autres, sans intermédiaire. Le caractère restreint ou petit groupe, habituellement un nombre variant entre trois et quinze personnes, est une conséquence de l'interaction face à face. Dans la présente étude, à chaque fois que le concept de groupe de travail est employé, nous nous référons à ce caractère restreint d'un groupe formé par l'interaction face à face des membres qui le composent. Flament (1965a : 2) précise que les interactions face à face sont le reflet de la structure interne du groupe. Par l'observation des comportements verbaux et non verbaux de communication, Baies (1951) a découvert que l'interaction sociale à la base du fonctionnement d'un groupe possède une structure évoluant selon deux aires

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différenciées et intégrées pour former à chaque moment un tout dynamique ou un système social en miniature ; les membres d'un groupe communiquent pour résoudre des problèmes reliés à l'accomplissement d'une tâche commune,jire déjà tâche, et ceux issus des liens socio-émotifs nécessaires pour réali­ ser cette tâche, aire socio-émotive. Une consultation de recensions de la littérature sur le groupe (Anzieu et Martin, 1973, 1982 ; Cartwright et Zander, 1968 ; Gérard et Miller, 1967 ; Hare, 1976 ; Helmreich et al. 1973 ; Lakin 1979 ; McGrath et Altman, 1966 ; McGrath et Kravitz, 1982 ; Nixon, 1979 ; Saint-Arnaud, 1978 ; Tremblay, 1974 ; Zander, 1979), nous permet d'affirmer que cette vision de la structure de l'interaction d'un groupe progressant selon ces deux aires différenciées et intégrées, est devenue une composante majeure des modèles de fonctionnement d'un groupe.

1.1.2 La notion de champ psychologique d'un groupe

L'organisation continuelle des interactions, tant dans leur différenciation que dans leur intégration, pour constituer, selon les expressions de Lewin (1959), une "totalité dynamique" ou un "champ psychologique" représente une autre dimension importante définissant un groupe. Par analogie avec la notion de champ magnétique, Lewin (1959 : 11) énonce que toute dynamique d'un groupe est la résultante de la totalité des interactions à l'intérieur du champ psychologique que forme ce groupe à chaque instant de sa vie. Rivard (1979 : 195) souligne que la théorie du champ psychologique repré­ sente le fondement d'une compréhension de l'interaction humaine et qu'il aurait été souhaitable que les études sur la communication fassent davan­ tage référence à ce concept de base. La notion de champ psychologique constitue donc une dénomination appropriée pour définir qu'un groupe est une organisation spontanée et évolutive d'interactions différenciées et intégrées les unes aux autres. Même si le terme de champ psychologique est reconnu par les chercheurs, il y a dans leur formulation d'une définition d'un groupe, l'absence d'une référence explicite à ce concept. A titre d'exemple, Baies (1951), Cartwright et Zander (1968), Hare (1976), Homans

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(1950), Mills (1967), Olmsted (1969), amorcent leur définition par les ter­ mes "un certain nombre", "une pluralité", "un ensemble" ou "une collection" de personnes en interaction. Ces notions laissent présager qu'un groupe est une somme non une totalité dynamique d'individus communiquant les uns avec les autres. Dans la mesure où ces mêmes auteurs reconnaissent qu'un groupe est un tout dynamique différent de la somme de ses membres et de leurs comportements de communication, ils auraient eu avantage à introduire dans

leur définition d'un groupe le concept de champ psychologique.

Notre étude se proposant de comprendre la structure de l'interaction face à face marquant la naissance et l'évolution d'un groupe de travail lors d'une réunion en milieu organisationnel, la notion de champ psychologique constitue le terme approprié pour définir ce type de groupe. En nous inspirant de la définition d'un groupe de Saint-Arnaud (1978 : 26), nous définissons ainsi un groupe de travail dans une organisation :

"Un champ psychologique de coimunication produit à chaque instant par l’interaction de trois personnes ou plus, réunies en situation de face à face, pour réaliser une tâche commune ; cette interaction comprend les comportements de communication de chacune de ces personnes avec cette tâche et ceux de solidarité entre ces personnes ainsi que les comportements de métacoimunication se prononçant sur l’admissibilité de ceux de tâche et de solidarité."

Par cette définition, nous annonçons notre intention de nous limiter à l'étude du champ psychologique de communication d'un groupe de travail qui résulte à chaque instant de l'interaction face à face entre des personnes et qui ne peut s'analyser et s'observer qu'au moment précis où un groupe de travail fonctionne en tant que groupe, c'est-à-dire lorsqu'il y a la nais­ sance et la croissance de ce champ psychologique. D'une façon concrète, à chaque fois qu'il y a la tenue d'une réunion régulière ou spéciale d'un groupe de travail, il y a pendant l'heure ou les heures que dure cette ren­ contre, la naissance, la croissance et la mort d'un champ psychologique de communication. En dehors de ce temps d'interactions face à face, le groupe

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de travail ne représente pas un champ psychologique de communication obser­ vable dans un lieu et à un moment donnés ; il est un rassemblement de personnes travaillant à faire progresser dans l'organisation les objectifs et les actions planifiées par le groupe. Il est évident qu'avant d'être un champ psychologique de communication, un groupe de travail existe continu­ ellement dans l'esprit des personnes par les problèmes que l'organisation soumet à ce groupe dans l'espoir que la mobilisation de plusieurs res­ sources humaines pourra aider à mieux les résoudre ; après une réunion, le groupe de travail continue également d'exister dans la pensée de chacun de ses membres par les actions.de groupe que ceux-ci réalisent individuelle­ ment dans leur milieu. Notre étude se situe à un niveau très microscopique en essayant de saisir comment se structure le champ psychologique de communication d'un groupe de travail pour demeurer intact pendant l'heure que dure la réunion ou la situation d'interactions face à face créée pour atteindre les objectifs de l'organisation et ceux des personnes. En privilégiant une approche perceptuelle (Combs et al., 1976 ; Saint-Arnaud, 1982), nous nous intéressons aux processus conscients de communication permettant aux membres de réaliser une ou des tâches communes (les points à l'ordre du jour d'une réunion), de créer des liens de solidarité autour de ces tâches et de former à chaque instant une totalité dynamique ou un champ psychologique de communication.

Dans notre étude, le concept de processus est employé pour traduire la simultanéité du mouvement dynamique des interactions face à face et de leur organisation en un champ psychologique. Pour Lescarbeau et al. (1985 : 21-22), le mot processus est présent dans plusieurs disciplines scientifi­ ques ; en informatique, le traitement des données est un processus ; en psychologie, les notions de processus cognitifs, affectifs, développemen­ taux et autres processus, sont utilisées pour parler du développement psy­ chologique de la personne ; en développement des organisations, les ges­ tionnaires et les consultants mentionnent les concepts de processus de so­ lution de problème, de processus de décision, de processus de changement ; en pédagogie, les éducateurs facilitent les processus d'apprentissage des

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étudiants. Sur les bases de dimensions caractérisant le concept de processus citées par ces auteurs, nous définissons le processus d'interactions face à face dans un groupe de travail comme une suite dynamique, ininterrompue et organisée de comportements de communication exercés par les membres selon une causalité circulaire bien définie ; ces comportements sont le résultat d'une transformation consciente d'énergie et d'information de la part des membres en vue de produire une tâche commune, de créer des liens de solidarité et de maintenir organisée leur relation interpersonnelle ou le champ psychologique de communication du groupe.

Notre définition d'un groupe de travail laisse entrevoir que ce processus d'interactions face à face se différencie en trois processus interdépen­ dants de communication qui structurent continuellement ce champ psycholo­ gique. D'une part, les interactions ou les comportements de tâche et de solidarité sont le résultat de deux processus différenciés de communication assurant la croissance du groupe vers l'atteinte d'objectifs de production d'une tâche commune ainsi que de création de liens de solidarité. D'autre part, les comportements verbaux et non verbaux de rétroaction négative d'informations ou de métacommunication, c'est-à-dire de communication sur la communication d'un contenu de tâche et de solidarité, sont le résultat d'un processus de métacommunication ; ce processus, comme il sera décrit dans d'autres chapitres de l'étude, faciliterait une intégration en un tout organisé des comportements différenciés de tâche et de solidarité et assurerait par conséquent, le maintien en un champ psychologique de la relation vécue entre les membres.

1.2 Le but de la recherche

Par la présente recherche, nous voulons nous donner un modèle descriptif de la structure du champ psychologique d'interactions d'un groupe de travail évoluant selon trois processus différenciés et intégrés de communication et

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de métacommunication. Plus spécifiquement, en élaborant un modèle systémique de la structure du champ psychologique de communication d'un groupe de travail et en explorant en milieu organisationnel un comportement d'ensemble de ce modèle, nous voulons recueillir des informations décrivant le fonctionnement de ce champ psychologique par causalité circulaire entre des processus de communication d'un contenu d'informations pour produire une tâche commune et pour créer des liens de solidarité et celui d'un processus de métacommunication.

1.3 La position du problème de recherche : l'isomorphisme structurel entre un système ouvert et la structure de communication d'un groupe de travail

Le problème d'une étude sur la structure du champ psychologique de communi­ cation d'un groupe de travail est de trouver une explication à ce fonction­ nement par causalité circulaire. Dans cette perspective, la présentation d'axiomes définissant la communication et l'utilisation des concepts d'une théorie générale des systèmes visent à nous donner un cadre de référence pour décrire ce fonctionnement.

1.3.1 Les axiomes sur la communication humaine

Myers et Myers (1984), Watzlawick et al. (1972) et Wilden (1983) ont formulé des axiomes pour comprendre la structure de la communication humaine telle qu'elle se vit dans la réalité sociale. Un premier axiome énonce qu'entre les personnes il est impossible de ne pas communiquer. Pour Watzlawick et al. (1972 : 45-46), si dans une interaction tout comportement a valeur d'un message, d'un stimulus c'est-à-dire qu'il est une communi­ cation, il s'ensuit qu'une personne ne peut pas ne pas communiquer ; tout comportement, activité ou inactivité, parole ou silence, est une communica­ tion ; les comportements de communication influencent continuellement les

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autres, et les autres, en retour, ne peuvent pas ne pas réagir à ces commu­ nications, et de ce fait eux-mêmes communiquer. La communication implique qu'un champ psychologique d'interactions est constitué de personnes et qu'un des attributs essentiels de ces personnes se manifeste dans leurs comportements de communication. A la lecture de Berlo (1960), Fisher (1981), Lennard et Bernstein (1960), Myers et Myers (1984), Ruben et Kim (1975), Sereno et Mortensen (1970), Thayer (1968), Watzlawick et al. (1972), Wilden (1983), nous définissons qu'une unité de communication est un comportement verbal ou non verbal porteur d'un message ; plusieurs comportements échangés entre des personnes composent une séquence d'inter­ actions qui, de par sa nature même, comporte l'idée d'une certaine durée pendant laquelle il y a un échange constant entre des partenaires de comportements agis et rétroagis de communication.

Un deuxième axiome concerne la façon dont les personnes interagissent entre elles. La communication se déroule constamment à deux niveaux mutuellement réciproques : le niveau de la transmission matérielle d'un contenu d'infor­ mations à quelqu'un et le niveau de la relation des personnes les unes avec

les autres. Pour Myers et Myers (1984 : 169), un contexte naturel de communication demeure un tout structuré parce que tous les comportements quels qu'ils soient contiennent, en plus d'une transmission matérielle d'un contenu objectif d'informations, des directives sur la manière d'inter­ préter ce contenu en rapport avec le maintien de la relation entre les personnes. Watzlawick et al. (1972) et Wilden (1983) précisent que les personnes sont en communication les unes avec les autres si elles peuvent métacommuniquer, c'est-à-dire communiquer sur leur communication d'un contenu en rétroagissant de l'information pour dégager le sens qu'a ce contenu sur leur relation. En corollaire, un troisième axiome stipule que la communication dans la vie d'une personne est un flot continu et un tout indivisible de comportements agis de communication d'un contenu et de comportements rétroagis de métacommunication d'un sens psychologique donné à ce contenu en rapport avec le maintien de la communication des personnes les unes avec les autres.

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En nous inspirant de ces axiomes et des définitions que Myers et Myers (1984), Watzlawick et al. (1972) et Wilden (1983) donnent de la communica­ tion, nous définissons tout contexte de communication humaine comme étant un champ psychologique ou une totalité dynamique d’interactions insépara­ bles les unes des autres ; ce champ se structure spontanément et à chaque instant selon d’une part, un processus de communication transmettant par des comportements agis de communication des contenus différenciés d'infor­ mations pour faire progresser l'objet de communication et d'autre part, un processus de métacommunication véhiculant par des comportements rétroagis de métacommunication une interprétation donnée à ce contenu en rapport avec le maintien de la relation entre les personnes. En appliquant ces axiomes et cette définition à l'étude de la structure du champ psychologique de communication d'un groupe de travail, nous devons nous demander si des approches scientifiques apportent une explication au phénomène de causalité circulaire entre un processus de métacommunication et des processus de communication de production et de solidarité.

1.3.2 Le cadre de réfence d*une théorie générale des systèmes

Certaines approches scientifiques modernes, la théorie de l'information (Shannon et Weaver, 1949), le courant organismique (Allport, 1955, 1960 ; Goldstein, 1939 ; Werner, 1957), la cybernétique (Wiener, 1971), ont fourni des concepts pour saisir comment se structurent par causalité circulaire les totalités dynamiques observées dans la réalité vivante. Cependant, c'est la théorie générale des systèmes, dont une première articulation est attribuée à Ludwig Von Bertalanffy, qui a le mieux intégré les notions de ces approches pour en faire une nouvelle science générale des totalités vi­ vantes. Plusieurs chercheurs (Ackoff et Emery, 1971 ; Angyal, 1941 ; Ashby, 1972 ; Buckley, 1968 ; Churchman, 1974 ; Delattre, 1971 ; Emery, 1969 ; Grinker et al., 1967 ; Hall et Fagen, 1956 ; Klir, 1969, 1972 ; Laborit, 1974, 1984, 1987 ; LeMoigne, 1977 ; Orchard, 1972 ; Rapoport, 1968 ; Rosnay, 1975 ; Sacns, 1976 ; Van Gigch, 1974 ; Von Bertalanffy, 1973,

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1982 ; Wilden, 1983), ont participé ces dernières années à articuler ce nouveau courant scientifique. D'après ces auteurs, la théorie générale des systèmes veut connaître une réalité vivante, la définir, en concevoir un modèle et formuler des propriétés structurelles sur son fonctionnement en privilégiant celles sur la causalité circulaire entre ses éléments. Elle veut apporter des assises scientifiques à l'idée d'organisation des éléments d'un univers donné pour former un tout dynamique.

Dans sa présentation de l'approche systémique, Rosnay (1975 : 93) définit un système comme "un ensemble d'éléments en interaction dynamique, organi­ sés en fonction d'un but". Citant Hall et Fagen (1956) qui définissent un système comme une organisation d'objets et de relations entre ces objets et leurs attributs, Watzlawick et al. (1972 : 120) soulignent que les objets sont les éléments d'un système, les attributs constituent les comportements de ces éléments et les relations, ce qui organise à chaque instant les éléments et leurs comportements pour former un système. A la suite de Watzlawick et al. (1972) et de Wilden (1983), nous considérons que tout contexte de communication humaine est un système, c'est-à-dire une totalité de personnes et de leurs comportements fonctionnant en interaction dyna­ mique. La meilleure façon de décrire les personnes, éléments d'un système de communication, de même que leurs comportements, attributs des éléments, n'est pas de les définir comme une somme d'individus et de comportements isolés mais comme un système ou un champ psychologique de personnes en communication les unes avec les autres. Ce champ psychologique est, en nous basant sur la définition de la notion de système de LeMoigne (1977 : 37), un système actif, doté d'une structure de relations dynamiques ou de causalité circulaire entre les personnes et leurs comportements, évoluant dans un environnement et poursuivant à chaque moment de cette évolution la finalité de faire progresser un objet de communication ainsi que celle de demeurer une organisation d'interactions de personnes entre elles.

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Pour réaliser une recherche sur la communication humaine en adoptant le paradigme systémique, Fisher (1975 : 200-203) énonce cinq balises : 1) les propriétés du système de communication étudié doivent être isomorphes de celles d'un système général ; 2) l'étude doit porter sur les processus structurant ce système ; 3) l'analyse des dimensions interactives caracté­ risant les comportements de communication doit être au coeur de la recher­ che ; 4) les échelles de mesure doivent en premier lieu mesurer l'inter­ action entre les personnes ; 5) le modèle d'une recherche qualitative doit être employé. La présente recherche répond aux balises 2) et 3) en annon­ çant l'intention de recueillir des informations sur les qualités caracté­ risant le fonctionnement de la structure de communication d'un groupe de travail par causalité circulaire entre des processus de communication de production et de solidarité et un processus de métacommunication. Les balises 4) et 5) seront touchées lors de la présentation du cadre méthodo­ logique de l'étude. Les écrits sur la structure de la communication humaine nous indiquent que pour parvenir à étudier la structure du champ psycholo­ gique de communication d'un groupe de travail, il faut détailler la balise 1) portant sur l'isomorphisme structurel entre un système général et le système de communication étudié.

1.3.2.1 Les dimensions d'une théorie générale des systèmes

La description de cette balise étant la pierre angulaire de notre étude, nous présentons trois dimensions fondamentales d'un système général : la totalité et la non sommativité de ses éléments, son ouverture à un environ­ nement et l'isomorphisme structurel de ce système avec tous les systèmes vivants particuliers. Pour comprendre la dimension de l'isomorphisme struc­ turel, nous décrivons ainsi les propriétés structurelles d'un système ouvert en les regroupant selon trois ensembles interdépendants : les pro­ priétés de la transaction du système avec son environnement, celles de son fonctionnement par causalité circulaire entre ses éléments et leurs comportements et celles des conséquences observables de ce fonctionnement.

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A. La dimension de la totalité et de la non sommativité

Pour une théorie générale des systèmes, un système vivant se caractérise par la totalité et la non sommativité de ses éléments. Que ce soit en psy­ chologie (la gestalt : Kolher (1929) ; l’organisation de l'être : Allport (1960), Goldstein (1939), Werner (1957) ; le champ perceptuel : Combs et al. (1976), Hamachek (1978), Lewin (1959), Saint-Arnaud (1974, 1982) ; le système-personne : Saint-Arnaud (1979)) ou en sociologie (le système social : Parsons, 1977), ces découvertes, faites par ces disciplines scien­ tifiques, tendent à montrer que les réalités vivantes forment des totalités ou des systèmes d'éléments en interaction dynamique. Watzlawick et al. (1972 : 123) précisent qu'un organisme vivant ne se comporte pas comme un simple agrégat d'éléments indépendants ; il constitue un tout cohérent et indivisible de telle sorte qu'un changement dans un des éléments modifie simultanément tous les autres éléments et par conséquent, le tout. En appliquant cette dimension à la communication dans un groupe de travail, nous considérons que les membres et leurs comportements sont unis de façon non sommative et forment à chaque instant une totalité indivisible ou un champ psychologique d'interactions. Tout comportement de chacun des membres est continuellement lié aux comportements de tous les autres et en dépend. Il ne faut pas chercher d'explication à la structure du champ psychologique de communication d'un groupe de travail dans la nature de chacun des membres pris isolément mais dans les multiples interactions qui se produisent constamment lorsqu'ils forment un champ psychologique. La structure de communication d'un groupe de travail doit être considérée dans sa totalité organisée d'interactions sans vouloir dissocier ces interac­ tions du champ psychologique où elles s'intégrent.

B. La dimension de système ouvert

Selon les auteurs d'une théorie générale des systèmes, tous les organismes vivants sont des systèmes ouverts à un environnement fournissant l'énergie, la matière et l'information nécessaires à leur vie ; il est alors important de différencier le rapport de feed-back d'un système fermé de celui d'un

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système ouvert. Wilden (1983 : 365) définit un système fermé comme un sous-système d'un système plus global qui, en réalité ou par définition, n'est pas dans un rapport essentiel de feed-back à son environnement. Le rapport de feed-back concerne seulement les variables internes de ce sous-système et n'est pas affecté par l'ajustement du système global ouvert à son environnement. Les systèmes fermés ne transforment alors que l'énergie, la matière et l'information dont ils disposent. Au contraire, un système ouvert est, toujours d'après Wilden (1983 : 368), en transaction constante avec un environnement lui fournissant une énergie, une matière et une information sans cesse renouvelées pour assurer sa survie ainsi que la différenciation et l'intégration de ses éléments et de leurs comportements. Un rapport de feed-back qui facilite la circulation des informations sur le maintien de la relation du système avec son environnement, renverse le processus de désorganisation de cette relation vitale. Von Bertalanffy (1982 : 77) précise que les processus néguentropiques présupposent l'ouver­ ture du système, c'est-à-dire la possibilité de transfert de matière et d'énergie entre un système et son environnement. Par analogie, nous consi­ dérons que le champ psychologique de communication d'un groupe de travail est un système ouvert à son environnement composé de personnes lui four­ nissant l'énergie, la matière et l'information indispensables à sa nais­ sance et à sa survie.

C. La dimension d'isomorphisme structurel

Etant une organisation d'éléments en relations dynamiques entre eux, un système ouvert est doté, d'après une théorie générale des systèmes, d'une structure et d'un mode de fonctionnement qui lui est propre ; il peut être analysé selon deux aspects : les aspects structuraux plus statiques et les aspects fonctionnels plus dynamiques. Voulant comprendre comment se struc­ ture la communication dans le champ psychologique d'un groupe de travail, nous nous limitons à la description des propriétés structurelles expliquant le comportement d'un système ouvert. En se basant sur l'existence de propriétés structurelles communes définissant les systèmes vivants particu­ liers, les auteurs d'une théorie générale des systèmes ont formulé un

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corpus de propriétés abstraites et artificielles pour expliquer la struc­ ture d'un système général et par isomorphisme, celle de tous ces systèmes vivants particuliers. La notion d'isomorphisme structurel entre les pro­ priétés d'un système général et les propriétés observées chez tous les sys­ tèmes vivants est devenue la dimension centrale de l'approche systémique. Van Gigch (1974) précise que cette notion ne s'appuie aucunement sur la nature des systèmes concernés ; elle s'appuie sur la façon dont les systè­ mes sont organisés en décrivant les propriétés communes qui expliquent com­ ment les systèmes se comportent pour recevoir, emmagasiner, traiter l'éner­ gie, la matière et l'information venant de l'environnement. L'isomorphisme structurel consiste à s'assurer que les propriétés du système analysé sont bien en correspondance formelle et bijective avec celles d'un système ou­ vert. Par isomorphisme structurel, il est possible de bâtir un modèle ana­ logique simple entre la structure d'un système ouvert et celle du système analysé. Pour élaborer un modèle systémique de la structure de commu­ nication d'un groupe de travail, la description des propriétés structurel­ les d'un système ouvert s'avère une démarche théorique indispensable.

1.3.2.2 Les propriétés structurelles d*un système ouvert

Dans une étude sur la psychologie sociale appliquée aux systèmes composant une organisation, Katz et Kahn (1978) énumèrent dix caractéristiques d'un système ouvert. En nous inspirant de cette nomenclature, nous décrivons dix propriétés structurelles d'un système ouvert en les regroupant selon trois ensembles s'imbriquant l'un dans l'autre. Un premier ensemble de quatre propriétés montre que la transaction du système ouvert avec son environ­ nement est due au fonctionnement par causalité circulaire de ce système. Découlant de cet ensemble, un second ensemble composé de trois autres propriétés explicite comment un système ouvert fonctionne par causalité circulaire. Lié au premier et au deuxième ensembles, un troisième ensemble trace dans les trois dernières propriétés les conséquences observables de ce fonctionnement par causalité circulaire.

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A. Les propriétés structurelles de la transaction d'un système ouvert avec son environnement

La première phase de l'élaboration d'un modèle systémique de la structure du champ psychologique de communication d'un groupe de travail consistera à établir l'isomorphisme avec un premier ensemble de quatre propriétés struc­ turelles définissant la transaction d'un système ouvert avec son environne­ ment. D'après une première propriété, un système vivant est constamment ouvert ou en échange avec son environnement d'où il importe, le phénomène des "entrées", de l'énergie, de la matière et de l'information dont il a besoin pour vivre ; dès que l'environnement ne fournit plus d'énergie, de matière ou d'information, le système se désorganise et meurt. Selon une seconde propriété, les éléments d'un système "transforment" continuellement l'apport d'énergie, de matière et d'information. La troisième propriété décrit le phénomène des "sorties" ou des résultats atteints par les élé­ ments différenciés dans la poursuite des finalités fonctionnelles du système ; un système ouvert exporte vers son environnement sous forme d'une production d'activités de la matière, de l'énergie et de l'information. L'importation d'énergie, de matière et d'information, leur transformation et leur retour vers l'environnement sous forme d'activités expliquent, selon une quatrième propriété, qu'il y a une transaction constante de l'environnement au système et du système à l'environnement ; les activités à la base de cette transaction sont de caractère cyclique ou circulaire.

Ce fonctionnement par causalité circulaire représente une nouvelle façon de saisir la structure d'un système ouvert. Pour Von Bertalanffy (1973 :43), le schéma d'unités isolables agissant par une causalité linéaire s'est mon­ tré jusqu'à maintenant insuffisant pour expliquer la structure d'éléments interdépendants formant un tout. D'après Ashby (1972 : voir Mongeau, 1979 : 12), dans l'étude d'une seule variable à la fois effectuée selon une approche analytique et sommative de causes et d'effets se succédant logiquement dans le temps, il y aurait quelque chose d'essentiel de perdu ; toutefois, il n'y avait jusqu'à nos jours aucun langage scientifique

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rigoureux et adéquat pour faire comprendre ce qui est perdu. La découverte des notions d'information et de rétroaction par la cybernétique a permis aux théoriciens de la pensée systémique d'identifier qu'un mécanisme de rétroaction transmettant des informations sur l'écart entre le degré d'or­ ganisation du système atteint par les comportements de ses éléments diffé­ renciés dans la poursuite des objectifs de ce système comparé au degré d'organisation à maintenir, constitue ce qui est perdu. Buckley (1968 : voir Mongeau, 1979 : 48) va dans le même sens et montre que "le plus que" dans l'affirmation que "le tout est plus que la somme de ses parties", est le fait d'une rétroaction d'informations sur l'organisation du tout.

B. Les propriétés structurelles expliquant le fonctionnement par causalité circulaire d'un système ouvert

Une seconde phase de la modélisation de la structure du champ psychologique de communication d'un groupe de travail sera de préciser l'isomorphisme avec un deuxième ensemble de trois propriétés structurelles décrivant com­ ment un système ouvert fonctionne par causalité circulaire pour maintenir en équilibre dynamique l'organisation de ses éléments et de sa relation avec son environnement. La cinquième propriété énonce qu'un système ouvert doit renverser à chaque moment le processus entropique qui menace son orga­ nisation. Wilden (1983 : 365) explique que l'existence de l'organisation biologique et sociale, c'est-à-dire de la complexité d'éléments organisés en totalité, à la différence de l'inorganisation naturelle des éléments de la thermodynamique ou de la simplicité organisée de la mécanique, peut être décrite comme une manifestation d'entropie négative qui est la manifesta­ tion de l'organisation dans un univers tendant au désordre à un rythme inconnu. Pour vivre, un organisme vivant a besoin d'informations sur son organisation à maintenir lors de son évolution vers ses finalités fonction­ nelles en dépit des changements inévitables venant de l'environnement. Pour la pensée systémique, l'information que se donne par rétroaction un système ouvert est inévitablement une entropie négative puisqu'elle maintient ou augmente le degré d'organisation du système en corrigeant l'écart entre les résultats atteints par ses éléments différenciés dans la poursuite de ses objectifs et le résultat souhaité de demeurer organisé en préservant la

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relation vitale du système avec son environnement lui fournissant de l'énergie et de la matière sans cesse renouvelées. Selon ce point vue, ce type de rétroaction d'informations se définit comme étant négative.

La sixième propriété structurelle montre comment par rétroaction négative un système ouvert est informé de l'écart entre sa finalité de l'ensemble qui est un futur toujours présent à atteindre et ses finalités fonctionnel­ les qui se manifestent dans les résultats atteints par ses éléments. Selon Laborit (1974), LeMoigne (1977) et Von Bertalanffy (1.973), nous ne pouvons pas concevoir un organisme vivant, et encore plus le comportement d'une personne ou d'une société, sans un projet identifiable ou une finalité de l'ensemble permettant d'interpréter à chaque instant son comportement. Laborit (1974) précise qu'un système vivant poursuit constamment une double finalité interdépendante l'une à l'autre ; les éléments poursuivent les finalités fonctionnelles du système en concourrant par niveaux d'organisa­ tion à la finalité de l'ensemble ; en rétroaction, la finalité de l'ensem­ ble intègre en un tout organisé ces éléments dans leur poursuite des fina­ lités fonctionnelles. Nous définissons donc la finalité de l'ensemble d'un système ouvert comme étant le maintien de l'organisation de ses éléments différenciés poursuivant ses finalités fonctionnelles et le maintien de sa relation vitale avec son environnement.

Pour Von Bertalanffy (1982) et Mélèse (1979), le mécanisme de rétroaction d'informations d'un système ouvert est un centre de traitement où est emmagasiné en mémoire le code qui consiste en une information sur sa fina­ lité de l'ensemble. L'idée d'organisation de ses éléments différenciés et du maintien de sa relation avec son environnement est une information codée constamment dans la mémoire d'un système ouvert. Toujours selon ces au­ teurs, le processus de rétroaction négative d'informations est composé d'au moins trois éléments : 1) les résultats atteints par les éléments sont d'abord saisis par un récepteur ; 2) ils sont interprétés par un centre de traitement pour détecter leur écart avec la finalité de l'ensemble ; 3)

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les informations traitées sont rétroagies par un effecteur sous la forme d'un comportement corrigeant l'écart détecté. La présence d'un mécanisme de rétroaction négative d'informations auto-correctrices de cet écart a conduit les auteurs d'une théorie générale des systèmes à déterminer que toute organisation d'éléments en interaction dynamique fonctionnant selon un principe de causalité circulaire est un système autorégulé ou auto-organisé. Selon la septième propriété structurelle, un système ouvert maintient en équilibre dynamique l'organisation de ses éléments et sa relation vitale avec son environnement sans une intervention externe parce qu'il a constamment par causalité circulaire un retour d'informations sur l'écart à corriger entre des comportements pouvant le désorganiser et sa finalité de l'ensemble de demeurer un tout organisé. La rétroaction néga­ tive d'informations est le support de l'homéostasie. D'après Davis (1958) et Toch et Hastorf (1955) (voir Watzlawick et al., 1972 : 144), l'homéo­ stasie est à la fois une fin, la finalité de l'ensemble des systèmes ouverts, et un moyen, la rétroaction négative d'informations sur cette fin.

C. Les propriétés structurelles liées aux conséquences observables du fonctionnement par causalité circulaire d'un système ouvert

Une troisième phase de la modélisation de la structure du champ psycholo­ gique de communication d'un groupe de travail sera d'établir sa correspon­ dance avec un dernier ensemble de trois propriétés structurelles que nous considérons comme étant les conséquences observables des propriétés précé­ dentes. D'après une huitième propriété, un système ouvert évolue dans la direction de la différenciation et de la complexité lors de son cheminement vers l'atteinte de ses finalités fonctionnelles ; pour assurer cette progression, les éléments d'un système ouvert produisent des comportements de plus en plus différenciés et complexes. Cependant, selon une neuvième propriété structurelle, le processus de différenciation est contrebalancé par un processus d'intégration ; le fonctionnement d'un mécanisme de rétro­ action négative d'informations assure que les éléments différenciés produisant des comportements permettant la croissance du système vers ses finalités fonctionnelles soient continuellement intégrés en un tout de plus en plus organisé et autorégulé.

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Une dixième propriété structurelle, résultante de toutes les autres, montre que quel que soit le moment où un système ouvert est observé, il se présente toujours à l'observateur sous la forme d'un tout organisé d'élé­ ments différenciés et intégrés poursuivant les finalités fonctionnelles du système. Pour Von Bertalanffy (1973) cette propriété d'équifinalité signifie que le même état final, c'est-à-dire le maintien de l'organisation d'un système, peut être atteint à partir de conditions initiales différen­ tes ou par des chemins différents. Dans un système ouvert fonctionnant par causalité circulaire et étant source de ses propres modifications, son évo­ lution n'est pas tant déterminée par les conditions initiales que par la nature même de la structure des processus. Un système ouvert poursuit à chaque instant sa finalité de l'ensemble de demeurer un tout organisé. A chaque moment où nous observons un système, nous sommes en présence d'un tout organisé d'éléments différenciés et intégrés évoluant en interaction dynamique pour atteindre les finalités fonctionnelles du système.

En conclusion de cette présentation de trois ensembles de propriétés structurelles d'un système ouvert, nous constatons en nous référant à Watzlawick et al. (1972) et Wilden (1983) que nous avons avantage à utiliser le cadre de référence d'une théorie générale des systèmes pour comprendre la structure du champ psychologique de communication d'un groupe de travail. Pour parvenir à cette compréhension, nous nous limiterons à élaborer un modèle systémique de cette structure en établissant systéma­ tiquement l'isomorphisme avec ces trois ensembles de propriétés structurel­ les d'un système ouvert. L'absence d'une référence formelle à ces trois ensembles de dix propriétés structurelles d'un système ouvert expliquerait, d'après nous, pourquoi les auteurs en psychosociologie des groupes s'inspirant de la pensée systémique n'ont pas réussi à établir la corres­ pondance formelle et bijective entre ces propriétés et celles de la structure de la communication dans un groupe.

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LES CHOIX ET LES IMPLICATIONS DE L'ETUDE SUR LA STRUCTURE DE COMMUNICATION

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Pour construire un modèle systémique de la structure du champ psychologique de communication d'un groupe de travail ainsi qu'explorer en milieu orga­ nisationnel un comportement d'ensemble de ce modèle, nous avons retenu deux modèles contemporains importants, le modèle formel et le modèle relation­ nel, qui tentent depuis les quarante dernières années de fournir une expli­ cation systémique à la structure de la communication humaine. Dans ce chapitre, l'application des propriétés structurelles d'un système ouvert à l'analyse d'études sur les réseaux de communication dans un groupe, nous permet de saisir pourquoi nous devons rejeter une approche formelle de la communication pour expliquer la structure du champ psychologique de commu­ nication d'un groupe et pourquoi un modèle relationnel peut s'avérer plus prometteur. Par la suite, nous expliquons que le recadrage systémique de modèles descriptifs de fonctionnement d'un groupe constitue un autre choix important à faire afin d'aller puiser dans ces modèles des propriétés guidant la modélisation de cette structure. Ensuite, nous introduisons un choix d'ordre méthodologique qui limite la compréhension du comportement d'ensemble de cette structure à une étude exploratoire en milieu organi­ sationnel pour recueillir des informations sur ce comportement. Enfin, nous précisons certaines implications que la présente étude peut avoir tant sur le plan de recherches portant sur la structure de communication d'un groupe de travail que sur celui de la pratique de la consultation en développement des organisations.

2.1 L'analyse du modèle formel de la communication humaine

A partir des découvertes par le courant de la cybernétique des notions d'information et de rétroaction, deux ingénieurs, Shannon et Weaver (1949), ont fourni les éléments d'un premier modèle contemporain sur la structure de la communication en partant de son infrastructure. Ces auteurs ont

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